
15- Barnabé et Paul à Antioche
23/08/2020 00:04Premier voyage missionnaire de Paul
15- Barnabé et Paul à Antioche
D'après les Actes des Apôtres, Paul visita Jérusalem pendant 15 jours où il rencontra Pierre et Jacques, et s'installa ensuite à Tarse, sa ville natale. Il y demeura pendant trois ou quatre ans. C'est là que Barnabé vient le chercher pour travailler avec lui: «Barnabé partit alors chercher Saul à Tarse. L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Toute une année durant ils vécurent ensemble dans l’Église et y instruisirent une foule considérable. C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens.» (Actes 11, 25-26)
Le nom de «chrétiens», ne vint donc pas des Juifs qui les appelaient les «nazaréens», ainsi que le font encore de nos jours les peuples de langue sémitique. Les chrétiens eux-mêmes se désignaient par les noms suivants : frères, saints, croyants, disciples, membres de la Voie. Ils ont bien accueilli ce nouveau nom et se sont empressés de l'adopter. Il exprimait ce que leur nouvelle foi avait de plus profond : ils étaient les «disciples du Christ».
À Antioche, il se créa une amitié profonde entre Barnabé et Paul. Elle aura des conséquences durables dans la vie de l’apôtre. Ils travaillèrent au sein de la jeune communauté, encore tout imprégnée de la fraîcheur de la foi en Jésus-Christ.
Chaque semaine, le jour du Seigneur, on se réunissait pour la célébration de la Cène. Selon l'exemple donné par le Christ et suivant la coutume des Juifs chrétiens, les agapes (repas fraternel) précédaient la Cène. Rien n'unissait davantage ces gens qu’un repas pris en commun. Lorsque les apôtres se glorifiaient «d'avoir mangé et bu avec le Seigneur» (Actes 10, 41), ils y voyaient un signe d'intimité. Le don le plus précieux de Jésus, l'Eucharistie, il le donna à la fin d'un repas fraternel. Les chrétiens conservèrent pendant longtemps cette double rencontre des agapes et de la Cène du Seigneur.
Sous l'influence de la culture grecque, Paul et Barnabé, ont su ouvrir l'Église d'Antioche au monde de leur temps. Cette Église fut la première à se détacher du judaïsme stricte et à intégrer les non-Juifs dans leur communauté.
Encore aujourd’hui, nous sommes redevables à cette première Église missionnaire d'Antioche, même si elle a maintenant complètement disparu. Aux abords de la ville turque d'Antakya, il n'y a plus qu'une chapelle catholique en ruines dans un jardin envahi par les mauvaises herbes. Elle est fermée depuis qu'il n'y a plus de prêtre résident pour les quelque soixante familles qui assistaient aux offices religieux.
La collaboration entre Paul et Barnabé durera pendant de nombreuses années. Elle s'est nouée à Antioche et, comme nous le verrons plus tard, elle s'est achevée dramatiquement à Antioche. Mais la rupture a été précédée de douze ans de collaboration étroite et fructueuse. Les frères et soeurs de cette Église ont eu raison de les envoyer ensemble en mission.
Il faut cependant nous rappeler que Barnabé et Paul ne furent pas les premiers à favoriser l’expansion du christianisme. Ce sont surtout les chrétiens dispersés par la persécution de Jérusalem, les artisans et les commerçants judéo-chrétiens qui ont été les premiers instruments de propagande. Au début, cette activité missionnaire ne s'adressait qu'aux Juifs. L’exclusivisme ne provenait pas d’une mauvaise volonté, mais d'une fausse conception du message du Christ. Il manquait aux judéo-chrétiens une vue d'ensemble, large et généreuse de la mission. On se souvient qu’au chapitre 11 des Actes des Apôtres les premiers chrétiens avaient reproché à Pierre d’avoir admis dans l'Église, et sans formalité spéciale, le centurion Corneille ainsi que toute sa famille. Pierre défendit sa décision en rappelant la vision qu'il avait eue, et démontra comment l'Esprit-Saint, en descendant sur ces non-Juifs, avait justifié son action : «Cependant les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens, eux aussi, avaient accueilli la parole de Dieu. Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie : «Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?» (Actes 11, 1-18)
Les chrétiens conservateurs n’acceptaient pas que les missionnaires permettent aux païens de se joindre à eux s’ils ne devenaient pas d’abord «juifs», en observant les rituels de leurs ancêtres. Ce sera le problème auquel devront faire face Paul et Barnabé tout au long de leurs voyages missionnaires.
Barnabé était né à Chypre et était le cousin de Marc l'Évangéliste. Il ne faisait pas partie du collège des Douze, mais l'Église lui attribua le titre d'apôtre en raison de la participation importante qu'il prit dans la diffusion de la Parole du Christ. Issu d'une famille riche, tout comme Paul, il gagnera sa vie à travailler de ses mains, pour ne pas être à la charge de la communauté. Il mourut martyrisé, vers l’an 60, près de Salamine, sur son île natale.
À Antioche, Paul et Barnabé vivaient en communauté charismatique, jeûnant et priant en compagnie des fidèles de l'Église locale. Paul prêchait dans les synagogues mais aussi - voilà qui est nouveau - ailleurs dans la ville. Une tradition longtemps évoquée, l'a montré parlant près du Panthéon et à des auditoires romanisés. Il enseignait plus volontiers qu'il ne baptisait.
Un jour que plusieurs d’entre eux étaient réunis pour célébrer le jour du Seigneur, ils perçoivent ensemble une invitation qu'ils sentent venu d'ailleurs : «Il y avait dans l'Église établie à Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d'enfance d'Hérode le tétrarque, et Saul. Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit : «Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés.» Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.» (Actes 13, 1-3)
Pour la troisième fois, Barnabé va jouer un rôle essentiel dans la vie de Paul. Après l'avoir présenté à Pierre et à Jacques à Jérusalem, l’avoir tiré de sa retraite dans la ville de Tarse pour le conduire à Antioche, il va maintenant l’amener en mission dans le pays qu'il connaît le mieux parce qu'il y est né : Chypre. Ils prendront avec eux le jeune Marc, cousin de Barnabé.
Les chrétiens d’Antioche, se sont cotisés pour financer le voyage. Ils leur remirent des lettres de recommandations, afin qu'ils soient bien accueillis dans les synagogues comme délégués officiels de la communauté d'Antioche.
******************
RETOUR AU DÉBUT www.chercherjesus-christ.com/un-peu-dhistoire/saul-paul-de-tarse-serie/
ARTICLE PRÉCÉDENT www.chercherjesus-christ.com/news/a14-antioche-de-syrie/
ARTICLE SUIVANT
—————