17- Paphos

06/09/2020 00:06

Premier voyage missionnaire de Paul

17- Paphos

carte - de Salamine à Paphos, sur l'île de ChypreDe Salamine, Barnabé, Paul et Marc se rendirent à Paphos, de l’autre côté de l’île. Dans ce port de mer, la magie a droit de cité. C'est tout juste si on ne lui accorde pas le rang de religion. Ses partisans s’inspirent de doctrines qui prennent leurs racines en Égypte ou en Mésopotamie. Sergius Paulus, le proconsul romain, accueille volontiers dans son palais les magiciens et les philosophes de toutes tendances. Il est toujours heureux d’engager avec eux un débat dont raffolaient les intellectuels de l'Antiquité.

Paul confond le magicienDevant le proconsul Sergius Paulus. Paul rend aveugle le magicien Elymas.

Ayant appris la présence à Paphos de trois nouveaux prédicateurs, le proconsul a voulu les rencontrer. «Il invita Barnabé, Paul et Marc et manifesta le désir d'entendre la parole de Dieu». On croira plutôt que, s'ennuyant dans son île, le représentant de l’empereur a probablement cherché à se distraire en rencontrant ces visiteurs insolites.

C'était la première fois que l'Évangile pénétrait dans l’aristocratie de la société romaine. On comprend aisément que pour cette occasion c’est Paul, le citoyen romain, qui joua le rôle principal. Le privilège de la citoyenneté romaine lui donnait un prestige certain au regard du gouverneur de cette province sénatoriale.

Sergius Paulus devint le premier Romain de marque à se convertir (Cornelius, baptisé par Pierre, n'était qu'un centurion). Il se peut que le proconsul ait été l'un de ces «craignant Dieu» qui, dans chaque ville, fréquentaient la synagogue, attirés par la richesse morale de la foi juive.

Sergius Paulus, de famille noble, nous est présenté par Pline comme un homme cultivé, un personnage important, une autorité en sciences naturelles, un membre de la commission impériale pour la régularisation du Tibre, le fleuve qui traverse Rome, un connaisseur des questions philosophiques et religieuses. Recherchant la vérité, il n'avait rien du scepticisme blasé de Ponce Pilate. Luc le qualifie «d'homme avisé», parce qu'il cherchait visiblement un accès au monde du surnaturel.

Ses occupations administratives dans la petite île lui laissaient beaucoup de temps de loisir qu'il consacrait au travail intellectuel. En qualité de proconsul, il était entouré d'une cour composée de jeunes patriciens romains, se préparant à leur future carrière d'administrateurs.

«Saul» disparaîtra, laissant
la place à «PAUL».
Paulos, en grec, signifie petit.

De ces rencontres avec Sergius Paulus va résulter un événement important dans la vie de Paul. L’apôtre qui jusqu’ici se nommait Saul, va ajouter à son nom celui de Paul. On le connaîtra par ce nouveau nom «pour toute l’éternité». Pendant un certain temps, le Tarsiote utilisa les deux noms : Saul dit Paul. Mais rapidement, «Saul» disparaîtra, laissant la place à «Paul». Paulos, en grec, signifie petit. Outre la réalité de sa petite taille, Paul a sans doute voulu souligner à ses propres yeux sa condition de serviteur comparé à la puissance infinie de Dieu.

A partir de ce moment, l’évangéliste Luc ne nomme plus l'Apôtre qu'avec son nom de Paul. Dans ce nom grec et romain (Paulos - Paulus) on retrouvait une ouverture nouvelle pour «l’apôtre des Nations».

Il est intéressant de signaler que le nom de Saul n'apparaît jamais dans les lettres de Paul. Il ne le mentionne pas même lorsqu'il évoque sa vie précédant sa conversion et cette rencontre à Paphos. Il parle de lui-même comme « Paul ». C'est uniquement dans les Actes des Apôtres que nous rencontrons les deux noms de Saul et Paul. Avant sa conversion, Luc le nomme «Saul». Le seul passage où les deux noms sont utilisés côte à côte est en Actes 13, 9 qui dit simplement : «Saul, appelé aussi Paul». C'est la dernière fois que Luc utilise ce nom de «Saul».

À Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle
à celui de chef de mission.

Autre changement significatif : à Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle à celui de chef de mission. Jusqu'ici les textes parlaient de «Barnabé et Paul». Il ne sera plus question, à partir de maintenant, que de «Paul et Barnabé».

Après quelques mois passés à Chypre, Paul décida de se rendre sur le continent et Barnabé se laissa entraîner par l'ardeur de son ami.

Marc cependant exprima son désaccord et protesta vivement. Qu'allaient-ils faire là-haut dans ces montagnes sauvages ? On n'y trouvera pas de communautés juives, pas de synagogues, rien que des sentiers impraticables, côtoyant des abîmes, des ponts et des passerelles arrachées et des brigands sans merci. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté le voyage. Le courage du jeune homme de Jérusalem, qui ne connaissait rien de la nature sauvage, fléchissait. Il ne voulait plus continuer. La fougue audacieuse de Paul le dépassait. Il ne se sentait pas capable de faire face aux difficultés et aux dangers de ces lieux inhospitaliers. Il en parla à son cousin, Barnabé, et lui communiqua sa décision de prendre le premier bateau à destination de Césarée maritime, pour entrer ensuite à Jérusalem. Cette désertion du jeune Marc blessa profondément Paul et elle deviendra plus tard l’une des causes de conflit entre Paul et Barnabé.

Marc, auteur d'un évangile Marc, auteur d'un évangile, cousin de Barnabé, disciple et collaborateur de Pierre, redevenu compagnon de Paul.

Marc avait grandi à Jérusalem au milieu des premiers apôtres, il avait été élevé dans la tradition judaïque qui reliait encore fortement la jeune Église à la Synagogue. Paul, ce fougueux apôtre, était décidé à arracher l'Église à la Synagogue. De retour à Jérusalem, Marc deviendra l'élève et le collaborateur de Pierre et son interprète pour la langue grecque. Il reprendra la route avec lui. Le chef des apôtres parle de «mon fils Marc» dans l’une de ses lettres (1 Pierre 5, 13). Marc accompagnera Pierre dans ses voyages missionnaires et apprendra tout sur Jésus de Nazareth. Cela le qualifiera pleinement pour écrire le premier des quatre évangiles qu’on nomme aussi parfois «l’évangile de Pierre»..

Marc sera en mesure plus tard de surmonter cette défection juvénile de Paphos, et il redeviendra un collaborateur précieux de l'apôtre Paul. Prisonnier à Rome, Paul écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10)

Après ce départ de port de Paphos, Paul n'a plus jamais remis les pieds sur l’île de Chypre. Il considérait cette île comme le fief et la fondation de Barnabé, et il ne voulait pas bâtir «sur le terrain d'autrui».

******************

 

 

RETOUR AU DÉBUT   www.chercherjesus-christ.com/un-peu-dhistoire/saul-paul-de-tarse-serie/

ARTICLE PRÉCÉDENT    www.chercherjesus-christ.com/news/a16-salamine-sur-lile-de-chypre/

ARTICLE SUIVANT   www.chercherjesus-christ.com/news/a18-sur-les-routes-de-lempire/

 

https://cms.dieu-avant-tout-com.webnode.fr/

—————

Précédent