19. Pergé et Antioche de Pisidie

20/09/2020 00:29

Premier voyage missionnaire de Paul

19. Pergé et Antioche de Pisidie

 

Pergé - Pamphilie Pergé, en Pamphylie, près d'Attaleia

Carte du premier voyage - Pergé et Antioche de Pisidie

Paul et Barnabé quittent le port de Néo-Paphos, pour se rendre à Attaleia, en Asie Mineure. Il fallait trente-six heures de navigation pour y arriver. La baie d’Attaleia était protégée contre les corsaires par une couronne de forts et de bastions.

D'Attaleia, ils gagnent, à moins d'une demi-journée de marche, la ville de Pergé. «Ils annoncèrent la parole à Pergé», dit Luc. (Actes 13,13) Ils demeurent quelque temps dans cette ville et ensuite, ils traversent les montagnes du Taurus ainsi qu’une zone semi-désertique pour atteindre Antioche de Pisidie. «De Paphos, où ils s'embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean Marc les quitta pour retourner à Jérusalem. Quant à eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et s'assirent. Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : «Frères, si vous avez quelque parole d'encouragement à dire au peuple, parlez.» (Actes 13, 13-15)

Antioche de PisidieAntioche de Pisidie, en région montagneuse

Alors que Tarse et Antioche de Syrie sont à peine à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, Antioche de Pisidie est à 1.200 mètres, Iconium à 1.027 mètres et Lystres à 1.230 mètres. Ces territoires avaient été des régions dangereuses, remplies de bandes de voleurs et de tueurs. Pour mettre un terme à ce brigandage, les empereurs César-Auguste et Claude eurent recours à un moyen très efficace : ils fondèrent des colonies de vétérans. Antioche était ainsi devenue une colonie romaine de droit italique. Les colons venaient en majorité de la légion celte, recrutée dans les Gaules.

La décision prise par Auguste d'y établir une colonie d’anciens combattants avait donné une nouvelle vie à la ville. Les vétérans démobilisés après la bataille d’Actium (31 av. J.-C.) contre Marc-Antoine, Cléopâtre et Brutus,  y ont obtenu des terres qu'ils ont cultivées, mais à une condition : faire régner l'ordre parmi la population, ce à quoi ils étaient parfaitement préparés. Antioche était une réplique de Rome : administration, traditions religieuses, division en quartiers, théâtre, thermes, aqueducs, etc. On la surnommait : «la petite Rome». Dans son testament, l'empereur Auguste a mentionné les colonies de Pisidie comme l'une des réalisations importantes ayant marqué son règne.

Certes, Paul a connu de grandes villes : Damas, Antioche de Syrie, Tarse, Jérusalem, Éphèse. Il n’aurait jamais pensé qu’une métropole romaine puisse se trouver au milieu d'une région que Luc qualifiera de barbare et de sauvage ? Antioche de Pisidie avait toute l’infrastructure d’une grande ville et était protégée de remparts romains. C’était aussi une «ville sainte», consacrée au culte du dieu masculin de la lune, nommé Men ou Lunus. Pendant les nuits illuminées, se déroulaient de sauvages liturgies orgiaques, au cours desquelles les habitants de la ville offraient leurs sacrifices à la lune et se livraient, en compagnie de nombreuses hiérodules (prostituées) du temple, aux débauches débridées et aux célébrations dionysiaques. Paul y fait allusion dans sa lettre aux Galates, lorsqu'il écrit: «Autrefois, il est vrai, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez les esclaves des dieux qui ne possèdent pas la divinité» (Galates 4, 8).

Dans cette région de pâturages et d'élevage, au centre sud de l'Asie mineure, Paul et Barnabé mettront les fondations de nombreuses églises. Pendant toute cette période, les deux missionnaires furent en danger constant de la part des communautés juives dans ces villes de régions éloignées.

Les Juifs, attirés par le commerce du cuir, jouissaient, ici comme partout ailleurs, de nombreux privilèges depuis le temps de César, leur grand bienfaiteur et leur débiteur.

Confrontations avec certains
Juifs de la synagogue.

Paul doit déjà avoir
envisagé une rupture
avec la synagogue.

Vers la fin de son séjour à Antioche de Pisidie Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue : «Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. À la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : «C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu'aux extrémités de la terre.» (Actes 13, 44-47)

À cause de ces confrontations avec certains Juifs de la synagogue, désormais, il n'était plus permis aux deux missionnaires de prendre la parole. C’est pourquoi ils enseignaient dans les maisons privées, sur les terrasses et en plein air. La rupture définitive n'advint cependant que lors du séjour de Paul à Corinthe, quand il quitta la synagogue et s'installa, tout près, dans la maison de Justus qui était un prosélyte (Actes 18,6).

À Antioche, pour combattre Paul et les chrétiens, les Juifs commencèrent à utiliser une tactique qui reviendra souvent à l’avenir et qui leur sera favorable. Grâce à leur sens des affaires et à leur argent, ils entretenaient de très bonnes relations avec les milieux influents. Plusieurs Juives se mariaient avec des fonctionnaires grecs ou romains et elles avaient leurs amies parmi les épouses des dirigeants de la ville. C'est ainsi que la Synagogue gagnait facilement à sa cause la police municipale, grâce aux dames pieuses. On expliquait aux gardiens de l'ordre public que les deux apôtres introduisaient un culte nouveau, ce qui était interdit par la loi, et qu'ils proclamaient un certain Christ comme roi, ce qui en faisait un adversaire de César. Ce Jésus avait été condamné à mort du temps de Ponce Pilate, pour avoir fomenté une insurrection contre l'autorité romaine. Aux yeux des dirigeants, les chrétiens se rendaient donc coupables de haute trahison.

En soudoyant quelques individus douteux, on provoquait une émeute populaire. Les responsables de la ville constataient qu'ils ne pouvaient plus garantir l'ordre public, si les étrangers ne quittaient pas aussitôt la ville.

Là où les Juifs ne réussissaient pas à gagner l'autorité civile, ils appliquaient eux-mêmes la peine du fouet, dans les souterrains de leurs synagogues. Cette peine barbare reviendra désormais avec une obsédante régularité durant toute la vie de S. Paul.

Après plusieurs mois, Paul et Barnabé furent chassés d’Antioche de Pisidie : «Les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu'aux notables de la ville; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, secouant contre eux la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint.» (Actes 13, 50-52)

Cette chasse aux sorcières et ces traitements injustes n'étaient possible que dans les petites villes provinciales dépourvues de proconsul, telles qu’Antioche de Pisidie, Iconium et Philippes. Dans les grandes villes de l’empire, la citoyenneté romaine de Paul le protégeait de ces abus.

Malgré l’opposition des Juifs, la Parole du Seigneur, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabé, prit racine dans toute la région. Le bon grain avait été semé.

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