
24. Résultats du Concile
25/10/2020 00:4024. Résultats du Concile
Nous connaissons bien les principaux personnages du Concile de Jérusalem :
Pierre, le chef des apôtres
Après avoir écouté les arguments des participants, avec l'autorité que tous lui reconnaissent, il intervient en disant : «Vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m’a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne nouvelle en embrassant la foi. Et Dieu, qui connait les coeurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l’Esprit Saint, tout comme à nous, puisqu’il a purifié leur coeur par la foi. Pourquoi provoquer Dieu en imposant à la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons été capables de porter?... C'est par la grâce du Seigneur Jésus, nous le croyons, que nous avons été sauvés, exactement comme eux» (Actes 15, 10-11).
Son discours fait référence à sa propre expérience et à la compréhension qu'il a du plan de Dieu en Jésus-Christ :
- Dieu a déjà pris l'initiative d’indiquer l’attitude que l’on doit avoir envers les païens, lorsqu'il me donna l'ordre de baptiser le centurion Corneille.
- En raison de la faiblesse de l'homme, l'ancienne Loi ne peut être accomplie dans toute sa rigueur.
- Le salut est accordé à tous gratuitement, par la seule grâce de Dieu qui agit librement en Jésus-Christ.
Par ce discours sage et pondéré, le chemin est aplani, et les participants sont prêts à accepter le point de vue de Paul et de Barnabé.
Jean, l’apôtre que Jésus aimait
En arrivant à Jérusalem, Paul et Tite font la connaissance d'un personnage que Barnabé avait déjà rencontré. On le considérait, tout comme Pierre, comme l'une des figures fondatrices du mouvement qui était né après la mort de Jésus. Il avait déjà fondé quelques communautés à Éphèse et sur la côte de l'Asie Mineure. Lors de son dernier séjour dans cette région, Paul avait pu constater que son influence n'avait pas baissé et plusieurs communautés d'Asie se réclamaient de lui.
Il s'agit ici de Jean, le fils de Zébédée, l’apôtre de Jésus, qui, avec son frère Jacques, avaient été les premiers à être appelés par le Seigneur. Il va jouer un rôle important dans le développement de l’église du premier siècle et nous laissera en héritage son évangile et le livre de l’Apocalypse (écrit probablement par l’un de ses disciples).
Jacques, le frère du Seigneur
Il est un personnage important dans l’église de Jérusalem. Dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, Paul lui accorde une place spéciale, le présentant comme ayant été favorisé pour lui seul d'une apparition de Jésus : «Le Christ est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d'entre eux demeurent jusqu'à présent et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton.» (1 Corinthiens 15, 3-8)
Après son évasion de la prison d'Agrippa, Pierre demande à ceux qui l’entourent : «Annoncez-le à Jacques.» Lorsque tous les apôtres quittent Jérusalem pour proclamer la Bonne Nouvelle, Jacques reste sur place. À cause de lui, beaucoup de pharisiens embrassent le christianisme, dont certains prêtres de différentes classes sociales, qui semblent avoir continué à exercer leur fonction sacerdotale juive. Quand Pierre quitte Jérusalem (en 43 ou 44), Jacques le remplace à la tête de cette église.
Après le discours concluant de Pierre, ceux qui voulaient maintenir la ligne dure sur l’obligation de la circoncision, espéraient que Jacques, le conservateur, défendrait leur point de vue. Les deux partis attendaient impatiemment ce qu’il dirait. Très simplement, Jacques se leva et déclara être d’accord avec Pierre et Paul : le salut est sans condition et s'étend à toute l'humanité.
Pour permettre une entente fraternelle entre les deux partis, en homme sage, Jacques propose un compromis susceptible d'être acceptable à tous. Il demande aux incirconcis d'avoir égard aux sentiments des judéo-chrétiens sur les trois points suivants :
1. Éviter la participation aux repas des sacrifices païens.
2. S’abstenir des excès sexuels en vogue dans les temples, sous forme de prostitution rituelle.
3. Observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun.
Paul avait voulu atteindre
deux buts précis :
préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse
et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère.
Paul est très heureux des conclusions du Concile. Il a refusé de faire circoncire Tite afin de ne pas «sacrifier la liberté qui nous a été donnée en Jésus-Christ» et Pierre, Jacques et Jean ont accepté sa proposition. Les non-Juifs ne seront pas obligés de suivre toutes les règles de la Loi de Moïse. Cela ouvrait la porte à une chrétienté offerte à tous. Pour Paul, réintroduire dans les églises la marque symbolique de la séparation entre le pur et l'impur, entre les élus de Dieu et les païens, ce serait annuler la croix du Christ.
À cette réunion de Jérusalem, Paul avait voulu atteindre deux buts précis : préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère. Il réussit à atteindre ces deux objectifs.
La liberté chrétienne fut préservée grâce à l’ouverture des participants. L'Esprit souffla et le mur de séparation entre les Juifs et les non-Juifs s’écroula. Dieu donna à ses apôtres la sagesse et la fermeté nécessaires pour achever une oeuvre indispensable à l'établissement d'une religion universelle.
Pour ce qui est du deuxième objectif de Paul - être reconnu comme apôtre à part entière -, il faut nous rappeler que depuis sa conversion, il n'avait pas été facilement accepté par la communauté chrétienne. Les Actes signalent que la peur subsistait chez bon nombre de croyants. Ananias, chez qui Paul avait été envoyé après sa conversion, répond au Seigneur qui lui était apparu dans une vision : «Seigneur, j'ai entendu bien des gens parler de cet homme et dire tout le mal qu'il a fait à tes saints à Jérusalem. Et ici il dispose des pleins pouvoirs reçus des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom» (Actes 9,13-14).
Lors de son passage à Jérusalem, après ses trois années en Arabie, les Actes parlent également d'une peur instinctive de la part des chrétiens : «Arrivé à Jérusalem, il essayait de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, n'arrivant pas à le croire vraiment disciple» (Actes 9,26).
(Malgré cette acceptation)
Paul devra défendre continuellement son
statut d’apôtre.
...C’est triste et Paul en
souffrira toute sa vie.
Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre. Un texte nous le montre en train de présenter sa défense à l'Église de Corinthe qu'il a fondée, face aux Judéo-chrétiens venus de Jérusalem : «Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur ? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis ; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur» (1 Corinthiens 9, 1-2).
À Jérusalem, cette reconnaissance de la part de Pierre, Jean et Jacques revêt donc une grande importance pour Paul dans son ministère. Il le souligne dans sa lettre aux Galates : «Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions nous aux païens, eux à la circoncision.» (Galates 2, 9)
Le Concile de Jérusalem souligne donc cette acceptation de Paul par Pierre, Jacques et Jean. Il s’agira de savoir s’il y a là un accord véritable ou simplement une concession superficielle afin d’éviter la rupture. Les Épîtres de Paul et les Actes des Apôtres de Luc, nous révéleront que, pour plusieurs chrétiens de l'Église-mère, ce n’était qu'une sorte de tolérance accordée avec condescendance à une minorité. C’est triste et Paul en souffrira toute sa vie.
Les décisions du Concile furent communiquées à l'Église d'Antioche par une lettre, que deux délégués, accompagnant Paul, Barnabé, et Tite, furent chargés de porter : Jude, surnommé Barsabbas, originaire de Jérusalem, un chrétien de la première heure, et Silvanus, un helléniste de la diaspora, citoyen romain, portant comme Paul un nom juif et un nom latin.
******************
RETOUR AU DÉBUT www.chercherjesus-christ.com/un-peu-dhistoire/saul-paul-de-tarse-serie/
ARTICLE PRÉCÉDENT www.chercherjesus-christ.com/news/a23-le-concile-de-jerusalem/
ARTICLE SUIVANT www.chercherjesus-christ.com/news/a25-confrontation-a-antioche/
—————