
25. Confrontation à Antioche
01/11/2020 00:4025. Confrontation à Antioche
Après le Concile de Jérusalem, Paul, Barnabé et Tite retournent à Antioche de Syrie. Judas et Silas, les délégués officiels de l'Église-mère, les accompagnent. Une fois rendus, ces derniers n’hésitent pas à se joindre non seulement aux Judéo-chrétiens, mais aussi aux pagano-chrétiens, ce qui fait le bonheur de tous les membres de l’Église d’Antioche.
Un peu plus tard, on apprend que Pierre lui-même a décidé de venir les visiter. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de joie par la communauté. Plusieurs n’ont jamais rencontré le chef des apôtres, mais il jouit d’un grand prestige. À son arrivée, les chrétiens démontrent de la vénération et de l’enthousiasme et ils surveillent le comportement de Pierre. Les membres de l’Église d’Antioche sont heureux de voir le pêcheur de Capharnaüm partager volontiers le repas des non-Juifs. C’est pour eux une indication que le «premier concile» a porté fruit.
À Jérusalem cependant, l'inquiétude se change en méfiance. L'Église mère, inspirée par Jacques, juge que Pierre va trop loin. On lui expédie de nouveaux messagers pour lui rappeler que ce n'est pas parce que certains païens veulent devenir chrétiens qu'ils font partie à part entière du peuple de Dieu. Les juifs qui ont reconnu Jésus comme Messie et Sauveur, doivent maintenir leur identité en gardant une certaine distance et une certaine séparation vis-à-vis les pagano-chrétiens.

Paul résista ouvertement à Pierre
Les nouveaux arrivants sont reçus avec respect mais ils créent un froid quand on les voit se laver les mains chaque fois qu'ils touchent à un chrétien non-Juif. Ils refusent toute invitation des pagano-chrétiens et évitent de se mettre à table avec les incirconcis.
Comme nous l’avons dit plutôt, Pierre jusque là avait adopté les usages des chrétiens d’Antioche. Il acceptait les invitations, fréquentait les familles et participait aux agapes le jour du Seigneur. Mais à peine les nouveaux délégués de Jérusalem arrivés, il commence à vaciller. Relisons le texte de Paul à ce sujet : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les païens; mais, quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis.» (Galates 2, 12)
Lorsque les judéo-chrétiens décident de s'isoler durant les agapes du samedi soir, en s'assoyant à des tables à part, et qu'ils déclarent aux Antiochiens : «Si vous ne vous laissez pas circoncire, vous ne pouvez pas être sauvés», l'orage éclate. On peut croire que ce fut une scène assez violente. C'est alors que Paul intervient. Il le fit avec conviction mais aussi avec dignité. Il résista ouvertement à Pierre et non pas sournoisement, par derrière.
Il rappela à Pierre ce qui s’était passé dans sa propre maison à Capharnaüm, lorsque Jésus vivait. Les collecteurs d'impôts, les pécheurs et les prostituées se tenaient autour de Jésus, entraient librement dans sa maison. Maintenant, par son refus de manger avec les incirconcis, il reniait une deuxième fois son Seigneur.
Lors du repas communautaire (l’agapè), l'instauration de deux tables, une pour les Juifs et une autre pour les non-Juifs, constituait une rupture de communion au sein d'une communauté qui confessait la même foi et partageait le même pain. Paul accuse Pierre de vouloir imposer aux non-Juifs des règles alimentaires pour prendre part aux repas. Un tel comportement est en contradiction avec les décisions de l'assemblée de Jérusalem.
Dans cette dispute, on retrouve déjà les arguments de l'Epître aux Romains, testament de la pensée de Paul. Dans cette lettre, il répétera avec force que juifs et païens ont le même Seigneur. Dieu ne rejette pas Israël mais il offre le salut à tous les êtres humains et non seulement au peuple choisi.
Le drame d’Antioche ne touchait pas seulement Pierre car d’autres avaient suivi son exemple. Le comble est que Barnabé, l’ami et le compagnon de Paul, était du nombre. C’était, aux yeux de Paul, ce qui pouvait arriver de pire : «Et les autres Juifs imitèrent Pierre dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : «Si toi qui est Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser?» (Galates 2, 13-14)

l’amitié entre Paul et Barnabé
a été rompue
Après ces altercations, l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue. Quelque temps plus tard, Paul écarta Marc du prochain voyage missionnaire et Barnabé refusa de partir sans son cousin de Jérusalem. Paul va donc entreprendre ce deuxième voyage avec Silas et Barnabé retournera à Chypre en compagnie de Marc : «Quelque temps après, Paul dit à Barnabé (as): Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.
Le temps rétablira la vieille amitié entre les trois compagnons. Plus tard, Paul et Barnabé entreront de nouveau en relation fraternelle et partageront des informations sur leurs travaux missionnaires. Pour ce qui est de Marc, l'avenir donnera raison à Barnabé : il deviendra un homme courageux et désintéressé, un collaborateur précieux pour Pierre pendant de nombreuses années et ensuite pour Paul à la fin de sa vie. Le fougueux apôtre des nations n'a pas hésité à réparer son erreur. De sa prison, à Rome, il écrira aux Colossiens : «Marc, le cousin de Barnabé, vous salue; vous avez déjà reçu des ordres à son sujet. S'il vient chez vous, faites-lui bon accueil» (Col 4, 10). Durant sa dernière captivité, Paul écrit à Timothée : «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est d'un grand secours pour le ministère» (2 Tim 4, 11). Et dans sa lettre à Philémon (1, 23-24) : «Tu as les salutations d'Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
a été d’avoir su prévoir
les conséquences graves
des règles à imposer aux nouveaux chrétiens.
Le grand mérite de Paul à Jérusalem et à Antioche a été d’avoir su prévoir les conséquences graves des règles à imposer aux nouveaux chrétiens. Il ne veut pas que ceux-ci soient obligés «de devenir Juifs» pour se joindre aux chrétiens et il met fin à l’exaltation juive de la race, considérée comme le seul moyen d’atteindre la justification.
Après ces incidents d’Antioche, Pierre disparaît des récits du Nouveau Testament. Nous ne trouverons plus que deux épîtres qui portent son nom et qui ont été écrites après sa mort.
Il est intéressant de constater le silence des Actes des Apôtres sur les conflits d'Antioche. Luc en avait certainement entendu parler, puisqu'il était originaire de cette ville. Mais il était un homme de paix, conscient de sa responsabilité. Son livre fut publié beaucoup plus tard, peut-être quinze ans après la confrontation entre Pierre et Paul. Lorsque Luc écrit, la situation avait évolué. La réconciliation des deux partis était amorcée. Pourquoi rouvrir de vieilles plaies ? Et c'est ainsi que Luc a délicatement passé cet événement sous silence.
Après ces controverses, Paul et Silas entreprennent le deuxième voyage missionnaire. Cette fois, ils utilisent la voie de terre, tandis que Barnabé et Marc se rendent à l’île de Chypre. On est au début du printemps. «Paul, parcourant la Syrie et la Cilicie, affermissait les Églises.» (Actes 15, 41) Elles sont déjà nombreuses les Églises qui fleurissent dans cette région. Paul visite d’abord celles qu’il a fondées pendant son premier voyage, avant d’aller plus loin vers l’ouest.
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