
35. Paul à Corinthe
10/01/2021 00:58Deuxième voyage missionnaire de Paul
35. Paul à Corinthe

À Corinthe, Paul cherche du travail chez un couple juif originaire de Rome : Prisca et Aquilas. C’étaient des tisserands qui tenaient un bazar de tapis dans la ville. Ils ne pouvaient se douter, qu'à partir de ce moment, leurs noms seraient inscrits dans l'histoire de la jeune Église. Avec une hospitalité tout orientale, ils acceptent de loger l'étranger. Le couple considérait un honneur de recevoir chez eux un docteur de la Loi comme ouvrier et comme hôte. C'est ainsi que commença l’une des plus belles et des plus fécondes amitiés de l’Église naissante. Prisca et Aquilas étaient déjà chrétiens car Paul ne mentionne pas leur nom parmi ceux et celles qu'il a baptisés à Corinthe.

Tisserands prospères, Aquilas et Prisca apportèrent un soutien considérable à Paul. Ils le suivront jusqu'à Éphèse et Rome, faisant de leur maison une église domestique. Prisca devint l'un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive.
Aquilas était originaire de la région du Pont, près de la Mer Noire. Il s'était établi à Rome et y avait exercé son métier de tisseur de toiles et de fabriquant de tentes. Dans l'Antiquité où chaque voyageur avait besoin d'une tente, ce métier était pratiqué à échelle industrielle. Il a probablement connu sa femme à Rome. Paul la nomme Prisca, alors que Luc utilise le nom de Priscille. Quatre fois sur six, elle est nommée en premier, ce qui est un indice de son importance. Elle devint l’un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive. Aucune des femmes qui ont soutenu Paul dans sa prédication, n'a reçu un éloge semblable au sien : «Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus. Pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir la gratitude : c’est le cas de toutes les Églises de la gentilité; saluez aussi l’Église qui se réunit chez eux» (Romains 16, 3-5).
En 49 ap. J.-C., le couple avait été forcé de quitter Rome à cause d'un décret - bientôt annulé d'ailleurs - de l'empereur Claude. Ce décret fut prononcé, d'après Suétone, parce que des émeutes avaient éclaté dans le ghetto juif de Rome, «sur les instigations d'un certain Chrestos». Les aventures de ce couple sont caractéristiques de la vie errante et agitée des Juifs dispersés dans l'Empire romain. Plus tard, nous les rencontrons à Éphèse, puis à Rome, et finalement encore une fois à Éphèse.
manuel était considéré comme
un déshonneur, l'exemple de
Paul était quelque chose d'absolument novateur.
Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail pour gagner son pain. À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur et bon seulement pour les basses classes sociales et pour les esclaves, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur. Il fallut longtemps pour que cette conception chrétienne du travail puisse prévaloir. Les Grecs et les Romains n’avaient que mépris pour le travail manuel qui était réservé aux plus pauvres et aux esclaves. Chez les Juifs, par contre, l'Ancien Testament avait créé, autour de l'ouvrier, une atmosphère de respect social. Chez Paul, ce respect s'appuyait sur sa conception de l'homme, temple du Saint-Esprit, et sur la fraternité de tous les êtres humains dans le Christ. «Quiconque méprise un frère ne méprise pas un homme, mais Dieu.»
Suivant sa méthode habituelle de travail, Paul commence par présenter son message aux Israélites. Il réussit deux conversions importantes : celles de Crispus et de Sosthène, deux responsables de la synagogue. De nombreuses autres suivirent, mais la majorité des Juifs lui était hostile. Les accusations ordinaires d'impiété et de sacrilège, ne manquent pas. «Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul : Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville. Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu.» (Actes 18, 9-11)
Pendant que Paul travaillait et prêchait à Corinthe, Silas et Timothée arrivèrent de Macédoine. Ils apportaient de l'argent de Thessalonique et de Philippes. Il est facile de supposer qui étaient les généreux donateurs de cette contribution monétaire : Lydie de Philippes et Jason de Thessalonique.

À Corinthe, Paul rencontre une autre femme exceptionnelle dans le port de Cenchrées. Il s'agit de Phoebée, femme d’affaires pleine d'entregent et grande voyageuse. Convertie au christianisme, elle va patronner l'activité de Paul, le représenter si nécessaire en justice et surtout témoigner de sa citoyenneté romaine. Autour de Phoebée, une nouvelle communauté chrétienne va se développer. Plus tard, Paul recommandera Phoebée aux Romains comme «notre soeur, diaconesse de l'Église de Cenchrées». Il souhaitera qu'on «lui offre dans le Seigneur un accueil digne des saints» et que, dans le cas où elle en aurait besoin, on l'aide «car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même». (Romains 16, 1-2) C’est elle qui apportera à Rome l’épître de Paul aux Romains.
La communauté de Corinthe nous est connue par les deux lettres que Paul lui adressera un peu plus tard. Composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes, cette Église est un bel exemple des communautés fondées par Paul. La diversité sera source de difficultés mais favorisera en même temps un modèle admirable d’unité dans la diversité. Elle donnera aussi à Paul l'occasion de s'exprimer sur la nature de l'Église comparée au corps humain où chaque membre a une fonction au service de l’unité, de la cohésion et de l’entraide (1 Corinthiens 12).
À Corinthe, on se réunit dans des maisons privées où l'on prend le repas en commun. Conformément à l'attitude qu'il avait préconisée à Antioche, Paul n'empêche aucun des nouveaux chrétiens d'assister aux nombreuses fêtes juives ou païennes que l'on célèbre dans la ville. A ceux et celles - surtout juifs - qui montrent des réticences, il explique qu'il ne faut pas se singulariser. L'assistance aux célébrations permet de nouer des relations utiles pour la diffusion du message chrétien.
Paul devra prendre position sur les viandes immolées aux idoles dans un milieu où, en raison de leur appartenance sociale, les chrétiens sont contraints de consommer ces viandes offertes dans les banquets publics. Il abordera aussi des questions de moralité sexuelle (1 Corinthiens 6, 12-20) en raison de l'importance de la prostitution dans la cité.
Après un certain temps, Paul sera de nouveau accusé par les autorités juives de contrevenir à la loi romaine qui interdit le prosélytisme et les cultes illicites. Ceci provoque la rupture avec la synagogue comme ce fut le cas à Antioche de Pisidie et à Thessalonique. Paul secoua la poussière de ses vêtements, comme pour se libérer de toute responsabilité personnelle : «Que votre sang soit sur votre tête. Pour moi, j'en suis innocent. Désormais, je m'en vais auprès des Gentils.» C'était une sorte d'excommunication, la première utilisée par Paul.
Titius Justus lui offrit alors sa maison pour les réunions de la communauté chrétienne. Paul accepta avec joie et, dans la cour intérieure, il continua à instruire les intéressés. La communauté juive se scinda en deux groupes. Certains rentrèrent à la synagogue, d’autres accompagnèrent Paul dans la maison de Titius. La séparation était faite et la première Église des Gentils était fondée à Corinthe.
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