39. Paul accusé de prêcher un culte illégal
07/02/2021 00:0639. Paul accusé de prêcher un culte illégal
Deuxième voyage missionnaire de Paul
À Corinthe, le nombre de non-Juifs devenus chrétiens augmentait de jour en jour et la Synagogue enregistrait de nombreuses défections. Son chef, Crispus, demanda le baptême, de même que Stephanus. Il y avait également Gaïus, qui a hébergé Paul (Romains 16, 23). Une autre personnalité importante réclama le baptême; c'était Éraste, le trésorier de la ville (Romains 16, 23).
La composition de la communauté devint de plus en plus variée. D'après la première lettre aux Corinthiens, nous pouvons distinguer trois catégories sociales dans cette Église : D'abord, une classe de gens qui se recrutent parmi les propriétaires et les fonctionnaires. Leurs maisons étaient assez grandes pour recevoir les membres de la communauté naissante, et ils étaient assez riches pour fournir ce qu'il fallait pour les agapes. À cette catégorie appartenaient les personnalités mentionnées plus haut. Plus tard s'y ajoutèrent Sosthène et un certain Zénas, juriste juif. (Tite 3, 13). Il y avait également Phébée, la diaconesse de l’Église de Cenchrée et les gens de sa maison. De la classe moyenne, où prédominait l'élément romain, faisait parti Tertius, le futur secrétaire de Paul à qui il dictera la lettre aux Romains. Cependant la majorité des nouveaux convertis appartenaient aux classes pauvres; c'étaient des esclaves, des affranchis et des artistes. Paul mentionne cette classe de pauvres dans sa 1ère lettre aux Corinthiens :
«Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi.» (1 Corinthiens 1, 26-27)
Paul n'était jamais descendu dans des milieux populaires aussi misérables et mal famés que ceux de Corinthe. Lorsqu'il rappellera plus tard aux Corinthiens, légèrement vantards, ce que la plupart d'entre eux avaient été avant leur conversion, il ne les place pas dans des catégories flatteuses :
«Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs, ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. Et cela, vous l’étiez bien, du moins quelques uns d’entre vous.» (1 Corinthiens 6, 10).
Ce fut le chef-d'oeuvre de l'Apôtre de réussir à surmonter ces contrastes moraux, sociaux et nationaux et de réunir à une même table, des hommes et des femmes libres, des esclaves et des affranchis, des Juifs, des Grecs, des Romains et des Asiates.
Le succès de l'Apôtre rendit furieux les chefs d'Israël. Paul voyait arriver l'orage. Il écrivit alors aux Thessaloniciens:
«Mes frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course et soit partout honorée comme elle l'est chez vous, et que nous soyons délivrés des méchants et des pervers» (2 Thessaloniciens 3, 1).
Au milieu de ces tensions, le Seigneur apparut à Paul pour le consoler: «Sois sans crainte! Continue de parler, ne te tais pas! Car je suis avec toi, et personne ne mettra sur toi la main pour te faire du mal, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville.» (Actes 18, 9-10) Cette vision lui donna le courage de persévérer dans sa mission difficile. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Romains 8, 31). Il pouvait donc envisager l'avenir avec sérénité.
Sur le plan politique, au printemps de l'année 52, le poste de gouverneur de l'Achaïe était devenu vacant. Rome prenait soin de faire occuper des postes aussi importants par des personnages prudents et conciliants. Pour cette raison, le Sénat confia la fonction de proconsul d'Achaïe à l'un des hommes les plus sympathiques et les plus cultivés de son temps, Marcos Annaeus Novatus, qui se nommait encore, du nom de son père adoptif, Junius Gallion. «Mon ami Gallion, procureur d'Achaïe», c'est en ces termes que l'Empereur Claude le nomme dans une inscription retrouvée à Delphes. Si Gallion a été proconsul en l'année 52/53, le séjour de 18 mois de Paul à Corinthe, aurait eu lieu du printemps 51 à l'automne 52.
La nomination de Gallion fut accueillie par toute la Grèce avec enthousiasme. Il s'était illustré dans les lettres. Frère préféré du philosophe Sénèque, qui était précepteur de Néron, oncle de l'écrivain romain Lucain, c'était un esprit cultivé, de caractère noble et affable.
Paul défend son enseignement, par Giovanni RiccoLes Juifs de Corinthe pensèrent tirer parti du nouveau proconsul pour se venger de Paul qui commençait à être trop connu, car les synagogues correspondaient entre elles. Exaspérés par les succès de Paul, ils le traînèrent devant le tribunal du proconsul : «C'est un culte illégal que prêche cet individu, lui dirent-ils». Les lois de l’Empire interdisaient les «nouveaux cultes» et le prosélytisme.
Paul allait se défendre quand Gallion déclara :
«S’il s’agissait d’un délit ou d’un méfait grave, je recevrais votre plainte comme il se doit; mais, puisqu’il s’agit de discussions concernant la doctrine, les appellations, et la Loi qui vous sont propres, cela vous regarde. Moi, je ne veux pas être juge de ces affaires.»
Et il les renvoya du tribunal.
Alors, pour se venger, les Israélites se jetèrent sur Sosthène et le rouèrent de coups devant le tribunal, sans que Gallion ne réagisse d’aucune manière.
Gallion, cet homme de la haute société romaine, connue une fin tragique. Il mourut comme son frère, Sénèque, de la mort du stoïcien, c’est-à-dire de sa propre main, en avalant du poison, sur l'ordre de Néron. C'était la seule échappatoire de la sagesse du monde en face de la souffrance, de la violence et de l’injustice. Ainsi l'enseignait le stoïcisme, enseignement que Sénèque résume dans une lettre célèbre :
«La loi éternelle n'a rien établi de mieux que de nous donner une seule entrée dans la vie, alors qu'elle nous en ménage de nombreuses sorties. Devrais-je attendre une cruelle maladie ou un homme cruel, alors que je suis libre de me défaire de toutes ces adversités ? Telle est la seule raison pour laquelle nous n'avons pas le droit de nous plaindre de la vie : elle ne retient personne. C'est une excellente institution. Personne n'est forcé de rester malheureux, si ce n'est en le voulant. Si tu es satisfait, reste en vie ! Si tu es malheureux, tu peux retourner au néant d'où tu es venu.»
À Corinthe, outre Silas et Timothée, Paul disposait d'un grand nombre de collaborateurs et collaboratrices qu'il envoyait dans toutes les directions de la péninsule. Dans le port de Cenchrées, il avait la fidèle diaconesse Phébée, qui travaillait dans le quartier des matelots comme «un ange de charité».
À Corinthe, Paul a fondé une communauté qui rayonnait dans tout le bassin méditerranéen.
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