4 MACCABEES

10/01/2017 13:05

4 MACCABEES     1

1 C'est un sujet de haute philosophie que j'ai le dessein de traiter : la raison pieuse est-elle la souveraine des passions ? Aussi, je crois devoir vous conseiller de donner toute votre attention à la philosophie que je vais vous exposer.

2 Le sujet, en effet du point de vue de la science, présente pour tout le monde un intérêt essentiel ; en outre, il comporte l'éloge de la plus grande des vertus, je veux dire de la prudence :

3 Si réellement on peut montrer non seulement que la raison maîtrise les passions qui s'opposent à la tempérance, gloutonnerie et désir,

4 Mais encore qu'elle domine les passions qui s'opposent à la justice, telles que la méchanceté, et les passions qui s'opposent au courage, colère, douleur, peur.

5 Comment donc, dira-t-on peut-être, si la raison commande aux passions, ne domine-t-elle pas l'oubli et l'ignorance ? Cette objection est ridicule.

6 En effet, la raison commande non pas à ses propres passions, mais aux passions contraires à la justice, au courage, à la tempérance et à la prudence ; et, si elle leur commande, c'est non pas pour les supprimer, mais pour ne point céder devant elles.

7 Je pourrais vous apporter bien des preuves, tirées des cas les plus divers, à l'appui de cette assertion que la raison pieuse est la dominatrice des passions ;

8 Mais la preuve la plus forte, c'est, à mon avis, la bravoure de ceux qui sont morts pour la vertu : Eléazar, les sept frères et leur mère.

9 Car eux tous, c'est par leur mépris des souffrances, c'est jusqu'à la mort qu'ils ont prouvé que la raison maîtrise les passions.

10 Et, certes, en considérant leurs vertus, je puis bien faire l'éloge de ces héros qui, en ce jour que nous célébrons, sont morts avec leur mère pour la cause du bien ; mais, en considérant les honneurs qu'ils ont obtenus, laissez-moi aussi les déclarer bienheureux :

11 Par leur courage, par leur endurance, ils ont conquis l'admiration non seulement du monde entier, mais encore de leurs propres bourreaux, et ainsi ils ont été causes de la chute de la tyrannie qui asservissait la nation ; par leur constance ils ont vaincu le tyran, et c'est par eux que le sol de la patrie a été purifié.

12 Mais j'aurai tout loisir dans un instant de parler de leurs exploits : je dois commencer, selon mon habitude, par présenter la thèse d'une manière générale, puis j'en viendrai à leur histoire, rendant ainsi gloire au Dieu de toute sagesse.

13 Nous nous demandons donc si la raison est la dominatrice des passions.

14 Ainsi, nous devons déterminer ce qu'est la raison, ce qu'est la passion, combien de classes de passions il y a, et si la raison commande à toutes les passions.

15 Je dis que la raison est l'intelligence choisissant, avec un droit raisonnement, la vie de la sagesse.

16 Je dis que la sagesse est la connaissance des choses divines et des choses mauvaises, et de leurs causes.

17 Je dis encore qu'elle est l'éducation même de la Loi, par laquelle nous apprenons les choses divines dignement et les choses humaines utilement.

18 La sagesse comprend quatre classes : la prudence, la justice, le courage et la tempérance.

19 La principale d'entre elles est la prudence : c'est par elle que la raison maîtrise les passions.

20 Quant aux passions, les deux espèces les plus générales sont le plaisir et la douleur. Chacune d'elles prend naissance et dans le corps et dans l'âme.

21 Nombreux aussi est le cortège des passions autour du plaisir comme autour de la douleur :

22 Devant le plaisir marche le désir, derrière le plaisir la joie ;

23 Devant la douleur va la peur, derrière la douleur le chagrin.

24 La colère est une passion commune au plaisir et à la douleur, si l'on pense à l'offense qu'on a subie.

25 Dans le plaisir se trouve en particulier l'inclination au mal, celle des passions qui revêt le plus grand nombre de formes :

26 Dans l'âme, jactance, avarice, vanité, dispute, envie ;

27 Dans le corps, voracité, gloutonnerie, gourmandise.

28 Donc, le plaisir et la douleur étant comme deux plantes qui grandissent dans le corps et dans l'âme, nombreux sont les rejetons qui poussent autour de ces deux passions :

29 La raison, universelle jardinière, s'occupe de chacun, émonde, taille, arrache, arrose, irrigue de mille manières, défrichant ainsi le taillis des inclinaisons et des passions.

30 La raison, en effet, est la chef des vertus et la dominatrice des passions. Constatez, je vous prie, en premier lieu, en observant l'action inhibitrice de la tempérance, que la raison est la souveraine des passions.

31 La tempérance, n'est-il pas vrai, consiste à maîtriser ses désirs ;

32 Or, parmi les désirs, les uns relèvent de l'âme, les autres du corps : il est clair que la raison domine les uns et les autres.

33 Ainsi, quand nous sommes mus vers un mets défendu, d'où vient que nous nous détournions du plaisir qu'il peut nous procurer ? N'est-ce pas parce que la raison a le pouvoir de maîtriser cet appétit ? C'est mon avis, à moi.

34 Et quand nous avons envie de manger un poisson, d'un oiseau, d'un animal, bref d'un mets quelconque que la Loi nous interdit, si nous nous abstenons c'est à cause de la maîtrise qu'exerce la raison.

35 En effet, la passion de l'appétit s'arrête, vaincue, devant l'intelligence tempérante, et tous les mouvements du corps sont domptés par la raison.

 

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1 D'autre part, faut-il s'étonner, si les désirs de l'âme pour l'union avec la beauté arrivent à perdre leur empire ?

2 C'est précisément l'éloge qu'a mérité Joseph le tempérant, à savoir que, par le jugement, il a maîtrisé la luxure ;

3 Car, bien que jeune et en pleine vigueur pour le rapprochement sexuel, il a brisé, grâce à la raison, l'aiguillon de la passion.

4 Il est clair, d'ailleurs, que la raison maîtrise non seulement le feu de la luxure, mais encore tous les désirs :

5 La Loi, n'est-il pas vrai, proclame : Tu ne désireras pas la femme de ton prochain, ni rien qui appartienne à ton prochain.

6 Eh bien ! Quand la Loi dit que nous ne désirerons pas, il m'est bien plus facile de nous persuader que la raison a le pouvoir de commander aux désirs, comme aussi aux passions qui s'opposent à la justice.

7 Comment, en effet, un homme qui est par nature gourmand, glouton, ivrogne, peut-il être changé par l'éducation s'il n'est pas évident que la raison est maîtresse des passions ?

8 A la vérité, dès qu'on met sa conduite en accord avec la Loi, si, par exemple, on est attaché à l'argent, on fait violence à sa nature et l'on prête sans intérêt à ceux qui sont dans le besoin, même si l'approche de la septième année doit bientôt annuler la dette.

9 Si l'on est parcimonieux la Loi s'impose à vous au nom de la raison et l'on s'abstient de glaner dans les champs ou d'arracher les dernières grappes dans les vignes. Et dans tous les autres cas nous pouvons aussi reconnaître que la raison soit commander aux passions.

10 La Loi, en effet, domine l'amour qu'on porte à ses parents : elle ne trahit jamais la vertu à cause d'eux.

11 Elle maîtrise l'amour qu'on porte à son épouse : elle la corrige si elle commet une faute.

12 Elle règne sur l'amour qu'on porte à ses enfants : elle les châtie quand ils sont méchants.

13 Elle commande à l'attachement qu'on a pour ses amis : elle les blâme s'ils font quelque chose de mal.

14 Enfin, ne pensez pas qu'il soit invraisemblable que la raison, au nom de la Loi, maîtrise même la haine, et qu'on s'abstienne de couper les arbres fruitiers qui appartiennent aux ennemis, qu'on sauve une bête que son adversaire a laissé échapper, qu'on l'aide à relever celle qui est tombée.

15 On peut également prouver que la raison commande aussi aux passions les plus violentes, l'ambition, la vanité, la jactance, l'orgueil, l'envie.

16 Toutes ces passions mauvaises, l'intelligence tempérante les écarte, tout comme la colère ; car elle command aussi à celle-ci.

17 Moïse, il est vrai, s'était irrité contre Datham et Abiron : cependant, il sut se garder de rien faire contre eux par colère, mais il apaisa sa colère par la raison.

18 L'intelligence tempérante, en effet, a le pouvoir comme je l'ai dit, de triompher des passions, mais elle transforme les unes, tandis qu'elle réduit les autres à l'impuissance.

19 Pourquoi Jacob, notre père très sage, accuse-t-il les gens de Siméon et de Lévi d'avoir, non par raison, massacré en masse les Sichémites ? Il dit, en effet : Maudit soit leur colère !

20 Si la raison n'était pas capable de commander à la colère, il ne parlerait pas ainsi.

21 Le jour où Dieu a créé l'homme, il a planté en lui les passions et les inclinations :

22 Mais, à ce moment même, au-dessus de toutes il a placé comme sur un trône, par le moyen des organes des sens, l'intelligence, sainte souveraine ;

23 A cette intelligence il a donné une loi : et qui vit selon cette Loi est roi d'une royauté de tempérance, de justice, de bontés et de courage.

24 Comment, donc, objecte-t-on si la raison commande aux passions, ne commande-t-elle pas l'oubli et à l'ignorance ?

 

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1 Un tel propos est parfaitement ridicule. Il est clair, en effet, que la raison maîtrise non pas ses propres passions mais celles du corps.

2 Ainsi, nul d'entre vous ne peut arracher un désir, mais la raison peut vous aider à ne pas devenir l'esclave de ce désir.

3 Nul d'entre vous ne peut arracher de son âme la colère, mais la raison a le pouvoir de calmer la colère.

4 Nul d'entre vous ne peut arracher la méchanceté, mais la raison peut vous aider dans la lutte et vous empêcher de capituler devant la méchanceté.

5 La raison, en effet, n'est point l'extirpateur des passions, mais leur adversaire.

6 L'exemple de la soif du roi David peut, à coup sûr, servir à rendre ce raisonnement plus clair.

7 David avait durant une journée entière combattu les étrangers, et aidé les guerriers de son peuple, il en avait tué un grand nombre.

8 Le soir venu, couvert de sueur et très las, il alla vers la tente royale, autour de laquelle campait toute l'armée de nos pères.

9 Ils étaient donc tous occupés au repos :

10 Mais le roi, que consumait une soif intense, ne pouvait bien que les sources abondantes fussent à proximité, étancher sa soif avec cette eau ;

11 Un désir irrationnel pour l'eau qui se trouvait chez les ennemis se tendait et se détendait en lui, l'enflammant et le consumant.

12 Les gardes se mirent à murmurer contre ce désir du roi ; mais deux jeunes gens, soldats robustes, humiliés de voir le roi en proie à ce désir, revêtirent leur armure, prirent une cruche et franchirent les retranchements adverses.

13 Échappant aux sentinelles qui veillaient aux portes, ils allèrent à la découverte à travers tout le camp ennemi :

14 Ils trouvèrent enfin la source et pleins de hardiesse, ils y puisèrent et apportèrent le breuvage au roi.

15 Mais celui-ci, bien que brûlant des ardeurs de la soif, estima qu'un breuvage auquel il avait donné une valeur de sang était pour l'âme un épouvantable danger :

16 Il opposa donc la raison au désir et offrit cette eau en libation à Dieu.

17 Car l'intelligence tempérante est capable de triompher de la contrainte des passions : elle éteint le feu de leurs brûlures,

18 Elle surmonte les douleurs du corps, si extrêmes qu'elles soient et sûre de l'excellence de la raison, elle repousse avec mépris toutes les dictatures de la passion.

19 Mais il est temps puisque ce jour nous y invite, d'exposer l'histoire de la raison tempérante.

20 Nos pères jouissaient d'une profonde paix, grâce à la bonne observation de la Loi et leurs affaires allaient si bien que le roi d'Asie, Sélencus Nicanor, levait pour eux l'impôt destiné au service du temps et leur reconnaissait le droit de cité :

21 Lorsque quelques-uns se posant en novateurs, au mépris de la concorde générale, attirèrent sur nous toutes sortes de malheurs.

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1 Un certain Siméon était en lutte contre Onias, qui était alors grand prêtre, exerçant cette fonction à vie, homme du plus haut mérite. Mais, en dépit de toutes sortes de calomnies, il ne pouvait lui nuire dans l'esprit du peuple ; il prit alors la fuite, dans le dessin de trahir sa patrie.

2 Il alla trouver Appolinius, gouverneur de Syrie, de Phénicie et de Cilicie et lui dit:

3 Je suis plein de zèle pour les intérêts du roi ; je viens donc pour vous avertir qu'il y a dans les trésors du temple de Jérusalem des millions appartenant à des particuliers : cette fortune n'a rien à voir avec le temple, mais elle revient au roi Sélencus.

4 Appolinius s'informa des détails de l'affaire. Puis il félicita Simon de sa sollicitude à l'égard du roi, et se rendit auprès de Sélencus pour le prévenir de l'existence de ce trésor.

5 Ayant reçu tout pouvoir dans cette affaire, il marcha en hâte vers cette patrie, accompagné de Simon, l'homme maudit et d'une très forte armée ;

6 Aussitôt arrivé, il déclara que par ordre du roi, il venait prendre possession de l'argent des particuliers déposé dans le trésor du temple.

7 A ces paroles, le peuple murmura et protesta, considérant qu'il serait véritablement terrible que fussent spoliés ceux qui avaient confié leurs dépôts au trésor sacré et ils firent tout leur possible pour l'empêcher.

8 Mais Appolinius menaçant, se dirigea vers le temple.

9 Les prêtres, les femmes, les enfants réunis dans le temple, supplièrent Dieu de protéger le Saint Lieu outragé.

10 Comme Appolinius entrait avec une troupe en armes pour enlever l'argent, du ciel apparurent des anges montés sur des chevaux et revêtus d'armes éclatantes ; une crainte et une frayeur immenses les saisirent.

11 Appolinius tomba à demi-mort sur le parvis des Gentils ; il tendit les mains vers le ciel et en pleurant il supplia les Hébreux d'intercéder pour lui et de fléchir l'armée du ciel.

12 Il avait péché, disait-il et son péché était si grave qu'il méritait la mort, mais, s'il était sauvé il célébrerait devant tous les hommes la félicité du Saint Lieu.

13 Ému par ces paroles et craignant aussi que le roi Sélencus n'attribuât la mort d'Appolinius à un complot tramé par les hommes et non à la justice divine, le grand prêtre Onias intercéda pour lui.

14 Ainsi sauvé par miracle, Appolinius se retira, ayant à rendre compte au roi de ce qui lui était arrivé.

15 Le roi Sélencus mourut : son fils Antiochus Epiphane lui succéda sur le trône ; c'était un homme orgueilleux et terrible.

16 Il ôta le souverain pontificat à Onias et le donna à Jason, frère d'Onias,

17 Qui s'était engagé s'il revenait de lui cette charge, à lui donner chaque année trois mille six cent soixante talents.

18 Le roi lui confia donc le souverain pontificat et le gouvernement de la nation.

19 Jason introduisit dans la nation de nouvelles mœurs et un régime nouveau, entièrement contraires à la Loi :

20 Non seulement il construisit un gymnase sur la citadelle même de notre patrie, mais encore il supprima le service du temps.

21 La justice divine, irritée de ces crimes, attira sur eux l'hostilité d'Antiochus.

22 Comme celui-ci avait fait la guerre en Egypte contre Ptolémée, il apprit que le bruit de sa mort s'était répandu, les Jérosolymites en avaient témoigné une joie extrême ;

23 Il marcha donc aussitôt contre eux, mit leur ville au pillage et prit un décret punissant de mort quiconque d'entre eux semblerait vivre selon la Loi de leurs pères.

24 Mais il ne put aucunement détruire par ses décrets la fidélité du peuple à la Loi ; il voyait au contraire ses menaces et ses châtiments tous réduits à l'impuissance :

25 Des femmes mêmes pour avoir fait circoncire leurs enfants, bien qu'elles savaient d'avance quel serait leur sort, étaient précipitées du haut des murailles en même temps que leurs nouveau-nés.

26 Voyant donc que le peuple continuait à mépriser ses décrets, il eut recours aux tourments pour forcer lui-même chacun de ceux qui appartenaient à la nation à manger des viandes impures et à abjurer le judaïsme.

 

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1 Le tyran Antiochus siégea donc ainsi que ses assesseurs : son trône était placé sur un lien élevé et les soldats en armes se tenaient debout en cercle autour de lui.

2 Il ordonna aux gardes d'amener chacun des hébreux et de les forcer à manger de la chair de porc et des viandes consacrées aux idoles ;

3 Que si quelques-uns refusaient de se souiller ainsi en mangeant, on le ferait mourir sur la roue.

4 Après qu'on en eût arrêté un grand nombre, le premier de la troupe qu'on amena devant le roi fut un hébreu nommé Eléazar. Il était de la race sacerdotale, versé dans la connaissance de la Loi ; déjà avancé en âge, il jouissait auprès de plusieurs personnes de la cour du tyran d'une réputation de philosophe.

5 Antiochus en le voyant lui dit :

6 Avant qu'on ne commence à te torturer, je voudrais moi-même, ô vieillard, te donner le conseil de manger de la chair de porc et de te sauver.

7 Je respecte ton âge et tes cheveux blancs mais malgré ces cheveux blancs, même une vie si longue tu ne semble pas atteindre à la philosophie, attaché que tu es aux pratiques des Juifs.

8 En effet, d'où vient l'horreur que tu conçois pour la chair de cet animal qui est très bonne et dont la nature nous a fait don ?

9 C'est une folie de ne pas jouir des plaisirs innocents et c'est une injustice que de rejeter les dons de la nature.

10 Mais tu commettras, il me semble, une folie encore plus grande si à tes opinions creuses sur la vérité tu ajoutes le mépris de ma personne et attires ainsi sur toi le châtiment.

11 Ne vas-tu pas te réveiller des sornettes que débite votre philosophie ? Ne vas-tu pas laisser là tes divagations [la raison], adopter une mentalité qui soit digne de ton âge et t'adonner à la philosophie vraie, celle de l'intérêt ?

12 Ne béniras-tu pas mon exhortation charitable ? N'auras-tu pas pitié de ta vieillesse ?

13 Pense en effet que même s'il existe une puissance qui veille à l'observation de ces pratiques auxquelles vous êtes attachés, cette puissance te pardonnerait toute transgression imputable à la contrainte.

14 Tandis que le tyran l'exhortait ainsi à manger des viandes défendues, Eléazar demanda la permission de parler.

15 L'ayant reçue il se mit à prononcer ce discours :

16 Nous autres, Antiochus, qui sommes convaincus de vivre sous une loi divine, nous ne reconnaissons pas de plus forte contrainte que celle de l'obéissance à notre Loi.

17 C'est pourquoi nous ne croyons pas pouvoir la transgresser de quelque manière que ce soit.

18 Même en supposant avec toi que, en réalité notre Loi ne soit pas divine, si nous pensons, nous autres que cette Loi est divine, même dans ton hypothèse, il ne nous serait pas permis de renoncer à l'opinion que nous avons de la piété.

19 Ne crois donc pas que ce serait une faute légère que de manger des viandes impures,

20 Car transgresser la Loi dans les petites choses est égal à la transgresser dans les grandes :

21 Dans l'un et l'autre cas la Loi est méprisée tout semblablement.

22 Tu te railles de notre philosophie comme si elle nous faisait vivre d'une manière contraire à la raison :

23 Eh oui ! Puisqu'elle nous enseigne à la tempérance qui nous fait commander à toute la foule des plaisirs et des désirs ; puisqu'elle nous exerce au courage qui nous fait endurer volontairement toutes sortes de douleurs ;

24 Puisqu'elle nous instruit de la justice, qui quelles que soient les dispositions de l'âme, nous fait agir avec équité puisqu'elle nous enseigne la piété qui nous fait rendre au seul Dieu qui soit, un culte magnifique.

25 C'est pourquoi nous ne mangeons pas de viandes impures ; car nous croyons que la Loi est de Dieu et nous savons que le Créateur du monde quand il établit une loi, sait aussi se conformer à la nature et nous marquer sa tendresse :

26 Il nous ordonne de manger ce qui doit convenir à nos âmes mais les viandes qui doivent leur être contraires, il nous interdit d'y goûter.

27 C'est une violence tyrannique que de nous contraindre non seulement à transgresser la Loi mais aussi à manger rien que pour pouvoir te railler à nous voir prendre cette nourriture souillée que nous détestons !

28 Mais de ce rire-là tu ne riras pas à mon sujet !

29 Je ne violerai pas les sacrés serments de nos ancêtres qui ont juré d'observer la Loi,

30 Pas même si tu m'arraches les yeux et répands mes entrailles !

31 Non, je ne suis pas si vieux ni si lâche que ma raison ne soit encore en pleine jeunesse pour la cause de la piété !

32 Contre cela prépare les roues ! Attise le feu !

33 Non je n'aurai point pitié de ma vieillesse au point de m'employer moi-même à détruire la Loi de mes pères !

34 Ô Loi qui nous instruit, je ne te trahirai point ! Je ne t'abandonnerai jamais, aimable tempérance !

35 Je ne rougirai point de toi, ô raison philosophe ! Je ne vous renierai point, glorieux sacerdoce et science de la Loi !

36 Tu ne souilleras point la bouche vénérable d'un vieillard, ni le déclin d'une vie toute conforme à la Loi !

37 Pur, me recevront mes pères, sans que j'aie redouté tes contraintes mortelles!

38 Car tu peux sur les impies exercer ta tyrannie mais de mes convictions touchant la piété tu ne seras pas le maître ni par tes paroles ni par tes actes !

 

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1 Telle fut l'éloquente réponse d'Eléazar aux exportations du tyran : les gardes alors l'entourèrent et l'entraînèrent brutalement vers les instruments de torture.

2 Ils commencèrent par dépouiller le vieillard de tous ses vêtements : mais il restait paré de la noblesse qui rayonne de la piété.

3 Puis il lui lièrent les bras de part et d'autre et le frappèrent avec des fouets.

4 Obéis aux ordres du roi ! criait de l'autre côté un héraut.

5 Mais lui, généreux et noble, Eléazar en toute vérité, n'était nullement ébranlé, tout comme s'il n'avait été torturé qu'en songe ;

6 Tenant ses yeux fixement levés vers le ciel, ce vieillard offrait ses chairs aux fouets pour être déchirées, le sang coulait de toutes parts et ses flancs n'étaient plus que plaies.

7 Il tomba sur le sol, son corps ne pouvait plus supporter les souffrances mais du moins sa raison demeura droite et inébranlable.

8 Oui, l'un des cruels gardes lui lançait en bondissant des coups de pied dans les côtes, pour l'obliger à se relever chaque fois qu'il tombait.

9 Mais il endurait les souffrances méprisait la contrainte et restait fort parmi les tourments.

10 Bravant les coups comme un noble athlète, ce vieillard triomphait de ses bourreaux.

11 Oui le visage baigné de sueur, la poitrine haletante, il faisait par sa constance l'admiration de ceux-là mêmes qui le torturaient.

12 Quelques-uns des courtisans du roi, soit par pitié pour sa vieillesse,

13 Soit par une sympathie qu'éveillaient leurs amicales relations, soit par admiration pour son courage, s'approchèrent alors de lui et lui dirent :

14 Pourquoi dans de tels maux follement te donnes-tu à toi-même la mort, Eléazar ?

15 Nous allons t'apporter des aliments bouillis : toi fais semblant de manger du porc et sauve-toi,

16 Eléazar, comme si leur conseil rendait plus cruelles encore ses tortures s'écria :

17 Non ! Loin de nous une aussi abominable pensée ! Nous n'irons pas, nous enfants d'Abraham jouer par faiblesse d'âme une comédie indigne de nous !

18 En effet, ce serait une folie si nous qui avons vécu jusqu'à la vieillesse dans l'attachement à la vérité et qui conservons fidèles à la Loi notre opinion sur ce genre de vie, si dis-je nous venions maintenant à changer

19 Et si notre personne devenait pour la jeunesse un modèle d'impiété pour que nous servions d'exemple à ceux qui mangent des mets impurs !

20 Ce serait une honte si nous prolongions notre vie de quelques jours pour être durant ces jours mêmes par notre couardise l'objet de la risée générale,

21 Si nous encourions par notre lâcheté le mépris du tyran, si nous renoncions à l'honneur de défendre jusqu'à la mort notre Loi divine !

22 Tout au contraire nous autres enfants d'Abraham mourrez noblement pour la cause de la piété !

23 Et vous ! Gardes du tyran, qu'attendez-vous ?

24 Le voyant aussi magnanime en présence des contraintes et nullement ébranlé même par leur pitié, ils le conduisirent vers le feu :

25 Là ils le jetèrent, le brûlant avec des instruments de torture et ils lui versaient des liqueurs puantes dans les narines.

26 Déjà consumé jusqu'aux os et sur le point de défaillir il leva les yeux vers Dieu et dit :

27 Tu le sais ô Dieu ! je pouvais me sauver, mais je meurs à cause de la Loi dans le supplice du feu !

28 Sois propice à notre nation, satisfait de ce châtiment que nous supportons pour eux !

29 Fais que mon sang les purifie et reçoit mon âme comme rançon de leurs âmes !

30 C'est en disant ces mots que le saint homme noblement mourut au milieu des tourments ; jusque dans les dernières tortures, la raison l'aida çà résister en champion de la Loi.

31 On peut don affirmer que la raison pieuse est la dominatrice des passions.

32 Si en effet c'était les passions qui avaient commandé à la raison, c'est à elles que je rendrais le témoignage qu'elles ont la suprématie.

33 Mais puisqu'au contraire c'est la raison qui a vaincu les passions c'est à la raison qu'il convient que nous attribuions le pouvoir et la souveraineté.

34 Et nous avons le droit de déclarer que le commandement appartient à la raison puisque celle-ci méprise même les souffrances qui viennent du dehors.

35 Car aussi il est ridicule. Et je prouve non seulement que la raison commande aussi aux plaisirs loin de leur céder.

 

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1 En effet semblable à un habile pilote la raison de notre père Eléazar gouverna le vaisseau de la piété au milieu de la mer des passions ;

2 Les menaces du tyran qui le battaient comme la tempête, les tortures qui le submergeaient comme des lames,

3 Ne lui firent lâcher à aucun moment le gouvernail de piété jusqu'à ce qu'il cinglât vers le havre de l'immortelle victoire.

4 Nulle ville assiégée à l'aide des machines de guerre les plus nombreuses et les plus variées n'a jamais résisté comme cet homme vraiment sacré : sa sainte âme attaquée par les coups, par les tortures, par le feu a vaincu ceux qui l'assiégeaient, grâce à la raison unie à la piété qui le couvrait comme un bouclier.

5 Car dressant sa pensée comme un rocher abrupt, notre père Eléazar brisa les flots furieux de la passion.

6 Ô prêtre digne du sacerdoce tu n'as point souillé tes dents saintes ! Tu n'as point par des mets impurs profané tes entrailles, elles qui ne s'ouvrirent jamais qu'à la piété et à la pureté !

7 Ô l'écho de la Loi et le philosophe de la vie divine.

8 C'est ainsi que doivent être ceux qui sont investis des fonctions saintes ; des défenseurs de la Loi luttant contre les passions jusqu'à la mort au prix de leur propre sang, au prix d'une noble sueur !

9 Ô père, par ta constance glorieuse tu as fortifié notre fidélité à la Loi par tes paroles vénérables tu as gardé de la ruine nos coutumes sacrées, par tes actes tu as confirmé les discours de la philosophie.

10 Ô vieillard plus fort que les tourments et plus énergique que le feu qui te brûlait, roi très puissant des passions, Eléazar !

11 Car comme notre père Aaron, armé de l'encensoir courut à travers la foule et vainquit l'ange de feu,

12 Ainsi à travers le feu, consumé, Eléazar le fils d'Aaron garda sa raison immuable.

13 Mais ce qui est le plus admirable c'est que ce vieillard dont déjà l'énergie corporelle était détendue, dont les muscles étaient relâchés, dont les nerfs étaient affaiblis, redevient un jeune homme

14 Par l'esprit de la raison et grâce à sa raison digne d'Isaac, réduisit à l'impuissance la torture aux cent têtes.

15 Ô bienheureuse vieillesse ! ô vénérables cheveux blancs ! ô vie fidèle à la loi, que le sceau authentique de la mort a porté à la perfection !

16 Si donc, à cause de la piété un vieillard a méprisé les tourments jusqu'à la mort, il faut avouer que la raison pieuse est la souveraine des passions.

17 Mais dirait-on peut-être, ce n'est pas tout le monde qui maîtrise les passions, c'est qu'aussi tout le monde n'a pas une raison prudente.

18 Mais ceux qui de tout leur cœur s'adonnent avec vigilance à la piété, ceux-là seuls sont capables de commander aux passions de la chair,

19 Convaincus qu'en Dieu, ils ne meurent pas, comme ne sont pas morts non plus nos patriarches Abraham, Isaac, Jacob mais qu'ils vivent en Dieu.

20 Ne soyons donc point d'objection dans le fait que certains apparaissent asservis à leurs passions, par suite de la faiblesse de leur raison :

21 Mais est-il possible qu'un philosophe qui suit avec piété et intégralement la règle de la philosophie qui croit en Dieu,

22 qui sait que c'est un bonheur d'endurer pour la vertu toutes sortes de souffrances, ne maîtrise pas les passions à cause de la piété ?

23 Seul en effet l'homme sage et tempérant, courageux est le maître des passions.

 

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1 Eh oui, c'est pour cela que des adolescents adonnés à la philosophie ont su aussi grâce à la raison unie à la piété triompher d'instruments de torture plus cruels encore.

2 Car le tyran, vaincu devant tous dans sa première tentative puisqu'il n'avait pu forcer un vieillard à manger des viandes impures, entra alors dans une violente colère et ordonna qu'on lui amenât d'autres Hébreux pris parmi les jeunes gens : s'ils goûtaient des viandes impures on les relâcherait après qu'ils auraient mangé ; s'ils refusaient on les soumettrait à des tortures encore plus cruelles.

3 A peine eut-il donné cet ordre qu'on amena devant lui sept frères, ainsi que leur vieille mère : ceux-ci étaient d'une grande beauté, pudiques, distingués, d'un charme extrême.

4 En les voyant qui entouraient leur mère, placée comme dans un chœur, au milieu d'eux, il s'enquit à leur sujet et frappé par leur distinction et de leur noblesse, il leur sourit, les appela près de lui et leur dit :

5 Jeunes gens, je suis plein de bienveillance pour chacun de vous : j'admire votre beauté et j'honore hautement un tel nombre de frères. Aussi, non seulement je vous conseille de ne pas vous livrer à la même folie que ce vieillard qu'on vient de torturer, mais encore je vous exhorte à céder à mon vouloir et à jouir de mon amitié.

6 Car tout comme je puis punir ceux qui désobéissent à mes ordres, je puis favoriser ceux qui m'obéissent.

7 Croyez-moi bien vous recevrez des charges éminentes dans mon gouvernement si vous renoncez à la Loi ancestrale qui vous régit.

8 Adoptez la manière de vivre des Grecs, changez vos habitudes, prenez goût à votre jeunesse.

9 Car si vous me mettez en colère par votre désobéissance vous m'obligerez à recourir à de terribles châtiments et à vous faire tous périr dans les tourments.

10 Ayez donc pitié de vous-mêmes puisque de mon côté moi qui suis l'ennemi de votre nation, j'ai pitié de votre jeunesse et de votre beauté.

11 Ne réfléchirez-vous donc point à ceci, qu'à me désobéir vous ne gagnerez qu'une chose : la mort dans les supplices ?

12 Sur ces mots, il ordonna de mettre bien en évidence les instruments de torture afin de les amener par la crainte à manger des viandes impures.

13 Les gardes alors présentèrent des roues, des instruments à disloquer les membres, des chevalets, des crocs, des catapultes, des chaudrons, des poêles, des gants, des mains de fer, des coins, des soufflets pour attiser le feu ; le tyran prenant ces objets, disait :

14 Jeunes gens, tremblez ! La justice que vous vénérez vous pardonnera une transgression imputable à la contrainte !

15 Mais il eurent beau entendre ces paroles persuasives, voir ces instruments terribles : non seulement ils n'eurent point peur, mais encore leur philosophie les dressa contre le tyran et par leur sage raison ils abattirent sa tyrannie.

16 Mais réfléchissions : supposons que quelques-uns d'entre eux aient été timides et lâches ; quel discours auraient-ils tenu ? n'est-ce point celui-ci :

17 Malheureux que nous sommes et par trop insensés ! Un roi nous exhorte, nous parle pour notre bien : et nous refuserions de lui obéir !

18 Pourquoi mettre notre joie dans de vaines résolutions et oser commettre une désobéissance fatale ?

19 Frères ne craindrons-nous pas les instruments de tortures ? Ne réfléchirons-nous point aux menaces des tourments ? N'abandonnerions-nous point cette vanité et cette jactance qui nous mènent à la perte ?

20 Ayons pitié de notre jeunesse, ayons pitié de la vieillesse de notre mère !

21 Et mettons-nous bien dans l'idée que si nous désobéissons, nous mourrons !

22 Quant à la justice divine, elle aussi nous pardonnera étant donné la contrainte car le roi nous épouvante !

23 Pourquoi nous arracher nous-mêmes à la douceur de vivre ? Pourquoi nous priver nous-mêmes des charmes de ce monde ?

24 Ne faisons pas violence à la fatalité, ne mettons pas notre point d'honneur à nous faire torturer !

25 La Loi elle-même ne nous punit point de mort s'il y a contrainte, si nous sommes épouvantés par les instruments de torture.

26 D'où nous vient un tel amour de la dispute ? D'où cet entêtement fatal tire-t-il pour nous son attrait alors que nous pouvons vivre tranquillement si nous obéissons au roi ?

27 Mais les jeunes gens à l'approche du supplice, ne dirent ni ne pensèrent rien de semblable.

28 Car ils étaient les contempteurs de la passion et les souverains maîtres de la douleur.

29 Et ainsi, le tyran n'eut pas plus tôt fini de les exhorter à manger des viandes impures que tous ensemble, d'une seule voix et d'une seule âme, ils lui dirent :

 

4 MACCABEES     9

1 Qu'attends-tu, ô tyran ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les commandements de nos pères.

2 En effet nous devrions rougir devant nos aïeux si pour que nous obéissions à la Loi, Moïse ne nous servait pas aussi de conseiller !

3 Tyran, qui nous conseille mais pour que nous transgressions la Loi, n'ait point pitié de nous, de nous-mêmes que tu hais !

4 Car nous pensons que ta pitié qui ne nous promet le salut que si nous transgressions la Loi est plus cruelle que la mort elle-même.

5 Tu veux nous effrayer en nous menaçant de nous faire mourir dans les tourments : comme si Eléazar, il n'y a qu'un instant ne t'avait rien appris !

6 Mais si les vieillards des Hébreux sont morts pour la pitié en endurant même les tortures, il est plus juste encore que nous mourions, nous les jeunes en méprisant les tourments par lesquels tu veux nous contraindre et dont a triomphé même ce vieillard notre maître.

7 Essaye donc, tyran ! Mais si tu prends nos vies, si tu nous mets à mort pour la cause de la piété, ne crois pas que c'est à nous que tu fais tort par ces tourments :

8 Car nous par ce supplice et par notre patience, nous remporterons le prix des vertueux combats et nous serons auprès de Dieu, de Dieu même pour qui nous souffrons,

9 Mais toi pour notre meurtre dont tu vas te souiller, tu auras à souffrir de la part de la justice divine par le feu, un tourment éternel proportionné à ton crime !

10 Telles furent leurs paroles : elles existèrent contre eux non seulement l'indignation du tyran, du fait de leur désobéissance mais encore sa colère du fait de leur ingratitude.

11 Sur son ordre donc les bourreaux armés de fouets amenèrent l'aîné des frères, déchirèrent sa tunique et lui lièrent les mains et les bras de part et d'autre avec des courroies.

12 Ils le frappèrent à coups de fouet ; fatigués comme ils n'obtenaient rien de lui, ils le jetèrent sur la roue :

13 Étendu autour de cette roue, le noble jeune homme fut écartelé,

14 Tandis que tous ses membres se brisaient, il accusait le tyran en ces termes :

15 Impur tyran, ennemi de la Justice céleste, cœur cruel, ce n'est pas un assassin que tu tortures de la sorte, ce n'est pas un impie mais un défenseur de la Loi de Dieu !

16 Et comme les gardes lui disaient : Consens à manger pour te délivrer des tourments !

17 Il leur dit : Impurs valets ! Votre roue n'est pas assez forte pour étouffer ma raison ! Coupez mes membres, brûlez mes chairs, tordez mes jointures :

18 A travers tous les supplices, je vous ferai voir que seuls les enfants des Hébreux sont invincibles au service de la vertu !

19 Comme il disait ces mots, ils placèrent au-dessous de lui un brasier et tout en attisant le feu ils tendaient la roue encore plus fort.

20 La roue était toute tachée de sang et les charbons entassés s'éteignaient sous une pluie de sang et les chairs se répandaient tout autour des essieux.

21 Déjà se consumait la charpente des os : le magnanime jeune homme, vrai fils d'Abraham ne poussa pas une plainte,

22 Mais comme si dans le feu il se muait en un être incorruptible, il endura généreusement les tourments :

23 Imitez-moi mes frères, disait-il ; ne désertez pas ma lutte, n'abjurez point la fraternité qui unit nos courages, combattez le saint et noble combat de la piété !

24 C'est par la piété que la juste providence qui veille sur nous comme elle a veillé sur nos pères, deviendra propice à notre peuple et punira le tyran maudit !

25 En prononçant ces mots, le saint jeune homme rendit l'âme.

26 Tous furent dans l'admiration de tant de constance : les gardes emmenèrent ensuite le second en âge des frères et gantés de moins de fer aux ongles aiguisés, ils le lièrent aux instruments de torture et à la catapulte.

27 Avant de le supplicier ils lui demandèrent s'il voulait manger : mais il leur dit sa noble résolution.

28 Alors ces tigres, tirant avec les mains de fer depuis les muscles de la nuque, arrachèrent toute la chair jusqu'au menton et toute la peau de la tête. Il supportait ce supplice sans être ébranlé, disant :

29 Qu'elle est douce, sous toutes ses formes, la mort qu'on souffre pour la cause de notre ancestrale piété ! Au tyran il dit :

30 Ne crois-tu pas ô le plus cruel de tous les tyrans que tu souffres en ce moment des tortures pires que les miennes à voir ton orgueilleuse raison de tyran vaincue par notre endurance au service de la pitié ?

31 Car pour moi, les plaisirs que je goûte à cause de la vertu allègent ma douleur,

32 Mais toi tu souffres la torture dans les menaces même que profère ton impiété et tu n'échapperas pas impur tyran aux justes châtiments de la colère divine !

 

4 MACCABEES     10

1 Il supporta glorieusement la mort : on amena alors le troisième : un grand nombre de gens l'exhortait de mille manières à goûter des viandes impures et à se sauver.

2 Mais il cria : Ignorez-vous que c'est le même père qui nous a engendré moi et ceux qui viennent de mourir, que c'est la même mère qui nous a enfantés, que c'est dans les mêmes doctrines que nous avons été nourris ?

3 Je ne renie point la noble parenté de mes frères.

4 Irrité de l'audace de ces viriles paroles ils lui désarticulèrent les mains et les pieds avec des instruments à disloquer, ils lui déboîtèrent les membres avec un levier,

5 Ils lui brisèrent les doigts, les bras, les cuisses, les coudes.

6 Comme par tous ces supplices ils n'arrivaient pas à l'étouffer, ils lui arrachèrent la peau et les extrémités des doigts, le scalpèrent à la manière des Scythes,

7 Et aussitôt après l'amenèrent sur la roue. Tandis qu'autour de cette roue craquaient ses vertèbres, il voyait ses chairs en lambeaux et les gouttes des sangs qui coulaient de ses entrailles.

8 Au moment de mourir, il dit :

9 Nous, ô très impur tyran, nous souffrons ainsi pour une discipline et pour une vertu divine ;

10 Mais toi pour ton impiété et le meurtre dont tu te souilles, tu subiras des tourments sans fin !

11 Sa mort fut digne de celle de ses frères. Il amenèrent ensuite le quatrième et lui dirent :

12 Ne te livre pas toi aussi à la même folie que tes frères, mais obéis au roi et sauve-toi !

13 Mais il leur dit : Non ! Vous n'avez pas contre moi de feu assez brûlant pour faire de moi un lâche !

14 Par la mort bienheureuse de mes frères, par la perte éternelle du tyran, par la vie glorieuse des hommes pieux, non ! Je ne renierai pas notre noble fraternité !

15 Tyran, invente de nouveaux supplices afin que par ceux-ci même tu apprennes que je suis frère de ceux que tu viens de tourmenter !

16 A ces mots, Antiochus le buveur de sang, l'assassin tout pétri d'impureté, ordonna qu'on lui coupât la langue.

17 Mais il répliqua : Même si tu m'enlèves l'organe de la parole, Dieu entend même les muets.

18 Vois, ma langue est sortie. Coupe, car tu ne mutileras pas pour cela notre raison !

19 C'est avec joie que pour Dieu nous nous laissons amputer des extrémités du corps.

20 Mais toi, bientôt Dieu te poursuivra car tu coupes une langue qui chantait les hymnes divines !

 

4 MACCABEES     11

1 Celui-ci aussi mourut sous les coups et dans les tourments. Le cinquième alors se précipita, disant ;

2 Je ne vais pas, ô tyran me faire prier pour aller au supplice, pour la cause de la vertu,

3 Mais c'est de moi-même que je viens, pour que tu me mettes à mort, moi aussi, et que par un si grand nombre de crimes tu augmenteras le châtiment dont tu es redevable à la justice céleste !

4 Ennemi de la vertu et ennemi des hommes, qu'avons-nous fait pour que tu nous maltraites ainsi ?

5 Ou crois-tu qu'il soit mal de servir avec piété le Créateur du monde et de vivre suivant sa vertueuse Loi ?

6 Mais cela mérite des honneurs et non des tortures :

7 Comme il parlait ainsi, les gardes le lièrent et l'entraînèrent vers la catapulte ;

8 Là ils le lièrent aux genoux, lui mirent ceux-ci dans des entraves de fer puis lui courbèrent les reins sur le coin rotatif : tout entier étendu autour de ce coin sur la roue, brisé et renversé en arrière comme un scorpion, tous ses membres étaient arrachés.

9 En cette situation, le souffle haletant et le corps étouffant :

10 Belles, disait-il, mais contre ton gré tyran sont les faveurs que tu nous accordes : belles, puisque tu nous offres l'occasion de montrer notre constance au service de la Loi !

11 Celui-ci à son tour mourut ; on amena alors le sixième, un tout jeune homme. Le tyran lui demanda s'il voulait manger et être relâché. Mais il dit :

12 Je suis par l'âge plus jeune que mes frères mais par la raison je suis du même âge.

13 En effet, c'est dans le même idéal que nous sommes nés que nous avons été nourris : c'est pour le même idéal aussi que nous devons mourir, tous de même.

14 Aussi si c'est ton bon plaisir de torturer ceux qui ne mangent pas de viandes souillées, torture !

15 Quand il eut dit ces mots ils l'amenèrent vers la roue.

16 Ils l'étendirent sur elle soigneusement et tout en lui disloquant les vertèbres, ils le brûlèrent à petit feu.

17 Puis, il firent rougir au feu des broches aiguisées les lui enfoncèrent dans le dos, lui traversèrent les flancs et lui brûlèrent les entrailles.

18 Pendant ce supplice il disait : Ô saint combat auquel nous avons été appelés, nous frères si nombreux pour défendre la pitié : lutte difficile où nous n'avons pas été vaincus !

19 Car elle est invincible, ô tyran, la science pieuse.

20 Sous les armes du bien je mourrai moi aussi, uni à mes frères

21 Et je lancerai moi aussi un puissant vengeur contre toi, inventeur de supplices, ennemi de ceux qui pratiquent la vraie piété !

22 Nous sommes six jeunes gens et nous avons renversé la tyrannie !

23 Car le fait que tu n'as pas pu faire fléchir notre raison ni nous forcer à manger des viandes impures, n'est-ce pas le renversement de ta tyrannie ?

24 Ton feu pour nous est froid, indolores les catapultes, impuissante ta violence !

25 Car des gardes nous protègent non point ceux d'un tyran mais ceux de la Loi divine. C'est pourquoi notre raison demeure invincible !

 

4 MACCABEES     12

1 Celui-ci à son tour mourut de la mort des bienheureux ayant été précipité dans une chaudière ; le septième arriva, le plus jeune de tous.

2 Le tyran eut pitié de lui, bien que ses frères il les eut terriblement maltraités, et le voyant déjà enveloppé de liens, il le fit approcher et chercha à le persuader, disant :

3 De la folie de tes frères tu vois l'issue : pour leur désobéissance ils sont morts dans les tourments.

4 Quant à toi, si tu ne m'obéissais pas, pauvre malheureux, dans les supplices toi aussi, tu mourrais d'une mort précoce ;

5 Mais si tu obéis tu seras mon ami et tu dirigeras les affaires de mon royaume.

6 Tout en lui donnait ces conseils il fit venir la mère de l'enfant dans l'idée que déjà privée de tant de fils elle aurait pitié d'elle-même et pousserait celui qui restait à obéir et à se sauver.

7 Mais lui, quand en hébreu sa mère l'eût exhorté comme nous le dirons un peu plus loin :

8 Déliez-moi dit-il ; je veux parler au roi et à tous ses amis qui l'accompagnent.

9 Tout réjouis de cet ordre que leur donnait l'enfant, ils s'empressèrent de le délier.

10 Il s'approcha alors de la chaudière en courant :

11 Tyran sacrilège, dit-il et de tous les méchants, le plus impie, tu n'as pas en honte après avoir reçu de Dieu les richesses et la royauté, de mettre à mort ses serviteurs et de torturer ceux qui s'exercent à la piété :

12 A cause de cela la divine justice te réserve pour un feu plus vivace, pour un feu éternel et pour des tourments qui ne te lâcheront pas pendant toute l'éternité!

13 Tu n'as pas eu honte alors que tu es un homme, ô la pire des bêtes sauvages de couper la langue à des hommes sensibles à la souffrance comme les autres, nés des mêmes éléments et de les accabler de tourments de cette manière-là :

14 Mais ceux-ci par leur noble trépas ont rempli envers Dieu le devoir de la piété; quant à moi tu te lamenteras amèrement pour avoir mis à mort sans raison les champions de la vertu.

15 Aussi, continua-t-il sur le point de mourir lui aussi

16 Je ne déserte point le témoignage qu'on rendu mes frères.

17 J'invoque le Dieu de mes pères pour qu'il soit propice à ma race.

18 Mais toi, il te châtiera et dans cette vie présente et après ta mort.

19 Après cette imprécation il se jeta dans la chaudière et ainsi il rendit l'âme.

 

4 MACCABEES     13

1 Ainsi puisque les sept frères ont su mépriser les souffrances jusqu'à la mort, il faut entièrement convenir que la raison pieuse est la souveraine des passions :

2 De la même manière si en mangeant des viandes impures, ils s'étaient rendus esclaves des passions, nous dirions qu'ils ont été vaincus par elles.

3 Mais ce n'est pas le cas ici ! Au contraire par la raison si louable auprès de Dieu, ils l'ont emporté sur les passions.

4 Et l'on ne peut plus dédaigner la suprématie du jugement car ils ont maîtrisé et la passion et la douleur.

5 Comment donc peut-on ne pas reconnaître le pouvoir de la réflexion sur la passion chez ces jeunes gens, qui, d'une part n'ont pas reculé devant les souffrances causées par le feu ?

6 En effet de même que les tours dressées en avant d'un port réduisent les vagues menaçantes et assurent à ceux qui entrent, un refuge tranquille,

7 De même chez ces adolescents la réflexion semblable à sept tours a fortifié le port de la piété et vaincus l'intempérance des passions.

8 Comme en un chœur saint et pieux ils s'encourageaient les uns les autres :

9 Frères, disaient-ils, puissions-nous fraternellement mourir pour la Loi ! Imitons les trois, les jeunes gens qui en Assyrie ont méprisé une fournaise ni plus ni moins redoutable !

10 Ne soyons pas des lâches quand il s'agit de faire la preuve de notre piété !

11 Courage, frère ! disait l'un. Et un autre : Supporte noblement !

12 Un autre encore : Souvenez-vous de quelle race vous êtes ou de quel père la main, à cause de la piété, faillit égorger Isaac, sans que celui-ci résistât !

13 L'air radieux et plein de courage, tous ensemble et chacun se regardant l'un l'autre : Consacrons-nous à Dieu, disaient-ils, de tout notre cœur à Dieu qui nous a donné nos âmes et employons nos corps à la défense de la Loi.

14 Ne craignons point celui qui ne donne la mort qu'en apparence.

15 Car grand est le combat de l'âme, grand aussi le danger : il consiste pour ceux qui transgressent ce commandement de Dieu en un éternel tourment !

16 Armons-nous donc de cette maîtrise que nous donne sur les passions la raison divine !

17 Après que nous aurons ainsi souffert nous serons reçus par Abraham, Isaac, Jacob et tous les pères nous loueront.

18 Chaque fois qu'un des frères était emmené ceux qui restaient disaient : Ne nous déshonore point frère et ne fais point mentir ceux qui viennent de mourir !

19 Vous connaissez les filtres de l'amour fraternel ; c'est la divine et toute sage providence qui par le moyen du père les partage entre les enfants et les y enracine par le moyen du sein maternel :

20 Là chaque frère habite durant un temps égal, y est façonné dans la même durée, y croît du même sang, y mûrit au moyen de la même âme :

21 Puis après le même terme il est enfanté et il boit le lait aux mêmes sources : c'est ainsi que se nouent les liens de l'amour fraternel dans l'âme des nourrissons.

22 uis ils grandissent chaque jour nourris à la même table, soumis aux mêmes habitudes quotidiennes, recevant la même éducation et s'exerçant dans la Loi de Dieu.

23 Or si l'amour fraternel est naturellement si tendre, les sept frères étaient unis les uns aux autres encore plus profondément.

24 En effet instruit dans la même Loi, s'exerçant aux mêmes vertus, élevés ensemble dans une vie juste, ils s'en aimaient encore davantage.

25 Leur zèle commun pour la vertu fortifiait leur mutuelle concorde ;

26Car la raison unie à la piété rendait plus ardent encore leur amour fraternel.

27 Mais cependant, bien que la nature, la vie commune, la pratique de la vertu eussent renforcé les filtres de leur amour fraternel, ceux qui restaient supportaient à cause de la piété de voir leurs frères qu'on suppliciait en proie aux tourments jusqu'à la mort ;

 

4 MACCABEES     14

1 Bien plus, ils les excitaient à subir la torture et ainsi non seulement ils méprisaient la douleur mais encore ils commandaient aux passions de l'amour fraternel.

2 Ô raisons plus royales que les rois, plus libres que les hommes libres !

3 Ô saint et harmonieux accord des sept frères pour la piété !

4 Nul des sept jeunes gens ne trembla, nul n'hésita devant le trépas,

5 Mais tous ils se hâtèrent vers les tourments et vers la mort comme s'ils courraient vers le chemin de l'immortalité !

6 En effet, de même que les mains et les pieds se meuvent d'accord suivant les injonctions de l'âme, de même ces saints jeunes gens, comme si les soulevait l'âme immortelle de la piété ont été unanime pour mourir au service de la piété !

7 Ô semaine sacrée des frères si harmonieusement unis ! Comme les sept jours de la création du monde autour de la semaine.

8 Ainsi, autour de la piété tournaient comme en un chœur les jeunes gens : pour eux était abolie la crainte des tourments.

9 Nous tremblons nous maintenant en écoutant le récit de leurs tribulations : mais eux, non seulement ils voyaient, non seulement ils entendaient qu'on menaçait de les châtier sur-le-champ, mais encore, ils souffraient et ce qu'ils enduraient c'était le supplice du feu.

10 Est-il rien de plus douloureux ? La puissance du feu, vive et prompte, a vite fait de dissoudre les corps.

11 Et cependant, ne considérez pas comme une chose étonnante que chez ces hommes, la raison ait eu le dessus au milieu même des tourments puisque l'intelligence d'une femme, elle aussi a méprisé les souffrances les plus variées.

12 La mère des sept jeunes gens en effet, a supporté les tortures infligées à chacun de ses enfants.

13 Voyez tous les replis de la tendresse d'une mère qui ramène tout à l'amour du fruit de ses entrailles :

14 Les animaux dépourvus de raison eux-mêmes éprouvent le même amour et la même tendresse que les humains pour les êtres qu'ils mettent au monde !

15 Prenons l'exemple des oiseaux, les uns, ceux qui sont apprivoisés, nichent sous le toit des maisons pour défendre leurs petits ;

16 Les autres au sommet des montagnes, dans les parois abruptes des précipices, dans les tours et sur les cimes des arbres, couvent leurs œufs, les font éclore et là ils tiennent en respect l'assaillant,

17 Si pourtant ils ne réussissent point à l'écarter, ils volent en tournant autour du nid avec une douloureuse tendresse, dans leur langage ils appellent leurs petits et ils les secourent par tous les moyens en leur pouvoir.

18 Mais pourquoi donner plus de preuves de l'amour maternel parmi les animaux dépourvus de raison,

19 Puisque les abeilles aussi à l'époque où elles font leur miel, repoussent l'assaillant frappent de leur dard comme d'un glaive aux qui s'approchent de leur progéniture et le défendent jusqu'à la mort ?

20 Mais la mère des jeunes gens dont l'âme était semblable à celle d'Abraham, l'amour de ses enfants ne l'a point ébranlée !

 

4 MACCABEES     15

1 O raisonnement des fils, seigneur sur les passions, et religion plus souhaitable à une mère que progéniture!

2 La mère, quand deux choses ont été mis avant ici, religion et la sécurité de ses sept fils pour un temps, sur la promesse conditionnelle d'un tyran,

3 plutôt élu la religion qui selon Dieu préserve à vie éternelle.

4 O en quoi puis je décrire éthiquement les affections des parents envers leurs enfants, la ressemblance de âme et de forme entée dans le petit type d'un enfant d'une manière merveilleuse, surtout travers la plus grande sympathie des mères avec les sentiments de ceux quinés d'entre eux!

5 par combien mères sont par nature faible en disposition et prolifique dans descendance, par tant qu'ils sont affectueux des enfants.

6 Et de toutes mères la mère des sept était le plus cher des enfants, qui en sept accouchements ont eu amour profondément engendrée vers eux;

7 et travers ses nombreuses douleurs subies dans cadre de chacun, a été contraint de ressentir sympathie avec eux;

8 encore, par crainte de Dieu, elle négligé le salut temporaire de ses enfants.

9 Non mais que, compte tenu de l'excellente disposition à la loi, son affection maternelle envers eux a été augmenté.

10 Car ils étaient tous deux justes et modérés, et viril, et à esprit élevé, et friands de leurs frères, et si friands de leur mère jusqu'à mortils lui obéissaient en observant la loi.

11 Et pourtant, bien qu'il y avait tant de circonstances liées à amour des enfants à dessiner sur une mère à sympathie, dans le cas d'aucun d'entre eux ont été les diverses tortures capables de pervertir son principe.

12 Mais elle inclinée chacun séparément et tous ensemble à mort pour religion.

13 nature O sainte et sentiment parental, et récompense d'élever des enfants, et affection maternelle inexpugnable!

14 Au soutirage et torréfaction de chacun d'entre eux, la mère observatrice a été empêchée par religion de changer.

15 Elle voyait la chair de ses enfants dissoudre autour du feu; et leurs extrémités frémissante sur le sol, et la chair de leurs têtes chuté avant vers bas pour leurs barbes, comme masques.

16 Ô mère, qui fus tenté à ce moment avec sensation de amer que ceux de parturition!

17 O toi seule femme qui as apporté sainteté parfaite suite!

18 Ton premier-né, expirant, te tourna pas; ni le second, recherche misérable dans ses tourments; ni le troisième, respirant son âme.

19 Ni quand tu voici les yeux de chacun d'eux regardant sévèrement sur leurs tortures, et mort leurs narines pressentiments, as tu pleures!

20 Quand tu as voir la chair des enfants entassés sur la chair des enfants qui avaient été arrachées, têtes décapités sur tête, mort tombant sur les morts, et un chœur d'enfants tourné sous torture dans un lieu inhumation, tu lamente dst pas.

21 Pas si faire mélodies sirène, ou chants de cygnes, attirer les auditeurs à écoute, voix O des enfants faisant appel à votre mère au milieu des tourments!

22 Avec quoi et quelle manière des tourments était la mère elle même torturé, comme ses fils étaient cours la roue et les feux!

23 Mais religieux raisonnement, après avoir renforcé son courage au milieu des souffrances, lui permis de renoncer, pour le moment, amour parental.

24 Bien que contemplons la destruction de sept enfants, la noble mère, après une étreinte, ôta ses sentiments  parfois en Dieu.

25 Car, comme dans une salle du conseil, contemplons dans sa propre âme conseillers véhémente, nature et filiation et amour de ses enfants, et les rayonnages de ses enfants,

26 elle tenue deux votes, un pour la mort, l'autre pour la préservation de ses enfants,

27 ne penchez pas à ce qui aurait sauvé ses enfants pour la sécurité d'un bref espace.

28 Mais cette fille d'Abraham souvint son saint courage.

29 O sainte mère d'un vengeur de nation de la loi, et défenseur de religion, et porteur choix dans la bataille des affections!

30 O toi plus noble en endurance que hommes, et plus viril que hommes dans patience!

31 Car comme l'arche de Noé, portant le monde dans le flot remplissage monde, porté contre les vagues,

32 Et toi, le gardien de la loi, quand entourés de tous côtés par le flot des passions, et rétrécies par tempêtes violentes qui ont été les tourments de ils enfants, as porté jusqu'à noblement contre les tempêtes contre religion.

 

4 MACCABEES     16

Concluons : si une femme et d'un grand âge et mère de sept enfants a enduré la vue des tourments infligés à ses fils jusqu'à la mort, il faut bien convenir que la raison pieuse est la souveraine des passions.

J'ai bel et bien montré non seulement que les hommes avaient maîtrisé les passions mais encore qu'une femme avait méprisé les tourments les plus terribles.

Moins cruels étaient les lions autour de Daniel, moins violent le feu de la chaudière qui brûlait Mishaël que l'instinct de l'amour maternel dont cette femme était enflammée à la vue de ses propres fils, de ses sept fils en proie aux supplices.

Mais chez cette mère la raison unie à la piété éteignit les passions si nombreuses et si vives qu'elles fussent.

Considérez en effet que si cette femme avait eu une âme sans courage, bien qu'elle fût une mère, elle se serait lamentée sur eux et peut-être aurait-elle tenu les propos que voici :

Ô infortunée que je suis ! Ô tant de fois accablée par le malheur ! J'avais mis au monde sept fils et je ne suis plus la mère d'aucun !

Ô vaines ces sept grossesses ! Inutiles ces sept gestations de dix mois ! Stériles les premiers soins que je leur ai donnés ! Funestes mes allaitements !

C'est en vain que pour vous, ô mes enfants, j'ai enduré tant de fois les douleurs de l'enfantement et les soucis de l'éducation plus pénibles encore !

Ô mes fils, dont les uns n'étaient pas mariés, dont les autres n'ont connu que d'inutiles épousailles Je ne verrai point vos enfants, je n'aurai pas la joie d'être appelée grand-mère.

Hélas ! Moi qui fut la mère de nombreux et beaux enfants, et suis maintenant une pauvre femme, veuve et abandonnée !

Et quand je mourrai, je n'aurai pas un de mes fils pour m'ensevelir !

Mais cette lamentation, la sainte et pieuse mère ne la proféra sur aucun de ses fils. Elle n'en détourna aucun de la résolution de mourir, elle ne s'attrista pas au moment de leur mort :

Mais au contraire comme si son intelligence eut été d'acier et comme si elle enfantait à nouveau, pour l'immortalité, la totalité de ses fils, elle les exhortait, elle les suppliait de mourir pour la piété.

Ô mère, soldat de Dieu pour la cause de la piété ! Toi, un vieillard, toi une femme ! Tu as vaincu par ta constance le tyran lui-même, et par tes actes et par tes paroles tu as été trouvée plus forte qu'un homme !

Quand tu fus enlevée avec tes enfants, debout tu regardais Eléazar pendant son supplice et en hébreu tu disais à tes enfants :

Mes fils, noble est le combat, appelés à ce combat pour porter témoignage pour notre nation, luttez avec ardeur pour la Loi de nos pères.

Il serait honteux que ce vieillard eût enduré tant de douleurs pour la piété et que vous les jeunes vous fussiez effrayés devant les supplices !

Souvenez-vous que c'est grâce à Dieu que vous avez une part en ce monde et que vous jouissez de la vie !

C'est pourquoi aussi vous devez supporter toutes les souffrances pour Dieu.

C'est pour lui aussi que votre père Abraham s'empressait d'égorger Isaac son fils, père d'une nation et que celui-ci voyant la main de son père s'abattre sur lui, armée du glaive, ne recula point de frayeur.

Et Daniel le juste fut jeté aux lions, et Ananias, Azarias et Mishaël furent précipités dans la fournaise ardente : pour Dieu ils supportaient tout.

Vous aussi par conséquent, qui avez la même foi en Dieu, ne vous démontez pas :

Car il serait absurde connaissant la piété de ne pas tenir tête à la souffrance.

C'est en ces termes que la mère des sept exhortait ses fils et les persuadait de mourir plutôt que de transgresser le précepte de Dieu.

Mais en outre, ils étaient convaincus aussi de cette vérité, que, quand on meurt pour Dieu, on vit désormais en Dieu, comme vivent Abraham, Isaac et Jacob et tous les patriarches.

 

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Quelques-uns des gardes ont rapporté comment sur le point d'être saisie pour être mise à mort, elle se jeta dans le bûcher pour qu'on ne toucha point son corps.

Ô mère, toi qui avec tes sept fils as brisé la violence du tyran, anéanti ses projets mauvais, montré la noblesse de la foi !

Noblement appuyée sur tes fils comme un toit sur ses colonnes, tu as supporté sans fléchir l'ébranlement des supplices.

Courage donc, ô mère à l'âme sainte, toi qui en Dieu possède un ferme espoir, soutien de ta patience !

La lune dans le ciel, entourée d'étoiles n'a pas autant de majesté que toi : versant la lumière sur tes sept fils, brillants comme des astres, tu reçois de Dieu les honneurs dus à la piété, tu es changée en constellation, avec eux dans le ciel !

Car c'est d'Abraham leur père que sont nés tes enfants.

S'il vous était permis de peindre comme sur un tableau l'histoire de ta piété qui ne frémirait de voir une mère de sept enfants endurant jusqu'à la mort les supplices les plus divers pour la cause de la piété ?

Oui, il serait bien aussi d'inscrire sur la tombe elle-même les paroles suivantes comme mémorial pour ceux de notre peuple :

Ici un vieillard honoré du sacerdoce et une femme âgée et sept enfants sont ensevelis, victimes de la violence d'un tyran résolu à détruire l'état des Hébreux.

Eux aussi, ils ont vengé les droits de votre peuple en regardant vers Dieu et en endurant les tourments jusqu'à la mort.

Car vraiment ce fut un combat divin que celui qu'ils ont livré.

La vertu présidait la lutte : l'épreuve voulait de l'endurance : la victoire, c'était l'incorruptibilité dans une longue vie.

Eléazar ouvrit le combat ; puis la mère des sept fils entra dans la lutte ; les autres combattants, c'étaient les frères.

L'adversaire c'était le tyran ; les spectateurs, le monde et l'humanité.

C'est à la piété que revint la victoire : elle donna la couronne à ses athlètes.

Qui n'admirerait ces athlètes de la Loi divine ? qui ne serait saisi d'étonnement ?

Le tyran lui-même et tout son conseil étaient émerveillés de leur patience ;

Celle-ci leur a valu de se tenir maintenant près du divin trône et de vivre les jours de la bienheureuse éternité !

Moïse dit, en effet : Et tous les saints sont sous tes mains.

Ceux-ci donc, s'étant sanctifiés pour la cause de Dieu ont reçu non seulement cette récompense céleste mais encore celle-ci : c'est la grâce à eux que les ennemis n'ont point asservi notre peuple,

Que le tyran a été châtié, que le sol de la patrie a été purifié, leur vie ayant servi pour ainsi dire de rançon pour le péché de notre peuple.

Par le sang de ces hommes pieux, par l'expiation de leur mort, la Providence divine a sauvé Israël, naguère accablée de maux.

En effet, le tyran Antiochus avait remarqué le courage de leur vertu et leur patience en exemple à ses soldats :

Ce qui leur inspira un tel dévouement et un tel courage soit dans la guerre d'infanterie soit dans la guerre de siège, qu'il fut vainqueur de tous ses ennemis et pilla leurs biens.

 

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Ô enfants d'Israël, issus de la semence d'Abraham, obéissez à cette Loi, observez en tout la piété,

Sachant que la raison pieuse est la dominatrice des passions et aussi des souffrances que celles-ci aient leur cause en nous ou hors de nous !

C'est pourquoi ayant offert leur corps aux souffrances à cause de la piété, non seulement ils se sont attirés l'admiration des hommes mais encore ils ont été jugés dignes du divin partage.

Et c'est grâce à eux que le peuple a recouvré la paix : ils ont dans le pays restauré l'observation de la Loi et réduit les ennemis à lever le siège.

Mais le tyran Antiochus a été puni dès cette terre et après sa mort, il continue à être châtié. En effet, comme il put absolument pas contraindre les gens de Jérusalem à adopter les mœurs de l'étranger et à échanger les coutumes des pères pour un autre genre de vie, il dut alors s'éloigner de Jérusalem et il marcha contre les Perses.

La mère des sept fils, elle la femme juste, disait encore ceci à ses enfants :

J'ai été une vierge innocente et je n'ai point franchi le seuil de la maison paternelle, mais je gardais mon corps, édifié par Dieu au moyen de la côte du premier homme.

Nul corrupteur, le démon du désert, ne m'a corrompue dans la plaine, nul souilleur, le serpent du mensonge, n'a souillé l'innocence de ma virginité.

Puis, quand je fus à l'âge de femme je demeurai avec mon mari. Quand ceux-ci devinrent grands, leur père mourut : heureux fut-il, car ayant vécu les jours où étaient présents les enfants, il n'a point connu l'heure où s'en sont allés ces enfants !

C'est lui qui nous apprenait quand il était encore des nôtres, la Loi et les Prophètes.

Il nous lisait l'histoire d'Abel tué par Caïn, celle d'Isaac offert en holocauste, celle de Joseph en prison.

Il nous parlait du zélé Phinées, il nous apprenait l'histoire des jeunes gens dans la fournaise, Ananias, Azarias, Mishaël ;

Il glorifiait aussi Daniel dans la fosse aux lions et il le déclarait bienheureux.

Et il vous rappelait l'Écriture d'Isaïe, où il est dit : Même si tu passe à travers le feu, la flamme ne te brûlera point.

Il nous chantait les hymnes de David le psalmiste, qui dit : Nombreuses sont les tribulations des justes.

Il nous citait les Proverbes de Salomon où il est dit : Le Seigneur est un arbre de vie pour ceux qui font sa volonté.

Il vous faisait connaître Ézéchiel, qui dit : Est-ce que revivront ces os desséchés ?

Car il ne laissait point dans l'oubli le cantique que Moïse vous a appris et qui enseigne :

C'est moi qui ferai mourir et qui ferai vivre. Ceci est votre vie la longueur de vos jours ;

Oh ! Combien cruel ce jour, et pourtant non cruel, où le cruel tyran des Grecs fit brûler dans des chaudières bouillantes rougies au feu, puis dans sa fureur inhumaine, conduire vers la catapulte et de nouveau vers ses tourments de choix, les sept enfants de la sœur d'Abraham,

Leur creva les prunelles des yeux, leur coupa la langue et les fit mourir dans les supplices les plus variés !

Pour ces crimes la justice divine a poursuivi et elle poursuivra encore ce maudit.

Mais les fils d'Abraham avec leur mère victorieuse sont maintenant rassemblés au lieu où sont les Pères, eux qui ont reçu des âmes pures et immortelles de Dieu,

A qui soit la gloire dans les siècles des siècles ! Amen.

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