41. Troisième voyage – Éphèse

21/02/2021 00:10

Troisième voyage missionnaire de Paul

41. Troisième voyage – Éphèse

Tout au long de la vie de saint Paul, les Actes des Apôtres nous renseignent sur ses activités. Même si les indications de Luc sont parfois trop brèves et à l’occasion inexactes, il faut reconnaître que ce texte renferme une documentation irremplaçable. Sans Luc, nous saurions peu de choses sur les voyages, les lieux visités, les gens rencontrés, les combats, les épreuves, les victoires du grand saint Paul. Pour ce qui est des Épitres, elles nous permettent de pénétrer la pensée de l’Apôtre.

Après une pause de quelques mois à Antioche de Syrie, Paul part de nouveau en mission. Nous sommes en l’an 53. Il parcourt successivement la Galatie et la Phrygie, visitant les chrétiens des Églises qu’il a fondées pendant ses deux premiers voyages missionnaires.

Après Iconium, il se rend à Éphèse. C’est une ville très importante et le proconsul romain y a sa résidence. Strabon nous révèle qu’Éphèse a eu de tout temps une mauvaise réputation : corrompue dans ses moeurs, détournée des choses sérieuses par la mollesse du climat, ne prenant au sérieux que la danse et la musique, faisant «une bacchanale de la vie publique».

«Grande est l'Artémis d’Éphèse !»

Au temps de Paul, Éphèse est  un carrefour bourdonnant d’activités, peuplée de marchands, de marins, de touristes, de pèlerins qui viennent admirer le temple dédié à Artémis, la déesse de la lune et de la chasse. Son port de mer est un grand entrepôt pour toutes les marchandises qui entrent ou sortent d'Asie Mineure.

Temple d'ArtémisEphèse était célèbre dans l'Antiquité pour son culte rendu à Artémis dans un temple que sa somptuosité faisait classer parmi les sept merveilles du monde.

Si Éphèse est l'une des villes les plus souvent mentionnées dans les textes anciens, le temple d'Artémis en est responsable. C’était le temple le plus fréquenté d’Asie. Il avait quatre fois la surface du Parthénon. Il alignait  cent vingt-sept colonnes ioniques sur 190 mètres de longueur et 55 mètres de largeur. Au 6e siècle av. J.-C., il a fallu la fortune de Crésus, roi de Lydie, pour achever la construction du prodigieux ensemble. Praxitèle et Phidias se sont chargés de la décoration. Face à une telle réussite, l'Antiquité a placé l'Artémision parmi les Sept Merveilles du monde.

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Musée du Vatican, gallerie Candelabra

Le coeur de la visite du temple était naturellement la statue de la déesse. En la voyant, les visiteurs s’exclamaient : «Grande est l’Artémis d'Éphèse !» Par chance, l'énorme statue de marbre, haute de trois mètres, nous a été conservée, et on peut l’admirer en visitant le musée d'Éphèse. Ce n'est pas tant la dimension qui frappe que l'incroyable surcharge de symboles sexuels qui parsèment la statue de la déesse.On a cru longtemps que les aspérités sur le corps de marbre étaient des seins; on a même parlé de la déesse aux mille seins. L'explication admise de nos jours est différente : il s'agirait de testicules de taureaux que l'on sacrifiait quand on célébrait le culte de la déesse. Qu'Artémis soit apparue en son temps comme le symbole de la fertilité, qu'elle ait été considéré - elle, vierge - comme la protectrice des femmes enceintes n'étonnera personne. Tout le mois de mai lui était consacré.

C'est dans les rues d'Éphèse qu'avait marché, le poète aveugle Homère. C'est à Éphèse qu'Héraclite «l'obscur» avait médité sur le jaillissement de l'être. C'est là que fut prononcé pour la première fois le nom de Logos (le Verbe), mot que saint Jean reprendra pour qualifier le Fils de Dieu, le Verbe (Logos) fait chair, la parole de Dieu. C’est dans cette ville que Pythagore a fondé son école d'ascèse et de sagesse, qu'Hérodote jeta les fondements de la science historique. C'est là encore que Thalès de Milet, «le père de la philosophie occidentale», avait déclaré que l'eau était le principe de tout être vivant. Dans ce centre du trafic mondial, on pouvait retrouver toute la richesse de la pensée grecque.

Avec son Sanctuaire d’Artémis, Éphèse s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.

La ville d'Éphèse, dans laquelle Paul entra, avait été reconstruite par le roi Lysimaque, grand capitaine et successeur d'Alexandre. On y respirait l'atmosphère internationale de l'hellénisme tardif. Lorsque saint Jean décrit, dans son Apocalypse, les richesses et le luxe de l'Empire romain, il pensait probablement aux entrepôts débordants et au commerce international d'Éphèse, de sorte qu'on a pu affirmer qu'Éphèse était la Babylone de l'Apocalypse.

Avec Athènes et Jérusalem, Éphèse était l’une des trois villes saintes de l'Antiquité. Avec son Sanctuaire d’Artémis, elle s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.

La vieille ville était avant tout la ville des serviteurs du Temple. Sous l’autorité du grand prêtre, des centaines de prêtres, tous eunuques, et une armée de prêtresses protégeaient l'image de la déesse. Autour du lieu sacré s'agitaient les gardiens, les chantres, les musiciens, les prostitués, les magiciens et les fakirs. Ceux-ci avaient pour tâche de maintenir l'enthousiasme religieux au cours des processions, en se servant de cymbales ou d'autres instruments de musique, par leurs chants et surtout par leurs danses bachiques.

Le temple jouissait également du droit d'asile pour les criminels, et attirait ainsi, dans son domaine, tous les éléments louches qui essayaient de se soustraire aux rigueurs de la loi.

«Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !»

Marie, mère de DieuÉphèse promettait d’être un terrain admirable pour la prédication de l’Évangile. Paul s'adressa d'abord à la population la plus humble, celle qui avait le plus besoin d'espoir et de consolation.

Plus tard, Éphèse abritera dans ses murs, au moins neuf grandes assemblées ecclésiastiques chrétiennes. En 431, lors d'un grand concile, la vénération de Marie comme mère de Dieu y triomphera définitivement. L'expression «théotokos», «Dei genitrix» passa dans le vocabulaire chrétien usuel. Le mois de mai, dédié à la déesse Artémis, deviendra le mois de Marie.

«Grand est Allah et
grand est son prophète !»

Au 7e siècle, l'Islam envahit cette région des Sept Églises de l’Apocalypse. Les anciens sièges épiscopaux, si vénérés, se virent bientôt menacés. En 1403, Éphèse tomba entre les mains des hordes mongoles de Tamerlan. Aujourd’hui, la campagne systématique d'oppression, de la part des Turcs, a eu raison des quelques chrétiens qui habitaient encore la ville.

À Éphèse, les slogans se sont succédés à travers les siècles : «Grande est l'Artémis d’Éphèse !» - «Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !» - «Grand est Allah et grand est son prophète !»

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