46 - Lettre aux Galates

28/03/2021 00:17
Troisième voyage missionnaire de Paul

Paul écrivain46 - Lettre aux Galates

 

 

Au cours de son premier voyage missionnaire en compagnie de Barnabé, Paul a fondé des communautés dans le sud de la province romaine de Galatie, Les contacts avec ces groupes de chrétiens étaient excellents : «Vous m'avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus.» Quelques années plus tard, à deux reprises, il a visité ces mêmes communautés. Cette province comprenait, Carte de la Galatieentre autres villes : Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres et Derbé.

Les Galates (Gaulois) sont à l'origine des Celtes du nord et du centre de l'Europe. Aventuriers intrépides, ils étaient aussi des guerriers redoutables. Quelques siècles avant Jésus Christ, ils ont poussé leurs incursions jusqu'en Espagne et en Italie. En 399, ils assiègent la ville de Rome et vers 360, quelques tribus se dirigent vers l'Est. Après différentes agressions militaires, dont le pillage du sanctuaire de Delphes, ils se fixent, au début du 3e siècle, dans le nord de l'Anatolie et font de Pessinus leur centre. En 25 av. J.-C., le pays des Galates est intégré à l’Empire et au système des provinces romaines.

La première partie de la lettre est une puissante défense
de son rôle d’apôtre.

Après les visites de Paul à ces communautés, des prédicateurs de Jérusalem y jettent le trouble en proclamant un Évangile différent du sien. Ils insistent sur l’importance d’être circoncis et de suivre toute la Loi de Moïse. À Paul, cet ouvrier de la onzième heure, ils opposent les douze apôtres et Jacques, le frère du Seigneur. Paul, conscient du danger, voit dans leurs exigences  une annulation du rôle unique de Jésus-Christ. Il écrit alors sa lettre aux Galates. C’est la première grande synthèse de la pensée pastorale et théologique de l’Apôtre. Il ne s'agit pas ici de son autorité, mais bien du sens même de l'Évangile : ou le croyant réalise son salut par la Loi de Moïse ou il le trouve dans la foi au Christ?

Aux Galates, gens simples qui ont suivi Paul avec confiance, les adversaires affirment qu'ils ne sont pas devenus de bons chrétiens car ils ne sont pas circoncis. Jésus et les apôtres étaient circoncis. De plus, la circoncision est excellente pour la santé, elle évite certaines maladies.

D'abord, les Galates protestent. Trois fois ils ont rencontré Paul et ils l'aiment beaucoup. Pourquoi aurait-il voulu les tromper? Les judaïsants répliquent qu’ils l'aiment eux aussi, mais ils leur font savoir que Paul n'a jamais rencontré Jésus. Stupeur chez les Galates : lui qui en parle si bien! Autre élément important : vous a-t-il avoué que, dans sa jeunesse, il a persécuté les chrétiens, qu'il en a fait jeter des dizaines en prison? Atterrés, affolés, les amis de Paul restent muets : il ne leur a rien dit. Dans cette relation de confiance entre lui et ses chers Galates, les adversaires ont réussi à introduire un doute mortel. Selon les envoyés de Jérusalem, Paul aurait remanié l'Évangile, pour attirer le plus de païens possible. C'est donc ici, en territoire des Galates, que se livre la bataille décisive entre Paul et les émissaires de Jérusalem. Ce qui suivra, à Corinthe et à Rome, n'en sera que la conclusion.

L’épître aux Galates a été écrite d'un seul trait. Dès les premières lignes, Paul affirme sa mission d'apôtre. En rappelant les faits, il établit l'authenticité de «son évangile». Ce texte est précieux pour les données historiques qu'il offre sur les premières années de Paul.  Il rappelle avoir reçu son Évangile au cours d’une révélation. On peut donc lui faire confiance. Il raconte sa conversion à Damas et en Arabie, sa rencontre avec Pierre et Jacques, sa participation au Concile de Jérusalem où son activité missionnaire a été reconnue. Il mentionne aussi la controverse avec Pierre à Antioche de Syrie, parce que le chef des apôtres ne respectait pas l’entente de Jérusalem. Paul affirme que son apostolat a été reconnu officiellement par les «colonnes du christianisme» (Pierre, Jacques et Jean) qui lui confèrent la responsabilité de convertir les non-Juifs. La première partie de la lettre est donc une puissante défense de son rôle d’apôtre. La première partie de la lettre est donc une puissante défense de son rôle d’apôtre. Il affirme qu’il n'est ni un élève des Douze, ni un apôtre de seconde zone.

galates 3:11

La justification par la foi

Paul en arrive ensuite au sujet principal de son épître : la justification par la foi. Parfois mal comprise, cette justification n'enseigne nulle part un quiétisme passif. Paul parle ici de la justification première, c’est-à-dire le passage de l'état de péché à l'état de grâce. Ce pardon est pur don de Dieu, une conséquence de la mort expiatrice du Christ, sans aucune contribution personnelle de notre part.

Après avoir utilisé les armes vigoureuses de l’argumentation, voici que Paul se fait subitement tendre comme une mère, et il donne libre cours à ses sentiments :

«Je désirerais comme une mère endurer à nouveau les douleurs de l'enfantement pour vous et transformer ma voix, pour vous parler comme une mère parle à son enfant !»

Paul réunit en lui une logique impitoyable, alliée à une tendresse maternelle.

La liberté chrétienne

liberté chrétienneAprès cette pause, il passe de nouveau à l’attaque. Ayant déjà expérimenté la liberté du Christ, les Galates seraient-ils maintenant prêts à se placer de nouveau sous le joug de la Loi et perdre ainsi leur liberté? Comme Israël lors de la sortie d'Égypte, ils ont vécu un nouvel Exode. Ils sont passés de l'esclavage à la liberté des enfants de Dieu. Cette liberté, est au coeur même de la vocation chrétienne:

«C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage.» (Ga 5, 1.)

Deux dangers guettent ceux et celles qui ont fait l'expérience de la liberté : la renier en retournant à l’esclavage de la Loi, ou en abuser en croyant que tout est permis (exemple, s’adonner à la prostitution sous prétexte que le Christ nous a libérés de toutes contraintes).

Les chrétiens doivent
accueillir le salut comme
un don gratuit de Dieu,

attitude difficile à accepter
pour les marathoniens du
légalisme qui veulent à tout
prix devenir des saints
par leurs propres moyens.

Selon Paul, la Loi est bonne et elle était nécessaire, mais elle est au service du Salut. Elle doit prendre le second rang lorsque le Salut arrive. Comme des échafaudages dans une oeuvre de construction, une fois l’édifice terminé, ils disparaissent. «Le Christ nous a conduits à la liberté, c'est bien à la liberté que vous avez été appelés.»  Écrite dans les premières années de l’Église, ces pages sur la liberté chrétienne questionnent encore aujourd’hui une institution qui, par nature, a tendance à privilégier la loi au détriment de la liberté. Les chrétiens doivent cesser de croire que le salut s'obtient comme une médaille olympique par des performances de plus en plus compliquées. Ils doivent accueillir le salut comme un don gratuit de Dieu, attitude difficile à accepter pour les marathoniens du légalisme qui veulent à tout prix devenir des saints par leurs propres moyens.

Les gens qui portèrent la lettre de leur Apôtre bien-aimé vers Antioche de Pisidie, ne se doutaient pas du précieux trésor dont ils étaient porteurs : c'était un document d'une importance historique! C'est chez les Galates que retentit pour la première fois la notion de «liberté chrétienne».

Cette lettre de Paul est le témoignage le plus ancien présentant le message de l'apôtre relatif à la justification par la foi. On ne peut lire l'Epître aux Galates sans se laisser emporter par le torrent oratoire de Paul. C’est une question de vie ou de mort pour lui et pour ses Galates. On ne reprend haleine qu'au moment de la conclusion. On voit Paul qui prend le stylet des mains du scripteur : «Voyez ces grosses lettres : Je vous écris de ma propre main...».

Après la mort de Paul, pendant de nombreuses années, son influence va disparaître presqu’entièrement dans l’Église. C'est au moment où celle-ci se préoccupera de choisir les textes authentiques de son histoire qu'elle redonnera à Paul toute la place qui lui revient en reconnaissant à ses écrits la valeur fondamentale de la théologie chrétienne. Paul est alors redevenu un pilier de l’Église.

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