47 - Épitre aux Romains

04/04/2021 00:18
Troisième voyage missionnaire de Paul

47 - Épitre aux Romains


Paul écrivant une lettre

Paul écrit son épître aux Romains pour préparer sa rencontre avec une Église qu'il ne connait pas.

Avant son départ pour Jérusalem, en l’an 57, Paul écrit son épître aux Romains, une sorte de «carte de visite» pour préparer sa rencontre avec une Église qu'il ne connait pas. Cette lettre, écrite probablement à Corinthe, est une synthèse de la pensée de Paul. Voici près de quinze ans que l’Apôtre fonde des Églises à Chypre, en Pisidie, en Lycaonie, en Phrygie, en Galatie, en Macédoine, en Achaïe, en Asie. Il considère maintenant que dans cette région de l’est, sa tâche de fondateur s'achève. Il songe à l'ouest, à l'Espagne surtout, «le bout du monde», où il projette de se rendre en passant par Rome.

Paul veut d’abord apporter lui-même la collecte à Jérusalem, ce que ses amis lui déconseillent fortement, à cause des dangers qu’il coure en retournant dans la ville où il a tant d’ennemis. Après Jérusalem, il a l’intention de visiter la capitale impériale, pour y rencontrer les membres de l’Église de Rome :

«Mais maintenant, comme je n’ai plus de champ d’action dans ces contrées et que, depuis bien des années j’ai un vif désir d’aller chez vous quand j’irai en Espagne. J’espère en effet vous voir lors de mon passage et recevoir votre aide pour m’y rendre  après avoir été d’abord comblé, ne fut-ce qu’un peu, par votre présence.» (Rm 5, 23)

Rome, la capitale du monde, lui inspire la conception universelle de l’Église.

Il confie la lettre à sa fidèle amie, la diaconesse Phébée, qui doit se rendre à Rome au printemps. C’est la seule lettre écrite à une Église qu’il n’a pas fondée. Dans ces réflexions sur l’Évangile, sa pensée prend une ampleur considérable car il est en pleine possession de ses moyens.

Il est important de rappeler que Paul n’avait pas du tout l’intention de sortir du judaïsme : cela n'aurait tout simplement aucun sens pour lui. La «religion chrétienne» n'avait pas d'existence indépendante à cette époque! Elle faisait parti du judaïsme et Paul voulait simplement y intégrer à la fois la Résurrection du Christ et l'élargissement de la promesse aux non juifs. Pour ce faire, il cherchait un dénominateur commun aux Juifs et aux païens : cet élément unificateur, c’est la foi en Jésus-Christ.

La lettre aux Romains devient
un traité théologique sur la situation nouvelle créée par le Christ. C’est la plus importante des lettres de Paul.

La pensée qu'il avait commencé à développer dans la lettre aux Galates lui revient à l’esprit. Cette lettre avait été le cri d'un coeur passionnément agité. Il veut maintenant revenir sur la question dans le calme, et en faire un exposé plus approfondi. La lettre aux Romains devient ainsi un traité théologique sur la situation nouvelle créée par le Christ. C’est la plus importante des lettres de Paul. Nous y retrouvons le talent de celui qui est capable d’unifier la pensée critique à l’expression d’une foi profonde et éclairée. Il y développe les thèmes suivants : la justification par la foi, l'espérance, les conséquences du péché, la grâce, la liberté, l’Église corps du Christ, les relations entre Juifs et Païens, la réconciliation. Près de 25 ans après sa conversion, sa réflexion théologique a atteint une grande maturité. Si l'épître aux Romains était la seule lettre de Paul à nous parvenir, nous aurions un bon aperçu de sa pensée.

Comme cadre, Paul utilise d’un côté l'humanité déchue regroupée autour d'Adam et de l’autre l'humanité «justifiée» regroupée autour du Christ.

La filiation offerte est
un don tout à fait gratuit
et non le résultat de l’observance de la Loi
ou de la pratique des
bonnes oeuvres

Dans le récit de Genèse 3, Adam a voulu être comme un Dieu en mangeant le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Il a initié le temps de la révolte contre Dieu : «Par un homme le péché est entré dans le monde». Nous sommes donc précédés par cette irrésistible tendance naturelle de se prendre pour un dieu et de refuser notre condition de créature. Mais malgré cette révolte, Dieu n’abandonne pas «son dessein bienveillant» envers nous. À travers Abraham, il accorde le salut par pure grâce : «Abraham crut en Dieu et ce lui fut compté comme justice». Cela s’est passé au moment où Abraham n'était pas encore circoncis. Le rite ancestral n'est donc pas la source de sa justification, il n'en est que le signe. La filiation offerte est un don tout à fait gratuit et non le résultat de l’observance de la Loi ou de la pratique des bonnes oeuvres.

Mais la justification (être acceptés comme enfants de Dieu) n'est qu'un début, un premier pas. Elle est une étape essentielle enrichie ensuite par l’eucharistique, fécondée par les énergies créatrices du Ressuscité, sous le soleil de l'Esprit-Saint.

Dans les huit premiers chapitres de l'épître aux Romains, Paul oppose deux voies, deux façons d'être «justifié» devant Dieu : d'un côté la foi en Jésus-Christ et de l’autre la Loi de Moïse et les «oeuvres». Seule la foi en Jésus Christ justifie tous les hommes, Juifs et Païens. Le Salut ne se trouve donc pas dans l’appartenance au peuple élu ou dans une vie de sainteté et de bonnes oeuvres. Il se trouve dans une parole extérieure à l’être humain, une décision bienveillante de Dieu reçue gratuitement dans la foi.

romains 3,38L’exposé de Paul sur la «justification par la foi» est la traduction théologique de l’accueil que Jésus a fait aux rejetés et aux exclus. Jésus, qui mangeait avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs, les prostituées et les lépreux, faisait un geste symbolique qui couvrait le politique, le social et le religieux à la fois.

Le salut est offert gratuitement : «Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis!», dit Jésus au voleur sur la croix.

Le Christ est «l'anti-Adam». Il remplace la malédiction du jardin d’Éden (Adam et Ève chassés du paradis), par une bénédiction (Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau). Si par Adam la mort était le sort de l’homme, par le Christ il retrouve la vie. Hommes et femmes sont invités à vivre dans la confiance et l’espérance des filles et fils de Dieu, filiation accordée gratuitement grâce au Christ.

galates-liberté dans le Christ

La justification n'est qu'un début, un premier pas. Elle est une étape essentielle enrichie ensuite par l’eucharistique, fécondée par les énergies créatrices du Ressuscité, sous le soleil de l'Esprit-Saint.

Après le vaste exposé sur le Salut, don de Dieu (Rm 1 – 8), vient en suite, tout naturellement, la question du statut d’Israël dans la nouvelle réalité inaugurée par le Christ (chapitres 9 à 11). Paul insiste sur le fait que tous sont pécheurs, Juifs et Païens. Cette situation est l'occasion choisie par Dieu pour nous justifier en Jésus Christ. Ni les oeuvres, ni l’origine ethnique, ni le clan, ni le sang ne sont des conditions pour le salut. Seul compte la générosité de Dieu. Paul réaffirme sa solidarité avec son peuple et repousse l'idée qu'Israël soit rejeté pour toujours. Si lui qui était pharisien et persécuteur a obtenu miséricorde, il en sera de même pour tous les Juifs. Dans la troisième partie de l’épitre, Paul en vient à des considérations pratiques sur la vie des communautés chrétiennes : «Je vous exhorte donc, frères... à l'action».

C’est l'esclave chrétien Tertius qui a servi de scribe à l'Apôtre. Il le fait remarquer à la fin de la lettre.

Les grands thèmes de cette épître étaient présents au coeur des femmes et des hommes du temps de Paul... Ils continuent à être d’intérêt pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui.

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