
48 - La grande collecte
11/04/2021 00:20Troisième voyage missionnaire de Paul
48 - La grande collecte
Depuis sa conversion à Damas, Paul voyage beaucoup et à cinq reprises il visite l’Église-mère de Jérusalem. Lors de la réunion avec Pierre, Jacques et Jean, au premier concile, il avait eu l'idée d'une grande collecte en faveur de cette Église pauvre. La proposition ne figurait pas parmi les conditions d'un accord de paix, mais à titre personnel, Paul s’y engage, et à Éphèse, il décide de passer à l'action : la collecte se ferait dans les Églises d'Asie Mineure et de Grèce, pour venir en aide à l’Église de Jérusalem.
C’est un devoir pour les Églises plus fortunées d'aider cette Église-mère qui a peu de moyens. Paul croyait aussi que cette générosité favoriserait l'unité et atténuerait du même coup les disputes entre les païens convertis et les Judéo-chrétiens.
Au début du projet, les chrétiens de Corinthe étaient très enthousiastes, mais avec le temps leur ferveur s’est refroidie. Paul les encourage donc au partage :
«De même que vous excellez en tout, foi, parole, science, empressement de toute nature, charité que nous vous avons communiquée, il vous faut aussi exceller dans cette libéralité. Ce n’est pas un ordre que je donne; je veux seulement, par l’empressement des autres, éprouver la sincérité de votre charité. Vous connaissez en effet la libéralité Jésus Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté. C’est un avis que je donne là-dessus; et c’est ce qui vous convient, à vous qui, dès l’an dernier, avez été les premiers non seulement à entreprendre cette oeuvre, mais encore à la vouloir. (2 Co 8, 7-10)
Cette lettre suffira-t-elle pour inciter les Corinthiens à la générosité? Tite est chargé d’en expliquer et d’en défendre le contenu.
En début de mars 58, l’hiver terminé, au cours d'une cérémonie religieuse en l'honneur d'Isis, la déesse égyptienne protectrice des mers, Rome annonce la reprise de la navigation et Paul prépare son départ pour Jérusalem. De là il compte se rendre à Rome. Il n'ignorait pas les risques qu'il courait en portant lui-même à Jérusalem le produit de la collecte réalisée avec tant de peine. Cependant, pour lui, l’unité des Églises importait avant tout. Certains représentants de tous les districts où il avait travaillé devaient le rejoindre en chemin.
C’est à ce moment que Luc mentionne le complot manigancé contre Paul :
«Un complot fomenté par les Juifs contre lui au moment où il allait s’embarquer pour la Syrie le décida à s’en retourner par la Macédoine» (Actes 20, 3).
À cause de ce changement de dernière heure, Paul a dû parcourir plus de sept cent kilomètres supplémentaires afin d’échapper à ses ennemis.
Comme le texte de plusieurs manuscrits le laisse entendre, Paul, accompagné de Luc, prit alors la voie de terre jusqu'en Macédoine, tandis que ses autres compagnons, pour dépister les adversaires, se rendirent à Troas en bateau. Là, plus tard, les deux groupes devaient se rencontrer. Le plan initial de célébrer la Pâque à Jérusalem était maintenant irréalisable et Paul décida de participer à la célébration dans la ville de Philippes, au milieu de ses amis. Le mardi après Pâques, il prit congé des Philippiens et trouva, dans le port de Néapolis, un bateau en partance pour Troas.
Après avoir traversé la mer Égée, il rejoint le groupe qui se trouvait déjà à Troas. Luc nous donne leurs noms : Sopatros, de Bérée; Aristarque et Secundus, de Thessalonique ; Gaïus, de Derbé; Timothée, Tychique, Trophime, de la province d'Asie. (Actes 20, 4-5) De toute évidence, ces compagnons de l’Apôtre transportent l’argent de la collecte en faveur de Jérusalem. Paul n'avait ni femme, ni enfant, il n'avait aucun lien de famille. Cependant, Dieu lui donna de nombreux amis. Peu de gens ont eu des adversaires aussi farouches, mais peu eurent des amis aussi dévoués et fidèles.
Luc mentionne que la halte à Troas a duré environ une semaine. Il sera témoin d'un incident qu'il n'oubliera pas :
«Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain; Paul, qui devait partir le lendemain, s’entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu’au milieu de la nuit. Il y avait bon nombre de lampes dans la chambre haute où nous étions réunis. Un adolescent, du nom d’Eutyque, qui était assis sur le bord de la fenêtre, se laissa gagner par un profond sommeil, pendant que Paul discourait toujours. Entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas. On le releva mort. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : «Ne vous agitez donc pas : son âme est en lui.» Le jeune homme se remit sur ses pieds et Paul remonta, rompit le pain et mangea : longuement encore il parla, jusqu’au point du jour.» (Actes 20, 7-12)
Luc, on le voit, n'a rien perdu de ses qualités de chroniqueur. Il le fait avec délicatesse et avec une certaine ironie. Au 18e siècle, Jonathan Swift, auteur renommé des Voyages de Gulliver et doyen de l’église Saint-Patrick à Dublin, choisira comme thème d'un de ses sermons : «Du sommeil à l'église». Il basera son homélie sur cet accident de Troas pour démontrer que même le grand saint Paul endormait ses auditeurs.
De Troas, Luc accompagnera Paul pendant tout le voyage, jusqu’à Jérusalem. Grâce à ses connaissances médicales et nautiques, il sera un compagnon idéal. Nous retrouvons de nouveau dans les Actes des Apôtres le pronom «nous», et à partir de cet instant, l'itinéraire et les faits sont relatés sous la forme d'un journal, ce qui confère à la description un attrait incomparable.
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