
53 - «Caesarem appello!» - «J’en appelle à César!»
16/05/2021 00:2553 - «Caesarem appello!» - «J’en appelle à César!»

"J'en appelle à César!"
Le nouveau procureur Porcius Festus, arrivé à Césarée au début de l'automne 60, descendait d'une famille de Tusculum près de Rome et faisait partie de l'ancienne noblesse. On louait sa fermeté, sa droiture et sa conscience professionnelle. Après trois jours à Césarée, il monta à Jérusalem, pour prendre contact avec les autorités juives et y organiser une session de tribunal, afin de liquider les procès arriérés. À cette occasion, le nouveau grand-prêtre Ismaël ben Phabi, nommé par Hérode Agrippa II, accompagné de nombreux membres du Sanhédrin, vinrent le rencontrer. Au sein de cet organisme juif, il existait une compétition féroce entre les diverses familles pour l’obtention de la plus haute dignité du pays. La corruption généralisée faisait du ravage. Dans un texte talmudique, on peut lire : «Malheur à moi à cause de la maison d’Ismaël ben Phabi, malheur à moi à cause de sa violence. Ils sont grands-prêtres, leurs fils sont trésoriers, leur beaux-fils gardiens du Temple, et leurs valets fustigent le peuple.»
Lors de cette première rencontre, Portius Festus se rendit compte que les deux dernières années n'avaient pas apaisé la haine du Sanhédrin envers Paul. On exigeait, comme preuve de la bonne volonté du procureur, la remise de l'Apôtre entre les mains du tribunal religieux de Jérusalem : «Ils sollicitaient comme une faveur que Paul fut transféré à Jérusalem; ils préparaient un guet-apens pour le tuer en chemin». (Actes 25, 3) Cependant Festus n'était pas aussi inexpérimenté qu'on le croyait. Il répondit au Sanhédrin que Paul devait rester en prison à Césarée : «Que ceux d’entre vous qui ont qualité descendent avec moi et, si cet homme est coupable en quelque manière, qu’ils le mettent en accusation» (Actes 25, 6)
Passant en jugement devant Portius Festus, le nouveau procureur de Judée, Paul se prévaut de sa citoyenneté romaine pour échapper à l'injustice du Sanhédrin..
Dix jours plus tard, une nouvelle rencontre eut lieu à Césarée. Ce fut pour Festus un spectacle dégoutant d’être confronté à une foule fanatique qui hurlait des menaces, injuriait le prisonnier et exigeait sa mort. Paul déclara alors : «Je n'ai commis de délit ni contre la Loi des juifs, ni contre le Temple, ni contre l'empereur.» (Actes 25, 8) Festus lui demanda : «Veux-tu monter à Jérusalem pour y être jugé là-dessus en ma présence?» Avec rapidité, Paul évita le piège tendu par le Sanhédrin : «Je suis devant le tribunal de César; c'est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs, tu le sais très bien toi-même. Mais si je suis réellement coupable, si j’ai commis quelque crime qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir. Si, par contre, il n’y a rien de fondé dans les accusations de ces gens-là contre moi, nul n’a le droit de me céder à eux. J’en appelle à César.» (Actes 25, 10-11)
Il s’agissait d’un véritable coup de théâtre ! La délibération qui a suivi a du être turbulente et orageuse. Quand le conseil reprend place, le procureur tranche : «Tu en appelles à César : tu iras devant César.»
Le droit romain connaissait, depuis l’empereur Auguste, la possibilité d'un appel pendant la procédure, et non pas comme chez nous, après le jugement. Cet appel n'empêchait pas seulement la condamnation, mais aussi l'acquittement du condamné. Un citoyen romain avait toujours et partout le droit d’être jugé par un tribunal impérial. «Caesarem appello!», deux mots magiques. Cette cour de justice suprême inspirait la plus haute confiance. Dès qu'un citoyen romain prononçait ces paroles, tous les tribunaux du monde perdaient immédiatement leur compétence. Il s'agissait donc maintenant de faire conduire Paul à Rome, sous escorte militaire. Le procureur devait donner au prisonnier une lettre explicative de son cas.

À la demande de Festus, Paul comparait devant le roi Agrippa II et sa soeur Bérénice (qui reconnaissent son innoncence).
Festus fut aidé en cela par l'arrivée d’Hérode Agrippa II, roi de la Palestine du Nord, qui vint quelques jours plus tard, avec sa soeur Bérénice, faire une visite de courtoisie au nouveau procureur. Agrippa avait une grande influence à Rome. Il avait d’ailleurs contribué à la nomination de celui-ci au poste de procureur. Plus que n'importe qui, il était capable d'assister Festus de ses conseils, dans cette affaire compliquée. De naissance, il était Juif, mais Romain par son éducation et sa culture. Sur les monnaies, il se faisait appeler «Philocaesar-Philoromanos » c'est-à-dire ami de César et ami des Romains. Dans un but politique, il avait fait des études sur la religion juive, et partout on le considérait comme expert en la matière. Il était le représentant du judaïsme de cette époque. C’est lui qui nommait le grand-prêtre et contrôlait le trésor du Temple, deux responsabilités très lucratives.
Le roi Agrippa se faisait accompagner partout de sa célèbre soeur Bérénice, qui avait abandonné son mari, le très riche potentat cilicien Polémon. Depuis, les deux régnaient ensemble comme roi et reine, ce qui donnait lieu à toutes sortes de rumeurs. À Césarée, leur soeur Drusille avait été, quelques mois auparavant, la maîtresse du lieu et, 16 ans plus tôt, leur père était mort des suites d'une terrible maladie. C'est la seule dynastie de l'histoire, dont les représentants se soient trouvés en relation étroite avec Jésus: l’arrière-grand-père fut le meurtrier des enfants innocents de Bethléem, le grand-oncle l'assassin de Jean-Baptiste; le père l'égorgeur de l’apôtre Jacques et le persécuteur de Pierre.
Festus considérait Paul comme un fanatique religieux, d’où son exclamation : «Tu es fou Paul, ton grand savoir te fait perdre la tête». Avec une grande politesse, Paul lui répond : «Je ne suis pas fou, très excellent Festus, mais je parle un langage de vérité et de bon sens. Car il est instruit de ces choses, le roi Agrippa, auquel je m’adresse en toute assurance, persuadé que rien ne lui est étranger. Car ce n’est pas dans un coin ignoré que cela s’est passé.» (Actes 26, 24-26)
Agrippa dit alors à Festus : «On aurait pu relâcher cet homme, s'il n'en avait pas appelé à César.» (Actes 26, 32) Le procureur composa un compte rendu favorable à Paul, ce qui contribuera beaucoup à son acquittement par Néron, deux ans plus tard à Rome.
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