6 ERREURS DOCTRINALES QUE LE BRIGAND RÉFUTE EN MOURANT SUR LA CROIX
21/05/2016 07:456 ERREURS DOCTRINALES
QUE LE BRIGAND RÉFUTE EN MOURANT SUR LA CROIX
Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
(Luc 23:42)
On associe souvent le nom d’Athanase d’Alexandrie à la lutte contre l’hérésie doctrinale.
Et c’est légitime : Athanase a consacré sa vie toute entière à combattre l’arianisme, doctrine qui nie l’existence éternelle du Fils de Dieu.
Mais il est des champions de l’orthodoxie doctrinale qui le sont devenus sans le savoir, et sans même l’avoir spécialement désiré.
L’exemple le plus frappant est sans nul doute celui du brigand sur la croix qui, dans sa mort, réfute par avance au moins 6 erreurs qui allaient se développer dans les siècles qui allaient suivre.
Examinons-les un peu plus en détail.
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1- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DU SOMMEIL DE L’ÂME
La doctrine du sommeil de l’âme prétend que, lorsqu’une personne meurt, son âme “dort“ jusqu’à la résurrection et au jugement final.
Cette position trouve son origine dans une compréhension littérale du verbe “dormir“, lorsqu’il est appliqué aux morts (cf. par exemple Daniel 12:2, 1 Corinthiens 15:6).
Cependant, elle est absolument inconciliable avec la promesse que Christ fait au brigand : “aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis“.
Pas un seul instant Christ ne semble envisager que l’âme du brigand puisse attendre avant de jouir de la présence de Christ dans les cieux éternels.
Et cela est cohérent avec l’ensemble des Ecritures.
C’est au moment même de la mort que les hommes et les femmes sont confrontés au jugement de Dieu (Hébreux 9:27).
Pour le croyant véritable, quitter son enveloppe charnelle c’est entrer dans la présence de Dieu (2 Corinthiens 5:6-8 ; Philippiens 1:23).
Pour l’incroyant au contraire, la mort signifie le châtiment éternel en enfer (Luc 16 : 22-23).
Lorsque le terme “dormir“ est utilisé pour désigner la mort, il s’agit d’une métonymie : l’apparence d’un mort (qui, en l’occurrence, semble dormir) est utilisée pour désigner son état.
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2- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DE LA DESCENTE AUX ENFERS DE CHRIST
L’un des plus anciens textes chrétiens, le Symbole des Apôtres, déclare que Christ “a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers“.
Le terme original rendu par “enfer“ dans le Symbole des Apôtres a été l’objet de bien des discussions. Faut-il le prendre littéralement, comme certains le font, ou lui donner un sens davantage figuratif, comme d’autres le préfèrent ?
Faut-il y voir une référence au “séjour des morts“ en général (sens que la version des Septantes tend parfois à lui donner, comp. Actes 2:27, 31 et Ps. 16:10) ?
Certains sont allés plus loin dans la spéculation, imaginant que ce texte fait référence à une possibilité de salut après la mort, offerte par Christ venant faire une visite dans le lieu de perdition éternelle.
Quel que soit ce que le Symbole des Apôtres entend par cette formule, la promesse de Christ au brigand est sans équivoque : “aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.“
Cette promesse est double :
- la réunion avec Christ dans le paradis de Dieu : le brigand allait, dès après sa mort, rencontrer celui-là même qui venait de lui faire la promesse
- l’immédiateté de son accomplissement : “aujourd’hui“, dit Christ, “tu seras avec moi dans le paradis“. Il n’est pas question de différer : la réunion du brigand avec Christ allait avoir lieu immédiatement après leurs morts respectives.
La doctrine de la descente aux enfers de Christ est parfois appuyée – bien à tort – sur 1 Pierre 3:19.
Mais la promesse précédant mort du brigand sur la croix ne laisse aucune place au doute : Christ n’est aucunement descendu dans un lieu de damnation après sa mort sur la croix.
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3- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DE LA RÉGÉNÉRATION BAPTISMALE
“En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.“ déclare Jésus à Nicodème, lorsque ce dernier vient de nuit le consulter (Jean 3:3).
Cette parole de Christ, plus que tout autre, met en évidence l’absolue nécessité d’être né de nouveau (régénéré) pour être sauvé et jouir éternellement de la présence de Christ dans le paradis.
C’est un principe spirituel normatif : “si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature“ (2 Corinthiens 5:17). Il est impossible d’appartenir à Christ sans avoir été régénéré, sans avoir reçu le Saint-Esprit : “Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas.“ (Romains 8:9)
Le brigand sur la croix ne pouvait faire exception : “Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis“ revient à dire “Aujourd’hui, tu es passé de la mort à la vie. Aujourd’hui tu es une nouvelle créature. Aujourd’hui tu es né de nouveau.“
Cependant, comment concilier cette réalité biblique avec la doctrine de la régénération baptismale, qui enseigne que c’est au travers des eaux du baptême que se produit la nouvelle naissance ?
Les débats théologiques autour de cette doctrine, s’ils veulent être exhaustifs, nécessitent de prendre en compte bien des éléments.
Mais relevons simplement ici que le brigand sur la croix a été sauvé sans avoir été baptisé : sa nouvelle naissance n’a donc pas procédé de quelque eau que ce soit, mais uniquement de l’action de l’Esprit, conformément à ce qu’enseigne le texte de Jean 3:1-21.
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4- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DES OEUVRES MÉRITOIRES
Qui était ce brigand ? Nous ne savons, au final, que bien peu de choses sur lui. Luc en parle comme un kakourgos(κακοῦργος), un criminel, tandis que Matthieu et Marc utilisent le mot lēstēs (λῃστής) qui peut également avoir le sens de révolutionnaire.
Faisait-il partie de la bande de Barabbas, comme quelques uns le pensent (cf. Marc 15:7) ? Difficile de l’affirmer avec certitude.
Cependant, une chose est sure : sous des vues humaines, il était loin d’avoir le profil de l’homme vertueux.
Les termes sont sans équivoque : il était un criminel, un homme de mauvaise vie méritant la mort, comme il le reconnait d’ailleurs lui-même : “pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes“ (Luc 23:41).
La doctrine des oeuvres méritoires pour le salut est tenue avec quelques variations par différents groupes se revendiquant du christianisme.
Mais la grâce obtenue par le brigand sur la croix ne laisse aucune place au mérite.
Car il était certainement la dernière personne à pouvoir espérer que ses propres oeuvres puissent concourir d’une manière ou d’une autre à son salut.
5- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DU PURGATOIRE
Plus qu’un simple lieu, le purgatoire est un processus de purification de l’âme après la mort.
Elément clé de la théologie catholique romaine, le purgatoire concerne tous ceux “qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés“.
Par conséquent, selon cette doctrine, ces derniers “souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel.“ (cf. Cathéchisme de l’église catholique, art. 1030).
En d’autre terme, le purgatoire serait un lieu où ceux que Dieu a déclaré être ses amis souffriraient une “peine temporelle“ pour des péchés déjà pardonnés par Christ (!).
La remarque que nous avons faite plus haut s’applique aussi ici : le brigand sur la croix n’était certainement pas un homme exempt de péché, et il n’était pas crucifié aux côtés de Christ en raison de ses bonnes oeuvres.
Si une personne était ce jour là “imparfaitement purifié“, c’était bien cet homme agonisant.
Cependant, aucune place n’est laissée à quelque lieu d’attente que ce soit, lorsque Jésus lui dit : “aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.“
Le brigand sur la croix aurait été le premier concerné par le purgatoire, si le purgatoire avait réellement existé.
Mais sa réunion immédiate avec Christ immédiatement après sa mort prouve que le purgatoire n’est que le fruit de l’imagination humaine.
6- SA MORT RÉFUTE LA DOCTRINE DES INDULGENCES
Intimement liée à celle du purgatoire, la doctrine catholique des indulgences promet la rémission -pleine ou partielle- de la “peine temporelle“ due pour les péchés qui nécessiteraient un passage par le purgatoire.
Dans un certain sens, cette doctrine marque le point de départ de la Réforme, puisque que c’est contre elles et leur vente que Luther a écrit ses fameuses 95 Thèses.
La mort du brigand sur la croix prouvant l’inexistence de toute peine temporelle et de tout lieu de transition post mortem, à combien plus forte raison fait-elle tomber comme un château de cartes l’ensemble des doctrines qui y prennent appui.
Le brigand n’avait aucunement besoin d’indulgence pour être sauvé : Christ le lui assure en lui promettant un salut immédiat.
Sa mort même est la démonstration de l’inutilité des indulgences.
C’est avec raison que Martin Luther écrivait en 1517 : “Les indulgences dont les prédicateurs vantent et exaltent les mérites, ont le très grand mérite de rapporter de l’argent. Les grâces qu’elles donnent sont misérables si on les compare à la grâce de Dieu et à la piété de la croix.“ (Thèses de Wittemberg n°67 et 68)
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CONCLUSION
Qui qu’ait été le brigand sur la croix, sa mort est d’une grande instruction, pour nous qui sommes parvenus à la fin des siècles.
Elle nous instruit sur la nature de la vraie conviction de péché, de la repentance, et de la conversion à Jésus-Christ.
Mais elle nous avertit surtout de biens des écueils dans lesquels notre coeur déchu pourrait naturellement nous conduire.
Comme il est bon de méditer sur la mort du brigand sur la croix…
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