
64. La première lettre à Timothée
08/08/2021 00:3764. La première lettre à Timothée
Timothée, le "fils bien-aimé" de Paul, son meilleur ami, fidèle collaborateur, compagnon de nombreux voyages.
Il fut le premier évêque d'Éphèse
et mourut martyr.
Les trois «épîtres pastorales» (1 et 2 Timothée, lettre à Tite) portent ce nom seulement depuis le XVIIIe siècle. Ces lettres de Paul figurent dans le canon Muratori (vers 180) et sont connus de Clément de Rome, pape de 89 à 97, de Polycarpe de Smyrne (+ 155), de Tatien (+ 173), d’Irénée de Lyon (+ 202), de Clément d'Alexandrie (+ 220), et de l’évêque Eusèbe de Césarée (+ 339). Tous les acceptent comme étant bien de l'Apôtre.
Pourtant, malgré le témoignage presqu’unanime de la tradition, un grand nombre de critiques modernes estiment que Paul n'est pas l'auteur de ces lettres. Ils avancent d'une part, que les erreurs combattues et l'organisation hiérarchique, semblent indiquer une période plus tardive de l’histoire de l’Église et, d'autre part, que la langue et le style employés sont différents de ceux de l'Apôtre. Ces experts affirment qu’elles auraient été écrites après la mort de Paul, par l’un de ses disciples. Malgré ces différences d’opinions, les épitres pastorales ont toujours été maintenues dans la liste des écrits pauliniens tout au long de l’histoire de l’Église.
Les 3 lettres dites "pastorales"
(Timothée 1 et 2, Tite) s'adressent aux pasteurs qui
ont charge de communautés.
Contrairement aux épîtres destinées aux Églises, les lettres pastorales sont adressées à des responsables de communautés chrétiennes. Augustin déjà, et Thomas d'Aquin ensuite, avaient souligné le caractère «pastoral» de ces trois lettres : elles entendent préparer les pasteurs et assurer la croissance et la vie de foi des communautés.
Après sa libération à Rome, en route vers la Macédoine, Paul a laissé Timothée à Éphèse et Tite en Crète. Il envisage de passer l’hiver à Nicopolis, en Grèce, d’où il aurait écrit ces lettres.

L'évêque Timothée reçoit de Saint Paul la première épître.
(Bible historiale. Guiard des Moulins. Paris. XIVe.)
On se rappelle que Timothée a été l'un des disciples les plus proches de Paul. Natif de Lystres, dans la province romaine de Galatie, d'un père païen et d'une mère juive (Eunice), élevé dans un judaïsme très orthodoxe par sa mère et sa grand-mère, il n'avait toutefois pas été circoncis. Sa mère a sans doute voulu respecter la culture grecque de son père. C’est Paul qui l’a fait circoncire. Le livre des Actes indique qu'au cours de son deuxième voyage à Lystres, Paul avait remarqué ce jeune homme dont «la réputation était bonne parmi les frères de Lystres et d'Iconium». Très rapidement, Timothée devient l'enfant chéri et le fidèle collaborateur de l'Apôtre. Son activité missionnaire s'exerce surtout à Éphèse et en Macédoine. Il a accompagné Paul jusqu’à sa mort et on le retrouve près de lui pendant la première captivité à Rome.
Quant à Tite, d'origine païenne, il a très probablement été converti par Paul lui-même à Antioche de Syrie. Il a participé au «concile de Jérusalem» et a été le représentant de Paul auprès de l'Église de Corinthe. Peut-être est-il resté longtemps à Corinthe car il n'a plus fait parler de lui jusqu'à sa mission en Crète. Plus tard, Paul l'invite à le rejoindre à Nicopolis, en Épire.
Dans les lettres de la captivité (Colossiens, Éphésiens, Philémon et Philippiens), Paul est le grand théologien et le grand mystique, méditant dans sa solitude sur le plan de la Rédemption divine (peintures de Rembrandt). Dans ses lettres pastorales, il s’occupe des pasteurs qui ont charge de communautés.
Ce qu'on attend d'un évêque
La première lettre à Timothée s’adresse à un jeune homme de tempérament enclin à la timidité, qui a besoin de la main forte de son ami. Les deux hommes étaient très différents de caractère, et pourtant Paul n'aimait personne plus que Timothée. Il lui montre le vrai chemin pour gagner de l'influence sur les autres : être exemplaire dans les paroles, dans la foi, la charité, la dignité et la simplicité, dans la façon de traiter les hommes et les femmes. Que Timothée honore les prêtres zélés, particulièrement ceux qui se donnent de la peine pour instruire les membres de la communauté. Il vaut mieux avoir moins de prêtres, qu'un excès d'hommes médiocres. Vis-à-vis la communauté, Timothée doit éviter toute apparence d'âpreté au gain, ne pas poser d’exigences financières, ne pas mener un mode de vie supérieur au standard habituel. «Contente-toi de peu, sans tomber dans les excès d'un ascétisme sombre, prends de temps en temps un petit verre de vin».
Pour Paul, il n'y a pas deux éditions de l'Évangile : l'une pour les laïcs et l'autre pour les prêtres, l'une pour le simple peuple et l'autre pour les classes supérieures. Et il ajoute : Ce n'est pas Dieu qui doit être défendu en face de ce monde. Il n'est pas nécessaire d'établir pour lui un alibi. C'est l'homme qui est sur le banc des accusés; mais le Christ a prononcé à son sujet une sentence de pardon. Il est venu pour sauver «tous les pécheurs, parmi lesquels je suis le premier».
Les passages de la première lettre de Timothée sur les femmes comptent parmi les plus discutables aujourd’hui. Au chapitre 2, dans le cadre de la prière communautaire, les femmes sont d'abord exhortées pendant l'instruction à garder le silence, en toute soumission. Elles sont ensuite exclues de la «didaskalia», de l’enseignement, fonction d'importance majeure dans cette lettre : «Je ne permets pas a la femme d'enseigner ni de faire la loi a l'homme.» Ces propos sont basés sur le modèle des relations sociales de l'époque. Ce qui est nouveau c’est de les transposer à l'intérieur des assemblées chrétiennes, ce qui n’était pas le cas dans les lettres précédentes. En outre, la première lettre à Timothée s'efforce d'appuyer sur l'Écriture ses positions en faveur de la subordination de la femme (1 Tm 2, 13-15). Tout ceci semble être en contradiction avec les idées de Paul pendant ses voyages missionnaires. Le chapitre 5, en revanche, semble plus positif et le ministère du diaconat paraît ouvert aux femmes autant qu'aux hommes.
Paul s’en prend dans sa lettre à ceux qui enseignent «quelque chose d'autre», qui s'écartent de l’«enseignement sain» en conformité avec l'Évangile. La première à Timothée n'a pas de mots assez durs pour les qualifier: «esprits trompeurs», «menteurs», «incompétents jouant aux docteurs de la Loi». Paul qualifie leur enseignement de «doctrines diaboliques», des «racontars de vieilles femmes», de «généalogies sans fin», de «fables profanes», de «creux verbiage», de «questions oiseuses», de «querelles de mots», de «disputes interminables» ...
À la fin, Paul souligne la bonté foncière de la création, ce qui laisse supposer chez ses adversaires un certain mépris du corps et du monde matériel.
Ces lettres pastorales laissent entendre que les Églises passent à une étape nouvelle. L'Apôtre itinérant, propagateur ardent de la Bonne Nouvelle, cède la place au «ministre» stable, soucieux de rassembler une communauté en voie d'organisation.
Paul est maintenant un vieillard. Il arrive à la fin de sa vie :
«Le moment de mon départ est venu. J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course...» (2 Tm 4, 6-7)
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