ACTES 23 : 1 à 35
25/02/2022 00:05JOUR 117 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
ACTES DES APÔTRES 23
1 ¶ Paul, les regards fixés sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu …
le sanhédrin. Cette institution formait le gouvernement national ainsi que le tribunal du peuple juif. Elle se composait de 71 membres, dont le souverain sacrificateur.
Le tribunal suprême d’Israël, était constitué de 71 membres sous la présidence du souverain sacrificateur. Ce tribunal se réunissait chaque jour au temple, excepté les jours de sabbat et d’autres jours festifs. En principe, il n’avait pas le pouvoir de condamner à la peine capitale (#Jn 18: 31), mais, comme dans le cas d’Etienne, cette restriction n’empêchait pas les lapidations d’avoir lieu (cf. #Ac 6:12-14 ; #Ac 7:58-60). Les gouverneurs romains trouvaient souvent leur intérêt à ignorer de tels incidents. Dans le cas de Jésus, les hommes qui le jugeaient étaient ceux-là mêmes qui avaient préalablement comploté contre lui (cf. #Jn 11:47-50).
bonne conscience. Le système d’alarme de l’âme qui permet aux êtres humains de juger leurs motivations et leurs actions selon les valeurs morales du bien et du mal. La conscience ne peut remplir la fonction pour laquelle Dieu l’a conçue qu’à condition de se référer aux critères moraux et spirituels les plus élevés et aux normes les plus exigeantes. Cela signifie qu’elle doit être soumise au Saint-Esprit qui s’exprime par l’intermédiaire de la Parole de Dieu (cf. #Ro 12:1-2 ; #1Ti 1:19 ; #2Ti 2:15 ; #Hé 9:14 ; #Hé 10:22). Pleinement illuminée par le Saint-Esprit, la conscience de Paul ne portait aucune charge contre lui (cf. #Ac 23: 1 ; #Ac 24: 16 ; #1Ti 1:5 ; #1Ti 3:9 ; #2Ti 1:3). Cependant, en dernier lieu, Dieu seul peut juger des motivations de l’homme (#1Co 4:1-5).
cf. #Ac 24: 16 ; #2Ti 1:3.
2 Le souverain sacrificateur Ananias ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche.
souverain sacrificateur Ananias. Il ne s’agit pas ici du sacrificateur Anne mentionné dans les Évangiles. Cet homme était l’un des souverains sacrificateurs les plus cruels et les plus corrompus. Ses prises de position favorables aux Romains lui valurent d’être rejeté par le peuple juif, qui l’assassinat lorsque la révolte contre Rome éclata en 66.
ordonna … de le frapper. Un acte illégal tout à fait conforme au caractère brutal d’Ananias. Le mot traduit par « frapper » est employé pour parler de la foule qui frappait Paul (#Ac 21: 32) et des soldats romains qui frappaient Jésus (#Mt 27: 30). Il ne s’agissait pas simplement d’une gifle, mais d’un coup violent.
3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu’on me frappe !
muraille blanchie. Cf. #Ez 13:10-16 ; #Mt 23: 27.
tu violes la loi. Outré par l’attitude du souverain sacrificateur qui violait ouvertement la loi, Paul éclata de colère. Lorsque Jésus avait subi le même traitement, il avait réagi avec calme en demandant pourquoi il avait été frappé (#Jn 18: 23). Paul reconnut lui-même que sa réaction était inappropriée (v. #Ac 23: 5). Ananias était certes un homme mauvais, mais il occupait néanmoins une fonction ordonnée par Dieu, et il avait droit au respect que sa position lui conférait.
4 Ceux qui étaient près de lui dirent: Tu insultes le souverain sacrificateur de Dieu !
Tu insultes. Les personnes qui assistaient à la scène furent choquées par cette vive critique du souverain sacrificateur. Le même verbe grec décrit le comportement des chefs juifs qui proféraient des injures à l’encontre de l’aveugle-né guéri par Jésus (#Jn 9:28). Pierre l’employa aussi pour parler des outrages dont Jésus fut la victime (#1Pi 2:23).
5 Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple.
Je ne savais pas. Certains voient dans cette confession une preuve supplémentaire des problèmes oculaires de Paul (cf. #Ga 4:15); d’autres pensent que, sous l’emprise de la colère, Paul avait oublié à qui il s’adressait; d’autres encore croient discerner de l’ironie dans sa réponse: les agissements d’Ananias ne correspondaient pas à l’attitude qui convenait à un souverain sacrificateur. L’explication la plus simple consiste à prendre les paroles de Paul à la lettre: en raison de son absence de plusieurs années de Jérusalem, il n’était pas en mesure de reconnaître Ananias, d’autant que celui-ci ne portait pas ses vêtements officiels. Il s’agissait en effet d’une réunion informelle du sanhédrin.
il est écrit. Citation d’#Ex 22: 28.
6 ¶ Paul, sachant qu’une partie de l’assemblée était composée de sadducéens et l’autre de pharisiens, s’écria dans le sanhédrin : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisiens ; c’est à cause de l’espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement.
L’attitude hautaine d’Ananias et son acte illégal convainquirent Paul qu’il ne serait pas traité de manière équitable devant le sanhédrin. Il décida en conséquence d’entreprendre une action audacieuse: en tant que pharisien, et peut-être ancien membre du sanhédrin, il connaissait parfaitement les tensions qui existaient entre les deux factions composant le conseil. Il en appela au soutien des pharisiens en leur rappelant qu’il était l’un d’eux et en évoquant la différence théologique fondamentale entre eux et les sadducéens. C’est ainsi qu’il créa une division à l’intérieur du sanhédrin.
7 Quand il eut dit cela, il s’éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l’assemblée se divisa.
il s’éleva une discussion. Des différences profondes d’ordre social, politique et théologique opposaient les sadducéens aux pharisiens. Paul mentionna la résurrection laquelle était probablement l’objet de la controverse la plus violente entre les deux groupes - en vue d’obtenir un soutien de la part des pharisiens. Il ne s’agissait pas d’une manipulation cynique pour diviser le sanhédrin sur un point théologique insignifiant, puisque la résurrection de Jésus-Christ constitue un thème fondamental de la foi chrétienne.
8 Car les sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, et qu’il n’existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses.
sadducéens … pharisiens. Les sadducéens ne reconnaissaient que le Pentateuque comme Écriture inspirée. Ils affirmaient (à tort, cf. #Mt 22:23-33) que les livres de Moïse n’enseignaient pas la résurrection et, par conséquent, ils rejetaient cette doctrine. Les pharisiens, au contraire, croyaient en la résurrection et en une vie après la mort. Leur doctrine était ainsi plus proche de la doctrine chrétienne que celle des sadducéens. Il est à remarquer que l’Écriture mentionne des cas de conversion de pharisiens (#Ac 15: 5 ; #Jn 3:1), mais jamais de sadducéens.
9 Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; peut-être un esprit ou un ange lui a-t-il parlé.
scribes du parti des pharisiens. Sur les questions de théologie, leur désaccord avec les sadducéens était si vif qu’ils étaient prêts à défendre Paul, même s’il était un chef de la secte des chrétiens qu’ils haïssaient (cf. #Ac 24: 5).
10 Comme la discorde allait croissant, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens, fit descendre les soldats pour l’enlever du milieu d’eux et le conduire à la forteresse.
11 La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul, et dit : Prends courage ; car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome.
le Seigneur apparut à Paul. C’est la cinquième des six visions de Paul dans les Actes (cf. #Ac 9:3-6 ; #Ac 16:9-10 ; #Ac 18:9-10 ; #Ac 22:17-18 ; #Ac 27:23-24), qui intervinrent toutes à des moments décisifs de son ministère.
rendes témoignage dans Rome. Jésus encouragea Paul en lui confirmant que son désir d’aller à Rome (#Ro 1:9-11 ; #Ro 15: 23) se réaliserait.
12 ¶ Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un complot, et firent des imprécations contre eux-mêmes, en disant qu’ils s’abstiendraient de manger et de boire jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul.
firent des imprécations contre eux-mêmes. Littéralement « ils se rendirent eux-mêmes anathèmes » (cf. #Ga 1:8-9), c’est-à-dire qu’ils demandèrent le jugement de Dieu sur eux au cas où ils ne tiendraient pas parole (cf. #1S 14: 44 ; #2S 3:35 ; #2S 19: 13 ; #1R 2:23 ; #2R 6:31).
13 Ceux qui formèrent ce complot étaient plus de quarante,
14 et ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens, auxquels ils dirent: Nous nous sommes engagés, avec des imprécations contre nous-mêmes, à ne rien manger jusqu’à ce que nous ayons tué Paul.
les principaux sacrificateurs et les anciens. cf. #Mt 16: 21. En tant que sadducéens, ils étaient prédisposés à prendre part à la conspiration. L’absence des scribes est significative: comme ils se recrutaient majoritairement parmi les pharisiens, ils avaient déjà manifesté leur volonté de défendre Paul (v. #Ac 23: 9).
les principaux sacrificateurs et les anciens. cf. #Mt 16: 21. En tant que sadducéens, ils étaient prédisposés à prendre part à la conspiration. L’absence des scribes est significative: comme ils se recrutaient majoritairement parmi les pharisiens, ils avaient déjà manifesté leur volonté de défendre Paul (v. #Ac 23: 9).
15 Vous donc, maintenant, adressez-vous avec le sanhédrin au tribun, pour qu’il l’amène devant vous, comme si vous vouliez examiner sa cause plus exactement ; et nous, avant qu’il approche, nous sommes prêts à le tuer.
16 Le fils de la sœur de Paul, ayant eu connaissance du guet-apens, alla dans la forteresse en informer Paul.
Le fils de la sœur de Paul. C’est l’unique allusion explicite à un membre de la famille de Paul dans l’Écriture (pour d’autres allusions probables, voir #Ro 16: 7, #Ro 16: 11, #Ro 16: 21). On ignore tout des raisons de son séjour à Jérusalem, loin de Tarse, et des motivations qui le poussèrent à avertir son oncle. Son intervention est d’autant plus surprenante que Paul avait certainement été déshérité par sa famille lorsqu’il était devenu chrétien (#Ph 3:8).
alla dans la forteresse en informer Paul. Puisque Paul n’était pas aux arrêts, mais se trouvait seulement en détention préventive, il lui était permis de recevoir des visites.
17 Paul appela l’un des centeniers, et dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter.
18 Le centenier prit le jeune homme avec lui, le conduisit vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m’a appelé, et il m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire.
19 Le tribun, prenant le jeune homme par la main, et se retirant à l’écart, lui demanda : Qu’as-tu à m’annoncer ?
20 Il répondit : Les Juifs sont convenus de te prier d’amener Paul demain devant le sanhédrin, comme si tu devais t’enquérir de lui plus exactement.
21 Ne les écoute pas, car plus de quarante d’entre eux lui dressent un guet-apens, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne rien manger ni boire jusqu’à ce qu’ils l’aient tué ; maintenant ils sont prêts, et n’attendent que ton consentement.
22 Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de ne parler à personne de ce rapport qu’il lui avait fait.
23 Ensuite il appela deux des centeniers, et dit : Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée.
troisième heure de la nuit. C’est-à-dire 9 heures du soir.
soldats … cavaliers … archers. Les « soldats » étaient des légionnaires, les soldats d’élite de l’armée romaine; les « cavaliers » appartenaient au détachement de cavalerie de la cohorte; les « archers », ou lanceurs de javelot, étaient des soldats armés plus légèrement que les légionnaires. Lysias envoya près de la moitié des 1000 hommes qui se trouvaient sous ses ordres, ce qui montre à quel point la situation et le complot contre Paul lui paraissaient sérieux.
23:23-24
Lysias comprit qu’il devait agir, s’il voulait contrecarrer le plan des conspirateurs, éviter une confrontation avec les Juifs qui pouvait échapper à son contrôle et dégénérer, et sauver la vie de Paul. Il lui faudrait faire sortir l’apôtre de Jérusalem et le conduire auprès de son supérieur, le gouverneur Félix, à Césarée.
24 Qu’il y ait aussi des montures pour Paul, afin qu’on le mène sain et sauf au gouverneur Félix.
25 Il écrivit une lettre ainsi conçue:
26 Claude Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut !
gouverneur Félix. Gouverneur de Judée de 52 à 59. C’était un ancien esclave dont le frère (qui avait les faveurs de l’empereur Claude) avait réussi à lui obtenir la fonction de gouverneur. Il ne jouissait pas d’une grande considération auprès des notables romains de son temps, et il effectua peu d’actions remarquables durant son mandat de gouverneur. Il vainquit l’Égyptien et ses partisans, mais sa brutalité enflammait les Juifs et contribua à sa destitution par l’empereur Néron, deux ans après l’audience de Paul (v. #Ac 24: 27).
27 Cet homme, dont les Juifs s’étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des soldats et le leur enlevai, ayant appris qu’il était Romain.
ayant appris qu’il était Romain. En réalité, Lysias ne l’avait appris qu’après avoir arrêté Paul (#Ac 22:25-26). Il tentait de se présenter sous le meilleur jour aux yeux du gouverneur. C’est la raison pour laquelle il omit de mentionner son ordre initial de fouetter Paul (#Ac 22: 24) ainsi que son erreur qui lui avait fait prendre l’apôtre pour un criminel égyptien notoire (#Ac 21: 38).
28 Voulant connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’amenai devant leur sanhédrin.
29 J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui mérite la mort ou la prison.
questions relatives à leur loi. L’absence de mention par Lysias d’une violation quelconque de la loi romaine revenait à déclarer Paul innocent.
30 Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l’ai aussitôt envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu’ils eussent à s’adresser eux-mêmes à toi. Adieu.
ils ont à s’adresser eux-mêmes à toi. Comme le complot contre Paul rendait tout interrogatoire à Jérusalem dangereux, Lysias fut contraint de confier le cas de Paul à Félix.
31 Les soldats, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul, et le conduisirent pendant la nuit jusqu’à Antipatris.
Antipatris. Un poste militaire romain situé à environ 60 km de Jérusalem. De nombreux voyageurs qui allaient de Jérusalem à Césarée y faisaient halte. Paul et son escorte l’atteignirent en une nuit (v. #Ac 23: 32), ce qui signifiait une allure de marche épuisante pour les fantassins.
32 Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec lui, ils retournèrent à la forteresse.
cavaliers. Le danger était moindre de tomber dans une embuscade dans la région de Samarie, peuplée en grande partie de non-Juifs, et la présence des fantassins n’était plus requise.
33 Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent Paul.
Césarée. Cf. #Ac 8:40. Une ville importante de la Méditerranée, située à près de 50 km au nord de Joppé. C’était la capitale de la province romaine de Judée, ainsi que la demeure du procurateur romain et le quartier général d’une garnison romaine importante.
34 Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul. Ayant appris qu’il était de la Cilicie:
de quelle province était Paul. Félix voulait s’assurer que Paul relevait effectivement de sa juridiction.
de la Cilicie. Comme la Judée et la Cilicie étaient à cette époque sous l’autorité du légat de Syrie, il était dans les attributions de Félix de s’occuper du cas de Paul.
35 Je t’entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu’on le gardât dans le prétoire d’Hérode.
prétoire d’Hérode. C’était la résidence officielle de Félix à Césarée.
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