ANCIEN TESTAMENT JOUR 292 DE 929

18/10/2019 00:26

ANCIEN TESTAMENT JOUR 292 DE 929

INTRODUCTION et 1 Rois 01 de 22

 

Introduction

Cette introduction concerne les premier et second livres des Rois.

Titre

       Intitulés « les Rois » en hébreu, d’après le premier mot de 1:1, les deux livres des Rois ne formaient à l’origine qu’un seul et même volume. C’est la traduction grecque des Septante qui a séparé le texte en deux parties. Cette division, suivie par la Vulgate (version latine de la Bible) et par les versions modernes, reposait sur des considérations pratiques et non sur le contenu. En effet, il était plus facile, ainsi, de copier cet ouvrage volumineux sur des rouleaux. Les Bibles hébraïques modernes ont intitulé les deux livres « Rois A » et « Rois B ». Quant à la version des Septante et à la Vulgate, elles les ont rattachés à ceux de Samuel, de sorte qu’ils s’y intitulent respectivement « troisième et quatrième livres des Règnes » et « troisième et quatrième livres des Rois ». Ensemble, les livres de Samuel et des Rois relatent toute l’histoire de la monarchie en Juda et en Israël, de Saül à Sédécias. De leur côté, les deux livres des Chroniques ne s’intéressent qu’à l’histoire de Juda.

 

Auteur et date

       Il est improbable que Jérémie soit l’auteur des livres des Rois, comme l’a pourtant suggéré la tradition rabbinique. En effet, le dernier événement qui y est relaté (voir #2R 25:27-30) a pour cadre Babylone, en 561 av. J.-C. Or Jérémie ne s’est pas rendu à Babylone, mais en Egypte (#Jér 43:1-7), et il aurait été âgé d’au moins 86 ans à cette date-là. En fait, l’identité de l’auteur n’a jamais été dévoilée. Toutefois, étant donné l’importance accordée au ministère prophétique dans le texte, il s’agissait vraisemblablement d’un prophète anonyme de l’Eternel en exil à Babylone.

Les livres des Rois ont dû être composés entre 561 et 538 av. J.-C. La première date, celle avant laquelle ils n’ont pu être achevés, est déterminée par le dernier événement qui y est rapporté (#2R 25:27-30). En outre, comme la fin de la captivité babylonienne n’y est pas mentionnée, l’édit libérateur de 538 av. J.-C. marque l’ultime délai de rédaction. Ces dates sont parfois remises en question à cause de la présence de l’expression « jusqu’à ce jour » en #1R 8:8 ; #1R 9:13, #1R 9:21 ; #1R 10:12 ; #1R 12:19 ; #2R 2:22 ; #2R 8:22 ; #2R 10:27 ; #2R 14:7 ; #2R 16:6 ; #2R 17:23, #2R 17:34, #2R 17:41 ; #2R 21:15. Cependant, il est préférable de considérer qu’elle est due aux sources utilisées plutôt qu’au rédacteur lui-même.

 

       Il est manifeste que l’auteur a rédigé son texte en puisant dans divers écrits tels que « le livre des actes de Salomon » (#1R 11:41), « le livre des Chroniques des rois d’Israël » (#1R 14:19 ; #1R 15:31 ; #1R 16:5, #1R 16:14, #1R 16:20, #1R 16:27 ; #1R 22:39 ; #2R 1:18 ; #2R 10:34 ; #2R 13:8, #2R 13:12 ; #2R 14:15, #2R 14:28 ; #2R 15:11, #2R 15:15, #2R 15:21, #2R 15:26, #2R 15:31) et « le livre des Chroniques des rois de Juda » (#1R 14:29 ; #1R 15:7, #1R 15:23 ; #1R 22:46 ; #2R 8:23 ; #2R 12:19 ; #2R 14:18 ; #2R 15:6, #2R 15:36 ; #2R 16:19 ; #2R 20:20 ; #2R 21:17, #2R 21:25 ; #2R 23:28 ; #2R 24:5). Plus loin dans la Bible, #Esa 36:1-39:8 fournit des informations qui apparaissent dans #2R 18:9-20:19, tandis que #Jér 52:31-34 semble être la source de #2R 25:27-29. Ces parallèles permettent d’avancer qu’il y a un seul et même auteur, inspiré par Dieu, qui a vécu à Babylone pendant l’exil et s’est servi des sources préexiliques à sa disposition.

 

Contexte et arrière-plan

       Il convient de distinguer le contexte des ouvrages qui ont servi de sources de celui des Rois. Les premiers ont été composés par des témoins oculaires qui ont pris part aux événements relatés. Leurs récits sont donc fiables et fournissent des données historiques précises sur les Israélites, de la mort de David et l’accession au trône de Salomon (971 av. J.-C.) à la destruction du temple et de Jérusalem par les Babyloniens (586 av. J.-C.). Sur cette base, les livres des Rois retracent en parallèle l’histoire de deux lignées royales et de deux nations rebelles, Israël et Juda, qui, du fait de leur indifférence grandissante à la loi de Dieu et à ses prophètes, se dirigeaient tout droit vers la déportation.

Les Rois ne se contentent pas de livrer un récit historique exact: ils interprètent aussi cette histoire. Vivant à Babylone, l’auteur désirait transmettre à ses compagnons d’exil les enseignements à tirer de l’histoire. Il chercha en particulier à exposer à la communauté juive les raisons pour lesquelles l’Eternel avait dû juger son peuple en l’exilant. Dès le début, il souligna donc que Dieu avait présenté l’obéissance des rois à la loi mosaïque comme une condition pour que le royaume jouisse de ses bénédictions et avait averti qu’un comportement désobéissant déboucherait sur leur déportation (#1R 9:3-9). Cela n’avait pas empêché la triste réalité historique: tous les rois d’Israël et la majorité de ceux de Juda avaient fait « ce qui est mal aux yeux de l’Eternel ». Ils s’étaient comportés en apostats et avaient poussé le peuple à pécher en ne combattant pas l’idolâtrie, pire même, en l’approuvant. En raison de ces manquements, l’Eternel avait envoyé ses prophètes pour confronter à la fois les monarques et le peuple à leur péché et à la nécessité de revenir à lui. Cependant, leur message avait été rejeté, et les prophètes avaient alors annoncé le départ des deux nations en exil (#2R 17:13-23 ; #2R 21:10-15). A l’instar des autres prophéties contenues dans ces livres, cet oracle divin s’était accompli (#2R 17:5-6 ; #2R 25:1-11), et cela avait amené l’auteur des Rois à méditer sur l’épreuve de l’exil dont les Israélites faisaient l’expérience. Il voulait aider ses compatriotes à comprendre pourquoi ils avaient subi le châtiment promis par l’Eternel contre l’idolâtrie. Il voulait aussi leur montrer que le Dieu qui avait fait preuve de miséricorde envers Achab (#1R 21:27-29) et Jojakin (#2R 25:27-30) souhaitait adopter la même attitude envers eux.

       D’un point de vue géographique, les événements des livres des Rois ont pour cadre principal le territoire d’Israël, depuis Dan jusqu’à Beer-Schéba en passant par la Transjordanie (#1R 4:25). Quatre peuples envahisseurs jouèrent un rôle important dans l’histoire d’Israël et de Juda, de 971 à 561 av. J.-C.

1° Au Xe siècle av. J.-C., pendant les règnes de Salomon et de Roboam, ce fut d’abord l’Egypte qui fut la puissance dominante (#1R 3:1 ; #1R 11:14-22, #1R 11:40 ; #1R 12:2 ; #1R 14:25-27).

2° Au cours du IXe siècle, vers 890-800 av. J.-C., la Syrie (Aram) menaça à son tour dangereusement la sécurité d’Israël (#1R 15:9-22 ; #1R 20:1-34 ; #1R 22:1-4, #1R 22:29-40 ; #2R 6:8-7:20 ; #2R 8:7-15 ; #2R 10:32-33 ; #2R 12:17-18 ; #2R 13:22-25).

3° La période comprise entre 800 et 750 av. J.-C. correspondit à un demi-siècle de paix et de prospérité pour Israël et Juda, car l’Assyrie avait neutralisé la Syrie et ne se préoccupait pas de ses voisins du sud. Mais un changement intervint sous le règne de Tiglath-Piléser III (#2R 15:19-20, #2R 15:29), et du milieu du VIIIe siècle jusqu’à la fin du VIIe siècle, l’Assyrie répandit la terreur dans toute la région. Finalement, elle parvint à conquérir et à détruire Israël (le royaume du nord) en 722 av. J.-C. (#2R 17:4-6). Elle assiégea même Jérusalem en 701 av. J.-C. (#2R 18:17-19:37).

4° De 612 à 539 av. J.-C., ce fut au tour de Babylone de dominer le monde antique. Ses troupes envahirent Juda (le royaume du sud) à trois reprises, et elles détruisirent Jérusalem et son temple lors de leur troisième assaut, en 586 av. J.-C. (#2R 24:1-25:21).

 

Thèmes historiques et théologiques

       Les livres des Rois sont donc consacrés à l’histoire des Israélites de 971 à 561 av. J.-C.

1° Une première section (#1R 1:1-11:43) décrit l’intronisation et le règne de Salomon (av. J.-C.).

2° L’histoire des royaumes de Juda et d’Israël après le schisme (av. J.-C.) est couverte par la section qui va de #1R 12:1 à #2R 17:41. La construction narrative qui y prévaut permet d’aborder à la fois les rois du nord et du sud, avec une structure littéraire identique pour chaque règne. Tout d’abord, une introduction précise a) le nom du roi et ses liens avec son prédécesseur, b) le moment de son accession au trône par rapport au règne de son homologue du nord ou du sud, c) l’âge auquel il est monté sur le trône (pour les rois de Juda seulement), d) la durée de son règne, e) le lieu d’exercice de son autorité, f) le nom de sa mère (pour Juda seulement) et g) l’évaluation spirituelle que l’on peut faire de son règne. Cette introduction est suivie d’une description des événements survenus au cours du règne, description plus ou moins détaillée selon les cas. Chaque récit se termine par a) une citation des sources, b) des notes historiques supplémentaires, c) la mention de la mort du roi, d) la description de son ensevelissement, e) le nom de son successeur et, dans certains cas, f) un post-scriptum (p. ex. #1R 15:32 ; #2R 10:36).

3° La période où il ne resta que le royaume de Juda (av. J.-C.) est décrite en #2R 18:1-25:21.

4° Les deux paragraphes conclusifs relatent des événements postérieurs à la déportation à Babylone (#2R 25:22-26, #2R 25:27-30).

 

Trois thèmes théologiques apparaissent dans les livres des Rois.

1° Le Seigneur a jugé Israël et Juda pour leur désobéissance à sa loi (#2R 17:7-23). Cette infidélité du peuple était aggravée par l’apostasie des rois impies qui entraînaient leurs sujets dans l’idolâtrie (#2R 17:21-22 ; #2R 21:11). La colère de Dieu s’est alors abattue en toute justice sur son peuple rebelle.

2° Les prophéties des prophètes authentiques se sont accomplies (#1R 13:2-3 ; #1R 22:15-28 ; #2R 23:16 ; #2R 24:2), confirmant la fidélité de Dieu à sa parole, y compris à ses annonces de jugement.

3° L’Eternel s’est souvenu de la promesse qu’il avait faite à David (#1R 11:12-13, #1R 11:34-36 ; #1R 15:4 ; #2R 8:19): malgré la désobéissance des rois issus de lui, il n’a pas détruit sa dynastie, contrairement au sort réservé aux familles de Jéroboam Ier, d’Omri et de Jéhu en Israël. A la fin des Rois, la descendance de David est encore présente (#2R 25:27-30). L’espoir subsiste donc de voir surgir la « postérité » promise (voir #2S 7:12-16). Ainsi, le Seigneur est présenté comme fidèle, et sa parole comme digne de confiance.

 

Questions d’interprétation

       C’est la chronologie des rois d’Israël et de Juda qui soulève les plus grandes difficultés en matière d’interprétation. Les livres des Rois contiennent de nombreuses données chronologiques qui sont difficiles à interpréter pour deux raisons.

1° Tout d’abord, il semble y avoir une certaine incohérence interne dans les informations fournies. Par exemple, #1R 16:23 affirme qu’Omri commence à régner sur Israël à partir de la 31e année du règne d’Asa sur Juda, et qu’il règne 12 ans. Cependant, selon #1R 16:29, Achab succède à son père Omri lors de la 38e année du règne d’Asa, ce qui signifie qu’Omri n’aurait régné que 7 ans, et non pas 12 (voir la solution à ce problème dans la note sur #1R 16:23).

2° Les sources extrabibliques (grecques, assyriennes et babyloniennes), mises en corrélation avec les données astronomiques, permettent de préciser toute une série de dates de 892 à 566 av. J.-C. Etant donné les mentions probables d’Achab et de Jéhu, rois d’Israël, dans les annales assyriennes, il est possible de dater l’année de la mort d’Achab de 853 av. J.-C. et celle du début du règne de Jéhu de 841 av. J.-C. Partant de là, il est possible d’établir que le schisme entre Israël et Juda intervint vers 931 av. J.-C., la chute de Samarie en 722 av. J.-C. et celle de Jérusalem en 586 av. J.-C. Cependant, lorsqu’on additionne toutes les années de règne des livres des Rois, leur total s’élève, pour Israël, à 241 ans (au lieu des 210 ans qui séparent 931 av. J.-C. de 722 av. J.-C.) et, pour Juda, à 393 ans (au lieu des 346 ans qui séparent 931 av. J.-C. de 586 av. J.-C.). Néanmoins, on admet qu’il y eut, dans les deux royaumes, des périodes de corégence où deux rois, généralement le père et le fils, exerçaient ensemble le pouvoir. Ces années sont comptées à double, puisqu’elles sont attribuées à chacun des rois concernés. A cela s’ajoutent le recours à des méthodes différentes pour calculer la durée de règne des divers souverains et l’emploi de calendriers différents à divers moments dans les deux royaumes. Tous ces facteurs expliquent la présence de ce qui ressemble à des incohérences internes. Néanmoins, l’exactitude générale de la chronologie des livres des Rois peut être démontrée et confirmée.

 

       Le rapport entre Salomon et les alliances davidique et abrahamique pose la seconde grande question d’interprétation.

1° D’après certains, #1R 4:20-21 signalerait l’accomplissement des promesses faites à Abraham (cf. #Ge 15:18-21 ; #Ge 22:17). Cependant, selon #No 34:6, la frontière ouest du territoire promis au patriarche devait être constituée par la mer Méditerranée. Or, dans #1R 5:1ss, Hiram est présenté comme le roi indépendant de Tyr (le long de la Méditerranée), puisqu’il traite le roi d’Israël comme son égal. Même si sa sphère d’influence comprenait une bonne partie du territoire promis à Abraham, le royaume de Salomon n’accomplissait donc pas la promesse relative au pays.

2° Dans #1R 5:5 et #1R 8:20 figurent des déclarations de Salomon lui-même dans lesquelles il se présente comme la postérité promise dans l’alliance davidique (cf. #2S 7:12-16). L’auteur des Rois n’exclut certes pas la possibilité que le temple érigé par ce roi représente l’accomplissement de la promesse de l’Eternel à David, mais les conditions nécessaires à cet accomplissement sont répétées (#1R 6:12), et il apparaît clairement que Salomon ne les remplissait pas (#1R 11:9-13). En fait, aucun des rois de la dynastie davidique n’a fait preuve de la parfaite obéissance qui devait caractériser la « postérité » promise.

 

       Ainsi donc, d’après les livres des Rois, les alliances abrahamique et davidique n’avaient pas encore trouvé leur accomplissement. Cela laissait tout loisir aux prophètes postérieurs (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze petits prophètes) d’orienter les regards d’Israël vers l’avenir et vers l’espoir de la venue du Messie, celui qui accomplirait toutes les alliances (voir #Esa 9:5-6).

Plan

       Puisque la division entre 1 et 2 Rois intervient, de façon totalement arbitraire, au milieu du récit relatif au règne d’Achazia sur Israël, le plan qui suit couvre les deux livres.

I. Le royaume unifié: le règne de Salomon (1 R 1:1-11:43)

A. Ascension de Salomon (1 R 1:1-2:46)

B. Sagesse et richesse de Salomon à leur début (1 R 3:1-4:34)

C. Préparatifs pour la construction du temple (1 R 5:1-18)

D. Construction du temple et du palais de Salomon (1 R 6:1-9:9)

E. Nouvelles constructions (1 R 9:10-28)

F. Sagesse et richesse de Salomon à leur sommet (1 R 10:1-29)

G. Déclin de Salomon (1 R 11:1-43)

II. Le royaume divisé: les rois d’Israël et de Juda (1 R 12:1-2 R 17:41)

 

A. Montée de l’idolâtrie: Jéroboam Ier et Roboam (1 R 12:1-14:31)

B. Succession des rois de Juda et d’Israël (1 R 15:1-16:22)

C. La dynastie d’Omri et son influence (1 R 16:23-2 R 13:25)

 

1. Introduction du culte de Baal (1 R 16:23-34)

2. Opposition d’Elie au culte de Baal (1 R 17:1-2 R 1:18)

3. Impact du ministère d’Elisée (2 R 2:1-9:13)

4. Renversement du culte de Baal en Israël (2 R 9:14-10:36)

5. Renversement du culte de Baal en Juda (2 R 11:1-12:21)

6. Mort d’Elisée (2 R 13:1-25)

 

D. Succession des rois de Juda et d’Israël (2 R 14:1-15:38)

E. Exil d’Israël en Assyrie (2 R 16:1-17:41)

 

III. Le royaume rescapé: les rois de Juda (2 R 18:1-25:21)

 

A. Bon règne d’Ezéchias (2 R 18:1-20:21)

B. Mauvais règnes de Manassé et d’Amon (2 R 21:1-26)

C. Bon règne de Josias (2 R 22:1-23:30)

D. Exil de Juda à Babylone (2 R 23:31-25:21)

 

IV. Epilogue (2 R 25:22-30)

1 Rois 01 : 1 À 53

1 ¶  Le roi David était vieux, avancé en âge ; on le couvrait de vêtements, et il ne pouvait se réchauffer.

avancé en âge. David avait 70 ans (cf. #2S 5:4-5).

1:1-11:43

La première partie des Rois relate le règne de Salomon. La structure littéraire est centrée autour de ses différentes entreprises de construction (#1R 6:1-9:9) et atteint son point culminant avec son incapacité de suivre l’Eternel de tout son cœur (#1R 11:1-43).

2  Ses serviteurs lui dirent : Que l’on cherche pour mon seigneur le roi une jeune fille vierge ; qu’elle se tienne devant le roi, qu’elle le soigne, et qu’elle couche dans ton sein ; et mon seigneur le roi se réchauffera.

le roi se réchauffera. Vu son grand âge, le roi David avait des problèmes circulatoires et avait, par conséquent, toujours froid. Ses serviteurs lui proposèrent de chercher une jeune fille vierge qui pourrait veiller sur lui et le réchauffer, la nuit, par la chaleur de son corps. Cela correspondait aux pratiques médicales de l’Antiquité; l’historien juif Flavius Josèphe (Ier siècle apr. J.-C.) et le médecin grec Galien (IIe siècle apr. J.-C.) se font tous deux l’écho de coutumes similaires.

3  On chercha dans tout le territoire d’Israël une fille jeune et belle, et on trouva Abischag, la Sunamite, que l’on conduisit auprès du roi.

Abischag, la Sunamite. Abischag était une très belle adolescente de la ville de Sunem, ville située sur le territoire d’Issacar, à 5 km au nord de Jizreel (#Jos 19:18 ; #1S 28:4 ; #2R 4:8). Il ne s’agit pas de la Sulamithe du Cantique de Salomon, originaire de la même ville (voir #Ca 7:1).

4  Cette jeune fille était fort belle. Elle soigna le roi, et le servit ; mais le roi ne la connut point.

le roi ne la connut point. Tout en intégrant le harem de David (cf. #1R 2:17, #1R 2:22-24), Abischag resta vierge.

5 ¶  Adonija, fils de Haggith, se laissa emporter par l’orgueil jusqu’à dire : C’est moi qui serai roi ! Et il se procura un char et des cavaliers, et cinquante hommes qui couraient devant lui.

Adonija. Adonija était le quatrième fils de David (#2S 3:4) et probablement le plus âgé encore en vie, puisque Amnon (#2S 13:28-29) et Absalom (#2S 18:14-15) avaient été tués et que Kileab était apparemment mort très jeune (il n’est plus parlé de lui après sa naissance, #2S 3:3). En tant qu’aîné des héritiers du trône, il revendiqua la royauté.

un char et des cavaliers. Comme Absalom (#2S 15:1), Adonija chercha à confirmer et appuyer ses prétentions au trône en levant une petite armée.

6  Son père ne lui avait de sa vie fait un reproche, en lui disant : Pourquoi agis-tu ainsi ? Adonija était, en outre, très beau de figure, et il était né après Absalom.

7  Il eut un entretien avec Joab, fils de Tseruja, et avec le sacrificateur Abiathar ; et ils embrassèrent son parti.

Joab. Neveu (#1Ch 2:16) et partisan fidèle de David (#2S 18:2 ; #2S 20:22), chef de l’armée d’Israël (#2S 8:16), il s’était rendu coupable de tuer de façon tout à fait illégitime Abner et Amasa (#1R 2:5 ; cf. #2S 3:39 ; #2S 20:10). Adonija voulut s’assurer de son soutien.

Abiathar. C’était un des deux souverains sacrificateurs qui exerçaient simultanément leurs fonctions sous le règne de David (#2S 8:17). Adonija chercha à profiter de son influence.

8  Mais le sacrificateur Tsadok, Benaja, fils de Jehojada, Nathan le prophète, Schimeï, Réï, et les vaillants hommes de David, ne furent point avec Adonija.

Tsadok. C’était le souverain sacrificateur qui officiait parallèlement à Abiathar sous le règne de David (#2S 8:17). Ses descendants serviront dans le temple du millénium (selon mon interprétation d’#Ez 44:15). Il avait servi dans le tabernacle lorsque celui-ci se trouvait à Gabaon, sous Saül (#1Ch 16:39).

Benaja. Chef des Kéréthiens et des Péléthiens (v. #1R 1:44), les gardes officiels de David reconnus pour leur bravoure (voir #2S 23:20). Joab le considérait comme un rival.

Nathan. Le prophète le plus influent à l’époque de David (#2S 7:1-17 ; #2S 12:1-15, #2S 12:25).

Schimeï. Cf. #1R 4:18. Il ne s’agit pas de l’homme mentionné en #1R 2:8, #1R 2:36-46 ; #2S 16:5-8.

vaillants hommes. Voir #2S 23:8-39.

9  Adonija tua des brebis, des bœufs et des veaux gras, près de la pierre de Zohéleth, qui est à côté d’En-Roguel ; et il invita tous ses frères, fils du roi, et tous les hommes de Juda au service du roi.

Zohéleth. Littéralement « serpent ». Ce devait être un point de repère situé au même endroit qu’un ancien lieu de culte du serpent des Jébusiens.

En-Roguel. Littéralement « source du foulon ». Cette fontaine se trouvait au sud de Jérusalem. On la situe traditionnellement juste en dessous du confluent des vallées du Cédron et de Hinnom. Adonija organisa ce rassemblement politique pour se rendre populaire et soutenir ainsi ses prétentions au trône.

10  Mais il n’invita point Nathan le prophète, ni Benaja, ni les vaillants hommes, ni Salomon, son frère.

11 ¶  Alors Nathan dit à Bath-Schéba, mère de Salomon : N’as-tu pas appris qu’Adonija, fils de Haggith, est devenu roi, sans que notre seigneur David le sache ?

Bath-Schéba, mère de Salomon. Les mères des rois de la lignée de David sont régulièrement citées (#1R 2:13, #1R 2:19 ; #1R 14:21 ; #1R 15:2 ; #2R 8:26 ; #2R 12:1 ; #2R 14:2 ; #2R 15:2, #2R 15:33 ; #2R 18:2 ; #2R 21:1, #2R 21:19 ; #2R 22:1 ; #2R 23:31, #2R 23:36 ; #2R 24:8). La reine mère occupait en effet une position influente à la cour. A propos de l’adultère de David avec Bath-Schéba, voir #2S 11.

1:11-27

La révolte d’Adonija fut étouffée par Nathan, car il connaissait la volonté divine (voir #2S 7:12 ; #1Ch 22:9). Il agit sans tarder, d’une part en envoyant Bath-Schéba auprès de David pour lui rapporter ces événements, d’autre part en se présentant lui-même devant le roi (v. #1R 1:23).

12  Viens donc maintenant, je te donnerai un conseil, afin que tu sauves ta vie et la vie de ton fils Salomon.

sauves …  la vie de ton fils. Si Adonija était devenu roi, il aurait certainement mis à mort Bath-Schéba et Salomon car il était courant, dans le Proche-Orient antique, d’éliminer la menace que représentaient les aspirants potentiels au trône et leur famille (cf. #1R 15:29 ; #1R 16:11 ; #2R 10:11).

13  Va, entre chez le roi David, et dis-lui : O roi mon seigneur, n’as-tu pas juré à ta servante, en disant: Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s’assiéra sur mon trône ? Pourquoi donc Adonija règne-t-il ?

n’as-tu pas juré. Ce serment avait été fait en privé (il n’est pas rapporté dans l’Ecriture) par David, peut-être en présence de Nathan. Le fait que l’Eternel avait choisi Salomon apparaissait de façon implicite dans son surnom, Jedidja, qui signifiait « bien-aimé de l’Eternel » (#2S 12:24-25), et de façon explicite dans les paroles que David lui avait adressées (#1Ch 22:6-13). Cf. vv. #1R 1:17, #1R 1:20, #1R 1:35.

14  Et voici, pendant que tu parleras là avec le roi, j’entrerai moi-même après toi, et je compléterai tes paroles.

15  Bath-Schéba se rendit dans la chambre du roi. Il était très vieux ; et Abischag, la Sunamite, le servait.

16  Bath-Schéba s’inclina et se prosterna devant le roi. Et le roi dit: Qu’as-tu ?

17  Elle lui répondit : Mon seigneur, tu as juré à ta servante par l’Eternel, ton Dieu, en disant : Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s’assiéra sur mon trône.

18  Et maintenant voici, Adonija règne ! Et tu ne le sais pas, ô roi mon seigneur !

19  Il a tué des bœufs, des veaux gras et des brebis en quantité ; et il a invité tous les fils du roi, le sacrificateur Abiathar, et Joab, chef de l’armée, mais il n’a point invité Salomon, ton serviteur.

20  O roi mon seigneur, tout Israël a les yeux sur toi, pour que tu lui fasses connaître qui s’assiéra sur le trône du roi mon seigneur après lui.

21  Et lorsque le roi mon seigneur sera couché avec ses pères, il arrivera que moi et mon fils Salomon nous serons traités comme des coupables.

22  Tandis qu’elle parlait encore avec le roi, voici, Nathan le prophète arriva.

23  On l’annonça au roi, en disant: Voici Nathan le prophète ! Il entra en présence du roi, et se prosterna devant le roi, le visage contre terre.

24  Et Nathan dit : O roi mon seigneur, c’est donc toi qui as dit : Adonija régnera après moi, et il s’assiéra sur mon trône !

25  Car il est descendu aujourd’hui, il a tué des bœufs, des veaux gras et des brebis en quantité ; et il a invité tous les fils du roi, les chefs de l’armée, et le sacrificateur Abiathar. Et voici, ils mangent et boivent devant lui, et ils disent : Vive le roi Adonija !

26  Mais il n’a invité ni moi qui suis ton serviteur, ni le sacrificateur Tsadok, ni Benaja, fils de Jehojada, ni Salomon, ton serviteur.

27  Est-ce bien par ordre de mon seigneur le roi que cette chose a lieu, et sans que tu aies fait connaître à ton serviteur qui doit s’asseoir sur le trône du roi mon seigneur après lui ?

28  Le roi David répondit: Appelez-moi Bath-Schéba. Elle entra, et se présenta devant le roi.

1:28-53

Voir #1Ch 29:21-25.

29  Et le roi jura, et dit : L’Eternel qui m’a délivré de toutes les détresses est vivant !

le roi jura. David fit le serment de tenir son serment (!) de désigner Salomon comme son successeur, et il tint parole le jour même.

30  Ainsi que je te l’ai juré par l’Eternel, le Dieu d’Israël, en disant : Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s’assiéra sur mon trône à ma place, — ainsi ferai-je aujourd’hui.

31  Bath-Schéba s’inclina le visage contre terre, et se prosterna devant le roi. Et elle dit : Vive à jamais mon seigneur le roi David !

32 ¶  Le roi David dit : Appelez-moi le sacrificateur Tsadok, Nathan le prophète, et Benaja, fils de Jehojada. Ils entrèrent en présence du roi.

33  Et le roi leur dit : Prenez avec vous les serviteurs de votre maître, faites monter Salomon, mon fils, sur ma mule, et faites-le descendre à Guihon.

sur ma mule. C’était un moyen, pour David, de montrer à Israël qu’il avait désigné Salomon comme son successeur (voir #2S 13:29).

Guihon. Cette source, principal approvisionnement en eau de Jérusalem, se trouvait à l’est de la ville, dans la vallée du Cédron, à moins d’1 km au nord d’En-Roguel (v. #1R 1:9) dont elle était séparée par une colline. Ainsi, Adonija et ses invités pourraient entendre le bruit causé par la cérémonie d’intronisation de Salomon, sans pour autant voir ce qui se passait.

34  Là, le sacrificateur Tsadok et Nathan le prophète l’oindront pour roi sur Israël. Vous sonnerez de la trompette, et vous direz : Vive le roi Salomon !

l’oindront pour roi. Saül et David avaient été oints par Samuel, qui était sacrificateur et prophète de l’Eternel (#1S 10:1 ; #1S 16:13); Salomon devait aussi être établi roi par un sacrificateur et un prophète. La participation de Nathan apporterait la preuve que la bénédiction de l’Eternel reposait sur le couronnement de Salomon. Tout au long du livre des Rois, Dieu recourut aux prophètes pour désigner les rois qu’il avait choisis (#1R 11:37 ; #1R 15:28-29 ; #1R 16:12 ; #2R 9:3).

sonnerez de la trompette. La trompette signalait un rassemblement public. Le peuple reconnaîtrait ainsi le nouveau statut de Salomon: corégent et successeur désigné de David (vv. #1R 1:39-40).

35  Vous monterez après lui ; il viendra s’asseoir sur mon trône, et il régnera à ma place. C’est lui qui, par mon ordre, sera chef d’Israël et de Juda.

d’Israël et de Juda. Les deux principales entités géographiques qui constituèrent le royaume de David, puis de Salomon. Bien qu’étant encore associées, elles étaient bien distinctes et identifiables en tant que telles, et elles finiraient par se séparer (#1R 12:20).

36  Benaja, fils de Jehojada, répondit au roi : Amen ! Ainsi dise l’Eternel, le Dieu de mon seigneur le roi !

37  Que l’Eternel soit avec Salomon comme il a été avec mon seigneur le roi, et qu’il élève son trône au-dessus du trône de mon seigneur le roi David !

38  Alors le sacrificateur Tsadok descendit avec Nathan le prophète, Benaja, fils de Jehojada, les Kéréthiens et les Péléthiens ; ils firent monter Salomon sur la mule du roi David, et ils le menèrent à Guihon.

39  Le sacrificateur Tsadok prit la corne d’huile dans la tente, et il oignit Salomon. On sonna de la trompette, et tout le peuple dit : Vive le roi Salomon !

tente. Il s’agit de la tente dressée à Jérusalem par David (#2S 6:17 ; #1Ch 15:1) pour abriter l’arche de l’alliance.

40  Tout le peuple monta après lui, et le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie ; la terre s’ébranlait par leurs cris.

41 ¶  Ce bruit fut entendu d’Adonija et de tous les conviés qui étaient avec lui, au moment où ils finissaient de manger. Joab, entendant le son de la trompette, dit : Pourquoi ce bruit de la ville en tumulte ?

1:41-49

entendu d’Adonija. Les cris d’acclamation du nouveau roi parvinrent aux oreilles de ceux qui faisaient la fête à En-Roguel avec Adonija. L’arrivée d’un messager apte à décrire le couronnement de Salomon montra que la cause d’Adonija était perdue, et tous ses convives, effrayés, s’empressèrent de l’abandonner.

42  Il parlait encore lorsque Jonathan, fils du sacrificateur Abiathar, arriva. Et Adonija dit : Approche, car tu es un vaillant homme, et tu apportes de bonnes nouvelles.

Jonathan. Le fils du sacrificateur Abiathar était un messager expérimenté (#2S 15:36 ; #2S 17:17).

43  Oui ! répondit Jonathan à Adonija, notre seigneur le roi David a fait Salomon roi.

44  Il a envoyé avec lui le sacrificateur Tsadok, Nathan le prophète, Benaja, fils de Jehojada, les Kéréthiens et les Péléthiens, et ils l’ont fait monter sur la mule du roi.

45  Le sacrificateur Tsadok et Nathan le prophète l’ont oint pour roi à Guihon. De là ils sont remontés en se livrant à la joie, et la ville a été émue : c’est là le bruit que vous avez entendu.

46  Salomon s’est même assis sur le trône royal.

47  Et les serviteurs du roi sont venus pour bénir notre seigneur le roi David, en disant : Que ton Dieu rende le nom de Salomon plus célèbre que ton nom, et qu’il élève son trône au-dessus de ton trône ! Et le roi s’est prosterné sur son lit.

48  Voici encore ce qu’a dit le roi : Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui m’a donné aujourd’hui un successeur sur mon trône, et qui m’a permis de le voir !

49  Tous les conviés d’Adonija furent saisis d’épouvante ; ils se levèrent et s’en allèrent chacun de son côté.

50  Adonija eut peur de Salomon ; il se leva aussi, s’en alla, et saisit les cornes de l’autel.

cornes de l’autel. Cf. #1R 2:28. Les « cornes » étaient les saillies, aux angles supérieurs de l’autel des holocaustes, sur lesquelles les sacrificateurs répandaient le sang des sacrifices (#Ex 27:2 ; #Ex 29:12). En s’en emparant, Adonija cherchait à se placer sous la protection divine (voir #Ex 21:13-14).

51  On vint dire à Salomon : Voici, Adonija a peur du roi Salomon, et il a saisi les cornes de l’autel, en disant : Que le roi Salomon me jure aujourd’hui qu’il ne fera point mourir son serviteur par l’épée !

52  Salomon dit : S’il se montre un honnête homme, il ne tombera pas à terre un de ses cheveux ; mais s’il se trouve en lui de la méchanceté, il mourra.

53  Et le roi Salomon envoya des gens, qui le firent descendre de l’autel. Il vint se prosterner devant le roi Salomon, et Salomon lui dit : Va dans ta maison.

 

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