ANCIEN TESTAMENT JOUR 437 DE 929

11/03/2020 00:58

ANCIEN TESTAMENT JOUR 437 DE 929

INTRODUCTION + Job 1 de 42

 

Introduction

Le livre de Job

       Comme d’autres livres de la Bible, celui de Job porte le nom de son personnage principal, nom qui pourrait soit venir de l’hébreu et signifier « le persécuté », soit venir de l’arabe et signifier « le repentant ». L’auteur décrit une période de la vie de Job où ce dernier fut mis à l’épreuve et où Dieu révéla certains de ses attributs. Les auteurs du Nouveau Testament font deux citations directes de l’ouvrage (#Ro 11:35 ; #1Co 3:19). Avec #Ez 14 :14, #Ez 14 :20 et #Ja 5 :11, ces passages montrent que cet homme a réellement existé.

 

Auteur et date

       Le livre de Job ne précise pas le nom de son auteur. Il est peu probable qu’il s’agisse de Job lui-même, puisque le message du livre repose sur son ignorance des événements qui le concernent et qui se déroulent dans les cieux. D’après une tradition talmudique, il s’agirait de Moïse: Madian se situant près du pays d’Uts (#Job 1:1), il aurait pu découvrir cette histoire pendant son séjour de quarante ans là-bas. Salomon pourrait, lui aussi, avoir rédigé l’ouvrage, car son contenu présente certaines similarités avec l’Ecclésiaste. En outre, il est l’auteur des autres livres sapientiaux de la Bible (à l’exception des Psaumes, où seuls les #Ps 72 et 127 sont de sa plume). Il pouvait très bien relater une histoire qui s’était déroulée des siècles avant sa propre existence, au même titre que Moïse a rapporté, sous l’inspiration de l’Esprit, la vie d’Adam et d’Eve. Les noms d’Elihu, d’Esaïe, d’Ezéchias, de Jérémie et d’Esdras ont aussi été avancés, mais sans argument probant.

       Le livre a probablement été écrit longtemps après les événements qu’il rapporte. Divers éléments amènent à cette conclusion:

1° l’âge de Job (#Job 42:16);

2° sa durée de vie de près de 200 ans (#Job 42:16), qui correspond bien à l’époque des patriarches (Abraham a vécu 175 ans; #Ge 25:7);

3° l’unité sociale, qui est celle de la famille patriarcale;

4° le fait que les Chaldéens qui tuèrent les serviteurs de Job (#Job 1:17) n’étaient pas encore sédentarisés;

5° le fait que sa richesse était mesurée en têtes de bétail plutôt qu’en montants d’or et d’argent (#Job 1:3 ; #Job 42:12);

6° son rôle sacerdotal vis-à-vis de sa famille (#Job 1:4-5);

7° l’absence d’allusion à l’alliance abrahamique, à Israël, à l’exode ou à la loi de Moïse.

Tout cela situe l’histoire de Job à l’époque patriarcale. Par ailleurs, il avait apparemment connaissance des événements relatifs à Adam (#Job 31:33 « comme les hommes » peut être traduit « comme Adam ») et au déluge (#Job 12:15). Au vu de ces diverses données, il apparaît qu’il vécut après l’épisode de la tour de Babel (#Ge 11:1-9), mais avant Abraham ou en même temps que lui (#Ge 11:27ss).

 

Contexte et arrière-plan

       Le livre débute par une scène qui se déroule dans le ciel et qui expose tout l’enjeu de l’histoire au lecteur (#Job 1:6-2:10): la souffrance de Job est due à une sorte de concours entre Dieu et Satan. Ni lui ni ses amis ne le savent et, de ce fait, ils peinent tous à expliquer cette situation, jusqu’à ce que Job ne prenne plus appui que sur sa foi dans la bonté de Dieu et sur l’espérance de la rédemption. La démonstration par Dieu que cette confiance de Job était justifiée, tel est le message du livre. Lorsqu’il n’y a aucune explication rationnelle, ni même théologique, à la détresse et à la souffrance, faites confiance à Dieu!

 

Thèmes historiques et théologiques

       Le surgissement des souffrances de Job et les événements qui l’entourent posent des questions importantes aux croyants de tous les temps. Qu’est-ce qui pousse Job à servir Dieu? Sa justice et son endurance spirituelle sont proclamées haut et fort (#Ja 5:11), et il est comparé à Noé et à Daniel (#Ez 14:14-20). Plusieurs autres questions se posent tout au long du récit de l’épreuve de Job, et notamment: « Pourquoi les justes souffrent-ils? » Même s’il nous paraît important de trouver une réponse à cette question, le livre n’en donne aucune. Pas plus que ses amis, Job ne comprend la raison de son malheur, et il semble même n’avoir aucune idée des débats célestes qui en sont la source. En fait, lorsqu’il se trouve confronté au Seigneur de l’univers, il met sa main sur la bouche et ne dit rien. Ce silence ne vise pas à minimiser l’intensité de son épreuve ni la portée des pertes subies; il souligne l’importance de faire confiance aux objectifs poursuivis par Dieu au milieu de la détresse. En effet, comme toutes les expériences humaines, la souffrance est sous le contrôle de la parfaite sagesse divine. Ainsi, même si, peut-être, on ne saura jamais les raisons spécifiques d’une épreuve, on peut faire confiance à Dieu, qui est souverain. C’est la vraie réponse à apporter à la souffrance.

       Le livre aborde deux thèmes majeurs et plusieurs autres thèmes secondaires, à la fois dans la partie narrative, constituée du prologue (ch. #Job 1:1-2:2) et de l’épilogue (#Job 42:7-17), et dans la section poétique (#Job 3:1-42:6). Pour comprendre le premier thème, il faut découvrir quel est le lien entre le débat qui oppose Dieu à Satan au ciel et les trois cycles de discussion entre Job et ses amis sur la terre. Le Seigneur veut démontrer la force de caractère des croyants devant le diable, les démons, les anges et le monde. En effet, Satan met en doute ses propos en accusant Job de posséder une justice non éprouvée, sujette à caution. Il l’accuse de rester fidèle à Dieu uniquement par intérêt personnel, avec des motivations qui ne sont pas pures, et de vivre avec lui une relation qui n’est qu’un simulacre. Il se montre certain de pouvoir le monter contre son Dieu, probablement en se basant sur son expérience précédente avec les saints anges qu’il est parvenu à entraîner dans la rébellion. Il pense pouvoir détruire la foi de Job en le faisant souffrir, et démontrer ainsi que la foi qui sauve peut-être réduite à néant. Dieu l’autorise à mettre son serviteur à l’épreuve, mais il échoue, car rien ne peut nuire à la foi authentique. Même quand son épouse lui propose de maudire Dieu (#Job 2:9), Job refuse; sa foi en Dieu ne disparaît jamais (voir #Job 13:15). Satan poursuivra le même but avec Pierre (voir #Lu 22:31-34), mais sans parvenir à détruire sa foi (voir #Jn 21:15-19). Lorsque l’ennemi se démène pour renverser la foi, cette dernière résiste fermement (cf. #Ro 8:31-39). En fin de compte, Dieu démontre à Satan que la foi qui sauve ne peut pas être détruite par la quantité d’épreuves infligées à un croyant, même si elles semblent incompréhensibles ou injustifiées.

  Un deuxième thème, lié au premier, concerne la manière dont Dieu est présenté. Les épreuves qui touchent un juste et qui prennent leur source dans l’altercation céleste suggèrent-elles que Dieu manquerait de compassion et de miséricorde envers les humains? Certainement pas! Jacques affirme: « Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion » (#Ja 5:11). En fait, le récit démontre exactement l’inverse (#Job 42:10-17). Job s’exclame: « Quoi! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal! » (#Job 2:10). Il ne nie pas sa souffrance, mais il nie qu’elle résulte de son péché. Il ne comprend pas non plus pourquoi il souffre, mais, le cœur rempli de confiance et d’humilité (#Job 42:5-6), il confie son désarroi au Créateur souverain et parfaitement sage. C’est précisément ce que Dieu voulait qu’il apprenne au travers de ce conflit avec Satan. Finalement, il déverse sur son serviteur plus de bénédictions que jamais auparavant.

       Le mystère opaque de la souffrance des innocents, telle est la réalité centrale du livre. Dieu permet que ses enfants connaissent l’épreuve et le chagrin, parfois à cause de leur péché (cf. #No 12:10-12), parfois en vue de les corriger (cf. #Hé 12:5-12), parfois pour les affermir (cf. #2Co 12:7-10 ; #1Pi 5:10) et parfois pour leur révéler sa consolation et sa compassion (#2Co 1:3-7). Parfois aussi, les raisons profondes de la souffrance des croyants demeurent inconnues, parce qu’elles servent un objectif céleste que personne sur terre ne peut discerner (cf. #Ex 4:11 ; #Jn 9:1-3).

       Job et ses amis voulaient analyser la souffrance et en trouver les causes et remèdes. Utilisant toutes les ressources d’une solide théologie et de leur belle perspicacité, ils se mirent en quête de réponses, mais ils n’aboutirent qu’à des conceptions inutiles et erronées que Dieu dut corriger (#Job 42:7). Ils ne pouvaient pas savoir pourquoi Job souffrait, car ils n’avaient pas connaissance de ce qui s’était passé dans le ciel. Ils pensaient avoir réponse à tout, mais leur obstination et leur ignorance ne faisaient qu’augmenter la difficulté.

       Les divers éléments de ce grand thème de la souffrance conduisent à déduire de l’expérience de Job les vérités suivantes:

1° Il se produit dans le ciel des événements dont les croyants n’ont pas connaissance et qui, pourtant, ont un impact sur leur vie.

2° On peut déployer d’énormes efforts pour trouver une réponse aux grandes questions de la vie, sans aucun succès.

3° Les enfants de Dieu peuvent souffrir. Il arrive constamment que l’épreuve frappe des justes, de sorte qu’on ne peut mesurer la spiritualité de quelqu’un aux circonstances (bonnes ou mauvaises) qu’il traverse.

4° Même quand Dieu semble loin, la persévérance dans la foi est le meilleur recours possible, parce que Dieu est bon et que chacun peut en toute sécurité abandonner sa vie dans ses mains.

5° Le croyant en proie à la souffrance ne devrait pas s’éloigner de Dieu, mais plutôt se rapprocher de lui afin d’être réconforté par cette communion, même s’il ne reçoit aucune explication.

6° La souffrance peut être intense, mais elle cessera un jour pour le juste, et Dieu le bénira avec abondance.

 

Questions d’interprétation

       La question du message principal du livre est la plus délicate. On considère souvent que son thème essentiel est l’explication de la souffrance. Or, celle-ci n’est jamais révélée à Job; seul le lecteur est mis au courant de la démonstration que Dieu veut faire à Satan. Lorsqu’il fait allusion à cette histoire, Jacques affirme qu’elle révèle la compassion et la miséricorde divines (#Ja 5:11), sans offrir aucune justification et sans même s’en excuser! Le lecteur est dès lors tenu de garder le silence, n’ayant aucun droit de remettre en question ni d’accuser le Créateur pleinement sage et tout-puissant qui fait ce qu’il veut. En agissant ainsi, Dieu démontre la justesse de son plan aux anges et aux démons, mais aussi sa compassion et sa miséricorde. Il semble approprié, dans de telles circonstances, de se livrer à un exercice de théodicée (tentative de l’homme de défendre Dieu face au mal et à la souffrance), mais en fin de compte, il apparaît que Dieu ne désire pas d’avocat humain: il n’en a pas besoin. Le livre de Job illustre de façon poignante #De 29:29: « Les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu. »

       La nature de l’innocence et de la culpabilité de Job soulève des questions embarrassantes. Dieu déclare que c’est un homme intègre et droit, qui s’écarte du mal (#Job 1:1), tandis que ses amis, sur la base de l’épreuve qui le frappe, affirment qu’il a péché. A plusieurs reprises, Job admet que tel est bien le cas (#Job 7:21 ; #Job 13:26), mais ce qu’il conteste, c’est le rapport entre l’étendue de son péché et celle de sa souffrance. A la fin du récit, Dieu reproche à Job d’avoir demandé à être justifié face aux accusations de ses amis (ch. #Job 38:1-41:2), mais il affirme aussi qu’il a parlé avec justesse et que ses amis ont eu tort (#Job 42:7).

       Un autre défi qui se pose au commentateur consiste à discerner les a priori de Job et de ses amis. Au départ, tous sont d’accord pour dire que Dieu punit le mal et récompense l’obéissance, et qu’aucune exception n’est possible. Puisqu’il souffre en dépit de son innocence, Job est forcé de conclure que des exceptions sont possibles: le juste peut souffrir. Il observe aussi que le méchant prospère. Ces exceptions infirment sa conviction de départ et le forcent à reconsidérer la compréhension simpliste qu’il avait de la manière dont le Dieu souverain traite son peuple. Il en vient à embrasser une forme de sagesse qui dépasse la notion de rétribution pure. Les longs échanges, souvent menés sur un ton irrité, entre Job et ses accusateurs visaient à expliquer les injustices de traitement qui apparaissaient dans son cas. Cette méthode empirique est dangereuse. A la fin du livre, le Créateur ne fournit aucune explication, il invite plutôt chacun à approfondir sa confiance en lui et à croire qu’il règne avec puissance et autorité, mais aussi avec une sagesse et une miséricorde parfaite, sur un monde perturbé par le péché. Voir les notes sur le #Ps 73.

Pour bien comprendre ce livre, il faut:

1° comprendre en quoi consiste la sagesse et distinguer entre sagesse humaine et sagesse divine;

2° admettre que Job et ses amis ne disposaient pas de la sagesse divine, nécessaire pour interpréter correctement les circonstances.

Les trois amis de Job persévérèrent dans leurs tentatives infructueuses de trouver une explication, tandis que lui-même apprit à se satisfaire de la souveraineté et la miséricorde divines. La clé de voûte de cette question se trouve au ch. #Job 28, où la nature de la sagesse divine est expliquée: elle est rare et précieuse; l’homme ne peut espérer l’acheter, et Dieu la possède pleinement. Nous ne savons peut-être pas ce qui se passe dans le ciel ni quels sont les objectifs de notre Seigneur, mais nous devons lui faire confiance. La question de la souffrance des croyants passe alors au second plan pour laisser place à la sagesse divine.

 

Plan

I. La situation (1:1-2:13)

A. Présentation de Job (1:1-5)

B. Discussion entre Dieu et Satan (1:6-2:10)

C. Arrivée des amis de Job (2:11-13)

II. Les débats (3:1-37:24)

A. Premier cycle de discours (3:1-14:22)

1. 1ère intervention de Job: exprime son désespoir (3:1-26)

2. 1ère intervention d’Eliphaz: proteste gentiment et appelle Job à l’humilité et à la repentance (4:1-5:27)

3. Réponse de Job: exprime son angoisse, met son épreuve en question et appelle à la compassion de ses amis (6:1-7:21)

4. 1ère intervention de Bildad: accuse Job de s’attaquer à Dieu (8:1-22)

5. Réponse de Job: admet son imperfection mais proteste contre l’injustice qu’il perçoit (9:1-10:22)

6. 1ère intervention de Tsophar: invite Job à se tourner vers Dieu (11:1-20)

7. Réponse de Job: reproche à ses amis leur attitude et s’attend à une réponse de Dieu (12:1-14:22)

B. Deuxième cycle de discours (15:1-21:34)

1. 2e intervention d’Eliphaz: accuse Job de se montrer présomptueux et de mépriser la sagesse des anciens (15:1-35)

2. Réponse de Job: fait appel à Dieu contre ses accusateurs (16:1-17:16)

3. 2e intervention de Bildad: affirme que les souffrances de Job sont méritées (18:1-21)

4. Réponse de Job: en appelle à la pitié (19:1-29)

5. 2e intervention de Tsophar: accuse Job de rejeter Dieu en mettant sa justice en question (20:1-29)

6. Réponse de Job: accuse Tsophar d’être en dehors de la réalité (21:1-34)

C. Troisième cycle de discours (22:1-26:14)

1. 3e intervention d’Eliphaz: dénonce la critique que fait Job de la justice de Dieu (22:1-30)

2. Réponse de Job: affirme que Dieu le sait innocent mais qu’il permet des temps de succès pour les méchants (23:1-24:25)

3. 3e intervention de Bildad: se moque de l’appel direct de Job à Dieu (25:1-6)

4. Réponse de Job: affirme que Dieu est sage et souverain, et ne se comporte pas de façon simpliste (26:1-14)

D. Ultime défense de Job (27:1-31:40)

1. 1er monologue de Job: affirme sa justice et l’impossibilité pour l’homme de comprendre la sagesse de Dieu (27:1-28:28)

2. 2e monologue de Job: se souvient de son passé, décrit son présent, affirme son innocence et demande à Dieu de le défendre (29:1-31:40)

E. Discours d’Elihu (32:1-37:24)

1. Elihu prend part au débat afin de le faire sortir de l’impasse (32:1-22)

2. Elihu accuse Job de présomption dans sa critique de Dieu et son refus d’admettre que Dieu peut avoir un plan d’amour même en le laissant souffrir (33:1-33)

3. Elihu déclare que Job a porté atteinte à l’intégrité de Dieu en déclarant qu’il ne sert à rien de mener une vie de piété (34:1-37)

4. Elihu invite Job à s’attendre patiemment au Seigneur (35:1-16)

5. Elihu estime que Dieu est en train de discipliner Job (36:1-21)

6. Elihu argumente que l’homme peut difficilement comprendre la façon dont Dieu agit en exerçant sa justice et sa grâce (36:22-37:24)

III. La délivrance (38:1-42:17)

A. Réponse de Dieu à Job (38:1-41:25)

1. 1ère réponse de Dieu à Job (38:1-39:35)

2. Réponse de Job à Dieu (39:36-38)

3. 2e réponse de Dieu à Job (40:1-41:25)

B. Réaction de Job (42:1-17)

1. Autocondamnation de Job (42:1-6)

2. Reproches de Dieu à Eliphaz, Bildad et Tsophar (42:7-9)

3. Restauration de Job par Dieu (42:10-17)

 

Job 1 : 1 À 22

1 ¶  Il y avait dans le pays d’Uts un homme qui s’appelait Job. Et cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal.

 

Uts. Job habitait une ville munie de murailles et de portes (#Job 29:7-8), au sein de laquelle il était tenu en très haute estime. Elle se trouvait dans le pays d’Uts, une région d’Arabie du nord voisine de Madian, et donc de l’endroit où Moïse habita pendant 40 ans (#Ex 2:15).

Job. Le récit débute par la perspective terrestre, avec Job comme personnage principal. Cet homme riche avait sept fils et trois filles. Il était dans la force de l’âge, assez jeune pour pouvoir espérer engendrer encore dix enfants (voir #Job 42:13). Ce bon père de famille était un homme riche et reconnu.

intègre et droit; il craignait Dieu, et se détournait du Mal.#Job 1:8. Cette description de Job ne signifie pas qu’il était parfait, dépourvu de tout péché (cf. #Job 6:24 ; #Job 7:21 ; #Job 9:20). Il est clair, néanmoins, qu’il avait placé sa confiance en Dieu pour sa rédemption et qu’il lui était fidèle, menant une vie d’intégrité, caractérisée par la cohérence dans tous les domaines: personnel, conjugal (#Job 2:10) et parental (vv. #Job 1:4-5).

1:1-2:13

Cette section présente le personnage principal et pose le décor du drame qui va suivre.

 

2  Il lui naquit sept fils et trois filles.

3  Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l’Orient.

 

brebis …  chameaux …  bœufs …  ânesses. Comme c’était la tradition dans le Proche-Orient ancien, la richesse de Job n’est pas définie en termes d’argent ou de biens immobiliers, mais elle est suggérée par l’importance de son cheptel. Il en allait de même pour les patriarches (cf. #Ge 13:1-7).

le plus éminent de tous les fils de l’Orient. Immense distinction, de quelque point de vue que l’on se place. Salomon jouissait de la même réputation (#1R 4:30). « L’Orient » désignait les peuples installés à l’est de Canaan, notamment ceux du désert d’Arabie du nord (cf. #Jug 6:3 ; #Ez 25:4).

 

4 ¶  Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois sœurs à manger et à boire avec eux.

 

donnaient tour à tour. Cela revenait à fournir le repas principal un jour par semaine (puisqu’il y avait sept fils). Cette information souligne l’amour et l’harmonie qui régnaient entre les membres de la famille de Job, les sœurs incluses.

 

5  Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d’eux un holocauste ; car Job disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur cœur. C’est ainsi que Job avait coutume d’agir.

 

appelait et sanctifiait. A la fin de chaque semaine (c’était une « coutume »), Job offrait autant d’holocaustes qu’il avait de fils (voir #Lé 1:4), en sa qualité de sacrificateur familial. On se situait avant l’instauration du sacerdoce aaronique. L’objectif de ces offrandes, expier tout péché que ses enfants auraient pu commettre pendant la semaine - signale la profondeur de la consécration de Job. Cette information vise à démontrer quelles étaient la justice et la vertu de cet homme et de sa famille, ce qui rend ses souffrances d’autant plus surprenantes.

un holocauste. Forme d’offrande pratiquée déjà du temps de Noé (#Ge 8:20).

 

6 ¶  Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Eternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux.

 

les fils de Dieu. La vie de Job est en passe de se trouver au centre des stratégies du monde invisible, tandis que le décor passe de la terre au ciel, où Dieu tient conseil auprès de sa cour. Job n’était pas conscient de ce qui se tramait, pas plus que son entourage. Les armées angéliques (cf. #Job 38:7 ; #Ps 29:1 ; #Ps 89:7-8 ; #Da 3:25) s’approchèrent du trône divin pour rendre compte de leur activité dans le ciel et sur la terre (cf. #1R 22:19-22). Tel un Judas parmi les apôtres, Satan se trouvait au milieu des anges.

Satan. Enhardi par son succès auprès d’Adam avant la chute (#Ge 3:6-12, #Ge 3:17-19), le diable était sûr que la crainte de Dieu dont Job  membre de l’humanité déchue - faisait preuve ne résisterait pas au traitement qu’il lui avait concocté. Lui-même était du reste un être déchu (voir #Esa 14:12). « Satan » n’est pas un nom propre mais un mot hébreu signifiant « l’adversaire », dans un sens aussi bien juridique que personnel. Ce démon est l’adversaire spirituel suprême de tous les temps, et il ne cesse de jouer le rôle d’accusateur des justes (voir #Ap 12:10). Dans le cadre d’un procès, la partie adverse se tenait habituellement à la droite de l’accusé. C’est cette place qu’occupait Satan dans le ciel lorsqu’il porta ses accusations contre le souverain sacrificateur Josué (#Za 3:1). Paul souligne en #Ro 8:31-39 qu’il est encore et toujours tenu en échec.

 

7  L’Eternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Eternel : De parcourir la terre et de m’y promener.

 

L’Eternel dit. Pour lever toute ambiguïté quant à son rôle dans cette épreuve, c’est Dieu lui-même qui entame le dialogue. C’était lui, le président de la séance. L’adversaire ne fit que soulever la question fondamentale que n’importe qui pouvait poser, Job le premier: Job servait-il Dieu avec des motivations pures ou ne le faisait-il que dans la mesure où il en résultait des bénédictions pour lui?

1:7-8

De parcourir la terre et de m’y promener. C’est une image de hâte qui est donnée. Aucun des anges, qu’ils soient déchus ou non, ne jouit de la faculté d’omniprésence; en revanche, ils se déplacent rapidement. Pour ce qui est de Satan, le prince de ce monde (#Jn 12:31 ; #Jn 14:30 ; #Jn 16:11) et le chef des démons (#Mt 9:34 ; #Mt 12:24), la terre est sa chasse gardée, et il y « rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (#1Pi 5:8). Dieu lui livra Job afin qu’il le mette à l’épreuve.

 

8  L’Eternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal.

9  Et Satan répondit à l’Eternel: Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ?

 

1:9-11

D’après cette argumentation de Satan, même les authentiques croyants ne restent fidèles que dans la mesure où ils prospèrent. Qu’on leur retire cette prospérité, prétendait-il, et ils auraient tôt fait de rejeter Dieu. C’était une manière, pour lui, d’affirmer que le salut n’est pas définitif, que la foi qui sauve peut être perdue et que ceux qui appartiennent à Dieu peuvent finir par retomber sous son emprise. C’est le premier des deux grands thèmes de ce livre. Satan répéta cet affront avec Jésus (voir #Mt 4), Pierre (voir #Lu 22:31) et Paul (voir #2Co 12:7). L’A.T. contient beaucoup de passages dans lesquels Dieu promet de soutenir la foi de ses enfants (cf. #Ps 37:23, #Ps 37:28 ; #Ps 97:10 ; #Ps 121:4-7). Dans le N.T., voir #Lu 22:31-32 ; #Jude 24.

 

10  Ne l’as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays.

11  Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudit en face.

12  L’Eternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l’Eternel.

 

tout ce qui lui appartient, je te le livre. Dans sa souveraineté, Dieu permit à Satan d’éprouver la foi de son serviteur en s’attaquant à tout ce que ce dernier possédait. Grâce à cette permission divine, le diable avait toute latitude pour tourmenter Job, mais avec une restriction: il ne pouvait pas lui faire de mal physiquement.

 

13 ¶  Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné,

 

1:13-19

Par l’intermédiaire de quatre catastrophes foudroyantes, Satan détruisit le cheptel, les esclaves et les enfants de Job. Seuls lui restaient quatre messagers.

 

14  il arriva auprès de Job un messager qui dit : Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d’eux ;

15  des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l’épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t’en apporter la nouvelle.

 

Sabéens. Littéralement « Séba », partie de l’Arabie, dont les habitants étaient connus pour être de terrifiants pillards. Ils descendaient de Cham (#Ge 10:6-7) et/ou de Sem (#Ge 10:28).

 

16  Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés. Et je me suis échappé moi seul, pour t’en apporter la nouvelle.

 

feu de Dieu est tombé du ciel. Allusion probable à la foudre.

 Job à grands traits

1. Homme spirituellement mûr (#Job 1:1, #Job 1:8 ; #Job 2:3)

2. Père d’une nombreuse famille (#Job 1:2 ; #Job 42:13)

3. Propriétaire de nombreux troupeaux (#Job 1:3 ; #Job 42:12)

4. Homme riche et influent (#Job 1:3b)

5. Sacrificateur pour sa famille (#Job 1:5)

6. Mari sage et aimant (#Job 2:9)

7. Homme en vue dans les affaires de sa ville (#Job 29:7-11)

8. Homme bienveillant (#Job 29:12-17 ; #Job 31:32)

9. Chef sage (#Job 29:21-24)

10. Cultivateur (#Job 31:38-40)

 

 

17  Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l’épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t’en apporter la nouvelle.

 

Chaldéens. Peuple semi-nomade du désert d’Arabie, expert dans l’art du maraudage et de la guerre (cf. #Ha 1:6-8).

 

18  Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné ;

19  et voici, un grand vent est venu de l’autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison ; elle s’est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t’en apporter la nouvelle.

 

un grand vent. Très probablement un vent de tornade. Cf. #Esa 21:1 ; #Os 13:15.

 

20 ¶  Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna,

 

1:20-21

se prosterna. Job avait gardé son calme face aux autres messages, mais à l’annonce de la mort de ses enfants, il laissa transparaître tous les signes du chagrin (cf. #Ge 37:34 ; #Jér 41:5 ; #Mi 1:16). Cela ne l’empêcha pas d’adorer (voir l’affirmation du v. 21). Au lieu de maudire l’Eternel, il bénit son nom, dans une attitude de soumission qui déjouait les pronostics de l’adversaire (vv. #Job 1:9-11). Jusque-là, son comportement correspondait à la description que Dieu avait faite de lui: un croyant authentique, soutenu par une foi ferme (v. #Job 1:8).

 

21  et dit : Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté ; que le nom de l’Eternel soit béni !

22  En tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu.

 

ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu. Il vaudrait mieux traduire: « ne pécha point en attribuant quelque chose d’injuste à Dieu ». Il est aussi insensé que mal de prononcer des paroles hâtives contre Dieu en plein chagrin. Les chrétiens sont censés accepter les épreuves et continuer à louer leur Seigneur, non parce qu’ils comprendraient les raisons de leur sort, mais parce que c’est la volonté divine. Dieu a ses propres raisons, auxquelles les croyants doivent faire confiance.

 

 

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