ANCIEN TESTAMENT JOUR 890 DE 929

05/06/2021 00:29

ANCIEN TESTAMENT JOUR 890 DE 929

JONAS 1 de 4

 

INTRODUCTION ET Jonas 1 : 1 à 17

Le livre du prophète Jonas

 

Titre

       Suivant la voie tracée par le texte hébreu (texte massorétique), le livre porte en français le nom de son protagoniste, Jonas (littéralement « colombe »), fils d’Amitthaï (#Jon 1:1). La version des Septante (LXX) et la Vulgate lui attribuent le même nom.

 

Auteur et date

       L’auteur du livre n’est pas explicitement mentionné. Le fait que, tout au long du récit, il est fait allusion à Jonas à la troisième personne a poussé certains à attribuer sa rédaction à un autre que le prophète. Cependant, un tel procédé n’est pas rare dans l’A.T. (p. ex. #Ex 11:3 ; #1S 12:11). En outre, les détails biographiques mentionnés au fil du texte indiquent clairement que Jonas en est l’auteur: des événements et expériences aussi étranges ne pouvaient être relatés que par lui. La formulation du verset introductif plaide dans le même sens, puisque Osée, Joël, Michée, Sophonie, Aggée et Zacharie offrent une introduction similaire.

       D’après #2R 14:25, Jonas était originaire de Gath-Hépher, près de Nazareth. Il fut le porte-parole de l’Eternel pour les dix tribus du nord juste avant Amos, au cours de la première moitié du VIIIe siècle, vers 760 av. J.-C., durant le règne long et prospère de Jéroboam II (av. J.-C.). Les pharisiens affirmèrent à tort: « De la Galilée il ne sort point de prophète » (#Jn 7:52), puisque Jonas était galiléen. Une tradition juive, invérifiable, fait de lui le fils de la veuve de Sarepta, celui qui fut ressuscité par Elie (#1R 17:8-24).

 

Contexte et arrière-plan

En tant que prophète des dix tribus du nord d’Israël, Jonas exerça son ministère dans les mêmes conditions qu’Amos. Le royaume connaissait alors une période de prospérité et de paix. La Syrie et l’Assyrie étaient affaiblies, ce qui avait permis à Jéroboam II d’élargir ses frontières, au nord, en récupérant des territoires qui avaient appartenu à David et à Salomon (#2R 14:23-27). C’était, toutefois, une époque de pauvreté spirituelle: la religion était ritualiste, de plus en plus empreinte d’idolâtrie, et la justice corrompue. La richesse et la paix avaient mené le pays à une faillite spirituelle, morale et éthique (cf. #2R 14:24 ; #Am 4:1ss; #Am 5:10-13). C’est pourquoi Dieu avait décidé de punir Israël par l’intermédiaire des Assyriens, qui lui infligeraient destruction et captivité en 722 av. J.-C. La repentance de Ninive fut peut-être favorisée par deux fléaux (en 765 et 759 av. J.-C.) et par une éclipse solaire (en 763 av. J.-C.), phénomènes qui la préparèrent à l’annonce du jugement par Jonas.

 

Thèmes historiques et théologiques

       Même s’il était prophète en Israël, ce n’est pas pour le ministère exercé dans son pays que l’on se souvient de Jonas. Cela pourrait expliquer pourquoi les pharisiens affirmèrent, à l’époque de Jésus, qu’aucun prophète n’était sorti de Galilée (cf. #Jn 7:52). Le livre relate l’appel que Jonas reçut d’aller prêcher la repentance aux habitants de Ninive, ainsi que son refus de s’y conformer. Ninive, capitale de l’Assyrie, était tristement célèbre pour sa cruauté et représentait, dans l’histoire d’Israël et de Juda, un véritable fléau. Le récit est néanmoins centré sur cette capitale païenne fondée par Nimrod, l’arrière-petit-fils de Noé (#Ge 10:6-12), qui fut peut-être la plus grande ville de l’Antiquité (#Jon 1:2 ; #Jon 3:2, #Jon 3:3 ; #Jon 4:11). Elle serait détruite environ 150 ans après la repentance de la génération contemporaine de Jonas (en 612 av. J.-C.), comme prophétisé par Nahum (#Na 1:1ss). Le dégoût qu’il éprouvait d’un point de vue politique, en tant qu’israélite, envers l’Assyrie se combina au sentiment de supériorité spirituelle du peuple élu pour engendrer l’attitude récalcitrante de Jonas face à la mission que Dieu lui confiait. Celle-ci visait en partie à faire honte aux Israélites en leur montrant qu’une ville païenne était capable de se repentir suite à la prédication d’un étranger, alors qu’ils refusaient, eux, de réagir aux injonctions des nombreux prophètes qui leur avaient été envoyés. Le prophète allait découvrir que l’amour et la grâce de l’Eternel s’étendent à toute l’humanité (#Jon 4:2, #Jon 4:10, #Jon 4:11) et ne se limitent pas au peuple élu (cf. #Ge 9:27 ; #Ge 12:3 ; #Lé 19:33, #Lé 19:34 ; #1S 2:10 ; #Esa 2:2 ; #Joe 2:28-32).

       Le livre de Jonas révèle l’autorité souveraine de Dieu sur l’homme et sur la création dans sa totalité: tout ce qui a été créé lui doit l’existence (#Jon 1:9) et obéit à chacun de ses ordres (cf. #Jon 1:4 ; #Jon 2:1, #Jon 2:10 ; #Jon 4:6, #Jon 4:7 ; cf. #Mr 4:41). Jésus utilisa l’exemple des Ninivites pour reprocher aux pharisiens leur dureté de cœur et leur refus de se repentir (#Mt 12:38-41 ; #Lu 11:29-32): une population païenne s’était repentie à la prédication d’un prophète pourtant peu enthousiaste; les pharisiens, eux, refusaient de le faire alors qu’ils se trouvaient face au plus grand des prophètes, qui était de toute évidence leur Seigneur et leur Messie. L’attitude de Jonas illustre celle d’Israël qui, choisi et envoyé par Dieu pour être son témoin (#Esa 43:10-12 ; #Esa 44:8), s’est rebellé contre la volonté divine (#Ex 32:1-4 ; #Jug 2:11-19 ; #Ez 6:1-5 ; #Mr 7:6-9). Mais Dieu l’a miraculeusement préservé, pendant des siècles d’exil et de dispersion, pour qu’il proclame finalement la vérité (#Jér 30:11 ; #Jér 31:35-37 ; #Os 3:3-5 ; #Ap 7:1-8 ; #Ap 14:1-3).

 

Questions d’interprétation

       La difficulté essentielle, en matière d’interprétation, est en rapport avec la nature du livre: s’agit-il d’un récit historique ou d’une allégorie/parabole? L’ampleur des miracles, notamment la survie pendant trois jours et trois nuits dans un grand poisson, a poussé des commentateurs sceptiques et critiques à nier la réalité historique du récit pour n’y voir qu’un enseignement spirituel: ses divers éléments constitutifs auraient une simple valeur allégorique, ou le texte dans son ensemble correspondrait à une parabole. Mais aussi étonnants et miraculeux que puissent être les événements relatés, le récit doit être considéré comme historique. En effet, il rapporte sous forme narrative la vie d’un prophète historiquement identifiable de l’A.T., qui a vécu au VIIIe siècle av. J.-C. De plus, dans son enseignement, Jésus-Christ n’a pas présenté l’histoire de Jonas comme une parabole, mais comme un récit réel et historiquement fiable (#Mt 12:38-41 ; #Mt 16:4 ; #Lu 11:29-32).

 

Plan

I. Fuite loin de la volonté de Dieu (1:1-2:1)

A. Jonas chargé d’une mission (1:1-2)

B. Jonas en fuite (1:3)

C. Jonas poursuivi (1:4-16)

D. Jonas sauvé (2:1)

II. Soumission à la volonté de Dieu (2:2-11)

A. Détresse de Jonas (2:2-4)

B. Prière de Jonas (2:5-8)

C. Repentance de Jonas (2:9-10)

D. Délivrance de Jonas (2:11)

III. Respect de la volonté de Dieu (3:1-10)

A. Rappel de la mission (3:1-2)

B. Obéissance du prophète (3:3-4)

C. Repentance de la ville (3:5-9)

D. Décision de grâce de Dieu (3:10)

IV. Remise en question de la volonté de Dieu (4:1-11)

A. Le prophète irrité (4:1-5)

B. Le prophète blâmé (4:6-11)

 

Jonas 1 : 1 à 17

    1 ¶  La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï, en ces mots:

 

Jonas, fils d’Amitthaï. Le nom de Jonas signifie « colombe » en hébreu, tandis que celui de son père signifie « fidèle », « loyal ».

 

2  Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! car sa méchanceté est montée jusqu’à moi.

 

Lève-toi, va à Ninive. Même si d’autres prophètes furent chargés de prophétiser contre des nations païennes, Jonas fut le seul à être réellement envoyé vers une nation étrangère pour lui transmettre un message accusateur de la part de l’Eternel. Cette mission avait pour objectif le salut des Ninivites, mais elle visait aussi à provoquer la honte et la jalousie d’Israël, tout en le blâmant pour sa réticence à amener les païens au seul vrai Dieu. Bâtie à l’époque de Nimrod (#Ge 10:11), Ninive se trouvait sur la rive du Tigre, à environ 800 km au nord-est d’Israël. C’était depuis toujours l’une des cités royales de l’Assyrie, et elle lui servit même de capitale pendant des années. Son nom semble dériver de « ninus », c’est-à-dire Nimrod, et signifier qu’elle était la résidence de Nimrod, ou de « nunu » (mot akkadien pour « poisson »). Sa population adorait Nanshe, la déesse poisson, déesse des sources et fille d’Ea, et Dagon, le dieu poisson, représenté moitié homme et moitié poisson.

la grande ville. Ninive était grande autant par sa taille que par sa puissance. Elle joua un rôle important au Moyen-Orient jusqu’à sa destruction par Nebucadnetsar, en 612 av. J.-C. C’était peut-être la ville la plus vaste du monde antique. D’après les historiens, la cité intérieure était entourée de murailles imposantes d’environ 12 km de long. Le reste de la ville couvrait une zone d’une circonférence de quelque 100 km. Sa population approchait peut-être les 600 000 habitants (cf. #Jon 4:11).

sa méchanceté est montée jusqu’à moi. Ninive était le centre des cultes idolâtriques rendus à Assur et à Ishtar. Un siècle plus tard, Nahum prononcerait la condamnation de l’Assyrie à cause de ses pratiques immorales et de sa cruauté légendaire (#Na 3). Il reviendrait à Nebucadnetsar de la mettre à exécution, en 612 av. J.-C.

 

3  Et Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de l’Eternel. Il descendit à Japho, et il trouva un navire qui allait à Tarsis ; il paya le prix du transport, et s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la face de l’Eternel.

 

Jonas …  à Tarsis. C’est le seul cas qui nous soit rapporté où un prophète refusa la mission que Dieu lui avait confiée (cf. #Jér 20:7-9). La localisation de « Tarsis », célèbre pour sa richesse (#Ps 72:10 ; #Jér 10:9 ; #Ez 27:12, #Ez 27:25), demeure incertaine. L’historien grec Hérodote l’identifiait à Tartessus, ville commerçante au sud de l’Espagne. Le prophète partit aussi loin qu’il le put à l’ouest, démontrant ainsi sa réticence à voir les païens profiter des bénédictions du salut.

loin de la face de l’Eternel. Personne ne saurait échapper à l’omniprésence de Dieu (#Ps 139:7-12), mais le prophète tentait de fuir sa présence manifeste dans le temple de Jérusalem (cf. #Jon 2:5 ; #Ge 4:16).

Japho. Appelée aujourd’hui Jaffa, cette ville se situait sur la côte méditerranéenne, près de la frontière entre Juda et la Samarie. C’est aussi là que Pierre reçut la vision qui le prépara à se rendre chez Corneille, un païen (« Joppé », #Ac 10).

 

4 ¶  Mais l’Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s’éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage.

 

un vent impétueux. Ce n’était pas une tempête ordinaire, car elle avait été envoyée par Dieu. Les marins, pourtant aguerris, éprouvèrent de la crainte (v. #Jon 1:5), crainte qui servirait les objectifs divins (cf. #Ps 104:4).

 

5  Les mariniers eurent peur, ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le navire, afin de le rendre plus léger. Jonas descendit au fond du navire, se coucha, et s’endormit profondément.

6  Le pilote s’approcha de lui, et lui dit : Pourquoi dors-tu ? Lève-toi, invoque ton Dieu ! peut-être voudra-t-il penser à nous, et nous ne périrons pas.

7  Et ils se dirent l’un à l’autre : Venez, et tirons au sort, pour savoir qui nous attire ce malheur. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas.

 

tirons au sort. En dernier recours, l’équipage décida de chercher qui avait pu provoquer la colère de Dieu. L’Eternel pouvait révéler sa volonté en contrôlant un tirage au sort, et c’est ce qu’il fit. Cette méthode de discernement, dont on ignore la forme exacte, n’était pas interdite en Israël (cf. #Pr 16:33 ; #Jos 7:14ss; #Jos 15:1 ; #1S 14:36-45 ; #Ac 1:26).

 

 Dix miracles dans Jonas

1. 1:4 « L’Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux »

2. 1:7 « Le sort tomba sur Jonas »

3. 1:15 « La mer s’apaisa »

4. 2:1 « L’Eternel fit venir un grand poisson »

5. 2:1 « … pour engloutir Jonas »

6. 2:11 « L’Eternel parla au poisson, et le poisson vomit Jonas sur la terre »

7. 3:10 « Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie »

8. 4:6 « L’Eternel Dieu fit croître un ricin »

9. 4:7 « Dieu fit venir un ver »

10. 4:8 « Dieu fit souffler un vent chaud d’orient »

 

8  Alors ils lui dirent : Dis-nous qui nous attire ce malheur. Quelles sont tes affaires, et d’où viens-tu ? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu ?

9  Il leur répondit : Je suis Hébreu, et je crains l’Eternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre.

 

Je suis Hébreu. Jonas s’identifia selon le terme employé par les Israélites lorsqu’ils s’adressaient à des païens (cf. #1S 4:6, #1S 4:9 ; #1S 14:11).

l’Eternel, le Dieu des cieux. Ce titre, employé depuis les temps les plus anciens (cf. #Ge 24:3, #Ge 24:7), fut sans doute choisi à dessein par Jonas: il voulait exprimer la souveraineté de l’Eternel, par opposition à Baal (cf. #1R 18:24), puisqu’il s’adressait probablement à des marins originaires de Phénicie, le centre du culte rendu à ce dieu. Le titre avait d’autant plus de poids lorsqu’il était associé à l’expression « qui a fait la mer et la terre ». Cette description du Dieu vivant et vrai convenait tout particulièrement pour des païens, qui ne disposaient pas des Ecritures; leur raison les amenait à postuler l’existence d’un créateur (cf. #Ro 1:18-23). L’évocation de la création, comme en #Ac 14:14-17 ; #Ac 17:23b-29, était un point de départ approprié. Pour annoncer l’Evangile aux Juifs, on peut, en revanche, s’appuyer sur l’A.T.

 

10  Ces hommes eurent une grande frayeur, et ils lui dirent : Pourquoi as-tu fait cela ? Car ces hommes savaient qu’il fuyait loin de la face de l’Eternel, parce qu’il le leur avait déclaré.

11 ¶  Ils lui dirent : Que te ferons-nous, pour que la mer se calme envers nous ? Car la mer était de plus en plus orageuse.

 

1:11-12

Toujours réticent à l’idée de se rendre à Ninive mais se sentant responsable de la situation, Jonas se montra prêt à se sacrifier pour sauver la vie de ses compagnons. Apparemment, il préférait mourir que devoir se rendre à Ninive.

 

12  Il leur répondit : Prenez-moi, et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous ; car je sais que c’est moi qui attire sur vous cette grande tempête.

13  Ces hommes ramaient pour gagner la terre, mais ils ne le purent, parce que la mer s’agitait toujours plus contre eux.

 

1:13-14

Les marins  des païens - éprouvaient plus de compassion pour un seul homme que Jonas, un prophète, n’en avait pour les dizaines de milliers d’habitants que comptait Ninive. La tempête, les propos de Jonas, le tirage au sort: tout indiquait aux marins qu’ils étaient témoins d’une intervention de l’Eternel; c’est pourquoi ils lui offrirent des sacrifices et firent des vœux (v. #Jon 1:16). Leur comportement suggère qu’ils avaient bénéficié d’un enseignement plus développé, de la part de Jonas, que celui qui est explicitement rapporté dans le texte.

 

14  Alors ils invoquèrent l’Eternel, et dirent : O Eternel, ne nous fais pas périr à cause de la vie de cet homme, et ne nous charge pas du sang innocent ! Car toi, Eternel, tu fais ce que tu veux.

15  Puis ils prirent Jonas, et le jetèrent dans la mer. Et la fureur de la mer s’apaisa.

 

la mer s’apaisa. Miracle similaire à celui qu’accomplirait Jésus lorsqu’il apaiserait la tempête sur la mer de Galilée (cf. #Mt 8:23-27).

 

16  Ces hommes furent saisis d’une grande crainte de l’Eternel, et ils offrirent un sacrifice à l’Eternel, et firent des vœux.

17  (2-1) L’Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits.

 

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