JACQUES 1 : 1
16/02/2014 08:15JACQUES 1 : 1
1 ¶ Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut !
NOTES HALL NT
INTRODUCTION
La plupart des spécialistes de la Bible pensent que cette épître a été écrite par Jacques, un des frères cadets de Jésus (#Ga 1:19), qui devint le responsable de l’église de Jérusalem (#Ga 2:9). Ils fixent sa date de rédaction vers l’an 50 de notre ère. Elle serait dans ce cas l’un des plus anciens écrits du Nouveau Testament. De toute façon, cette épître n’a pas pu être écrite après l’an 62, puisque c’est cette année-là que Jacques fut mis à mort.
Jacques écrivit cette lettre à des chrétiens pour leur faire connaître les devoirs du disciple de Jésus-Christ. À son époque, un certain nombre d’entre eux avaient cessé de pratiquer de bonnes œuvres, sous prétexte qu’ils étaient sauvés par la foi seule, et non par les œuvres ; celles-ci étaient donc inutiles. Si la première partie de leur raisonnement était juste, la seconde, en revanche, ne l’était pas. C’est principalement pour corriger cette erreur que Jacques a écrit cette lettre.
PLAN
A. Épreuves et tentations (1.1-18)
1. La foi mise à l’épreuve (1.1-11)
2. L’origine de la tentation (1.12-18)
B. Enseignements divers (1.19-3.18)
1. L’écoute et la mise en pratique de la parole (1.19-27)
2. La condamnation de la partialité (2.1-13)
3. La foi et les œuvres (2.14-26)
4. La maîtrise de la langue (3.1-12)
5. Deux sortes de sagesse (3.13-18)
C. Exhortations diverses (4.1-5.20)
1. L’attitude mondaine (4.1-17)
2. Le mauvais riche (5.1-6)
3. La patience dans la souffrance (5.7-12)
4. La prière de la foi (5.13-20)
CHAPITRE 1
A. Épreuves et tentations (1.1-18)
1. La foi mise à l’épreuve (1.1-11)
Foi et sagesse (1.1-8)
1 Jacques se nomme lui-même serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Tout chrétien, y compris les grands hommes de Dieu, est serviteur de Dieu (voir #Ro 1:1 et le commentaire). Un serviteur vit dans l’entière dépendance de son maître et lui obéit en tout. Nous aussi, nous devons vivre comme des serviteurs de Dieu. Quelle que soit notre position sociale dans cette vie, nous sommes des serviteurs. Car en fin de compte, l’autorité dont nous sommes détenteurs appartient à Dieu et non à nous.
Nous sommes serviteurs de Dieu et aussi du Seigneur Jésus-Christ. Jacques indique ici le titre complet de Jésus. Jésus est son nom d’homme, l’homme qui a vécu ici-bas, qui a enseigné et opéré des miracles, qui est mort et ressuscité. Le nom Christ signifie « oint » (#Ps 2:2 ; #Ac 4:26). En hébreu {1}, le mot « oint » correspond à « Messie » (#Jn 4:25). Christ a été oint pour devenir notre Sauveur et le médiateur favorisant la réconciliation entre Dieu et nous. Le titre Seigneur, appliqué à Jésus, désigne Dieu en grec {2}. C’est ce nom qui est attribué à Dieu dans tout l’Ancien Testament. Nous pouvons donc déjà en déduire que Jésus est à la fois homme et Dieu. C’est d’ailleurs pour cela qu’Il est le seul véritable médiateur entre Dieu et l’homme.
Jacques écrit cette lettre principalement à des judéo-chrétiens, c’est-à-dire des Juifs qui croyaient en Christ {3}. Ces croyants avaient été dispersés par la persécution que les Juifs non croyants et les Romains avaient déclenchée contre les chrétiens.
L’auteur identifie ses lecteurs aux douze tribus d’Israël, la nation juive. Ces tribus descendaient des douze fils de Jacob, le petit-fils d’Abraham. Jacques ne destine cependant pas sa lettre seulement aux chrétiens d’origine juive ; il l’adresse à tous les chrétiens, où qu’ils soient. Par conséquent, que nous soyons chrétiens d’origine juive ou d’origine païenne, cette épître nous concerne chacun.
{1} L’hébreu était la langue des Juifs ; elle ressemblait beaucoup à l’araméen qui était parlé par la grande majorité des habitants du Moyen-Orient, dont Jésus.
{2} Le grec était la langue parlée en Grèce, un pays important au sud de l’Europe. À l’époque du Nouveau Testament, la plupart des gens cultivés des pays méditerranéens parlaient le grec. C’est dans cette langue que furent rédigés les textes originaux du Nouveau Testament.
{3} Il n’est pas nécessaire de renoncer à la judaïcité pour devenir chrétien. Christ Lui-même était resté juif. Il faut cependant que le Juif se garde de placer sa confiance dans la loi et dans ses propres œuvres ; il doit s’appuyer sur Christ seul.
SUITE DANS LES AUTRES VERSETS
NOTE DE JOHN MACARTHUR
L’épître de Jacques porte le nom de son auteur, comme toutes les épîtres générales, à l’exception de celle aux Hébreux.
Auteur et date
Il y a quatre Jacques dans le Nouveau Testament, mais deux seulement peuvent être considérés comme les rédacteurs de cette épître. Aucun commentateur sérieux n’a retenu la candidature de Jacques le mineur, fils d’Alphée (#Mt 10:3 ; #Ac 1:13), ni celle du père du disciple nommé Jude (#Lu 6:16 ; #Ac 1:13). Certains ont suggéré qu’il pouvait s’agir du fils de Zébédée et frère de Jean (#Mt 4:21); il est toutefois mort martyr avant de pouvoir rédiger cette épître (#Ac 12:2). Il ne reste donc que l’aîné des demi-frères de Christ (#Mr 6:3), qui était aussi le frère de Jude (#Mt 13:55), auteur de l’épître qui porte son nom (#Jude 1). Ce Jacques a tout d’abord rejeté l’idée que Jésus puisse être le Messie (#Jn 7:5), mais, par la suite, il a cru (#1Co 15:7) et est devenu l’un des principaux responsables de l’Église de Jérusalem (cf. #Ac 12:17 ; #Ac 15:13 ; #Ac 21:18 ; #Ga 2:12). Il est en effet présenté comme l’une des « colonnes » de cette Église, titre qu’il partage avec Pierre et Jean (#Ga 2:9). Il est aussi connu sous le nom de Jacques le juste, du fait de son engagement en faveur de la justice. Si l’on en croit l’historien juif du Ier siècle Flavius Josèphe, Jacques mourut en martyr vers 62 apr. J.-C. La comparaison lexicale entre la lettre transcrite en #Ac 15 et cette épître fournit une confirmation supplémentaire qu’il en est bien l’auteur. Si les termes peuvent différer en français, ils sont identiques en grec.
Comparaison lexicale entre Jacques et Actes 15 ==> figure 11954
Jacques écrit avec l’autorité que lui confère sa qualité de témoin oculaire de la résurrection de Christ (#1Co 15:7). Il était reconnu comme compagnon d’œuvre des apôtres (#Ga 1:19) et comme chef de l’Église de Jérusalem.
Jacques destinait sans doute cette épître aux croyants dispersés (#Ja 1:1), suite à l’agitation politique mentionnée en #Ac 12 (vers 44 apr. J.-C.). Elle a très probablement été rédigée vers 44-49 apr. J.-C., puisqu’elle ne contient aucune allusion au concile de Jérusalem évoqué en #Ac 15 (vers 49 apr. J.-C.). Elle serait donc la plus ancienne du canon du Nouveau Testament.
Contexte et arrière-plan
Les destinataires de cette épître étaient les chrétiens d’origine juive dispersés (#Ja 1:1), suite peut-être au martyre d’Etienne (#Ac 7:1 ; 31-34 apr. J.-C.), ou, ce qui constitue l’hypothèse la plus vraisemblable, du fait des persécutions subies sous le règne d’Hérode Agrippa Ier (#Ac 12, vers 44 apr. J.-C.). Ils sont appelés « frères » à 15 reprises (#Ja 1:2, #Ja 1:16, #Ja 1:19 ; #Ja 2:1, #Ja 2:5, #Ja 2:14 ; #Ja 3:1, #Ja 3:10, #Ja 3:12 ; #Ja 4:11 ; #Ja 5:7, #Ja 5:9-10, #Ja 5:12, #Ja 5:19), épithète courante parmi les Juifs du Ier siècle. Par ailleurs, le mot grec traduit par « assemblée » (#Ja 2:2) est le même que celui traduit par « synagogue », et Jacques fait plus de 40 allusions à l’Ancien Testament (et plus de 20 au sermon sur la montagne, #Mt 5:1-7:@). L’épître porte donc clairement l’empreinte du judaïsme.
Thèmes historiques et théologiques
L’épître de Jacques rappelle le livre des Proverbes par sa manière directe et pragmatique d’évoquer la vie du chrétien victorieux. Elle met l’accent sur la pratique de la sainteté plutôt que sur une simple connaissance théorique de la vérité. Jacques désirait passionnément voir ses lecteurs faire preuve d’une obéissance sans compromis à la Parole de Dieu. En homme habitué à vivre à l’extérieur, il mentionne à 30 reprises au moins la nature (p. ex. « flot de la mer » 1:6; « bêtes » 3:7; « le ciel donna de la pluie » 5:18). A l’instar de Paul, il insiste sur la justification par la foi, mais en mettant l’accent sur les fruits spirituels comme démonstration d’une foi authentique.
Questions d’interprétation
Deux textes significatifs au moins présentent des difficultés d’interprétation.
1° en #Ja 2:14-26, quelle relation y a-t-il entre la foi et les œuvres? L’accent mis par Jacques sur les œuvres contredit-il Paul et l’importance qu’il donne au salut par la foi?
2° Les promesses de guérison en #Ja 5:13-18 concernent-elles le domaine spirituel ou physique? Ces questions difficiles sont traitées dans les notes.
Plan
Il y a différentes manières possibles de mettre en évidence l’articulation de cette épître. L’une d’entre elles consiste à mettre l’accent sur la série de tests permettant de mesurer l’authenticité de la foi du croyant.
Plan
Introduction (#Ja 1:1)
I. Le test de la persévérance dans la souffrance (#Ja 1:2-12)
II. Le test de la tentation (#Ja 1:13-18)
III. Le test de la réponse donnée au monde (#Ja 1:19-27)
IV. Le test de l’amour impartial (#Ja 2:1-13) V. Le test des œuvres justes (#Ja 2:14-26)
VI. Le test de la langue (#Ja 3:1-12)
VII. Le test de la sagesse dans l’humilité (#Ja 3:13-18)
VIII. Le test de la compromission avec le monde (#Ja 4:1-12)
IX. Le test de la dépendance (#Ja 4:13-17)
X. Le test de la patience dans la souffrance (#Ja 5:1-11)
XI. Le test de l’authenticité (#Ja 5:12)
XII. Le test de la persévérance dans la prière (#Ja 5:13-18)
XIII. Le test de la foi authentique (#Ja 5:19-20)
* * *
1:1
Jacques. Le demi-frère du Seigneur Jésus (voir l’introduction {==> "Ja 1:1"}, auteur et date {==> "Ja 1:1"}; cf. #Ga 1:19 ; #Ga 2:9).
serviteur. Voir la note sur Ro 1:1 {==> "Ro 1:1"}.
douze tribus. Appellation communément donnée aux Juifs dans le N.T. (cf. #Mt 19:28 ; #Ac 26:7 ; #Ap 7:4). Après le règne de Salomon, le royaume fut divisé en deux. Celui du nord, appelé Israël, était constitué de dix tribus. Benjamin se joignit à Juda pour former le royaume du sud, appelé Juda. Suite à la chute du royaume du nord et à sa déportation en Assyrie (722 av. J.-C.), quelques-uns de ceux qui restaient des dix tribus du nord parvinrent à s’introduire en Juda et à se rendre à Jérusalem pour adorer dans le temple (#2Ch 29:1-30:@ ; #2Ch 34). Ainsi put être préservée l’existence des douze tribus en terre de Juda. Quand le royaume du sud fut emmené en exil à Babylone (586 av. J.-C.), il devint impossible d’établir avec certitude l’identité tribale des habitants. Néanmoins, les prophètes prédirent l’avènement d’un temps où Dieu reconstituerait la nation tout entière et redonnerait à chacun son appartenance tribale (cf. #Esa 11:12-13 ; #Jér 3:18 ; #Jér 50:4 ; #Ez 37 ; #Ap 7:5-8).
dans la dispersion. Le mot grec diaspora qui signifie littéralement « à travers un ensemencement » (cf. #Jn 7:35) - était devenu un terme technique pour désigner les Juifs établis hors du territoire d’Israël (cf. #1Pi 1:1). De nombreux Juifs avaient été expulsés de leur terre par les Assyriens (#2R 17 ; #1Ch 5) et les Babyloniens (#2R 24:1-25:@ ; #2Ch 36), puis emmenés en esclavage à Rome lors de la conquête romaine (autour de 63 av. J.-C.). En outre, au cours des siècles qui précédèrent la première venue de Christ, des milliers de Juifs quittèrent le pays promis pour s’installer dans tout le monde méditerranéen (voir les notes sur Ac 2:5-11 {==> "Ac 2:5"}). Les destinataires de cette épître étaient, en premier lieu, ceux qui avaient été dispersés suite aux persécutions (voir l’introduction {==> "Ja 1:1"}, contexte et arrière-plan {==> "Ja 1:1"}).
*****
NOTES DE CHEMIN DE VIE
Introduction
La paille est un élément qui entre dans des expressions peu avenantes. Par exemple, dans la chanson Il était un petit navire, on tire à la courte paille pour savoir qui serait mangé ; on ne peut guère descendre plus bas que lorsqu’on est sur la paille et un feu de paille ne mène à rien. C’est dans ce sens très négatif que Martin Luther a utilisé le mot paille quand dans l’introduction de la première édition de son Nouveau Testament allemand (1522), il a qualifié la petite lettre de Jacques d’épître de paille.
Tout au long de l’histoire de l’Église et pour diverses raisons, beaucoup ont contesté la canonicité de cette épître. On l’a jugée trop petite pour être sérieuse, douteuse, car elle ne donne pas d’enseignement doctrinal et s’adresse aux croyants d’origine juive ; et enfin, parce qu’elle n’a pas été écrite par l’un des apôtres. Il s’ensuit que l’épître de Jacques a eu beaucoup de mal à se faire une place dans le Nouveau Testament.
On trouve des allusions à l’épître de Jacques dans plusieurs textes datant de la fin du premier siècle. Vers la fin du second siècle, l’écrivain grec Clément d’Alexandrie (150-215) écrivit un commentaire sur elle, mais il s’est perdu. Pour Origène (185-253) qui fut avec Augustin le plus grand théologien de l’antiquité, il ne faisait aucun doute que l’épître de Jacques était inspirée de Dieu. À la fin du 3e siècle, Eusèbe (265-340), qui est considéré comme le père de l’histoire religieuse, reconnaît un statut canonique à cette épître, mais la classe parmi les ouvrages discutés, car tout le monde n’était pas d’accord, en particulier dans l’Église de Syrie, et pourtant elle fut incluse dans l’ancienne version syriaque des Écritures (La Peschitta). Finalement, Jérôme (347-420), Père et docteur de l’Église, a inclus Jacques dans la version latine de la Bible (La Vulgate), ce qui confirma son statut d’épître inspirée du Saint-Esprit.
Luther n’avait que faire de l’épître de Jacques parce qu’elle ne dit rien sur les grandes doctrines de la foi chrétienne, qu’il défendait avec passion. En réalité, une partie de son hostilité vis-à-vis de cette lettre était due à sa hargne contre ses adversaires catholiques romains qui utilisaient le second chapitre de l’épître pour défendre l’idée que l’homme peut se rendre juste devant Dieu par ses bonnes œuvres.
L’épître de Jacques n’est pas un traité doctrinal mais un manuel pratique de la vie chrétienne. Si son auteur ne mentionne aucun événement de la vie de Jésus, en revanche il fait référence une bonne vingtaine de fois au Sermon sur la Montagne et on pourrait presque dire que cette lettre est un commentaire sur ce long discours de Jésus. Par exemple, Jacques rejette toute profession de foi superficielle et reproche à ses lecteurs qui étaient Juifs leur attachement aux valeurs de ce monde.
Comme j’aime à le dire, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, ce qui fait que l’enseignement de cette épître la rend tout aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était au moment de sa rédaction.
L’auteur de la lettre se présente comme étant Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ (#Jacques 1:1). Cette brièveté suggère qu’il était très bien connu de ses destinataires parce qu’il jouissait d’une grande influence dans l’Église de Jérusalem. Cette caractéristique exclut plusieurs Jacques comme le père de l’apôtre Jude (#Luc 6:16; Actes 1:13; Matthieu 10:3; Marc 3:18) dont on ignore tout par ailleurs. Jacques fils d’Alphée faisait partie des douze apôtres (#Matthieu 10:3; Actes 1:13; Marc 15:40), mais il disparaît après la Pentecôte. En troisième lieu, Jacques fils de Zébédée, frère de l’apôtre Jean et membre des douze, aurait pu être un bon candidat, car il est souvent mentionné dans les Évangiles et le livre des Actes (#Matthieu 4:21; 10:2; 17:1 ; etc.), mais comme il a été exécuté par le roi Hérode Aggripa (comparez #Actes 12:1-2) dès l’an 44, il ne peut être l’auteur de l’épître de Jacques. Finalement, il ne reste plus que Jacques, l’un des frères de Jésus ou plus exactement son demi-frère. Tous deux avaient été élevés ensemble, mais l’apôtre Jean écrit que les frères de Jésus eux-mêmes ne croyaient pas en lui (#Jean 7:5). Et dans l’Évangile, on lit qu’au cours de son ministère, Jésus est retourné à Nazareth et enseignait dans la synagogue au point où les gens disaient :
D’où tient-il cette sagesse et le pouvoir d’accomplir ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? N’est-il pas le fils de Marie, et le frère de Jacques, de Joseph, de Simon et de Jude ! Ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il reçu tout cela ? Et voilà pourquoi ils trouvaient en lui un obstacle à la foi (#Matthieu 13:54-57).
Alors Jésus leur dit : C’est seulement dans sa patrie et dans sa propre famille que l’on refuse d’honorer un prophète (#Marc 6:3).
Non seulement les frères et sœurs n’avaient pas foi en Jésus, mais ils le croyaient fou (#Marc 3:21). On ne sait pas quand Jacques a reconnu en son grand frère le Messie, le Fils de Dieu, mais on sait qu’après sa résurrection, Jésus lui est apparu (#1Corinthiens 15:7) et qu’au sein de l’Église de Jérusalem, Jacques exerçait d’importantes fonctions (comparez #Actes 12:17; 21:18; Galates 1:19; 2:9, 12). Son influence était telle que l’apôtre Paul parle de lui comme étant une colonne de l’Église (#Galates 2:9 ; comparez #Actes 12:17) ; c’est d’ailleurs Jacques qui a présidé le concile de Jérusalem (#Actes 15:13). Quand Jude écrit sa toute petite lettre, il se présente timidement comme Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques (#Jude 1), ce qui montre bien que Jacques était très connu.
Une autre raison de croire que le Jacques qui a écrit cette lettre est le même que celui qui a dirigé le concile de Jérusalem nous est donnée par les parallèles linguistiques entre son discours et le contenu de l’épître. Par exemple, il est le seul auteur du Nouveau Testament à utiliser un certain mot (chairein) pour salut et on le retrouve à la fois dans l’épître (#Jacques 1:1) et dans son discours au concile (#Actes 15:33).
Contrairement à l’apôtre Paul ou Pierre ou Jean qui écrivaient principalement à des croyants, Jacques balaie large et s’adresse aussi à des personnes qui étaient étrangères à la communauté chrétienne. Cependant, les destinataires de l’épître étaient des Juifs expatriés à Babylone et en Mésopotamie, mais qui avaient vécu en Palestine. En effet, dans l’une de ses démonstrations, Jacques utilise l’analogie des pluies d’automne et de printemps (#Jacques 5:7) qui sont une caractéristique typique du climat de cette région.
Jacques utilise une terminologie caractéristique de l’Ancien Testament, et cela, dès le premier verset où il parle des douze tribus dispersées du peuple de Dieu. L’épître contient quatre citations directes et plus de quarante allusions tirées de l’Ancien Testament. Jacques est le seul auteur du Nouveau Testament à utiliser le titre Seigneur des armées (#Jacques 5:4 ; comparez la citation en #Romains 9:29), qui, avec son équivalent Éternel des armées, est spécifique à l’Ancien Testament. Il emploie l’image de l’adultère (#Jacques 4:4) qui est fréquente chez les prophètes, pour décrire l’apostasie religieuse et l’idolâtrie. Enfin, il décrit l’Évangile comme la loi qui donne la liberté (#Jacques 2:12) et le lieu de rencontre de ses lecteurs est la synagogue, que l’on traduit généralement par assemblées (#Jacques 2:2).
La situation économique des lecteurs de l’épître est très contrastée ; elle va du très riche au miséreux. D’une part, Jacques parle à la manière des prophètes de l’Ancien Testament (#Jacques 5:1-6), à des commerçants entreprenants (#Jacques 4:13-17) et à des propriétaires terriens fortunés, et d’autre part, il mentionne la présence dans l’Église, de riches qui ont souffert à cause de leur foi (#Jacques 1:10-11), et de pauvres qui sont méprisés par leurs contemporains (#Jacques 2:1-4, 2:15-16). Certains de ces démunis sont des ouvriers journaliers qui sont exploités d’une manière honteuse par les grands propriétaires (#Jacques 5:4-6) dont la devise devait être :
Je veux bien être chrétien, mais qu’on ne touche pas à mon pognon !
Jacques parle de persécutions (#Jacques 5:10). Or nous savons que dès le début de l’Église, les premiers croyants qui étaient juifs eurent à souffrir de la part de leurs contemporains.
Les censures de Jacques à l’égard des riches propriétaires, qui étaient d’obédience sadducéenne, ont probablement contribué à son assassinat en l’an 62. Selon l’historien juif Josèphe, contemporain de Jacques, ce serait le grand-prêtre Hanne qui l’a fait mettre à mort à coups de pierres, en l’an 62. Méchant comme une teigne, cet homme cherchait le moment opportun pour se débarrasser de Jacques. Suite au décès du gouverneur en place (Festus) et avant que le nouveau (Albinus) ne prenne ses fonctions, Hanne a profité de la vacance du pouvoir romain à Jérusalem pour accomplir son méfait. Toujours selon l’historien Josèphe, les Pharisiens qui étaient les rivaux religieux des Sadducéens condamnèrent cet acte criminel.
L’épître ne fait pas la moindre allusion aux tensions qu’a créées l’entrée des non-Juifs dans l’Église, et qui furent l’une des préoccupations majeures de Jacques au moment du Concile de Jérusalem (en 49) et par la suite (#Actes 15:13-21; 21:17-25). Il est donc quasi certain que cette lettre a été écrite avant le concile et peu de temps après le meurtre du diacre Étienne (#Actes 7:58). En effet, suite à cet assassinat en règle et selon le livre des Actes, à partir de ce jour-là, une violente persécution se déchaîna contre l’Église de Jérusalem ; tous les croyants se dispersèrent à travers la Judée et la Samarie, à l’exception des apôtres (#Actes 8:1). Cette diaspora qui était la première de Juifs croyants, l’Israël de Dieu, s’étendit à la Galilée et aux villes côtières de la Palestine (#Actes 8:40; 9:31-43; 10:1, 24), Damas et ses environs (#Actes 9:1-2, 9:19-22), la Phénicie, Chypre et Antioche en Syrie (#Actes 11:19). C’est d’ailleurs dans cette dernière ville que s’est créée la première assemblée chrétienne constituée principalement de non-Juifs (#Actes 11:20-21, 26). Face à une telle dispersion, on comprend que Jacques et Pierre, tous deux piliers de l’Église naissante, ait eu à cœur d’écrire à ces croyants disséminés dans la nature. En tout cas, le livre des Actes témoigne du souci de l’Église de Jérusalem pour ces chrétiens (#Actes 8:14; 11:22, 27).
D’après toutes les informations que nous possédons, l’épître de Jacques a été rédigée pendant la première moitié des années 40, ce qui fait d’elle le premier écrit du Nouveau Testament, bien avant les Évangiles.
Au premier abord, la lettre de Jacques semble assez décousue, passant d’une recommandation à une autre sans lien apparent. À certains moments, elle fait penser à un recueil hétéroclite de diatribes par lesquelles Jacques encouragerait ses destinataires à adopter un comportement digne de leur foi. Mais en y regardant de plus près, on voit que cette lettre est un chef-d’œuvre littéraire à la fois pittoresque, grandiloquent et passionné. Elle est construite autour de trois thèmes principaux qui s’entrecoupent. Premièrement, épreuve, tentation et importance de la patience (#Jacques 1:2-4, 1:12-19a ; 4.13-5.11). Deuxièmement, sagesse et usage de la parole (#Jacques 1:5-8, 19b-21 ; 3.1-4.12 ; 5.12). Troisièmement, richesse et pauvreté (#Jacques 1:9-11, 1:22-27; 2:1-26; 5:13-18).
Avant de commencer le commentaire proprement dit de Jacques, il me faut revenir sur la raison du mépris de Martin Luther à l’égard de cette lettre qu’il a qualifiée d’épître de paille. Le fer de lance des réformateurs était la justification par la foi seule sans l’addition d’aucune bonne œuvre ou de rite quelconque. En d’autres mots, pour aller au ciel il suffit d’accepter Jésus comme son Sauveur. Ce concept et cette doctrine sont développés en détail par l’apôtre Paul qui s’appuie sur l’exemple d’Abraham. En effet, dans le livre de la Genèse, on lit qu’Abram fit confiance à l’Éternel et, à cause de cela, l’Éternel le déclara juste (#Genèse 15:6). Paul cite ce passage dans deux de ses épîtres (#Romains 4:3; Galates 3:6) et montre que l’homme est déclaré juste devant Dieu par la foi seule sans la mise en pratique des œuvres qu’exige la Loi de Moïse. Or selon la perspective de Luther, Jacques aurait lancé un gros pavé dans la marre, car en s’appuyant sur le même passage de la Genèse que Paul (#Jacques 2:23), il écrit qu’Abraham a été déclaré juste devant Dieu à cause de ses actes, et pas uniquement à cause de sa foi (#Jacques 2:24). La divergence d’approche entre les deux auteurs sacrés peut faire penser que Jacques a corrigé Paul. Mais ce point de vue ne tient pas à un examen rigoureux. Comme je l’ai déjà dit, Jacques a écrit le premier.
D’autre part, pas plus Jacques que Paul n’étaient des innovateurs dans leur réflexion sur la justification d’Abraham. Dans les milieux juifs de l’époque grecque qui précéda la suprématie romaine (comparez #1Maccabees 2:52 ; Jubilés 14.6), les rabbins s’étaient déjà penchés sur cette grande question, à savoir :
Comment l’homme peut-il parvenir au statut de juste devant Dieu.
Ensuite, il faut tenir compte que Jacques et Paul s’adressent à des auditeurs très différents. Jacques parle à des contradicteurs juifs et les renvoie à la shama, le credo de la religion juive qui commence par :
Écoute, Israël ! l’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel (#Deutéronome 6:4).
Puis Jacques ajoute :
Tu crois qu’il y a un seul Dieu ? C’est bien. Mais les démons aussi le croient, et ils tremblent (#Jacques 2:19).
Jacques n’aborde pas la justification des païens devant Dieu comme le fait l’apôtre Paul dans les épîtres qu’il adresse aux Romains (#Romains 3:29-30) et aux Galates (#Galates 2:17; 3:8). Jacques met en opposition, d’une part, les œuvres de la vraie foi en Dieu, et d’autre part, la croyance juive et ses pratiques liées à la tradition et composées de rites complexes et exigeants. L’apôtre Paul s’adresse surtout à des non-Juifs et met en opposition la vraie foi en Jésus-Christ aux œuvres et aux rites de la loi de Moïse. Jacques oppose l’assurance trompeuse de celui qui se contente d’un credo aux actes concrets qui révèlent la vraie foi (#Jacques 2:18) et Paul oppose la confiance en Jésus-Christ à la soumission au régime de la loi dont le principe est l’obéissance absolue ce qu’il souligne d’un gros trait quand il écrit :
Le régime de la Loi ne fait pas dépendre de la foi la justice de l’homme devant Dieu. Au contraire, il obéit à cet autre principe : C’est en accomplissant tous ces commandements que l’on obtient la vie (#Galates 3:12).
Jacques s’adresse à un public exclusivement juif dont certains membres sont de vrais chrétiens tandis que d’autres ont une croyance superficielle en Jésus et une conduite répréhensible. Ces derniers se croyant par définition le peuple de Dieu pensaient que leur participation à la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ allait de soi ; elle était gagnée d’avance. Afin de corriger leur erreur et de les mettre sur le bon chemin, Jacques leur explique que la vie nouvelle s’obtient par un acte divin (#Jacques 1:16-18) qui accomplit deux objectifs. D’une part, il libère le croyant du cycle infernal des mauvais désirs qui font naître le péché qui engendre la mort (#Jacques 1:15). D’autre part, il rend le croyant capable de manifester un amour véritable envers son prochain (#Jacques 2:8). En gros, Jacques dit qu’il n’est pas possible de dissocier la foi des actes qu’elle produit, car seul l’accomplissement de bonnes œuvres selon Dieu prouve que la foi est authentique et non pas une simple croyance stérile (#Jacques 2:18, 26). L’apôtre Paul aussi exigeait du fruit dans la vie de ses lecteurs puisque dans ses épîtres, il explique en long en large et en travers comment les croyants doivent se comporter afin de plaire à Dieu (comparez #Éphésiens 2:8-9; Tite 3:5).
Dans sa lettre, Jacques ne fait jamais que prolonger l’enseignement de Jésus qui fut le premier à dire qu’il faut naître d’en haut (#Jean 3:1-8). Et dans le Sermon sur la Montagne, Jésus dit à la foule qui l’écoutait :
Je vous le dis : si vous n’obéissez pas à la Loi mieux que les spécialistes de la Loi et les pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux (#Matthieu 5:20).
Comme Jésus, Jacques vise ceux qui par leur religiosité se moquent de Dieu. D’une part, il rabaisse le caquet de ceux qui prennent l’initiative d’ajouter ce qui leur semble bon à la foi en Dieu, et d’autre part, il condamne la superficialité de ceux qui se contentent de quelques rites et de la confession d’un credo pour se croire juste.
En définitive, entre l’apôtre Paul et Jacques il n’existe aucune divergence. Pour tous deux, la foi qui sauve provient de la grâce de Dieu et cette foi doit se traduire par des actes concrets inspirés par l’amour que l’Esprit suscite dans le croyant (comparez #Jacques 2:8-10; Galates 5:6, 22). La différence de perspective des écrits de ces deux géants du Nouveau Testament est due à l’essor considérable de la Bonne Nouvelle qui s’était répandue parmi les non-Juifs, qui jusque-là étaient étrangers aux alliances conclues par Dieu … sans espérance et sans Dieu dans le monde (#Éphésiens 2:12 ; comparez #Romains 9:4-5). Or tout ce que Dieu demande aux non-Juifs est de rompre avec le paganisme et de placer leur espérance en Jésus-Christ. Ils n’ont pas à devenir d’abord de « bons Juifs » et à se placer sous le régime de la Loi. C’est dans son épître aux Galates (sa première lettre) que Paul explique pour la première fois cette nouvelle dynamique de la justification par la foi seule sans les obligations de la loi.
En résumé donc, Jacques ne corrige pas Paul surtout que sa lettre est bien antérieure à celles de l’apôtre ; c’est plutôt Paul qui sous l’inspiration du Saint-Esprit, adapte la compréhension traditionnelle de l’Ancien Testament de la justification à la situation nouvelle créée par l’entrée des non-Juifs dans le peuple de Dieu. Aveuglé par les conflits théologiques de son époque, Luther n’a pas pu voir que sous la paille de l’épître de Jacques, en réalité, se cachaient des paillettes d’or.
Aujourd’hui, un peu partout en Europe, on a des réfugiés qui se déplacent en roulotte parce qu’ils sont chassés d’une commune à l’autre. On les appelle les gens du voyage. Mais avant eux, on avait le Juif errant, une expression qui se trouve dans le dictionnaire sous la définition du mot errant. Et ce n’est pas un abus de langage parce que depuis plusieurs millénaires, les Juifs sont dispersés de par le monde. Cependant, cela ne signifie pas qu’ils se sont dissous dans la masse des peuples ou qu’ils aient perdu leur identité, car les douze tribus d’Israël réapparaissent à la fin de l’Histoire dans le livre de l’Apocalypse.
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Chapitre 1
Verset 1
Je commence à lire l’épître de Jacques.
Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus dans la dispersion, salut ! (#Jacques 1:1 ; auteur).
La lettre commence de façon conventionnelle ; l’auteur se présente et indique à qui il s’adresse. Le mot pour salut, signifie soyez joyeux. Cette forme de salutation était courante et on la trouve dans des milliers d’anciens papyrus, mais elle ne se retrouve seule comme ici dans aucune autre lettre du Nouveau Testament. Pour Jacques, ce salut, n’est pas une simple formalité, car l’auteur désire que sa lettre réjouisse ses lecteurs en les encourageant. Il est également notable que Jacques n’a pas ajouté la salutation juive Shalom qui veut dire Paix. L’apôtre Paul par contre, utilisait généralement les salutations grecque et juive qui sont grâce et paix dans toutes ses épîtres.
Jacques se contente d’une introduction relativement brève ; l’absence d’autre précision le concernant laisse supposer que son identité ne faisait aucun doute pour ses lecteurs et qu’il avait l’autorité nécessaire pour envoyer une lettre de ce genre. Il faut aussi remarquer qu’en dépit de sa prééminence dans l’Église de Jérusalem, Jacques ne se présente pas comme le frère du Seigneur Jésus, et il ne mentionne ni sa position ni le fait que le Christ ressuscité lui soit apparu personnellement.
Quand dans leur Évangile respectif, Matthieu et Marc énumèrent les demi-frères de Jésus, ils nomment Jacques en premier, ce qui implique qu’il est le second fils de Marie et donc le premier de Joseph. J’ai bien peur que si j’avais été à sa place, d’une façon indirecte, sous un déguisement pieux et trempé de fausse humilité, je n’aie pas manqué de rappeler ma relation privilégiée avec le Christ. Mais Jacques n’en fait rien ; c’est un homme fondamentalement humble et qui se décrit comme le serviteur de Dieu et de Jésus-Christ.
Le mot doulos traduit par serviteur est fréquemment utilisé par l’apôtre Paul et a donné douleur en français ; il désigne un esclave, quelqu’un privé de toute liberté personnelle et qui dépend totalement de son propriétaire qui lui fournit le logis, le couvert et le vêtement. En contrepartie, à cette époque, on exigeait de tout esclave une obéissance et une loyauté absolues à son maître
Dans l’Ancien Testament, le titre de serviteur de l’Éternel est courant ; c’est ainsi que sont désignés Abraham (#Genèse 26:24), Isaac (#Genèse 24:14), Jacob (#Ezékiel 28:25), Job (#Job 1:8), Moïse (#Exode 14:31), Josué (#Josué 24:29), Caleb (#Nombres 14:24), David (#2Samuel 3:18), les prophètes Ésaïe (#Esaïe 20:3) et Daniel (#Daniel 6:20). Dans le Nouveau Testament, les apôtres Paul, Pierre (#2Pierre 1:1) et Jean (#Apocalypse 1:1), les disciples Épaphras (#Colossiens 4:12), Timothée (#Philippiens 1:1), et Jude, et même Jésus sont appelés doulos, serviteur-esclave. En prenant ce titre, Jacques se met au niveau de ceux qui ont accepté de servir le Dieu unique et vrai.
Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Cette tournure de phrase place à égalité Dieu et Jésus-Christ, ce qui montre que Jacques reconnaît la divinité de Jésus. De plus, il mentionne le nom complet du Seigneur : Jésus signifie Dieu sauve et Christ veut dire Messie. Le Dieu éternel est devenu le Sauveur et est ressuscité en tant que Christ éternel et souverain, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois (#1Timothée 6:15; Apocalypse 17:14; 19:16).
Non seulement Jacques jouait un rôle vital dans l’Église de Jérusalem, mais il avait le souci des croyants éparpillés dans la nature. Comme à cette époque ils étaient tous juifs, il les appelle les douze tribus. Dans le Nouveau Testament, cette expression désigne la nation d’Israël (comparez #Matthieu 19:28; Actes 26:7; Apocalypse 21:12).
Suite au règne quelque peu despotique de Salomon, les douze tribus s’étaient scindées en deux royaumes, celui du Nord et Juda dans le sud. Quand les Assyriens ont envahi le royaume des 10 tribus du Nord (722 av. J.-C.), beaucoup d’Israélites se sont réfugiés chez leurs frères du sud, préservant ainsi les douze tribus sur le territoire de Juda. Ce royaume fut conquis par les Chaldéens et sa population déportée (586-587 av. J.-C.). Mais après que les Perses eurent conquis Babylone, les Juifs furent autorisés à rentrer chez eux et parmi eux se trouvaient des membres des douze tribus.
À la fin des temps, Dieu fera revenir tous les Juifs de toutes les nations dans leur pays. Ce sera le nouvel Israël (#Esaïe 11:12, 13; Jérémie 3:18; 50:19; Ezékiel 37; Apocalypse 7:5-8 #Ezékiel 37:15-22) auquel se joindront les non-Juifs ayant la foi en Jésus-Christ.
Jacques s’adresse donc à tous les Juifs qui, à l’exemple de leurs ancêtres, sont dispersés dans un quelconque endroit loin de leur patrie ou tout au moins en dehors de la Palestine. Au cours des siècles précédents, divers conquérants (les Romains en 70 et 63 av. J.-C.) avaient déporté les Israélites un peu partout dans le monde antique tandis que d’autres avaient choisi d’émigrer volontairement, ce qui fait qu’à l’époque du Nouveau Testament, de nombreux Juifs faisaient partie de la diaspora. Au moment de la Pentecôte, quand l’Église est née, beaucoup étaient venus à Jérusalem pour célébrer la fête, car selon la loi de Moïse c’était une obligation pour les hommes adultes. À cette occasion, l’apôtre Pierre leur a prêché la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et un certain nombre d’entre eux a reconnu en Jésus le Messie et le Sauveur avant de retourner chacun dans son pays d’accueil. Jacques s’adresse à eux, mais en même temps, et à la manière des prophètes de l’Ancien Testament, il a aussi un message pour les descendants d’Abraham qui ne sont pas convertis à Jésus. Cela dit, la troisième catégorie de Juifs auxquels Jacques s’adresse et qui constituent son auditoire principal se compose d’Israélites croyants qui se sont enfuis parce qu’après le meurtre d’Étienne, ils ont été persécutés par leurs compatriotes à cause de leur foi en Jésus.
Pour Jacques, les Juifs croyants des douze tribus dispersés étaient la continuité du peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance qui comme je l’ai déjà dit se trouvait alors dispersé un peu partout. L’exil volontaire ou forcé des Juifs rappelle que les chrétiens aussi vivent dans un monde qui n’est pas leur véritable demeure (comparez #1Pierre 1:1; 2:11).
LETTRE DE JACQUES
L’auteur de cette lettre se nomme seulement « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ ». On considère généralement qu’il s’agit du frère de Jésus (#Mt 13:55), qui occupa une place éminente dans l’Église de Jérusalem (#Ga 2:9 et #Ac 15:13-21) où il s’est consacré à l’annonce de la Parole aux Juifs. Son autorité incontestée dans la communauté judéo-chrétienne explique bien le ton général de la lettre. L’origine juive de l’auteur ne fait en tout cas aucun doute : il appelle l’Église « synagogue », rappelle l’exemple de Job et ceux d’Abraham et de Rahab, cite à plusieurs reprises l’Ancien Testament. Jacques s’adresse aux « douze tribus dispersées du peuple de Dieu », expression qui peut désigner l’ensemble des chrétiens, par analogie avec le peuple de Dieu de l’ancienne alliance composée des douze tribus d’Israël.
NOTES SEM
La lettre de Jacques fonctionne surtout par association d’idées, suivant un genre littéraire qu’on retrouve dans le livre des Proverbes. On peut toutefois y discerner trois cycles : une double introduction (1.2-11 et 1.12-27), le corps de la lettre (2.1 à 5.6) et une conclusion (5.7-20). Dans chacune de ces sections Jacques revient sur trois thèmes qu’il développe à chaque fois :
l’épreuve, la tentation et la persévérance ;
la sagesse, la prière et la langue ;
les riches et les pauvres, et la solidarité.
La lettre se termine par une réévaluation de la parole humaine : la prière, parole qui a une grande force, et la parole qui ramène l’égaré sur le chemin de la vérité (5.12-19).
L’intérêt de cette lettre réside en particulier dans le caractère très pratique et très actuel de ses exhortations. Elle rappelle l’exigence de mettre en pratique la Parole de Dieu. Jas.1:1
NOTES SCOFIELD
LES EPITRES GENERALES.
Depuis le quatrième siècle, les sept lettres suivantes :
Jacques, I et II Pierre, I, II, III Jean et Jude sont appelées Épîtres catholiques ou Épîtres générales. Elles se distinguent des Épîtres pauliniennes par le fait qu’elles ne s’adressent pas à des Églises ou à des personnes particulières, mais à un cercle plus étendu, voire même à l’Église dans son ensemble. Le terme « catholiques » utilisé primitivement pour désigner ces lettres est employé dans le sens d’« universelles ». Plus tard, ces Épîtres furent nommées « Épîtres générales ».
D’aucuns ont objecté que Jacques, I Pierre, II et III Jean n’étaient pas vraiment des Épîtres « générales » parce que l’objet de leur enseignement était trop limité. L’Épître de Jacques, qui s’adresse aux Juifs dispersés, « aux douze tribus qui sont dans la dispersion », #Ja 1:1 est probablement l’un des plus anciens livres du N. T.; elle a été écrite avant la fin des voyages missionnaires de Paul, et à l’époque où l’Église se composait en grande partie de chrétiens hébreux. Elle mérite donc d’être considérée comme l’une des Épîtres générales au même titre que I Pierre, adressée « à ceux qui sont étrangers et dispersés » dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie #1P 1:1.
Les courtes lettres de II et III Jean sont étroitement apparentées par leur forme et leur fond à I Jean ; elles peuvent être considérées comme les prolongements de cette première Épître et méritent donc, bien qu’elles s’adressent à des individus, d’être comptées à leur tour parmi les Épîtres générales.
Du point de vue doctrinal, les Épîtres générales sont aux Épîtres pauliniennes ce que l’Évangile de Jean est aux Évangiles synoptiques ; elles complètent l’enseignement de Paul sans jamais entrer en conflit avec lui. C’est ainsi que l’exposé de Jacques sur la justification par les œuvres, #Ja 2:14-26 complète l’enseignement de Paul sur la justification par la foi ; de même, l’instruction de Pierre sur « les derniers jours » et le retour du Seigneur est le corollaire de ce qu’écrit Paul sur le même sujet.
Le rôle des Épîtres générales est donc d’apporter des compléments au grand ‘exposé de Paul sur le christianisme et ainsi de s’insérer dans la doctrine du N.T. En d’autres termes, Paul énonce les principes du christianisme pour les païens, alors que Jacques le fait pour les Juifs ; Pierre établit un pont entre Paul et Jacques ; dans ses Épîtres, Jean présente l’aspect universel du christianisme. On peut considérer que Paul est l’apôtre de la foi, Jacques celui des œuvres, Pierre
celui de l’espérance, Jean celui de l’amour et Jude celui de la défense de la foi. Enfin, dans leur interdépendance, les Épîtres de Jacques et de I Pierre, celles de II Pierre et de Jude et les trois Épîtres de Jean ont bien des points communs.
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EPITRE DE JACQUES.
Auteur : Jacques.
Thème : la vie chrétienne sous son aspect pratique.
Date de rédaction : environ 45-50.
Jacques, l’auteur de cette Épître, était le frère du Seigneur (au sujet des trois autres hommes du N.T. prénommés Jacques, ==> "Mt 4:21" Chef de la première Église chrétienne, celle de Jérusalem, Jacques était un homme de grande autorité #Ac 15:13-29; Ac 12:17; 21:17-18.
Sans doute fut-il amené à la conversion par le Seigneur ressuscité #1Co 15:7.
Il s’adresse « aux douze tribus qui sont dans la dispersion » #Ja 1:1 c’est-à-dire aux chrétiens d’origine juive dispersés dans l’Empire romain. Cette Épître fut probablement l’un des premiers
écrits du N.T.
Par son style et ses fréquentes références au sermon sur la montagne, l’Épître de Jacques reflète l’Esprit et les enseignements de Christ en mettant l’accent sur un christianisme pratique. Bien qu’elle n’ait pas une forme théologique, cette Épître est remarquable par ses principes moraux toujours valables pour l’Église. Elle mentionne deux fois le retour de Jésus-Christ, #Ja 5:7, 8 et parle clairement de la nouvelle naissance #Ja 1:18, 21.
Certains passages, exemple : #Ja 2:1-13; 4:1-12 révèlent l’existence de problèmes locaux. Le thème central de l’Épître de Jacques est la religion (grec threskeia), dans le sens élevé du service pour autrui, qui doit être l’aboutissement et la preuve de la foi. Ce que dit Jacques de la justification, #Ja 2:14-26 ne contredit pas l’enseignement de Paul sur cette doctrine, mais en est le complément sur le plan pratique.
Cette lettre ne se prête pas à une analyse très stricte. Elle contient des affirmations didactiques groupées autour de certains thèmes, comme les Proverbes et l’Ecclésiaste. Le style de Jacques est énergique et éloquent. Il dépeint de manière frappante, et par plusieurs images, la vie au sein de l’Église primitive. Exemple : #Ja 2:1-4; 5:1-6, 14-16
L’Épître peut être divisée comme suit :
1. Introduction, 1:1.
2. L’épreuve de la foi, 1:2-2:26.
3. La réalité de la foi, prouvée par le contrôle de la langue, 3.
4. Réprobation de la mondanité, 4.
5 Avertissement aux riches, 5:1-6.
6. Exhortations en vue du retour du Seigneur, 5:7-18.
7. Conclusion, 5:19-20.
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