SÉRIE SUR LES PROPHÈTES : Daniel
16/03/2022 00:29SÉRIE SUR LES PROPHÈTES
Daniel
Le Livre de Daniel, écrit en hébreu et en araméen, fait partie de la Bible hébraïque (Tanakh) (plus précisément des Ketouvim) et de la Bible chrétienne (plus précisément des Prophètes de l'Ancien Testament). Le texte de la Bible chrétienne contient une partie supplémentaire appelée partie deutérocanonique, et écrite en grec.
Le livre décrit des événements se déroulant de la captivité du peuple juif à Babylone sous Nabuchodonosor II, le roi de Babylone entre 605 et 562 av. J.-C., jusqu'à l'époque séleucide sous Antiochos IV, entre 175 et 163 av. J.-C. Les six premiers chapitres racontent l'histoire de Daniel et sont mis en scène au cours des épisodes de Babylone et de la Perse. Les chapitres 7 à 12 présentent des visions allégoriques d'évènements historiques débutant entre le vie siècle av. J.-C. et le iie siècle av. J.-C. Les chapitres 13 et 14 ont été écrits en grec, ce qui témoigne d'une rédaction plus tardive.
Le Livre de Daniel est écrit, tout comme le Livre d'Hénoch et d'autres apocryphes bibliques trouvés à Qumrân, dans un style apocalyptique qui était populaire à l'époque des Maccabées. Pour certains spécialistes, sa composition finale (chapitres 13 et 14 notamment) date du règne d'Antiochos IV (175 à 163 av. J.-C.), un roi séleucide qui cherchait à éradiquer le judaïsme. Les 12 précédents chapitres ont été rédigés dans une période allant jusqu'au iiie siècle av. J.-C.1 Il est le plus récent parmi les livres de l'Ancien Testament en hébreu 2 (d'autres plus récents seront ajoutés dans la version grecque de l'Ancien Testament, comme le Siracide, ou la Sagesse de Salomon).
La précision des prophéties prononcées par Daniel sur la venue du Messie, font que les traditions catholique et orthodoxe le rangent parmi les quatre grands prophètes, avec Isaïe, Jérémie et Ézéchiel.
La partie protocanonique du livre de Daniel, qui est celle de la Bible hébraïque, est rédigée dans deux langues différentes :
- Le livre commence en hébreu et ce jusqu’au chapitre 2, verset 4 (Da 1-2. 4 [archive]) ;
- Il se poursuit en araméen jusqu’à la fin du chapitre 7 (Da 2:5-7:28 [archive]) ;
- Il revient à l’hébreu jusqu’au chapitre 12 (Da 8-12 [archive]).
Cette division linguistique hébreu/araméen ne recouvre pas la division thématique du livre. En effet, Daniel comporte deux grands blocs assez distincts :
- D’une part, les chapitres 1-6 (Da 1-6 [archive]) qui racontent à la troisième personne diverses aventures arrivant à Daniel. Ces récits présentent Daniel comme un savant interprète des songes capable de conseiller les rois babyloniens et surpassant en sagesse les magiciens chaldéens ;
- D’autre part, les chapitres 7-12 (Da 7-12 [archive]) qui sont d’un tout autre genre. Ils sont rédigés en style autobiographique à partir du chapitre 8. Daniel n’est plus l’interprète des visions des autres, mais il est lui-même le bénéficiaire de visions qu’il ne réussit pas à interpréter sans l’aide d’un ange.
Par sa langue de rédaction, le chapitre 7 se rattache donc au bloc 2-6 mais son thème le lie au bloc 8-12. De très nombreux travaux ont essayé de rendre compte de la division linguistique de Daniel. L’hypothèse selon laquelle le même auteur aurait rédigé en deux langues différentes n’a plus guère de partisans aujourd’hui. L’état actuel du Livre de Daniel semble résulter à la fois d’une entreprise de traduction et d’une histoire rédactionnelle mettant à contribution plusieurs auteurs. Ainsi, on peut envisager :
- une rédaction en araméen des chapitres 1-6 (Da 1-6 [archive]), compilation d’histoires parfois peu liées les unes aux autres ;
- la rédaction en araméen du chapitre 7 (Da 7 [archive]) qui prolonge le livre dans sa langue d’origine mais lui donne une tournure plus nettement apocalyptique ;
- l'adjonction en hébreu des chapitres 8-12 (Da 8-12 [archive]) qui amplifient le chapitre 7. À l’occasion de cet ajout, le début du livre est partiellement traduit en hébreu (jusqu’à 2,4).
Enfin, les versions grecques comportent en plus trois passages, qui constituent ce que l'on appelle la partie deutérocanonique : la prière d’Azariah et le cantique des trois enfants insérés dans le chapitre 3 après le verset 23 ; l’histoire de Suzanne et les vieillards après le chapitre 12 ; et l’histoire de Bel et le serpent qui termine le livre – dans la vulgate, ces deux derniers passages sont respectivement numérotés chapitres 13 et 14.
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