Dieu a le droit de condamner tous les hommes Paulin Bédard, pasteur

13/12/2013 16:57

I.1 – DIEU A LE DROIT

DE CONDAMNER TOUS LES HOMMES

Du fait que tous les hommes ont péché en Adam, et se sont rendus coupables de la malédiction et de la mort éternelle, Dieu n’eût fait tort à personne s’il eût voulu laisser tout le genre humain dans le péché et la malédiction, et le condamner à cause du péché, suivant ces paroles de l’Apôtre: “Tout le monde est reconnu coupable devant Dieu… Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.” (Rom. 3:19, 23). Et: “Car le salaire du péché, c’est la mort.” (Rom. 6:23).

— Canons de Dordrecht, I.1

Le premier point de doctrine de Dordrecht concerne donc “la prédestination, l’élection et la réprobation”. Ce sont là des mots très lourds qui en font frissonner plusieurs. Nous reviendrons plus loin sur ces notions. Je rappellerai simplement l’enseignement des arminiens à propos de l’élection. Pour eux, l’élection serait basée sur le fait que Dieu connaît d’avance ceux qui croiront en lui. Dieu choisirait ceux qui choisissent Dieu. L’élection dépendrait de nous. Il s’agirait, au fond, non pas d’une prédestination au salut, mais plutôt d’une “post-destination”! La réponse de Dordrecht est de dire que l’élection est fondée uniquement sur la grâce libre et souveraine de Dieu.

 

Un rappel de notre condition

La doctrine de l’élection est un sujet profond qu’il faut aborder prudemment, avec beaucoup d’humilité, car ce sujet dépasse largement notre entendement. C’est la raison pour laquelle les Canons de Dordrecht commencent par bien préparer le terrain avant de nous exposer plus précisément cette merveilleuse doctrine. Par quoi commence le premier article de Dordrecht? Par une définition de l’élection? Non, il faut attendre les sixième et septième articles avant d’entendre parler de l’élection! Les cinq premiers articles nous préparent à mieux recevoir cette doctrine difficile à accepter et délicate à manier. Par quoi Dordrecht commence-t-il? Par nous rappeler notre condition devant Dieu. I.1: “Du fait que tous les hommes ont péché en Adam, et se sont rendus coupables de la malédiction et de la mort éternelle, Dieu n’eût fait tort à personne s’il eût voulu laisser tout le genre humain dans le péché et la malédiction.” Nous ne commençons pas par essayer de pénétrer les mystères du conseil éternel de Dieu. Nous commençons par l’histoire d’Adam et Ève qui est pleine de clarté. Or, cette histoire nous parle aussi de nous, leurs descendants. Nous étions inclus en Adam. Dieu a fait alliance avec lui et dans cette alliance, nous étions tous inclus. Quand Adam a péché, nous avons péché avec lui. Rom. 5:12: “De même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché.” Par conséquent, nul n’est juste. Il n’y a personne qui soit bon. Paul en Rom. 3 l’affirme avec beaucoup de force. “Il n’y a pas de juste, pas même un seul; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils sont pervertis, il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul… Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.” (Rom. 3:10-11,23). C’est là une confession radicale. Le péché d’un seul homme a entraîné des conséquences désastreuses sur tous les hommes, puisque le péché et la mort se sont étendus sur tous. Nous sommes nous-mêmes responsables et coupables. Nous ne pouvons pas faire porter le blâme ni sur Dieu, ni sur le diable, ni sur les autres, ni sur les circonstances.

Un appel à l’humilité

Pourquoi les Canons commencent-ils de cette façon? Pour être fidèles à la Bible. Les premiers chapitres de la Bible ne commencent pas par nous révéler les secrets de l’élection de Dieu dès avant la fondation du monde. La Bible ne part pas de l’élection pour essayer d’expliquer logiquement tous les mystères de la vie ou toutes les actions de Dieu dans le monde. Elle commence par les événements qui se sont déroulés au début de l’histoire: la création du monde, la création d’Adam et Ève à l’image de Dieu, justes et saints; puis l’entrée du péché dans le monde qui s’est étendu sur tous les hommes. L’approche de la Bible est historique, elle suit l’ordre des événements dans l’histoire. C’est seulement plus tard, en cours de route, qu’on apprend que Dieu, dans sa grâce, a librement choisi depuis toujours des pécheurs pour les amener au salut éternel. Mais il faut d’abord se rappeler le drame du péché qui est entré dans le monde et qui s’est étendu sur tout homme. Et pourquoi ce douloureux rappel? “Afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu” (Rom. 3:19). Devant Dieu, nous n’avons pas le droit de parler, nous n’avons même pas le droit de vivre! Il est important de commencer par reconnaître notre condition, afin de nous garder humbles. Tout ce que nous avons à faire, c’est de bien écouter tout ce que Dieu nous révèle dans sa Parole et d’accepter avec foi tout ce qu’il veut bien nous donner. Toute contribution personnelle à notre salut est hors de question. Toute gloire humaine est exclue!

Par nature, nous sommes portés à résister très fort à la doctrine de l’élection et de la réprobation. Nous avons toujours le réflexe de chercher à protéger notre nature orgueilleuse et pécheresse. Nous sommes enclins à faire un procès contre Dieu et à le poursuivre en jugement. Nous sommes portés à lui dire: “Seigneur, si tu es vraiment bon comme tu le prétends, tu devrais satisfaire nos exigences; tes actions devraient correspondre à nos normes. Tu devrais plutôt faire ceci ou cela.” Eh bien non! Dès le début de cette étude, il nous faut immédiatement faire un renversement de 180 degrés. Ce n’est pas Dieu qui est assis au banc des accusés et nous qui sommes confortablement assis sur la chaise du juge. Ce n’est pas lui qui doit répondre de ses actions devant nous, c’est nous qui devons répondre devant lui de toute action que nous aurons posée, de toute parole que nous aurons prononcée et de toute pensée que nous aurons conçue. 2 Cor. 5:10: “Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ…” Quand nous abordons la doctrine de l’élection, restons humbles et rappelons-nous notre condition pécheresse devant Dieu!

Impossible d’aller en appel contre Dieu

Le Saint-Esprit a conduit l’apôtre Paul à écrire des choses très vigoureuses au sujet de ceux qui émettent des objections. Rom. 9:19-20: “Tu me diras donc: Qu’a-t-il encore à blâmer? Car qui résiste à sa volonté? Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec Dieu? Le vase modelé dira-t-il au modeleur: Pourquoi m’as-tu fait ainsi? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même pâte un vase destiné à l’honneur et un vase destiné au mépris?” Nous pourrions penser que Dieu a des comptes à nous rendre pour les décisions qu’il a déjà prises ou pour les actions qu’il pose quotidiennement. Eh bien non! Au dernier jour, il n’y aura pas de cour supérieure où nous pourrions en appeler contre Dieu pour l’accuser. Pouvez-vous imaginer, au jour du jugement, quelqu’un qui critiquerait Dieu et qui argumenterait contre ses façons de faire? Nous devons commencer par reconnaître et confesser que Dieu est juste et bon. Il est parfaitement juste et parfaitement bon. Il n’y a pas la moindre imperfection ni la moindre injustice en lui. Abraham avait dit: “Celui qui juge toute la terre n’agira-t-il pas selon le droit?” (Gen. 18:25).

Mais nos coeurs rebelles, pécheurs et orgueilleux ont toujours tendance à dire: “Oui, mais… Si Dieu choisit certains au salut et qu’il ne choisit pas les autres, mais qu’il les abandonne dans leur péché, ce n’est pas juste!” Ah non? Alors, qu’est-ce qui est juste? Voilà la question à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Ce qui est juste, c’est lorsqu’on nous donne notre dû. Ce qui est juste, c’est lorsqu’on nous traite selon ce que nous méritons. Voilà ce qui est juste. Qu’est-ce que Dieu aurait dû faire pour être juste? Rom. 3:23: “Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.” Que méritons-nous alors? Nous méritons la mort! Rom. 6:23: “Le salaire du péché, c’est la mort.” Pour être juste, Dieu aurait dû nous payer notre salaire, la mort éternelle, séparés pour toujours de sa présence et subissant des terribles souffrances éternelles. I.1: “Dieu n’eût fait tort à personne s’il eût voulu laisser tout le genre humain dans le péché et la malédiction, et le condamner à cause du péché.” Dans sa liberté et dans sa souveraineté absolue, Dieu aurait pu le faire, et nous n’aurions pas eu un mot à dire. Il aurait été parfaitement juste et il en aurait eu parfaitement le droit. Il n’aurait pas été injuste envers qui que ce soit!

Inévitablement, nous protestons: “Mais Dieu n’aurait-il pas dû faire grâce à tous?” Dieu aurait pu, oui, mais est-ce qu’il aurait dû? Et s’il avait effectivement dû, est-ce que c’est encore une grâce? Est-ce que ce n’est pas plutôt un dû, une obligation? Si nous disons que c’est injuste pour Dieu de ne pas accorder son salut à certains, nous ne parlons plus de grâce, nous parlons de justice. Dès que nous disons que Dieu doit sauver tout le monde, il ne s’agit plus de sa part d’une grâce, d’une miséricorde et d’une faveur non méritée. La seule chose que Dieu nous doit, c’est notre salaire. Le salaire du péché, c’est la mort. Voilà ce qui est parfaitement juste, et nous faisons bien de nous en rappeler en abordant l’étude de la merveilleuse doctrine de l’élection. Mais heureusement Dieu ne s’est pas limité à être juste, il a aussi été plein de grâce et de miséricorde. Il ne nous a pas laissés dans notre misère et sous sa juste condamnation. L’article suivant nous annonce joyeusement: “Mais l’amour de Dieu a été manifesté…” Un amour libre, gratuit et souverain qui ne dépend nullement de nous. Humilions-nous devant Dieu. Restons humbles, sans protester contre ses voies insondables. Reposons-nous avec joie dans sa grâce souveraine.

Paulin Bédard, pasteur

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