HISTOIRE ET SAGESSE D'AHIKAR LASSYRIEN

09/01/2017 15:47
DOCUMENTS POUR L'ÉTUDE DE LA BIBLE 

PUBLIÉS SOUS. LA DIRECTION DE FRANÇOIS MARTIN 
PROFESSEUR DS LANGUES SÉMITIQUES A L'INSTITUT CATHOLIQUE DB PARIS 



HISTOIRE ET SAGESSE 

D'AHIKAR LASSYRIEN 

(FILS D'ANAEL, neveu DE TOBIE) 

TRADUCTION DES VERSIONS SYRIAQUES 

AVEC LES PRINCIPALES DIFFÉRENCES DES VERSIONS ARABES 

ARMÉNIENNE, GRECQUE, NÉO-SYRIAQUE, 

SLAVE ET ROUMAINE 

PAR 

François NAU 

DOCTEUR ftS-SCIENCES MATHÉMATIQUES, LICENCIÉ ÉS-SCIENCES PHYSIQUES, 

DIPLÔMÉ DE l'École des hautes-études (section philologique), 

PROFESSEUR A L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS 



PARIS 

LETOUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS 

7C bis, BUB DBS SAINTS-PURES 

1909 



HISTOIRE ET SAGESSE 

D'AHIKAR L'ASSYRIEN 



DOCUMENTS 



POUR 



L'ÉTUDE DE LA BIBLE 



APOCRYPHES DE L'ANCIEN TESTAMENT 



Le Livre d'Hénoch, traduit sur le texte éthiopien par François 
Martin, professeur de langues sémitiques à l'Iustitut catholique de 
Paris, et par les oiembres de la Conféi-ence d'éthiopien (1904) de 
rinstitutcatholique de Paris, Un vol. in-S" de clii-320 pag. 7 fr. 50. 

Histoire et Sagesse d'Ahikar l'assyrien, traduction des versions 
syriaques ai'cc les principales différences des K'ersions arabes, armé- 
niennes grecques, néo-syriaque, slave et roumaine, avec introduction 
et notes par M. Nau, diplômé de l'Ecole des Hautes-Etudes, profes- 
seur à l'Institut catholique de Paris. Un vol. de 312 pag. 5 f r. 

L'Ascension d'Isaïe, traduction sur le texte éthiopien, par Eug. Tis- 
SERANT, diplômé de langues sémitiques de l'Institut catholique de 
Paris, professeur d 'Assyriologie à l'Apollinaire (Rome.) Un volume 
de 240 pag. environ. 



DOCUMENTS POUR L'ÉTUDE DE LA BIBLE 

PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE FRANgOlS MARTIN 

PROFESSEUR DE LANGUES SÉMITIQUES A L'iNSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS 



HISTOIRE ET SAGESSE 

DAHIKAR LASSYRIEN 

(FILS D'ANAEL, neveu DE TOBIE) 

TRADUCTION DES VERSIONS SYRIAQUES 

AVEC LES PRINCIPALES DIFFÉRENCES DES VERSIONS ARABES 

ARMÉNIENNE, GRECQUE, NÉO-SYRIAQUE, 

SLAVE ET ROUMAINE 

PAR 

François NATJ 

DOCTEUR ÉS-SCIENCES MATHÉMATIQUES, LICENCIÉ ÉS-SCIENCES PHYSIQUES, 

DIPLÔMÉ DE L'ÉCOLE DES HAUTES-ÉTUDES (section philologique), 

PROFESSEUR A L'iNSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS 



-^C~tiSÔ;5-T>t^ 



PARIS 

LETOUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS 

76 bis, RUE DES SAINTS-PÈRES 

1909 



INTRODUCTION 

CHAPITRE PREMIER 
Analyse du livre. 

C'est une double collection de sentences ou proverbes 
insérée dans une histoire : Ahikar, scribe de Sennachérib 
et de Sarhédom, adopte Nadan, le fils de sa sœur, l'élève 
et lui adresse une première série de sages maximes pour 
compléter son éducation. Nadan n'en profite pas et^ crai- 
gnant d'être déshérité par son oncle, il imagine, à l'aide 
de lettres écrites en son nom, de le faire passer pour un 
conspirateur et de le faire condamner à mort. Fort heu- 
reusement, le bourreau est un ami d'Ahikar, et il n'exé- 
cute pas l'ordre donné. 

Peu après, le roi d'Egypte demande au roi d'Assyrie de 
lui envoyer un homme qui puisse répondre ii toutes ses 
questions et bâtir un palais dans les airs. 

Ahikar seul peut suffire à cette tâche. 11 va en Egypte, 
répond aux questions du Pharaon et, à son retour, il deman- 
de que Nadan lui soit livré. Il lui fait donner la bastonnade, 
afin de faire entrer la sagesse « par les épaules puisqu'elle 
n'avait pu entrer par les oreilles, » et il lui adresse une 
seconde série de maximes. 

Ces deux séries de maximes (m, 1-95, et xxxin, 9G-142) 
ont autant d'importance que l'histoire : elles constituent la 
Sagesse (V Ahikar, par analogie avec la Sagesse de Snlo- 
mon et \a Sagesse de Jésus, fds de Sirach ; aussi certains 



Z HISTOIRE ET SAGESSE D AI.IIKAU L ASSYRIEN 

manuscrits les font figurer seules clans leur titre : « Les 
maximes et la sasesse d'Ahikar ^. » Parfois même on les a 
extraites de l'histoire pour les éditer à part 2. D'autres ma- 
nuscrits ne mettent dans leur titre que u Histoire d'A- 
hikar 2». d'autres enfin : «Histoire, c'est-à-dire sagesse 
d'Ahikar *. » Nous avons choisi comme seul titre adéquat : 
« Histoire et sagesse d'Ahikar, » 

La première série (m, 1-95) est toute didactique, pai- 
exemple (m, 6) : « Mon fils ne désire pas la beauté du 
dehors, car la beauté disparaît et passe, mais une bonne 
mémoire et un bon renom demeurent à jamais. » Elle s'ins- 
pire des Proverbes de Salomon et elle est une des sources 
de l'Ecclésiastique. 

La seconde a pour but de mettre en relief l'ingratitude 
de Nadan ; elle ne se compose presque que de comparai- 
sons, que l'on pourrait appeler des similitudes ou des para- 
boles, par exemple (xxxiii, 109) : « Mon fils, tu m'as été 
comme un chaudron auquel on a mis des oreilles d'or sans 
débarrasser son fond de sa noirceur ; « (xxxiii, 113): «Mon 
fils, tu m'as été comme un chien saisi par le froid qui fut 
se chauffer chez des potiers (ou : chez des boulangers) et 
qui, lorsqu'il eut chaud, chercha à aboyer et à les mordre; 
ils se mirent à le frapper. Il aboya, et eux, craignant d'être 
mordus, le tuèrent. » Cette seconde partie est apparentée 
aux plus anciens recueils de fables ; elle sert de trait d'union 
entre les plus anciens apologues — par exemple : Juges, 
IX, 8-15 ; II Samuel, XII, 1-4 — et les apologues et paraboles 
de l'ancienne littérature juive, pour aboutir peut-être aux 
paraboles du Nouveau Testament. 

Ces deux séries de maximes, d'après Clément d'Alexan- 
drie reproduit plus tard par Eusèbe, ont été apportées de 

1. Mss. de la version armcnienne. 

2. Une collection arabe d'où procède la version éthiopienne. 

3. Mb. B. 

4. Ms. C. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTRINES 



Babylonie en Grèce par Démocrite, au v^ siècle avant notre 
ère, et ont pu servir de modèle : les premières aux pensées 
de Démocrite et de Ménandre dont il nous reste quelques 
fragments [i/ifra, III, ii), et les dernières à quelques 
fables ésopiques, ce qui a conduit plus tard à prêter à 
Ésope l'histoire d'Ahikar et à créer, à l'aide d'Ahikar et 
d'Ésope, nn nouveau sage fabuliste qu'on a nommé Loqman 
(infra, VI). 

L'histoire elle-même comprend deux parties : d'abord le 
rôle d'Ahikar en Babylonie, où il est chancelier des rois 
Sennachérib et Sarhédom, sa chute causée par Nadan et 
la punition de celui-ci — cette partie seule a été utilisée 
dans la version grecque du livre de Tobie ; ensuite le 
voyage d'Ahikar en Egypte pour construire un château dans 
les airs et résoudre les énigmes que lui proposera le Pha- 
raon. Cette dernière partie se rattache aux plus anciennes 
énigmes, comme Juges, xiv, 12-14 : u Du dévorant est sortie 
la nourriture et du fort a procédé la douceur ^ ; » elle a été 
largement exploitée ou même transcrite dans l'ancienne 
littérature juive. 

Ce court résumé, dont les assertions seront justifiées 
dans la suite de l'Introduction, suffit à montrer l'intérêt de 
VHistoire d'Ahikar qui est apparentée à tant d'ouvrages de 
la Bible et de la littérature profane. 



CHAPITRE II 

Enseignements et doctrines de ÏHistoire d'Ahikar. 

L'importance du livre d'x\hikar dans l'histoire liltéiaire 
sera mise en relief lorsque nous étudierons ses relations 

1. La reine de Saba vient aussi proposer des énigmes à Sulomon. 
I Rois, X, 1 ; II Parai,, ix, 1. 



4 HISTOIRE ET SAGESSE DAHIKAR L ASSYRIEN 

avec Démocrite et INIénandre [Introd., III, ii), avec 
Tobie et l'Ecclésiastique (III, m), avec le Nouveau Tes- 
tament (III, iv), avec les fabulistes (VI). Nous nous bor- 
nons à résumer ici les quelques détails historiques et 
géographiques que renferme son histoire, les préceptes 
moraux mis en relief dans ses maximes et les remarques 
linguistiques que nous fournit l'étude des noms propres. 

I. Histoire et géographie. 

Toutes les versions connues jusqu'ici faisaient d'Ahikar 
le chancelier du seul Sennachérib, et elles écrivaient que 
Sennachérib était fils de Sarhédom (Asaihaddon) i, ce qui 
est contraire à la vérité historique et aux données du 'ivre 
de Tobie, car Sennachérib (705-681) est le père d'Asarhad- 
don (681-668). Cette faute était exploitée, bien entendu, 
par tous ceux qui ne voulaient voir qu'un simple conte dans 
l'histoire d'Ahikar. Le manuscrit syriaque J3 vient par 
bonheur nous donner la clef de l'énigme. Il porte au com- 
mencement : « Lorsque je vivais à l'époque de Sennaché- 
rib... les devins me dirent :« Tu n'auras pas d'enfant, » i, 1, 
et jdus loin : « Ahikar, scribe et gardien du sceau du roi 
Sarhédom, » v, 6; «de Sarhédom à Ahikar, » vi, 2, etc. Il 
est donc clair que le commencement de l'histoire (adoption 
de Nadan) se place sous Sennachérib et la fin de l'histoire 
(trahison et punition de Nadan) sous Sarhédom. Le manus- 
crit 7i est donc en complet accord avec l'histoire et le livre 
de Tobie ^, Mais les scribes, après avoir lu qu'Ahikar était 
chancelier de Sennachérib, n'ont pas songé que vingt ans 

1. Sarhédom est la transcription de Asur-ah-iddin (Asarhaddon), 
avec cliute de l'aspirée initinle. 

2. 'Ayei'xatpo; ^v ô àoyiovioyào^ xal Eut to-j SaxTuXi'oy y.a'i Sioc/.TiTTi; xal 
à/.AOYt(TTr;; è7Ù SevvayripeliJ. PaercXéw; 'Affffupîwv, xal xaT£0Tr,<7ev aÔTOv Sa^ep- 
Sovô; èx Se-JTÉpai;. Tobie, i, 22. Cf. Introd., III, m, a. Ahikar a donc 
ëté le chancelier des deux rois. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTRINES O 

au moins se sont écoulés entre les chapitres i et ii, 1, où 
Ahikar met Nadan en nourrice, et le chapitre ii, 3, où Ahi- 
kar cède sa place à Nadan. Ils n'ont donc pas pensé qu'il 
avait puyavoir un changementde règne, et ils ont niispartout 
Sennachérib en place de Sarhédom pour conformer la 
suite de l'histoire au commencement. Si l'on fait vivre 
Nadan une vingtaine d'années i, on doit placer sa nais- 
sance sous Sennachérib (aux environs de l'année 690 -) et 
sa mort sous Asarhaddon (avant 668 ^). 

Le roi de Perse et le Pharaon d'Egypte ne sont pas dé- 
signés par un nom propre dans le manuscrit B, v, 5 et 7. 

La géographie, en dehors des noms communs : Perse, 
Elam, Assur, Ninive, Egypte, ne peut tirer grand parti de 
« la plaine de Nesrin (ou des aigles) située au midi, » v, 
8 ; VI, 2 ; viii, 1 ; ni de « la montagne nommée Sis, » 
VI, 2, qu'on ne rencontre pas ailleurs et qu'on n'a donc 
pas identifiées. 

II. Dieu. 

Dieu est le Créateur, le Tout-Puissant, il punit celui qui 
le délaisse, i, 4-5, et celui qui l'accuse, xxxiii, 134 ; il 

1. Il est censé être mort jeune, car le roi dit d'Ahikar : « Je t'ai 
fait périr sur des paroles d'enfants, » xiii, 2, et : « (toi) que j'ai fait 
périr sur les paroles d'un enfant, î xviii, 3. Le mot « enfant » conve- 
nait donc encore à Nadan. 

2. Sennachérib régnait depuis l'an 705, mais, avant d'adopter Na- 
dan, Ahikar a dû devenir le chancelier de Sennachérib et s'enrichir, 
aussi celte adoption semble mieux placée dans la seconde partie du 
règne que dans la première, Ahikar avait alors soixante ans, i, 2. 

3. Année de la mort d'Asarhaddon. — On peut tenir compte 
aussi de ce que Tobie a perdu la vue sous Sarhédom (Tobie, i, 24 ; 
II, 11) et de ce qu'au moment où il la recouvra, quatre ans plus lard 
(Vulgate, XIV, 3) ou plutôt huit ans plus tard (Codex Vaticauus, 
ibidem), Ahikar n'avait pas encore été trahi par Nadan, puisque 
tous deux assistaient aux noces (Tobie, xi, 20). La mort de Nadan 
se place donc après la huitième aniu'e de Sarhédom (après 673), 
donc entre 673 et G68. 



6 



HISTOIRE ET SAGESSE D AlIIKAR L ASSYRIEN 



n'exauce pas le pécheur, xxxiii, 103-104, ni le méchant, 
XXXIII, 106 ; il pardonne h ceux qui ont péché, xxxiii, 
134, et rend à chacun selon ses œuvres, xxxiii, 142 ; il faut le 
prier, m, 38, aussi Ahikar l'implore, i, 4; xv, 3-5, espère, 
en lui, XX, 2, et lui attribue sa délivrance, xxix, 3 ; xxxiii 
142. 

III. Eschatologie. 

« Les satans » sont mentionnés, m, 38, 49. Nadan sera 
puni dans la géhenne, xxxiv, 2. L'homme peut « pécher 
devant Dieu, wxxxiii, 100, mais le mal sera rendu (dans la 
géhenne) pour le mal, xxxiv, 2. Il y a donc une vie future, 
bien qu'elle ne soit pas indiquée avec toute la netteté 
désirable. 

IV. Préceptes moraux. 

Il faut éviter les discordes, m, 73, 77, 83, 85, 86, le 
mensonge et le vol, m, 87, l'aveuglement du cœur, m, 62, 
les péchés de la langue, m, 57, 63, 71, les courtisanes et 
les femmes querelleuses, m, 7, 8, 9, 14, 26, 27, 88, 92. Il 
faut craindre le maître, ni, 43, et la pauvreté, m, 56 ; fuir 
les méchants, m, 36, 81 ; fréquenter les justes, m, 13, 16, 
18, 24, 29, 30, 50, 51, 93 ; pratiquer la vertu, m, 6, 75, et 
la pénitence, m, 67 ; bien élever ses enfants, m, 32, 33, 
37, 39, 53, 59; rendre le bien pour le mal, m, 28; con- 
server les secrets, m, 2, 3, 70, 72 ; compatir aux maux des 
ennemis, m, 25. A côté de cela, on trouve l'éloge de la 
vie de famille, m, 39, et quelques traits orientaux comme 
la polygamie, i, 2, les huit nourrices de Nadan, ii, 1, et 
les sept nourrices primipares des deux enfants qui devaient 
conduire les aigles, xxv, 3. INIentionnons encore l'impor- 
tance attribuée aux riches et aux puissants, m, 22, 43, 52, 
55, 68, 74, 79, 89, 95. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTRINES 7 

Eu somme l'histoire d'Ahikar est bien inféi'ieure — au 
point de vue du sentiment religieux — à tous les livres de 
la Bible. Cette remarque, comme nous le dirons, a conduit 
à induire qu'elle était l'œuvre d'un païen ou du moins une 
œuvre païenne légèrement retouchée par un juif. 

V. Noms propres. 

Les noms propres, en dehors des noms bibliques, appar- 
tiennent pour la plupart à l'onomastique babylonienne *. 
Les nombreuses formes que revêtent quelques-uns d'entre 
eux dans les manuscrits tiennent à l'écriture sémitique qui, 
sauf en assyrien, laisse les voyelles h l'arbitraire des scri- 
bes. Elles témoignent de l'antiquité et du succès du livre, 
puisque tant de scribes ont pu accumuler tant de fautes. 

1** AniKAR est écrit de manière uniforme dans tous les 
textes syriaques, mais dans les autres versions il devient 
Haiqar, Heycar, Hicar (arabe) ; Khikar (arménien) ; Akyr 
et Akyrios (slave) ; Esope (grec). Dans le livre de Tobie 
on trouve 'Ayj.iyapoç, 'Ayziyjxpoq, 'Ayeiayapoç, 'Ayioi,y(xp, 
'A/c'.y.ap, 'Ayiy,txpoç, 'Ayei'/.xpoz, Achior (V'^ulgate et Pes- 
chito) 2 et Ahikar. La meilleure lecture nous semble être 
'Ayti/.ap ou 'Ayv/âp, en français Ahicar ou Ahiqar, ce qui 
nous ferait rendre le het syriaque par k et lec/o/'syriaque par 
c ou q. Nous avons conservé Ahikar pour nous conformer 
à 1 édition de Cambridge qui a vulgarisé le nom sous celte 
forme ^. A l'occasion, nous employons les autres formes 
dans nos analyses et citations. 

A^iikar peut s'expliquer par l'araméen où il signifierait : 

1. Les indications relatives à l'onomastique babylonienne nous ont 
été données par M. François Martin. 

2. De cette identité de forme dans la Vulgate et laPeschito, M. Meiss- 
ner a conclu que le texte chaldéen utilisé par saint Jérôme était peut- 
être la Peschilo syriaque. 

3. Cette édition ajoute cependant un point sous la lettre k. 



8 HISTOinE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

« Le frère cher » ou chose analogue; par exemple, en sup- 
posant un redoublement du yod (forme suggérée par le 
grec 'A-/i7/.apcç), on pourrait traduire : «Mon frère (m') est 
cher 1. 10 Mais cette formation se rencontre avec le même 
sens parmi les noms propres assyriens ou babyloniens. 
Ainsi on trouve à l'époque môme des Sargonides, Abi-ia" 
qai\ « Mon père m'est cher, » Harper, Assi/rian and baby- 
lonian Letters, t. viii, Londres, 1902, n. 774, çerso, lig. 11, 
peut-être même notre Ji-hi-ia-rjar. VoirRanke, Earhj Baby- 
lonian personal Naines, Philadelphia, 1905, p. 251 ; 
Johns, Assyt-ian DeeJs and Documents, Cambridge, 1901, 
t. m, p. 114. Ahikar était fils d'Anaël, frère de Tobic 
(Tobic, I, 21); il fut chancelier d'abord de Sennachérib, 
puis de Sarhédom. 

2° Nadax, écrit aussi Anadan (slaA^e) et Nathan (armé- 
nien), se trouve dans le livre de Tobie sous la forme Naoa[j. 
d'où sont dérivés 'A^i[j. - et Naoaô ^. De plus le Sinai- 
ticus, à côté de Naoao, donne Na6ao et le Vaticanus, à côté 
de Aoaix, donne Na^oaç. On trouve de plus, dans les versions 
latines, Nabal (que l'on peut tirer paléographiquement du 
grec Na6ao à moins que ce ne soit une mauvaise transcrip- 
tion du latin Nabat), puis Nabath et Nabad et, dans les ver- 
sions syriaques, 'AcabetLaban qu'on peut aussi faire dériver 
paléographiquement de Nadab et Nadan (par mauvaise 
lecture du d écrit en estranghélo, le noun devenant aïn ou 
loniad). Le grec porte Ennos *. La forme primitive semble 

1. M. Veller propose « mon frère est un bijou », analogue à Al.ii- 
lioud « mou frère est gloire » et Ammihoud « mon oncle est gloire ». 

2. inoir^ire Naôâp. est devenu ÈTtotriasv '.\.6â;j.. 

o. Dans les manuscrits minuscules, p et [j. s'écrivent de la même 
manière hors, pour le \j., une petite ligature avec la lettre précédente. 
Inutile de dire que nos manuscrits en ouciales comme le Shiaiticus 
peuvent dériver de manuscrits écrits en minuscules. 

4. Peut-être pourrait-ou supposer que Maxime Plauude, ou l'auteur 
de la version grecque, a voulu rendre Adam qui signifie souvent 
t homme» par Enosch (Ennos) qui a le même sens. Voir ////Va, IV, viii. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTUINES 



bien être Nadan, de la racine assyrienne naddnv, « don- 
ner» *, forme analogue au nom propre Na-ta-an, de natdnu 
qui signifie également « donner », que présente l'onomas- 
tique néo-babvlonienne. Il est possible aussi que cette 
forme ait été Nadin, nom babylonien qui revient assez 
fréquemment, et qu'elle ait été altérée en Nadan, comme 
Nabn-zér-iddin eu Nabuzardan. Voir Tallquist, Neiibahy- 
lonisches Namenbacli, Helsingfors, 1905, p. 156 et 320. 

3" Nabouzardan ", nom du jeune frère de Nadan (infra^ 
V, 1), est écrit en arabe Benouzardan, par permutation des 
deux premières consonnes. C'est un nom babylonien bien 
connu Nahû-zêr-iddin , « Nabii a donné un rejeton », litté- 
ralement (( une race », voir II Rois, xxv, 8 ; Jérémie, xxxix, 
9, LU, 12 ; Johns, Assyriaii Deeds and Documents^ Cam- 
bridge, 1901, t. III, p. 574, col. b. 

4" EsFAGNi, nom de la femme d'Ahikar, est écrit de la 
même manière dans la plupart des textes arabes ; la traduc- 
tion de Cliavis et Cazotte [Cabinet des fées, t. xxxix, 
p. 260 sq.) porte cependant Zéfagnie. Cette modification 
est sans importance, mais on remarquera que le rôle 
d'Esfagni, assez terne dans toutes les versions, où elle se 
borne à exécuter quelques ordres d'Ahikar, est capital dans 
la version de Cliavis et Cazotte ^. Ici Zéfagnie est la sœur 
de Sarhédom, père de Sennachérib '*, elle préserve plu- 

1. D'après M. Halévy, dans la Revue sémitique, l'.lOO, p. 57, 
note 3, Xadan serait un mot persan qui signifierait « sot », « insen- 
sé j. Nous croyons plus raisonnable d'admettre la présence de la 
racine sémitique lUidânu si employée dans les noms propres. 

2. Manque dans le slave. Est devenu « Baudan o« Boudan î dans 
l'arménien (p. 37). 

3. C'est une édition des Mille el une nuits. 

4. Nous avons dit que toutes les versions (hors le ms. B) commet- 
tent cet anachronisme. Il semble qu'une mauvaise coupure de Tobic, 
I, 22, et II, 1, pouvait faire croire qu'Ahikar était parent du roi, car dans 
La sainte Bible, éd. Lethiolleux, Taris, 1880, nous lisons la traduction 
suivante, en note deTobie, i, 25 : « Car Achicharus était grand échan- 



10 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYKIEN 

sieurs fois Ahikar delà disgrâce, elle le réconforte lorsque 
l'ingratitude de Nadan l'accable, c'est elle qui a l'idée de 
sauver la vie à Ahikar, car c'est elle qui a jadis sauvé la vie 
h celui dont dépend alors le sort de son mari. C'est encore 
elle qui amène Sennachérib au repentir et lui annonce 
qu'Ahikar est vivant ; elle accompagne son mari en Egypte 
et dirige <l du haut d'une tour » le vol des aigles et des 
enfants qui doivent construire un château dans les airs. 
L'auteur de cette rédaction des Mille et une nuits le fait 
d'ailleurs remarquer lui-même^ car tandis que Schariar est 
surtout intéressé par les aventures chez Pharaon, Dinar- 
zade dit h Schéhérazade : c Vous avez peint, ma sœur, une 
femme pour laquelle j' ai conçu tant d estime que je n'ai pas 
été curieuse de vous demander son âge et, m'auriez-vous 
dit qu'il était fort avancé, je pense que je l'aurais oublié 
tant je la trouvais belle, noble et imposante. » Dans l'ar- 
ménien, ce nom est devenu Abestan et Arphestan '^. 

M. Halévy - rapproche ce nom de V Asphenez de Daniel, 
I, 3, qui signifie en persan (( hôte, hôtelier ». On pourrait 
le rapprocher aussi de Hasbadana^ de Néhémie, viii, 4. 
Mais si ce nom appartient au récit primitif, il est fort pos- 
sible qu'il ne soit qu'un nom babylonien altéré par les 
scribes. Nous relevons dans l'onomastique babylonienne 
des formes qui en contiennent les principaux éléments, 
telles : Asgandii^ Pa-qa-ana-Arhail, Sapik, As-pi-e. 
Voir Tallquist, Neubahylonisclies Namenhuch, Helsingfors, 
1905, p. 306, 327, etc. Il se peut qu'il ait été à l'origine 

son, garde du sceau et ministre de la comptabilité et des finances 
sous Sennachérib roi des Assyriens, et Sacherdon l'établit le premier 
(de son royaume) après lui. Mais // était mon cousin^ mon parent et 
aussi parent du roi. t C'est à rapprocher de la version arabe des 
Mille et une nuits qui fait d'Ahikar le parent du roi par sa femme 
Esfagni. Caussin de Percerai écrit Shagfatni. 

1. Manque dans le slave. 

2. Revue sémitique, 1900, p. 57 sq. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTRINES 11 

composé, comme beaucoup d'autres, de plusieurs éléments 
par exemple de sapik, « il a versé », en tête, et d'un autre 
élément altéré ; ou de iikin, « il a établi» à la fin, dont le 
sujet et le régime auraient disparu. Cf. Samaè-sjim-iikin. 
Voici donc la généalogie qui nous est fournie par les 
livres de Tobie et d'Ahikar. 

Tobiel 









1 
Anaël 

1 




1 




Tobit (Tobie) Anne 

(ép. de Tobie) 




1 








1 


Al.i 


ikar 


(ép. 


Esfagni 
, d'Ahikar) 


sœur d'Ahikar 
1 




N 
(fih 


1 1 
adan Nabouzardan 

s aîné) (fils cadet) 



Ajoutons, comme complément, la liste des rois de Ni- 
nive, contemporains de Tobie et d'Ahikar : 
Salmanasar IV, 727-722 

Sargon, 722-705 

Sennachérib, 705-681 

Asarhaddon, 681-668 

Assurbanipal, 668-626 

5" Nabousemak, nom du bourreau, d'où les formes 
dérivées ou corrompues Abousemak, Ibn Samik (syriaque 
C et arabe) ; Abousomeika (trad. Agoub) ; Abousmaq 
(arménien) ^. 

Nabousemak est un nom judéo-babylonien 2, peut-être 
analogue à l'Ahisemak de TExode, xxxf, 6, xxxv, 34 ; il 
signifierait « Nabû appuie », en assyrien Nabû-sdmik ; cf. 
le nom propre Sa/naku dans .lohns, Assyrian Deeds and 
Documents^ Ca mbridge, 1901, t. m, p. 566, col. h. Ilsepeut 

1. Manque dans le slave. 

2. Cf. Noms théophoies en Assyrie à Vépoque des Sargonides, dans 
la Revue de l'histoire des religions^ t. liv, n. 1 (1906), p. 57. 



12 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR l'aSSYRIEX 

aussi qu'il ne soit qu'une altération de la forme très con- 
nue Nabn-Hum-ukin, (( Nabii a établi un fils », littérale- 
ment « un nom ». 

Le grec remplace ce nom par Hermippos. C'est peut- 
être encore une sorte d'équivalent, car Hermès = Xabii, 

6" Abikam, nom que prit Ahikar en Egypte, est quelque- 
fois écrit Ahikam dans B. C'est un nom araméen. Ou le 
trouve dans les contrats assyriens, mais à une époque 
(vu" siècle et au-dessous) où les Araméens étaient très répan- 
dus en Assyrie, sous la forme Wba-qdme ou 'Iba-qdme; cf. 
la forme analogue Ahi-iaqdmu et Ahi-iqâmii^ Jolins, Assy- 
riaii Deeds and Documents, t. m, p. 492 et 549. Il signifie : 
a Mon père s'est relevé )). La forme analogue Ahikam, qui 
se troive aussi II Rois, xxv, 22, et Jérém. xxxix, 14; xl, 5, 
signifie : « Mon frère s'est relevé ï). 

7° Nabouhail, écrit aussi 'Oubâil, est un nom babylonien 
qui signifie : « Nabû est puissant )), ou peut-être : « Nabû 
est (ma) force ». Cf. Nabâ-hi-U-ildni^ a Nabû est la force 
(ou : le plus puissant) des dieux», Muss-Arnolt, Assrjrisch- 
engliscli deiitsches Hand^voerterbuch, Berlin, 1905, p. 312, 
col. a, et Ita-il-llu, dans Ilarper, Assijrian and babylonian 
Lettcrs, t. V, Londres, 1900, n. 524, recto, ligne 2. 

8" Tebsalotjm : ce nom (comme le précédent), d'après 
M. R. Harris, serait une interpolation parce qu'il manque 
dans l'arménien et le slavon. Il le rapproche de Dabshalim 
qui figure dans Kalilah et Dimnah et lui attribue donc aussi 
une origine hindoue ^ Cependant il doit suffire que ces 
noms figurent dans le syriaque et son dérivé l'arabe, puis- 
que ces versions représentent au mieux l'original et sont 
vraisemblablement la source de toutes les autres. Rien de 
plus connu d'ailleurs que les racines sémitiques tob et sa- 
liim, eu assyrien Tdb-snlmii^ « Il est bon le salut » ; cf. le 
nom propre Tdb-cfir Asur, « Elle est bonne la protec- 

1. lid. de Cîimbiidgc, p. xxxv. 



ENSEIGNEMENTS ET DOCTRINES 13 

tion d'Assur », Tallquist, NenbahyloniscJies Namenbnch, 
Ilelsingfors, 1905, p. 317, col. a. Ici le nom de la divinité 
doit être sous-entendu : « Il est bon le salut » (donné par 
tel dieu — ou — par les dieux). 

9" Nacouel est un nom babylonien qui signifie « Nabù 
est Dieu )). On trouve les altérations Nebouhal, Nabouhal, 
Nagoubil, dans l'arabe et le slave, Bèliar dans l'arménien. 
10° Aki ^, fils de Hamsélim -, (en arabe Anis, fils de 
Sah le sage), est à rapprocher d'yl/i/.^, I Samuel, xxi, 11; 
xxvii, 2. On ne connaît d'ailleurs aucun roi de Perse de ce 
nom. Halévy pense qu'il faut lire, au lieu de Aki^ AkJiash, 
« visiblement abrégé de r-4//rt6r/i(i'e/-05/i (Hshayarsha), Xerxès, 
des derniers livres de la Bible ; » Revue sémitique, 1900, 
p. 57. 

11° Manzifar, nom du prisonnier immolé à la place 
d'Aliikar. Il est plus probable encore que pour ]*]sl"agni 
que ce nom est une altération d'un nom babylonien, qui se 
terminait probablement ^îarapal, « fils »,tel que Marduk- 
nasir-apal, ou Munazziz-apal, « Il a établi un fils » ; cf. 
Nabâ-zêr-munazziz, « Nabù a établi un rejeton », Jolins, 
Assyrian Deeds and Documents, Cambridge, 1901, t. m, 
p. 5G4. La forme arménienne Senifar suggérerait un rap- 
prochement avec Asnafar de I Esdras, iv, 10, que certains 
assyriologues identifient avec Assurbanipal ; v. Schradcr, 
Die Keilinschriften und das Alte Testament^ 3® édition, 
Berlin, 1902, p. 351. 

Ces noms babyloniens et bibliques sont autant de mar- 
ques personnelles h l'auteur, conservées à travers les tra- 



1. Avec caf. 

2. Ce nom manque dans B. Le slave (p. 12) porte e au roi Nalon > 
et « Nalon, roi de Perse. » Le syriaque porte : e au roi de Perse et 
d'Elani. » Nous ne pouvons expliquer ce mot que par une corruption 
du syriaque « Elam. ï h'aïii initial a été lu comme un noun et a don- 
né c au roi de Perse Nélom > (d'où Nalon). 



14 



HISTOIHE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



ductions ; elles nous permettront donc d'avance r que cet 
auteur était un Juil babylonien. 

Nous n'avons pas mentionné les noms particuliers à la 
version arménienne parce que ce sont probablement des 
interpolations : 

Dès le commencement (p. 24), Ahikar prie les dieux 
BeUim, Simil et Samin. Le premier, le Bilelsanani des 
Mille et une nuits, est un dieu phénicien : Baal-Samaïni, ou 
Baal du ciel. Les autres ne se trouvent pas ailleurs, du 
moins sous cette forme. Samin n'est peut-être qu'une 
simple abréviation de Baal-Samaïm, peut-être aussi le 
nom d'une autre divinité phénicienne, Esmoun. qu'on 
trouve sous la forme Samuna dans le nom propre assy- 
rien Sa-mu-na-aplu-iddin, voir Johns, An Asstjria?i Doonis- 
day Book^ Leipzig, 1901, p. 75. 

Enfin Simil cache sans doute une altération que nous 
ne pouvons découvrir pour le moment. L'explication « Dieu 
du ciel » n'est guère plausible à cause de l'interversion 
qu'elle suppose. D'un autre côté, il est peu probable 
que nous ayons ici la divinité babylonienne Simaliya ; 
voir Zimmern, Beitruge zur Kenntnis der babylonisclien Re^ 
ligion, t. I, Leipzig, 1896, p. 8, ligne 139. 

Plus loin (p. 35) Houday et Baliayn, fils du roi, interro- 
gent Ahikar qui leur répand : « Il y a quatre choses qui 
réjouissent l'œil de l'homme, » etc. Comme l'a fait remar- 
quer M. Rendel Harris, p. lv, ce passage, propre à l'ar- 
ménien, peut dériver de Prov., xxx, où Agur s'adresse à 
Ithiel et Ucal ^ et leur dit en particulier : (15) « Trois choses 
sont insatiables et la quatrième ne dit jamais c'est assez, 
etc. (24). Quatre choses sont minimes sur la terre, etc. » 

1. Saint Jérôme a traduit tous ces noms propres ; ainsi « P;iroles 
(l 'Agur 3) est devenu dans la Vulgate : «Yerba congregantis », etc. 



LE PROBLÈME LITTÉRAIHE 15 

CHAPITRE III 

Le problème littéraire. 

I. Ahikar dans la littérature moderne. 

1. De nombreuses éditions de V Histoire d' Ahikar ont été 
publiées depuis près de 200 ans et ont passé inaperçues. 
Citons les éditions de la version arménienne publiées en 
1708, 1731, 1807, 1834, 1850 et 1861 et celles des supplé- 
ments des Mille et une nuits ^ par exemple dans le Cabinet 
des fées, t. xxxix, Genève et Paris, 1788, p. 266-3G1, Le 
récit a pour titre : Histoire de Sinkarib etde ses deux visirs, 
et diffère beaucoup des diverses versions publiées à Cam- 
bridge. En général l'édition du Cabinet des fées allonge, 
imagine des dialogues, amplifie le rôle de la femme d'Ahi- 
kar ; les proverbes cependant sont moins nombreux que 
dans les autres éditions et souvent sont nouveaux. On n'a 
pas signalé jusqu'ici de manuscrit arabe correspondant et 
on ne sait donc jusqu'à quel point ces divergences dépen- 
dent du manuscrit on du traducteur. Une nouvelle traduc- 
tion a été donnée dans l'addition ajoutée par M. Caussin 
de Perceval à l'édition des Mille et une nuits publiée à 
Paris en 1806, t. vm, p. 167-221, d'après le ms. oOol de 
Paris 1. 

1. La bibliographie de Haïqdr comme partie des Mille et une nuits 
se trouve dans Victor Chauvin, Bibliographie des ouvrages arabes 
ou relatifs aux Arabes publiés dans l Europe chrétienne de ÎSIO à 
Î885, tome vi, Liège, 1902, p. 36-43. Cf. lorae m, p. 39-41, D'après 
celte bibliographie, voici la place de notre récit dans les éditions des 
Mille et une nuits : Chavi» et Cazotte [Cabinet des Fées), t. xxxix, 
p. 266 ; llanley, Londres, 1868, p, 143-165 (Caliphs and Sultans) ; 
Caussin de Perceval, Paris, 1806, t. vm, p. 167; Gaultier, Paris, 1822, 
t. VII, p. 313 ; Habicht, Breslau, 1825, t. xni, p. 71 ; Pourrai, Paris, 
1842, t. IV, p. 61 ; Burlon, Bénarès et Londres, 18 85, t. xii, p. 1 ; 
Heuning, Leipzig, 1895 (d'après Burlon). 



IG 



IlISTOinE ET SA(;iîSSI': d aiiikar l assyiukn 



2. Une troisième traduction française crun texte arabe fut 
faite par J. Agoub, né au Caire le 20 mars 1795, venu en 
France à la suite de l'armée d'Egypte et mort le 3 octobre 
1832. Celte traduction parut d'abord dans l'édition des 
Mille et une nuits d'Edouard Gauttier, t. vu, Paris, 1822, 
p. 313. Cette œuvre ne peut malheureusement nous 
donner aucune idée précise de l'original arabe dont elle 
découle, car l'auteur a plutôt visé, semble-t-il, à donner 
nue rédaction personnelle qu'une traduction. 11 écrit dans 
une note finale : « J'ai traduit ce conte sur deux manus- 
crits arabes que j'ai corrigés et complétés l'un par l'au- 
tre. » La rédaction d'Agoub est divisée en nuits et forme 
ainsi les nuits 561 à 568. Cette même rédaction, hors la 
division en nuits, a été reproduite dans Mélanges de litté- 
rature orientale et française par J. Agoub, avec une notice 
sur l'auteur par M. de Pongerville, de l'Académie française, 
Paris, 1835, p. 61-119, sous le titre : Le sage Ileycar, 
conte arabe ^. Des éditions soignées allaient heureusement 
être bientôt données. 

3. Assémani avait déjà signalé la relation qui existe entre 
les histoires d'Esope et d'Ahikar : De Hicaro eadeni fere 
narrantur quie de JEsopo Phryge [Bibliotheca orientalis, 
t. m, p. 286; cf. t. II, p. 508). Mais G. Holïmann semble 
avoir été le premier à rapprocher les histoires d'Ahikar et 
de Tobie, dans Abhandlungen fi\r die Kunde des Mo/gen- 
landes, t. vu, p. 3, Ausziige aus Syrischen Akten persischer- 
Mdrtyrer, Leipzig, 1880, p. 182-183. Il ne connaît de cette 
histoire que le feuillet syriaque conservé dans le manuscrit 
de Londres, add. 1200 (publié dans l'édition de Cambridge, 
p. 33-36) ; il mentionne des manuscrits carchounis signa- 
lés dans deux catalogues, mais ne dit pas les avoir vus. Il 
ne semble donc pas connaître le fond du récit, mais la 



1, Cette traduction a aussi paru sous ce titre à part, Paris, Didot, 
4824, ia-8, 41 pages. 



LE PUOr.LÈME I.ITTÉR\IHE 17 

version syriaque lui donnant la forme Ahikar an lieu de 
Tariibe Heykar, lui fait reconnaître dans le héros de cette 
histoire r'Aysi/.ap du livre de Tobie. G. Hoffmann, dans ce 
passage, se propose de mettre en relief le mélange des noms 
propres bibliques dans les légendes monacales et même 
dans la géographie de l'Assyrie, il suppose donc qu'un 
clerc syrien a emprunté le nom d'Ahikarau livre de Tobie 
pour l'introduire dans un ancien conte. G. Bickell soutient 
au contraire [Al/ienxiim, t. ii, 1890, p. 170), que le livre 
de Tobie est postérieur à V Hisluire d' Ahikar, car ce der- 
nier ne fait aucune allusion au premier et se trouve être en 
somme un livre assez peu religieux, qu'un clerc syrien 
n'aurait jamais écrit sous cette forme. 

4. Dans la Bijzantinisclie Zcitscluifl, t. i, 1892, p. 107- 
l2o, V. liigic publie une traduction allemande de l'an- 
cienne version slave faite, dit-il, sur un texte grec, bien que 
le fond soit d'origine orientale ^. De l'ancien slave dérive, 
selon lui, une version serbe découverte en 1886, à Moscou, 
par E. V. Barsov. Par contre, d'autres rédactions sud- 
slaves et serbes présentent tant de différences avec les 
précédentes, surtout dans les sentences, qu'on ne peut les 
faire dériver d'une même source, INI. lagic dit avoir publié 
ces dernières (texte serbocroate en particulier) en 1808 
dans le t. ix des Arkw za povjestaicii jugoslcn>ensku . 
M. Vj . Kuhn, dans un article qui suit immédiatement celui 
de V. lagic [Ihjz. ZcUsclirlft, 1892, p. 127-130), lui ajoute de 
nombreux compléments bibliographiques. 

5. Dans la Zeilschrifl dcv Dentschen Mori^enl. Gesell- 
scliafl, t. xi.viii, 1894, p, 171-197, M. Bruno Meissner 
compare d'abord le texte arabe publié par Sàlhânî, Contes 
arabes, Beyrouth, p. 1-20, à la traduction des Mille et une 
nuits, c'est-à-dire à la traduction Agoub, car la note citée 
pwr lui, qui figurerait au t. xiii, p. 294, de l'édition alle- 

1. Cf. infra, IV, vu. 



18 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR l'aSSYHIEN 

mande des Mille et une nuits, n'est autre que la note finale 
d'Agoub.Il signale ensuite les divers manuscrits syriaques 
de V Histoire dWhikar. En particulier il utilise le manuscrit 
Sacliau 336 que nous allons traduire. 

lî croit pouvoir conclure que le grec conservé dans la 
vie d'Esope est antérieur au syriaque et à l'arabe. Du moins 
les noms propres montrent que l'arabe provient du syria- 
que. La fin de l'histoire par contre, qui n'a plus de texte 
grec parallèle, semble provenir de sources orientales et 
serait un écrit judaïque, antérieur au livre de Tobie. Enfin, 
M. Meissner rapproclie de VHistoire cVAhikar divers pas- 
sages des Targums hébreux que nous signalerons en note. 

6. Cette même année, 1894^ M. Lidzbarski publiait en 
aulograpbie un texte arabe et, en face, sur la pnge de gau- 
che, un texte en dialecte néo-syriaque (Torani), qu'il don- 
nait comme la traduction du précédent, d'après le manus- 
crit Sachau 539 (cf. Verzeicliniss der ST/rischen Handschrif- 
ten, Berlin, 1899, n. 290, p. 815). Il est certain d'ailleurs 
que le texte arabe diffère du texte de l'édition de Cambridge 
et que le tex'e néo-syriaque diffère du texte syriaque du 
manuscrit ,9.56 que nous allons traduire. L'année suivante, 
M. Lidzbarski publia la traduction de cette Histoii-e d'AJii- 
kar et, dans un troisième volume, un glossaire néo-syria- 
que Ces trois volumes ont paru dans Semitische Studien : 
Ergânzungshefl zur Zeilschrift fur Assyriologie, Die neua- 
ramàisclien Handschriften der kôniglichen Bibl. zu Berlin, 
crster Teil, Weimar, 1894; zweiter Teil (Ahikar, p. 1-41) 
und drilter Teil, Weimar, 1895. 

La traduction allemande de M. Lidzbarski, parue dans 
la seconde partie ci-dessus, fut encore reproduite l'année 
suivante dans Geschichlen und Lieder aus den neu-aramciis- 
chen Handschriften der kôniglichen Bibliothek zu Berlin, 
von Mai k Lidzbarski, Weimar, 1896. Comme les deux tra- 
ductions sont identiques et que les pages elles-mêmes 
coînmencent et finissent au racme mot, nous n'avons donc 



LE PROBEÈAfE LITTERAIRE 19 

en somme que deux tirages d'une même traduction. Elle a 
pour titre : Geschicltte des \veisen Chikar. 

Entre temps, M. M. Lidzbarski avait encore publié un 
court article dans la Zeitschrift der Deiitschen Morgenlûn- 
dischen GesellscJwft, t. xlviii, p. 671-675, en réponse à 
M. B. Meissncr, pour mettre son texte arabe en relief et 
dire que le livre d'Ahikar, écrit avant le livre de Tobie, 
l'avait été en hébreu, plus probablement qu'en ffrec, 

7. M. E. J. Dillon publia une traduction faite sur les ma- 
nuscrits syriaques de Londres et de Cambridge (/> et C) en 
tenant compte cependant de la traduction de M. Lidz- 
barski à laquelle il fit quelqtics emprunts, cf. Ahika?- tlie 
wise. An ancient Jœbrew folkstory, dans The contemporary 
Review^ mars 1898, p. 362-386. D'après lui, les Hébreux 
du second siècle avant notre ère lisaient Ahikar comme une 
histoire véritable, aussi bien qu'Esther et Tobie, et c'est 
merveille que ce livre n'ait pas été inséré dans leur canon. 
A l'en croire, « le livre d'Ahikar est un conte juif composé 
en hébreu au m" siècle avant notre ère et traduit plus tard 
en araméen. )> Il ne paraît connaître ni le passage de 
Clément d'Alexandrie ni celui de Strabon et ne semble 
donc pas soupçonner que le conte du m® (ou du iv^j siècle 
avant notre ère présuppose un recueil de maxiuKs et une 
histoire qui peuvent remonter au vu". Sa traduction, divi- 
séic en cinq chapitres, a été mise en hébreu par Joseph 
Massel. Cf. infra, IV, x. 

8. Après ce travail parut aussitôt la belle édition de 
Cambridge {The S tory of Ahikar froin tlie Syriac, Arabie, 
Armenian, Ethiopie, Greek and Sla^'onie versions, by F. C. 
Conybeare, J. Rendel Harris and Agnes Smilh Lewis, Lon- 
dres et Cambridge, 1898), qui renferme le texte greo lire 
de la vie d'Esope ^, le texte et la traduction anglaise i\ç^ 

1. On trouve la Iraductiou franç.nise de ce texte faite par I.a Fon- 
taine, dans ; Les grands écrivains de la France, oeuvres de La Fontaine 



20 HISTOIIIE ET SAGESSE d'aiIIKAR l'aSSYIIIEN 

versions arménienne, syriaque et arabe et enfin la traduc- 
tion anglaise des versions slave ^ et éthiopienne avec une 
longue introduction (i-lxxxviii) par J. Rcndel Harris. 

9. Cette édition provoqua de nouvelles études. Dans 
la Réunie biblique, t. viii, 1899, p. 50, M. E. Cosquin 
développa avec brio une idée assez paradoxale. Il ne vit 
dans Ahikar qu'un vieux conte populaire répandu même 
dans l'Inde, d'origine polythéiste, adapté maladroitement 
au monothéisme, et ne renfermant donc aucun élément 
historique ^ : 

« L'histoire du sage Ahikar est au fond un arrangement, Ij 
une adaptation littéraire de vieux contes orientaux. C'est 
dire qu'il n'y entre pas une parcelle de vérité historique... 
Nous croyons qu'une version hébraïque de l'histoire du 
sage Ahikar existait avant que fût rédigé le livre de Tobie, 
et que c'est cette version que le rédacteur de Tobie avait 
sous les yeux et non pas un texte en langue étrangère... 
Mais nous estimons que ce texte juif n'était pas le texte 

éditées par Henri Reguier, Paris, Hachette, 1883, tome i, p. 46-51; 
éd. Parraaulier, Paris, 1825, t. i, p. lxxxii-lxxxvi ; éd. Lefèvre, 
Paris, 1838, p. 28-40, etc. 

1. Cette traduction anglaise fut faite sur la traduction allemande 
de Y. Jagic mentionnée plus haut. 

2. M. Margarete Plath, qui a repris la thèse de M. Cosquin au sujet 
de Tobie (Cf. Zum Buch Tohit, dans les Theologische Studien und 
Scliriften, Golha, 1901, p. 377-414), consacre aussi une longue note à 
Ahikar (p. 394). H dit qu'il n'y a pas de lien intime entre les deux 
hi-toires de Tobie et d'Ahikar, Leurs rapports ne sont donc pas pri- 
mitifs, mais le rédacteur du livre de Tobie, relativement plus récent, 
a voulu s'appuyer sur une relation plus ancienne. On ne peut dire 
s'il l'a connue par tradition orale ou par un écrit, mais, en toute hy- 
pothèse, l'histoire d'Ahikar n'est qu'un conte. — • La thèse Cosquin- 
IMatli au sujet de Tobie est exposée et réfutée par Jos. Siéger (cf. 
Dus Buch Tobias und dus Màrchen vondom dankbaren Todlen, dans 
Bcr Kalholilc, I1I« série, t. xxix, 1904, p. 367-377), qui consacre 
aussi une note à Ahikar, p. 377, note 3, mais seulement pour montrer 
(juc celui-ci ne peut porter tort au livre de Tobie. 



LE PnOBLÈME LITTÉRAIRE 21 

primitif et que l'auteur primitif n'a pas pu être un Juif. 
Cette version hébraïque était à notre avis une version 
monothéiste d'un vieux récit païen... L'histoire du sage 
Ahikar a été composée, cadre et épisodes, d'éléments em-' 
pruntés au vieux fonds des contes orientaux ; elle ne con- 
tient pas le moindre élément historique, pas même un grain 
de vérité, comme l'a dit très bien M, Dillon. » 

L'auteur se devait évidemment d'appliquer la même 
méthode fantaisiste au livre de Tobie. Celui-ci n'était donc 
à son tour qu'une parabole, un remaniement d'un conte 
populaire, une variation sur le thème du mort reconnais' 
sant. Le Père Hagen dans son Leiicon biblicum {Cursus 
Scripturœ sacrce, Paris, 1905), au mot Acliiacliarus, a très 
bien fait remarquer que l'article de M. Cosquin est un 
pur tissu de conjectures et ne peut donc enlever le carac- 
tère historique du livre de Tobie, ni, ajoutons-nous, de 
V Histoire cV Ahikar ^. 



1. Les rapprochements et les dépendances établis par les folk-lo- 
ristes entre les contes ou récits de divers pays nous (ont assez sou- 
vent admirer l'érudition des auteurs, mais nous paraissent toujours 
dépourvus de toute force probante. 11 existe des généalogistes qui, 
pour une somme donnée, raltaclient tout homme à une famille célèbre et 
même — si l'on y met le prix — à un héros des croisades. Les folk- 
lorisles sont plus désintéressés lorsqu'ils établissent la filiation des 
récits, mais il faut reconnaître que leur lâche est bien plus facile, 
puisqu'ils ne sont gênés par aucun registre d'état civil. Nous nous 
permettons de leur proposer, comme les deux termes d'une généalo- 
gie, la pensée suivante d'Ahikar : « Mon fils la chèvre qui circule et 
qui mullipiie ses pas sera la proie du loup » (m, 46 ; arabe, n. 30 ; 
arménien, n. 43) et le récit connu d'Alphonse Daudet : c M. Séguin 
n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes 
de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en 
allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait... si jamais 
tu viens en Provence, nos ménagers te parleront souvent de la cabro 
de moussu Seguin, que se battègue touto la nieu emé lou loup, e piei 
lou matin lou loup la mangé » (fxllres de mon moulin, n. 4). Ils pour- 
ront utiliser Ja comparaison 105 du c. xxxiii d'Ahikar et suivre la 



22 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAI? l'aSSYRIEN 

10. La thèse de M. E. Cosquin fut reprise par M. Th. 
Reinach [Revue des études juives, t. xxxviii, janvier-mars 
1899, p. 1-13) sous le titre : Un conte babylonien dans la 
Uttératui'e juive : le roman d'Akhikhar. La légende baby- 
lonienne aurait été connue des Juifs et traduite par eux en 
leur langue. Le rédacteur du livre de Tobie aurait introduit 
Ahikar en un seul endroit (grec,xiv, 10) de son livre, com- 
me un exemple célèbre destiné à mettre en relief la justice 
divine. Les autres mentions d'Ahikar (grec, i, 11, 22 ; x, 10; 
XI, 18) n'appartiendraient pas à la rédaction primitive du 
livre de Tobie et seraient des interpolations. 

La rédaction primitive de l'ouvrage aurait été poly- 
théiste, païenne ^ : Ahikar a soixante femmes et soixante 
palais; dans la version arménienne il adresse ses prières 
aux dieux Belsim, Simil et Samin ; il consulte les mages, 
les astrologues et les devins. Plus tard, des rédacteurs mo- 
nothéistes ont introduit des éléments monothéistes, tout 
en laissant subsister le fond primitif du récit : 

« L'origine première de ce conte pourrait bien être un 
mythe solaire. Les soixante épouses, les soixante palais 
d'Akhikhar rappellent étrangement les soixante maisons du 
soleil, la division primitive du cercle céleste en 60 degrés... 
de l'heure en soixante minutes -... Les Grecs y virent sur- 
chèvre de M. Séguin en Provence, en Grèce, en Orient et peut-être 
dans l'Inde et en Chine. Il est entendu qu'ils n'auront à produire 
aucun registre d'état civil et pourront ainsi donner libre cours à leur 
érudition et à leur imagination 

1. Ceci n'a lùen d'étonnant, puisque, d'après Tobie (i, 4), toute la 
tribu de son père Nephtali s'était écartée du temple de David et de 
Jérusalem (cf. infra,p. 2't) et que le commencement de l'Histoire d'A- 
hikar nous montre qu'en effet celui-ci adorait les idoles. Il en fut 
puni et revint au vrai Dieu, mais son éducation et sa formation n'en 
avaient pas moins été païennes, ce qui devait percer encore dans le 
récit. 

2. L'ouvrage a été écrit en Babylonie, où prit naissance et d'où nou s 
fut transmise la numération sexagésimale, voilà tout ce que prouvent 



LE PROBLEME LITTERAIRE 



23 



tout un trésor de maximes morales. Ce que Démocrlte 
s'appropria, ce que Théophraste commenta se réduit pro- 
bablement aux discours parénétùjues placés dans la bouche 
du saffe Akhikhar. A leur tour les Juifs firent counaissauce 
avec ce livre populaire et peut être le traduisirent-ils en 
leur langue. Dans la plus ancienne forme du livre de Tobie 
— qui paraît dater du u° siècle avant l'ère chrétienne — 
la seule mention de l'Akhikhar est contenue dans le verset 
que nous avons cité (xiv, 10-11) ; l'auteur y voit uq conte 
édifiant, un exemple célèbre destiné à illustrer la justice 
divine, la Némésis qui fait tomber le crime dans les pièges 
et les abîmes qu'il a lui-même creusés. » 

Ce n'est point la littérature juive, mais c'est une version 
araméenne ayant conservé fidèlement le caractère poly- 
théiste de l'original babylonien, qui introduisit l'ouvrage 
dans les littératures grecque, arménienne et syriaque. 

11. M. J. Halévy a combattu les hypothèses de M. Th., 
Reinach. Cf. Revue sémitique, 1900, p. 23: « L'hypothèse de 
l'origine babylonienne (païenne) d'Akhiakar ne peut se 
soutenir d'aucune manière. » 

Ahikar n'était pas un païen, car un païen qui vient au 
vrai Dieu est reçu à bras ouverts et est assuré d'une pro- 
tection particulière de la part de Dieu (cf. I Rois, vin, 41- 
43; Isaie, lvi, 6-7), tandis qu'Ahikar, lorsqu'il s'adresse au 
vrai Dieu après s'être adressé aux idoles, est puni. C était 
donc un Israélite qui avait commis un crime en s'adressant 
aux idoles parce qu'il avait ainsi abandonné son Dieu. Il y 

ces rapprochements. Il faut une tournure d'esprit particulière pour 
chercher un mythe à cette occasion. Notons d'ailleurs qu à notre 
avis les .naythologLstes ne sont qu'un prolongement des tolk-loristes. 
Ces derniers établissent une généalogie entre les faits analogues 
qu'ils relèvent sur l'ancien continent, et les mythologistes rattachent 
l'un des anneau.\ de cette généalogie à un phénomène naturel. Sur le 
nombre soixante, cf. Cantique, m, 7 : Lectulum Salomonis sexagiiita 
fortes ambiant ex fortissimis Israël, et vi, 7 : Sexaginia sunt rcglnx. 



24 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYIIIEN 

a plus: le livredeToble nous apprend explicitement dans la 
version du SinaiLicus et du Vaticanus que toute la famille 
de Tobic avait abandonné le vrai Dieu pour sacrifier au veau 
que Jéroboam avait élevé à Dan : 

VATICANUS SIXAITICUS 

4. Durant majeunesse, lors- 5. Tous mes frères et la 

que je demeurais dans mon maisondeXephtali, mon père, 

pays dans la terre d'Israël, sacrifièrent au veau que le roi 

toute la tribu de Nephtali, Jéroboam fit à Dau sur toutes 

mon père, s'éloigna du tem- les frontièrcsde la Galilée, et 

pie de Jérusalem. moi seul j'allai souvent à Jé- 
rusalem aux jours de fête. 

Ainsi Anaël, frère de Tobie, et son fils Ahikar devinrent 
idolâtres et continuèrent a pratiquer l'idolâtrie en Baby- 
lonie, jusqu'au jour oii Dieu punit le dernier en lui refu- 
sant un fils. M. Halévy étudie ensuite l'onomastique du 
livre et essaie de montrer qu'elle est entièrement araméen- 
ne, comme celle du livre de Tobie, à l'exception de quel- 
ques noms persans ; il conclut : « Le lh>re d'Akhîaka?- forme 
un nouvel anneau, et des plus intéressants, de la chaîne 
des œuvres littéraires juives de l'époque grecque qui ont 
préparé la transformation de VAirada hébraïque dans ses 
deux variétés principales : rabbinique et chrétienne. » 

12. E. Schùrer avait aussi conclu que la courte allusion 
de Tobie, xiv, 10, ne peut être comprise si l'on ne suppose 
la légende d'Ahikar déjà connue et sans doute déjà rédigée 
par écrit; cf. GescJùclUe d. J/id. Volkes im Zeitalter Jesu 
Chrisli, 3" éd., 1898, t. m, p. 177 sq. J. Rendel Harris, 
The stori/ of Ahikar, p. xlvm sq., lxxii sq., avait égale- 
ment présenté le livre de Tobie et le livre d'Ahikar comme 
deux frères écrits tous deux en hébreu, le livre d'Ahikar 
étant vraisemblablement le plus ancien des deux. 

13. M. Paul Marc dépèce Ahikar en deux parties : 1° l'his- 



LE PROBLÈME LITTÉnAIRE 25 

toire du ministre, qui se suffit à elle seule ; 2" les proverbes 
prêtés à Ahikar parce qu'on savait par ailleurs qu'il avait 
été un sage. L'écrit actuel serait donc un écrit secondaire 
résultant de deux autres, Die Achikar-Sage, eiii Versuch 
ziir Griippiningder Quellen (édité àixnsXes S Indien ziir ver- 
gleicJienden Litteraturgesch. de M. Koch, t. n, Berlin, 
1902, p. 393-411). 

14. i\I. J. Daschian a publié aussi — malheureusement 
toute en Arménien — une longue monographie sur Ahi- 
kar et sa sagesse : Kurze bibliograpli . Untersuclniiigen und 
Texte, t. H, 1901, p. 1-152. 

15. M. P. Vetter, dans la Tlœolog. Quartalsc/irift, 
1904-1905 *, a traduit en allemand la version arménienne ^ 
de VHistoire dWJiikar, puis étudié le livre de Tobie qui 
aurait été composé de 250 à 150 avant noire ère, non pas 
en Palestine, mais par des Juifs d'Assyrie ou de Babvionie. 
Sa langue orioinale était l'hébreu, aucune des recensions 
grecques ne représente donc adéquatement l'original. 
L'ouvrage n'est p;)s historique au sens strict, il n'est pas 
non phis complètement fictif, mais le rédacteur a vrai- 
semblablement disposé d'une histoire familiale qui reposait 
surdos faits réels et qui était conservée dans la tradition 
populaire ; il l'a rédigée dans un but didactique. Enfin 
M. Vetter a étudié le livre d'Ahikar et l'a comparé au livre 
de Tobie; il aurait été écrit en hébreu entre 100 avant 
notre ère et 100 ii 200 après notre ère. C'est l'œuvre d'un 
Juif, basée sur un livre païen plus ancien, originaire de 
Babylonie, écrit peut-être en araméen. Le livre de Tobie 
est donc plus ancien que le livre d'Ahikar; il s'est inspiré 
non d'un document écrit mais d'une tradition populaire 
juive, qui avait conservé le souvenir d'un Juif élevé à un 

1. Bas Bach Tohias und die Achikar-Sage, 190'i, p. 321 et 512; 
1905, p. 321 et 497. 

2. De l'arménien dérive une version larlare encore iucdile, loc. cit., 
p. 325, note 1. 



26 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



très haut rang îi la cour d'Assyrie ; il ne connaissait pas 
Ahikar comme un sage et un moraliste, mais plutôt comme 
un homme juste et bon, et c'est à ce titre qu'il Ta introduit 
dans la famille de Tobie. 

Toutes les rédactions conservées du livre d' Ahikar pro- 
viennent d'un original hébreu, sur lequel ont été traduits, 
indépendamment l'un de l'autre, le syriaque et l'arabe. 
L'arménien et l'éthiopien proviennent de l'arabe, le slave 
provient d'une version grecque faite peut-être sur le syria- 
que. — L'original hébreu lui-même a été composé d'après 
un livre païen écrit très vraisemblablement en araméen et 
qui provenait de la Babylonie. Le Juif qui a remanié cet 
écrit se proposait de faire ainsi de la propagande parmi les 
Gentils, c'est pour cela qu'il choisissait un sujet païen et 
qu'il le judaïsait très peu pour ne pas choquer les lec- 
teurs ^. 

M. Vetter établit ces résultats surtout par une étude 
interne qui a paru lui découvrir un certain nombre d'hé- 
braïsmes et de points communs avec les Targums écrits 
au commencement de notre ère 2. Il conclut à l'unité de 
l'ouvrage, qui condense en un seul tout bien logique la 
masal judaïque sous ses trois formes : proverbes (pre- 
mières instructions à Nadan) ; devinettes (Ahikar en Egypte) ; 
similitudes, allégories ou fables (secondes instructions à 
Nadan). 

Cette étude de M. Vetter est fort savante et fort bien 



1. M. E. Schûrer écrit de ces écrits judaïques sous marque pro- 
fane : « Ils ont tous cela de commun qu'ils sont mis sous le nom d'une 
autorité païenne comme la Sybille, ou sous le nom d'hommes célè- 
bres dans l'histoire, comme Hécatée et Ai-istée. Le choix du pseudo- 
nyme montre déjà que tous ces écrits sont ordonnés jjour les lecteurs 
païens et doivent faire de la propagande pour les Juifs parmi les 
Gentils. » Geschichle des jiid. Volkes iin Zeitalter Jesu Ckristi, 
3e éd., t. III (1898), p. 420. 

2. Cf. infra, Introd., V, m. 



LE PROBLEME LJTTEP.AIUE 



27 



conduite, mais le manuscrit B nous montre qu'il a vu des 
néo-hébraïsmes où il n'y en avait sans doute pas et que la 
critique interne, ici encore, ne lui a fourni, comme à bien 
d'autres, que des résultats provisoires. 

16. Terminons par l'opinion de M. F. Vigouroux *. Le 
savant et judicieux exégète se propose surtout de défendre 
l'historicité de Tobie. Il semble admettre que V Histoire 
(TAhikar est un pur conte et que les principaux person- 
nages, Ahikar et Nadan, sont des personnages légendai- 
res, fictifs et connus comme tels "-. Ou lui objecte 
donc que le livre de Tobie, en s'appuyant sur des fables, 
semble ainsi avertir ses lecteurs qu'il a peu souci de l'his- 
toire. 

Voici le passage du Manuel biblique^ où M, Vigouroux 
résume sa réponse : « Une difficulté plus grave contre le 
caractère historique du livre de Tobie provient de la décou- 
verte d'une sorte de conte ou de roman connu sous le nom 
d'Histoire du sage Aliicar... On veut conclure de là que 
Tobie est un être fictif comme Ahicar. Mais la question est 
de savoir si le livre de Tobie a emprunté Ahicar au conte 
ou si le conte l'a tiré de Tobie? Dans le premier cas, il lau- 
drait admettre, il est vrai, que l'écrivain juif, en introdui- 
sant dans son livre un personnage imaginaire, a voulu nous 
faire comprendre que son récit est une fiction morale, dans 
le genre de la parabole de Lazare et du mauvais riche; 
mais, dans le second cas, si celui qui a inventé le conte a 
pris dans Tobie un personnage historique auquel il a attri- 

1. Les Livres saints et la critique rationaliste, 5® édition, Paris, 
1901, t. IV, p. 551 sq. M. Vigouroux traduit ea cet endroit la meilleure 
partie d'Ahikar. Cf. Revue du Clergé français, 1902, t. xxxii, p. 516 - 
517. 

2. M. Vigoureux aurait déjù pu faire remarquer ici, comme il le fait 
à la fin, que rien ne prouve qu'Ahikar soit un personnage purement 
fictif et que son histoire soit un pur conte. 

3. 12» édition, Paris, 1906, t. ii, p. 173. 



28 HISTOinE ET SAGESSE d'aHIKAH l'aSSYRIEX 

biié des aventures fabuleuses, comme on en a attribué à 
Cliarlemagne, le caractère historique du livre de Tobie n'a 
rien à en souffrir. Or on n'a pas prouvé jusqu'à présent 
que la légende d'Ahicar est antérieure à la composition de 
Tobie, et tant que cette preuve n'aura pas été faite, on a le 
droit de maintenir l'historicité de Tobie. » 

Pour nous, les questions Tobie et Ahikar peuvent tou- 
jours être séparées : il suffit de faire remarquer qu'Ahikar 
ne joue pas le même rôle dans les diverses versions de 
Tobie (il ne figure même aucunement dans les deux ver- 
sions hébraïques publiées par M. Gaster, Proceedings of 
the Society of hihlical arc]iœoloi>y, t, xviii et xix, 189G et 
1897) ■*. On peut donc le regarder comme une interpolation 
tardive. Il n'est pas absurde d'admettre par exemple, que 
la vérit.ible leçon a été conservée par la Vulgate et que les 
cousins de Tobie se nommaient Achior et Nabath. Des tra- 
ducteurs auraient ensuite cherché une généalogie h ces 
cousins, les auraient identifiés avec Ahikar et Nadan dont 
ils connaissaient l'histoire par ailleurs et auraient été jus- 
qu'à entrelacer cette histoire dans le livre de Tobie et 
jusqu'à en imiter la forme. Aussi la comparaison d'Ahikar 
et de To])ie que nous allons faire portera sur la version 
grecque et ses dérivés et non sur le texte original de Tobie 
que nous avouons ne pas connaître. 

On peut cependant aller plus loin : si l'on veut bien 
admettre qu'Ahikar figurait dans le texte original de Tobie, 
il ne peut évidemment s'agir d'un emprunt au conte des 
Mille et une nuits, ni même à la version syriaque que nous 
traduisons ici, car tous ces écrits sont relativement moder- 
nes. 11 ne peut donc s'agir que du prototype inconnu de la 
vei'siou syriaque et du conte, et ce prototype, que Démo- 
crite aurait utilisé au v" siècle avant notre ère, a toute chance 



l.Nous ne croyons pas cependant que ces versions aient grande 
importance critique. 



LE PROBLÈME LlTTÉllAinE 29 

de représenter un personnage historique. Loin de nuire à 
l'historicité de Tobie, il vient au contraire la confirmer en 
nous fournissant la clef historùjue d'un passage jusqu'ici 
obscur. 

17. Vient de paraître, en supplément à la ZeilsclirifL fiir 
die altteslamentUche Wissenschafl, Giessen, 1908, un petit 
fascicule qui contient : lo, pages 1-53, Beitiuigeziir Erklâ- 
nin<^ und Kritik des Buc/ies Tobit, von John nues iNIuiler ; 
2°, pogrs 55-125, Alter und Ilerkunfï des Achikai -Romans 
und sein Ver] ni Uni. s s zu Aesop, von Rudolf Smend ^. 

La première partie (Tobie) ne rentre pas dans notre 
sujet. Rappelons seulement que nous avons trouvé à Paris 
un manuscrit fragmentaire {Suppl. ^rec 009) delà troisième 
recension, c'est-à-dire de la famille des manuscrits d^j, lOu 
et 107 de Holmes, et que nous avons édité Tobie, vi. G, à 
XIII, 10, et Judith en entier, d'après ce manuscrit, dans La 
Sainte Bible polyglotte, t. m, Paris, 1902; cf. p. vi. 

La seconde partie (/Vchikar) est fort intéressante. En un 
bon nombre de points nous sommes en complet accord avec 
l'auteur : 

P. Gl. Toutes les versions dérivent d'un même prototype 
qui esta chercher chez les Syriens. Les textes arabes sont 
traduits directement du syriaque, mais proviennent de textes 
syriaques différents, de même l'arménien. Le texte ancien- 
slave, par l'intermédiaire d'un texte grec, se ramène aussi 
très vraisemblablement au syriaque. Les manuscrits syria- 
ques connus sont récents et présentent d'assez grande» 
différences textuelles. Les textes arabes sont les plus im- 
portants pour la reconstruction du syriaque. 

1. Notre travail était en cours d'impression, lorsque la Zeit. f, 
cl. ail. IViss. a annoncé l'apparilion prochaine du fascicule additionnel 
qui fait l'objet de ce paragraphe. Nous n'avons pas modifié notie 
texte, mais nous avons ajouté le présent paragraphe à noire intro- 
duclioa et de nombreux renvois dans les notes placées sous notre 
traduction. 



30 HisïOinE ET SAGESSE d'ai.hkar l'assyrien 

p. G5. La sagesse (les proverbes) à'Ahikar est aussi an- 
cienne que son histoire, car elle lui est intimement liée. 
Elle fait partie intégrante du roman et son ancienneté est 
attestée par la littérature grecque, comme l'ancienneté de 
l'histoire est attestée par le livre de Tobie. 

P. QQ. Le mot Bocr::op-^voîç de Strnbon est à changer en 
Bipii-TTY^vif; et le texte de Strabon provient sans doute de 
Poseidonios, c'est-h-dire du milieu du ii" siècle avant notre 
ère. 

Les troisième et quatrième parties (p. 76-102) surtout sont 
intéressantes, car M. R. S. rapproche un certain nombre 
de comparaisons d'Ahikar des fables correspondantes 
d'Esope et conclut aussi que les secondes proviennent des 
premières. Il fait remarquer que la vie d'Esope dépend 
certainement de V Histoire cVAhikar et semble servir de 
préface aux fables, or le compilateur de cette vie d'Esope, 
après avoir rapporté quelques maximes d'Ahikar, se borne 
à dire que celui-ci adressa encore beaucoup d'autres paro- 
les à Ennos (Nadan) et ne cite aucune des comparaisons. 
Ceci s'explique très bien si le compilateur grec se propo- 
sait de mettre les comparaisons parmi les fables qui sui- 
vaient la vie ; il ne pouvait, s'il voulait éviter les répéti- 
tions, les traduire déjà dans la vie d'Esope. 

11 est même vraisemblable que les comparaisons d'Ahikar 
avaient été mises en fables grecques, longtemps avant que 
l'histoire d'Ahikar ne fut introduite dans la vie d'Esope, 
car Babrius, qui vivait au commencement ou à la fin du 
II" siècle de notre ère, nous apprend déjà que la fable est 
une ancienne invention des Syriens qui vivaient à Ninive et 
à Dahylone'^, et comme d'ailleurs le recueil de Babrius ren- 

1. Ou « au temps (des rois) Ninus et Bélus », mais ces inven- 
teurs des fables sont toujours des Assyriens. MûOoç [aév, w Ttaï paa().£wî 
'AXïiivùpoUjljypwv 7taXai(5v ècTTtv sypeu' àvÔpwTrwv oï Ttpt'v 7:ot' rjcrav èttI Ni'vou 
ts xal \ir^o\i. npÛTO; SE, çaatv, zXitz Tiaicrlv 'EXXrjVcov Aïaw;ro; ô croyô;... 
Ed. M. Croiset, p. 130-131. 



LE PROBLÈME LITTERAIRE 31 

ferme des fables qui proviennent certainement d'Ahikar, il 
est très vraisemblable qu'il a en vue Ahikar l'Assyrien et 
qu'il lui attribue l'invention de la fable. 

On peut même remonter plus haut, car Babrius semble 
se borner à mettre en vers des fables déjà courantes sous le 
nom d'Ésope. Les comparaisons d'Ahikar qu'il meten vers 
existaient donc déjà auparavant parmi les fables ésopiques 
et le rédacteur de la vie d'Esope n'a pas voulu les y iiilro- 
duire à nouveau. 

M. R. S. conclut (p. 101) que Babrius et Clément ont 
sans doute en vue le même ouvrage qui était une traduction 
grecque, existant déjà au i*"" siècle, des maximes et de l'his- 
toire d'Ahikar. A cette traduction grecque correspondait, à 
la même époque, une traduction juive utilisée par l'auteur 
de Tobie. 

P. 104. Le texte syriaque n'est pas une composition d'un 
chrétien syrien, mais une traduction de l'araméen ^. 

P. lOG. Nombreux sont les points de contact avec la lit- 
térature gnomique de l'Ancien Testament et en particulier 
avec l'Ecclésiastique, au point qu'on avait conclu delà à un 
original hébreu. Nous dirons que ces ressemblances s'expli- 
quent facilement si l'auteur d'Ahikar est juif et connaîtdonc 
les livres sapientiaux et s'il a servi de modèle à l'auteur de 
l'Ecclésiastique. D'ailleurs M. R. S. (p. 110) dit qu'on est 
conduit il placer Ahikar avant l'Ecclésiastique etTobie. 

En (juclques points secondaires cependant, nous allons 
un peu plus loin que M. R. S. Par exemple il ne remonte 
pas pins haut (|uc la rédaction conforme en substance ii 

i. C'est Irc's vraiseniljlable, mais peu facile à prouver, caries textes 
sont mal établis, de plus l'époque h laquelle ils ont été écrits ou tra- 
duits est Iiypolliéti((ue ; il semble donc iiii()ossible pour l'instant, de 
relever daus le syriaque des traces certaines d'iiébiaïsmes, coinuie 
a voulu le faire iM. Veller, ou d'aramaïsnies comme le fait M. R. S., 
p. 104-105. Toutes les locutions soi-disant araméenues sont aussi des 
locutions syriaques, surtout le Ba(rjl kolô. 



32 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

celles qui nous restent et dont toutes celles-ci dérivent. 11 
lui est donc assez difficile de concilier Tobie et Ahikar et 
d'expliquer les témoignages de Clément d'Alexandrie et de 
Strabon. Voici sa solution : 

P. G3. Les passages du livre de Tobie relatifs à Ahikar 
semblent être des interpolations. Cependant ces interpola- 
tions sont très anciennes et ont toute chance d'avoir été 
introduites avant notre ère plutôt que durant notre ère. La 
parenté de Tobie et d' Ahikar a été imaginée par l'interpola- 
teur. 

P. 74. Le Démocrite qui — d'après Clément d'Alexan- 
drie — aurait traduit Ahikar en grec serait un pseudo-Dé- 
mocrite. Celui-ci aurait utilisé une traduction grecque d'A- 
hikar et sa compilation aurait été utilisée par Schahras- 
tani. 

Il faut se rappeler que Démocrite n'est connu que par 
quelques fragments conservés par Stobée, postéiieur de 
beaucoup à Clément d'Alexandrie, Si l'on admet sans né- 
cessité aucune que Clément d'Alexandrie a été trompé par 
un pscudo-Démocrite, nous nous demandons quelles 
garanties d'authenticité offriront les fragments découpés 
beaucoup plus tard par Stobée. Nous préférons admettre 
que Clément et Stobée connaissaient les œuvres authenti- 
ques de Démocrite perdues depuis, et nous ne récusons ni 
n'atténuons leur témoignage. 

M. R. S. n'admet pas l'historicité d'Ahikaret ne remonte 
pas au delà du roman. Il ne peut donc admettre la dépen- 
dance d'Ahikar-Démocrite alfirmée par Clément d'Alexan- 
drie, d'où la nécessité d'un pseudo-Démocrite. De môme 
l'hypothèsed'interpolations postérieures et tendancieuses lui 
est nécessaire pour rendre compte des ressemblances et 
des différences de Tobie et du roman. On trouverait des dif- 
ficultés analogues pour concilier les textes relatifs h Char- 
lemagne, si l'on n'admettait pas son historicité, si l'on ne 
voulait pas remonter plus haut que « la chanson de Roland » 



LE PROBLKMF, LITTÉIIAIRE 33 

et si l'on voulait, à l'aide de ce seul roman, rendre compte 
de toute la tradition carlovinoiennc. 

Pour nous, comme nous le dirons j)lus loin, l'hypothèse 
de riiistoricité d'Ahikar nous paraît expliquer lous les faits 
de la manière la plus simple et la plus complète. Son his- 
t.>ire peut ainsi se chercher d;ins 'l'obie, ses maximes dans 
Démocritc et dans l'Ecclésiastique, sa légende dans le roman 
que nous allons traduire, ses fables d;ius Esope *. 

M. R. S écrit, p. 61, que le manuscrit syriaque ^(Sachau 
3.'iC) contient une traduction nouvelle d'une version arabe 
qui a été glosée d'après un texte syriaque. 

Même dans cette hypothèse, le manuscrit B conserverait 
toute son importance, puisqu'il nous représenterait — à 
travers une traduction arabe — \\n texte syriaque perdu. 
M-.iis rien ne notis autorise encore, croyons-nous, à regar- 
der ce texte syiiaque B comme une traduction d'un texte 
arabe. 

En effet, h)rsqu'un texte ecclésiastique se trouve d'une 
part en syriaque et d'autre part en arabe et carchouni, on 
a le droit de supposer, sans aucune démonstration, que le 
syriaque est l'original, parce que c'est la loi générale. L'in- 
verse n'est pas impossible, mais demande une démonstration, 
parce que c'est un cas tout exceptionnel. Or M. R. S. ns 
donne aucune preuve de son affirmation. En deux endroits, 
p. G4 et 86, il note, sans en tirer d'ailleurs aucune conclu- 
sion, ([ue le manuscrit Z? et l'arabe portent le même mot 
au même endroit, mais ces deux mots sont syriaques et 
prouvent donc, puisque l'arabe les a conservés, qu'il pro- 
vient du syriaque (ou de B ou du prototype de B et C). En 

1. Nous ne savons pas encore si les fables ésopiques emprunlées à 
Al.iikar dérivent du roman conservé ou d'une rédaction perdue de 
l'iiisloire ou de la légende. C'est une question de date. Si elles ne 
sont pas antérieures an troisii-nie siècle avant notre ère, il est plus 
simple d admettre qu'elles proviennent du roman conservé et traduit 
ci-dessous. 



34 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYIUEN 



particulier le mot fa ho (p. 64) se trouve ailleurs et dans 5 
et dans le sijj-iaque C, comme M. R. S. l'a rappelé et com- 
menté longuement aux pages 80-82. 

Pour se convaincre que B représente, malgré ses altéra- 
tions et ses lacunes, un texte de première importance, 
source — au moins partielle — de l'arabe et de l'arménien, 
il suffit d'en relire la première page où l'on trouvera le 
style direct (tandis que l'arabe a résumé ce commencement 
en style indirect) et les deux invocations d'abord aux ido- 
les puis au vrai Dieu (tandis que le syriaque L et C n'a con- 
servé que l'invocation au vrai Dieu et que l'arménien n'a 
conservé que l'invocation aux idoles, en supprimant la 
seconde par une sorte de faute d'homoiotéleutie, pour arri- 
ver plus vite aux maximes). Ou remarquera aussi les mots 
grecs et chaldéens conservés par i? (dès le commencement, 
I, 1, ï~i-^z~zç, où l'arabe porte : vizir). C'est encore ce ma- 
nuscrit B qui nous a conservé le nom de Sarhédom dans la 
plupart des passages où tous les autres manuscrits ont intro- 
duit à tort Seiinachérib. 11 a conservé aussi la forme Na- 
bousemak, défigurée partout ailleurs. 

De plus, le transcripteur du manuscrit B a transcrit, 
sans intelligence aucune^ les titres de la plupart des cha- 
pitres sans les séparer du texte. 11 n'est donc certainement 
pas un traducteur. 11 est même vraisemblable que cette 
confusion remonte plus haut. Nous tenons donc, avec 
M. R. S., qu'il y a eu plusieurs rédactions syriaques du 
livre d'Ahikar comme il y a plusieurs rédactions grecques 
du livre de Tobie, mais nous ajoutons que B n'est pas une 
traduction d'un texte arabe provenant du syriaque et 
même qu'il représente, plus fidèlement que 6", L ^, ou le proto- 



1. M. R. S. écrit (p. 104): « Le manuscrit édile par M. Rendel Har- 
ris (6') est récent, et son texte, comme le montrent les autres traduc- 
tions, est sûrement de nature secondaire. En bien des endroits il a 
été retouclié par une main clirétienne. » 



AI.IIKAn DANS DÉMOCniTE 35 

type des versions syriaques ou même l'original araméen. 
Une étude de tous les manuscrits syriaques permettrait 
peut-être de les classer et de fixer définitivement la place 
que doivent occuper B, C, L. 

II. Ahikar dans Démocrite, Ménandre et l'ancienne 
littérature grecque. 

Dans les Stromates, i, 15, Clément d'Alexandrie veut 
montrer que la philosophie grecque est puisée en grande 
partie dans la philosophie des barbares : « Pythagore eut 
pour maître Souchis, le premier des sages égyptiens ; Pla- 
ton, Sechnuphis d'Héliopolis ; et Eudoxe de Cnide, Chonu- 
phis également Egyptien... 

« Les ouvrages moraux composés par Démocrite provien- 
nent des Babyloniens, car on raconte qiiil inséra dans ses 
propres écrits la traduction de la stèle d'Acicar en écrivant 
en tête : Voici ce que dit Démocrite. — Voici ce qu'il 
écrit sur son compte ^ : Je suis de tous mes contemporains 
celui qui a parcouru le plus de pays, qui a scruté les points 
les plus éloignés, qui a vu le jdIus de températures et de 
contrées diverses, et qui a entendu le plus d'hommes ins- 
truits. Personne ne m'a surpassé en connaissances géomé- 
triques ou pour résoudre les problèmes, pas même ceux 
que les Egyptiens nomment Arpédonaptes. J'ai passé qua- 
tre-vingts ans avec eux tous sur la terre étrangère. — En 
effet il parcourut la Babylonic, la Perse et l'Egypte et se fit 
le disciple des mages et des prêtres ^. » 

1. Voici ce passage capital : Ar,iJ,ô/p!To; yàp tov; Ba6v;).<>)vto'j; Xô-o-^; 
r)6iy.où; TtETTOtTitat . AsycTai yàp tT|V 'Ay.f/.ipoy a-r^'/.Y^'j Ép[xr|V£'j6£Ïc-av, toï; 
îSt'oiç «TUVTaÇat a\tyyçiâ.\i.\j.0L(7i. Kaaxtv ÈTî'.cr.nriVaaGai Ttap' a'dTOvJ* "ries /.i";£t 
ArifiôxptToç, YpâçovTo;. Nal (iï-,v v.cà Tiepl a-jTO-j r, <7£|ivuvd(JLEvo'; çr,o-i ttov â^i 
TV) Tto).-j[j.aOta. Patr. grseca, t. vin, col, 772-773. 

2. Les lémoignages des anciens auteurs qui constatent les voyages 
(le Démocrite, en particulier ou Asie et en Babylonie, sont recueillis 



36 HISTOIRE ET SAGESSE d'aiIIKAII l'aSSYRIEN 

Ce passage de Clément d'Alexandrie est encore repro- 
duit textuellement par Eusèbe [Prep. ev., x, 4) * ; il prouve 
que Clément, mort en 217, connaissait, ou par lui-même, ou 
peut-être par tradition, l'existence des sentences d'Ahikar. 
Il importe encore de faire remarquer combien Clément est 
exactement informé lorsqu'il écrit que Démocrite a traduit 
la stèle d'Acicar, car telle était en effet la manière d'écrire 
des Babyloniens, sur véritables stèles de pierre ou sur des 
tablettes de briques -. 

Le texte de Clément d'Alexandrie avait toujours été une 
énigme pour les critiques 2, quand, par un heureux échan- 
ge, ladécouverte de ï Histoire (T Ahikar est venue l'expliquer, 
tandis que ce passage, de son côté, nous renseignait sur 
l'antiquité et l'importance des maximes d'Ahikar. 

Il s'ensuit, en effet, que Démocrite a trouvé ces sentences 
en Babylonie et les a introduites en Grèce. Nous sommes 
donc reportés au temps de ce philosophe "*, c'est-à-dire au 
V* siècle avant notre ère. 

daus l'édiliou Didot : Fragments des philosophes, t. i, Paris, 1875, 
p. 332 ; ils sont rapportés et discutés par V. len Brink, Democriti 
de se ipso testimonia, dans Philologus, t. vu (1852), Gœltiugue, 
p. 354-359. 

1. Kal Av)[;.6y.piT0; Zï ïxi TrpÔTEpov toÙ; BaêyXwvt'oy; ).ôyoy; r)6iy.où; ttetto- 
ifjaÔat )v£Y£Tai. On a proposé ici et plus haut, de remplacer f,6i/.oùc par 
W.Q-jc,. Migne, Pair, grseca, t. xxi, col. 785. 

2. Manéthon raconte aussi (d'après Eusèbe) qu'il a réuni les niaté- 
l'iaux de son histoire ïv. -rwv èv tïj SriptaSix-fj y/i y.ii]i.i-iuiv arr^'ku)'/, « des 
stèles du pays de Sardes .» Patr. grxca, t. viii, col. 773. 

3. On avait rapproché Acicarits d'Acoris ou Acenchérés, roi 
d'Egypte, et cela à tort puisque Ahikar était babylonien ; on avait aussi 
voulu faire de c la stèle d'Ahikar» un nom commun : Bochard invo- 
quait : 'Aiuoiid ha 'aqrîiu. columna reriim fondamentalium ; on 
proposait aussi : 'Amoud hahaqar, columna exploratoris, et Mé- 
nage écrivait : Qui qualisse fuerit Acicharus dicere, non nostriim 
est, sed aruspicis. Cité daus Patr. Grœca, t. vin, col. 772, note 96. 

\. Né vers 400 ou 49G. Eabricius, Bil>l. grœca, Hambourg, 1791, 
t. II, p. 628-629. 



AHIKAR DANS DÉMOCRITE 37 

Comme supplément d'informations, nous pouvons ajouter 
qu'il existait certainement en Babylonie des recueils de 
maximes, au moins dès le vu® siècle avant notre ère *. Dans 
ses Textes religieux assyriens et babyloniens^ Paris, 1903, 
M. l'abbé François Martin a traduit les textes suivants : 

P. 171, ligne C)Q : Le bienfait de la faveur des dieux, 
recherche constamment. 

P. 171, ligne 70 : Il marche dans le chemin du bonheur 
celui qui ne cherche pas la discorde (cf. Ahikar, m, 73,85). 

P. 173, ligne 75 : Dieu est l'auteur de l'infortune comme 
de la prospérité. 

P. 183, ligne 195 : Toi qui ne cherches pas la volonté de 
Dieu, qu'est ta sincérité? 

P. 185, ligne 224 : Ils abaissent le malheureux qui n'avait 
pas commis de faute. 

P. 185, ligne 225 : Ils prennent soin du méchant qui son 
crime... 

P. 185, ligne 226 : Ils chassent le juste qui cherche la 
volonté de Dieu. 

P. 185, ligne 230 : le faible, ils l'écrasent, ils anéantis- 
sent l'homme sans force. 

La tablette cunéiforme reproduite à la planche 29 du fas- 
cicule 13 des Cuneiform Te.its froni Babylonian Tablets in 
the British Muséum était un recueil de préceptes moraux. 
Il n'en reste malheureusement que des fragments, mais il 
semble bien que leur auteur donnait, dans un passage, des 
conseils identiques à ceux d'Ahikar sur la nécessité d'é- 
viter les querelles. Cf. m, 11, 14, 73, 83, 86. Ainsi on lit 
encore, d'après la traduction que nous fournit M. François 
Martin : 

Ligne 10 : Au lieu de la querelle (ou : de la lutte)... ne 
te... 

1. Ces recueils nous ont été gracieusement signalés cl Iraduils par 
M. l'abbé François Martin. 



38 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 

Ligne 11 : Dans la querelle... 

Ligne 12 : Et toi devant [le ju]ge (?) tu seras... 

Ligne 13 : Pour ne pas te rendre justice, il... 

Macmillan a retrouvé un autre fragment de ce recueil de 
préceptes moraux, Some cuneiform Tablets, Leipzig, 1906, 
p. 557 sq. Ce qui en reste débute ainsi : 

Ligne 4 : Ne calomnie pas, parle avec amabilité. Cf. m, 
48, 57. 

Ligne 5 : Ne dis pas de mal, prononce des choses bon- 
nes. Cf. m, 47. 

Ligne 6 : Celui qui calomnie, qui dit du mal (ligne 7), sa 
tête attendra les... du dieu Chamash ^. 

Ligne 8-: N'élargis pas ta bouche, garde tes lèvres. Cf. 
m, 3, 5, 41, 71. 

Ligne 9 : Au moment de ta colère, ne parle pas du tout ^. 
Cf. m, 43. 

Ligne 10 : Si tu parles soudainement, ensuite tu te repen - 
tiras (?), (ligne 11) et dans la conclusion de tes paroles 
tu contristeras ton cœur. Cf. m, 2. 
' Ligne 25 : Avec l'ami et le compagnon ne parle pas... 

Ligne 26 : Des choses basses ne dis pas, des choses 
bonnes [dis]. Cf. m, 71, 72. 

Le reste de la tablette contient, en partie, des conseils 
de religion et de piété. 

Tous ces textes proviennent de la bibliothèque d'Assur- 
banipal (roi de 668 à 626), fils de Sarhédom, et remontent 
donc au moins au commencement du vu® siècle, c'est-à-dire 
à l'époque où se place Ahikar. 

Mais nous pouvons encore aller plus loin. Non seulement 
il est possible que Démocrite ait trouvé des sentences 
morales en Babylonie, mais il semble même qu'il y a effec- 

1. Cette ligne indique le châtiment qvii attend le calomniateur. Le 
tena précis en est incertain. 

2. Ou peut-être : « ne jjarle même pas seul. > 



AHIKAR DANS DEMOCRITE 



39 



tivement trouvé celles d'Ahikar, comme le dit Clément 
d'Alexandrie, car les quelques maximes conservées sous 
son nom ont plusieurs points communs avec celles-ci. 

Nous reconnaissons que les points de contact ne sont ni 
aussi nombreux ni aussi frappants que nous pourrions le 
désirer, mais il ne faut pas oublier qu'il nous reste très peu 
de maximes de Démocrite et que les quelques-unes qui 
nous restent ne forment pas un ouvrage, mais des bribes 
insérées par Stobée, près de huit cents ans après la mort 
de Démocrite, au milieu des sentences de bien d'autres 
philosophes. Il ne faut pas oublier non plus qu'Ahikar ne 
nous est connu qu'à travers plusieurs traductions et que le 
plus ancien manuscrit semble être du xiii® siècle (ms. L). 
En somme, pour comparer entre eux Démocrite et Ahikar, 
auteurs du v® et du vii® siècle avant notre ère, nous en som- 
mes réduits à glaner dans les ouvrages de Stobée, qui 
écrivait entre 450 et 500 de notre ère, et à comparer les 
fragments trouvés à des rédactions modernes de la version 
syriaque qui peut elle-même ne pas procéder directement 
de l'écrit oriffinald' Ahikar. Dans des conditions aussi défavo- 
râbles, les simples analogies que nous allons relever devien- 
nent de précieuses indications et corroborent de manière 
assez frappante l'assertion de Clément d'Alexandrie '^ : 

Ahikar DÉMOcr»iTE 

m, 49. Ne laisse pas ton C'est œuvre de prudence 

1. Nous avous Irauscrit et li-iuluit les textes de Démocrite sur l'é- 
dition Didot. Fragments des philosophes, t. i, Paris, 1875. Nous les 
avions relevés auparavant sur l'ancienne édition de Stobée: Sententix 
delectXy Aureli.'c AUobrogum (Genève), 1609, in-fol. Cette édition, 
d'après Micliaud (Biographie universelle, article Stobée), est la seule 
qui contienne à la fois les Eclogse et le Florilegium, elle est identique 
à l'édition de l-iyon, 1608, le titre seul est changé. Nous donnons 
seulement la traduction en ajoutant les renvois ; 1» à l'ancienne édition 
et 2» k l'édition Didot. 



40 



HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAFI l'aSSYRIEN 



prochain te marcher sur le 
pied, de crainte qu'il ne te 
marche sur la tête. 

52. Ne blesse pas VJioni- 
me puissant... 73. Ne l'élève 
pas dans ton j ugement contre 
les hommes illustres et qui 
l'emportent en grandeur et 
en puissance... 77. Ne des- 
cends pas an jardin desy«- 
ges 3. 

41. N'allonge pas tes paro- 
les... des paioles de sottise 
et de folie. 

59. Mon fils, enseigne à 
ton enfant la faim et la soif, 
pour qu'il dirige sa maison 
selon ce qu'il a vu. 



de se protéger contre l'in- 
justice à venir ^. 

Il convient de céder à la 
loi, au chef et au plus sage '^. 



47. Juge Vin jugement droit 
dans ta jeunesse, afin que tu 
sois honoré dans ta vieillesse. 

69. Le vêtement de laine 
que tu portes est préférable 



11 faut éviter de parler des 
mauvaises actions "*. 

Il convient de ne pas dé- 
penser beaucoup (pour éle- 
ver les enfants) afin que cette 
éducation protège, comme le 
ferait un mur, leurs biens et 
leurs corps ^... La modéra- 
tion du père est la meilleure 
éducation des enfants ^. 

La splendeur de la justice 
confère la confiance de l'es- 
prit et l'assurance "^ . 

Sage est celui qui ne s'af- 
flige pas des biens qu'il n'a 



1. Slobée, Senuo m, p. 40; Fragments des philosophes, p. 3Û2. 
u. 201. 

2. V, p. 65 ; Fragments, p. 352, n. 189. 

3. Cf. 82-83. 

4. V, p. 65 ; Fragments, p. 3'i6, n. 97. 

5. Lxxxxi, p. 475 ; Fragments^ p. 379, n. 5. 

6. V, p. 66 ; Fragments, p. 345, n. 72. 

7. VII, p. 88 ; Fragments, p. 347, n. 111. 



AI.IIKAn DANS DÉMOCniTE 41 

au J)vssus et à la soie des pas, mais se réjouit de ceux 

autres. qu'il a ^ 

85. Mon fils, ne demeure Toute dispute est insen- 

pas près des gens querel- sée -. 
leurs. 

83. N'entre pas en juge- Il meurt avec mauvaise 

ment avec un homme au jour renommée, celui qui se me- 

de sa puissance. sure avec son supérieur ■*•. 

89. Mon fils, celui qui Ceux qui ont une tour- 

brille par son vêtement brille nure décente, ont aussi de la 

aussi par son langage. décence dans leur vie *. 

26. La beautéde la femme Peu parler est un orne- 

c'est son bon sens, et sa pa- mont pour la femme^ la sim- 

rurc c'est la parole de sa plicilé dans la parure lui 

bouche. sied aussi ^. 

08. Un passereau que tu Le bien réalisé vautmieux 

tiens dans ta main vaut mieux que le bien futur qui est 

que cent qui volent dans l'air, incertain ^. 

On trouvera dans les notes de notre traduction d'autres 
analogies (cf. m, 5, 11% 10, 32,49, 01, 05, 80, xxxiii, 114, 
Append., I, 141, 147*); celles-là suffisent pour montrer que 
Démocrife a cultivé le même genre qu'Ahikar et pour con- 
firmer le témoignage apporté, trois cents ans avant Sto- 
bée, par Clément d'Alexandrie. 

Plus nombreuses encore sont les analoffies entre les sen- 
tences d'Ahikar et celles de Ménandte. Celles ci nous sont 
conservées sous une double forme : 1** par des fragments 

1. XVII, p. 157 ; Fragments, p. 342, n. 29. 

2. XX, p. 174 ; Fragments, p. 3'j9, u. 147. 

3. xxii. p. 189; Fragments, p. 352, n. 190. 

4. xxxvii, p. 220 ; Fragments, p. 343, n. 45. 

5. i.xxii, p. 441 ; Fragments, p. 351, u. 176. 

6. cvi, p. 586. Tô teXeiov ojv àyaOôv to-j (j.£).Xov:o;, et xal à6r|Xoy, xpèu- 
(Tov. Nous transcrivons celle maxime parce que nous ne l'avons pas 
encore retrouvée dans l'édition Didot. 



42 



HISTOIUE ET SAGESSE D AHIKAn L ASSYRIEN 



grecs édités en particulier chez F. Didot, Paris, 1862, 
Aristophanis Comœdix, accédant Menandri et Philemonis 
fragmenta. Nous n'aurons à renvoyer qu'aux sentences en 
un vers (rvw[xai [^.ovsjTr/ii), p. 90-103 *. Nous indiquons le 
numéro de la sentence. Cf. infra, Append. I. 

2° Par un petit écrit syriaque conservé dans le manus- 
crit du British Muséum add. 1^658, du vu* siècle, fol. 163 
v-167 v. Ce fragment, qui commence par : « JMénandre 
a dit, » a été publié et traduit en latin par J. P. N. Land, 
Anecdota si/riaca, t. i, Leyde, 1862, p. 156-164 ^. Il est à 
remarquer que les fragments grecs correspondent surtout 
à la version grecque des sentences d'Ahikar et que le 
fragment syriaque de Ménandre correspond plutôt à la 
version syriaque. 

En voici quelques exemples : 

Ahikar Ménandre 

142'^. Au dehors, nous 46. Nous sommes tous sa- 

sommes tous sages, nous ges lorsque nous donnons 

donnons des conseils aux au - des conseils, lorsque nous 

très, nous ne savons pas péchons nous-mêmes, nous 

nous conduire nous-mêmes, ne le reconnaissons pas. 

142c. Puisque tu es hom- 8. Puisque tu es homme, 

me, souviens-toi que tu es souviens-toi du commun 

sujet aux fautes humaines. destin, 

143^. Puisque tu es hom- 1. Puisque tu es homme, il 

1. Les fragments de Ménandre récemment découverts et édités par 
M. Gustave Lefebvre, Le Caire, 1907, ne comprennent qu'environ 
douze cents vers des Comédies et n'ont donc aucun rapport avec les 
maximes d'Ahikar. 

2. Il est attribué par Frankenberg à un Juif de Palestine vivant sous 
la domination romaine. Le syriaque serait une traduction de l'hé- 
breu : Zeitschrift filr d. alttest. Wiss., t. xv (1895), p. 226-277. Ici, 
comme en bien d'autres endroits, nous ne croyons pas que la criti- 
que interne puisse conduire à un résultat définitif. 



AHIKAR DANS MÉNANDRE 43 

me, songe aux choses humai- te faut songer aux choses 

nés ; car Dieu punit les humaines. 14. La divinité 

injustes. contluitles méchants à la pu- 
nition. 

143*^. Supporte les mau- 13. Un homme doit sup- 

vais succès avec un esprit porter courageusement ce 

généreux. qui lui arrive. 

151*. Ne confie jamais à 355. Ne prends jamais les 

ta femme des secrets impor- femmes pour confidentes, 

tants. 361. Ne communique jamais 

à (ta) femme quelque chose 
d'utile. 

151^. Toujours ta femme 129. La femme devient le 

épie l'occasion de te domi- tyran du mari qui l'épou&e, 

ner. 130, car les femmes sont ex- 
pertes à trouver des ruses. 

Mô*^. L'homme mauvais, 19. L'homme mauvais est 

quand même il prospérerait, malheureux, quand même il 

n'en est [»as moins malheu- prospérerait, 
reux. 

147. Sache rester maître 80. Tâche surtout de tenir 

de ta langue. toujours ta langue. 

157*. Sois hospitalier pour 400. Hospitalise les étran- 

les étrangers et les voya- gers, (car) toi aussi tu seras 

geurs, afin, lorsque tu voya- peut-être étranger (si tu 

géras, qu'il s'en trouve pour voyages dans un autre pays). 
te recevoir. 

157*^. Celui-là est vraiment 357. Bienheureux celui 

bienheureux qui possède un qui possède un excellent ami . 
véritable ami. 

157®. Il n'y a rien de si 459. Dévoilant tout^ le 
caché que le temps enfin ne temps porte (tout) à la lu- 
porte à la lumière. mière. 

III, 74. Mon fils, ne t'élève Land, p. 157, lign. 27- 



44 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR l'aSSYIIIEN 

p:is contre celui qui est plus 28. Ne dispute pas et ne lève 
•Àg-é que toi. pas la main contre celui qui 

est plus âgé que toi. 
III, 79. Mon fils, ne te P. 158, lign. 20-24. Quand 
réjouis pas sur ton ennemi un homme meurt, ne te ré- 
quand il meurt. — App. I, jouis pas de ce qu'il meurt... 
I'i5. Souhaite à tes ennemis Si c'est Ion ennemi, ne prie 
d'être malades et pauvres... pas pour qu'il meure, mais 

prie pour qu'il devienne 
pauvre,., 
m, 73... Ilàte-toi de fuir Land, p. 158, lign. 28-31. 
l'endroit où il y a dispute... Ne passe pas par l'endroitoù 
Si tu te trouves en ce lieu et il v a dispute, de crainte, si 
(jue tu y demeures, ou bien tuy passes, qu'ilnet'enarrive 
lu seras tué, ou bien ils mal : si tu prends parti, tu 
t'appelleront comme témoin, seras battu et tes vêtements 
Cf. 85-86. seront souillés et, si tu t'ar- 

rêtes pour regarder, tu seras 
appelé en justice pour té- 
moigner. 
m, 64. Un bon renom Land, p. 163, lign. 1.5-16. 
l'emporte sur la richesse du La vie et les biens peuvent 
monde... être aimés, mais la bonne 

renommée est préférable, 
m, 79^^. Mon fils, lorsque Land, p. 156, Hgn. 7-8. 

tu verras un homme plus âgé Honore celui qui est plus 
que toi, lève-loi devant lui. âgé que toi. 

m, 9. Mon fils, ne pèche Land, p. 160, lign. 23-25. 

pas avec la femme de ton Prends bien garde, de même 
prochain, de crainte que que tu ne veux pas que ta 
d'autres ne pèchent avec ta femme pèche avec un autre, 
femme. de ne pas pécher toi-même 

avec la femme d'autrui. 
m, 52... Ne blesse pas Land, p. 162, lign. 11. Ne 



AHIKAI5 DANS MKXANDUE 45 

rhommc puissant... Cf. 715, combats pas avec celui qui 
83. est plus fort que toi. 

III, 87. Si tu veux être Laïul, p. 160, lign. 25. 
sage, refuse la main au vol. Si tu ne veux pas périr, ne 

cherche pas à voler. 

m, 55. Celui dont la main Land, p. 103, lign. 30. 

est pleine est appelé sage et L'opulence est proche de 
honorable. riionncur. 

m, 08. Un ret)ard vivant Land, p. 102, lign. 35. Un 
vaut mieux qu'un lion mort, jour sous le soleil l'cmpnrto 

sur cent années passées dans 
l'enfer. 

III, 41. N'allonge pas les Land, p. 101, lign. 27-28. 
paroles devant ton seigneur, Il n'est rien de plus beau 
des paroles de sottise et de que le silence. La tacitur- 
folie, (et) tu ne seras pas blà- nité est toujours belle. Si le 
mable à ses yeux. fol lui-même se tait, il pas- 

sera pour sage. 

m, 37. Ne réduis pas tes Land, p. 101, Hgn. 19. 
enfants h la misère. Protèifc ton fils coutre la 

III, 13. Verse ton vin sur misère, 
les tombeaux des justes et Land, p. 162, lign. 5. Nft 
ne le bois pas avec les im- mange pas avec l'homme 
pics (ms. C). malhonnête. 

III, 11. Incline la tète et Land, 100, lign. 27. Ne 
regarde en bas... Ne sois pas magnifie pas ta démarche de 
impudent et ([uerelleur. crainte qu'il ne t'en arrive 

du mal. 

Append. II, 180. Ce qui te Land, p. 100, lign. 20. 

paraît mauvais, tu ne dois pas Tout ce qui t'est odieux, ne 
le faire à Ion prochain. le fais pas à ton prochain. 

Ces ressemblances ne paraîtront pas fortuites si l'on veut 
bien constater qu'on n'en trouvera aucune avec les senten- 
ces d'autres moralistes, par exemple avec celles de Philé- 



46 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'asSYRIEX 

mon qui suivent celles de Ménandre dans l'édition Didot 
(p. 107-132) et que, pour Ménandre lui-même, les parallé- 
lismes sont limités aux sentences en un vers (p. 90-100), 
c.ir on n'en trouve pas dans les autres fragments du même 
auteur (p. 1-89). 

Si les parallélismes s'étaient trouvés limités à la version 
gtec(jue d Ahîkar et aux sentences grecques en un vers de 
Ménandre, on admettrait volontiers que l'auteur de la ver- 
sion grecque a remplacé les maximes d'Ahikar par celles de 
Ménandre qu'il trouvait plus belles, mais la concordance 
de cert fines maximes des deux versions syriaques d'Ahikar 
et de Ménandre montie que la cause doit être recherchée 
plus hiiut. Le plus simple est d'admettre que Ménandre a 
utilisé les écrits de Démocrite c'est-à-dire, à travers lui, 
ceux d'Ahikar, et que l'auteur de la version grecque d'Ahi- 
kar a pu de son côté prendre Ménandre pour modèle. 

Vers la fin du second siècle de notre ère, Diogène Laerce 
nous apprend, v, 30, que Théophraste (né en 371 avant 
notre ère, mort en 264) a composé un ouvrage intitulé 'Axî- 
yapîr. Faute d'autres détails, ce témoignage a peu d'im- 
poi tance pour notre thèse, il montre seulement que ce nom 
d'Ahikar devait être assez familier aux anciens auteurs 
grecs. 

Plus important est le témoignage de Strabon (né vers 60 
iiv.int notre ère) *. Dans la description de la Judée, il cher- 
che à qui il pourrait comparer Moïse et énumère donc les 
sages des divers pays. Il écrit : 

« Les devins (sages) étaient honorés, au point qu'on les 
jugeait dignes de la royauté comme s'ils nous apportaient, 
et dutant leur vie et après leur mort, les ordres et les aver- 

I. XVI, II, 39, éd. Meinckc, Leipzig (Teubner),, 1898, p. 1063; 
Od. Didot, Paris, 1853, p. 6'»8-649. 



AI.IIKAR DANS STRABON 47 

tissements divins; comme Tirc-sias... Orphée et Musée... 
chez les Bosporéniens Achaïcaros, chez les Hindous les 
frymnosophisles, chez les Perses les Mages, chez les Assy- 
riens les Chaldéens. Tel était aussi Moïse et ceux qui le 
suivirent ^. » 

I.c mot « Bosporéniens » est assez inattendu, aussi 
M. Théodore Reinach ^ a proposé de le remplacer par 
« Borsippéniens » '^, ce qui nous reporte à Borsippa 'eu 
Bahylonie. De plus ce nom a l'avantage de figurer dans 
Strahon en un autre endroit* et d'y désigner piécisément 
un groupe de sages (de Chaldéens), ce qui conviendrait très 
hien à l'idée que nous nous faisons d'Ahikar : 

« Dans Babylone, une demeure particulière est réservée 
aux philosophes du pays qui s'adonnent surtout à l'astro- 
nomie et cjui sont appelés Chaldéens. 

« ... Il y a plusieurs écoles parmi les Chaldéens astrono- 
mes, car les uns sont nommés Orchéniens et les autres 
Borsippéniens ^. » 

Si donc on admet cette correction : « Borsippéniens » 
au lieu de « Bosporéniens », il s'ensuit que, d'après 



1. Oî |j.ivTci; £xi[j.à)VTO, wCTTc xal pa(T(),£t'a; à^ioCaSai, w; Ta Tiapà twv Oîûv 
T|[j.ïv iy.sïpovts; 7iapaY7£X[;.aTa y.yX âTravopOwjxara xal Z,ûyi~zç v.al àTroOavôvTS?, 
xaÔdtTicp xal ô Teipeataî... xali 'Opçeùç xal ô Mo-Jffaïoî... uapà ôs -roï; I5o<t- 
7topr|VO[;'Ay_ai'xapo?, Tiapà lï toi; 'IvSotç o£ yj|jivoaoçta-Tai, Ttapà Sh toÏç IIsp- 
(latî ûl Mâyoï... Tiapà Sk totç 'Aaa-jpîot; ot Xa/.oaîot... Toto-jxoç 6s tt; r,'/ xal 
ô Mwjt,; xal oî c(aSe|à[A£vot àxEÏvov. 

2. Revue des études juives^ t. xxxvni, 1899, p. 1-13. 

O. M. llalévy {Revue sémitique, 1900, page 44) propose — .sous 
toute réserve d'ailleurs — de lire « Boslronien » et de revenir ainsi 
à Boslra, en Syrie, mais ce nom semble inconnu à Sirabon, 11 se trouve 
dans Etienne de Byzance aussi bien que Borsippa. 

4. XVII, I, 6 ; éd. Didot,Paris, 1853, p. 629 ; éd. Mcinckc, p. 1030. 

5. 'Aço'jp'.T-o 5'iv T?, BaêuXwvi'a xaTOtxta toïç âTttywpîoii; çtXoaôçot; toï; XaX- 

ôas'oiî Trpo<TaYop£uo[j.£votç, ol nspl àffTpovoixi'av eîcrl tô Tt^éov £(Tti ce xal twv 

Xa/,5a;(ov toIv àffTpovo(j.tx(i)v yîvv) 7t),£iw xal Y*P 'Op^ï^vot tiv£; TtpoaayopE-j- 
o/Ta'. xal Bop^tTiTirjVoi xal aXXoi ttXecouç. 



48 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



Sirabon, Ahikar était célèbre parmi les sages de lu Baby- 
lonie; c'est un précieux témoignage, tiré sans doute de 
Poseidonios (ii" siècle avant notre ère), qui vient té- 
moigner de la renommée d'Ahikar. 

Si Ton n'admet pas cette correction, il ne s'ensuit pas 
qiie l'on doive renoncer à voir notre Ahikar dans le texte 
de Strabon, car ses « Bosporéniens » ne sont pas les rive- 
rains du Bosphore de Thrace, mais des peuplades qui habi- 
taient à l'est de la Crimée et de la mer Noire, partie en 
Europe et partie en Asie'^. Nous sommes donc ramenés au 
nord de l'Arménie et il est fort possible que la renommée 
d'Ahikar soit parvenue par cette voie jusqu'à Poseidonios 
et Strabon ^. 

Origène mentionne Achiacar, ma s il est difficile de 
décider s'il le mentionne d'après le seul livre de Tobie, ou 
d'après la présente histoire (cf. éd. de Cambridge, p. xliv). 

On peut enfin se demander si ce nom sous la forme AcI- 
car, n'est pas parvenu de bonne heure en Occident, car 
sur l'ancienne mosaïque de Monnus, à Trêves, se trouve 
un homme assis, tenant un rouleau écrit, où M. Stude- 
mund a lu le nom [Acjicar(us), Archâol. lahrb., t. v 
(1890), p. 4 sq. ; cf. Pauly et Wissowa, Encycl. der class. 
AUerlnniwiss.^ t. i, Stuttgart, 1894. 

1. Sirabon, XI, ii, 10, éd. Didot, p. 424. 

2. Flavius Josèphe [De bello judaico, II, xvi, 4, éd. Didot, Paris 
1865), fait dire à Agrippa: Te ôsï )iy£iv 'IIvî^xo-j; tî xat KôX/_o-j; xal 
TÔ Tôiv Taûpwv tpyXov, Boo-Tcopavoûç te xal zx Trspiotxa to-j IIôvto-j /.al 7Î\; 
MatwTtôo; b'Gvr,. Les Bosporéniens sont doue, pour lui aussi, encadrés 
parmi les peuples qui vivent vers l'est de la mer Noire, vers le Cau- 
case, aux confins de l'Europe et de l'Asie. 



AHIKAI? ET L ANCIEN TESTAMENT 49 

IH. Ahikar et l'Ancien Testament. 

A). LIVRE DE TOBIE. 

1" DÉPEyDAXCE HISTORIQUE. — La Vulgate mentionne à 
peine Ahikar ^. Après avoir raconté le retour du fils de 
Tobio, elle ajoute, xi, 20 : « Achior 2 (Ahikar) et Nabath, 
cousins de Tobie, vinrent trouver Tobie avec joie et le 
(elicitèrent de tous les bienfaits de Dieu à son égard "^. » 

Par contre les textes grecs sont plus explicites. On sait 
qu'il existe plusieurs rédactions du livre de Tobie. Celle 
du Codex Sinaiticus est plus développée que celle du Vati- 
canus et ces manuscrits sont tous deux d'une belle anti- 
quité, car on les fait remonter au iv'' siècle. Nous avons 
reproduit ces deux rédactions dans la Sainte Bible pohj- 
glolte de M. Vigouroux et en avons ajouté une troisième 
aux variantes d'après le manuscrit de Paris, supplément 
grec^ «" C)(){)^ complété par les manuscrits auxquels Holmes 
a donné les numéros 44, iOi), 101, car — au moins pour le 
livre de Tobie — ces quatre manuscrits représentent la 
môme rédaction. 

11 existe aussi trois anciennes versions latines du livre 

1. Saint JcTÔrne nous apprend qu'il a Iraduit le livre de Tobie eu 
un jour sur un texte chaldéen. Un interprèle lui traduisait le clialdéen 
en hébreu et saint Jérôme dictait aussitôt la traduction latine à un 
scribe : U/iiiis diei lahorein arripui, et quidquid ille mihi hebraicis 
vei bis expressil, hoc ego accito notaiio sermonibus latinis cxposiii 
Préface. 

2. ISous avons dit {supra, page 7, note '2) que le syriaque porte aussi 
Achior et que M. Meissner en a conclu que le chaldéen de saint Jé- 
rôme était peut-être le syriaque. 

3. Deux versions hébraïques omettent tout ce qui concerne Aliikar 
et Nadan (même le passage conservé par la Vulgate) ; cf. D' M. Gas- 
ter, Tivo unknown Ilebrew versions of tlie Tobit legend, dans les Pro- 
ceedings of the Society ofhiblicai Archœology, t. xviii, 189(i, p. 208- 
222, 259-271 ; t. xix, 1897, p. 27-38. 



50 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKÀR l'aSSYRIEN 

deTobie ^, qui diffèrent notablement entre elles. Nous allons 
reproduire la Vêtus Itala telle qu'elle a été éditée par Saba- 
tier 2, et traduire les textes du Vaticanus et du Sinaiticus. 
On trouvera les textes de ces deux manuscrits dans l'édi- 
tion de Cambridge, p. xxviii-xxix, ou dans la Sainte Bible 
polyglotte de M. Vigouroux. 



PREMIER PASSAGE, I, 21-22. 
SITUATIOX D'AHIKAR SA PARENTÉ AVEC TOBIË 

SixAiTicus Vaticaxus Vetus Itala 

Sacherdonos ^, Sacherdonos, son Et regnavit post 

sonfils (fils de Sen- fils, régna h sa pla- eum (post Senna- 

nachérib), régna ce et il établit cherim) Archedo- 

après lui et il établit Achiacharos, fils nassar, filius ejus, 

Acheicharos "*, fils d"Anaël,filsde mon pro illo. Et consti- 

d'Anaëljfilsdemon frère, sur tous les tuit Achicarum , 

frère ^, sur tous les comptes de son filium fratris mei 



1. A savoii- : 1° celle qui a été publiée par P. Sabatier, Bihliorum 
sacrorinn lalinse versiones antiqux,'à in-fol., Reims, t. i, 1743 ; 20 06116 
qu'a éditée Bianchini, Vindicix canonicarum Scripturarum, in-fol., 
Rome, 1740; 3" celle dont Maï a publié des fragments, Spicilegium 
romanum^ iu-8, Rome, t. ix, 1843. 

2. Voir la note pi-écédento. 

3. Asarhaddon (681-668), fils de Sennachérib (705-681). La forme 
SapysSciv que l'on trouve ailleurs est la meilleure, fille est la ti-ans- 
criplion exacte de l'assyrien Aêur-ah-iddin. On a ajouté ici la lermi- 
uaison grecque oç. 

4. Ou trouve les variantes 'Ayîiâyapoç, 'Ayti/apo?, 'A/£t'-/.apo;, 'A- 
ytiv.ip, 'A/i'xapo;, 'Aytayàp (suppl. grec 609). Toutes ces formes déri- 
vent de Achikar (Ahikar, Alù-iaqar)par 1 adjonction delà terminaison 
grecque oç et par quelques modifications internes. Cf. supra, p. 7. 

5. Le ms. suppl. 609 porte : 'Aycaxàp xbv yibv 'Avxavi), tov àS. [ao-j. 
L'hébreu de Munster porte « Akikar, fils d'Hauanéel », et l'hébreu de 



AIIIKAH ET L ANCIEN TESTAMENT 51 

comptes de son royaume et sur Annanihel, super 
royaume et il eut toute l'administra- omnem curam re- 
pouvoir sur toute tion. gni ; et ipse habe- 
l'administration. bat potestatem su- 
per omnem regio- 
nem. 
Alors Acheicha- Et Achiacharos Tune petiit Achi- 
ros intercéda pour intercédapour moi cariis regem pro 
moi et j'allai à Ni- et j'allai à Ninive. me , erat enim 
nive, car Achei- Or Achiacharos consobrinusmeus; 
cliaros était grand était échanson et et descendi in Ni- 
échanson et garde garde du sceau nive in domum 
du sceau royal et royal et intendant meam, et reddita 
intendantet maître etmaîtredes comp- est niihi uxor mea 
des comptes de tes, et Sacherdo- Anna et filius meus 
Sennachérim, roi nos l'établit en Thobias, 
des Assyriens, et second lieu (dans 
Sacherdonos l'éta- cet emploi) ^, et il 
blit en second lieu était mon neveu, 
dans le même em- 
ploi. Oril était mon 
neveu et de ma 
parenté. 

Fagius « Aaron, lils d'Hananéel ». D'ailleurs ce texte hébreu édile 
par Fagius remplace l'Élymaïde par l'Alamanîyâ (Allcmague) et ne 
peut donc servir d'autorité pour la forme des uoms propres. Cf. 
Polyglotte de Wallon. 

1. Ou traduit plus souvent : « et Sacherdonos lui donna la seconde 
place du royaume. » Quelques manuscrits grecs portent explicitement 
cette leçon (Ss-jTspo; xoû Pa^rdétoç) ; S et F prêtent un peu h ambiguïté 
(è/t ôîUTÉpa;). Nous traduisons comme s'il y avait i/. ovjzipo-j ou xô csû 

T£OOV. 



52 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIIvAH l'aSSYRIEN 

DEUXIÈME PASSAGE, II, 10, 
AJOUTÉ AU RÉCIT DE LA CÉCITÉ DE TOBIE 
SlXAlTICL'S VaTICAXUS VetuS ItaLA 

Et Achéiacharos Or Achiachnros Achicarusautem 

me nourrit pen- me nourrit jusqu'à pascebat me annis 

dantdeux ans avant ce que je partis cluobus,priusquam 

qu'il allât en Ely- pour l'Elymaïcle. iret in Limaïdam. 
m aide. 

TROISIÈME PASSAGE, XI, 17-18. 

APRÈS LE RETOUR DU JEUNE TOBIE ET LA GUÉRISON 
DE SON PÈRE AVEUGLE 

En ce jour-là, il Et il y eut joie In illa die crat 

y eut joie pour tous pour tous ses frè- gaudium magnum 

les Juifs qui étaient res à Ninive. Et omnibusJudrcisqii 

àNinive. Et Achei- Acbiacharos vint erant in Ninive. l^lt 

car et Nabad ^ ses avec Nasbas ^ son venit Acbicariiset 

neveux vinrent se neveu. Nabal avunculus 

réjouir avec Tobie. illius gaudentes ad 

Thobin. 

1. Le Sinaiticus, plus bas, porte toujours Nadab. 

2. Lo Vaticanus, plus bas, porte toujours Adam corrigé à tort en 
Aman par l'éditeur. Cette correction, sans valeur critique ni impor- 
tance, n'en a pas moins fait son chemin, et quelques auteurs (eu parti- 
culier M. RenanetM.Th. Reinach) ont cherché des rapports entre celte 
histoire et celle d'Aman et Mardochée, cf. Renan, Origines du chris- 
tianisme, t. VI, 1879, p. 556. La véritable forme est Adam, qui se 
ramène très facilement à l'original Nadan, car il suffit de remplacer 
e7iotr|(T£v a5a[j. par ETrotr^ce vaS«|j.. D'ailleurs p, jj-, v ont presque la môme 
forme dans les mss. grecs et se permutent fréquemment. Nous pou- 
vons donc affirmer que Nadab du Sinaiticus et Adam du Vaticanus 
représentent la forme originale Nadan. M. E. Schûrer admet qu'il y 
a des rapports entre l'histoire d'Ahikar et celle de Mardochée, mais il 
regarde Adam et Aman comme des fautes introduites comme consé- 
quence de cette ressemblance, cf. Theolog. Literaturzeitung, 1897, 
n. 12, p. 326. 



AHIKAR ET L ANCIEN TESTAMENT 



53 



QUATRIÈME PASSAGE, XIV, 10. 
DAi\S LE DISCOURS DE TODIE AVANT SA MORT 



SiNAITICUS 



Vaticaxus 



Vêtus Itala 



Vois, enfant, ce Enfant, vois ce EccefiliusNabad, 

que Nadab a fait à qu'a fait Adam à quid fecit Achicaro 

Acheicaros qui l'a- Achiacharos, qui qui eum nutrivit, 

vait nourri ; ne l'a- l'avait nourri, com- qucm vivum dedu- 

vait-il pas fait des- me il l'a conduit xit in terrain deor- 

cendre vivant dans de la lumière dans sum ? Sed reddidit 

la terre ? Et Dieu les ténèbres et Devis malitiam il- 

l'a traité selon sa comment il l'a ré- lius ante faciem 

méchanceté devant tritué. Et (Dieu) a ipsius ; et Achicar 

lui ! Et Achicaros sauvé Achiacharos exiit ad lucem, 

est revenu à la lu- et il lui a rendu ce Nabad autemintra- 

mière etNadab est qu'il méritait, etlui vit in tenebras 

entré dans les té- (Adam) est descen- œternas, quia quae- 

nèbres éternelles, du dans les ténè- sivit Nabad Achi- 

parce qu'il a cher- bres. Manassé (li- carum occidere. 

ché à tuer Achei- re : Ahikar) a fait 

caros. Parce qu'il l'aumône et il a été 

m'avait* fait l'au- sauvé du piège de 

mône, il est sorti la mort qu'il lui 

du piège mortel - avait tendu. Et 

que lui avait tendu Adam est tombé 

Nadab, et Nadab dans le piège et a 

est tombé dans le péri, 
piège mortel '^, et 
il l'a perdu. 

Le Codex Sinailicus renferme encore une fois le nom 
d'Ahikar, certainement à tort, mais ce passage a son im- 

1. Lire H-oi au lieu de [A£. 

2. Litt. : « piège de la mort ». 



54 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 

portance pour montrer combien facilement se permutaient 
les noms propres. 

CINQUIÈME passage, XIV, 15. 
FIN DU LIVRE DE TOBIE 1, 
SiXAITICUS VatICANUS 

Avant sa mort il Avant sa mort il 
vit et il entendit entendit (raconter) 
(raconter) la prise la prise de Ninive, 
de Ninive, et il vit qui fut emmenée 
les prisonniers qui en captivité par 
furent emmenés en Nabuchodonosor 
Médie par Achia- etAssuérus, et il se 
caros 2, roi de Mé- réjouit, avant de 
die, etil loua Dieu mourir, sur Ninive. 
de tout ce qu'il 
avait fait aux fils 
de Ninive et de 
l'Assyrie. Il se ré- 
jouit,avantde mou- 
rir, sur Ninive, et 
il loua le Seigneur 
Dieu dans les siè- 
cles des siècles. 
Amen 3. 

1. Celle fin manque dans les éditions hébraïques de Fagius et de 
Munster. L'Itala est conforme au Sinaiticus. 

2. Le Sinaiticus a été corrigé plus tard par un scribe qui l'a rendu 
conforme au Vaticanus en remplaçant « Aliikar i par « Nabuchodo- 
nosor et Asouéros, » 

3. M. Rendel Harris a comparé les deux textes grecs du Vaticanus 
et du Sinaiticus. Il anoté leurs divergences, au sujet surtout d'Ahikar, 
et a cherché à les expliquer. Fprécise les noms propres tandis que 
5 conserve leur véritable forme. F introduit à tort Manassé au lieu 
d'Ahikar. S conserve (xiv, 4, 15) la locution « Assur et Ninive », qui 



AHIKAn ET l'ancien TESTAMENT 55 

La version syriaque du livre de Tobie présente la même 
variété d'orthographe pour les noms propres. Après Ahia- 
\iour, I, 21, 22 ; ii, 10, on trouve ' Akikar, xi, 18 ; xiv, 10. 
De même Nadan est appelé Laban, xi, 48, et 'Acab, xiv,10. 

Nous trouvons ainsi dans Tobie non seulement les noms 
d'Ahikar et de Nadan (Nadam, Nadab), mais leurs fonctions 
à la cour, leur parenté et un résumé de V Histoire d'Ahikar: 
celui-ci fut descendu vivant sous la terre, mais Dieu le ra- 
mena à la lumière, et Nadan, qui avait voulu le tuer, fut 
victime du piège qu'il lui avait tendu. Par contre, daus \ His- 
toire d'Ahikar nous ne trouvons aucune mention de Tobie : 
la rédaction syriaque du manuscrit de Berlin, tout comme 
la version arménienne, nous apprend qu'Ahikar était d'abord 
idolâtre et elle est d'accord en cela avec le livre de Tobie, 
mais elle ne fait aucune mention de sa parenté. 

Il paraît donc impossible de supposer que VHistoii-e 
d'Ahikar a été composée pour expliquer des passages obs- 
curs du livre de Tobie, sinon son auteur aurait cherché à 
établir plus de points de contact entre les deux livres. Mais 
il semble bien que l'aute ur des rédactions grecques du 
livre de Tobie connaissait V Histoire d'Ahikar, puisqu'il y 



se trouve aussi dans Ahikar, tandis qtie V la corrompt en : « Ninive 
[qu'emmenèrent en captivité Nabuchodonosor] et Assuérus. » Assur 
est devenu Assuérus et les mots intermédiaires ont été interpolés. 
Il s'ensuit que S l'emporte en général sur V, il représente mieux un 
original sémite, ou il a été corrigé sur un original sémite. Cet écrit 
original était d'ailleurs araméen et non hébreu, car les formes 'AOùp 
et 'AOoupet'a, propres à S, sont araméennes et non hébraïques. — Ce- 
pendant V a aussi grande importance, en particulier il nous a con- 
servé (iv, 4-19) le discours de Tobie que 5 a omis. Il est certain que ce 
discours figurait dans l'original, car .Çlui-mèmc, après l'avoir omis, con- 
serve la finale : « et maintenant enfant, souviens-toi de ces préceptes, 
et qu'ils ne quittent jamais ton cœur. » De plus, une citation de saint 
Polycarpe et une du pseudo-Clément se rapportent, dit M. Rendel Ilar- 
ris, à F et non à S. Cf. The double text of Tobit, dans The americoji 
journal of Theology, t. m, 1899, p. 541-554. 



56 HISTOIRIv ET SAGESSE d'aHIKAH l'aSSYRIEN 

revient en cinq endroits différents et nous en fournit en 
somme un résumé *. 

2° DÉPENDANCE LITTERAIRE. — La Vulgate introduit tou- 
jours Tobie à la troisième personne comme la version arabe 
le fait pour Aliikar. Elle transforme « les discours » 
de Tobie surtout en une « histoire » de Tobie. C'est donc 
au texte grec que nous aurons recours pour faire la pré- 
sente comparaison. 

Tobie et Ahikar sont des livres (( de paroles », c'est-à- 
dire «de maximes et de préceptes », plus encore que d'his- 
toire. 

C'est le titre des manuscrits grecs : « Livre des paroles 
de Tobie. » i, 1. 

De plus, Tobie parle à la première personne jusqu'à l'en- 
droit, III, 7, où l'incident de Sara, fille de Raguel, fait 
abandonner le discours direct pour prendre le style histo- 
rique : 

i, 3. «Moi, Tobie, je marchai dnns les voies de la vérité et 
dans la justice tous les jours de ma vie..., i, 4, et lorsque 
j'étais dans mon pays, dans la terre d'Israël, durant ma 
jeunesse, toute la tribu de Nephtali mon père s'éloigna du 
temple de Jérusalem..., i, 5, tous mes frères et la maison 
de Nephtali mon père sacrifièrent au veau que le roi .léro- 
boam éleva à Dan sur les frontières de la Galilée, et moi 
•seul j'allais souvent à Jérusalem aux jours de fêtes..., i, 8, 
comme l'ordonnait Debbora, mère de mon père, car j'avais 
perdu mon père... i, 20. Tout ce que j'avais (me) fut 
enlevé et il ne me resta qu'Anne ma femme, et Tobie 
mon fils... m, 1. Affligé, je pleurai et je priai avec larmes 
en disant : Tu es juste, Seigneur. » 



1. Par conséquent nous ne pouvons admettre que l'Ahikar des 
textes grecs de Tobie et celui de la légende pourraient ne pas être 
identiques, comme semble ledire l'encyclopédie juive, JewishEncyclo- 
pedia, éd. Isidor Singer, New- York, 1901, 1. 1, p. 290. 



AHIKAK ET l'aNCIKX TESTAMENT 57 

Enfin Tol)îe adresse aussi par deux fois des recomman- 
dations à son fils : 

« Il dit : IV, 3. Mon fils, si je meurs, ensevelis-moi et 
(après ma mort) ne méprise pas ta mère, révère-la tous les 
jours de ta vie, fais ce qui lui plaît et ne la contriste pas. . 
IV, 5. Tous les jours, mon fils, souviens-toi du Seigneur 
notre Dieu... iv, 12. Garde-toi, mon fils, de toute impureté 
et prends vite une femme de la race de tes pères ; ne prends 
pas une femme étrangère qui n'est pas de la tribu de Ion 
père... donne de ton pain h celui qui a faim... xiv, 3. Il 
appela son fils et ses enfants et il lui dit : Mon fils, prends 
tes enfants, voilà que j'ai vieilli et que je suis sur le point 
de quitter la vie... xiv, 8. Et maintenant, mon fils, quitte 
Ninive, car ce qu'a dit le prophète Jonas va arriver ; pour 
toi, garde la loi et les préceptes, sois miséricordieux et 
juste, afin qu'il t'en arrive du bien... xiv, 11. Et mainte- 
nant, mes enfants, voyez la puissance de l'aumône et que 
la justice sauve... » 

De même la version arménienne du livre d'Ahikar a pour 
titre : « Les maximes et la sao-esse d'Ahikar, » et le manus- 
crit syriaque C porte : « Proverbes, c'est-à-dire histoire, 
du sage Ahikar. » 

Ahikar, comme Tobie, raconte lui-même son histoire : 
« i, l. Il dit : Lorsque je vivais à l'époque de Sennachérib, 
roi de Ninive, lorsque moi, Ahikar, j'étais trésorier et 
scribe, et que j'étais jeune, les devins, les sages et les 
mages me dirent : Tu n'auras pas d'enfant, etc. )) CL 
infra . 

Cette fois le style direct est conservé jusqu'à la fin et, à 
ce point de vue, Ahikar a plus d'unité que le livre de Tobie. 
L'auteur adresse encore, comme Tobie, deux séries d'exhor- 
tations à son fils adoptif Nadau, la première pour l'instruire 
et la seconde pour lui faire comprendre la grandeur de sa 
faute et de son ingratitude : 

m, 1. « mon fils Xadan, écoute mes paroles, suis me» 



58 HISTOIRE ET SAGESSE d'aI.îIKAR l'aS SYRIEN 

sentences, et souviens-toi de mon discours, comme l'a dit 
le Seigneur, etc. » Cf. infra. 

XXXIII, 96. -x Mon fils, celui qui n'entend pas avec les 
oreilles, on le fait entendre par derrière le dos, etc. ». Cf. 
infra . 

Ajoutons que Tobie et Ahikar adressent chacun deux 
prières à Dieu, bien que pour des motifs différents : Tobie, 
III, 2-6; XIII ; Ahikar, i, 4; xv, 3-5. 

Nous trouvons donc dans les deux livres même forme et 
mêmes procédés littéraires. 

3" DÉPENDAycES TEXTUELLES. — Elles sont peu nombreu- 
ses. On peut seulement citer : 

Ahikar Tobie 

III, 1. mon fils Nadan iv, 2. Ecoute, mon fils, les 
écoute mes paroles, suis mes paroles de ma bouche et fais- 
conseils et souviens-toi de en un fondement dans ton 
mes discours. cœur (Vulgate). 

9. Mon fils, ne pèche pas 13. Garde-toi, mon fils, 

avec la femme de ton pro- de toute fornication '^. 
chain. 

App. II, 198. Mon fils, ce 16. Ce que tu ne voudrais 

(jui te paraît mauvais, tu ne pas qu'un autre te fasse, vois 

dois pas le faire à ton voi- à ne jamais le faire à un 

sin. autre. 

m, 13. Mon fils, verse ton 18. Mets ton pain et ton 

vin sur les tombeaux des vin sur la sépulture du juste 

justes et ne le bois pas avec et ne veuille pas en manger 

les impies (ms. C). et en boire avec les pécheurs. 

16. Joins-toi aux sages, 19. Demande toujours con- 

aux hommes pieux. seil au sage ^. 

1. Eusuite Ahikar (m, 11) recommande l'humilité et Tobie (iv, 14) 
défend l'orgueil. L'idée est la môme, mais il n'y a pas de ressem- 
blances lexlucllcs. 

2. Les deux histoires se passent en Assyrie. Fréquentes meutionu 



AHIKAR ET l'ancien TESTAMENT 59 

Nous lisons dans Tobie, xiv, 10 : « Parce quil (Aliikar) 
rn avait fait V aumône {ïXtr^'^j.zcù^r) , il est sorti du piège mor- 
tel. » De son côté, Ahikardit, xxxiii, 97 : « Mon fils, je t'ai 
fait asseoir sur un trône glorieux, et toi tu m'as précipité 
de mon trône. Ma justice ma sauvé, » et, xxxiii, 138 : « De 
même que Dieu m'a maintenu en vie à cause do ma justice, 
il te perdra à cause de tes œuvres. » Il y a identité ici entre 
Tobie et Ahikar, la diflerence apparente «aumône » et « jus- 
tice » ne tient qu'à deux traductions différentes du même 
mot hébreu sedaqah, qui signifie à l'a fois « aumône » et 
« justice » ^ Ici c'est Tobie qui nous fait comprendre Alii- 
kar : car le sens « aumône » s'impose dans Tobie puisque 
« Aliikar l'a nourri deux ans » (Tobie, ii, 10, grec); d'ail- 
leurs le livre d'Ahikar ne nous indiquait pas bien claire- 
ment qu'elle était cette « justice » particulière à Aliikar qui 
l'avait sauvé et maintenu en vie. Il faut donc traduire : «Mes 
aumônes m'ont sauvé » et « Dieu m'a maintenu en vie h 
cause de mes aumônes » -. 

On peut enfin rapprocher l'importance attachée par Alii- 
kar à ses funérailles, ix, 6, et xiv, du soin que prend 
Tobie d'enterrer les morts, i, 20; ii, 3-9 ; iv, 3, 5; xiv, 12. 



de Ninive dans les deux (Tobie : i, 11 ; xiv, 2, 6, 14 ; Aliikar : i, 1 ; 
XII, 6 ; XYi, 2 ; xxx, 17 ; xxxi, etc.). 

1. Aussi il arrive qu'on traduit ce mot simultanément par les deux 
mois « aumône et justice », cf. Tobie xii, 9 : ot Troioûvreç èXey](xo- 

(Tuva; y.al SixatofT-jvaç ; xiv, 11 : îSete tî £A£Yi[j.octijvT| Tioieî y.al Siy.atoff-jvr) p-j£- 
xat ; II, 14 : Ttoy eîaiv aï ï\vr^\i.oa\j\a.i aou xal at Sc/.ato(TÛvac (tovj. Cf. Prov. 
X, 2 ; XI, 4, où la Vulgate traduit par justifia, tandis que le contexte, 
où il n est question que de richesses, montre qu'il faut traduire par 
< aumônes ». 

2. L'inverse n'est cependant pas impossible. Les passages d'Ahikar 
devraient dans ce cas se traduire par «justice » et l'écrit original de 
Tobie visant ces passages aurait aussi porté sedaqah = justice, mais 
le traducleurgrecdeTobie — influencépar le commencement du livre 
— aurait égalé en xiv, 10, sedaqah à èXeTjtioffûvrj. En toute hypothèse 
il y a identité. 



60 HISTOIUE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 



B) ECCLESIASTIQUE 

Ahikar s'est inspiré des Proverbes et un peu des Psau- 
mes, comme on le verra dans les notes ; il cite d'ailleurs en 
quatre endroits des paroles plus anciennes qu'il utilise, m, 
1 ; IV, 3, XXXIII, 96, note, et 140. Par contre, son livre sem- 
ble être l'une des sources de FEcclésiastique. Voici quel- 
ques passages parallèles. D'autres sont indiqués dans les 
notes de notre traduction. 

Ai.iiKAU Ecclésiastique 

III, 79^^. Lorsque tu verras iv, 7. Humilie ton âme 

un homme plus âgé que toi, devant un vieillard, 
lève-toi devant lui. 

83. N'entre pas en juge- iv, 32. Ne résiste pas en 

ment avec un homme au jour face du puissant et ne fais pas 

de sa (puissance) et ne rosis- effort contre le choc du 

te pas au fleuve lorsqu'il fleuve, 
vient inonder. 

5. Ne te hùte pas de don- iv, 34. Ne sois pas prompt 

ner une réponse. de ta langue (à parler). 

'^ III, 87. Si tu veux être v, 17. Au voleur s'attache 

sage, refuse ta bouche au la confusion, à celui qui a 

mensonge et ta main au vol, deux langues la plus mau- 

et tu seras sage. vaise renommée. 

17. Si tu aimes un cama- vi, 7. Si tu as un ami, ac- 

rade, éprouve-le d'abord et quiers-le en l'éprouvant, et 

ensuite prends-le pour ami. ne te fie pas facilement à lui. 

App. I, 157'^. Celui-ci est vi, 14. Un ami fidèle est 

certainement bienheureux une forte protection, celui 

qui possède un véritable qui l'a trouvé, a trouvé un 

ami. trésor. 

111, 1. O mon fils Nadan, vi, 2^. O mon fils, écoute, 

écoute mes paroles, suis mes reçois le conseil de l'iiitelli- 



AI.IIKAR ET l'ancien TESTAMENT 61 

conseils et souviens-toi de gence et ne rejeltc pas mon 

nies discours. conseil, 

.'?.'). Arrache ton fils au vu, 25. Si tu as des fils, 

mal... instruis-le, et frappe- instruis-les et courbe-les dès 

le tant qu'il est jeune. leur enfance. 

52. Ne blesse pas l'homme viii, 1. N'entre pas en liti- 

puissant, de crainte qu'il ne ge avec l'homme puissant, de 

résiste et ne (te) cause du crainte de tomber dans ses 

mal. mains. 

79 (Ar). Mon fils^ ne te viii, 8. Ne te réjouis pas 

réjouis pas de la mort de ton sur ton ennemi mort, sachant 

ennemi, car bientôt tu seras que tous nous mourrons, 
son voisin. Cf. 25. 

92*^. Que tes yeux ne re- ix, 8. Détourne ta face 

gardent pas la femme qui d'une femme parée, et ne 

est belle, et ne regarde pas considère pas une beauté 

la beauté qui n'est pas étrangère ^. 
tienne. 

92^. Car beaucoupont péri ix, 9. Beaucoup ont péri à 

à cause de la beauté d'une cause de la beauté d'une 

femme, et son amour (est) femme, et ainsi la concupis- 

comme un feu qui brûle. cence ^ comme un feu s'em- 
brase. 

70. Net'éloigne pasde ton ix, 14. Ne quitte pas un 

premier ami, de crainte qu'il ancien ami, car un nouveau 

n'y eu ait aucun autre pour ne lui sera pas semblable, 
le remplacer. 

89. Celui qui brille par xix, 20-27. A la vue on 

son vêtement brille aussi par connaît un homme... Le vè- 

son langage, et celui qui est temenl du corps... et la dé- 

1. Le texte liébreu de l'Ecclésiasticfuc est idcntiijuo au syriaque 
et porte aussi : « ne regarde pas la beauté qui n'est pas tienne » (dl 
ta bit êl ifi là loq). 

2. L'hébreu porte « son amour j {âhabiha) aussi bien qu'Aliikar. 



62 



inSTOIHE ET SAGESSE DAHIKAR L ASSYIUEN 



méprisable dans son vêtement 
l'est aussi dans sa parole. 

70. Cache la parole dans 
ton cœur et ne révèle pas le 
secret de ton camarade, car, 
si tu le révèles, tu as repous- 
sé (son) amitié loin de toi. 



XXXIII, 100 (Ag). Un hom- 
me voulut un jour lancer 
une pierre contre le ciel, elle 
retomba sur lui et l'écrasa. 

III, 66. Pour l'homme qui 
n'a pas de repos durant la 
vie, la mort est préférable à 
la vie. 

6. Une bonne mémoire et 
un bon renom demeurent à 
jamais. 

65. Un bon renom sub- 
siste toujours. 

9. Ne pèche pas avec la 
femme de ton prochain. 



marche d'un homme le font 
connaître ^. 

2:xii, 26-27... on peut re- 
trouver un ami, excepté 
quand il s'agit d'invectives., 
de révélation de secret... en 
toutes ces choses un ami 
t'échappera. 

XXVII, 17. Celui qui dévoile 
les secrets d'un ami perd sa 
confiance, et il ne trouvera 
pas d'ami selon son cœur. 

XXVII, 28. Si quelqu'un 
jette une pierre en haut, c'est 
sur sa lête qu'elle retom- 
bera. 

xxx^ 17. Mieux vaut la 
mort qu'une vie amère, et le 
repos éternel qu'une lan- 
gueur persévérante. Cf. xli, 
3-4. 

xli, 16. La bonne renom- 
mée demeurera pour tou- 
jours -'. 



XLI, 27. Ne regarde pas la 
femme d'un autre homme. 



1. L'accord de l'Ecclésiastique avec Ahikar est ici assez remar- 
quable, car celte pensée est un peu paradoxale et n'a pas de par;il- 
lèle dans le reste de la Bible. 

2. Prov., xxii, 1, porte : «Un bon renom vaut mieux que de grandes 
richesses;» cette pensée se retrouve dans Ahikar, m, 64, et Ecclésias- 
tique, XLI, 15, mais la durée de la bonne renommée est propre à 
Ahikar, m, 6, 64, 65, et à Ecclésiatique, xli, 15-16. 



AHIKAR ET l'aNCIEN TESTAMENT 63 

3. Si tu entends une paro- xlii, 1. Ne répète pas l«s 
le ne la révèle à personne. paroles que tu as entendues. 

c) AHIKAR ET DANIEL 

On trouve aussi quelques passages parallèles, mais ils ne 
sont ni assez nombreux ni assez caractéristiques pour sup- 
poser un emprunt direct. Ces quelques parallélismes s'ex- 
pliquent ici par le fait que les deux auteurs écrivaient dans 
un milieu babylonien : 

« Les devins, les mages et les sages » font une prédiction 
à Ahikar, i, 1 ; le roi Sarhédom réunit tous les principaux : 
«les sages, les mages et les savants de son royaume, » xvii, 1. 
De même, dans Daniel, le roi Nabuchodonosor réunit 
« les augures, les mages, les devins et les Chaldéens », ii, 
2 ; IV, 4 ; V, 7. 

Ahikar salue le roi par la formule : « mou Seigneur le 
roi, vis toujours dans les générations des générations, » n, 
4; XXXII, 4; ou: « Seigneur roi, vis à jamais! » ix. G; 

XXIV, 1. 

De même dans Daniel : « Roi, vis à jamais ! » ii, 4 ; 
111,9; v, 10; VI, 6, 21. 

Ahikar revêt Nadan « de pourpre et d'écarlate », ii, 1, et 
Sarhédom, pour récompenser Nabousemak, lui promet 
cent habits de pourpre, xix, 2. 

De même, Nabuchodonosor, pour récompenser Daniel, 
lui promet « des habits de pourpre », v, 1(3. 

Nadan, ne pouvant expliquer l'énigme, s'écrie : « Les 
dieux ne pourraient pas faire de telles choses, comment les 
hommes le pourraient-ils I » 

Les Chaldéens, dans des circonstances analogues, disent 
au roi : « Ce que tu demandes, ô roi, est difficile, et on ne 
trouvera personne qui le fasse en présence du roi, excepté 
les dieux, qui n'ont pas de rapport avec les hommes, » Dan., 
Il, 11. 



04 niSTOIRi; ET SACIÎSSE D AI.IIKAH L ASSYIIIEN 

Ahikar dit : « Mes cheveux descendaient sur mes épaules, 
ma barbe arrivait jusqu'à ma poitrine, mon corps était 
souillé de poussière et nies ongles étiiient aussi longs que 
ceux de l'aisle, » xxi, 1. 

De môme, Nabuchodonosor, chassé d'entre les hommes, 
« mangea de l'herbe comme un bœuf, et son corps fut 
mouillé de la rosée du ciel, ses cheveux crurent comme 
(les plumes) des aigles ^ et ses ongles comme (ceux) des 
oiseaux, » Dan., iv, .^0. 

IV. Ahikar et le Nouveau Testament. 

M. James le premier [Apocj-ypha anecdota, Cambridge, 
1893 ; t. II, p. 158, note 1^ a signalé la grande ressemblance 
qui existe entre la conduite de Nadan et celle du mauvais 
serviteur, Matth., xxiv, 48-51 ; Luc, xii, 45-46. 

« Nadan, mon fils, dissipa mon bien et n'épargna pas 
mes meilleurs serviteurs qu'il frappa devant moi. ni mes 
bêtes de somme et mes mules qu'il tua, iv, 2... il réunit 
des femmes débauchées et il les fit asseoir pour manger et 
boire au milieu des chants et de l'allégresse. Il tua, dépouil- 
la et frappa mes serviteurs et mes servantes ; il ne respecta 
même pas ma femme, xiv, 2-3. » Plus tard, lorsque Ahikar, 
que l'on croyait mort, fut rentré en faveur auprès du roi 
de manière bien inespérée, il se fit livrer Nadan, puis « je 
lui mis, dit-il, des liens de fer aux pieds et aux mains..., 
et je commençai à le flageller de verges, xxxii, 10... je 
le mis sous le portique à la porte de mon vestibule, je lui 
donnai du pain et de l'eau avec mesure », ibid. 6" (note). 

1. Lilt. : « Ses cheveux crurent comme (ceux) des aigles, » ce qui 
ne se comprend guère. Si un lexte dépend de l'autre, c'est certaine- 
ment Daniel qui dépend d'Ahikar et qui — pour s^e conformer aux 
habitudes du parallélisme poétique des Hébreux — a donné une tour- 
nure plus poétique à : « mes cheveux descendaient sur mes épaules, 
et mes ongles étaient aussi longs que ceux de l'aigle, s 



Al.UKAU ET LE NOUVEAU TESTAMENT GS 

D'après la rédaction F, qui précise ainsi le sens de 6\Nadaa 
est enfermé dans le caveau obscur où Ahikar avait dû se 
cacher. Enfin, après les remontrances d'Ahikar,le corps de 
Nadan « gonfla et devint comme une outre pleine et ses- 
enlrailles sortirent de ses lombes, xxxiv, 1 ^. » 

Comparons maintenant à cette histoire de Nadan les deux 
rédactions de la parabole du mauvais serviteur, 

IMatth., xxiv, 48-51. Luc, xii, 45, 4G. 

ISIais si ce méchant servi- Mais si ce serviteur dit en 

leur dit" dans son cœur : son cœur : Mon maître tar- 
Mou maître tarde (à venir), de à venir, et ([uil se mette 
et qu'il se mette à battre ses à battre les serviteurs et les 
compagnons de service et à servantes, à manocr, à boire 
manger et à boire avec des et à s'enivrer, le maître de 
ivrognes, le maître de ce ce serviteur viendra le jour 
serviteur viendra le jour qu'il ne l'attend pas et à 
qu'il ne l'attend pas et à l'heure qu'il ne sait pas, et il 
l'heure (|u'il ne sait pas, et le séparera [lilt. : il le par- 
il le séparera (Z«7^ : il le par- tagera en deux 2) et il lui 
tagera en deux -) et il lui donnera sa portion avec les 
donnera sa portion avec les infidèles, 
hypocrites ; c'est là qu'il y 
auia des pleurs et des grin- 
cements de dents. 

Les ressemblances entre l'histoire de Nadan et cette para- 
bole du mauvais serviteur sont assez frappantes pour que 
M. James ait regardé la seconde comme une dépendance 
de la première et pour que M. Rendel Marris ait pu écrire, 
afin de faire image, qu'Ahikar était l'un des livres de la 
bibliothèque de Notre-Seigncur Jésus-Christ, et qu'il lui 

1. Le syriaque, l'ariuéuien, l'aiabe cl le uéo-eyriaque porlont ton» 
que Na'ian <( gonfla et creva ». 
2. SiyoTojj./i'jît. 

5. 



66 HISTOIIIR ET SACKSSK d'aiUKAR l'aSSYRIEN 

avait emprunté le type du mauvais serviteur. M. Velter, 
avec raison, croit cette ressemblance fortuite, sinon on 
trouverait d'autres points communs, ce qui n'a pas lieu ^ 
Les paraboles du Nouveau Testament et celles d'Ahikar 
n'ont pas d'autre point de contact et sont séparées par 
plusieurs siècles de maèal juive. 

y. Ahikar et le Talmud. 

1° I, 4 (note), III, 84, supposent l'habitude de mettre 
de la poussière sur les yeux des morts. Un passade du Tal- 
mud relatif à Alexandre le Grand paraît supposer la même 
coutume. Nous le citons aux variantes, m, 84 2. 

2° XVI ; XXX, 6-9, 29-30. On demande h Ahikar de. 
construire un palais en l'air et de coudre une meule. 

Le Talmud de Babylone renferme des histoires analogues 
(traité BeclwrotJiy 8) : « Les sages d'Athènes demandèrent <à 
Rabbi Josua ben Chanania ^ : Bâtis-nous une maison dans 
l'air du monde. Il répondit : Il y en a un qui se tient entre 
le ciel et la terre et qui crie : Donnez-moi des briques et 
du mortier. Ils dirent : Qui peut lui en fournir si haut? Il 
répondit: Qui peut donc bâtir une maison entre ciel et 
terre?... Ils lui dirent encore : Nous avons une meule bri- 
sée, peux-tu nous la recoudre? Il en prit un morceau, le 
leur jeta et dit: Faites-moi des aiguilles avec cela et je 
vous la coudrai. Comme ils dirent : Qui peut faire des 

1. On trouvera quelques reuvois au Nouveau Testament; xxxin, ll'i, 
et II Pierre, ii, 22 (porc qui retourne au bourbier), avec xxxiii, 135, 
et Luc, XIII, 6-9 (Gguier qui ne porte pas de fruits) présentent seuls 
quelfjue intérêt. 

2. Nous n'avons pas trouvé ce passage dans le Talmud de Jérusa- 
lem, qui contient seulement, sur Alexandre, le voyage chez le roi de 
Cassi;i pour voir comment il juge ; trad. de Moïse Schwab, P;irîs, 
I871-lfi90, t. X, p. 94. 

3. Cité par M. Vetter. 



AHIKAR DANS LES LITTÉRATUKES ORIENTALES G7 

aiguilles fivec une meule, il leur répondit : Qui peut coudre 
une mcnic ? » 

Ces passages ont toute chance d'avoir été inspirés par 
Ahikar ou par l'un de ses dérivés ^. 

3*^ jM. Gaster cite une douzaine de traits - empruntés 
à la littérature juive et plus ou moins parallèles à V Histoire 
(CAJiihar. Le plus rra[)pant, qui est d'Eliézer le Grand, est 
le suivant : « Mon fils, ne révèle pas ton secret à ta femme, 
sois fidèle et dévoué en tout, ne révèle pas ton secret ta ton 
ami quand tu es en dispute avec lui ni même quand tu es en 
paix avec lui. » Cf. App. I, 151; App. II, 178. Les ressem- 
blances sont donc trop faibles, comme le conclut M. Gaster 
lui-même, pour que l'on songe à établir une dépendance 
direcle entre les écrits. 



VI. Ahikar dans les littératures orientales. 

1" Dans les ApopJitcgmes des Pères égyptiens (iv^ au vi* 
siècle) nous avons relevé quelques passages parallèles à 
Ahikar, m.iis leur nombre n'est pas assez grand pour que 
l'on puisse conclure à une dépendance directe, cf. m, 2G 
(ei85) ; III, 84; App. II, 198. 

2°M. J. V>'ASQ\\\m\[àAXis Kurze Bihliogr. Unters., 1901, l.ii, 
p. 123 sq.), cité par M. Velter, a relevé les passages paral- 
lèles à Ahikar qui se trouvent dans les anciens historiens 
arméniens. Le plus frappant se trouve dans V Apologie d'Ez- 
nik,j, 15 (ve siècle) : « Vraiment ce n'est pas en vain que 
la parole du sage a été dite : Celui quf n'écoute pas avec 

1. Ils ne fleurent pas daus le 'J'alnuid de Jérusalem el apparlieiincnl 
donc moins à la littérature juive qu'à la littérature babylonienne. Le 
Talmud de Jérusalem ne mentionne pas Sarl.iédom ni le Tobie 
biblique. Sennachérib lui-même n'y figure que deux fois et cela 
fort iucidenimenl, trad. Moïse Schwab, t. v, p. 139 ; t. vi, p. 42. 

2. Journal of ihe Royal Asialic Society, 1900, p. ;n8-319. 



68 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAH l'aSSYIUEN 

son oreille, on le fera écouter avec son dos. » Cf. Ahikar, 
xxxiii, 96 : « Mon fils, il est dit dans les Proverbes : Celui 
qui n'entend pas avec les oreilles, on le fait entendre par 
derrière son dos ^. » M. Vetter croit que les coïncidences 
entre les anciens auteurs arméniens et Ahikar sont fortuites 
ou doivent s'expliquer par une source commune, car la ver- 
sion arménienne de Vllistoire d'Ahikar est assez récente 
comme nous le dirons plus bas. Il n'est cependant pas im- 
possible qu'il ait existé auparavant une compilation quel- 
conque des Proverbes d'Ahikar traduite en Arménien, mais 
son existence n'est pas encore démontrée. 

3" M. Rendel Harris, éd. de Cambridge, p. lxxii h lxxix, 
a signalé aussi les ressemblances qui existent entre Ahikar 
et le chapitre du Coran (sourate xxxi) consacré à Loqman, 
Nous traiterons plus bas des identifications partielles qui 
ont été faites d'Ahikar, Esope et Loqman (cf. chap. YI : 
Ahikar et les fabulistes). Signalons seulement ici les 
ressemblances textuelles : 

« 11. Nous donnâmes la sagesse à Loqman et nous lui dî- 
mes : Rends gràcesàDieu. Celui qui chéritlareconnaissance 
en a le mérite pour lui. L'ingrat l'est en pure perte. Le 
Très-Haut est riche, et sa louange est en lui-même. 

« 12. Loqman exhortant son fils lui dit : mon fils ! ne 
donne point d'égal à Dieu. L'idolâtrie est le plus grand des 
crimes. 

« 13. Nous avons prescrit à l'homme des devoirs sacrés 
envers les auteurs de ses jours... 

« 15. O mon fils ! ce qui n'aurait que le poids d'un grain 
de moutarde, fût-il caché dans l'antre d'un rocher, au ciel 
ou sur la terre, sera produit par les mains de Dieu, parce 
que rien n'échappe à sa pénétration. 

1. M. Rcndcl Harris, p. lxxxi, cite aussi une parole de Lazare de 
Pliarbe, vc siècle, apparentée à xxxiii, 114. 



ahikah dans les littératures orientales 69 

(( IG. O mon fils ! fais la prière. Commande la justice. 
Empêche l'iniquité, souffre patiemment les maux qui t'arri- 
vent. Ils sont une suite des décrets éternels. 

« 17. Ne détourne point orgueilleusement tes regards des 
hommes. Ne marche point avec faste sur la terre, Dieu hait 
le superbe et le glorieux. 

« 18. Sois modeste dans ta conduite. Abaisse le son de 
ta voix ; la plus désagréable de toutes est celle de l'âne... » 

Les ressemblances avec Ahikar sont assez nombreuses : 

1. Loqman aussi est un sage (11). 

2. La phrase sur la reconnaissance et l'ingratitude (11) 
peut avoir été inspirée par l'histoire de Nadan. 

3. Loqman aussi donne des conseils moraux à son fils et 
il débute aussi par les mots : O mon fils^ 12, 15, 16. 

4. Les maximes 12 à 15 peuvent être propres à Mahomet, 
qui voulait, sous le nom de Loqman, recommander le mo- 
nothéisme et la Providence, cependant le culte de Dieu et 
le respect des parents sont aussi recommandés par Ahikar 
(app. I, 143, et c. 111,37). 

5. Les recommandations pour la justice et contre l'ini- 
quité (16) se trouvent aussi en partie dans Ahikar, m, 47, 
78. 

6. L'iiumilité (17j est recommandée par Ahikar, m, 48. 

7. Le verset 18 se retrouve dans Ahikar, m, lira N'élève 
pas la voix avec jactance et tumulte, car s'il suffisait d'une 
voix puissante pour construire une maison, l'âne en bâti- 
rait deux en un jour. » 

Il ne doit pas paraître étonnant que Mahomet ait pu con- 
naître les maximes d'Ahikar, car le Coran, dit M. Rendel 
Marris (p. lxxh), est plein de Haggada juive et de légendes 
chrétiennes *. Les concordances textuelles sont rares parce 

l.Coci s'explique par l'iiinuence des puissaules tribus juives qui en- 
louraienl la Mecque. Une légende, conservée dans les littératures orien- 
tales vent qu'un moine chrétien, Bithira, ait instruit Mahomet (R. Got- 
iheil, A Christian Baliira Legend^ dans Zeits. /'. Assyv. t. xiii,1899. Ce- 



70 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



que Mahomet ne connaissait sans doute et la Bible et les 
légendes juives ou chrétiennes que par tradition orale 
etj de plus, lorsqu'il les citait de mémoire, il lesaccommo- 
daità son imag^ination et aux exigences du moment où il 
écrivait. 



La légende Loqman-Ahikar se développa après le Coran, 
car dans un recueil de sentences qui remonterait à Honein 
ibn Ishak, mort en 873 (cf. infra, chap. VI, v), nous 
trouvons une biographie de Loqman et surtout un long 
recueil de maximes adressées à son fils. Nous en citons 
quelques-unes d'après la traduction de Guillaume de 
Tignonville, Las dictz moi-aulx des Philosophes, Paris, 1531, 
fol. Lxxxi sq. 

L'auteur attribue d'abord à Loqman, né en Ethiopie, une 
partie des faits qui se trouvent aussi dans la vie d'Ésope, 
comme le pari de boire la mer ; il continue : « Ycelui juif, 
qui était maître de Loqman ^, lui donna plusieurs trésors 
lesquels il distribua en aumônes et prêta aux pauvres 
souffreteux sans usures et, pour ce, Dieu lui multiplia ses 
biens grandement. Et aussi dit-on qu'il laissa toutes ses 
richesses et se fit reclus en un temple et demeura solitaire - 



lui-ci d'ailleurs se réclamait des Juifs et des chrétiens, par exemple, 
sourate lxi : « Pourquoi m'affligez-vous ? disait Moïse aux Israélites. 
Je suis l'interprète du ciel auprès de vous, vous ne l'ignorez pas... Je 
suis l'apôtre de Dieu, répétait aux Juifs Jésus, fils de Marie. Je viens 
confirmer la vérité du Pentateuque qui ma précédé, et vous annon- 
cer Theureuse venue du prophète qui me suivra. Ahmed est son nom. 
Jésus prouva sa mission par des miracles, et les Hébreux s'écrièrent : 
C'est un imposteur... ô croyants ! soyez les ministres de Dieu, comme 
le disait Jésus, fils de Marie, aux apôtres, quand il leur demanda : 
Qui m'aidera ù étendre la religion divine ? — Nous serons tes minis- 
tres, répoudirent-ils. » 

1. Nous ne modifions l'orthographe du traducteur que dans les cas, 
assez nombreux, où la clarté le demande. 



AHIKAU DANS LES LITTÉuATUKES ORIENTALES 71 

ment jusqucs à sa mort et prêcha moult de belles choses à 
son lîls en disant : 

«Fils, aie abstinence et restreins ta volonté... Fils, parle 
toujours de Dieu ^ et Dieu mettra en ta bouche de bonnes 
paroles. — Fils, mets toujours tes œuvres devant tes yeux 
et celles d'autrui derrière. — Fils, quand tu verras aulcun 
pécher, ne lui reproche mye ses fautes mais pense aux tien- 
nes, desquelles tu auras seulement à rendre compte -. — 
Fils, suffis-toi de peu de chose et ne convoite pas les biens 
d'autrui ^. — Fils,... converse avec les sages et ainsi tu 
pourras acquérir la sagesse^. — ... et il dit : Garde le 
silence, car je me suis plus souvent repenti d'avoir parlé 
que de m être tu •'•. — ... fils, crains Dieu et te garde de 
vaine gloire. — ... et sache, fils, que si un fol parle, il se 
fera moquer de lui par son mal gracieux parler ^... 

« Fils, ne veuille mye perdre tes propres choses pour 
garderies estranges, cartes propres choses sont les biens 
que ton àme emportera avec elle et les autres richesses 
qui demeureront après ta mort seront à autruy. — Fils, 
honore la sagesse, ne la refuse pas à ceux qui la désireront 
connaître et ne la montre pas à ceux qui la méprisent ^. — 
Fils, fais ta société de ceux que Dieu aime. — Fils, honore 
Dieu et le prie qu'il te veuille garder d'avoir mauvaise fem- 
me et qu'il la veuille enseigner, car il n'y a pas d'autre 
remède **. — Fils, montre à autrui les biens que tu as appris. 
Ne fais pas ta société des mauvais, de crainte que tu ne 

1. Cf. Ahikar, app. I, l'i3 ; app. lY, 266. 

2. Cf. app. I, 142 b. 
•S. Cf. app. I, 148. 

4. Cf. iir, 16. 

5. Cf. m, 71 ; app. IV, 269. 

6. Il y a ici uue page sur les marques caractcrisliques de l'iaseusc, 
et une aulre page sur celles du sage, opposées aux précédentes. 

7. Cf. app. I, 147 a. 

8. Cf. app. III, 251. 



72 



HISTOIRE ET SAGESSE D AI.llKAIt L ASSYIUEN 



■deviennes l'un d'eux ^... — Fils, habite continuellement 
avec les sages... 

« Et il dit : Fils, ne te veuilles mye asseoir au plus haut 
iieu, car mieux vaut qu'on te fasse lever de plus bas pour 
toi asseoir plus haut, que de recevoir si grande vilenie 
comme toi ôter d'un haut lieu pour toi mettre plus bas ^... 
Et il dit : S il te convient envoyer quelque messager eu 
légation, tâche d'y envoyer un sage ^ et, si tu ne le peux 
pas, vas-y toi-même. — Et il dit : Ne crois point celui qui 
ment à toi pour autrui, car il mentira légèrement et pareil- 
lement à autrui de toi. — C'est plus légère chose de chan- 
ger les montagnes d'une place en une autre, que de montrer 
'et de faire entendre quelque chose à celui qui n'a point 
d'entendement ^. — Il dit : Ne fais pas ce que tu aurais 
honte de voir faire à autrui ^, et toutefois aie plus de ver- 
gogne de Dieu que des hommes. — Il dit que, entre Us 
autres mœurs et conditions, les plus mauvaises sont: soup- 
çonner son ami, découvrir ses choses secrètes, avoir con- 
fiance en chacun, trop parler des choses inutiles et s'exposer 
en la compagnie des mauvais pour convoitise de leurs biens 
temporels... » 

Aucun autre sage cité dans ce recueil n'adresse ses ma- 
ximes à son fds. Cette forme provient, croyons-nous, du 
Coran, qui l'aurait emprunté lui-même à la légende écrite 
ou orale d'Ahikar. 

4o Au x° siècle, Bar Bahloul a connu V Histoire d'Ahikar. 
T^ous avons déjà montré, à propos du mot ôrhé, qu'il cite 
-ce livre sous le nom de Proverbes araméens^ cf. Jour- 
nal asiatique, Xe série, t. ix (1907), p. 149 {infra, xxv, 4). 

1. Cf. III, 16. 

2. Cf. app. IV, 276. 

3. Cf. 111,51. 

4. Cf. III, 80. 

5. Cf. app. II, 198, et app. IV, 284. 



AHIKAR DAXS LES MTTÉHATURES ORIENTALES 73 

De plus, dans son lexique syro-arabe (éd. Rub. Duval), 
sous le mot Ahikar, il écrit : « C'était un homme célèbre, 
qui fut vizir au temps des rois, il était sage et d'esprit 
très pénétrant, son histoire est mentionnée dans le livre 
des rois (?) des fils d'Israël. » 

50 Un recueil de contes que nous analysons plus loin 
(i-h, VI, note), intitulé Syntipas^ , qui a synthétisé, d'après 
leur traduction syrienne, un certain nombre de fables, a 
aussi utilisé Ahikar. Citons ici le conte 117 intitulé Galruk : 
Un roi qui aime le fils de son vizir le voit un jour jouer 
avec un page ; comme il est ivre, il s'irrite au point d'or- 
donner de le décapiter. Le vizir obtient du bouircau qu'il 
profite de l'ivresse du roi pour lui porter la tète d'un crimi- 
nel à la place de celle de son fils ; car, s'il le tue, le roi, 
revenu à la raison, le mettra à mort. Quand le roi s'éveille, 
il déplore son crime et, pendant de longs mois, se livre 
au désespoir. Le vizir croit enfin le moment venu de lui 
dire la vérité et de lui amener son fils. Le roi est consolé, 
reprend l'exercice du pouvoir et comble le vizir de lar- 
gesses. 

Il y a un parallélisme évident avec l'histoire d'Ahikar, 
cher au roi, condamné à être décapité et rentrant en grâ- 
ces après qu'on a décapité un criminel à sa place. 

Il est possible que l'on trouve d'autres citations d'Ahikar 
ou du moins des parallélismes frappants. Citons en ce genre, 
pour terminer, le passage en vieux français relevé par 



1. Une rédaction grecque (|ui dérive du syriaque a été publiée eu 
particulier par Eberliard, Fabulx liomanenses grxce conscriptx, Leip- 
zig, 1872, éd. Teubncr. Voir aussi Mischle Sindbad, Secundus, Syn- 
tipas, ediri, einendirt und erklârt... par P. Cassel, 3e édit., Berlin, 
1891. Le résumé complet du Syntipas et toute la bibliograpliie ont 
été publiés par M. Victor Cliauvin, llil/liograp/iie des oin'iages arabes, 
Liège, 1907. t. vni, 



74 HISTOIHE ET SAGESSE d'ahIRAU l'aSSYRIEN 

M. Rendel Harris (p. lxxx), dans les Poésies de Marie de 
France ^. 

Ahikar, XXX, 137. Marie de France 

[néo-syriaque] 

Mon fils, on a con- Un Prestre vult jadis apprendre, 

duit le loup à l'école Un Leu, et faire letre entendre, 

pour l'y instruire. A, ditliPrestres ; A, distliLeux; 

Le maître lui dit Qi mult es fel et engingneux. 

alors : Dis A. B, dist 11 Prestres, di od mei ; 

Alors le loup répon- B, dist 11 Leus, la lettre vei. 

dit et dit : Agneau. C, dit li Prestres, di avant; 

Ensuite le maître lui C, dist li Lox, a-t-il dune tant? 

dit : Dis B. Li Prestres feit : di par toi ; 

Alors le loup dit : Li Loz respunt jeo ne sai quoi. 

Brebis. Di ke t'en samble et si espel ; 

11 dit ce qui était Respunt li Lox: Aignel, Aignel. 

dans ses pensées. Li Prestres dist : Que verte tuche ; 

Tel en penssé, tel en la bûche. 



CHAPITRE IV 
Les versions de l'Histoire d'Ahikar. 

/. Traducteurs et copistes. 

1° Traducteurs. — Le texte original est perdu ; seule, 
l'étude des versions nous permettra de faire quelques hypo- 
thèses sur ce qu'il pouvait être : son contenu, sa forme, sa 
langue. 

Ces versions renferment toutes des remaniements dus 
à leurs auteurs. Voici en effet ce qu'écrivait J. Agoub 

1. Editées par B. de Roquefort, Paris, 1820, t. ii, p. 345-346. Cette 
pièce est intitulée : « D'un prestre qui mist un Leu (loup) à lettre. » 



LES V-TIRSIONS DE l'hISTOIHE d'ai.IIKAR 75 

lorsqu'il faisait sa traduction (?) française sur deux manus- 
crits arabes : 

« Ces maximes, qui ne seraient pas indignes, pour la 
plupart, des beaux temps de la philosophie grecque, appar- 
tiennent toutes au texte arabe, je n'ai fait que les disposer 
dans un ordre plus méthodique. F ai dû aussi en supprimer 
quelques-unes, soit parce qu'elles n'offraient que des pré- 
ceptes d'une morale banale, soit que, traduites en Irançais, 
elles eussent pu paraître bizarres àdes lecteurs européens. » 
Mélanges de litt. orientale et française, Paris, 1835, p. 75. 

L'auteur nous apprend d'abord qu'il n'interpole pas et — 
puisqu'il juge bon de nous en avertir — c'est qu'il croit, 
avec raison, que les traducteurs sont fort capables d'inter- 
poler leurs ouvrages. Il se borne à changer l'ordre et h faire 
des suppressions. Ainsi ont travaillé tous les traducteurs, 
comme on le constatera sur les tableaux de concordance : 
ils ont changé l'ordre, ils ont supprimé et parfois même ils 
ont ajouté. 

D'autres ne retranchent ni n'ajoutent, mais condensent 
ou paraphrasent — ce qui est plus facile que de viser à 
faire une traduction fidèle. Ainsi La Fontaine, dans sa 
traduction, condense le texte grec, lequel n'est déjà (ju'un 
résumé trop condensé du texte original. Ces traducteurs 
ressemblent un peu aux chimistes (.\y\'\ traitent des quin- 
taux de matière pour en extraire quelques grammes d'un 
corps plus rare. I^]n voici un exemple : 

Traduction du grec. Traduction de La Fontaine ^ . 

Esope, emmenant Ennos, Esope le reçut (Ennus) 

ne lui causa aucun désagré- comme son enfant, et, pour 

nient, mais, se conduisant à toute punition, lui recom- 

nouveau envers lui comme manda d'honorer les dieux 

envers un fils, il lui mit et son prince , se rendre ter- 

1. Fables de La Fontaine, éd. Parmanlior, Paris, 1825, p. i.xxxui. 



76 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAH l'aSSYRIEN 

encore dans l'esprit ces au- rible à ses ennemis, facile et 
très paroles : Mon fils, avant commode aux autres, bien 
toutes choses, honore la di- traiter sa femme, 
vinité, respecte le roi. ■ — 
Rends-toi redoutable à tes 
ennemis pour qu'ils ne te 
méprisent pas. Sois facile et 
indulgent pour tes amis, 
afin qu'ils t'alTectionnent de 
plus en plus. Souhaite à tes 
ennemis d'être malades et 
pauvres, afin qu'ils ne soient 
pas en état de te molester. 
Souhaite que tout réussisse 
à tes amis. — Agis toujours 
bien avec ta femme, de crainte 
qu'elle ne cherche h faire 
l'essai d'un autre homme. 
Car les femmes sont natu- 
rellement volages et légères, 
elles pensent moins au mal 
quand on les traite avec 
écfard. 



Lorsque nous aborderons la comparaison des versions, 
les différences qu'elles présentent ne surprendront plus le 
lecteur qui se sera pénétré des procédés d'Agoub et de 
La Fontaine. Il aura le plaisir de constater que ces pro- 
cédés ont été suivis de tout temps. 

2° Copistes. — Mais il y a plus : ce ne sont pas seulement 
les traducteurs qui en ont pris parfois à leur aise vis-à-vis 
de l'original, certains copistes eux-mêmes, par paresse ou 
par inadvertance, ont aussi omis des maximes ou des épiso- 
des, tandis (|ue d'autres, plus zélés, en ont ajouté, de 



LES VEHSIOXS DE 1,'lIISTOlllE d'ahIKAR 77 

sorte qu'il y a des lacunes d'un manuscrit à un autre ma- 
nuscrit d'une même version. 

Par exemple, l'édition du texte arabe publiée par 
Mme Agnès Smith Lewis, éd. de Cambridge, p. 1-30, 
est basée sur un manuscrit carchouni de Cambridge, mais 
on constatera que l'éditeur ajoute au texte de ce manuscrit 
dix passages, dont trois sont empruntés à l'édition de 
Salliani, p. 3, 4, 8, et sept à un manuscrit du Brilisli Mu- 
séum, p. 4, 5, 7, 8, 20, 28. 

De même, dans la traduction du texte slave, éd. de Cam- 
bridge, p. 9-12, les maximes 97 à 123 manquent d;ms les 
anciens manuscrits et ne se trouvent que dans deux manus- 
crits sud-slaves du xv" siècle ^ Nous avons toute chance 
ici d'être en présence d'une addition, car ces maximes, 
qui manquent dans les anciens manuscrits slaves, man- 
quent aussi dans les autres versions. 

Enfin les nombreuses notes critiques que M. F. C. Conv- 
beare a ajoutées à la traduction de la version arménienne, 
nous apprennent encore que les manuscrits de celte \cr- 
sion présentent de nombreuses omissions, additions, 
transpositions et répétitions. Vers la fin, p. 36-46, un 
manuscrit, qui ressemble davantage au syriaque, diOcre 
assez des autres pour que M. F. C. Conybeare ait dû 
ajouter sa traduction au bas des pages. 

Nous pouvons donc conclure que Vllistoire d' Ahikar a 
été très maltraitée par les traducteurs et les scribes. Sa 
reconstitution, pour être fidèle, exigerait d'abord une édi- 
tion soignée de chaque version basée sur le plus grand 
nombre possible de manuscrits et ensuite une comparaison 
des versions ainsi établies. 



1. On remarquera aiis.si que ces maximes, incouimes des autres ver- 
sions et que nous traduisons plus loin (app. III, 237-260), commencent 
toutes par « mon fils Anadan o, tandis que les autres maximes slaves. 
portent seulement < mon fils », comme le syriaque et l'arabe. 



/8 HISTOIRE ET SAGESSE d'aI.IIKAR l'aSSYRIEN 

//. La version syriaque. 

Manuscrits. — Cette version est contenue dans de nom- 
breux manuscrits dont un seul a été édité ; tous semblent 
de provenance nestorieîjne : Vflis/oire cVAhikar s'est pro- 
pagée surtout vers la Perse et l'Arménie et peu vers l'Occi- 
dent. 

I. (/.) Une seule feuille d'un manuscrit nestorien du xii^ 
au X!H'' siècle, add. 7'200, loi. 114, conservée au British 
Miiscuin. C'est cette feuille qui a permis ii Hoffmann d'iden- 
tifier le Haikar des contes ar;ibes avec l'Ahikar du livre de 
Tobie. Elle a été publiée et traduite en anglais dans l'édi- 
tion de Cambridge, texte p. 33 à 36, traduction p. 56-58 *. 

II. (C) Cambridge, add. 2020. Manuscrit syriaque nesto- 
rien sur papier, terminé le mardi 18 octobre 1697. II com- 
prend : 

1" L'histoire de Rabban Hormizd, anachorète persan, 
iol. 1^', éditée et traduite en anglais par W. Budge, Lon- 
dres, 1902. 

2o Sur la résurrection des morts^ fol. 42^. 

3° Histoire de Jean Bar Malké, fol. 52^, éditée par le 
R. P. Bedjan, Acta marttjj-um et sanctoi'uni, t. i, p. 344. 

4° Martyre de l'évêque Miles, du prêtre Aborsam et du 
diacre Sinai, fol. 61, édité par le R. P. Bedjan, loc. cit., 
t. H, p. 260. 

5** Les Proverbes, c'est-à-dire l'histoire d'Ahikar le Sage, 
fol. QQ, texte édité et traduit en anglais dans l'édition de 
Cambridge, texte, p. 37-72, traduction, p. 58-86. 



1. Le texte est le même, à peu de cliose près, que celui du ras. C ; 
c'est donc une même tr.iduction, mais il y a des omissions et surtout 
des iuterveisioHs dans les maximes. Voici leur concordance avec notre 
édition : 1, 2, 3, 4, 5 (= 48), 6 (= 84), 7 (= 8), 8 (= 85-86), 9 (= 11 b), 
10 {= 12), 11 (= 15), 12 {= 16), 13 (- 19), 14 (= 22), 15 (= 23), 16 
)= 24), 17 (= 25a), 18 (= 25b), 19 (= 26), 20 (= 28), 21 (= 79). 



I,A VERSION SYRIAQUE 79 

0° Extrait des maximes de Salomon, fol. 78, Eccli. xviii, 
30 31 ; XIX, 10 ; xv, IG. 

7° Proverbes (fables) du sage losipos (Esope). Cf. infra, 
chan. VI : Ahikar et les fabulistes. 

8" Histoire de Mar lareth d'Alexandrie. 

9" Martyre de saint Georges, d'Antonin et de la reine 
Ak'xandra, au temps du roi impieDadiana, fol. 97, édile par 
le R. P. Bedjan, loc. cit.., t. i, p. 277. 

iO" Autre extrait des Proverbes (fables) de losipos, fol. 
lO. Cf. T. 

11" Histoire de Jean de Dailam, en vers de douze f-ylla- 
bes, fo!. 109. 

12° Histoire des liuit enfants d'Éphèse, fol. 121, éditée 
en particulier par le R. P. Bedjan, loc. cit., t. i, p. 301. 

13. Histoire de Chrislophore, fol. 131. 

14° Histoire de Daniel, disciple de Mar Eugène, fol. 141^, 
éditée parle R. P. Bedjan, loc. cit., t. m, p. 481. 

15" Histoire de la bienheureuse vierge Marie, fol. 153^; 
éditée et traduite en anglais par W. Budge, Londres, 1899. 
Cf. A catalogue ofthe Sijriac manuscripts pj-eserved in the 
Ubrarij of the University of Cambridge, by llic lafc W. 
Wright, Cambridge, 1901, p. 583-589. 

Cette analyse un peu longue a l'avantage de montrer au 
milieu de quels récits est encadrée V Histoire d' Ahikar. Les 
manuscrits suivants n'ont encore été utilisés pour aucune 
édition. 

III. (/>) Le manuscrit de Berlin, Sachau 556', décrit et 
résumé en allemand par INI. Sachau sous le no iS'i dans 
son catalogue des manuscrits syriaques de Berlin, p. 437- 
442. C'est un manuscrit récent écrit en 1883 ou 1884 à 
Tell Kèf. II a été utilisé par M.B. Mcissner et par M. Lidz- 
barski, mais jamais édité ni collationné. M. Lidzbarski le 
déclare même très corrompu. La Bibliothèque de Berlin 
nous a rendu le service, il y a plusieurs années, de nous 
prêter ce manuscrit en même temps que le n" IGl (Sachau 



80 HISTOinE ET SAGESSE û'AUIKAn l'asSYRIEN 

315) ^. Nous l'avons alors transcrit et nous en publions ici 
la première traduction. 

Ce manuscrit ajoute de nombreux titres; quelques-utis 
sont en évidence, mais la plupart ont été fondus par les scri- 
bes avec riiistoirc et la rendent par endroits inintelligible, 
si on ne remarque pas l'existence du titre. On trouve par 
exemple en scriplio continua (c. xn-xiii) : 

« Et le bruit se répandit dans l'Assyrie et à Ninive que 
Ahikar était tué. Ahikar le scribe fut caché. Alors Nabou- 
scmak, avec ma femme Esfagni, alla me faire dans la terre 
une cachette de trois coudées de large. » 

Les mots « Ahikar le scribe fut caché » nous ont fourni 
le titre du c. xiii. Nous avons divisé les chapitres en 
paragraphes pour faciliter les renvois. 

La rédaction du manuscrit B ~ est souvent plus allongée 
que celle de C ; quelquefois c'est une interpolation, mais 
d'autres fois c'est la rédaction originale, car elle se retrouve 
dans d'autres versions, tandis que, dans ces passages, C n'est 
qu'un abrégé. Nous avons donc complété ces deux manus- 



1. Nous avions dcinaudé ce dernier ms. pour y relover un fragment 
relatif au monastère de Qennesré, fondé par Jean Bar Aphthonia. 
Nous avons analysé ce fragment dans Vie de Jean Bar Aphlhonia, 
l'aris, 1902, p. lo-14, et nous l'avons fait connaître au congrès des 
orientalistes d'Alger (avril 1905), cf. Compte rendu du XIV^ congrès 
international des orientalistes^ t. ii : Note sur le monastère de Qen- 
nesré. Par contre, depuis 1901, nous n'avions fait aucun usage de 
notre transcription d'Al.iikar. 

2. La rédaction de ce ms. renferme quelques mots grecs que nous 
avons mis entre parenthèses dans notre traduction. Ces mots peuvent 
ne pas appartenir à la rédaction primitive, i\ moins qu'ils n'aient été 
usités alors. On trouve aussi des formes araméennes comme i, 2, 
ôpadnô (cf. Dan., ii, i, 3; m, 10; xi, 45), lorsque les autres mss. sy- 
riaques portent le mot syriaque hiron et l'arabe qasr ; ii, 1, niilolô ; 
II, 3, fannéq ; xxx, 26, hical, au sens, non de temple, mais de palais 
comme en assyrien, cf. Daniel, iv, 4 ; vi, 18, Ce mol est étudié par 
Rendcl llarris, p. lxxxiii. 



LA VERSION SYRIAQUE 81 

crits l'un par l'autre ^, en attendant que l'étude des manus- 
crits suivants non encore utilisés permette d'arriver à une 
édition définitive. 

IV. Le manuscrit 105 (Sachau 102) de Berlin renferme, 
fol. 8G-92, un fragment en syriaque sur Ahikar. Ce fragment 
est du XV® siècle. Cf. Verzeichniss der syrischeii Hand- 
schriflen (der kœnigl. Bibl. zii Berlin), Berlin, 1899, 
p. 518-519. 

V. Or. 2313, au Brit. Muséum, manuscrit nestorien sur 
papier, écrit du xvi" au xvii'' siècle, tronqué au commence- 
ment et à la fin. Bien des pièces aussi sont incomplètes. 
Après d'autres histoires, on trouve, fol. 172 à 180, un 
fragment de l'Histoire d' Ahikar écrit en syriaque. Cf. Des- 
criptive list of sijriac and karshuni mss. in the Dritish 
Muséum acquired since 1873, by G. Margoliouth, Londres, 
1899, p. 8. M. E. W. Brooks nous a appris que ce frag- 
ment commence au moment où Ahikar révèle son nom au 
roi d'Egypte et se termine avec la comparaison 117 

(c. XXXIIl). 

VI. Au couvent des Chaldéens de Noire-Dame des Semen- 
ces, à neuf heures au nord de Mossoul, dans la montagne 
de Beit 'Edri se trouve un manuscrit syriaque de VHis- 
toire d' Ahikar, le scribe du roi d'Assyrie Sennacliérib, et 
de son neveu Nadan; cod. 100, écrit en 1883. Cf. Jour- 
nal asiatique, X" série, t. viii (juillet-août, 190G), p. (32. 

VII-IX. Trois manuscrits syriaques de V Histoire d' Ahikar 
sont conservés à Oiirmiah. M. Rendel Harris a reçu, trop 
tard pour l'utiliser, la collation de deux d'entre eux. Il dit 
(p. 163) que les variantes sont moins nombreuses dans le 
cours de l'histoire que dans les maximes, dont l'ordre est 
aussi modifié. 

1. Ils sont de même famille, parce que les maximes y sont disposées 
exactement dans le même ordre, mais tous deux ont des lacunes et 
des modiGcations propres. Chacun d'eux no représente donc qu'im- 
parfaitement l'original. 

6 



82 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

Importance de cette versiox. — On s'accorde à recon- 
naître que la version syriaque provient directement de l'o- 
riofinal araméen ou de sa traduction en hébreu moderne. 
De plus, elle semble la source immédiate ou médiate de 
toutes les versions qui nous restent. Voir p. 29. 

Nous ajoutons ici la concordance des maximes et des 
comparaisons de la version syriaque avec celles des autres 
versions : arabe, éthiopien, arménien, slave et néo-svria- 
que (ou édition Salhani). Dans la colonne du syriaque, les 
nombres entre parenthèses sont ceux de l'édition de Cam- 
bridge ; ils sont écrits à la suite de ceux de la présente 
édition ^. Dans les autres colonnes, les nombres renvoient 
à l'édition de Cambridge, hors iV^" ou Salh qui renvoient 
à l'édition de M. Lidzbarski ^ (traduction du Néo-Syriaque^ 
complétée à l'aide de l'édition Salhani). 



SYRIAQUE 


ARABE 


ETH. 


ARM . 


SL. 


SALH. 




1 (1) 


1 


1 


2 


1 


1 


Arm. à la fin 


2 (2) 

3 (3) 

4 (4) 
5 


2 

3, 5 
6 


1" 


1' 

1" 


2 

3» 
3* 


2 
3 

4 




6 










5 




7 










6 




8 (5) 

9 (6) 
10 (7) 


9 

10 
11" 




2 
39 

3 
45» 


4,15 
6' 


7 
8 


Cf. 19, 72. 


11 (8) 


11" 
11"= 


4 


45" 


6" 


9 




12 (9) 


12 


5 


4 


7* 


10 





1. Nous avons numéroté toutes les maximes (m, xxiiii, et app.) à 
la suite les unes des autres. 

2. Editeur du ms. Sachau 339 (néo-syriaque) ; cf. Verzeichniss 
der syrischen Ilandschriften, Bei-lin, 1899, p. 815. — Ces tableaux 
ont déjà été publiés par M. P. Yelter (cf. supra, III, i, 15). Pour 
donner ubc vue d'ensemble du fond commun des diverses versions, 
nous les reproduisons en les complétant par endroits. 



LA VERSION SYRIAQUE 83 



SYRIAQVE 



13, 14 (10) 13 7 11 

15 (11) 5 7" 12' 

16 (12) 14 6 13 Cf. 18. 

17 59 (?) 75 (?) 14 

18 10'(?) 13 (?) Cf. 16, 

19 (13) 16 6 9 15' 

20 15" 
21 

22 (14) 17 7 10» 10 16 

23 (15) 18 10" 12 17 Cf. Arm. 27. 

24 (16) 19' 10" 13" 18» 

25 (17) 58 11,97 11, 14 18" 

26 (18) 8 13 

27 (19) Cf. 5, 72. 

28 (20) 19" 58" 

29 (21) 21 9 12 17 20' 

30 20" 

31 22 8 21 

32 (22) 23 10 14 18,19 22 

33 (23) 24 11 14 23 
34,35 (24) 25 

36 (25) 17 23 

37 (26) 26 10, 78 24, 25 

38 (27) 27 19 27 

39 (28) 28, 29 20, 21 

40' (29) 31* 22' 29 

40" (30) 22" 

41 

42' (31) 31" 23 31 ^^ g, ^^^ 

42" (32) 

43 (33) 41 45 

44 (34) 33 42 

45 (35) 85 92 

46 (36) 30 43 

47 (37) 44' 46 cf. 56 

48 (38) 35' 2 26= Grec, 11. 

49 (39) 35" 47 

50 (40) 36 64? 49 

51 (41) 37 65 50 
52 



'84 HISTOIIIE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 



SYRIAQVE 


ARABE 


ÉTH. 


ARM. 


SL. 


SALH. 




53 (42) 


39 




66 






Cf.47 et Arm. 


54 (43) 






67 


52, 91. 




15 


-55 (44) 






68 


112 






56 






69' 


54' 






-57 (45) 






69" 


54" 






58 (46) 






69= 


55 






59 (47) 






66 






Cf. 42. 


60 












Hébreu, p. 19 


61 






70 








62 (48) 


44 




51 


59 






63 












Cf. 71. 


64 65 ^'^^'^ 


46 

7,47 


12 


73' 
50 


62 
63 






^6 67 \^'''^ 


48' 






64 






' ((50") 


48" 




25 


34 






<68, 69 (51) 


49 à 52 




52 


65 






70 (52) 


53 












71 (53) 


45 


13 




72 




Cf. 63. 


12 (54) 






56 




24' 




73» (55) 


54" 


3 


57 


73 


24" 


Cf. 85, 86. 


73" 














74, 75 (56) 






91 




25 




76 (57) 


56 




77 


123 






77 (58) 














78 (59) 






60 


77 






79' (60) 


58' 






79 


26' 




79'' (61) 


38, 55 




80" 


80 


26" 




80 (62) 


59 


14 


83 


82 


27 




81 (63) 














82 (64) 


20 




80' 


84 


19 




83 (65) 


38,62 




28,81' 


37 


30' 




84 (66) 






81" 


86 






85 














SQ 














87 (67) 


60 


15 


38 


42, 43 


28 




88 (68) 


63 




82 




30" 




89 (69) 


64 












•90 (70) 


65 












91 (71) 


66 








31 




^2 (72) 












Cf. 5, 19. 



LA VERSION SYr.IAQUE 85i 



STRIAQUE ARABE KTH. ARM. SL. SALH. 

93 (73) 61* 96 29 

94 (74) 84 

95 (75) 26,27 35 



COMPARAISONS SYRIAQUES 



96 


(1) 


2 


97 


j(2-) 


1,25- 




((2") 


3 


98 


(3) 


4 


99 


(4) 


5 


100 


(5) 


7 


101 


(6) 


6 


102 


1(7^) 


(8,: 
( 9 


103, 


104 (8) 




105 


(9) 




106 


(10) 


12 


107 


(11) 


11 


108 


(12) 


13 


109 


(13) 




110 


(14) 


14 


111 


(15) 


15 


112 


(16) 


18 


113 


(17) 


16 


114 


(18) 


17 


115 






116 






117 


(19) 




118 


(20») 


19 


119 


(20") 


20 


120 


(20 ') 


21 


121 


(21) 




122 






123 






124 


(22) 




125 


(23) 




126 


(24) 


22 


127 


(25) 





1 




1 




2,3,5. 


1,1213 


2 


Cf. 23, 30-32 


7 








8 








9 


2 






10 


3 


3 




18 


4 


4 




12" 






Cf. 8, 


12= 








12*not. 




6 


Cf. 7\ 


17 


5 






15 


6 







120 
11 



19 
24 



6 

14» 
14c 

14" 



Cf. 115. 



Cf. 108. 
Cf. 129' 



Cf. 126'. 
Cf. 126" 

Cf. 2\ 30-32: 



12» 
13 



86 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEX 



128 


(26) 


23 


20 


10 


10 




129' 


(27) 


24 


21 








129" 


(28) 










Cf. 116. 


130 


(29) 






11 






131' 


(30) 


25 






lia 


Cf. 2% 23. 


131" 


(31) 


26 






11" 




132 


(32) 


28 






12 




133 


(33) 


29 


4 




13 




134 


l34) 




22 


14 


14 




135 


(35) 


31 


25 


9 






136 




32 










137 


(36^ 


33 


16 


15 


15 






(36") 


34 


23 


16 






138 


(37) 










Cf.arm.7,26'' 


139 


(38) 


35 




18 






140 


(39) 


36 




19 


16 




141 


(40) 








17 




142 


(41) 


38 


26 









III. La version néo-syriaque. 

Le manuscrit syriaque de Berlin 290 (Sachau 55.^) ren- 
ferme un texte arabe de V Histoire d'Ahikar et, en face, sa 
traduction en néo-syriaque ou torani (dialecte du Tour 
Abdin). 

M. Mark Lidzbarski a édité ces deux textes sur pages 
parallèles : Die neuaramdisclien Handschriften der kœnig- 
lichen Bibliothek zu Berlin, 1'"^ partie, Weiniar, 1894, et a 
traduit le néo-syriaque en allemand, ibidem, Weimar, 
4895, p. 1-41, 2" partie. Enfin il a ajouté un glossaire litho- 
graphie, ibidem, 3" partie, Weimar, 1895. Cf. p. 18-19. 

Cette version présente de nombreuses lacunes : M. Lidz- 
barski eu a comblé un certain nombre (toutes les maximes 
et, en plus, les comparaisons qui correspondent aux numé- 
ros 98, 106, 114, 116, 119, 122, 123, 129, 135, 136, 139, 
142), à l'aide du texte arabe édité par Salhani. L'arabe sur 



LBS VERSIONS ARABES 87 

lequel a été traduit le néo-syriaque est donc d'importance 
secondaire à cause de toutes ces lacunes, mais il porte le 
discours direct comme le syriaque et se sépare nettement 
de tous les autres textes arabes. 11 est, sans doute pos- 
sible, un abrégé arabe de la version syriaque. Nous 
donnerons à l'occasion ses principales différences. 

IV. Les versions arabes. 

11 existe en arabe au moins deux versions et un rema- 
niement : 

1. L'une de ces versions, base du néo-syriaque, éditée 
par M. Lidzbarski, vient d'être mentionnée. Elle provient 
certainement du syriaque. 

2. La seconde est conservée dans de nombreux manus- 
crits arabes ou carchounis (arabes, écrits en caractères 
syriaques") : 

1° Cambridge, add. 2886, ms. carchouni, écrit en 1783. 
Il contient des miracles de la sainte Vierge (traduits du 
grec par Macaire, patriarche d'Antioche), et des histoires 
de saints (saint Georges, Jean Bar Malké, Suzanne, Job). On 
y trouve, loi. 81 à 106, l'histoire de Hikar, vizir de San- 
chérib, et de son neveu Nadan. C'est ce texte qui a servi 
de base à l'édition de la version arabe de Cambridge que 
nous désignons par la lettre A ou par Ar. Cf. A catalogue 
of the syriac manuscripts preserved in the lihrarxj of the 
University of Cambridge, Cambridge, 1901, p. 732-739. 

2" Londres, add. 7209, manuscrit carchouni, qui ren- 
ferme V Histoire d' Ahikar, fol. 182^ au fol. 213^. Ce manus- 
crit a été utilisé dans l'édition de Cambridge, pour complé- 
ter en quelques endroits le précédent. 

3" Gotha, n. 2052, manuscrit carchouni, utilisé par Cor- 
nill, qui lui a emprunté les maximes parallèles aux frag- 
ments éthiopiens et les a imprimées en caractères syria- 
ques (cf. infra, version éthiopienne). 



88 



HISTOinE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



4** Un manuscrit carchouni (de Beyrouth ?), édité par 
Salhani [Contes arabes, Beyrouth, 1890). 

5" Paris, Av. 3037, traduit jjar Caussin de Perceval. 

Les manuscrits suivants ne semblent pas avoir été uti- 
lisés : 

6° V^atican, manuscrit carchouni, n. 22, d'Alep (cité dans 
l'édition de Cambridge, p. xxiii). 

7''-9° Trois manuscrits arabes de Copenhague et du 
Vatican, ibid. 

10° Or. 2326, au Brit. Muséum, ms. sur papier du xvi° siè- 
cle, contient, fol. 65 à 105, un fragment de l'histoire de 
Haikar^ écrit en carchouni. Cf. Descriptive list of Syriac 
and Kars]ni?ii jnss. in tJie British Muséum acquired since 
1813, by G. Margoliouth, Londres, 1899, p. 12. 

11° Manuscrit carchouni 1^6 de l'archevêché chaldéen 
de Diarbékir (xv!!** siècle). Cf. Journal asiatique, X*^ série, 
t. x(1907), p. 421. 

12° Paris, Ar. 3056, fol. 32-46. Nous en avons colla- 
tionné la première page, les trois premières maximes et les 
deux dernières lignes, et l'avons trouvé conforme au texte 
de l'édition de Cambridoe. 

3. Le texte traduit dans les éditions des Mille et une 
nuits est un remaniement. On y trouve deux textes bien dif- 
férents : d'abord la traduction d'Agoub faite, dit-il, sur 
deux manuscrits — ces deux manuscrits devaient ressembler 
beaucoup à ceux de la seconde version — en second lieu la 
traduction publiée par Chavis et Cazotte, que nous citons 
sous la lettre F. La traduction de Caussin de Perceval, 
sans être littérale, est plus fidèle que celle d'Agoub. Nous 
la citons d'après l'édition Pourrat (supra, p. 15, note 1) 
des Mille et une nuits. 

La version arabe provient d'un texte syriaque, car il en 
est presque toujours ainsi : tout texte ecclésiastique syria- 
que est traduit en carchouni ; de plus, dans l'édition Sal- 
hani, traduite par M. Lidzbarski, l'ordre des maximes est 



LES VERSIONS ARABES 89 

presque identique à l'ordre du syriaque (voir ci-dessus la 
concordance de la version syriaque avec les autres ver- 
sions). Dans l'édition de Cambridge elle-même, la concor- 
dance est encore frappante {ibidem, colonne de l'arabe). 

M. Vetter tient que l'arabe édité à Cambridge est un 
remaniement d'un texte arabe perdu qui aurait été traduit 
directement sur l'hébreu. Car, dit-il, la version arménien- 
ne donne au bourreau l'épi thète de « nayih » qui est un 
mot arabe et doit donc s'être trouvé dans la version arabe 
sur laquelle on a traduit l'arménien. Cette version arabe 
n'est pas l'actuelle qui porte saijyaf au lieu de naijib. 
C'est une version perdue, et cette version perdue ne venait 
pas du syriaque, qui ne porte pas de mot ressemblant à 
nayib. Elle provenait de l'hébreu original, qui portait sans 
doute nesib, lequel mot pouvait se traduire par naifib. 
Les raisonnements de ce genre reposent sur une base 
bien fragile, car ils supposent que le traducteur se croit 
tenu de rendre fidèlement un mot par un mot corres- 
pondant. Or ceci a lieu assez rarement chez les Arabes 
et même ailleurs. Un traducteur pouvait très bien intro- 
duire ncujib dans sa traduction sans avoir un mot abso- 
lument correspondant sous les yeux. 

Nous n'ajoutons pas la concordance de l'arabe avec les 
autres versions, parce que l'ordre est à peu près le même 
que dans le syriaque et que les maximes et allégories sont 
moins nombreuses. La table donnée ci-dessus pour le sy- 
riaque suffit donc pour la version arabe. 

y. La. version éthiopienne. 

On n'a pas trouvé de version éthiopienne de Vllistoire 
d'Ahikar, mais de nombreux manuscrits renferment une 
collection d'apophthcgmes, le Lii'ie des nasses philusophcs^ 
parmi lesquels se trouvent quinze maximes de « Haikar ». 

L'ouvrage a été étudié par M. C. IL Cornill, Das Uuch 



90 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

der weisen Philosophen nacli dem JEthlopischen untersuclit 
und ziir Erlangung des Doctorgrades bei der phil. Fac. zu 
Leipzig eingereicht, Leipzig, 1875, in-8, 58 pages. Dill- 
raann en donne un court extrait dans sa Chrestomathie, 
p. 40-45 ; il provient de Tarabe, comme nous l'apprend le 
traducteur : u Ce livre a été traduit de l'arabe en langue 
gheez par Mikaël, fils de l'évêque Abba Mikaël, avec le 
secours du Saint-Esprit. » Cette collection arabe-éthio- 
pienne comprend des maximes de Socrate, Diogène, Platon, 
A ristote, Pythagore, Galien, Hippocrate, Alexandre, Démo- 
crite, Ptolémée, Héraclius, Thémistius, Simonide, Hermès, 
Buzurgimihr, Arestûlà, Soles, Kersis, Kasri, Cicéron, 
Sextus, saint Grégoire, saint Basile, David, Salomon, 
Haikar. M. Cornill croit qu'elle a été compilée par un moine. 
Elle montre du moins que les maximes de Heykar ont eu 
cours chez les Arabes indépendamment de son histoire. 
M. Cornill traduit les quinze maximes d'Ahikar (p. 19-21), 
et donne la version éthiopienne d'après deux manuscrits 
(l'un de Francfort et l'autre de Tubingue)^, avec le texte 
carchouni du manuscrit de Gotha (p. 40-44). 

M. Moritz Steinschneider - a rattaché la version éthio- 
pienne du Livre des sages philosophes à une compilation 
arabe faite par le médecin chrétien Abou Zaïd Honein ibn 
Ishaq :il-Ibadi 2, dont il reste au moins une traduction espa- 
gnole, complétée par Abul-wafa ibn Fatik et traduite sous 
cette dernière forme en espagnol, en latin et en français. 
Voici la filiation proposée par M. Moritz Steinschneider: 

1. Autres manuscrits du Mashafa Falasfâ Tahibân (Livre des 
sages philosophes) à Paris, coll. d'Abbndie, n. '26, 75, SI, 122, et à 
Vienne, n. XVI et XIX. 

2. Die Hebraeischen Uehersetzungen des Mitlelalters, Berlin, 1893. 

3. Cette collection fut sans doute traduite directement sur le grec, 
en majetire partie du moins, car Honein (mort en 873) est surtout cé- 
lèbre par SCS traductions de livres grecs en syriaque et en arabe. Cf. 
R. Duval, La littérature syriaque, 3e éd., Paris, 1907, p. 386. 



LA VERSION ÉTHIOPIENNE 91 

Honein ibn Ishak (f 873) a compilé un recueil de senten- 
ces et d'anecdotes. Il y a en effet à l'Escurial deux manus- 
crits intitulés -.El lihro de los buenos proçerbios q/ieclLceron 
los pinlosophos et sabios antigiios... e translado este libro 
Joanicio fijo de Isaac (Honein ibn Ishaq) de griego en 
AraviiTo etlransladamo lu nos de arafwo en latin. 

L'éthiopien a utilisé l'arabe de Honein ; il y a deux recen- 
sions de cet éthiopien, l'une étudiée par C. H. Cornill et 
l'autre conservée dans le ms, éth. de Paris, n. 159 (Catal. 
Zotenberg, p. 259). 

Abul-Wafa Mubaschir ibn Fatik, vers 1053, a complété 
le recueil précédent par des notices sur les auteurs. On 
trouve cette rédaction traduite dans de nombreux manus- 
crits latins. Renzi a édité cette traduction latine dans sa 
Collectio Salernitana, Naples, 1854, t. m, 69-150, d'après 
le mauvais manuscrit 6069 de Paris, où cette collection est 
attribuée à tort au fameux médecin Jean Procida. Elle a 
môme été traduite en français par Guil. de Tignonville ^. 

La version française, intitulée Les dictz nioraidx des 
Philosophes translatez de latin ^ en françoys par noble hom- 
me messire Guillaume de Tignonville chevalier, conseiller 
et chambellan du Roi, Paris, 1531 ^, ne renferme plus au- 
cune n)aximc d'Ahikar ^, mais contient par contre un long 

1. Écrit aussi Tignoville et Thignoville. Il vivait dans la seconde 
moitié du xive siècle et au commencement du xvc. 

2. D'après Gildemeister, cette traduction latine ani-ail été faite sur 
une ancienne version espagnole intitulée Bocados d'oro (paroles d'or) 
et éditée en dernier lieu par la société littéraire de Stuttgart (par 
Knunst, en 1880). Cf. Sleinsclineider, loc. cit. 

3. L'ouvrage a été imprimé d'abord à Bruges, sans date ; puis à 
Paris en 1486, 1531, 1560, etc. 

4. Elle contient des maximes d'Alexandre et des philosophes : Aris- 
totc, Assaron, Bath, Diogènc, Galien, Hermès, llippocrate, Logman, 
Magdarge, Omer, Oneze, Platon, Pythagore, Ptolémée, Sédéchias, 
Socrate, Thésillc, Hippocrate, Zabion, Zalon, Zaqualquin. Presque 
tous ces noms figurent dans le recueil étudié par M. Cornill. 



92 



HISTOIRE ET SAGESSE D AIIIKAU L ASSYRIEN 



chapitre intitulé : Ci-après s^ensuys'ent les diclz rnoraulx 
de Logman philosophe , différents de ceux d'Ahikar conte- 
nus dans l'autre recueil. Il nous faut donc admettre, si nous 
acceptons la filiation proposée par M. Steinschneider, que 
si Honein a inséré des maximes d'Ahikar (sans doute d'a- 
près la version syriaque) dans sa compilation, celles-ci ont 
été remplacées dans la rédaction d'Abul-Wata par des ma- 
ximes différentes attribuées à Loqman (cf. supra, ch. III, 
VI, 3°). 

Voici la concordance des maximes conservées dans la 
version éthiopienne. 



1* 


1 


(1) 


1 


fui 


1 


1" 


2 


(2) 


2 


.,. 


2 


2 


18 


(38) 


35= 


26^ 




3 


73» 


(55) 


54" 


57 


73 


4 


11 


(8") 


11" 


45" 


6" 


5 


12 


(9) 


12 


4 


j^ 


6 


19 


(13) 


16 


9 




7 


22 


(14) 


17 


10' 


10 


8 


31 




22 






9 


29 


(21) 


21 


12 


17 


10 


32 


(22) 


23 


14 


18, 19 


11 


33 


(23) 


24 


14 




12 


64 


(49") 


7,47 


50 


63 


13 


71 


(53) 


45 




72 


14 


80 


(62) 


59 


83 


82 


15 


87 


(67) 


60 


38 


42,43 



Grec 11. 



VI. La version arménienne. 

Cette version a été éditée et traduite par M. F. Cony- 
beare d'après huit manuscrits d'Edjmlatzin, d'Oxford, de 
Paris et de Venise (éd. de Cambridge, p. xxiv-xxvi, 24- 
55, 125-162). C'est la seule qui ait un apparat critique 



LA VERSION ARMÉNIENNE 93 

suffisant cl qui n'exige pas une nouvelle édition *. M. V'cllcr 
en a donné une traduction allemande et a voulu étaldir 
qu'elle provient d'une version arabe, caries noms propres 
ont la forme arabe : Khikar, Abousmaq.De plus, l'arménien 
appelle Abousmaq le « nayip » du roi, qui n'est autre 
que l'arabe « nayib », le « gouverneur ». Cette traduciion 
n'aurait donc été faite qu'au moment où l'on introduisait 
l'arabe dans l'arménien, c'est-à-dire après le x*' siècle 2. En 
fait, les manuscrits arméniens utilisés sont assez récents 
(du xv^ au XIX* siècle), cependant M. J. Daschian a relevé 
dans l'ancienne littérature arménienne (v'^-vii'^ siècle) un 
certain nombre de passages parallèles à Aliikar. Ces pas- 
sages, d'après M. Vetter, proviendraient non d'Aliikar mais 
de sources parallèles. Il n'est pas impossible pourtant 
qu'il y ait eu plusieurs versions arméniennes. Du moins, la 
version actuelle peut n'être qu'un remaniement, fait sous 
une influence arabe, d'une version plus ancienne. Cette 
hypothèse permettrait de regarder les formes arabes comme 
des corrections ou des interpolations et d'admettre la pos- 
sibilité d'une ancienne version arménienne faite sur le 
syriaque ^. 

1. Celte version abrège «l'histoire». Après avoir mentionné, comme 
le manuscrit syriaque B, le recours d'Aliikar aux idoles, elle omet, 
par une sorte d'homoiotéleutie, le recours au vrai Dieu. Plus loin 
(c. V à VIII), elle omet les lettres prétendues d'Ahikar au.v rois 
d'Egypte et de Perse (un seul manuscrit arménien contient la lettre au 
roi d'Egypte; il omet d'ailleurs, comme tous les autres manuscrits ai* 
méniens, la lettre au roi de Perse). Ses particularités, par rapport au 
syriaque B, sont donc plutôt des fautes que des qualités. 

2. C'est aussi l'avis de M, F. C. Conybeare (éd. de Cambridge, 
p. lxx.m). Le plus ancien manuscrit est à peu près de l'an 1500. Ce- 
pendant les différences des manuscrits montrent que la version est 
plus ancienne, ses caractères linguistiques la reporteraient au xn** 
ou au xme siècle. 

\\. Dans la première partie de son étude (1904, p. 330) M. Veltcr 
admettait d'ailleurs que l'arménien venait du syriaque ; de i^lus un 



94 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR l'aSSYUIEX 

Un bon nombre des maximes arméniennes ne figurent ni 
dans le syriaque actuel, ni dans Tarabe. Nous les tradui- 
rons plus loin (appendice II, n. 158-209). Nous ajoutons 
donc ici la table de concordance de la version arménienne 
avec les autres versions pour fixer l'ordre relatif des maxi- 
mes et l'endroit où Ton trouvera leur équivalent ou leur 
traduction ^. 



ARM. 


STR. '^ 


AR. 


SL. 


KTH. 


1» 


(2) 2 


2 


2 


1" 


1" 


(4) 4 


6 


S'' 




1 = 


(3) 3 


3, 5 


3' 




2 


(5. 19, 72) 8, 27, 92 9 


4,15 




3 


(7) 10 


10 






4 


(9) 12 


12 


/' 


5 


5 


(11) 15 




7- 




6 


(12) 16, 18 


14 






7 


(10) 13,14 


13 






8 


11(?) 




8 




9 


(13) 19 


16 




6 


10^ 


(14) 22 


17 


10 


7 


10" 


(15) 23 


18 


12 




10° 






13> 




10" 


a 6) 24 


19^ 


1 S'- 




11 


(17) 25 


58 


il, 14 


Cf. 61, 97. 


12 


(21) 29 


21 


17 


9 


13 


(18) 26 


8 







manuscrit arménien (Oxford, canon, oriental 13Ï) se rapproche du 
syriaque plus que les autres et nous oblige de choisir entre l'hypo- 
thèse d'une version faite sur l'arabe et influencée ensuite par le 
syriaque et celle d'une version faite sur le syriaque et influencée 
ensuite par l'arabe. Nous préférons la seconde. 

1. Par exemple 16 = 158 signifle que la seizième maxime armé- 
nienne a été traduite par nous sous le n. 158 (cf. app. II). 

2. Nous mettons encore entre parenthèses les numéros de l'édi- 
tion de Cambridge et donnons ensuite les numéros de la présente 
édition (m, xxxiii et app.). Les numéros des autres colonnes se rap- 
portent à l'édition de Cambridge (et à la numérotation de M. P. 
Vetler). 



LA VERSION AUMÉNIENNE 95 



ARM. 


SÏR, 




AR. 


SL. 


ET H. 






14 


(22, 23) 


32, 


33 


23,24 


18, 19 


10, 11 


1 




15 


(42, 44) 


53, 


55 


41 






Cl". 


66. 


16 = 158 










21 




Cf. 


grec 13. 


17 


(25) 36 








23 








18 


(26) 37 






26 




25, 25 


Cf. 


78. 


19 


(27) 38 






27 




27 






20, 21 


(28) 39 






28,29 










22» 


(29) 40" 






31" 


29 








22'' 


(30) 40" 
















23 


(31) 42" 






31" 


31 




Cf. 


SI. 30. 


24 = 159 








34(?) 


33 








25 


(50") 67 






48" 


34 




Cf. 


27 


26 


(75) 95 








35 








27= 160 














Cf. 


26. 


28 


(61) 79" 






38, 55 


37 








29 = 161 


















30 = 162 










38(?) 








31 =163 










39 








32 = 164 










40 








33 = 165 


















34 = 166 


















35 = 167 


















36= 168 








57 


41 








37 = 169 


















38 


(67) 87 






60 


42,43, 
119 


15 






39 


(6) 9 
















40= 170 


















41 


(33) 43 








45 








42 


(34) 44 






33 










43 


(36) 






30 










44« 


(37, 56) 


4:7, 


74-75 




46 








44" 










80 








45^ 


(80 11" 






11" 


6» 








45" 


(8") 11" 






11" 


6" 


4 






46 = 171 


















47 


(39) 49 






35" 










48 = 172 


















49 = 173 


















50 


(49") 65 






7. 47 


63 


12 







96 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



51 


(48) 62 


44 


59 


52 


(51) 68, 69 


49 


65 


53 = 174 




50 




54 = 175 


44 (?) 




67 (?; 


55 = 170 




4, 54" 


22, 67, 72 


56 


72 




54 


57 


(55) 73", 85, 86 


54" 


73 


58 = 177 






74 


59 = 178 


53 (?) 




75 


GO = 179 


(59) 78 




77 


61 = 180 


25 






62 = 181 








63 = 182 








64 


[40 (?)] 50 


36 


49 


65 


(41) 51 


37 


50 


66 = 183 








67 


(43) 54 




52,91 


68 


(44) 55 




112 


69* = 184 




40 


54' 


69" 


(45) 57 




54" 


69= 


(46) 58 




55 


70 = 185 


61 






71 = 186 






56 


72 = 187 








73" = 188' 






58 


73" = 188" 






61 


73= = 188= 


{'y h 64 


46 


62 


74 = 189 






68 


75 = 190 






69 


76 - 191 








77 = 192 




56 


123 


78 = 193 








79 =- 194 






76 


80" = 195" 


(64) 82 


20 


84 


80" = 195" 


(61) 79" 




80 


81" 


(65) 83 


62 




81" 


(66) 84 




86 


«2 


(68) 88 


63 




83 


(62) 80 


59 


82 


«4 


(74) 94 







Cf. 11,97. 



Cf. 15. 



Cf. grec 9. 



Cf. 18. 



14 



LA VERSIOX AliMKMENNE 97 

ARM. SYK. AU. SI.. KTII. 

85 (35) 45 92 

86 i_[ -186 
à 90 ^~/à 200 

91 (56) 7i-75 

92 /_^ 201 

à 96 ^~/à 205 

9" = 206 Cf. 11, 61. 

98 i_[ 207 
à 100\~)à 209 

COMPARAISONS ARMÉMKNXES 



Cf. 3, 5. 
Cf. 2, 5. 
Cf. 2, 3. 
Cf. 26» 



1 


96 (1) 


1 




2 


97^ 131-132 


1,3' 


1, 12 




(2% 30-32) 


25-28 


13 


•> 
i 


133 (33) 


29 




5 








6 


117 (19) 






; 


138 (37) 






8 


98 (3) 


4 




9 


99 (4) 


5 


2 


-10 


100 (5) 


7 


3 


-11 


110 (14) 


14 




12' 


126 (24) 


22 




-12" 


102» (7") 


8, 10 




12' 


102" (7") 


9 




13 


127 (25) 






li" 


118 (20*) 


19 




14" 


120 (20=) 


21 




14' 


119 (20") 


20 




15 


106 (10) 


12 


6 


16 


137' (36») 


33 


15 


17 


105 (9) 




5 


18 


101 (6) 


6 


4 


19 


113 (17) 


16 




20 


128 (26) 


23 


10 


21 


129' (27) 


24 




•)•> 


134 (3'i) 


14 





98 



HISTOinE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



AR. SL. 



23 


137* 


(36-) 


34 


16 


24 




(18) 


17 




25 


135 


(35) 


31 


9 



Les deux derniers paragraphes arméniens (26-27) sont traduits 
aux variantes sous le r. I'i2. 

VII. La version slave. 

La traduction allemande de cette version [Der weise Akij- 
rios) publiée par V. lagic dans la Byzantinische Zeit- 
schriff, t. I (1892), p. 107-126, a été traduite en anglais 
dans l'édition de Cambridge (p. xxvi et 1-23). 

M. V. lagic écrit que la diffusion de l'histoire d'Aliikar 
dans les littératures slave, serbe, roumaine, fait conclure à 
un original grec. Il n'en apporte d'ailleurs aucune preuve 
directe. La (orme grecque Akyrios n'est pas un argument 
en faveur de l'origine grecque du slave, car elle semble due 
à M. lagic, puisqu'il nous avertit que tous les manuscrits 
slaves portent Akir (le serbe seul porte Akijrie d'où le tra- 
ducteur a fait Akyrios). Or Akii- peut dériver directement 
d'Ahikar avec suppression de l'aspiration h '^. De plus, 
lorsque le syriaque porte par quatre fois : « la plaine des 
Ailles (Nesrin) » (cli. v, vi, viii), le slave porte autant de 
fois (p. 12, lig. 26; p. 13, lig. 1, 20, 22) : « la plaine d'E- 
gypte, y> ce qui n'offre aucun sens puisqu'il s'agit d'une 
plaine de Babylonie. Nous pensons donc que le traducteur 
slave a lu mesrin (Egypte) au lieu de nesrin (aigles), ce 
qui supposerait encore un original sémite. De même la 
forme slave « Nalon « du nom du roi de Perse ne nous 

raît pouvoir s'expliquer que par une mauvaise lecture du 
syriaque 'Elam (noun pour aïn). Cf. supra, p. 13, note 2. 

La version slave a donc toute chance de provenir aussi 

1. Ou même du Hikar arabe. 



LA VERSION SLAVE 99 

du syriaque. Si elle provient d'un texte grec non retrouvé, 
celui-ci du moins se rattache au syriaque, comme le grec 
du Syntipas et une partie de la biographie d'Ésope "*. 

Comme le slave renferme lui aussi un bon nombre de 
maximes qui lui sont propres et que nous traduisons plus 
loin (iipp. ni, n. 210-261). nous ajoutons encore la table de 
concordance des maximes de la version slave avec celles 
des autres versions et les renvois aux numéros de l'appen- 
dice où nous traduisons celles qui ne se trouvent pas dans 
les précédentes versions. 



1 


(1) 1 


2 


(2) 2 ■ 


3» 


(3) 3 


3» 


(4) 4 


4 


(5) 8 


5 = 210 




6^ 


(8') 11=' 


(? 


(8^) 11" 


7" 


(9) 12 


■-h 


(11) 15 


8 


11 (?) 


9 


[13 (?)] 19 


.0 


(14) 22 


[1 


(17) 25 


[2 


(15) 23 



13» 

13" (16) 24 

1'' Cf. 11. 



1 




1 




2 


1* 


1" 




3, 5 


1= 






6 


1" 






9 


2 




Cf. 15, 72 


11^ 
11" 


45» 
45" 


4 


Cf. 47. 


12 


4 
5 
8 


5 




16 


10» 


6 




17 


10» 


7 




58 


11, 97 




Cf. 14. 


18 


10" 
10= 






19' 


10' 







15 

16 = 211 

17 (21) 29 21 12 



Cf. 



1. M. lagic nous apprend encore que dans une recension roumaine 
(Gasler, Chrestomathie roumaine, l. ir, p. 133) le roi se nomme Siua- 
grid et le vizir Arkiri (cf. infra, ix, une autre reccnsion roumaine). 
De plus, des sentences tirées de Al.iikar avaient été publiées par 
le professeur Suchomlinov dans lo tome iv des Isveslija académi- 
ques, Saiut-Pétersbourg, 1855, p. 151-153. 



100 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 



I 



SL. 


SYR. 




AR. 


ARM. KTH. 




18,19 


(22, 23) 32, 


33 


23, 24 


14 10, 11 




20 = 212 












21 








16 




22 






4, 54* 


55 


Cf. 67, 72. 


23 


(25) 36 






17 




24, 25 


(25) 37 




26 


18,78 




26 = 213 












27 


(27) 38 




27 


19 




28 = 214 












29 


(29) 40» 




31* 


22' 




30 


[30 (?)] 40" 






22" 




31 


(31) 42» 




31" 


23 


Cf. 30. 


32 






32 






33 






34 (?) 


24 




34 


(50") 67 




48" 


25 




35 


(75) 95 






26,27 




36 = 215 












37 


(65) 83 




38,55 


28 




38 








30(?) 




39 








31 




40 








32 




41 






57 


36 




42 


(67) 87 




60 


38 15 


Cf. 43. 119. 


43 










Cf. 42. 


44 = 216 












45 








41 




46 


(37, 56) 47, 


, 74, 75 




44» 




47 


(8>) 11» 




11' 


45' 


Cf. 6 


48 = 217 












49 


('iO) 50 




36 


64(?) 




50 


(41) 51 




37 


65 




51 


(i2, 47) 53, 


. 59 


39 


15,66 




52 


('i3) 54 






67 


Cf. 9i. 


53 = 218 












54» 


72 




40 


69» 




54' 


(45) 57 






69" 




55 


(46) 58 






69= 




56 








71 




57 = 219 
58 













LA VERSION SLAVE 101 



SL. 




SYR. 


AK. 


ARM. 


ET H. 




59 


(48) 


62 




44 


51 






60 = 220 










73" 






61 
















62 


(49") 


64 




46 


73= 






63 


(49') 


65 




7,47 


50 


12 




64 


(50') 


66 




48» 








65 


(51) 


68, 


69 


49 


52 






66 = 221 














Cf. 22, 72. 


67 


44 ( 


?) 






54(?) 






68 










74(?) 




Cf. grec 9. 


69 










75 






70 = 222 
















71 = 223 
















72 


(53) 


63, 


71 


45 




13 


Cf. 22, 72 


73 


(55) 


73% 


85, 86 


54" 


57 


3 




74 










58 






75 


53 


(?) 






59 






76 










79 






77 


(59) 


78 






60 






78 = 224 
















79 


(60) 


79' 




58^ 








80 = 195" 


(61) 


79' 






80" 






81 = 225 
















82 


(62) 


80 




59 


83 


14 




83 = 226 
















84 


(64) 


82 




20 


80» 






85 = 227 
















86 


(66) 


84 






81" 






87 )_\ 228 
















à 90 \~iii 231 
















91 














Cf. 52. 


92 


(35) 


45 






85 






93 /_j 232 
















à 95 \ /à 234 
















96 


(73) 


93 




61- 








97 ) t 235 
















àllli~jà 249 
















112 = 250 


(4'0 


55 






68 






113 ) \ 251 
















à 118\~)à 256 

















102 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 



SL. SYR. AR. ARM. ETH. 

119 = 257 Cf. 42, 43. 

120 )( 258 
à 122i""ià 260 

123 56 77 

124 = 261 Cf. 1. 



COMPARAISONS SLAVES 



1 97431-132 (2»30-32) 1,3', 2,3,5 Cf. 12, 13. 

25-28 

2 99 (4) 5 9 

3 100 (5) 7 iO 

4 101 (6) 6 18 

5 ' 105 (9) 17 

6 106 (10) 12 15 
7 

8 109 (13) 

9 135 (35) 31 25 

10 128 (26) 23 20 

11 130 (29) 
12 
13 

14 134 (34) 22 

15 137» (36*) 33 16 

16 137" (36") 34 23 
17 

18 139 (38) 35 

19 140 (39) 36 

La fin du slave (20) est traduite aux variantes sous le n. 140. 



Cf. 1. 
Cf. 1. 



VIII. La version grecque. 

Une partie de l'histoire d'Ahikar et quelques-unes de ses 
maximes sont résumées en grec dans la vie « d'Esope le 
fabuliste ». 

Il en existe au moins deux recensions. La plus connue 



LA VERSION GRECQUE 



103 



est celle qui figure dans la rédaction de la vie d'Ésope 
composée par Maxime Planude, éditée déjà au xv'' siècle, 
sans date ni indication de lieu, par Bonus Acciirsus 
Pisanus, rééditée souvent, et récemment encore par 
A. Eberhard, Fabula; Romanenses grxce conscriptve (éd. 
Teubner, Leipzig, 1872), souvent traduite, en particulier 
par La Fontaine. 

Maxime (ou Manuel) Planude, moine de Constantinople, 
né à Nicomédie vers 1260 et mort vers 1310, était un grand 
traducteur ^ et un collectionneur de bons mots et d'épi- 
grammes -. 

Il semble être certainement l'auteur de la recension qui 
porte son nom, car elle lui est attribuée par les manuscrits, 
et elle n'a pas encore été signalée dans des manuscrits 
antérieurs au xv'' siècle. Le manuscrit de Paris, suppl. grec 
6'JO, du xu'' siècle, renferme une vie d'Esope, mais elle est 
l'œuvre d'Aphtonius, auteur du iii'^ siècle ^, et ne renferme 
point le passage emprunté à Aliikar. Le manuscrit grec de 
Paris, «. 2894, du x m" siècle, contient bien un folio delà vie 
de Planude, mais ce folio relié en tête n'appartient pas à ce 
manuscrit et semble aussi lui être postérieur de deux 
siècles. 

On peut seulement se demander si Planude a utilisé di- 
rectement des sources orientales ou s'il s'est borné à rema- 
nier une vie d'Esope déjà compilée en grec. 

La seconde recension grecque de la vie d'Esope, plus 
développée que celle de Planude, vient donner une assez 

1. Il traduisit du latin en grec les sentences de Cafon [De moribus 
ad filiuiii, cf. Phsedri fabulse, Strasbourg, 1810, p. cvi, 197-216), 
les métamorphoses d'Ovide, quelques écrits de Boèce etc. Cf. 
K. Kruiiibaclier, dans Byzanlinische Litleratur, 2* éd., Munich, 
1897, p. 5'i3-546, 99-100. 

2. Anlhologia Plnnudea. Cf. K. Krumbacher, loc. cit.^ p. 727-728. 

3. Celte vie a été rééditée aussi par A. Eberhard, loc. cit., p. 306- 
308. 



104 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



grande probahilité h la seconde hypothèse. Cette seconde 
rédaction a déjà été traduite en latin par Rynucius "* Thet- 
talus, au XV'' siècle ^, et a été éditée par Ant. Westermann, 
Vita JEsopi e.v Vratislaviensi et partim Monacensiet Vindo- 
bonensi codicibus, Brunswig et Londres, 1845. Nous la 
désignerons par la lettre W. 

Souvent Platuide et W se correspondent phrase par 
phrase avec des mots différents, comme le font deux traduc- 
tions différentes d'un même texte, d'autres fois Planude 
abrège et remplace le discours direct par le discours indi- 
rect. 

Par exemple où II' porte : « Le roi dit à Esope : Prends 
cette lettre du roi d'Egypte et lis-la, » Planude écrit : « Le 
ro'x donna à lite à Esope la lettre du roi d'Egypte. » 

De même, W : « J'ai fait venir des chevaux de Grèce 
pour les accoupler avec les chevaux d'ici, mais lorsque 
les cavales entendent hennir les chevaux de Babylone, elles 
-avortent. » 

Planude : « J'ai ici des cavales qui conçoivent dès qu'elles 
entendent hennir les chevaux de Babylone. » 

W : « Tu as mal agi, Esope, car (le chat) est l'idole de 
la déesse de Bybastc, que les Égyptiens vénèrent surtout. » 



1. Ou lliiiuciiis (d'où Rimicius), ou Rinuccio d'Arezzo. 

2. Vita .Usopi fabulatoris clarissimi^ e ^rseco latina per Rynucium 
fada, ad Reverendissiinuin Patrem Dominum Aiitoniuin tituli sancti 
Chrysogoni Presbyterum Cardinalem ; et primo prohœmiam. — \J édi- 
tion de cette version latine (xv^ siècle) est donc antérieure aux plus 
•anciens manuscrits des versions slave et arménienne d'Ahikar. — 
Rynucius ne prend pas parti pour ou contre les incidents fabuleux de 
l'histoire d'Esope. Il prend le lecteur pour juge : In hac vita {.-E- 
sopi) duo tempora prœcipue notanda sunt. Primuni tempus est : que 
servitutevi servivit ; alterum vero est : quo se in libertatem vindicavit. 
In utraque quxdam scrihuntur qux fahularum habent effigiem. 
Verum enini sive sint ficta s/t'C vera : hoc ego legentium arbitrio 
relinquo. 



hA VEnSION GRECQUE 105 

Planude : « Ne sais-tu pas, Ésope, que le chat est vénéré 
chez nous comme un dieu ? » 

W : « Nectanébo lui envoya par lettre les questions sui- 
vantes : Nectanébo, roi des Egyptiens, à Lycurguc roi des 
Babyloniens, salut 1 — Comme je veux bâtir une tour qui 
ne touche ni la terre ni le ciel, envoie-moi ceux qui bâti- 
ront la tour et celui qui répondra à tout ce que je deman- 
derai, et tu recevras, de tout l'empire (|ui dépend de moi, 
les tributs de dix ans. INIais, si tu recules, envoie-moi les 
tributs de dix ans de toute la terre qui dépend de toi. » 

Planude : « Nectanébo envoya aussitôt une lettre à Ly- 
céros, lui demandant de lui adresser des architectes pour 
lui bâtir une tour qui ne loucherait ni le ciel ni la terre, et 
quelqu'un pour répondre à ce qu'il lui demanderait ; s'il le 
faisait, il percevrait des tributs, sinon il les paierait. » 

De même les trente-cinq maximes de II' sont réduites à 
quinze chez Planude. 

Les deux écrits dépendent certainement l'un de l'autre, 
car, par exemple, toutes les maximes données par Planude 
figurent, dans le même ordre, chez IF. La question est donc 
de savoir si IF interpole ou si Planude abrège. La seconde 
hypothèse nous par;iît la plus vraisemblable. Nous crovons 
donc que Planude n'a pas composé la vie d'Esope publiée 
sous son nom. Il a résumé un texte grec préexistant, peut- 
être ÏF^, qui nous restitue ainsi un état intermédiaire en- 
tre les versions orientales et Planude. 

Nous traduisons aux variantes la version de Planude 
(édition Eberhard), qui est la plus répandue, mais nous 



1. II a pu y avoir plusieurs rédactions grecques en plus des deux 
qui sont éditées. M. A. Westermann indique dans sa préface des 
litres de manuscrits grecs aujourd'hui perdus qui semblent corres- 
pondre à des rédactions ditférentes, et publie les maximes conservées 
dans un manuscrit de Vienne qui ne concordent entièrement ni 
avec celles qu'il édile plus loiu ni avec celles de Planude. 



106 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

ajoutons en note les maximes propres à W, d'après la tra- 
duction de Rynucius ^. 

11 resterait à montrer comment on a pu assez facilement 
assimiler Esope à Ahikar et attribuer au premier la bio- 
graphie du second ; nous tâcherons de le faire au chapitre : 
« Ahikar et les fabulistes. » 



IX. La version roumaine. 

Cette version a été popularisée et mise en relief par 
M. Gaster. Dans son histoire de la littérature roumaine 
populaire (Bucharest, 1883), il avait déjà consacré un cha- 
pitre (p. 104-114) aux versions roumaines de V Histoire d'A- 
hikar et noté leur ressemblance avec les versions slaves, le 
conte des Mille et une nuits et l'histoire d'Ésope ^. Dans le 
Journalofthe Royal Asiatic Society , 1900. p. 301-319, sous 
le litre de Contributions to the History of Ahikar and Na- 
dan, il traduit en anglais un manuscrit roumain ^. En voici 
le début : 

« Histoire d'Arkirie, le très sage, qui instruisit son neveu 
Nadan dans la sagesse et la science, pour qu'il eût prudence, 
philosophie et saine connaissance. 

« Dans les jours du roi San;igriptu, vivait dans le pays de 
Rodu (Daru), un homme nommé Arkirie. Ce grand sage 

1. Nous avons transcrit Rynucius sur l'édition déjà citée de « Bonus 
Accursus Pisanus », dédiée à Jean-François Torrès. Sur cette édition 
du grec et de la traduction laline, voir Fabrieius, Bibl. grœca, éd. 
Harles, t. i, p. 631 (cette édition aurait été donnée à Milan vers 1489) ; 
S. F. G. Hoffmann, Lexicon bibliographicum , Leipzig, 1832, t. i ; 
Brunet, Manuel du libraire. 

2. D'après M. lagic {supra., vu), M. Gaster aurait publié le texte 
de la version roumaine dans Chrestomathie roumaine, t. ii, p. 133. 

3. Ecrit en 1777, et signalé par lui sous le no 90 dans son histoire 
de la littérature roumaine [Grundriss der lîonianischen Philologie, éd. 
Groeber), t. ii, 3, p. 387. 



LA VERSION ROUMAINE 107 

Arkirie adopta un neveu, le fils de sa sœur, nommé Anadan 
(parce qu'il n'avait pas d'enfants). Il le nourrit avec du pain 
blanc, du miel et du bon vin et lui enseigna la philosophie ; 
et il lui dit. » 

Le roumain porte trente- six maximes, M. Gaster donne 
les concordances suivantes de douze de ces maximes avec 
le slave. 

2 (=25) ; 5 (=33) ; G (=41) ;8( = 97) ; 10 (= 119) ; 
il ( =: 119 ) ; 14 ( = 49) ; 15 ( =53 ) ; 16 ( = 61 ) ; 17 
(=68) ;21(= 74); 31 (=78). 

Nous traduirons toutes les autres, pour lesquelles M. Gas- 
ter n'indique pas de concordance, dans l'appendice IV, mai s 
nous verrons que presque toutes ont des maximes parallèles 
dans les antres versions et se rattachent donc bien à la 
même source. Après les maximes on lit : 

« Quand il l'eut instruit dans toute la philosophie, la sa- 
gesse et la science, Arkirie conduisit son neveu au roi Sa- 
nagriptu. En le présentant k la cour, Arkirie dit : « Hono- 
« rable roi, je vous présente mon neveu Anadan pour qu'il 
« serve Votre Majesté, car je deviens vieux et ne pourrai plus 
«la servir longtemps. » Et le roi Sanagriptu lui répondit : 
« .le le ferai très volontiers, Arkirie. » Et Arkirie dit au roi : 
« Votre gracieuse volonté pourrait-elle être de faire mon 
« neveu grand Logothète ? » Et il fut nojnmé à ce poste... » 

Il n'y a plus de noms de rois ni de noms géographiques ; 
on trouve une seule lettre, écrite parNadan : « Moi Anadan, 
au nom de l'illustre roi Sanagriptu, rassemble les troupes 
et viens en hâte.» Le roi est étonné, lorsqu'il apprend qu'A- 
hiikar rassemble des troupes. Anadan lui dit que son 
oncle se révolte. Il n'est pas question non plus do l'adoption 
du frère de Nadan. Le roi demande comment il doit punir 
Ahikar et c'est Nadan qui propose de lui faire couper la 
tête et de la faire porter à cent pieds de son corps ■*. L'cxé- 

1. Il en est de inèine dau3 le slave (p. 14). 



108 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEX 

cuteur n'est pas nommé, ni l'esclave immolé en place 
d'Ahikar. 

Arkiric vécut neuf ans caché. 

« Anadan demanda au roi la maison et les propriétés 
qui appartenaient à son oncle Arkirie, et le roi les lui don- 
na. Il alla à la maison de son oncle et il commença à frap- 
per les serviteurs et les esclaves, et il fit de grandes fêtes 
et des danses sur le tombeau de son oncle et beaucoup 
d'autres choses semblables. Arkirie entendait tout cela et 
en souffrait. » 

Pharaon écrit ensuite au roi d'Assyrie, mais le voyage en 
Egypte est très abrégé. La version roumaine mentionne 
seulement la construction du château dans les airs (xxx, 6- 
10 ) et la confection des câbles de sable (xxx, 22-27), puis 
Ahikar retourne en Assyrie et demande que Nadan lui soit 
livré : !« Il le frappe et Nadan lui demande de garder ses 
pourceaux. Arkirie répond par la parabole du loup auquel 
on voulait faire dire A, B, C, D (xxxiii, 137). 2» Il le frappe 
de nouveau et Nadan lui demande à être pâtre. Arkirie cite 
la parabole du loup qui suivait le troupeau et prétendait 
que la poussière était bonne à ses yeux (xxxiii, 137 ^ ). 3^ 11 
le frappe encore, Nadan dit : Je soiguerai tes chevaux. 
Arkirie lui cite la parabole de l'âne qui avait cassé sa lon- 
ge et qui était tombé sur le loup (xxxiii, 105 ), « et Arki- 
rie continua à le frapper jusqu'à ce qu'il mourût. » Sic exit. 

La version roumaine présente donc aussi le même fond 
que les versions orientales mais elle abrège davantage ^. 

1. Il en existe un grand nombre de manuscrits qui diffèrent les 
uns des autres, dit M. Gaster, mais qui sont tous modernes. Le 
même savant fait remarquer que les éditeurs contemporains pren- 
nent, vis-à-vis des maximes d'Ahikar, les mêmes libertés que les 
6cril)es qui transcrivaient les manuscrits. Il cite Negrutsi, qui publiait 
eu 1852 une collection de proverbes roumains et qui y incorporait 
mot à mot presque; toutes les maximes d Arkyrie, et Anton Paun qui 
introduisait arbitrairement par contre des proverbes populaires 



LA VERSION HÉunAÏQUE DR JOSEPH MARSEI. 109 

Sa ressemblance avec ces versions est assez, grande pour 
qu'elle puisse servir à démontrer que le texte d'où elle pro- 
cède (slave ou grec 1 ) provient directement d'une version 
orientale. 

X. La version hébraïque de Joseph Massel '-. 

Cette version a été faite sur la traduction anglaise de 
E. J. Dillon basée sur les manuscrits syriaques L et C 
(Londres et Cambridge). L'ordre des sentences est celui 
de L. La version arabe a aussi été mise à contribution (cf. 
supra, p. 19, n. 7). D'après MM. E. J, Dillon et Joseph 
Massel, l'original des versionsd'Ahikar est un écrit hébreu ; 
c'est la thèse de M. Vetter, mais il se trouve que les hé- 
braïsmes signalés par M. Vetter dans la version syriaque, 
comme preuve de sa filiation néo-hébraïque, ne se retrou- 
vent pas dans la traduction hébraïque de M. J. Massel 
(cf. infra chap. V, m). On peut donc en conclure qne ces 
hébraïsmes ne s'imposent pas. C'est le principal résultat 
que l'on tirera de la lecture de ce petit livre ; on trouvera 
en notes des renvois à un certain nombre de passao-es du 
Talmud. 



rouiiuiins dans sa seconde édition d'Arkyrie (sa première édition 
est de 1842). 

1. Il ne s'agit ici ni du slave traduit par M.Iagic, ni du grec inséré 
dans la vie d'Ésope, car le roumain ne provient directement ui de 
l'un ni de l'autre. 

2. Kivjath sepher (collection de textes hébreux anciens et nouveaux 
publiés par N. S. Libovvitz), n. 1 : The siory of Ahihar, translatcd 
into Ilebrew by Joseph Massel, wilh introductions and notes by 
lector M. Fridmann and explanatory notes by N. S. Libowilz, New- 
York, 1904, 44 pages. 



110 insTOinE ET SAGESSE d'aiiikar l'assyriex 

CHAPITRE V 

Le texte original de VHistoire d'Ahikar. 

I. Langue du premier écrit. 

Ce premier écrit, auquel Clément d'Alexandrie et Stra- 
bon font sans doute allusion, qui a été utilisé lors de la 
rédaction orecque du livre de Tobie, qui aurait été mis à 
contribution par Déniocrite (né vers 460 ou 496 avant 
noire ère) ^ et peut être par Ménandre ( 342-290 avant 
notre ère ) ^ , sans doute par l'intermédiaire de Démocrite, 
aurait donc été composé en Assyrie antérieurement au v® 
siècle avant notre ère ■^ . La langue originale ne pouvait 
être que l'araméen. M. Renan l'a écrit avec raison '^ : 

« On ne peut douter que 1 immense majorité de la popu- 
lation de l'Assyrie ne parlât habitullement Taraméen, Cette 
langue, en effet, représente partout la conquête assyrienne. 
L'araméen était employé par les hauts fonctionnaires de 
la cour d'Assyrie envoyés par Sanhérib pour parlementer 
avec Ézéchias ^... Lorsque la domination des Perses eut 
remplacé celle des Assyriens, l'araméen garda toute son 
importance. » 

Comme spécimen de cette langue (peut-être un peu hé- 
braïsée) on peut citer les fragments iv, 8-vi, 18, et vu, 12- 
VII, 26, du livre d'Esdras, presque contemporain d'Ahikar. 

1. Fabricius, Bibl, grœca, éd. Harles, Ilamboui-g, 1790, t. ii, 
p. 628-629. 

2. Fabricius, ibid., p. 455. 

3. Puisque Démocrite vivait au ve siècle. 

4. iJisloire générale et système comparé des langues sémitiques, 
Paris, 1863, p. 215-216. 

5. II Rois, xviii, 26 ; Isaïe, xxxvi, 11. 



CONTENU DU PREMIER ÉCRIT 111 

Une rédaction de l'écrit araméen original a pu être tra- 
duite directement en syriaque au commencement de notre 
ère, c'est-à-dire six à sept cents ans après la composition 
du premier écrit. 

II. Contenu du premier écrit. 

Il a pu comprendre à la fois : io V Histoire (VAhikar qui en 
est la partie la plus frappante et dont l'existence est attes- 
tée par le livre de Tobie, et 2^ les proverbes ou la Sas^csse, 
composés sur le modèle des Proverbes de Salomon et dont 
l'existence, antérieure à Démocrite, est attestée par Clé- 
ment d'Alexandrie. 

Ainsi Ahikar, qui a pris modèle sur les Proverbes, a été 
imité par Jésus, fils de Sirach, dans l'Ecclésiastique, et les 
ressemblances textuelles des deux livres proviennent, non 
pas, comme l'a écrit M. Vetter, de ce qu'un auteur juif, ré- 
dacteur d'Aliikar, a utilisé le texte hébreu de l'Ecclésias- 
tique, mais de ce que Jésus, fils de Sirach, qui rédigeait 
l'Ecclésiastique, connaissait par ailleurs les maximes d'A- 
hikar. Il les connaissait sans doute d'après le texte araméen 
original, bien qu'une version hébraïque, non rencontrée 
jusqu'ici, ait pu en être laite. 

Les maximes et les comparaisons du premier écrit, por- 
tées par Démocrite à la connaissnnce des Grecs, ont servi 
aussi de modèle aux moralistes et aux fabulistes grecs i. 

o 

1. Ou ne peut faire que des hypothèses sur la furme du premier 
écrit. M. Rendel Harris (p. lxxxiv-lxxxvi) suppose que les maximes 
étaient en vers et même rangées par ordre alphabétique, comme les 
sentences en un vers de Ménandre ; cette hypothèse plaît beaucoup 
aussi à M. Vetter. Il est certain que l'auteur d'Ahikar, qui avait les 
ProTerbes pour modèle, pouvait songer à écrire en vers, mais il est 
possible aussi que le premier recueil ait été en prose, comme Jes 
premiers recueils des fables d'Esope, et que Jésus fils de Sirach l'ait 
mis en vers, de même que Socrate dans sa prison et plus tard Ba- 
brius ont mis en vers les fables d'Ésope. 



112 HISTOIRE ET SAGESSE DAHIKAIl l'aSSYRIEN 

III. Les prétendus néo-hébraïsmes 
de la version syriaque. 

jNI. Vettcr, pour démontrer ([ue la version syrinque pro- 
vient d'un écrit néo-hébreu ^ , rédigé de 100 avant Jésus- 
Christ à 100 ou 200 après Jésus-Christ, a dû y chercher 
des traces de cet écrit -. 

lo XXXIII, 110. Un homme sèmedix mesures de blé et ne 
récolte que dix mesures, il se lâche contre ce champ. — Le 
ms. C, pour le mot blé, porte se'ortti. M. Yetter suppose que 
cela provient d'un texte hébreu qui portait se'oi-d, lequel 
mot signifie à la fois blé (se'orâ ) et tempête (se 'ara), d'où 
le jeu de mot hébreu : « J'ai semé du blé et la tempête est 
venue, » ou encore : « Aussitôt semé aussitôt enlevé. » Des 
reconstructions de ce genre seraient h peine permises s'il 
était certain que le syriaque provient d'un texte hébreu, 
elles ne peuvent donc pas conduire à la découverte de ce 
texte. De plus, le ms. B porte ici hélé et non se'orlâ. 11 ne 
se prête donc plus au jeu de mots supposé. Ce jeu de mots 
n'a pas d'ailleurs été soupçonné par le traducteur hébreu 
Joseph Massel '^. 

2° xxxiii, 106. Un piège à oiseau se trouvait (.s'a/<^/ ) sur 
unfumier... Il dit : Je prie (/;ze.sa/rt)Dieu, — Dans la langue 
du Targum, dit M. Vetter, le péal de ^ald est la propre ex- 

1. Ou conipj-end peu qu'un rédacteur juif ait fait dire à IS'adan 
(xxxin, 134'') : o Je paîtrai... tes porcs. » 

2. Ij' Histoire d'Ahikar^ rédigée en araméen, par un auteur qui con- 
naissait l'Ancien Testament, devait évidemment contenir des liébraïs- 
mes. Nous tenons seulement qu'on ne peut lui attribuer aucun néo- 
hébraïsnie qui nous contraigne h placer sa composition à une basse 
époque. D'ailleurs l'évolution de la langue hébraïque est mal connue 
faute de points de comparaison. — M. Gaster estime aussi qu'il est 
prématuré de rechercher un texte hébreu original. Journal of the 
Boyal Asiatic Society\ 1900, p. 315. 

3. The story of Ahikar, New-York, 190i, p. 36. 



LES NÉO-HÉaRAÏSMES DE LA VEliSION SYRIAQUE 113 

pression pour la place du piège et au pacl la même racine 
signifie prier, J. Lévy, Chald. Wôrterbuch iiber die Tar- 
gumini^ t. II (1868), p. 324, 325. Cela prouverait tout au 
plus qu'on trouve la même chose dans la langue du Tar- 
gum et en syriaque, où selci comporte aussi ces deux sens, 
rnnis il y a plus, le ms. B, qui ressemble ici à l'arabe et à 
l'arménien plus que le ms. C, porte : «Un piège à oiseau 
était caché {jyielteniar) sur un fumier. » Il ne permet donc 
pas d'imaginer un jeu de mot ( hébreu ou syriaque ) sur la 
racine selô. Le traducteur hébreu n'emploie d'ailleurs ici 
aucun mot dérivé de s^elô ^ . 

3o III, 84. M. Vetter propose de voir ici un jeu de mots 
roulant sur 'aïn, «œil» ou « source », et 'oser, «richesse», 
ou 'afar^ « poussière ». Le texte original aurait porté : 
« L'œil de l'homme est comme l'œil de l'eau, il ne se rassa- 
sie pas de richesses ( 'o.s'e/') avant d'être plein dépoussière 
Ça far). » Cette reconstruction, pour ingénieuse qu'elle 
soit, est purement hypothétique et n'aurait quelque valeur 
que s'il était certain par ailleurs que le texte original 
était hébreu, mais elle ne peut servir a le démontrer. De 
plus, le mot « richesses » manque dans B, dans le slave et 
dans tous les mss, arméniens (hors un) ; il a donc chance 
de n'avoir même pas appartenu à la rédaction primitive ; 
toute cette maxime manque même en arabe. 

4" Les tournures hébraïques que relèvent M. Vetter, 
p. 349, et M. Rendel Ilarris (éd. de Cambridge, p. lxxxiii) 
comme : « en trouvant, j'ai trouvé », « rappelant, j'ai rap- 
pelé », se renconlrcnt dans la Bible et en général dans 
toutes les littératures sémitiques. Elles peuvent donc pro- 
venir de l'écrit araméen original, car son auteur connais- 
sait et utilisait la Bible ; il n'est pas nécessaire, pour les ex- 

1. Joseph Masscl, The story of Ahikar, Ne\Y-Yoik, lOO'i, p. 36. Il 
rend « se trouvait î par iUlak mazura/i, et « je prie Dieu > par 
êtfalal leêl. 



114 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'asSYRIEN 

pliquer, d'imaginer un écrit néo-hébreii du commencement 
de notre ère, intermédiaire entre l'écrit original et les ver- 
sions qui nous sont conservées. 

5" XXXIII, 105. Un lion (ou : un loup ) rencontre un âne 
errant et lui dit : Salut, mar kijrios. L'autre, se doutant 
bien que le lion, malgré tant de politesse, le mangera, 
maudit le maître qui ne l'a pas attaché ce matin-là. 

M. Vetter a trouvé une explication fort ingénieuse de la 
répétition : mar kyrios, « monsieur, seigneur •». 11 fait re- 
marquer qu'on trouve deux fois dans le Talmud la locu- 
tion Afr? qît'i : une première fois (traité Erubin, 53'^) on 
donne des exemples de la manière comique dont les Gali- 
léens prononçaient l'hébreu. En particulier, on cile 
l'exemple d'une femme qui devait dire : « mon seigneur » 
et qui prononça comme si elle disait y.upis y^sipiî, « mon 
seigneur serviteur ». J. Lévy, Neuhehr. Wôrterbuch, 1879, 
t. II, p. 324. Une seconde fois (traité ChuUin 139 ^ ), le 
roi Hérode est appelé aussi par dérision par une co- 
lombe kîj'î qîrî (-/.jp'.s ycipis, seigneur serviteur) parce que 
les ascendants d'Hérode étaient, sous les Macchabées, des 
serviteurs et des valets. Le lion aurait donc appelé également 
l'âne, par sarcasme, 7.;jpte yziçut, « mon seigneur valet », 
comme on le trouve dans le Targum, et le syriaque, 
comprenant mal ce jeu de mots, l'aurait rendu par mar 
kyrios. Cette explication n'est qu'ingénieuse, car ces mots, 
soi-disant néo-hébreux, ne sont que des mots grecs. Par 
suite, au lieu d'expliquer le syriaque mar kyrios par le 
néo-hébreu kîrî qirî, qui s'explique lui-même par le 
grec /.jpis XîtptS) il est beaucoup plus simple d'expliquer 
immédiatement le syriaque par le grec mar xùpioç : 
mar étant un titre qui se met en syriaque devant le nom de 
tous les personnages que l'on veut honorer, l'auteur syrien 
l'a encore mis devant le grec xjpto;, qu'il utilisait sans 
le regarder comme identique à mar. C'est ce qu'a compris 
B qui remplace mar -/.jpioç par « mon frère et mon 



LES NÉO-HÉBRAÏSMES DE LA VERSION SYRIAQUE 115 

ami ». Le slave et l'arménien n'ont rien conservé non plus 
qui ressemble à niar xjpioig. Cette locution est propre 
à f et peut donc être un remaniement moderne. 

J'ajoute que prêter ici un sarcasme au lion est aller con- 
tre l'idée de la fable qui demande un lion très poli pour 
nous montrer un àne qui n'est pas dupe de toutes ces poli- 
tesses. C'est là le cadre des fables xiv et clvii d'Esope, 
« L'oiseau et le chat, » reprises par Babrius (n. cvii). Voici 
cette dernière qui est très courte : 

Un oiseau tomba malade. Un chat le trouva et dit : Com- 
ment vas-tu ? De quoi as-tu besoin ? Je t'apporterai tout, 
seulement guéris-toi. — Et l'autre : Si tu t'en allais, dit-il, 
ma vie serait sauve. 

On ne conçoit pas que, dans cette fable, le chat adresse 
quelque sarcasme à l'oiseau, nous ne concevons pas non 
plus que l'on place un sarcasme dans la bouche du lion, sur- 
tout pour expliquer une locution aussi simple que marY.jpioq. 

Le traducteur hébreu n'a d'ailleurs vu ici aucun jeu de 
mots et a traduit par èalom lok, Adônaï hasar *. 

G" Les relations entre Ahikar et le texte hébreu de l'Ec- 
clésiastique et les ïargums doivent s'expliquer en suppo- 
sant, non pas que le premier dépend des derniers, mais bien 
que les derniers dépendent du premier, car nous n'avons 
aucune raison, ni a priori ni textuelle, pour supposer qu'A- 
Ijiikar a été imaginé vers le commencement de notre ère. Au 
contraire, les témoignages des auteurs grecs Strabon et 
Clément d'Alexandrie, confirmés par les parallélismes rele- 
vés avec les restes de Démocrite et de Ménandre, nous con- 
duisent il placer l écrit primitif de V Histoire et sagesse dW.- 
hikar vers le vi® ou le vu" siècle avant notre ère, taudis 
que l'Ecclésiastique date certainement de deux à trois siè- 
cles avant notre ère et que les Targums sont encore beau- 
coup plus récents. 

1, Joseph Massel, The story of Ahikar, New- York, 1904, p, 35. 



116 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAU l'aSSTRIEX 



IV. Transmission du texte original. 

Nous ne trouvons pas trace d'un intermédiaire néo-hé- 
"breu. Iln'y adonc pas de motif pour faire état decet intermé- 
<liaire, dont nous ne pouvons pas prouver l'existence. 

Nous savons seulement que toutes les versions conser- 
vées paraissent se ramener à une version syriaque pri- 
mitive, qui n'est pas identique aux manuscrits modernes 
B, C, mais qui avait des traits de l'un et de l'autre : 
l'arménien provient d'une source apparentée à B plutôt 
qu'à C ; l'arabe provient plutôt de C mais a des traits 
propres à B. Le slave et le roumain eux-mêmes proviennent 
d'une source orientale ou immédiatement ou par l'intermé- 
diaire d'un texte grec non retrouvé. L'éthiopien provient 
de l'arabe ^. 

Ces versions, par leurs points communs, nous donnent 
uue connaissance suffisante de la version syriaque qui a dû 
être leur prototype. Mais ce prototype syriaque, qui est déjà 
non pas connu mais reconstitué, ne nous fait pas connaître 
avec la netteté désirable l'original araméen dont il dérive 
immédiatement ou médiatement. 

Toute question sur l'authenticité et l'hi-storicité de VBis' 
toire (TAhikar doit donc être envisagée à ces deux points de 
vue. 

1° Historicité des versions conservées 

La comparaison des versions, surtout dans les maximes, 
nous a montré qu'elles ont certainement un fond commun, 
ïl faut se garder d'attacher trop d'importance à quelques 
mots ou à quelques détails, car les manuscrits sont tous ré- 

1. Voir (cb. iv) les paragraphes consacrés aux diverscH vorsîoDS. 



TRANSMISSION DU TEXTE ORIGINAL 117 

cents ; le plus ancien est du xii^ au xin"' siècle, mais ne 
comprend qu'une feuille (L), les manuscrits syriaques B 
et 6" ont été écrits en 1883 et 1697. Voici cependant quel- 
ques observations générales : 

Le voyage en Egypte est certainement fabuleux. 

La mention du roi de Perse, v, 5, et des Parthes, xi, 2^ 
3, 4 ; xii, 4, 5, est aussi un anachronisme. Il ne pouvait 
guère en être question — des seconds surtout — que 
près de deux siècles après Sarhédom. 

L'onomastique, où Nabù et Bel jouent un grand rôle, est 
plutôt babylonienne qu'assyrienne. D'ailleurs les mentions 
des soixante femmes pour lesquelles Ahikar construit soi- 
xante palais, 1, 2, et des mille jeunes suivantes de Zéfagnie^ 
X, 1, ont toute l'allure d'un conte. 

Le ton de l'ouvrage est surtout païen, les idoles y sont 
mentionnées i, 3 ; m, 90 ; le vrai Dieu Test fort peu. 

Les versions conservées nous représentent donc un faux 
littéraire composé sous le nom d'Ahikar en Babylonie plu- 
sieurs siècles après Sarhédom. 

Les critiques supposent en général que l'auteur était 
païen et que son ouvrage a été légèrement rapproché du 
monothéisme par un Juif qui aurait ainsi constitué le pro- 
totype de nos versions. D'autres pensent qu'un auteur 
juif a intentionnellement donné un caractère polythéiste à 
sa rédaction d'une légende populaire, pour eu faire un 
moyen de prosélytisme chez les Gentils. Ce sont des 
hypothèses. En fait le syriaque, qui semble le prototype 
de nos versions, ne peut remonter au delà du commence- 
ment de notre ère, et les manuscrits utilisés ne remontent 
pas plus haut que le xvc siècle ( hors un feuillet syria- 
(jue ). Nous avons donc peut-être assez de champ pour 
expliquer bien des invraisemblances et bien des ana- 
chronismes. En d'autres termes, les versions conservées 
constituent un (aux littéraire, mais ce caractère de faux 
a pu être donné à l'éciit original par le traducteur (?) 



118 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 

S}'Tien des premiers siècles ou par les transcripleurs "^ 
qui se sont succédé depuis les premiers siècles jusqu'au 
xve où commencent nos manuscrits.il nous est heureu- 
sement possible de remonter plus haut. 

2° Historicité de l'écrit araméen original 

Cet écrit n'est pas connu et ne peut qu'être entrevu a 
travers les mauvaises versions qui en dérivent, mais il a du 
moins le grand avantage de percer sous sa forme histo- 
rique dans les manuscrits grecs de Tobie du iv" siècle (et de 
remonter sans doute à l'original même de Tobie ) et, sous 
sa forme gnomique, dans Clément d'Alexandrie, Strabon et 
Démocrite. Il contenait les maximes d'un sage nommé 
Ahikar et sans doute le récit de la puissance et de la dis- 
grâce subite du même personnage. Le voyage en Egypte, 
dont on ne trouve trace ni dans Tobie ni dans les anciens 
auteurs grecs, a été ajouté plus tard pour motiver la ren- 
trée en grâce. 

Nous ne sommes pas d'avis, comme nous l'avons déjà dit, 
de séparer les maximes de l'histoire qui leur sert de cadre, 
car on serait ainsi conduit à supprimer la seconde série de 
maximes qui présuppose la trahison de Nadan, et peut-être 
à changer la forme des premières, c'est-à-dire à volatiliser 
les maximes elles-mêmes et à les réduire à rien ~. 

Quel est le premier rédacteur? Ahikar lui-même? — 
Nous n'en savons rien, mais nous ne voyons pas d'inconvé- 
nient à admettre que ce peut être lui : car, puisque sa 
famille avait abandonné le Dieu d'Israël, il était pnïen, il 
était peut-être même, comme semble l'indiquer le texte de 

1. Par exemple dans la substilutiou de Seunachérib à Sarhé- 
dom. 

2. Cette raison seule nous empêche d'admettre que l'ouvrage ne 
comprenait d'abord que des maximes. 



AHIKAR ET LES FABULISTES 119 

Strabon, l'un des sages chaldeens deBorsippa, et celanous 
expliquerait la forme païenne du récit conservé par les ver- 
sions ; cela nous expliquerait aussi l'onomastique toute ba- 
bylonienne. 

Pour notre part, il nous plairait de supposer que l'écrit 
araméen, original immédiat ou médiat de la version syriaque, 
était une rédaction babylonienne populaire basée à la fois 
sur rhistoire et sur la légende d'Ahikar. Nous la placerions 
au v'' siècle ou au commencement du iv® avant notre ère, 
puisqu'elle mentionnait sans doute les Perses et les Parthes 
sans faire allusion aux Grecs. Cette rédaction aurait été 
précédée par un recueil de maximes (connu de Démocrite) 
et par une histoire transmise et embellie par la légende. 
Ces maximes et cette histoire peuvent avoir été synthéti- 
sées, sinon par Ahikar lui-même, du moins dès le vi® siècle. 



CHAPITRE VI 
Ahikar et les fabulistes. 

Ahikar se rattache très étroitement aux anciens fabulistes 
car les fables étaient alors des « moralités », c'est-à-dire 
des exemples choisis parmi les animaux ou les êtres inani- 
més pour mettre en évidence une idée morale ou une vertu. 
Le principal était donc l'idée morale ou la vertu qu'il s'a- 
gissait d'inculquer; la fable proprement dite n'était ajoutée 
que pour donner du relief "". Dans cet ordre d'idées, toutes 

1. Tout autre est l'idéal des Arabes qui aiment la fable pour elle- 
même. Aussi ces parleurs infatigables allongent-ils leurs fables en 
les cliargeaut d'incidents : la pensée morale constitutive des apolo- 
gues juifs et grecs n'y joue plus aucun rôle. Ils ont même imaginé 
quelques cadres élastiques pour syntiictiser im nombre indéfini de 
fables. Telles sont les Mille et une nuits et la collection du Syntipas. 
On connaît la trame des Mille et une nuits. Certains traits du Synti- 



120 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAIl L ASSYRIEN 



les maximes d'Ahikar, qui sont les moralités, devaient pas- 
ser pour contenir l'essentiel des meilleurs recueils de fables. 
Il n'en a pas toujours été de même : La Fontaine, dit-on, 
adaptait la morale tant bien que mal à ses fables — sou- 
vent plus mal que bien — et certains éditeurs de Babrius 
supprimaient même les moralités ; aussi nous oublions fa- 
cilement que le moraliste est le point d'appui, le support 
du fabuliste. 

Mais nous pouvons encore aller plus loin et montrer que 
bien des passages d'Ahikar sont de véritables fables ; il suf- 
firait d'en modifier un peu la forme pour en tirer du Ba- 
brius, du Loqman, de l'Ésope ^. 

pas sont aussi empruntés à Ahikar : il y avait un roi nommé Cyrus 
(jid avait sept femmes et n avait pas d'enfant, il pria la divinité de 
lui donner un fils (Ahikar, i, 2, 3). Il fut exaucé et eut un fils qu^il 
nourrit, qu'il éduqua royalement et qui crût en taille comme un bel 
arbre (Ahikar, ii, 1, 2). // le fit instruire par Vhomme le plus sage 
de son royaume (Ahikar, ii, 2, 8 ; m), nommé Sindbad. Celui-ci, 
tirant un jour l'horoscope du prince, vit qu'il serait en danger de 
mort durant sept jours. En effet, une femme du roi accusa à tort le 
jeune prince d avoir voulu la séduire et le roi ordonna de le mettre 
à mort. Mais ses sept vizirs obtinrent de jour en jour la remise de 
l'exécution en lui racontant des fables pour lui conseiller la patience 
et le pardon. Chaque jour aussi, la femme qui avait accusé le jeune 
prince racontait d'autres histoires pour montrer au roi qu'il devait 
le mettre à mort. — Ce cadre est très élastique, il a suffi à d'autres 
rédactions de mettre quarante vizirs au lieu de sept pour augmenter 
en proportion le nombre des fables du recueil. — Au bout de 
sept jours, le prince et Sindbad paraissent devant le roi et se justi- 
fient. La fin donne encore place à quelques anecdotes. L'une de ces 
fables {supra, page 73, 5°) a sans doute été inspirée par VHistoire 
d'Ahikar, cf. Victor Chauvin, Bibliographie des ouvrages arabes ou 
relatifs aux Arabes, Liège, 1907, t. vin. 

1. Surtout dans la seconde série de sentences (ou : les comparai- 
sons), xxxiii, 96-142; J. Agoub a déjà écrit que cette seconde série 
« pourrait fournir le sujet de plusieurs fables, > Mélanges de litt. 
orient, et française, Varis, 1835, p. 75. — IS'ous n'avonspasmodifié ce 
chapitre depuis la récente publication de M. Rudolf Smeud, cf. supra. 



AHIKAK ET LES FABULISTES 121 

AHIKAR (126) BABRIUS (l, 34) 

Mon fils, tu m'as été com- Des bûcherons fendaient 
me un arbre qui dit à ceux un pin et lui enfonçaient des 
qui le coupent : « Si vous coins pour qu'il se fendit 
n'aviez pas (une partie) de et que leur travail devînt en- 
moi dans vos mains, vous suite plus facile. Celui-ci dit 
ne seriez pas tombés sur en gémissant : « Comment 
moi. » meplaindrais-je de la hache, 

qui n'appartient pas à ma li- 
gnée, autant que de ces coins 
très méchants dont je suis 
le père et qui, s'ajoutant 
l'un à l'autre, me déchirent !» 

AHIKAR (127) LOQMAN (xXIIl) 

Mon fils, tu m'as été com- Les fouines, ayant appris 

me les petits de l'hirondelle que les poules étaient mala- 
qui tombèrent de leur nid. Jes, se revêtirent de peaux 
Un chat les attrapa et leur Je paons et vinrent les visi- 
dit : « Si ce n'était pas moi, ter en leur disant : « Que la 
il vous arriverait un grand vie soit sur vous, ô poules, 
mal. » Ils prirent la parole et comment vous trouvez-vous 
lui dirent : « C'est pour cela et comment va votre santé ? » 
que tu nous as mis dans ta Celles-ci leur répondirent : 
gueule! » « Notre santé sera parfaite 

le jour où nous ne vous ver- 
rons point. » 

Cette fable se rapporte à 
celui qui montre une amitié 

p. 29-35. Nous prouvous suitout qu'Ahikar (,'sl l'un des pères de la 
fable (ce qu'où n'avait pas fait auparavant) cl qu'il avait été visé par 
Mahomet sous le nom de Loqman. M. 11. S. prouve que des fables 
ésopiques proviennent d'Aliikar ; on trouvera ses renvois sous noire 
traduclion. 



122 HISTOIRE ET SAGESSE c'ahIKAR l'aSSYRIEN 

feinte et qui porte la haine 
dans son cœur. 

Cf. Ésope, XIV {Le chat et 
les ois eau jc). 

Une autre fable, après avoir commencé de la même ma- 
nière dans Ahikar et Loqman, finit tout autrement dans ce 
dernier : 

AHIKAR (135) LOQMAN (xXIl) 

Mon fils, tu m'as été com- Le buisson dit un jour au 

me un palmier qui se trou- jardinier : « Si j'avais quel- 

vait le long du chemin et on qu'un qui prît soin de moi et 

n'y cueillait pas de fruit, qui, me plantant au milieu 

Son maître vint et voulut du jardin, m'arrosât et me 

l'arracher ; ce palmier lui cultivât, on regarderait avec 

dit : « Laisse-moi une année admiration mes fleurs et mes 

et je te donnerai du cartha- fruits et je serais un objet 

me ^. » d'envie pour les rois eux- 

[ L'arabe porte, comme mêmes. » 
Loqman : « Mets-moi à une Le jardinier le prit, le 

autre place et, si je ne porte planta dans la meilleure 

pas de fruit, coupe-moi. »] terre au milieu du jardin et, 

Son maître lui dit : a Mal- chaque jour, il l'arrosait 

heureux, tu n'as pas réussi à deux fois; alors les épines du 

produire ton fruit, comment buisson se Ibrtifièrent et se 

réussirais-tu à en produire multiplièrent, ses branches 

un autre ! » et ses racines s'allongèrent, 

elles couvrirent et étouffè- 
rent tous les arbres qui 
étaient autour de lui... 

1. Sic B. Le lïianusrrit C porte : «comme un palmier qui était près 
du fleuve et jetait tout son fruit dans le fleuve. » Il ressemble donc 
à Loqman plus que le manuscrit B^ car il supporte aussi le sens : 
€ si l'on me changeait de place tout en irait bien mieux. » 



AHIKAR ET LES FABULISTES 



123 



Une autre fable de Loqman peut servir de commentaire 
à une pensée assez obscure d'Ahikar: 

AHIKAR (129) LOQMAN (xXXVIll) 

Tu m'as été, ô mon fils. Un homme vit un jour 
comme un serpent monté sur deux serpents qui se querel- 
un buisson et qui flottait laient et se battaient avec tu- 
sur le fleuve. Un lion (un reur. Un autre serpent, qui 
loup, C) le vit et dit: « Le survint, rétablit entre euxla 
mauvais est monté sur le paix et la bonne intelligence, 
mauvais et un plus mauvais L'homme lui dit alors : 

« Certes, si tu n'étais pas 
encore plus méchant qu'eux, 
tu ne les aurais pas abordés 
et ne les aurais pas conci- 
liés. » 

Cette fiible signifie que les 
méchants et les scélérats ne 
peuvent être abordés et 
réunis entre eux que par un 
plus méchant qu'eux-mêmes. 



qu'eux deux les emporte. » 



AHIKAH 



98) 



Tu as été pour moi, mon 



LA FONTAINE (v, 16) 

On conte qu'un serpent, 



fils, comme un scorpion qui voisin d'un horloger 
frappe une roche. Celle-ci Entra dans sa boutique, et, 
lui dit: « Tu as frappé un cherchant à manger 
cœur insensible. » N'y rencontra pour tout 

11 a Irappé une aiguille et potage 
on lui dit : «Tu as frappé Qu'une lime d'acier qu'il 
un aiguillon plus redouta- se mit à ronger, 
ble que le tien.» Cette lime lui dit, sans se 

mettre en colère : 

— Puuvre ignorant, eh ! 

que prétends-tu faire ? 



124 HISTOinK ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYPIEN 

Tu te prends à plus dur 
que toi. 

Cf. Loqman, xxviii, qui 
traduit, plus fidèlement que 
La Fontaine, la fable xlix 
d'Esope [La belette). 

Ces exemples pourraient être multipliés. Par exemple : 
le chien qui va se réchauffer chez des boulangers puis cher- 
che à les mordre et est tué par eux, Ahikar, 113, semble 
bien être proche parent du serpent qui est réchaviffé par un 
villageois, puis cherche à le piquer et est tué par lui, Esope, 
cxxx ; La Fontaine, VI, xni. 

La taupe qui monte à la surface de la terre pour accuser 
Dieu et qui est enlevée par un aigle, Ahikar, 134, ressemble 
au coq qui monte sur un fumier pour chanter victoire et 
qui est emporté par l'aigle, Esope, cxix ; La Fontaine, VII, 
XIII ; Babrius, v. Le dialogue du piège et du passereau, 
Ahikar, 107, ressemble à celui du loup et du petit chaperon 
rouge etc. 

D'autres ressemblances, assez nombreuses, peuvent être 
relevées entre les maximes d'Ahikar et les morales de di- 
verses fables : 

AI.I1KAR (52) ÉSOPE (cVIIl) ; LOQMAN (x) 

Ne blesse pas Thomme Les lièvres et les renards. 

puissant, de crainte qu'il ne Cette fable montre « que 

te résiste et ne (te) cause du l'homme ne doit point atta- 

mal sans que tu le pré- quer celui qui est plus fort 

voies ■•. et plus puissant que lui. » 

Al.IIKAll (8O) LOQMAN (xXIIl) ; KSOPE (cciv). 

Mon fils... lorsque le cor- Le nègre. Cette fable 
beau sera blanc comme la montre « que le méchant 

1. Cf. III, 83. 



AI.IIKAn ET LES FABULISTES 



125 



neige, lorsque l'amer devien- peut corrompre le bon, mais 
dra doux comme le miel, que nul ne peut améliorer 
alors l'insensé deviendra le méchant ». 



AI.IIKAR (fis) 

Une chèvre proche vaut 



^ ' LOQMAN (XXXIX)2; KSOPk(cCXIx) 

BAIÎRIUS (l, 69) ; PHÈDRE (r, 4) 
LA FONTAINE (vi, 1?) 

Le chien qui abandonne la 
mieux qu'un taureau qui est proie pour l'ombre. Cette 
loin, et un passereau que tu fable s'adresse à ceux qui 
tiens dans ta main l'emporte laissent un petitbien présent 
sur cent qui volent dans et sûr, pour un plus grand 

dont l'espérance est éloignée 

et incertaine, 

LOQMAN (xi) ; ÉSOPE (cVl) 

Le lièvre et la lionne. Qu'un 
seul enfant d'un bon naturel 
est préférable à un grand 
nombre d'enfants vicieux. 

LOQMAN (XLl) ^ ; ÉSOPE (xxil) 
BABRIUS (l, 35) 

Les deux chiens. Cette 
fable signifie que beau- 
nion, et, si l'on ne t'inter- coup de gens viennent sou- 
rogc pas, ne donne aucune vent sans être iuvités, mais 
réponse. qu'on les chasse et qu'ils 

s'en retournent avec le mé- 
pris et la honte. 

AI.IIKAR ('i9) ESOPE (lv) ; cf. BABRIUS (il, 'S) 

Mon fils, ne laisse pas ton L'homme mordu par un 

l.Cf. m. 50, 60. 

2. XLi (page 33) dans l'édition Cherbonncau. 

3. XXXIX (page 32) dans l'édition Cherbonneau. 



l'air. 

AHIKAll (l66) 

INIon fils, ne te réjouis pas 
du nombre de tes enfants et 
ne te trouble pas s'il t'en 
manque. 

AI.IIKAR (l8l) 

Mon fils, si l'on ne t'a pas 
appelé, ne va à aucune réu- 



126 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

prochain te marcher sur le chien. Cette faille signifie 
pied, de crainte qu'il ne te que ceux des hommes qui 
marche sur la poitrine. sont alléchés par un (petit) 

méfait sont excités à com- 
mettre de plus grandes in- 
justices. 

On s'est déjà préoccupé plusieurs fois de rendre compte 
de ces ressemblances et, si l'on ne peut pas affirmer qu'Eso- 
pe est un personnage oriental importé en Grèce ''j il est 
du moins certain que l'histoire d'Ahikar fut mise à contri- 
bution pour compléter celle d'Esope et que Loqman n'est 
qu'une combinaison d'Esope et d'Ahikar. 

1° Esope. — Son nom est attesté par de très anciens té- 
moignages : Platon par exemple nous apprend que Socrate, 
dans sa prison, mettait en vers des fables d'Ésope dès la 
fin du v° siècle avant notre ère ^. Mais on s'est demandé, 
depuis le xvm" siècle, si Esope n'aurait pas une origine 
orientale et ne serait donc pas une personnification grecque 
d'un auteur oriental antérieur au v*' siècle avant notre 
ère. D'après Fabricius ^, Heumann aurait écrit, dans 
les Acta philosophoriim, t. i, part. 6", p. 944sq. qu'Esope 
n'était autre qu'Asaph ^, ami de Salomon et poète ; ses 
maximes auraient été appelées chez les orientaux Carmina 
Asapliim^ ce que les Grecs auraient traduit par AÔyouç 

1. A noter que les biographes dE'sope (dès Hérodote et Plutar- 
que) le font vivre à la cour de Grésus où il aurait connu Selon, 
OEuvres de La Fontaine, éd. Lefèvre, Paris, 1838, page 37. Ou prèle 
aussi à Ésope une série de trente-quatre maximes, rangées par ordre 
alphabétique, qui n'ont d'ailleurs rien de communavec celles d'Ahikar: 
"AaTtopo; «ypô?, àjj.Épt[ivoç oîxovôjjloç. 'Apyw iJ-aystpa) Travra âx^cti (k'x^îara) 
etc, cf. Rheinisches Muséum fur Philol., t. v. (1837), p. 331-332. 

2. D'après Maurice Croiset, Babrius, Fables, p. 7-8. 

3. Bibl. grxca, éd. Harles, Hambourg, 1790, t. i, p. 620-621. 

4. Les deux noms Esope et Aeaph s'écrivent en hébreu esactomont 
de la même manière. 



AUIKAR ET LES FABULISTES 127 

Aldwâîiouç, quitte à imaginer plus tard qu'elles provenaient 
d'un homme nommé Esope. 

Un autre auteur '^, sans doute pour retrouver une autre 
partie des trois mille paraboles et des cinq mille vers com- 
posés par Salomon ^, supposait que ce roi était l'auteur des 
fables attribuées à Esope. Il les aurait récitées à table et 
Asaph les aurait mises par écrit, d'où leur attribution à 
Esope après qu'un voyageur grec (par exemple Démocrite) 
les eut introduites en Grèce. 

Harlcs, qui résume l'opinion de Heumann (p. 620, 
pote A), ne trouve pas sa démonstration suffisamment ri- 
goureuse, mais M. Rendel Harris nous proposera du moins 
tout à l'heure d'identifier Asaph avec Loqman. 

Pour en finir avec Esope, il faut distinguer soigneuse- 
ment entre les traits fixés par les anciens auteurs grecs et 
ceux qu'a ajoutés Planude '. Les derniers ne peuvent être 
attribués à Ésope, comme l'ontdéjà écritBachet deMéziriac * 
et, après bien d'a/utres, Fabricius ^ ; or c'est parmi ceux-ci 
que figurent les traits communs à Esope et à Ahikar. Il 
est donc reconnu par tous qu'ils n'appartiennent pas à 
Esope et personne n'en conteste plus la propriété à Ahikar. 

Ajoutons qu'une fausse étymologiedu nom d'Esope allait 

1. Cf. Fabricius, ihid. 

2. I Rois, IV, 30-33. Cf. Eccli., xlvii, 16-18. 

3. En réalité, Planudc semble n'avoir fait que remanier (surtout 
qu'abréger) une rédaction antérieure, cf. supra, ch. IV, viii. 

4. Les fables d'Ésope, traduites du grec par M. Pierre Millol, ensem- 
ble la vie d'Ésope composée par M. de Méziriac, Bourg-eu-Bresse, 
lG'i6 : « Certes je rejette comme faux et controuvé à plaisir tout ce 
que Planude rapporte des voyages qu'Esope fit en Babylonie et en 
Egypte... qui ouït jamais parler de Lycerus... Il n'y a pas uou plus 
d'apparence de croire qu'Esope soit allé en Egypte du temps du roi 
Neclauébo, comme dit l'ianudc, attendu que ce roi ne commença 
point à régner que deux cents ans après la mort d'Esope, > p, 298» 
301. 

5. Bibl. grseca, t. i, p. 619. 



128 HISTOIIIE ET SAGESSE d'aHIKAIî l'asSYRIEN 

conduire les Orientaux à modifier sa personnalité. Chez les 
anciens auteurs grecs, Esope est un esclave, mais personne 
ne dit qu'il ait été nègre et difforme. D'après Eustathius *, 
le nom d'Esope se dérivait alors du verbe JEtho, JEso, qui 
signifie « luire » aussi bien que « brûler », et du nom ops, 
écrit avec un o long, qui signifie « œil », de sorte que le 
nom du fabuliste signifiait : « (l'homme) aux yeux bril- 
lants )). Mais plus tard, du moins en Orient, on supposa 
qu' « .iEsope » était le mot «/Ethiopien» et qu'on lui avait 
donné ce nom parce qu'il était un esclave nègre, aux gros- 
ses lèvres, bossu et difforme, issu de ce pays 2. C'est sous 
cette forme que sa personnalité allait être transportée à 
Loqraan. 

2° Loqman. — Ce sage apparaît pour la première fois dans 
le Coran (vji^ siècle), à la sourate xxxi citée plus haut. Depuis 
lors tous les commentateurs de cette sourate ont dû s'occu- 
per de lui. Les uns ^ font de Loqman le neveu ou le cousin 
germiùn de Job "*. D'autres en font le fils de Bàour ou Bêar, 
fils de Nachor, fils de Thareh, et par conséquent petit neveu 
d'Abraham. Dans les deux cas, il serait prophète par droit 
de succession. 

Remarquons ici que Balaam étant aussi fils de Bôor ^, il 

1. Cité par Bachet de Méziriac. 

2. « Je ne sais d'où Planude a tiré ce qu'il assure pour véritable 
qu'Ésope était le plus difforme et le plus contrefait de tous les 
hommes de son temps et qu'il ressemblait tout à fait au Thersite 
d'Homère, car je ne trouve aucun auteur ancien qui le dépeigne de 
la sorte, » Bachet de Méziriac, p. 275. Nous croyons que tous ces 
traits découlent d'une mauvaise étyraologie du nom d'Esope, avec 
peut-être le désir d'opposer davantage encore la laideur physique à 
la beauté intellectuelle et morale. 

3. Cf. d'Herbelot, Bibl. orient., au mot Loqman, et surtout René 
Basset, Loqman Berbère..., Paris, 1890. 

4. Comme Al.iikar, c'est aussi un èÇâSeXço;, fait remarquer M. Ren- 
del llarris. 

5. Nombres, xxii, 5 ; xxiv, 3. 



AHIKAR ET LES FABULISTES 129 

est tout naturel que certains auteurs aient identifié Loqman 
avec Balaam *. 

D'autres auteurs le font vivre au temps de David et en 
font non un prophète mais un sage. Tous s'accordent à 
dire qu'il était de servile condition, natif d'Ethiopie ou de 
Nubie et l'un des esclaves noirs qu'on tire de ces pays-là. 
Il se trouva vendu parmi les Israélites, sous les règnes de 
David et de Salomon. Les anges lui dirent que Dieu voulait 
faire de lui un monarque. Il répondit qu'il préférait garder 
sa condition. Cette réponse parut si admirable à Dieu qu'il 
lui donna aussitôt le don de sagesse et le rendit capa- 
ble d'instruire tous les hommes par un très grand nombre 
de maximes, de sentences et de paraboles, que l'on fait 
monter jusqu'à dix mille. 

Un auteur musulman écrit que le sépulcre de Loqman se 
voyait encore de son temps à Ramlah ou Ramah, petite 
ville qui n'est pas éloignée de Jérusalem, qu'il était Abyssin 
de nation, juif de religion, et qu'il fut enterré avec les 
soixante-dix prophètes que les Juifs firent mourir de faim 
et qui perdirent tous la vie en un seul jour auprès de Jéru- 
salem. Ce même auteur le fait vivre trois cents ans, pour 
qu'il ait pu être aussi contemporain de David, et suppose 
qu'un autre Loqman vivait au temps du prophète Houd ou 
Héber. Mais d'autres prétendent que le même Loqman était 



1. Par exemple Petrus Alphonsus, vers 1110, écrit dans sa Disci- 
plina clericalis (P. L., t. clvii) : « Et Balaam, qui est appelé en arabe 
Lucaman (Roth écrit Lucnin), dit à son fils. » Cité par K. L, Roth, 
dans Philologus, Gœttingue, 8« année, 1853, p. 130-141, et par Rendel 
Harris, p. lxxv. Cependant il paraît certain que Mahomet n'a pas 
identifié Loqman avec Balaam, s'il est vrai, comme îe disent les 
commentateurs, que les versets 174 et 175 du chap. vu (sourate 
Elaraf) doivent être rapportés à ce dernier, car il y est dit que le 
diable l'a fait tomber dans ses pièges, qu'il n'a pas été élevé à la 
Sagesse et qu'il n'écoutait que ses passions. Il est donc bien différent 
de Loqman. 

9 



130 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 

contemporain d'Abraham et de David et le font vivre jus- 
qu'à mille années ^. 

Quelques orientalistes ont ajouté foi à ces commentai- 
res : dllcrbelot écrivait : « L'on pourrait dire avec beau- 
coup de vraisemblance que Loqman est le même que celui 
que les Grecs, qui ont ignoré son nom, nous ont fait con- 
naître sous celui de sa nation, en l'appelant Esope, qui 
signifie la même chose en g-rec que le mot d'Ethiopien. En 
effet, on trouve dans les Paraboles, Proverbes, ou Apolo- 
gues de Loqman en arabe des choses que nous lisons dans 
les fables d'Esope, en sorte qu'il serait assez malaisé de 
décider si les Arabes les ont empruntées des Grecs, ou si 
les Grecs les ont prises des Arabes. Il est cependant cer- 
tain que cette manière d'instruire par les fables est plus 
conforme au génie des Orientaux qu'à celui des Occiden- 
taux '-. » 

M. J.-J. Marcel, éditeur et traducteur des fables de 
Loqman, était encore plus affirmatif: « ...ces fables qui seu- 
les peut-être, avec celles de Bidpai, ont droit de porter le 
titre d'originales, les fables d'Esope, un grand nombre de 
celles de Phèdre et même de notre La Fontaine n'en étant 
presque que des traductions et des copies ^. » 

Par contre, le monde grec semble avoir toujours regardé 
Loqman comme un personnage inventé par Mahomet. 
Cela résulte au moins d'un rituel de l'Eglise grecque pour 
l'abjuration des musulmans * ; on y lit : 

1. D'Herbelol, Bill, orient.; Loqman aurait eu un fils nommé 
Annm et, selon d'autres, Matlian. Puisqu'il est censé instruire son 
fils, il fallait lui en trouver un qui fût le parallèle de Nadan, nommé 
Enos dans le grec. Anam = Enos ; Matlian = Nathan (qui, dans 
l'arménien, remplace Nadan). 

2. Bibliothèque orientale. 

3. Loqman (Fables de), trad. par J.-J. Marcel, 2^ éd., Paris, an XI 
(1803), p. 10. 

4. Cr. Revue de l histoire des religions, t. tni, n. 2 (1906), p. 150, 
159. 



AHIKAR ET LES FABULISTES 131 

r.pcç TOJTOiç 3s y.al xoùç [xuOsuojxsvouç û::' aùxou ^poçi^-caç y.ai 
axoaTÔXouç, cl-' ouv tov Xoù3 xai Ti^aÀST -i^ ^«Xs^ xat tov Swai-rc 
y.a'. TOV 'Eop-^"ç xai xcv AouaXxtçiX xai xbv Aox[xav. 

« J\iiialhématise en outre les pj-ophètes et apôtres fabu- 
leux intentés par lui, à savoir Khoucl (sourate ii, 105, 129, 
134 ; VII, 63; XI, 52, Cl) et Tzalet ou Salekh (sour. vu, 71 ; 
XI, 64, 69; XXVII, 46), et Sôaip (sour. vu, 83,88, 90; xi, 85, 
97 ; XXIX, 35) et Edrês (sour. xix, 57 ; xxi, 85, identifié 
souvent avec Ilénocli, cf. Gen., v, 24, et sour. xix, 58), et 
Doualikifil (sour. xxi, 85 ; xxxviii, 48, identifié à Élie, Za- 
charie. Josué, Isaïe, Ézéchiel, etc.) et Loqinan (sour. xxxi, 
11-12). » 

Ce manuel d'abjuration remonte sans doute au ix^ siè- 
cle 1 et nous fait connaître, au sujet de Loqman en particu- 
lier, l'opinion officielle de l'Église grecque à celte épo- 
que. 

Les opinions des commentateurs musulmans sont en 
effet de peu d'importance, puisque leur rôle consistait sou- 
vent à trouver un sens aux passages qui en avaient peu. 
Leurs divergences montrent que Loqman leur était totale- 
ment inconnu en dehors du Coran, et qu'ils lui ont cher- 
ché, chacun à sa manière, une généalogie dans l'Ancien 
Testament '^. 

1. Revue de l'histoire des religions, t. lui, p. 147. 

2. Personne, croyons-nous, ne nous contredira, car d'IIerbelot 
lui-même, après avoir paru dire que les Grecs ont emprunté aux 
Arabes les apologues d'Esope, ajoute à la fin de sou article : « Les 
Arabes qui ont copié et traduit nos fables d'Esope en leur langue 
sous lonom de Locmaii... il est fort vraisemblable qu'ils (les Arabes) 
n'ont donné à Esope le nom de Lociiuui qu'à cause qu'il y a uu cha- 
pitre de l'alcorau qui porte son nom, dans lequel Dieu dit qu'il lui 
a donné la sagesse. » De même diins la Biographie générale de Mi- 
chaud, article Lokman : « Rien dans ses fables ne porte le caractère 
d'une invention arabe et le style dans lequel elles sont écrites ne per- 
met même pas de les faire remonter au icr siècle de l'hégire; si elles 
ont été mises sous le nom de Lokman, c'est donc uniquement parce 



132 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR l'aSSYRIEN 

Le seul problème ici est de chercher qui Mahomet avait 
en vue. Pour lui les noms ont peu d'importance, il les 
modilie ou même les imagine à son gré ou selon les besoins 
de son vers ; reste donc le texte, or ce texte (traduit plus 
haut, chap. III, vi, 3") n'est en aucune manière apparenté à 
Ésope et à ses fables, mais il est apparenté de très près, 
comme nous l'avons montré, aux maximes d'Ahikar. C'est 
donc Ahikar seul qui semble avoir fourni à Mahomet le type 
de Loqman ; ensuite les commentateurs l'ont rattaché à 
l'Ancien Testament et au sag»' grec Esope, entendu au sens 
d'Éthiopien, c'est-à-dire esclave noir, lippu et contrefait ; 
enfin, comme conséquence, ils ont attribué à Loqman un 
choix de fables ésopiques qui leur sont sans doute arrivées 
à travers une traduction syriaque ^ 



que Lokman était renommé pour sa sagesse. » 11 est fort probable que 
les fables de Loqman ne proviennent pas directement du grec mais 
bien d'une traduction syriaque, car les fables d'Esope ont été tra- 
duites en syriaque sous le nom de Josippos (Josephos = Joseph, 
c'est en effet le nom employé en syriaque pour désigner par exem- 
ple l'historien Josèphe). La traduction syriaque a été éditée (en 
caractères hébreux) par B. Goldberg dans Chofes matmonim sive 
Anecdola rabhinica, Berlin, 1845, sans qu'il ait reconnu quelle prove- 
nait du grec, puis par Landsberger, Fahulse aliquot aramese, Berlin, 
1846. Elle a été étudiée par K. L. Roth, dans Philologus, Gœttingue, 
viiie année (1853), p. 130-141, Die ^J^sopische Fabel in Asien (il attri- 
bue le recueil des fables de Loqman à un chrétien syrien ou égyptien), 
et par Samson Hochfeld, Beitrage zur syrischen Fabelliteratur^ 
Halle, 1893. Le syriaque provient du grec, mais c est la traduction 
syriaque des fables d'Ésope qui a fourni les matériaux du Syntipas. 
1. M. Rendel Harris (p. lxxvilxxviii) se demande si Loqman ne 
pourrait pas être une personnifîcalion d'Asaph, Beaucoup de musul- 
mans en font un prophète et le placent au temps de David, or la 
chronique d'Eusèbe, source de toutes les chronographies anciennes 
orientales, porte sous la huitième année de David : « Prophétisaient 
Gad, Nathan et Asaph. » Ces recherches n'auraient d'intérêt que si 
Loqman était le représentant d'une ancienne tradition, mais nous 
croyons pour l'instant que son nom a été inventé par Mahomet qui 



BUT DU PRÉSENT TRAVAIL 133 

Pour conclure ce chapitre, nous avons trouvé deux sages 
presque contemporains, du vi" et vii^ siècle avant notre ère, 
Ésope chez les Grecs et Ahikar en Babylonie. On a tenté 
de les reluire à un : les Grecs en introduisant la biogra- 
phie d'Ahikar dans celle d Esope, les modernes en ratta- 
chant Esope à Asaph, c'est à-dire aux sages orientaux. Ces 
tentatives n'ont rien de concluant. Du moins il est certain 
que l'histoire d'Ahikar a servi à constituer l'histoire d'E- 
sope, que ses fables ont été introduites parmi les fables 
ésopiques, et enfin qu'un troisième sage, Loqman, n'était 
à l'origine (dans le Coran) qu'un pseudonyme d'Ahikar, 
auquel on a prêté par la suite les traits et quelques fables 
d'Esope éthiopien. 



CHAPITRE VII 
But du présent travail. 

Il ne pouvait être question de traduire sur la meilleure 
édition connue. Car la version syriaque, qui représente le 
mieux l'original et qui est sans doute la source immédiate 
ou médiate des autres versions conservées, n'est pas édi- 
tée. M. Rendel Harris s'est borné à en reproduire un 
manuscrit, avec un feuillet d'un second manuscrit ; notre 
traduction, si elle avait été faite sur ce texte, aurait été 
aussi incomplète que la sienne. 

Nous avons donc traduitle manuscrit syriaque de Berlin, 
Sa«hau 336, qui ne l'avait pas encore été ; les titres des cha- 
pitres figurent, sauf avis contraire, dans le manuscrit ; nous 

a mis sous son patronage ses réminiscences d'Ahikar et ses idée» 
personnelles. Il n'y a donc pas lieu de le chercher plus haut. 



134 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR l'aSSYRIEN 

avons ajouté la numérotation des chapitres et des versets 
pour faciliter les renvois. Nous signalons aux variantes tou- 
tes les différences du manuscrit syriaque de Cambridge 
édité par M. R. liarris. Nous donnons donc une connais- 
sance de la version syriaque plus exacte qu'on ne l'avait 
encore fait, puisque nous traduisons deux manuscrits sy- 
riaques il un dans le texte et l'autre dans les cariantes 
numérotées en chiffres arabes) au lieu d'un seul. 

Mais nous ne nous sommes pas borné à donner une tra- 
duction annotée ^, plus complète qu'on n'avait pu le faire, 
de la version syriacjue ; nous avons pris la peine de relever, 
rarement dans les variantes proprement dites, mais le plus 
souvent dans une seconde série de variantes numérotées en 
lettres et placées sous les précédentes, les principales 
différences des autres versions : arabe ^, arménien, grec ^, 
néo-syriaque, slave. Il est possible parfois que la bonne 
leçon se trouve dans l'une de ces versions et non dans nos 
manuscrits syriaques, qui sont modernes et qui diffèrent 
chacun plus ou moins de leur prototype. En tout cas, les 
différences des versions montreront aux lecteurs comment se 
transmet et s'altère un texte qui n'est pas protégé, comme 
la Bible, par le respect des scribes et des lecteurs. 

Au bas des pages se trouvent les quelques notes philolo- 
giques et exégétiques (renvois à l'Ecriture et aux écrits 
parallèles) que comporte ce travail. 

Enfin nous avons ajouté, en appendice, les maximes 
et les comparaisons qui sont propres aux versions grecque, 

1. La Iraducliou syriaque donnée dans l'édition du Cambridge con- 
tient fort peu de notes. 

2. Nous faisons connaître quatre rédactions de la version arabe •' 
A ou Ar édition de Cambridge, Ag traduction Agoub, F tra- 
duction des Mille et une /luils, NS néo-syriaque. 

3. Nous traduisons toute la rédaction de Maxime Planude et ajou- 
tons, App. I, les maximes propres à la rédaction utilisée par Rynu- 
cius et éditée par Weslermann. 



BUT DU PRÉSENT TRAVAIL 135 

arménienne, slave et roumaine ^, afin de donner au lecteur, 
par notre seule édition, une connaissance suffisamment 
complète de toutes les versions. 

D'ailleurs, dans l'introduction, nous avons retracé, de ma- 
nière aussi complète cjue nous l'avons pu, l'histoire du li- 
vre et de ses versions ainsi que des divers travaux qui lui 
ont été consacrés, et nous avons mis en relief, de notre 
mieux, ses relations avec divers livres de la Bible ( Tobie, 
l'Ecclésiastique, Daniel) et avec quelques ouvrages d'autres 
littératures ( Esope, Démocrite, Ménandre, Loqman, le 
Coran ). 

Nous avons aussi proposé nos hypothèses sur le contenu, 
la forme et la date de l'écrit prototype de la version syriaque 
— rédaction araméenne, babylonienne, populaire, basée 
sur l'histoire et la légende d'Ahikar écrite au ve siècle 
ou au commencementdu ivc siècle avant notre ère — ce n'est 
qu'une opinion ; chacun de nos lecteurs pourra la contrôler 
à l'aide des documents que nous allons lui mettre sous les 
yeux. 

François Nau. 

Paris, 15 février 1908. 



1. Pour ne pas faire, autant que possible, double emploi, nous avons 
signalé d;tns le corps de l'édition les additions ou omissions de 
l'arabe et du néo-syriaque, qui sont les textes les plus apparentés au 
syriaque et dont le futur éditeur de la version syriaque devra tenir 
compte. Nous avons donc ajouté seulement les maximes armé- 
niennes qui n'ont leurs parallèles ni dans le syriaque ni dans 
l'arabe et les maximes slaves qui n'ont leurs parallèles ni dans le 
syriaque ni dans l'arabe ni dans l'arménien. Enfin nous avons tra- 
duit toutes les maximes roumaines que M. Gasler regardait comme 
nouvelles. 



BIBLIOGRAPHIE 



I. EDITIONS 

a) Version syriaque. 

F. C. GoNYBEARE, J. Rendel Harris and Agnes Smith Lewis, 
T/ie Story ofAhikar from the syrlac^ arable^ armenian, et/iiopiCy 
greek and slavonic versions, Londres, Cambridge et Glasgow^ 
1898. Pour abréger, nous désignerons cette édition par: Ed. de 
Cambridge. Le ms. syriaque C et le feuillet conservé dans le 
manuscrit syriaque L ont été édités par J. Rendel Harris. 

b) Version néo- syriaque-arabe. 

M. LiDZBARSKi, Die neuaramaiscJien Handschriften der Kônigli- 
clienBibl. zu Berlin, I, Weiraar, 1894. Le texte néo-syriaque 
et le texte arabe correspondant figurent en face l'un de l'au- 
tre et sont publiés d'après le ms. de Berlin : Sachau 339. 

c) Version arabe. 

Salham, Contes arabes, Beyrouth, 1890. 

Agnes Smith Lewis, dans \'Ed. de Cambridge, p. 1-80, d'après 
le ms.2886 de Cambridge avec des compléments tirés de l'édi- 
tion de Salhani et d'un ms. du British Muséum, à Londres. 

d) Version arménienne. 

F. G. CoNYBEARE, dans Y Ed. de Cambridge, p. 125-162, d'après 
huit manuscrits. 

Trois éditions avaient été données auparavant à Constantinople 
dans un recueil de contes : 1° Le livre de l'histoire de la cité 
d'airain... et t histoire de Khikar..., Constantinople, 1708, 
édité par Sergis. — 2° Le livre de V histoire de la cité d'airain et 



138 HISTOIRE ET SAGESSE D^AHIKAn l'aSSYRIEN 

les maximes instructives et utiles du saint homme Khikar avec 
d'autres maximes utiles^ Constantinople, 1731, édité par Asto- 
natsatour. — 3° Même ouvrage, Constantinople, 1862, édité 
par R, J. Qurqdshean. 

e) Version éthiopienne. 

C. H. CoRNiLL, Das Buchder weisenPhilosopliennach dem /Ethio- 
pisclicn untersucJit und zur Erlangung des Doctorgrades bei der 
Phil. Fac. zu Leipzig eingereic/tt, Leipzig, 1875, d'après deux 
manuscrits, l'un de Tubingue et l'autre de Francfort. M. G. 
H. Gornill ajoute le texte arabe correspondant, d'après un ma- 
nuscrit de Gotha. 

/■) Version grecque. 

Publiée avec la vie d'Esope. Relevons, parmi les anciennes édi- 
tions de la vie d'Esope attribuée à Maxime Planude : 

Edition princeps du texte grec avec la traduction latine de Rynu- 
cius, Vita yEsopi fabulatoris, Milan, 1476, in-4. Presque toutes 
les éditions postérieures, jusqu'à 1550, proviennent de celle-ci. 

JEsopi Fahulse et Vita graece cum Aldi Manucii interpretatione, 
Louvain, 1503, in-4. 

Vita et Fah élise JEsopi..., Venise (imprimerie Aide Manuce), 1505. 

MsopiPhrygis vitaet Fabulse... Râle, 1518; autres éditions. Râle, 
1524, 1530; Lyon, 1535; Paris, 1546 (éd. Robert Estienne) ; 
Paris, 1549 ; Anvers, 1505, 1567, 1574 ; Leipzig, 1741 ; Venise, 
1747. 

Nous avons utilisé l'ancienne édition (sans date ni lieu d'ori- 
gine) donnée par « Ronus Accursus Pisanus », Ribl. nationale 
de Paris, Réserve, Inv. Yb, 426, et surtout: 

A. Eberhard, Fahulx Romanenses graece conscriptse^ Leipzig, 
1872, éd. Teubner. 

La partie de la vie d'Esope qui concerne Ahikar a été reproduite 
d'après cette dernière édition dans Ed. de Cambridge^ p. 119- 
124. 

Antonius Westbrmann, Vita jEsopi, ex Vratislaviensi, acpartim 
Monacensi et Vindobonensi codicibus nunc primum cdidit, 
Brunswig et Londres, 1845. Cette vie diffère de la précédente. 



BIBLIOGRAPHIE 139 

g) Version slave. 

SucHOMLiNOV a publié des sentences tirées d'Ahikar dans le 
t. IV des Isvestija académiques de Saint-Pétersbourg, 1855, 
p. 151-153. 

//) Version roumaine. 

Gaster. Chrestoinathie roumaine, t.ii, p. 133; The journal of 
the Royal Asiatic Society, 1900. 



II. TRADUCTIONS MODERNES 
a) de la Version syriaque. 

E. J. DiLLON, Contemporary Revicw,TaâY?, 1898, traduction an- 
glaise du manuscrit C. 

J. Rendel Harris, The Legend of Ahikar, Ed. de Cambridge, 
p. 56-84 ; traduction anglaise du feuillet du manuscrit L et du 
manuscrit C. 

F. ViGOUROUX, Les Livres saints et la critique rationaliste, 
5^ édit., Paris, 1901, traduit toute la partie historique d'après 
le manuscrit C. 

b) de la Version néo-syriaque-arabe. 

Mark Lidzbarski, Die neuarainàisclien Handschpiften der Kon, 
Bihl. zu Berlin, II* paiHie, Weimar, 1895 (p. 1-41). Autre ti- 
rage de la même traduction sous le litre : Geschichtcn und 
Lieder aus den ncuaramàischen Handschriften der Kôn. Bibl. 
zu Berlin, yVeimaii\ 1896. Dans cette traduction, M. L. a com- 
plété le néo-syriaque par un certain nombre de passages tra- 
duits sur l'édition Salhani. 

c) de la Version arabe. 

Mille et une nuits, l^' éd., Ghavis et Cazolte dans le Cabinet des 
Fées, Genève et Paris, 1788, t. xxxix, p. 166- 361. — 2« éd., 
Caussin de Perceval, Paris, 1806, t, vin, p. 167. — 3® éd., 



140 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



Gaultier, Paris, 1822, t. vu, p. 313. Des traductions anglai- 
ses et allemandes se trouvent dans les éditions de Hanley, 
Habicht, Burton, Henning, cf. supra, p. 15-16. 

J. Agoub, Le sage Heykar, conte arabe, Paris, 1824. Cette 
traduction a été reproduite dans Mélanges de littérature oricn' 
taie et française, Paris, 1835, p. (31-119, et c'est encore elle, 
divisée en nuits, qui figurait dans l'édition Gauttier des Mille 
et une nuits (cf. supra). 

Agnès Sraith Lewis, T/ie story of Haiqar and Nadan, Ed. de 
Cambridge, p. 87-118. 

d) de la Version arménienne. 

F. C. Conybeare, T/ie Maxims and Wisdom of Kkikar, Ed. de 

Cambridge, p. 24-55. 
P. Vetter, Das BucJi Tobias und die Ac/iikar-Sage, dànslai T/ieo- 

log. Quartalschrift de Tubingue, 1904. 

e) de la Version éthiopienne. 

C. H. GoRNiLL, loc. cit. (a édité et traduit). 

J. Rendel Harris, Ethiopie fragments of the sayings of A/iikar, 
Ed. de Cambridge, p. 85-86. 

f) de la Version grecque. 

Dans toutes les traductions de la vie d'Esope attribuée à Pla- 
nude, par exemple en tête des fables de La Fontaine, éd. Par- 
mantier, Paris, 1825, t. i. p. lxxxii-lxxxvi ; éd. Hachette, 
Paris, 1883, t. i, p. 46-51. 

g) de la Version slave. 

V. Jagic, Deriveise Akyrios, dans Byzantinische Zeitsclirift^i. i 

(1892), p. 107-126. 
Agnès Smith Lewis, The story of the wise Akyrios, Ed. de 

Cambridge, p. 1-23. Cette traduction a été faite sur celle de 

V. Jagic. 



BIBLIOGRAPHIE 141 



h) de la Version roumaine. 

M. Gaster, Journal oft/ie royal Asiatic Society, 1900, p. 301- 
319. 



III. TRAVAUX DIVERS 

S. AssEMANi, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 208 ; t. m, p. 286. 
G. Hoffmann, Ausziige aus syrischen Aktcn persischer Mdrtyrer, 

Leipzig, 1880, p. 182-183. 
G. BiCKELL, dans Athenxum, t. ii, 1890, p. 170. 
E. KuHN, dans Byzantinische Zeitschrift, 1892, p. 127-130. 
M. Steinschneider, Die Hebràischen Uebersetz. des Mittelalters, 

Berlin, 1893. 
Bruno Meissner, dans Zeitschrift der Deutschen Morgenl. Gcsell» 

schaft, t. XLVIH (1894), p. 171-197. 
Mark Lidzbarski, ibid., t. xlviii, 1894, p. 671-675. 
E. ScHÙRER, Geschichte des j'iid. Volhes imZeitalter Jesu-Christi, 

3' éd., 1898, t. m, p. 177 sq. — Theolog. Litteraturzeitung, 

1897, n. 12 (p. 326). 
E. GosQUiN, dans la Revue biblique, t. viii (1899), p. 50-82 et 

510-531. 
Th. Reinach, Uti conte babylonien dans la littérature juive : le 

roman d'Akhikhar, dans Xd^ Revue des études juives, t. xxxviii 

(1899), p. 1-13. 
Mark Lidzbarski, Deutsche Litteraturzeitung, 1899. 
E. SachaUj Verzeichniss der syrischen Handschriften, Berlin, 1899. 
J. Halevy, Tobie et Akhiakar, dans la Revue sémitique, 1900, 

p. 23-77. 
J. Daschian, dans Kurze bibliograph. Untersuchungen und Texte, 

t. II, 1901, p. 1-152 (en arménien). 
M. Plath, Zum Buch Tobit, Gotha, 1901. 
Paul Marc, Die Achikar-Sage, ein Versuch zur Gruppirung der 

Quellen, Berlin, 1902. 
R. Gottheil, a Christian Bahira Legend, New- York, 1903. 
J. Siéger, Das Buch Tobias, dans Der Katholik, t. xxix, 1904. 
P. YETTEHy Das Buch Tobiasund die Achikar-Sage, dans la Theol, 



142 HISTOIRE ET SAGESSE DAIIIKAR l'aSSYRIEN 

Qaartalsc/irift de Tubingue, 1904, p. 321 et 51^; 1905, 

p. 321 et 497. 
Hagex, Lexicon biblicum, Paris, 1905, au mot Archiacharus. 
F. ViGOUROUx, Les Livressaints et la critique rationaliste, 5® éd., 

t. IV, Paris, 1901. 

— La sainte Bible polyglotte, trois textes grecs pour Tobie ; 
grec et hébreu pour V Ecclésiastique. 

— Manuel biblique, 12'= éd., Paris, 1906, 

R. DuvAL, La littérature syriaque, 3* éd., Paris, 1907. 

F. Nau, Le mot orfié dans Ahihar et Bar Bahlul, dans le Journal 

asiatique, X^ série, t. ix (1907), p. 149. 
Victor Chauvin, Bibliographie des ouvrages arabes, t. vill, 

Liège, 1907. 
Rudolf Smend, Aller und Herkunft des Acliikar-romans und sein 

Verhàltnis zu Msop, Giessen, 1908. 



BIBLîOCnAPHIE - 143 



SIGLES ET ABREVIATIONS 



A et Ar =r texte arabe de rédition de Cambridge, Cf. Introd., 

ch. IV, IV, 2. 
Jg- =r traduction Agoub. Cf. Introd., ch. III, i, 2. 
Arm. = traduction de l'arménien d'après P. Vetter ou l'éd. 

de Carabrigde. Cf. Introd., ch. IV, iv. 
B =z ms. de Berlin, Sachau 336. Cf. Introd., ch. IV, ii, 4. 
C= ms. de Cambridge, add. 2020. Cf. Introd., ch. IV, ii, 2. 
Ed. de Cambridge Cf. Introd., ch. III, i, 8, 
F = traduction des Mille et une nuits, éd. Chavis et Cazotte. Cf. 

Introd,, ch. III, i, 1, 
G = version grecque d'Ahikar insérée dans la vie d'Esope. Cf. 

Introd., ch, IV, viii. 
H=: version hébraïque de Joseph Massel. Cf. Introd., ch. IV, 

X. 

L = ms. de Londres, add. 7200. Cf. Introd., ch. IV, ii, 1. 

Lidzbarski r=. édition et traduction du néo-syriaque. Cf. Introd., 

ch. IV, III. 
B. A/e/ssrter= article de la Zeitsclirift der Deutschen Morgenlssn" 
dischen Gesellsc/iaft, t. XLViii (1894). Cf. Introd., ch. Ill, i, 5. 

iViS = version néo-syriaque. Cf. Introd., ch. IV, m. 

Rendel Harris = introduction à l'édition de Cambridge. Cf. 
Introd,, ch. III, i, 8. 

B. S. = Rudolf Smend, Aller und Herkunft... Cf, Introd., 
p. 29-35 — M, Rudolf Smend cite les fables d'Esope (en chif- 
fres romains) d'après l'édition de C. Halni, et les fables de 
Babrius d'après l'édition de Crusius, CL Aller und Herkunft..., 
p. 77 et 78. 

Nous citons les fables d'Ésope (en chiffres romains) d'après 
l'édition Tauchnitz, Leipzig, 1829 ; les fables de Babrius, d'a- 
près l'édition Maurice Croiset, Paris, 1890 ; les fables de Phè- 
dre, d'après l'édition de la Société bipontine, Argentorati, 1810, 



144 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR L ASSYRIEN 



et les fables de Loqman, d'après l'édition Gherbonneau, Paris, 

1847, et la traduction J.-J. Marcel, 2« édit., Paris, an XI (1803). 

Sal/i =z Salhani, Contes arabes, Beyrouth, 1890. 

SI = version slave. Cf. Introd., ch. IV, vu. 

W = édition A. Westermann, Vita jEsopi, 1845. Cf. Introd.^ 

ch. IV, VIII, 
Z D M G = Zeitschrift der deutschen morgenlaendischen Gesell- 

schaft. 

[ ] Nous mettons entre crochets dans la traduction les passa- 
ges ou les mots empruntés au manuscrit C, pour compléter ou 
rectifier le manuscrit B. 

( ) Nous mettons entre parenthèses nos propres explications 
ou additions. 



HISTOIRE ET SAGESSE D'AHIKAR 



INTRODUCTION 

An nom du Dieu vivant, le serviteur coupable commen- 
ce à écrire une histoiie ninivite : Ahikar l'Assyrien'*. 
— Jacques d'Edesse la composa en langue syriaque d'après 
la tradition de Mar Ephrem l'ancien — il mourut en pays 
chaldéen, l'an 1252 des Grecs *. 

1 C a pour litre : a Avec l'aide divine, je commence à écrire les 
Proverbes, c'est-à-dire l'histoire du sage Ahikar, le scribe de 
Sennachérib, roi d'Assur et de Ninive. » 



a Titre. A : « Haiqar et Nadan. Au nom de Dieu le Créateur, le 
Vivant. la Source de la raison, nous commençons — avec l'aide 
du Très-Haut et sous sa direction puissante — à écrire l'histoire 
de Haiqâr le sage, vizir du roi Sennachérib, et de Nadan, fils de 
la sœur de Haiqâr le sage. » — Arin : « Les maximes et la sagesse 
de Khikar. » — I^th : (( Instructions de Haikar le sage. » 

Introd. Le serviteur coupable... Le scribe rédige son en-tête en 
vers de sept syllabes. B. Meissner a Iranscrit l'cn-têle du manus- 
crit 555. Cf. Zeitschrift der Deulsch. Morgenl. Ges., t. xlviii, p. 176. 

D'après la tradition, lilléralcmcnt : « d'après l'audition intellec- 
tuelle. » 

L'an 1252. Un lecteur trouvant cette date peu satisfaisante a sur- 
monté de trois points le premier cliiffre et le troisième pour indiquer 
ainsi qu'on doit les intervertir. Cela donne l'an 5212 (du monde), ou 
296 avant notre ère. 

L'an Î2Ô2 des Grecs, ou 941. Celte date ne convient donc qu'à un 
scribe, peut-être à l'auteur de ces quelques vers (Jacques d'Edesse 
est mort en 708). 

10 



146 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR I^ 1 

CHAPITRE I 
Ahikar demande un fils. 

4. * Il dit : Lorsque je viv;iis à l'époque de Sennachérib, 
roi de Ninive ^ ; lorsque moi, Ahikar, j'étais trésorier 
(IziTCOTTOç) et scribe ■•, et que j'étais jeune, les devins, les 
mages et les sages me dirent : « Tu n'auras pas d'enfant. » 

1 C : « La vingtième année de Sennachérib, fils de Sarhédom, 
roi d'Assur et de Ninive, moi, Ahikar, j'étais scribe du roi. » — 
NS : «j'avais acquis beaucoup de bien. » 



^ A : <L Dans les jours du roi Sennachérib, fils de Sarhé- 
don, roi d'Assur et de Ninive, il y avait un vizir, un homme sage 
nommé Haykar, et il était vizir du roi Sennachérib. » 

b G : « (Ésope) quitta ensuite l'île (de Samos) et parcourut 
la terre, prenant part partout aux discussions des philosophes. 
Il arriva aussi à Babylone et, après y avoir montré sa sagesse, 
devint en grand crédit auprès du roi Lycéros. A cette époque» 
les rois qui étaient en paix s'écrivaient par plaisir des problè- 
mes captieux et se les envoyaient. Ceux qui les résolvaient rece- 
vaient, à cette occasion, des tributs de ceux qui les avaient en- 
voyés, sinon ils payaient les mêmes tributs. Esope résolvait 
avec intelligence les problèmes qui étaient adressés à Lycéros et 
couvrait ainsi le roi de gloire. Il envoyait aussi de son côté d'au- 
tres problèmes par l'intermédiaire de Lycéros et, comme ils 
n'étaient pas résolus, le roi en tirait de nombreux tributs. » 
Le rédacteur grec prépare ainsi le lecteur à l'ambassade du roi 
d'Egypte, — /i^ transforme ce paragraphe delà manière suivante : 
« Dans les temps dont je viens de vous parler, sire, Sinka- 
rib régnait à Nenevah et à Thor, royaume d'Assyrie. Ce prince, 
parvenu fort jeune au trône, n'était pas né sans vertus; mais le 
goût des plaisirs lui faisait négliger ses affaires ; elles étaient un 
fardeau pour lui, et le ministre qui l'en soulageait pouvait se pro- 



I, 2-3 AHIKAR DEMANDE UN FILS 147 

2. J'acquis une grande richesse, j'étais comblé d'un 
bon superflu, j'épousai soixante femmes et je leur bâtis 
soixante palais, vastes, merveilleux et admirables, ainsi 
que de nombreuses maisons, et j'arrivai h l'âge de soixante 
ans, et il ne m'était pas né d'enfant ^. 

3. Cependant moi, Ahikar, j'allai offrir des sacrifices 
et des présents aux dieux; je brûlai pour eux l'encens et 
les aromates et je leur dis : « dieux, donnez-moi un fils 
dans lequel je me complaise jusqu'au jour où je mourrai et 
où il me succédera ^ ; il fermera mes veux et m'ensevelira. Et 



1 Les mss. C, L cités plus bas, d'accord avec l'arménien et le 
slave, portent : « me jette de la poussière sur les yeux. » — Armé- 
nien : (C Je demande seulement qu'il puisse de ses mains répan- 
dre de la poussière sur moi. » — Slave : « Donne-moi un fds qui 
puisse répandre de la poussière sur mes yeux après mon décès. » 
Cet usage explique plus loin (ch. m) la pensée 84. 

mettre de le subjuguer. Heureusement pour le jeune monarque, 
il avait eu la précaution de conserver pour son premier vizir 
celui qui avait gouverné l'Assyrie sous le règne de son père, 
avec autant d'éclat que de sagesse : Hicar était son nom. C'était 
l'homme le plus instruit de son temps dans toutes les sciences 
connues ; sa prudence, sa fermeté, ses ressources et la haute 
réputation dont il jouissait faisaient le bonheur des peuples et 
le salut de TEtat. » — NS porte simplement : « C'était dans 
les jours de Sennachérib, fds de Sarchadum roi d'Assyrie et de 
Ninive, alors moi, Chikàr, j'étais son ministre et son secrétaire. » 
^ A: « Il avait une grande fortune et beaucoup de biens, et il 
était un philosophe sage et avisé par ses connaissances comme par 



2. J'étais comblé d'un hun super/lu, c'csl-à-dire : « j'avais acquis 
beaucoup de biens. » 

Palais— Apadné ; et. Daniel, xi, 45. 6', L portent : Biron — et l'a- 
rabe, Qasr. Cf. Cantique, vi, 7 : Sexagi/ita surit reginœ. 

3. Je brûlai, lilf. : « je faisais fumer. » 

// me succédera, litt. : « il héritera de moi. » 



148 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR I, 3 

depuis le jour de ma mort jusqu'à sa mort, s'il prenait cha- 
que jour une mesure (y.ipoç) de mon argent et la répandait 
sans cesser, mon bien ne finirait pas, » Les idoles ne lui 
répondirent rien ^, aussi il les laissa et fut rempli de peine 
et d'une orande souffrance ^. 



1 Dans C, L, Ahikar est monothéisle dès le commencement et 
ne s'adresse donc pas aux idoles. (7,p. 37-38 : « ... et je n'avais 
pas de fils. Alors moi, Ahikar, je bâtis un grand autel tout en 
bois, j'y allumai du feu, y plaçai une bonne nourriture et je dis : 
O Dieu mon seigneur, lorsque je mourrai et que je ne laisserai 
pas de fils, les hommes ne diront-ils pas : Voilà certes qu'Ahikar 
était juste, bon et pieux, il est mort et il ne laisse pas de fils pour 



Bes pensées et sa conduite. Il avait épousé soixante femmes et 
construit un palais pour chacune d'elles. Et après cela, il n'avait 
pas d'enfant de toutes ses femmes, pour en faire son héritier. » 

« A : « 11 en était très affecté et un jour il assembla les astrolo- 
gues, les savants et les devins, il leur exposa sa situation et leur 
dit la cause de sa tristesse. Ils lui dirent : Va sacrifier aux dieux 
et les supplier pour qu'ils veuillent bien te donner un fils. » 

F: « Zéfagnie, sa première épouse, qui n'avait jamais per- 
du les droits qu'elle s'était acquis sur son cœur, l'exhortait en 
vain à la résignation : Un enfant, lui disait-elle, n'est pas tou- 
jours un bienfait du ciel. Vous savez que j'eus une sœur que le 
sien a fait mourir de chagrin. Soumettez-vous, mon cher Hicar, 
à un décret qui vous délivre peut-être de bien des amertumes, en 
paraissant vous accabler. — Hicar avait beaucoup de déférence 
pour son épouse, elle était tante de Sinkarib et ne s'était jamais 
enorgueillie du hasard de la naissance ; elle avait toujours eu 
une excellente conduite, elle avait des droits à son estime et à sa 
tendresse. Honteux de la démarche qu'il allait faire, il lui cacha 
qu'il avait mandé des astrologues, pour les consulter sur les 
moyens qu'il pourrait employer pour avoir un enfant. » 

Plus loin, /''mentionne le dieu Bilelsanam et ajoute : « Hicar 
était né dans le pays d'Aram, il en avait rapporté la connais- 



1,4-5 AI.IIKAR DEMANDE UN FILS 149 

4. Il changea alors son discours, pria Dieu ^, crut (en lui), 
le supplia dans l'ardeur de son cœur et dit : « O Dieu du 
ciel et de la terre, Créateur de toutes les créatures, je te 
demande de me donner un fils dans lequel je me complaise, 
qui (me) console au moment de ma mort, me ferme les yeux 
et m'ensevelisse '', « 

5. Une voix vint et lui dit : « Puisque tu t'es confié 
dans les dieux, que tu as mis ton espoir en eux et que tu 
leur as offert des présents, tu mourras sans fils et sans fil- 
les ; cependant, je te le dis, voici que tu as Nadan, fils de ta 
sœur, prends-le, enseigne-lui toute ta science et il aura 
ton héritage. » 



l'ensevelirni même de fille ; ses richesses, comme celles d'un 
homme maudit, n'ont pas d'héritier. Je te demande, ô Dieu, d'a- 
voir un fils qui jette de la poussière sur mes yeux au moment de 
la mort. Et j'entendis cette parole : Ahikar, sage scribe, je 
t'ai donné tout ce que tu m'as demandé, si je t'ai laissé sans en- 
fants, cela te suffit, ne t'en afflige pas, mais voilà Nadan, le fds de 
ta sœur... » Z, p. 33 : (( Je n'avais de fils d'aucune d'elles, alors 



sance du vrai Dieu. Cependant, entraîné par son désir, il va 
trouver le prêtre de Bilelsanam. » 

a NS : « Il pria le Dieu du ciel (analogue à Bilelsanam 
ou Belsira). » La prière d'Ahikar manque dans NS. 

b L'arménien, dont le commencement ressemble beaucoup 
au syriaque, mentionne les dieux Belsim, simil et i^amin, il 
soude ensemble les deux prières d'Ahikar et omet ainsi sa con- 
version au vrai Dieu. Ce sont donc les dieux qui lui conseillent 
d'adopter Nadan. L'arménien abrège encore la suite pour arri- 
ver en hâte aux préceptes (c. ni), qui figurent seuls d'ailleurs 
dans son titre ( Maximes et sagesse de Khikar ). 

G : « Ésope n'ayant pas d'enfant, adopta l'un des nobles, 
nommé Ennos, et le présenta au roi comme son propre fils. » Le 
grec passe d'ici à la faute d'Ennos (Nadan). Cf. iv. 



150 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR H, 1-3 

CHAPITRE II 
(Ahikar adopte Nadan et le choisit pour son successeur.) 

1. Je pris donc Nadan, le fils de ma sœur, je l'élevai, le 
dirigeai et le donnai à huit nourrices pour le nourrir. Je le 
comblai d'huile et de miel *, je le revêtis de pourpre et d'é- 
carlate,je le fis dormir sur des lits moelleux et des tapis. 

2. Nadan, fils de ma sœur, profita et grandit comme un 
noble cèdre. Je lui enseignai l'écriture, la sagesse et la 
philosophie (çiAo-soîa). 

3. Lorsque le roi Sarhédom revint de ses fêtes et de ses 
voyages, il m'appela un jour, moi Ahikar, son scribe et 

je me bâtis un autel bien parfumé, je fis un vœu et je dis : O Sei- 
gneur Dieu, donne-moi un fils mâle qui, lorsque je mourrai, 
jette de la poussière sur mes yeux. J'entendis alors cette parole : 
Ahikar, ne t'afflige pas trop, tu n'as pas d'enfant, mais voilà 
Nadan, le fils de ta sœur. » 



=* « D'huile et de miel, « NS ajoute « et de crème ; » — « de 
pourpre et d'écarlate, » NS (( de soie et de pourpre. » 



II. 1. Je le comblai, litl. : « je l'engraissai. » 

Des lits... des tapis^zamlé, ntilotô \ ces deux mots, qui proviennent 
évidemment d'une même racine, sont rapprochés par Payne Smith 
de l'araméen dàniîltû (Thésaurus syriacus^ col. 229, sous amiltâ) 
et du grec ^J:r|')M^r^ ou (Tzpôi\).<x-:a.) (it).r|0-ta. 

3. Sarhédom. Toutes les versions et B lui-même portent ici Sen- 
nacliérib par analogie avec /, 1, hien qu'il y ait une vingtaine d'an- 
nées entre ces deux événements. 

Be ses fêtes, en araméen fanneq, litt, : « de ses délices. » 

.Son scribe, sofrô. M. R. S., p. 104, estime qu'un scribe syrien 
n'aurait pas choisi ce nom s'il ne l'avait trouvé dans l'original araméen 
utilisé par lui, car c'est un mot araméen. Cf. Esdras, iv, 8, 9, 17, 23. 



IIj 3-4 AHIKAR ADOPTE NADAN 151 

son chiliarque {yùdapyoç) ®, et il me dit: «O ami illustre, cher, 
honoré, sage et habile, mon chancelier et le confident 
de mes secrets, tu es avancé en âge, tu as vieilli et ta 
mort est proche, dis qui me servira après ta mort et ton 
enterrement *. » 

4. Je lui dis : « mon seigneur le roi, vis toujours dans 
les générations des générations ! J'ai le fils de ma sœur qui 
est comme mon fils. Voilà que je lui ai enseigné toute ma 
sagesse, et il est sage et prudent. » 

Mon seigneur me commanda (en ces termes) ^ ; « Va, 

"1 C porte : « Mais voilà Nadan, le fils de ta sœur, il te sera un 
fils et, à mesure qu'il grandira, tu pourras lui enseigner. 
Quand j'entendis ces paroles, je fus encore affligé et je dis : 
Dieu, mon Seigneur, c'est donc que tu me donneras Nadan, fils 
de ma sœur, pour me jeter de la poussière sur les yeux, lorsque 
je mourrai? — Aucune réponse ne me fut plus donnée. J'accom- 
plis ce précepte, je pris Nadan, fils de ma sœur, pour fils ; 
comme il était jeune, je lui donnai huit nourrices ; j'élevai mon 
fils avec du miel, je le fis coucher sur des tapis de choix et je le 
vêtis de fin lin et de pourpre. Mon fils grandit et poussa comme 
un chêne. Et quand mon fils grandit, je lui enseignai les lettres 
et la sagesse. Etlorsque le roi revintd'oii il était allé, il m'appe- 
la et me dit : Ahikar, sage scribe et mon confident, quand tu 
vieilliras et mourras, qui donc après toi me servira comme toi ?» 

2 C porte : « Le roi me dit : Amène-le pour que je le voie ; 
s'il peut te remplacer, je te laisserai partir en paix et lu passe- 
ras ta vieillesse avec honneur jusqu'au jour où tu mourras. » 



a fiC Son chiliarque », NS: «c son ministre (vizir). » 

3. Mon chancelier, lilt. : c l'écrivain de mon secret. » 

3. Dis, litt. : « ordonne >>. 

4. Vis toujours etc. Même formule dans Daniel, ii, 4 ; m, 9 ; v, 10; 
VI, 6, 21 ; I Rois, i, 31 ; Néhémic, ii, 3. C porte : « Vis à jamais > ; cf. 
infra, ix, 6 j xxiv, 1. 



152 HiSTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR H^ 4-7 

amène-le pour que je le voie, et, s'il me plaît, il me servira 
et se tiendra en ma présence. Pour toi, continue ta route, 
il te reposera de ton travail et entourera fa vieillesse 
d'honneur et de gloire. » 

5. Alors moi, Ahikar, je pris Nadan, le fils de ma sœur, 
je l'amenai devant le roi Sarhédom et le remis entre ses 
mains. Quand le roi l'eut vu, il se plut et se réjouit en 
lui et il dit : « Que le Seigneur conserve ton fils 1 Comme 
tu m'as servi ainsi que mon père Sennachérib, et comme 
tu as dirigé nos affaires en perfection, ainsi fera Nadan, 
fils de ta sœur : il me servira, fera mes affaires, je l'hono- 
rerai et l'exalterai a cause de toi et j'en prendrai soin. » 

6. Je m'inclinai devant le roi et je lui dis : « Vis, ô mon 
seigneur le roi, à jamais ! je te demande de prendre soin 
de lui et de l'aider. Qu'il demeure dans ta maison, comme 
moi-même je t'ai servi et j'ai servi ton père. » 

7. Alors il lui donna la main et jura de le garder près 
de lui avec honneur et gloire. Je me levai et je dis: « Ainsi 
(soit-il), ô roi ^ ! » 

1 C porte : «Alors je conduisis Nadan, mon fils, et le présentai 
au roi. Quand le roi mon maître le vit, il dit : Le jour d'aujour- 
d'hui sera béni devant Dieu. Gomme Ahikar a marché devant 
Sarhédôra, mon père, et a prospéré devant moi, il a aussi élevé 
son fds à ma porte durant sa vie et lui-même quittera la vie. 



4. Entourera, lilt. : « gouvernera, s 

5. Sarhédom. Toutes les versions et même le manuscrit B inter- 
vertissent ici Sennachérib et Sarhédom et font du second le père du 
premier. Celle faute provient de ce que Sennachérib est mentionné — 
à bon droit cette fois — en i, 1. Le scribe n'a pas remarqué que les 
chapitres i et ii sont séparés par un intervalle de vin^t ans. 

6. J ai marché devant ton père (ms. C.) R. S., p. 104, fait re- 
marquer que la locution « marcher devant », litt. « courir devant », 
est araméenne et hébraïque. Cf. I Sam., ii, 35; viii, 11 ; II Sam., xv, 
1 ; I Rois, I, 5. 



n^ 8 AI.IIKAR ADOPTE XADAN 153 

8. J'instruisis mon fils Nadan ^ et je lui transmis ma 
sagesse, je le comblai de doctrine et de sagesse jusqu'à ce 
qu'il devînt scribe comme moi. Voici comment je l'ins- 
truisais et comme je lui parlais ^, moi, Ahikar le sage ^ : 

Alors moi, Ahikar, j'adorai le roi et je lui dis : Vis, ô mon sei- 
gneur le roi, à jamais, de même que j'ai marché devant ton père 
et devant toi jusque maintenant, ainsi, toi aussi, seigneur, sup- 
porte avec patience la jeunesse de mon fils ici (présent) et re- 
double de bonté envers lui. Alors, quand il eut entendu cela, le 
roi me donna la main droite et moi, xVhikar, je saluai le roi. » 

^ Le ras. L omet la plus grande partie de ce qui précède : 
« Alors j'entendis cette parole : Ahikar, ne t'afflige pas beau 
coup, tu n'as pas de fils, mais voilà Nadan, le fils de ta sœur ; 
prends-le pour fils, et quand il grandira, tu pourras tout lui 
enseigner. Alors, quand j'entendis cela, je pris Nadan, fils de 
ma sœur, et il fut mon fils et je lui parlai ainsi : Ecoute mon 
enseignement, mon fils Nadan. » 

2 C porte : (( Je ne cessai pas d'instruire mon fils avant de 
l'avoir rassasié d'instruction comme de pain et d'eau ; je lui par- 
lai ainsi. )> 



a F : ((Nadan est revêtu sur-le-champ de lécritoire et du sceau, 
il prend les ordres du roi pour les expéditions à faire, et retour- 
ne au palais d'Hicar. 

(( Mon cher Nadan, lui dit son oncle, vous n'avez plus guèrcde 
temps pour prendre les conseils de votre mère et les miens, 
n'oubliez jamais ceux que nous vous avons donnés jusqu'ici ; 
c'est en les suivant que vous avez été en état d'obtenir la faveur 
que je viens de faire tomber sur vous. Je vous préviens qu'elle 
vous expose autant qu'elle vous élève, et je vous prie d'écouter 
encore des avis qui eussent été prématurés avant ce jour, mais 
qui sont pour vous maintenant de la plus haute importance. » — 
NS porte seulement: ((Alors moi, Ghikâr,je baisai la main 
du roi, puis je pris Nadan et l'instruisis jour et nuit jusqu'à ce 
que je l'eusse rassasié de science, de sagesse et de connais- 
sance plus que de pain et d'eau. Alors je l'instruisis et lui ensei- 
gnai les Proverbes. » 



154 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR III, 1-2 



CHAPITRE III 

Segesse, doctrine et proverbes qu'Ahikar enseigna 
à Nadan, fils de sa sœur ^. 

1. O mon fils Nadan, écoute mes paroles, suis mes con- 
seils et souviens-toi de mes discours, comme l'a dit le Sei- 
gneur ^ ^. 

2. Oui, mon fils Nadan, si tu entends mes paroles, enfer- 
me-les dans ton cœur et ne les révèle pas à autrui ^. de 

"i C, //portent: a Ecoute, mon fils Nadan, et comprends-moi, 
souviens-toi de mes paroles comme des paroles de Dieu. » — 
/.porte :« Souviens-toi de mes paroles comme de cesdiscours...» 



•■• Ici, comme plus loin, B seul ajoute des titres. 

b « Comme l'a dit le Seigneur » manque dans Salhani. 

c Salhani : (( ... de crainte qu'elle ne devienne un charbon qui 
brûle ta langue, qu'elle ne prépare de la douleur à ton corps et 
qu'elle ne t'amène de la douleur. » — A •■ « mon fils, si tu 
entends une parole, enferme-la... » 



III. 1. Cf. Ecclésiastique, vi, 24 ; xvi, 24-25: Jésus, fils de Sirach, 
a le même but qu'Ahikar : « Ecoute-moi, mon fils, et apprends la disci- 
pline de l'esprit et à mes paroles sois attentif en ton cœur. Et je te 
dirai avec équité la discipline ; et je chercherai à t'expliquer la sa- 
gesse. » — Item, Tobie, iv, 2. — B peut avoir conservé la bonne le- 
çon : Ahikar ferait allusion aux passjiges parallèles des Proverbes : 
c Mon fils, prête attention à mes discours et incline ton oreille à mes 
paroles, » iv, 20 ; cf. i, 8 ; iv, 10; vi, 7 ; vu, 1,2. — D'ailleursle texte 
de C et de L est mauvais en cet endroit : C porte âlah corrigé par 
l'éditeur on dlahâ et L porte lehên corrigé par l'éditeur en holên, 

2. Cf. Prov., XXV, 9-10, 22. 



III, 2-3 SAGESSE, DOCTRINE ET PROVERBES d'ai.UKAR 155 

crainte qu'une fournaise de feu ne brûle ta langue et que 
tu ne causes de la douleur à ton corps et du mal à ton in- 
telligence, et que tu n'aies honte devant Dieu et (devant) 
les hommes *. 

3. O mon fils *, si tu entends ^ une parole ne la révèle à 
personne ^ et ne dis rien de ce que tu vois ^. 



1 (( Ne les révèle pas à autrui. » C, L, H portent : « Mon fils 
Nadan, si tu entends une parole, qu'elle meure dans ton cœur, 
et ne la révèle à personne, de crainte qu'elle ne devienne un 
charbon dans ta bouche et qu'elle ne te brûle et que tu n'infliges 
une souillure à ton âme, et que tu ne murmures contre Dieu. » 

Z, // ajoutent : « Et que tu ne sois haï sur la terre. » 

2 C : «. tout ce que tu entends, tu ne le diras pas. » Cf. Ecclé- 
siastique, XLII, 1. 

3 L intervertit : « Mon fds, tout ce que tu vois tu ne le diras pas, 
et tout ce que tu entends, tu ne le révéleras pas ». L place en- 
suite les sentences 4, 48, 84 et 8. 



a Voici les premiers conseils dans F : « Vous allez être 
revêtu d'une grande puissance ; employez-la toute pour celui 
qui vous l'abandonne, songez qu'il en est jaloux. 

« Éloignez, par le respect, la familiarité de votre souverain 
et, par la réserve, celle de votre inférieur. Vous n'avez plus 
d'égaux, vous ne sauriez avoir un ami. 

(( Ne soyez point dupe de la cour qui va vous environner, L'ar- 
bre chargé de fruits attire les oiseaux, tous viennent sur ses 
branches jouer et folâtrer : est-il dépouillé, on l'abandonne, il 
est le jouet des vents, la poussière le couvre et chacun le fuit. » 

b Môme pensée dans A, qui porte un peu plus loin : « mon 
fils, si tu as entendu quelque chose, ne le cache pas. )) — /'', au 
lieu de 3, porte : a Quand vous méditerez une entreprise, fer- 
mez vos lèvres. Quand vous voudrez vous mettre en chemin 
pour l'exécution, doublez vos babouches avec de la laine. » 

2-3. Ag : « Mon fds ne raconte jamais ce que tu as vu ni ce 



156 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR HI, 4-7 

4. mon fils, ne délie pas un nœud caché et ne scelle 
pas un nœud délié ^. 

5. mon fils, diri<^e ton sentier et ta parole, écoute et ne 
te hâte pas de donner une réponse ^. 

6. Mon fils, ne désire pas la beauté du dehors, car la 
beauté disparaît et passe, mais une bonne mémoire *^ et un 
fcon renom demeurent à jamais, 

7. ^ Mon fils, ne prends pas une femme aux paroles querel- 
leuses, car l'amertume suit les paroles, un poison mortel est 
enveloppé dans sou filet et t\i seras pris dans son piège ^. 

"^ C, L, H omettent 5, G, 7. xVprès 4, Z, //placent aussitôt 48. 
Cf. infra, 14, 26. 



que tu as entendu ; si une parole secrète est prononcée devant 
toi, laisse-la mourir dans ton cœur et garde-toi de la divulguer à 
personne, de crainte qu'elle ne devienne un charbon ardent qui 
brûle ta langue etque tu ne sois honni de Dieu et des hommes, )> 
p. 68-69. 

^ 4 manque en Salh. , se trouve plus loin en A. — importe : « Le 
secret qui s'échappe brûle la langue ; le bruit qui précède ou 
qui accompagne le projet le déconcerte. » 

^ Salhani : « Mon fds, rends tes paroles légères pour l'audi- 
teur (parle peu), et ne te hâte pas de répondre. » 

c « Une bonne mémoire » n'est pas dans Salhani. 

'^ Ag : « Ne te laisse pas séduire par les discours d'une fem- 
me dépravée, de crainte qu'elle ne te fasse tomber dans ses fi- 
lets et que tu ne périsses misérablement, » n. 69. 

Salhani : « Mon fils, ne te laisse pas tromper par les paroles 
d'une mauvaise femme, pour que tu ne meures pas d'une mort 

5. Cf. Démocrite, éd. Didot, p. 351, n. 178 : « Démocrite voyant 
quelqu'un qui parlait beaucoup, mais sans grand discernement : Je 
ne le trouve pas, dit-il, habile à parler, mais incapable de se laire. » 
Eccli , IV, 34 ; xxxii, 9-12. 

6. Eccli., xLi, 15-16 ; cf. infra, 64-65. 

7. Cf. infra, 14, 26. 



III 8-9 SAGESSE, DOCTRINE ET PROVERBES d'aHIKAR 157 

8. * Mon fils, si tu vois une femme parée de (beaux) habits 
et parfumée d'agréables parfums et que son caractère soit 
abject, querelleur et impudent, que ton cœur ne la désire 
pas. Quand même tu lui donnerais tout ce que tu as, tu 
trouverais que cela ne tourne pas à ta gloire, mais tu irri- 
terais Dieu et tu le mettrais en colère contre toi "*. 

9- ^ [Mon fils, ne pèche pas avec la femme de ton pro- 

1 C, L, II portent : « Mon fils, n'élève pas tes yeux pour voir 
une femme parée et fardée. Ne la désire pas dans ton cœur ; car 
lors même que tu lui donnerais tout ce que tu as, tu ne trouve- 
rais en elle aucun profit et tu commettrais un péché {H : un 
grand péché) contre Dieu. » Cf. infra^ 92. R. S. rapproche 
« n'élève pas tes yeux » du !xeT£(cpi(j[jLôi; ôçOaXjjiwv d'Eccli., xxiii, 5; 
XXVI, 12, et de Didac/ié, m, 3, 



honteuse, lorsqu'elle te prendra dans le filet et que tu seras en- 
traîné à la perdition. » 

a Salhani : « Mon fils, ne désire pas une femme qui se rend 
belle avec des habits et des parfums, tandis qu'à l'intérieur elle 
est vulgaire et mauvaise. 

a Prends garde de l'écouter ou de lui donner quelque chose de 
ce qui t'appartient ou de lui confier ce que tu as en main, car 
elle te couvrira de péchés et Dieu s'irritera contre toi. » 

b 9 manque dans Salhani et Ag, mais Ag ajoute ici : « L'homme 
sans enfants est semblable à un tronc stérile, dépouillé de ra- 
meaux, de feuillage et de fleurs. Sois plutôt comme cet arbre 
planté sur les bords d'un ruisseau et dans le voisinage des gran- 
des routes, il offre ses fruits nouveaux aux voyageurs, et les 
animaux du désert viennent se réfugier sous son ombrage tuté- 
laire, » p. 70. Cf. n. 39. 

8. Son caractère^ litt. : « sa maison » ou « son intérieur. » 
Ne la désire pas. Prov., v, 3-5 ; Eccli,, ix, 8. 

Cf. Prov., VII, 25-26. 

9. H omet. Cf. Job, xxxi, 9-11 ; Eccli, xli, 27. 



158 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR III, 9-1* 

chain, de crainte que d'autres ne pèchent avec ta femme. ^] 

10. ^ Mon fils, ne te hâte pas de répondre et ne mets pas 
de jactance dans tes réponses et tes discours, comme 
l'amandier qui pousse des feuilles et verdoie avant tous 
les arbres et ne donne des fruits qu'après tous (les au- 
tres) ; sois comme l'arbre agréable, admirable, doux et 
plein de saveur, comme le figuier, qui incline ses bran- 
ches, verdoie et pousse des feuilles à la fin, bien que son 
fruit soit m:ingé avant tout autre ^. 

11. ^ Mon fils, incline ta tête, porte ta vue et regarde au 
bas et prête ton attention Sois instruit, soumis, réservé, 
tranquille. Ne sois pas impudent et querelleur. N'élève 

"* Au lieu de cette maxime, H, L portent ici le n. 86. H la 
place plus loin après le n. 79. 

2 C porte : oc Mon fils ne te hâte pas comme l'amandier qui 
(porte) d'abord des fleurs et dont le fruit est mangé en dernier 
lieu, mais ressemble au figuier qui (porte) des fleurs à la fin et 
dont le fruit est man^é d'abord. » 



a Salhani : « : Mon fils, ne sois pas comme l'amandier qui 
verdit avant tous les autres arbres, mais produit des fruits le 
dernier de tous les arbres fruitiers. Sois plutôt comme le mû- 
rier, qui produit des fruits avant tous les arbres et verdit le 
dernier entre tous. » 

^ Arra., 8 : « Mon fils, ne sois pas trop doux, de crainte 
qu'on ne te dévore, ni trop dur, de crainte qu'on ne te haïsse. 
Tu dois être doux et tranquille dans les actes de tes fonctions 
et dans toutes tes paroles. » Cf. 48. — 11 ^^ forme dans Arra. le 
n. 45. — NS 1 « Mon fils, incline ta tête aussi bas que tu le peux , 



10. Amandier, mot araméeu (louz) 5 cf. Jérémie, i, 11-12. 
Ne donne des fruits, litt. : « et on n'en mange. •» 

Le figuier, ou « le mûrier ». Sic Ag., if^. 

11. N'élève pas la voix. Cf. Eccles., vu, 6. 



III, 11-15 SAGESSE, DOCTRINE ET PROVERBES d'ahIKAR 159 

pas ta voix avec jactance et tumulte ^, car s'il suffisait d'une 
voix puissante pour construire une maison, l'une en bâti- 
rait deux en un jour; et si la charrue était dirigée par la 
force, le chameau la conduirait au mieux. 

12. ^ [Mon fils, il vaut mieux transporter des pierres avec 
l'homme sage que de boire du vin avec l'insensé.] 

13. ^ Mon fils, verse ton vin et môle-le sur les tombeaux 
des justes 2. 

14. Mon fils, sois sage (et) bon, ne bois pas ton vin avec 
les femmes querelleuses ^. 

15. ^ [Ne sois pas impie avec le sage et ne sois pas sage 
avec l'impie *]. 

1 L omet tout ce qui précède ; C n'en renferme que les douze 
premiers mots. — Cf. supra, p. 69, n. 18. 

2 C porte : « Mon fils, verse ton vin sur les tombeaux des 
justes et ne le bois pas avec les impies ; » cf. Tobie, iv, 17 ; 
Eccli., XXX, 13. 

3 C porte : « avec celui qui ne rougit pas. 9 

* Cornet. — H, L mettent 15 après 12. — Z ne renfermepas 13 
etl4. 



adoucis ta voix et possède -toi bien. Suis la voie de la vertu et ne 
sois pas impie. Ne fais pas de tapage lorsque tu ris ou lorsque 
tu parles, car si l'on pouvait bâtir une maison en criant Fane 
bâtirait chaque jour beaucoup de maisons. » — La fin de 11 
manque dans Salhani. 

a 12 et 13 figurent dans Salhani, qui omet 14 ; — B omet 12. 

i» 13-14. Arm 7 : « Mon fils, verse ton vin et ne le bois pas 
avec les insensés et les vagabonds, de crainte d'être mépx-isé 
par eux. d Cf. 24. 

c 14 et 15 manquent dans A. — 13-15, Salhani : « Mon fils, 



11. D'après M. Ilalévy, si on lisait « ville » au lieu de < maison » 
cette maxime reposerait sur la similitude de 'air ==. ànon et de 'ir 
= ville. 

14. Cf. Eccli,, VII, 2 ; xxv, 23 ; cf. I Cor., v, 11. 



d60 HisTOiniî ET SAGESSE d'ahikar ih, 16-18 

16. * Mon fils, joins-toi aux sages, aux hommes pieux, 
afin (le leur ressembler ; ne t'associe pas aux jeunes gens 
pour ne pas leur ressembler et ne pas suivre leurs voies ^. 

n. ^ Mon fils, si tu aimes un camarade, éprouve-le d'abord, 
et ensuite prends-le pour ami. Tant que tu n'as pas éprouvé 
un homme, ne le loue pas, mais éprouve-le et ensuite fré- 
quente-le <^. 

18. '^ Mon fils, ne marche pas avec celui qui n'est pas sage 
et ne lui dis rien, et ne te môle pas h l'assemblée des jeunes 
fifcns 2. 



^ C, L portent : « Mon fils, accompagne l'homme sage et tu 
deviendras sage comme lui ; n'accompagne pas l'homme lo- 
quace et bavard pour que tu ne sois pas compté avec lui. » 

"^ C, L, H omettent 17 et 18 ; d'ailleurs 18 répète 16. 



verse ton vin sur les tombeaux des hommes pieux plutôt que de 
le boire avec des hommes mauvais et vulgaires. » 

a ^ : « mon fils, attache-toi à l'homme sage qui craint Dieu 
et demeure près de lui ; ne va pas avec l'ignorant de crainte que 
tu ne deviennes comme lui et que lu n'apprennes ses voies. » 

b Arm, 5 : « Ne deviens point le compagnon d'un insensé 
et d'un fou, de crainte que tu ne sois appelé fou comme eux. » 

Ag : « Autant tu dois rechercher la société de ceux qui 
marchent dans la crainte de Dieu, autant tu dois fuir les insen- 
sés, qui t instruiraient dans leurs voies corruptrices. Eprouve 
d'abord l'ami que tu veux te choisir et ensuite fréquente-le, » 
p. 72-73. 

« (fin) Salhani: (( ... ne le loue pas sans l'avoir éprouvé. Ne 
le découvre pas en face d'un fou. » 

d 18 manque dans A et Salhani. 



16. Cf. Prov., XIII, 20 ; xxvi, 4. De même dans Démocrite : « L'ami< 
lie d'un seul sage l'emporte (sur celle) de tous les insensés. » 

17. Kprous'e-le. Cf. Eccli., vi, 7. 



111,19 22 SAGESSE ET DOCTRINE d'aHIKAU 161 

19. Mon fils, marche nu-pieds sur les épines et les ron- 
ces et fraie un chemin à tes enfants et aux enfants de tes 
enfants ''. 

20. * Won fils, chaque fois que le vent souffle dans l'air 
et que la mer n'est pas agitée, conduis ta bar(|ue et ton 
navire au port, avant que la mer ne s'agite et ne se mette en 
mouvement et ne multiplie ses flots et ses tempêtes et ne 
submerge le navire. 

21. ^ Repose-toi durant ton chemin et durant tes courses, 
c'est à-dire: chaque fois que tu es en bonne santé, pense à 
ta fin et souviens-toi delà mort entre toi et ton bien ^. 

22. ^ Mon fils, lorsqu'un riche mange des serpents, on 
dit qu'il (les) mange pour se guérir et que cela lui est uti- 



1 C, L,Etlt. : (cMon fils, foule les ronces aux pieds tant que tu 
as des souliers. » — R. S. (p. 106) rapproche cette pensée d'I- 
saïe, xxvii, 4. 

2 C, Z, // omettent 20 et 21 . 



a 19-20. A : (iO mon fils, tant que tu as une chaussure à ton 
pied, marche avec elle sur les épines et fais une roule pour ton 
fils et pour ta famille et tes enfants. Radoube ton navire avant 
<ju"il n'aille sur la mer et ses flots, qu'il ne soit submero-é et 
qu il ne puisse être sauvé, » — Salhani : «...avant que la mer et 
ses fiots n'enflent, car alors tu périras et tu ne pourras plus être 
sauvé. » 20. — Ag. : « C'est pendant le calme que tu dois radou- 
ber ton vaisseau, car si le vent des orages se lève et te sur- 
prend, Ion naufrage est inévitable, » p. 71. 

b 21 manque dans A et Salhani. 

c 22. Ag : « Si le riche mange une vipère, les hommes disent : 

22. l'uur M. Vctter, il ne peut s'agir d'un véritable serpent mais 
d'une herbe de même nom, nahas, menlioiinée dans le Talmud • cf. 
J. Lévy, Neuhebr. Wôrtcihuch, t. ni, 1883, p. 374. Rien n'indique 
que H l'ait compris ainsi. 11 fait le mot à mot de T, L. 

Cf. Eccle., IX, 15-16. A, C, L, Elk. omettent la lin : car etc. Le sy- 

11 



162 HiSTOinE ET SAGESSE d'ahikar ih, 22-24 

le*; si un pauvre en mange, on dît qu'il en mange par 
faim ; car c'est sous de nombreuses parures qu'on (croit) 
trouver l'homme bon et juste. 

23. ^ Mon fils, mange ta portion seulement et ne désire 
pas celle de ton prochain 2. 

24. Mon fils, ne t'oublie pas avec l'insensé, n'aie pas 
commerce avec celui qui n'est pas chaste ^. 



^ L, C, H omettent « et que cela lui est utile. » 
2 L, H: (( et n'étends pas ta main sur celle du prochain » (n. 
15) ; — C: (( et ne méprise pas ton prochain. » — R. S. montre 
(p. 107) que C se tire facilement de L et renvoie à Eccli., xxxiv, 
16 et 18 ( ? ?). 

^ C, L (n. 16) : Mon fds, ne mange pas de pain avec l'homme 
sans pudeur. » Cf. I Cor., v, 11. — Slave (n. 13): « Mon fds, ne 
te mets pas en route avec un homme qui n'accepte pas d'avis 
(cf. Eccli., VIII, 15), et ne t'asseois pas à la même table qu'un 
trompeur. » 



C'est par sagesse. Qu'un pauvre la mange et l'on dira que c'est 
par besoin, » p. 77. Sic Salhani. 

a 22-23. Arm., 10: (( Mon fils, si le fils d'un homme riche mange 
un serpent, on dit que c'est pour lui une médecine ; si le fils 
d'un homme pauvre en mange un, on dit que c'est par faim. 
Mange ta portion en paix et ne jette pas les yeux sur celle de 
ton compagnon. Ne passe pas une journée avec celui qui est 
sans crainte (de Dieu), et ne mange pas ton pain avec celui qui 
manque de jugement. » 



riaque et l'arabe portent liltéialement : « uu fils de riches » et « un fils 
de pauvres», ce qui équivaut à « un riche » et « uu pauvre». Le slave 
et l'arménien portent: « le fils d'un riche » et s le fils d'un pauvre ». 
Ces deux versions proviennent donc d'un original sémitique : comme 
l'a fait remarquer R. S. p. 103, le traducteur a mal compris ces deux 
locutions si fréquentes dans les langues sémitiques. 



III, 25-26 SAGESSE ET DOCTRINE d'ahIKAR 163 

25. ^ Mon fils, va dans la prospérité au-devant de ceux 
qui te haïssent, compatis aux maux qui leur arrivent et 
plains-(les). Ne te réjouis pas au moment de leur chute *. 

26. Mon fils, ne t'approche pas de la femme querelleuse 
et à la voix altière ^, ne désire pas la beauté de la femme 
bavarde (et) impure, car la beauté de la femme est (cause 
de) sa honte, et ce n'est rien que l'éclat de son vêtement 
et la beauté extérieure avec lesquels elle te captive et te 
trompe ^. 

'^H,L (n. 17) : « Mon fils, si lu vois ion ennemi à terre, ne te mo- 
que pas de lui, de crainte qu'il ne se lève et ne se venge de toi. » 
Celle partie est propre à L et se rapproche de la fin de B. On a 
ensuite : « Mon fils, n'envie pas la prospérité de ton ennemi et 
ne te réjouis pas de ses maux. » 

2 C (n. 18), L (n. 19), H : « Mon fils, n'approche pas de la 
femme qui murmure (L : de la femme bavarde et loquace ) et de 
celle qui a la voix altière. » 

3 C (n. 19) (( Mon fils, ne cherche pas la beauté de la femme et ne 
la désire pas dans ton cœur, car la beauté de la femme c'est son 
bon sens, et sa parure c'est la parole de sa bouche. » — Z(n. 19 ^) 
porte seulement la fin : car, etc. 



» 24-25. A et Salhani : « O mon fils, ne voisine pas avec le fou 
et ne mange pas le pain avec lui ; ne te réjouis pas des afflic- 
tions de tes voisins. Si Ion ennemi te nuit, montre-lui de la bien- 
veillance. )) La fin ressemble à 28, qui manque dans A et Sal- 
hani. — Salhani place ici 82 sous la forme mauvaise : « Mon fils, un 
homme qui ne craint pas Dieu, crains-le et honore-le. » M.Lidz- 
barski met ensuite à bon droit un point d'interrogation. A est 
conforme à 82. 



25. Plains-les. Cf. Ecnli., vi, 5 : « î^a parole douce multiplie les 
amis et adoucit les ennemis. » 

Cf. Prov., XXIV, 17 ; Eccli., iv, 27, et i/ifra, 79". 

26. Ou lit dans les apophtegmes des Pères : « Un vieillard dit : 



164 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR HI, 27-30 

27. ^ Mon fils, de même que des anneaux ne servent à rien 
aux oreilles d'un onagre, ainsi une femme de port princier 
ne sert à rien, lorsqu'elle est mauvaise dans ses paroles et 
dans ses actes, sans sagesse, bavarde et prolixe discou- 
reuse "•. 

28. Mon fils, si ton adversaire vient an-devant de toi pour 
le mal, va au-devant de lui pour le bien - et reçois-le •^. 

29. Mon fils, l'impie * tombe et le juste n'est pas ébranlé 
de sa place ^. 

30.^ Mon fils, si le sage est malade, le médecin peut le 
soigner et le guérir, mais il n'y a pas de remède pour les 
souffrances et les blessures de l'insensé ^. 



1 C, L, //^ omettent 27. 

2 Sic B, L ; — C porte : « dans la sagesse », 

3 Ces trois derniers mots manquent dans C, L. Cf. Matth., v, 
38-48. — L, H passent d'ici kl'è. H : « Mon fils, si ton ennemi 
te rencontre et que sa pensée soit mauvaise, va au-devant de lui 
et que ta pensée soit bonne. » 

* Sic C ; — B porte : (( le sage. » 

^ C,H : « Mon fils, l'impie tombe et ne se relève pas ; le juste 
n'est pas ébranlé, parce que Dieu est avec lui. » 
« C, // omettent 30 et 31. 



a 26-27 manquent dan^ A et Salhani. 

b 29-30. Salhani : (( Mon fils, l'ignorant tombe et trébuche, mais 
le sage ne chancelle pas et ne tombe pas. Même s'il trébuche et 
s'il tombe, alors il se relève rapidement. S'il est malade, il peut 
se guérir lui-même, mais il n'y a aucun moyen de guérison pour 
les maladies de l'ignorant. » — 29 figure aussi dans l'éthiopien. 



Eloigne-toi de tout iunnrne à la parole querelleuse, > Revue de l'O- 
rient chrétien, 1907, p. 402 et 411, n. 100. Cf. infra, 85. 

Cf. supra, 11. 7 et 8 ; Eccli., ix, 8-9, 11. 

27. De port princier, litt. : « maîtresse de l'aspect. » 



m, 31-33 SAGESSE ET DOCTRINE d'ahIKAR 16o 

31. ^ Mon fils, reçois chez toi celui qui est au-dessous de 
toi et celui qui est moins riche que toi ; s'il s'en va et ne te 
rend pas, Dieu te rendra. 

32. ^ Mon fils, ne cesse pas de frapper ton enfant ; le châ- 
timent du fils est comme le fumier dans le jardin, comme le 
cordon de la bourse, comme le licol de l'animal, et comme 
la barre [[xo'/}<bz) de la porte *. 

33. Mon fils, arrache ton fils au mal pour te tranquilli- 
ser toi-même dans tavieillesse ; instruis-le et frappe-le tant 
qu'il est jeune, fais-le obéir à tes ordres, afin que peu 
après il ne vocifère pas et ne se rebelle pas contre toi, 



1 C : «Mon fils, ne soustrais pas ton enfant aux coups, caries 
coups sont au jeune homme comme le fumier au jardin et comme 
le lien à l'âne ou à tout animal, et comme la corde au pied de l'âne. » 
— H porte seulement : (( Mon fils, n'épargne pas les coups à ton 
fils, car les coups sont à l'enfant comme le fumier au jardin, 
comme le frein et les liens à l'âne. » 



« Salhani : c( Mon fils, si un homme moindre que toi vient au- 
devant de toi, tiens-toi debout en le recevant; s'il ne te le 
rendpas, son maître te le rendra pour lui. » Cette maxime figure 
aussi dans l'éthiopien. 

t» A est conforme ài?et non à C; — l'éthiopien diffère des deux. 



31. Dieu te rendra. Cf. Eccli., xii, 2 : « Fais du bien au juste 
et tu trouveras des rotribulions, sinon de lui, (du moins) du Sei- 
gneur. » 

32. Domocritc, p. 3'i9, n. 134 : « Rien de pire que la mollesse 
dans l'éducation des enfants, car c'est d'elle que naissent toutes les 
voluptés d'où proviennent les vices. » Cf. Prov., xxiii, 12,14; 
Eccli., XXX, 1,11, 12. 

33. Instruis-le et frappe-le, cf. Eccli., vu, 25. 
Cf. Eccli.. XXX, 13. 



166 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR IH, 33-36 

qu'il ne te fasse pas honte au milieu de tes camarades» 
qu'il ne (t'oblige pas à) baisser la tête dans les places pu- 
bliques et les carrefours (TrÀaxsîa), que tu ne rougisses pas 
delà méchanceté de ses œuvres et que tu ne sois pas avili 
par son impudence perverse '' ^. 

34. Mon fils, acquiers un bœuf trapu et un Ane au pied 
(solide) ; n'acquiers pas un bœuf cornu, et ne t'associe pas 
à un homme barbu ^. 

35. Mon fils, n'acquiers pas un esclave querelleur ni une 
servante voleuse, car ils perdront tout ce qui sera confié à 
leurs mains ^. 

36. Mon fils, les paroles des hommes menteurs (et) insen- 
sés ressemblent aux passereaux qui volent dans l'air et sont 
gras '^ ; celui qui n'a pas d'intelligence les écoute ^. 

^ C, H : (.(. Mon fils, soumets ton lîls tant qu'il est jeune avant 
qu'il ne devienne plus fort que toi [ II : de crainte qu'il ne lève 
sa main ), qu'il ne se révolte et que ses vices ne te couvrent de 
confusion. » 

2 (.34-35) (7 : « Mon fils, acquiers un bœuf trapu et un âne qui 
a bon pied ; mais n'acquiers pas un serviteur fuyard et une 
servante voleuse, de crainte qu'ils ne te perdent tout ce que tu 
as acquis. » 

^ C, H : (( Mon fils, les paroles du menteur sont comme de gras 
passereaux; celui qui n'a pas de cœur (d'intelligence) les mange. » 



a 33 (fin) Salhani: «... qu'il ne (t'oblige pas) à courber la tête 
dans les rues et dans les assemblées, et tu auras honte de ses 
mauvaises actions. » — L'éthiopien est plus rapproché de C 
que de B. 

^ 34-71 manquent dans Salhani. — Au lieu de « barbu », 
A porte (( mauvais ». 

c 36 manque dans A. 

3A. Au pied solide, lill. ungiilis prcVcUlits. 
36. Cf. Prov., X, 41'. 



III, 37-39 SAGESSE ET DOCTRINE d'ahIKAU 167 

37. Mon fils, ne réduis pas tes enfants à la misère, de 
crainte qu'ils ne te maudissent et que Dieu ne s'irrite con- 
tre eux, car il est écrit : Celui qui maudit son père et sa 
mère mourra de mort — c'est là le péché qui irrite Dieu 
— et : Celui qui honore son père et sa, mère aura une longue 
çie et des biens en abondance *. 

38- Mon fils, ne te mets pas en route sans glaive et ne 
cesse pas de faire mémoire de Dieu dans ton cœur, car tu 
ne sais pas quand les ennemis mauvais — c'est-à-dire les 
Satans (et) les hommes méchants — te rencontreront. Sois 
prêt dans ta route, parce qu'il y aura de nombreux enne- 
mis 2. 

39. Mon fils, tel un arbre opulent sous ses fruits, ses 
feuilles et ses rameaux, ainsi est l'homme avec une femme 
excellente, et ses fruits (sont) des enfants et des frères. 
L'homme qui n'a ni femme, ni enfants, ni frères au mon- 
de sera dédaigné et mépris4 de ses ennemis, (comme) un 
arbre qui est le long du chemin : tous les passants le frap- 
pent du pied et mangent de ses fruits, et l'animal sauvage 
fait tomber et choir ses feuilles ^. 



1 C, // : « Mon fils, n'attire pas sur toi les malédictions de 
ton père et de ta mère, de crainte que tu ne te réjouisses pas 
dans les biens detesfds.» — B,H: « de crainte que tu ne pleu- 
res du lait de tes fils. » 

2 C (n. 27) : « Mon fds, ne te raels pas en route sans glaive, 
car tu ne sais pas à quel moment ton ennemi te rencontrera. » 
B paraphrase. 

^ C (n. 28) : « Mon fds, de même qu'un arbre est orné par ses 
branches et par son fruit, et une montagne touffue par (ses) ar- 



37. Exode, XXI, 17. 

Deut., V, 16. — R. S. renvoie à Eccli., in, 6, 9. 

39. Cf. Psaumes, cxxvi, 3-4, et cxxvii, 3-5. 



168 HisTOinE ET SAGESSE d'ahikar IH, 40-43 

40. ^ Mon fils, ne dis pas : «Mon seigneur est fou et moije 
suis sage ; » — mais il faut que tu le regardes comme excel- 
lent, quand bien même il aurait quelque défaut, (et) tu en 
seras aimé. Ne t'estime pas (être) du nombre des sages 
lorsque près des hommes tu n'appartiens pas à ce groupe '*. 

41. Mon fils, n'allonge pas tes paroles devant ton sei- 
gneur, des paroles de sottise et de folie^ (et) tu ne seras pas 
blâmable à ses yeux ^. 

42. Mon fils, ne sois pas de ceux auquels leur maître dit : 
a Va de devant ma face, » mais de ceux auxquels il dit : 
« Approche et demeure près de moi ^. » 

43. ^ Mon fils, au jour de ton deuil, de ton mal et de ta 
soufirance, ne dispute pas et ne maudis pas ton seigneur, 

bres, ainsi l'homme est orné par sa femme et ses enfants. L'hom- 
me qui n'a pas de frères, de femme et d'enfants est dédaigné et 
méprisé devant ses ennemis ; il ressemble à l'arbre qui est le 
long du chemin, tout passant en prend et tout animal sauvage 
fait tomber ses feuilles. » 

^ C (29-30) : (( Mon fils, ne dis pas : Mon seigneur est fou et 
je suis sage, — mais arrête-le (applaudis-le ?) dans ses vices et tu 
seras aimé. — Mon fils, n'estime pas que tu es sage lorsque les 
autres ne t'estiment pas sage, » 

2 Cornet 41. 

^ C (n. 31-32) : « Ne mens pas devant ton maître, de crain- 
te que tu ne sois méprisé et qu'il ne te dise : Va de devant mes 
yeux. Mon fils, que tes paroles soient vraies, afin que ton maî- 
tre te dise : Viens vivre près de moi. » 



^ 40-41. A : « mon fils, ne dis pas : Mon seigneur est fou 
et je suis sage. Ne rapporte pas des paroles d'ignorance et de 
folie, sinon tu seras méprisé par lui. y> 

^ 43 n'est pas dans A. 

42. Cf. Mattl)., XXV, 21-23. 



III, 43-48 SAGESSE ET DOCTRINE d'aHIKAR 169 

de crainte qu'il n'entende tes paroles et ne s'irrite contre 
toi^ 

44. Mon fils, lorsque tu as des serviteurs, n'aime pas l'un 
et ne hais pas l'autre, car tu ne sais pas lequel d'entre eux 
tu choisiras à la fin ^ a^ 

45. ^ Mon fils, le serviteur qui abandonne la maison de 
ses maîtres et va chez d'autres n'améliore pas ses affaires ^. 

46. Mon fils, la chèvre qui circule et qui multiplie ses 
pas sera la proie du loup. 

47. Mon fils, prononce un jugement droit et bon, afin que 
tu obtiennes et voies une vieillesse honorable et que tu te 
reposes dans ta vieillesse '*. 

48. Mon fils, adoucis ta langue à l'aide des paroles de 
Dieu et rends bonnes les paroles de ta bouche. Parle à 



^ C(n. 33) : « Mon fils, au jour de ton mal ne maudis pas 
Dieu, de crainte que, l'entendant, il ne s'irrite contre toi. » 

2 C (n. 34) : «Mon fils, ne fais pas plus de bien à l'un de tes 
eervileurs qu'à son camarade, car tu ne sais pas duquel d'en- 
tr'eux lu auras besoin à la fin. » 

^ C (n. 35) : « Mon fils, jette des pierres au chien qui aban- 
donne son maître et qui marche à ta suite. » 

* C (n. 37) : 6. Mon fils, juge un jugement di'oit dans ta jeu- 
nesse, afin que tu sois honoré dans la vieillesse. » — // ajoute 
ici qu'un jugement injuste irrite Dieu. 



a A porte en plus (n. 34) : « mon fils, n'aie pas peur de ton 
Seigneur qui t'a créé, sinon il gardera le silence à ton égard, » 
^ 45, 47 et 48 ne se trouvent pas dans A. 



46. CF. Inlrod., page 21, note, et infra, c. xxxiii, 105. 
48. Parle à chacun avec bonté ; Eccli., xi,, 21 : « Les flûtes et le 
psaltérion font une douce mélodie, mais au-dessus de l'un et de l'au- 



170 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAU HI, 48-51 

chacun avec bonté et élégance, car c'est la queue du chien 
qui lui donne du pain et sa gueule lui attire des coups et 
des pierres '. 

49- Mon fils, ne laisse pas ton prochain [te marcher sur 
le piedj, de crainte qu'il ne te marche sur la poitrine ; c'est- 
à-dire ne permets pas à l'adversaire Satan de te faire com- 
mettre un petit péché, de crainte qu'il ne t'en fasse commet- 
tre un grand ^. 

50. Mon fils, frappe le sage et tu seras comme une fièvre 
dans son cœur, mais frapperais-tu l'insensé de nombreux 
coups de bâton qu'il n'apprendrait et ne comprendrait rien 
de ce qui est bien ^. 

51. Mon fils, si tu envoies un homme sage pour faire ton 
travail, ne lui donne pasde longs conseils ou avertissements, 
car il fera ton travail comme ton cœur le veut ; mais si tu 
envoies un homme insensé, ne parle pas avec lui devant 



^ Celte sentence est la cinquième dans L, H. — C (n. 38) : 
« Mon fils, adoucis ta langue et assaisonne l'ouverture de ta 
bouche, car c'est la queue du chien qui lui donne du pain et sa 
gueule des coups. » 

2 C (n. 39) : « Mon fils, ne laisse pas ton prochain te mar- 
cher sur le pied, de crainte qu'il ne te marche sur la tête. » La 
fin est une paraphrase. 

^ C (n. 40) : « Mon fils, frappe l'homme avec une parole 
sage pour qu'elle soit dans son cœur comme une fièvre en été, 
(//: et elle sera à ses oreilles comme un vent frais un jour 
d'été). Si lu frappes l'insensé de nombreux coups de bâton, il ne 
comprendra pas. » 



tre est une langue douce. » — On attribue la même pensée à Démo- 
crite, cf. Meissncr;, p. 183 ; H. S., p. 69. 

49. La même pensée est attribuée par Schalirastani à Démocrite, 
R. S., p. 69. 

51. Cf. Eccli., XXII, 14-16. 



III, 51-54 SAGESSE ET DOCTRINE d'ai.IIKAR 171 

quelqu'un, mais va-t-en plutôt et ne l'envoie pas, car il ne 
fera pas ton travail selon ta volonté, quelque longs conseils 
que tu lui donnes ^. 

52. ^ Mon fils, si l'on t'envoie en chercher un autre (plus 
fort) que toi, ne blesse pas l'homme puissant, de crainte 
qu'il ne résiste et ne (te) cause du mal sans que tu le pré- 
voies 2. 

53. ^ Mon fils, éprouve ton fils et ton serviteur avec le 
pain, (c'est-à-dire) dans les petites choses d'abord, ensuite 
confie-lui ce qui t'appartient et tes possessions ^. 

54. Mon fils, sors vite des repas de noce et des festins, et 
n'attends pas pour oindre ta tête d'huile et de parfum, de 
crainte d'attirer sur ta tète des contusions et des cicatri- 
ces *. 

^ C (n, 41) : « Mon fils, envoie le sage et ne le commande 
pas. Mais si tu envoies Tinsensé, va toi-même plutôt que de 
l'envoyer, » 

2 C omet 52. 

3 C(n. 42) : « Mon fils, éprouve ton fils avec le pain et avec 
l'eau, après cela tu laisseras en ses mains tes possessions et tes 
richesses. » 

* C (n. 43) : « Mon fils, pars le premier du festin et n'attends 
pas les parfums suaves, de crainte qu'ils ne deviennent des con- 
tusions pour ta tête. » 



^ A : (L Mon fils, ne te fais pas un ennemi d'un homme plus 
fort que toi, parce qu'il te mesurera et se vengera sur toi. » — 
Ag porte : « Garde-toi d'exciter la haine d'un homme puissant, 
parce qu'il mesurerait ta faiblesse et t'écraserait de sa ven- 
geance, )) p. 71. 

^ 53. A soude ensemble 53 et 55 et omet 54. 



52. Cf. Eccli., VIII, 1. 
54. Cf. Eccle., VII, 2-4. 
Cf. Eccli.. XXX, 12. 



172 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR IH, 55-6ft 

55. Mon fils, celui dont la main est pleine est appelé sage 
et honorable, et celui dont la main est vide est appelé mé- 
chant, pauvre, besogneux et indigent, et personne ne l'ho- 
nore ^ 

56. Mon fils, j'ai mangé de l'absinthe et j'ai dévoré de la 
myrrhe, mais je n'ai rien vu de plus amer que la pauvreté et 
l'indigence. 

57. ^ Mon fils, j'ai porté du fer et du plomb, et je n'ai rien 
vu comme lopprol^re et la calomnie -. 

58. Mon fils, j'ai porté du sel et de grandes pierres, et 
elles ne m'ont pas pesé comme celui qui rit et se moque 
et qui demeure dans la maison de son beau-père ^. 

59. Mon fils, enseigne à ton enfant la faim et la soif, pour 
qu'il dirige sa maison [selon ce qu'il a vu]. 

60. ^ Mon fils, n'enseigne pas aux insensés des paroles 



^ C(n. 44) : « ... est appelé coupable et vil. » 

^ (56-57), C (n. 45) : « Mon fils, j'ai porté du sel et j'ai roulé 
du plomb, et je n'ai rien vu déplus lourd qu'une créance qu'on 
doit payer sans l'avoir contractée. » 

^ B porte en plus : « et les autres qui sont comme eux. » — 
C(n. 46) : «Mon fils, j'ai porté le fer et j'ai roulé les pierres, et 
cela ne m'a pas pesé autant que l'homme qui demeure chez son 
beau-père. » — L'Arm. (69 ^) porte : « J'ai levé du fer et j'ai levé 
des pierres sur mes épaules, et cela me valait mieux que d'habiter 
avec l'insensé. » 



* 57-58 ne figurent pas dans J. 

^ 60. A : (( Mon fils, n'enseigne pas à l'ignorant le langage de 
l'homme sage, car il lui sera insupportable. » —Cf. supra, n. 15. 

55. Cf. Eccle., IX, 16 ; Eccll., xiii, 21-23. 
58. Cf. lîlccli., XXII, 17-18 ; Prov., xxvn, 3. 

60. Figure entre parenthèses dans l'hébreu (page 19), qui renvoie à 
un passage analogue du Talmud. 



III, 60-64 SAGESSE ET DOCTRINE d'aiIIKAR 173 

sages et savantes, car mes paroles sont pour eux comme 
celui (jui enduit son corps de poix pour Tengraisser ^. 

61. Mon fils, si tu deviens indigent et pauvre, ne révèle 
pas tes affaires à ton ami, de crainte qu'il ne devienne 
avare *. 

62. Mon fils, l'aveugle des yeux vaut mieux que l'aveugle 
de cœur, car l'aveugle des yeux suit la voie de la vie, tan- 
dis que l'aveugle de cœur va dans la voie profonde ". 

63. Mon fils, si un homme glisse et tombe, cel.i vaut 
mieux qu'un péché de langue; car, s'il meurt de sa chute, 
il est délivré des traits tentateurs, tandis que s'il pèche par 
la lant^ue il tombe en tentation ^. 

64. ^ Mon fils, un ami proche l'emporte sur un frère éloi- 
gné, et un bon renom sur la richesse du monde, car la 

1 Cornet 60 et 61. 

2 C (n. 48) : c( laisse la voie droite et va dans celle du dé- 
sert (et se perd). » 

^ Cette fin manque dans A. 



^ 61. A : (( iNIon fils, ne dévoile pas ta situation à ton ami, 
de crainte d'en être méprisé. )> 

b 64. A : (( Mon fils, un ami proche l'emporte sur un frère ex- 
cellent et éloigné. » 

61. Cf. Démocrite, éd. Didot, p. 350, n. 16'i à 165 : « Beaucoup 
évitent leurs amis lorsqu'ils louibent de la bonne dans la mauvaise 
fortune. Dans la prospérité, il est facile de ti'ouver un ami ; dans la 
mauvaise fortune, c'est l'œuvre la plus difficile. 

63. Litt. : « La chute d'unhomme de son pied est meilleure que la 
chute de sa langue. » Sic A. — C omet 63. On attribue la même 
sentence à Solon ou à Socrate. Cf. Meissner, p. 183, et infra, n. 71, 
Cf. Eccli., XXVIII, 30 : « Sois attentif de peur que tu ne failles p;irla 
langue. » 

64. Cf. Ecole., VII, 2. 
Cf. Eccli., xLi, 15, 16. 



174 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR HI^ 64-68 

richesse s'évanouira et se dissipera tandis qu'un bon re- 
nom subsiste toujours. 

65. Mon fils, la beauté périt, se corrompt et s'évanouit et 
le monde cesse, s'en va et passe, tandis qu'un bon renom 
ne passf pas, ne cesse pas et ne se corrompt pas *. 

66. Mon fils, pour l'homme qui n'a pas de repos durant 
sa vie la mort est préférable à la vie a. 

67. Mon fils, le bruit des pleurs et des gémissements 
l'emporte sur le bruit de la joie et des festins, car le bruit 
et l'a..;:! *ion des pleurs font connaître à l'homme son péché 
et l'expient *. 

68. ^ Mon fils, le morceau de pain que tu donnes de ta 
main h un pauvre dans ta pauvreté l'emporte sur un talent 
que tu donnerais dans ta richesse. Une chèvre proche 

^(64-6.5), C (n. 49) : « Mon fils, un ami proche l'emporte sur 
un frère éloigné; un bon renom l'emporte sur une grande beauté, 
car un bon renom subsiste toujours tandis que la beauté vieillit 
et disparaît. » 

2 C (n. 50) : (( Mon fils, la mort est meilleure que la vie pour 
l'homme qui n'a pas de repos, elle bruit des lamentations est 



a SI: c( Mon fils, une bonne mort vaut mieux pour Ihora me 
qu'une mauvaise vie. » 

^ 68-69. Le commencement de A (n. 49) est conforme à C, et 
la fin à B. Puis A ajoute trois maximes (50-52). Cf. p. 175, notes 
1, 2, 3. 

65. Cf. Prov., xxvii, 10 et xxii, 1. Démocrite, éd. Didot, p. 348, 
n. 127 à 128 : « La noblesse des animaux consiste dans la force du 
corps et celle des hommes dans l'excellence de leur conduite. Il faut 
que les hommes tiennent plus de compte de l'esprit que du corps. » 
Cf. Eccle., VII, 2 ; Eccli., xli, 15, et supra, 6, 64. 

66. Eccle., IV, 2 ; vu, 2 ; Eccli., xxx, 17 ; xli, 3-4. 

67. L'expient, litt. : a le rendent vain. » 

68. Cf. Luc, XXI, 2-4. 



III, 68-69 SAGESSE ET DOCTRINE d'ahikAU 175 

vaut mieux qu'un taureau qui est loin, et un passereau que 
lu tiens dans ta main l'emporte sur cent qui volent clans 
l'air. Si tu es indigent et que tes enfants amasseîit auprès 
de toi, cela vaut mieux que d'avoir une grande richesse et 
des enfants qui dissipent ^ Un renard vivant vaut mieux 
qu'un lion mort -; c'est-à-dire un homme Taible qui rend 
service vaut mieux qu'un homme riche qui est avare et mau- 
vais, celui-ci meurt dans le péché ^. 

69. Mon fils, un talent de laine vaut mieux qu'un poids 
(égal) d'or ou d'argent, car l'or et l'argent se cachent, sont 
entermés dans les bourses {'(Kco^^by.oy.ov) et ne sont vus 
d'aucun étranger, tandis que la laine se sort et se vend dans 
les rues et les places publiques (jzXacieiai) ; elle sert aussi 
pour les vêtements et elle est belle à voir ^a, 

meilleur que le chant et la joie aux oreilles de l'insensé. » — Le 
n. 67, conservé par ^ seul, est parallèle à Eccle., vu, 3, 4. 

^ Ar porte (50) : « mon fils, une petite fortune vaut mieux 
qu'une fortune dissipée.» 

2 Ar (51) : « Mon fils, un chien vivant vaut mieux qu'un 
pauvre homme mort. » 

3 yf/" porte (52) : « mon fils, un homme pauvre qui donne 
bien vaut mieux qu'un riche qui est mort dans le péché. » 

^ ( (38-69 ) C(n. 51) : « Mon fils, le fromage que tu as en ta 
main l'emporte sur l'huile qui est dans la jarre (des autres) ; une 



•' 68-69. Arm. (52-53) donne l'équivalent du fromage (C), du 
passereau {B et C) et de la pauvreté qui amasse (C). — SI n'a 
pas cette dernière maxime, mais porte en plus (comme C) : 
« Mieux vaut une robe de chanvre que tu as qu'une robe de pour- 
pre que lu n'as pas. )) 

68. Cf. Eccli., IX, 4. Ménandre écrit: «Uujour sous le soleil l'em- 
porte sur cent années passées dans l'enfer. » Land, t. i, p. 162, lig. 35. 
— Meurt, litt. : « descend. » 

Cf. Eccle.. IV, 13. 

69. Cf. Eccle., VI, 9. 



176 HlSTOir.E ET SAGESSE d'ahIKAR HI, 70-71 

70. Mon fils, ensevelis et cache la parole dans ton cœur 
et ne révèle pas le secret de ton camarade, car, si tu le 
révèles, tu as repoussé (son) amitié loin de toi *. 

71.^ Mon fils, nepronoiice pas de parole qui puisse ensuite 
affliger ton cœur ^. Il te vaut mieux trébucher du pied que 

de la langue ^. 

o 

brebis proche l'emporte sur une vache qui est loin ; un passe- 
reau que tu tiens l'emporte sur mille qui volent ; la pauvreté 
qui amasse l'emporte sur la richesse qui dissipe ; le vêtement 
de laine que tu portes est préférable au byssus et à la soie des 
autres. » Ce manuscrit n'a pas conservé les passages parallèles à 
Ar : 50, 51, 52. 

^ C(n. 52) : « Mon fils, enferme la parole dans ton cœur et 
elle te fera du bien ; car lorsque tu as communiqué ta parole, 
tuas perdu ton ami. » 

2 C(n 53) : « Mon fils, ne laisse pas sortir une parole de ta 
bouche avant de l'avoir méditée dans ton cœur, car il vaut mieux 
pour l'homme broncher en son cœur que broncher de sa langue.» 



^ Ag : (( L'ignorant heurte un écueil et tombe ; le sage bi'on- 
che et ne tombe point ; ou, s'il fait un faux pas, il se relève. 
Qu'une maladie l'attaque, il sait se guérir lui-même ; la mala- 
die des ignorants n'a pas de remède. 

((Le véritable sage est continent de trois manières: par la lan- 
gue, par les mains et par les yeux. Ne laisse pas échapper une 
parole de ta bouche que tu n'aies auparavant consulté ton 
cœur, » p. 74. 

b 71 et 72 manquent dans A. L'éthiopien (n. 13) porte : « Mon 
fils, mieux vaut trébucher du pied que trébucher de la langue. 

70 Cf. Prov., XI, 13. 

Cf. Eccli., XXII, 26-27 ; xxvii, 17, 24 ; cf. xix, 8-10. 

71 Cf. supra, n. 63. D'apiès Cornill (p. 43), la fin eslattribuée par 
Maxiineà Socrale : KpeÏTTov elvat Tfîi TtoSi ô).sff9at'v£tv r^-crj yXwcrffa — etpar 
Schahrastani à Selon. Diogène Laerce attribue la même sentence à 
Zenon ; cf. R. S., p, 71-72, qui renvoie aussi à Eccli., xx, 18. 



III, 72-73 SAGESSE ET DOCTIUNE d'aHIKAH 177 

72. a Mon fils, si tu as entendu une parole du chef, recou- 
vre-la et cache-la dans ton cœur aussi longtemps que tu 
vivras en ce monde ; tant que tu la médites dans ton cœur, 
ensevelis-la chez toi *. 

73. Mon fils, ne t'élève pas dans ton jugement contre les 
hommes illustres et qui l'emportent en grandeur et en 
puissance, car des plaisanteries et des paroles méprisantes 
proviennent la colère et la discorde. Une parole colère 
éveille et suscite la fureur, et de cette fureur provient la dis- 
corde puis, après la discorde, vient le meurtre. Si tu te 
trouves en ce lieu et que tu y demeures, ou bien tu seras 
tué, ou bien ils t'appelleront comme témoin ; ils demande- 
ront et exigeront ton témoignage, après quoi tu souffriras 
et, par honte ou par crainte, tu donneras, pour ta confu- 
sion, un faux témoignage. Aussi, je te l'ordonne, hâte-toi 

1 C, H(n. 44) : « Mon fils, si lu as entendu une parole mauvai- 
se, enfonce-la à sept coudées sous terre. » — B porte : meltâ men 
risâ, et C : meltâ bistâ, que Ha. traduit par dcbar ra\ Dans 5 
le sens de 72 complète celui des deux maximes précédentes 70 et 
71. Cf. supra 2, 3. La différence de B et de C peut s'expliquer 
par une confusion entre risâ « chef » et resi'â « mauvais ». Cf. 
p. 268, n. 197. 



Ne laisse sortir aucun discours de ta bouche avant d'avoir tenu 
conseil avec loi-méme. » 

a 72. Arm., 50 : (( Mon fils, si tu entends de quelqu'un une 
mauvaise parole, cache-la dans ton cœur à sept brasses de pro- 
fondeur pour que le mal périsse et que le bien prospère. » 



72. 'l'obic, XII, 7, ti. 

73. /llustres=perisé. De cette racine provient le mot «pharisien ». 
Cf. Eccli., VIII, 1 : « Ne dispvile pas avec l'iioiuinc puissant, de 

crainte de lombei- entre ses mains. » 

12 



178 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR IH, 73-75 

de fuir ^ l'endroit où il y a dispute et ton âme sera dans le 
calme ^. 

74. ^ mon cher fils, ne t'élève pas contre celui qui est 
plus âgé que toi ; il te donuera satisfaction au jugement 
et tu sortiras vainqueur. Ne sois pas impudent, écarte les 
disputes et vaincs le mal h l'aide du bien. 

75. c Mon fils, acquiers un cœur pur et net, une intelligence 
et une volonté intègres et lucides, procure-toi un esprit 
humble et une voie droite et il n'y aura personne dans ce 
monde qui vaille mieux que toi et tu auras la vie bienheu- 
reuse '^. 



^ C ( n. 55) : « Mon fils, ne demeure pas près d'une rixe, car 
après la lutte vient le meurtre. » 

2 74-75. C (n. 56) : « Mon fils, quiconque ne juge pas un ju- 
gement droit irrite Dieu. » // omet (p. 20 ) les maximes 73 à 75 
(C : 55 à 56 ). 



a 73. A et Salhani: « Mon fils, ne laisse pas sortir une parole 
de ta bouche avant d'avoirpris conseil avec ton cceur. Ne te mets 
pas entre des personnes qui se querellent, car d'un mauvais mot 
viendra une dispute, d'une dispute viendra une guerre, d'une 
guerre viendra un combat et tu seras forcé d'être témoin ; 
aussi pars de là et reste à l'écart. » 

b 74 n'est pas dans A. 

c ^ et Salhani : (( Mon fils, ne résiste pas à un homme plus 
fort que toi, mais acquiers un esprit patient, de la constance et 
une conscience droite, il n'y a rien de meilleur que cela. » 



74. // te donnera satisfaction. Les anciens étaient juges ; cf. 
Eccli. VIII 2: « Ne dispute pas avec l'homme riche, de crainte qu'il 
ne fasse un procès contre toi. » Cf. Eccli., viii, 17. Rom., xii, 21. 



III, 76-78 SAGESSE ET PROVERBES d'ahIKAR 179 

76. Mon fils, ne t'éloigne pas de ton premier ami ^ ^ de 
crainte qu'il n'y en ait aucun autre pour le remplacer. 

11. Mon fils, ne descends pas au jardin des juges, redoute 
le tribunal et n'épouse pas une fille de juge ^. 

78. '' Mon fils, soutiens ton ami avec de bonnes paroles 
devant le prélet et arrache sa faiblesse à la gueule du lion ^. 



^ C (n. 57), L : « Mon fils, (ne) t'éloigne pas de l'ami de 
ton père, de crainte que ton autre arai n'approche plus de toi. » 

2 C (n. 58) : « Mon fils, ne descends pas au jardin des grands, 
et n'approche pas des filles des grands. » 

3 C (n. 59) : « Mon fils, aide ton ami devant le préfet, afin 
que tu puisses l'aider contre le lion. » 



a Ag : (( Ne renonce jamais à ton premier ami: tu ne garderais 
pas longtemps le second, » p. 73. 

76 à 78 manquent dans Salhani. — 77 n'est pas dans A. 

^ A : a Mon fils, visite le pauvre dans son affliction, parle- 
lui en présence du Sultan et applique-toi à le sauver de la gueule 
du lion. )) — Ag: « Assiste le malheureux dans sa détresse et parle 
en sa faveur en présence des rois. » Cette édition porte en plus: 
« mon fils, il y a quatre choses avec lesquelles il ne peut sub- 
sister ni gouvernement ni armée : La tyrannie d'un ministre, 
l'inhabileté dans l'administration, la déloyauté dans la poli- 
tique et la vexation du peuple. Il y en a quatre autres qu'on ne 
peut tenir secrètes : Le savoir et l'ignorance, la richesse 
etla pauvreté, » p. 74-75. Cf. infra, 92-95, et Prov., xxx, 21, 
24. — Arni. paraphrase ce passage. Il introduit les fils du 
roi, Hutay et Baliayn, qui ne figurent nulle part ailleurs et qui 
viennent ici interroger Ahikar. 11 leur indique quatre choses 
1*J qui font plaisir à la vue ; 2° qui tiennent l'homme en bonne 

76. Cf. Eccli., IX, 14; Prov., xxvii, 14. 

77. Cf. Eccli., IX, 18 : «Tiens-loi loin de l'homme qui a le pouvoir de 
tuer. » 

78. Cf. Prov., VI, 3. 



180 HISTOIRE ET SAGESSE d'ai.IIKAR IH, 79-81 

79. Mon fils, ne te réjouis pas sur ton ennemi quand il 
meurt ^. 

[Mon fils, lorsque tu verras un homme plus âgé que toi, 
lève-toi devant lui ^.j 

80. a Mou fils, lorsqu'un homme se tiendra debout sans 
(occuper de) place, lorsque l'oiseau volera sans ailes, lors- 
que le corbeau sera blanc comme la neige, lorsque l'amer 
deviendra doux comme le miel, alors Tinsensé deviendra 
sace 3. 

o 

81. h Mon fils, si tu es prêtre de Dieu, prends bien garde 
à lui et parais devant lui avec pureté ^. 

^ Sic C (n.60). Cf. Eccli.,viii, 8. H ajoute entre parenthèses: 
a et souviens-toi que bientôt tu seras son compagnon dans le 
tombeau. » 

2 SicL,H(n. 21) et C (n.61). —Cornet. Cf. EccH.,iv,7;vin,7. 

^ C (n. 62) : « Mon fils, lorsque les eaux subsisteront sans 
la terre (Et/>. : lorsque les eaux couleront en arrière), lorsque 
l'oiseau volera sans ailes, lorsque le corbeau sera blanc comme 
la neige, lorsque l'amer deviendra doux comme le miel, alors 
l'insensé deviendra sage. » 

* C,H ajoutent: « et ne t'éloigne pas de sa présence» (n. G3). 



santé ; 3° qui sont toujours utiles ; 4° qui font pleurer; —puis un 
mot de Pytarchos (Pythagore). 

a 79. A et Salhani : « Mon fils ne te réjouis pas de la mort de ton 
ennemi, car bientôt tu seras son voisin. Si quelqu'un te méprise, 
montre-lui de la considération, honore-le et va au-devant de lui 
pour le saluer. » 

1 81-82. Au lieu de ces deux versets, A porte: « Mon fils, si tu 

79. Cf. II Tira., IV, 17, où saint Paul compare aussi le juge au lion. 

80. Cf. Prov.,xxvii,22 ; Eccli.,xxii, 7. — Déraocrite,p. 349, n. 137: 
< Les insensés ne s'instruisent que par la mauvaise fortune. » Cf. Mé- 
nandre, p. 531 : « Il n'est pas facile de changer une mauvaise nature. » 



III 82-84 SAGESSE ET PROVERBES d'aI.UKAR 181 

82. Mon fils, l'homme que Dieu a comblé de bienfaits 
sera aussi respecté par toi ^. 

83. Mon fils, n'entre pas en jugement avec un homme en 
son jour et ne résiste pas au fleuve lorsqu'il vient (inon- 
der) 2 a. 

84. '^ Mon fils, l'œil de l'homme est comme une fontaine : 
il ne se rassasie pas ^ avant d'être rempli de poussière c. 



1 Sic C (n. 64). 

2 C (n. 65) : ((... au fleuve dans son inondation, 
^ C ( n. 66), L (n. 6) ajoutent : « de richesses. » 



veux être sage, garde la langue du mensonge, ta main du vol et 
tes yeux des mauvais spectacles, alors lu seras appelé sage. — 
Mon fils, laisse le sage te frapper avec une verge, mais ne laisse 
pas le fou t'oindre d'un suave onguent. Sois humble dans ta 
jeunesse et tu seras honoré dans ta vieillesse. » Cf. 87. 

a 81 à 83 manquent ici dans Salhani ; 82 se trouve plus haut 
après 25 ; 83 se trouve plus bas après 93. 

J^ 84 à 86 manquent dans A et Salhani. 

c Slave (86) : « Mon fils, les yeux d'un homme, comme une 
fontaine jaillissante, sont insatiables et dévoreraient des bœufs; 
mais, lorsque l'homme meurt, ils sont remplis avec le sable. » 
L'arménien (81) abrège et rattache cette pensée à la précédente 
de la manière suivante : « Mon fils, ne résiste pas à un homme 
puissant ni à une rivière en crue. Car les yeux d'un homme avide 
ne sont pas remplis, si ce n'est avec du sable. » 



83. £n son jour, c'est-à-dire : « au jour de sa puissance, » 
comme // l'ajoute entre parenthèses, — Cf. Eccli., iv, 32. — Ménaii- 
dre, 53i : « Il faut toujours fuir les maîtres en colère. » 

84. Cf. Eccli., XIV, 9 ;Eccle.,i,8 ; Prov.,xxvii, 20. iM. Veller propose 
de voir ici un double jeu de mots roulant sur 'aùi, <jui signifie à la fois 
œil et (onlaine, et sur Li ressemblance de 'oser «richesse» avec '«/"ar 
< poussière » ; cette maxime est précisément omise par //. 



182 HisToinE ET SAGESSE d'ahikar HI, 85-88 

85. Mon fils, ne demeure pas près des gens querel- 
leurs ^. 

86. Mon fils, après les plaisanteries viendront les rixes, 
puis les combats et enfin le meurtre. 

[87. ^ Mon fils, si tu veux être sage, refuse ta bouche au 
mensonoe et ta main au vol, et tu seras sacre. 

88. Mon fils, n'interviens pas dans les fiançailles d'une 
femme, car, si elle (en) tire confusion, elle te maudira, et si 
elle (en) est heureuse, elle ne se souviendra pas de toi. 

^ C ne répète pas ici ce n. 73 et omet donc 85 et 86, — L porte 
{ p. 35, n. 8 ) : ((Mon fils, ne demeure pas dans les maisons des 
querelleurs, carde la parole naîtront les rixes, des rixes les con- 
tusions et des contusions le meurtre. » 



a Salhani : « Mon fils, si tu veux être sage éloigne ta langue 
du mensonge, ta main du vol et tes yeux de l'aspect du mal, 
alors tu seras nommé sage. » 

85. Cf. Prov., XXVI, 17. Voir supra, 26. 

86. Cf. supra, 73. 

87. Cf. Eccli., V, 17. 



Dans la légende d'Alexandre, telle que le Talmnd l'expose, se trouve 
un passage qui a quelques rapports avec le verset 84 : Alexandre 
arriva à une source. Il s'assit et mangea du pain... Il remonta 
la source jusqu'à ce qu'il arrivât à la porte du paradis. Ils lui don 
nèrent un globe. Il alla et pesa tout son or et tout son argent en 
regard, et cela ne faisait pas contrepoids. Il dit aux rabbins : Qu'est-ce 
que cela ? — Ils dirent : C'est un globe d'œil, fait de chair et de 
sang, qui ne se rassasie pas. — 11 leur dit : Qui le prouve ? — Ils 
prirent un peu de poussière et l'en couvrirent. Aussitôt le contre- 
poids se fit, car il est dit : « Le scliéol et le lieu de destruction ne se 
rassasient pas et les yeux ne se rassasient pas. » Cf. Israël Lévi, 
La légende d'Alexandre dans le Talmnd^ liciiie des éludes juives, 
t. n (1881), p. 298 — Ou lit dans les Apophtegmes des Pères : e Les 
vieillards dirent : L'âme est une source ; si tu creuses elle se purifie ; 



III 89-91 SAGESSE ET PROVERBES d'ahIKAR 183 

89. ^ Mon fils, celui qui brille par son vêtement brille 
aussi par son langage, et celui qui est méprisable dans son 
vêtement l'est aussi dans sa parole. 

90. ^ Mon fils, si tu trouves un objet devant une idole, 
offre-lui sa part ^. 

91. c Mon fils, tu tendras ^ la main qui était rassasiée et 
qui a faim et non celle qui avait faim et qui est rassasiée. 



1 M. Rendel Harris ajoute en note que cette maxime ne peut 
pas être d'origine chrétienne ou musulmane. Elle manque en B ; 
le sens de A, préférable à celui de C, conduit àla reconstruction : 
« Si tu trouves un objet devant la demeure d'un homme puissant, 
donne-lui en sa part. » 

2 Sic C. Les éditeurs ajoutent une négation. Cette sentence 



a 89 à 92 manquent dans Salhani. 

^ A : (.(. Mon fds, si tu as commis un vol, fais-le connaître au 
sultan et donne-lui en une part, ainsi tu pourras être absous, 
sinon il t'en arrivera du mal. » Ce texte nous semble préférable 
au syriaque, 

c ^ : « Mon fils, fais-toi un ami de l'homme dont la main est 
comblée et remplie, et ne te fais pas un ami de l'homme dont la 
main est fermée et affamée. » 



89. Cf. Eccli., XIII, 32 : « La marque d'un bon cœur est une bonne 
face ; » et xix, 26-27 : « A la vue on connaît un homme, et à la ren- 
contre du visage on connaît une personne sensée. Le vêtement du 
corps, le rire des dents et la démarche du corps le font connaître. » 



si tu aiiuisses de la terre autour, elle disparaît, » Revue de l'Orient 
chrétien, 4907, p. i02 et 411, n, 100. 

En somme, la pensée 84 repose, pour la première partie, sur Prov., 
XXVII, 20, ou Eccli., xiv, 9: « L'homme (cupide) est insatiable, » et, 
pour la seconde partie, sur l'usage constaté plus haut (p. 151, note 1) 
de mettre de la poussière sur les yeux d'un mort. 



184 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR HI, 92-95 

92. a Mon fils, que les yeux ne regardent pas la femme qui 
est belle ; et ne regarde pas la beauté qui n'est pas tienne, 
car beaucoup ont péri à cause de la beauté d'une femme, 
et son amour (est) comme un feu qui brûle. 

93. Mon fils, que le sage te frappe de nombreux coups 
de bâton et que l'insensé ne t'oigne pas d huile odorifé- 
rante. 

94. Mon fils, que ton pied ne coure pas (trop souvent) 
vers ton ami, de crainte qu'il ne se rassasie de toi et ne te 
haïsse. 

95. Mon fils, ne mets pas un anneau d'or à ta main, si tu 
n'as pas (de grandes richesses), de crainte que les insensés 
ne se moquent de toi, ^] 



est obscure. Le meilleur sens est encore celui de A, c^est-à-dire 
en soiume : « Sois lami du riche et non du pauvre ; » /f a adop- 
té le sens de A. 

1 B omet 87 à 95. Ces sentences sont tirées de C, n. 67 à 75. 
H ajoute ensuite, d'après l'arabe : « Mon fils, il y a quatre 
choses... )) Cf. p. 179, note b. 



^ 92-95. Au lieu de ces maximes,^ porte la même addition que 
Ag : «0 mon fils, il y a quatre choses...» V. supra, p. 179, n. b. 

Après 93, Salhani porte : « Mon fils, sois modéré dans ta jeu- 
nesse, alors tu seras honoré dans ta vieillesse ; » puis viennent 
les n. 88 et 38 réunis ensemble et enfin l'addition déjà signalée 
au n. 78 pour Ag et ci-dessus (92-95) pour A. 



92. Cf. Prov., VII, 25-29 ; Eccli., ix, 8-9 ; cf. supra, 8. 

93. Cf. Psaume cxli, 5; Eccle., vu, 6. 

94. Prov., XXV, 17. 

95. R. S., p. 83, traduit : t s'il ne t'appartient pas » (c'est le sens de 
l'arménien, n. 26) et rapproche ce passage de la fable 410 d'Ésope 
(Babrius, 188). 



IV, 1-2 185 

CHAPITRE IV 

Ahikar arrêta ici les sages paroles qu'il adressait à Nadan ; 

ensuite Ahikar montra au roi tout ce qu'avait fait Nadan 

contre ses possessions et ses biens i. 

1. Alors moi, Ahikar, lorsque j'eus enseigné cette doc- 
trine îi Nadiin, fils de ma sœur, je pensais qu'il la conserve- 
rait dans son cœur et resterait à la cour, et je ne savais 
pas qu'il n'écoutait pas mes paroles, mais les jetait — pour 
ainsi dire — au vent. 

2'^ 11 prenait l'habitude dédire: « Ahikar, mon père, est 

1 C, au lieu de ce titre, porte : « Voilà l'enseignement 
qu'Ahikar donna à Nadan, le fils de sa sœur. » 

a Ag (sic A) : « S'étant alors démis du soin des affaires pu- 
bliques, Heykar se retira chez lui et confia à Nadan l'adminis- 
tration de ses richesses ; il lui donna un pouvoir illimité sur 
toute sa maison, sur ses esclaves, sur ses chevaux, sur ses meu- 
bles, sur ses troupeaux, enfin sur tout ce qu'il possédait. Il 
l'installa ensuite auprès du roi et remit en ses mains les fonc- 
tions de premier ministre d'Assyrie. 

(( La puissance engendre l'orgueil : Nadan, maître de tout, 
n'ayant pour loi que ses penchants, pour frein que sa volonté, et 
disposant à son gré des immenses richesses de son oncle, n'eut 
bientôt plus que du mépris pour son bienfaiteur. Joignant l'in- 
solence à l'ingratitude, il osait même le railler publiquement, et 
il disait à qui voulait l'entendre : Mon oncle est déjà dans un 



Titre. Les sages paroles qu'il adressait^ litt. : c les paroles de 
sa sagesse qu'il enseignait. » 

1. Resterait à la cour, litt. : « à la porte du roi. » C ajoute: c à ma 
place. > 



186 



HISTOinE ET SAGESSE D AHIKAR IV 2-4 



vieux et a perdu l'esprit *. » Et Nadan, mon fils, s'adjugea 
mes troupeaux, dissipa mon bien et n'épargna pas mes 
meilleurs serviteurs, qu'il frappa devant moi, ni mes bêtes 
de somme et mes mules qu'il tua, 

3. ^ Quand je vis ce qu'il faisait, je lui dis : « Mon fils, ne 
touche pas à mes biens, il est dit dans les maximes : Ce que 
la main n'a pas acquis l'aùl, ne Va pas ^ respecté. » 

4. Je fis connaître toui cela à mon seigneur le roi, et 
le roi ordonna : « Que personne n'approche des biens d'A- 
hikar, le scribe; aussi, tant qu'Ahikar sera envie, personne 
n'approchera de ses biens et de sa maison ^b. » 



^ C : (( Ahikar, mon père, est vieux et se trouve à la porte du 
tombeau, son intelligence la quitté et son esprit a diminué. » 

2 Cornet cette négation. 

^ C : « Et mon seigneur lui parla de cette manière : Aussi 
longtemps qu'Ahikar vivra, personne n'aura de pouvoir sur ses 
biens. » 



âge voisin de l'enfance, et ses discours se ressentent un peu de 
sa caducité : le pauvre homme ne connaît plus rien dans les 
affaires de la vie. Et il battait ses esclaves, vendait ses pro- 
priétés et ses chevaux et dissipait follement des biens lente- 
ment acquis. » 

y NS : « Lorsque moi, Chikâr, je vis que Nadan népargnait 
pas mes biens et ma famille, je lui dis : Tiens-toi loin de ce que 
j'ai acquis, et ne fais pas souffrir mes serviteurs et mes esclaves 
aussi longtemps que je vivrai. » 

^ Dans F^ Nadan commence par perdre Ahikar dans l'esprit 
du roi : « La vieillesse, disait-il au roi, rend Hicar ombrageux 
et timide, il ne voit plus de près les affaires et voudrait toujours 



3. Celle citation ne se trouve pas dans les Proverbes. 

4. Le roi, C : « Sennachérib. » 



V, 1-2 AHIKAR ADOPTE LE FRÈKE DE NADAX 187 

CHAPITRE V 
De ce que Ahikar prit le frère de Nadan pour lélever. 

1. Lorsque (Nadan) vit que j'avais pris son jeune frère ^ 
et que je l'élevais, il vint devant moi dans ma maison et il 
en eut déplaisir a. 

2. b Nadan l'envia, il avait dans son esprit de mauvaises 
pensées à cause de cela et il disait : « Ahikar, mon père, est 
vieux, sa sagesse a disparu et ses paroles sont méprisables. 

^ C : a Nabouzardan. )) 



les conduire ; devenu faible et languissant il ne pourrait plus 
retenir l'autorité, mais il la regrette tous les jours. Son humeur 
me donne du chagrin, et si je l'en croyais il me sei'ait impossi- 
ble de terminer aucune affaire à l'avantage de votre majesté. » 
Le roi reçoit ensuite Ahikar fort froidement. Celui-ci le raconte 
à sa femme Zéfagnie qui le console. 

■"> Ag (sic A) : « Heykar regretta amèrement toutes les pei- 
nes qu'il s'était données pour l'éducation de Nadan, Celui-ci 
avait un frère plus jeune, nommé Ebnazadan (^1 : Benûzardân). 
Heykar l'appela près de lui, le combla d'honneurs, et, lui con- 
fiant tout le pouvoir qu'il venait de retirer des mains de son 
frère, il le mit à la tôle de ses affaires et il le nomma adminis- 
trateur de tous ses biens. » — NS : « Nadan avait un plus 
jeune frère, nommé Ncbusaradan, je le pris près de moi, je re- 
levai, je commençai àl'instruire dans ma sagesse et ma science et 
je le pris en place de fds. » — F ne mentionnepas cette adoption 
d'un frère de Nadan. 

•» 2-5. A (sic Ag.) : (( Lorsque Nadan apprit ce qui était arrivé, 

1. Nabouzardan. Cf. II Rois, xxv, 8 ; Jér., xxxix, 9 ; lu, 12. 



188 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR V 2-4 

Est-ce qu'il donnera ses biens à mon frère et me chassera 
de sa maison ?» 

3. Ahikar entendit les paroles de Nadan; alors il réfléchit, 
puis il répondit à Nadan et lui dit : « Enfiinte la sagesse, 
mon fils, car elle a bien diminué chez toi ^. » 

4. '"- A ces paroles, mon fils s'irrita beaucoup et, dans son 
cœur, il prépara du mal contre moi. Il alla à la cour du 
roi pour réaliser le mal qui était dans son cœur, comme si 
Ahikar avait écrit — du moins sous son nom — des lettres 
mauvaises et s'il venait à la cour pour les découvrir -. 



^ C : « Lorsque moi, Ahikar, j'entendis ces paroles, je dis : 
« Malheur à toi, ô ma sagesse ! Nadan, mon fils, t'a rendue insi- 
pide et il a méprisé mes sages paroles. » 

2 C : « A ces paroles, Nadan s'irrita, alla à la cour et machi- 
na le mal en son cœur. 11 s'assit et écrivit deux lettres à deux 
rois ennemis de mon maître Sennachérib, l'une à Aki, fils de 
Hamsélin, roi de Perse etd'ÉIam. » Cf. Introd., page 13, 10°. — 
L'arabe porte Ahis, fils de âah le sage. M. Halévy voit dans 
Ahis une réminiscence de Xerxès (= Hschayarscha). De même, 
M. Lidzbarski propose de compléter Ahas en Ahasweros ;:= As- 
suérus ou Xerxès. M. Meissner (p. 184-5) rapproche Akis de 
I Sam., XXI, 11, et xxvii, 2. 



il fut rempli d'envie et de jalousie, il commença à se plaindre à 
chacun de ceux qui l'interrogeaient et à se moquer de son oncle 
Haiqâr, en disant : Mon oncle m'a chassé de sa maison et m'a 
préféré mon frère, mais, si le Dieu Très-Haut m'en donne la 
puissance, je le précipiterai dans des calamités mortelles. Et 
Nadan cherchait avec quelle pierre d'achoppement il pourrait 
l'écraser. Après y avoir bien réfléchi dans son esprit, il écrivit 
une lettre à Ahis, fils de Sah le sage, roi de Perse, lui disant. » 
3 Dans F, Nadan emploie deux machinations préliminaires. 
Il commence par écrire contre lui-même un libelle anonyme 



V, 5 AHIKAR ADOPTE LE FRÈRE DE NADAN 189 

5. C'étaient deux lettres (écrites) en mon nom aux rois 



mais où Ion pouvait reconnaître le style de son oncle. Il le rem~ 
plit d'imputations fausses et hasardées mais qui pai aissent spé- 
cieuses et dictées par le zèle. Il le montre au roi, « en même 
temps qu'il laisse soupçonner quHicar seul en est l'auteur, il en 
paraît attendri jusqu'aux larmes et prie le roi de pardonner à 
l'âge et à la faiblesse de son oncle, en prenant cependant des 
mesures pour écarter un homme... qui se rend le jouet et l'ins- 
trument de l'intrigue. » Le roi y prête peu d'attention, parce 
qu'il craint de faire delà peine à sa tante Zéfagnie. Nadan ima- 
gine le nouvel artifice suivant : La cour de Perse devait livrer 
une ville frontière aux Assyriens. Nadan écrit à Hicar, sous le 
nom de l'un de ses amis, que le roi de Perse est de mauvaise 
foi, qu'il a creusé des souterrains pour faire rentrer ses troupes 
dans la ville et massacrer les troupes assyriennes qu'on y aurait 
mises en garnison. Hicar porte cette lettre au souverain et Nadan 
montre facilement que tout est inexact ; il reproche à Hicar une 
crédulité excessive et même des inventions détestables et lui fait 
dire par le roi de se tenir en repos et de ne plus venir à la cour. 
Zéfagnie conseille à Hicar de se consoler de l'ingratitude des 
hommes par l'étude des sciences, mais Nadan raconte au roi que 
son oncle veut se venger, qu'il est en relations suivies avec les 
princes étrangers et qu'il serait bon d'arrêter ses courriers pour 
voir de quelle nature sont ses correspondances, on trouve alors 
la lettre au roi de Perse Akis. Il n'est pas question ici d'une let- 
tre au roi d'Egypte. 



5. Du roi Sennachérib. Mieux vaudrait lire : « de Sarhédom ; » 
cependant on peutdire que ces lettres sont adressées aux rois «qui 
avaient été les ennemis du roi Sennachérib. » 

Au roi de Perse (p. 190), litt. : « à la face {afi) du roi. d Si cotte 
rédaction était la bonne, ce serait le cbangement du f en k (fé en caf) 
qui aurait conduit à la lecture « à Aki, roi, » et ce roi inconnu que 
l'on a tant de peine à identifier (voir p. 188, note 2) pi-oviendrait 
d'une faute de lecture. 



190 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR V, 5-8 

ennemis du roi Sennachérib. L'une était adressée au roi 
de Perse et d'Elam et il la rédigea ainsi ^ : 

6. « De la part d'Ahikar scribe et (gardien du) sceau du 
roi Sarhédom ^, salut I Quand tu auras reçu cette lettre, sors 
aussitôt et viens en Assyrie et moi je te livrerai l'Assyrie, et 
tu prendras tout ce pays sans guerre et sans combat b, » 

7. i^ Il adressa encore en mon nom une autre lettre à Pha- 
raon, roi d'Egypte, et l'écrivit ainsi ^: 

8. « Quand cette lettre t'arrivera, sors au-devant de moi 
dans la plaiiie du sud ^, le 25 du mois d'Ab (août) d. Je te 



1 C : « Sennachérib, roi d'Assur et de Ninive. » A partir de 
ce verset, B portera toujours Sarhédom, qui est la bonne leçon, 
tandis que C conservera Sennachérib. 

2 C ajoute : « A Pharaon, roi d'Egypte, Aliikar, scribe et 
gardien du sceau du roi d'Assur et de Ninive, salut ! » 

3 C : « dans la plaine de Nisrîn (des Aigles) qui est au sud. » 
Le slave porte : « au champ égyptien », ce qui provient d'une 

confusion entre Mesrin (Egypte) et Nesrin (aigle). 



a NS : « Il écrivit deux lettres aux rois ennemis de Senna- 
chérib, 1 une au roi Achash, fils de Samachlîn, roi de Perse, dans 
laquelle il écrivit ce qui suit. » 

1* L'arabe (^, Ag, Salhani), comme le syriaque et NS, continue 
de'porter Sennachérib au lieu de Sarhédom. Au lieu de : « viens 
en Assyrie », l'arabe porte : « viens vite dans la plaine de Nisrîn 
(Ag : de Basin) et en Assyrie et à Ninive. » — F: « Il l'en- 
gagea à se rendre dans la plaine de Nerrim, où lui-même se 
rencontrerait avec sa garde dans les premiers jours de la lune 
de Niram. » Il faut sans doute lire Nesrim et Nisam. 

c? et 8. Nous avons déjà écrit que F ne mentionne pas le roi 
d'Egypte. — Ar/n. au contraire ne renferme que la lettre au roi 
d'Egypte. 

<l Au lieu de : « dans la plaine du sud le 25 du mois d'Ab, » 
l'arabe et NS portent seulement : « dans la plaine de Nisrîn. » 



V, 8-VI, 1 NADAN ÉCRIT A SON PÈRE 191 

conduirai à Ninive et tu y prendras le royaume sans com- 
bat ^)) 

9. Il conforma ces lettres aux lettres (écrites) de ma main 
et les scella de mon sceau 'T, puis il les jeta ^ dans l'une des 
chambres du roi ^. 



CHAPITRE VI b 

De ce que Nadan écrivit une lettre à son père Ahikar 
au nom du roi. 

1. Il écrivit encore une autre lettre comme de la part de 
mon seiofneur le roi*: 



^ « Sans combat )) figure dans C après le mot « Ninive ». 
2 C omet : « de mon sceau, puis il les jeta. » (Faute d'homoio- 
téleutie.) 

^ C ; « dans le palais du roi. » 
^ A, C: « du roi Sennachérib. » 



Nisrîn peut se traduire de l'arabe par : « aigles, ou roses sauva- 
ges » et du syriaque par : « aigles ou fougères. » 

a Dans F, on remplace la bourse du courrier de Hikar par 
une autre toute semblable dans laquelle se trouvait la lettre de 
Nadan, après quoi on arrête le courrier et on a ainsi la preuve, de 
la bouche même du courrier, de la trahison d'Ahikar. F n'a donc 
pas besoin des chapitres vu et viii et en arrive aussitôt à l'arres- 
tation d'Ahikar. 

h iv-vi. G : « Peu de temps après (son adoption), Ennos dés- 
honora la concubine de son père adoptif, et l^^sope l'ayant appris 
le chassa delà maison. Il en conçut grande irritation : il écrivit, 
au nom d'Esope, une lettre aux rois adversaires de Lycéros, 
comme s'il était prêt à les servir plutôt que Lycéros, et il fit 
tenir cette lettre aux rois après Tavoir scellée du sceau d'ICsope. » 



192 



HlSTOmE ET SAGESSE D AHIKAR VI, 2-3 



2. De Sar^édom * à Ahikar, scribe de mon seigneur ^^ sa- 
lut : 

« Qiinnd tu auras reçu cette lettre, rassemble toute l'ar- 
mée a à la montagne ^ et va de là ^ à la plaine des Aigles ^, le 
25 du mois d'Ab (août), et, lorsque tu me verras approcher 
de toi, range tes troupes en face de moi comme si tu le pré- 
parais il la guerre, car des messagers de Pharaon, roi d'E- 
gypte, sont venus près de moi, et ils verront quelles sont 
mes forces. » 

3. Et mon fils, Nadan, m'envoya la lettre par deux hom- 
mes ^ b. 



1 Sarliédora, A ; C : (.( Sennachérib. » 

^ C : (( mon scribe et mon (gardien du) sceau. » 

^ C : « à la montagne nommée Sis. » 

^ C ajoute : (( à ma rencontre. » 

^ C ajoute : « qui est au midi. » — On peut continuer à 
transcrire le nom propre et écrire « à la plaine de Nesrin » ou 
même « à Fck'atnesrin », Comparer ce mot au nom propre sy- 
rien Qennesrin, « Le nid des aigles. » 

^ C : (( par deux serviteurs du roi. » 



a Au lieu de : « rassemble toute l'armée... Ab, » A et Asf 
portent : « rassemble toutes les troupes qui sont avec toi, qu'el- 
les soient bien équipées et nombreuses, et conduis-les moi le 
cinquième jour (le jeudi), dans la plaine de Nisrin {Ag : de 
Basrin. » — NS porte en plus à la fin : « ainsi ils crain- 
dront devant nous, car ils sont nos ennemis et sont jaloux de 
nous. » 

•' Au lieu de : « par deux hommes, » A et Ag portent : « par un 
des serviteurs du roi. » 



VII-VIII, 1. NADAN ECRIT UNE LETTRE AU ROI 193 

CHAPITRE VII a 

De ce que Nadan donna au roi une lettre qu'il écrivit 
au nom d'Ahikar. 

1. Alors mon fils Nadan prit l'une des lettres comme s'il 
l'avait trouvée, et il la lut i devant le roi, 

2. En l'entendant, le roi s'irrita beaucoup et se fâcha 
contre Ahikar et il dit 2 : « O Dieu ! quelle faute ai-je donc 
commise contre toi et contre Ahikar pour qu'il veuille me 
traiter ainsi ? » 

CHAPITRE VIII 
Réponse de Nadan au roi au sujet d'Ahikar. 

1. Alors Nadan 3 répondit et dit au roi : « Ne sois pas en 
peine, ô mon Seigneur le roi, allons à la plaine des Aigles, 
comme il est écrit dans cette lettre, nous connaîtrons ainsi 
la vérité, et* tout ce que tu commanderas aura lieu. » 



1 C : « Alors mon fils Nadan prit les lettres qu'il avait écrites 
comme s'il les avait trouvées et il les lut. » 

2 C : En les entendant, le roi mon seigneur se lamenta et dit. » 
8 C : « Mon fils Nadan. » 

* C : « au jour qui est écrit dans la lettre et si c'est vrai. * 



» vii-xi. G : « Le roi, trompé parle sceau, fut saisi d'une inex- 
primable colère et ordonna à Hermippos de tuer de sa main le 
traître Esope, sans chercher déplus grande preuve. » 



43 



194 HISTOIItE ET SAGESSE d'ahiKAR VIH, 2-IX, 1 

2. Le roi ordonna donc de se préparer;! gagner la plaine 
pour voir la vérité de cette affaire, et ^ Nadan, mon fils, 
conduisit le roi, et ils vinrent me trouver, avec l'armée qui 
m'accompagnait, dans la plaine des Aigles a. 

3. Quand je le vis venir vers moi ^, je rangeai mon armée 
en bataille en face de lui comme pour la guerr(% sur la foi 
de la lettre que mo!i fils m'avait envoyée ^^. 

4. Mon fils dit au roi : « •* Va chez toi en toute quiétude, 
6 mon Seigneur, et nioi j'amènerai en ta présence mon père 
A^ikar », et le roi alla à sa demeure. 



CHAPITRE IX 
De ce que Nadan alla en ambassade près d'Ahikar son père. 

1. Alors Nadan, mon fils, vint près de moi, il prit la pa- 
role et dit : « ^ Le Seigneur roi m'a envoyé près de toi pour 
te dire : Tout ce que tu as fait, tu l'as bien fait. Le roi te 



1 C omet le commencement de celte phrase qui pourrait 
encore n'être qu'un titre. 

2 C : « Quand je vis le roi. » 

3 C : « je rangeai l'armée en face de lui, comme il était écrit 
dans la lettre. A cette vue, le roi fut saisi d'une grande crainte. » 

* C ajoute : « Ne crains pas, mon Seigneur le roi. » 

s C omet : «Le Seigneur roi m'a envoyé vers toi pour te dire.» 



a L'arabe répète encore que cela se passait un jeudi. 

^ NS ajoute à la fin : « Lorsque mon maître, le roi Sanché- 
rib, me vit faire cela, il fut saisi de crainte devant moi et pensa 
que je m'étais révolté contre lui et que j'avais noué une intrigue ; 
il lui parut certain qu'il y avait un traité entre moi et ses enne- 
mis. Je ne reconnus pas le piège que Nadan avait dressé contre 
moi. » 



IX, 1-4 NADAN VA EN AMBASSADE PRÈS d'ahIKAK 195 

loue beaucoup. Et maintenant renvoie les troupes ; que 
chacun aille chez soi et toi viens seul près de moi. m 

2. Alors je vins devant le roi et quand il me vit, il me 
dit: « Tu es venu, Ahikar, mon scribe elle père nourri- 
cier d'Assur et de Ninive ^ ; je t'ai donné honneurs et repoa, 
et toi tu as fait défection et tu es devenu l'un de mes 
ennemis. » Puis il me donna la lettre qui éttiit écrile en 
mon nom et qui était scellée de mon sceau. 

3. Le roi me dit : « Lis cette lettre ^. » Quand je l'eus lue, 
mes membres chancelèrent, ma langue me refusa son se- 
cours, je cherchai une sage parole et je n'en trouvai pas. 

4. [Nadan, mon fils, prit la parole et dit: « Retire-toi de 
devant le roi, vieillard insensé, et tends les mains aux 
cordes et les pieds aux fers b. » 



* C omet : « Le roi me dit: Lis cette lettre. » 

^ B : <i Mon conseiller ainsi que d'Assur et de Ninive. » — 
NS : « le gouverneur de mon royaume et mon ami. » 

^ Dans l'arabe, c'est Nadan qui fait enchaîner Ahikar. Na- 
dan promet au roi de lui amener le coupable pieds et mains 
liés (viii, 4), puis il tient à Ahikar le discours suivant (ix, 1) : 
a Le roi est content de toi, il donne les plus grands éloges à la 
docilité avec laquelle tu viens d'exécuter ses ordres. INIaintenant 
il veut que tu renvoies les troupes et que tu paraisses devant son 
trône les pieds et les mains chargés de fers, afin que les ambas- 
sadeurs de l'Egypte, qui viennent d'être témoins de ta puissance 
le soient de ta soumission. Les étrangers pourront jugerparlà de 
tout le respect qu'inspire aux premiers dignitaires de l'empire 
l'autorité du roi d'Assyrie, et ils en porteront la nouvelle à la 
cour de Pharaon » (trad. Ag). Al.iikar, qui ajoute foi à ces paro- 
les, se laisse lier les pieds et les mains et paraît ainsi devant le 
roi. 



2. Je t'ai donné honneurs et repos. Litt. : « je l'.ii laisse à l'Iion- 
neur et ou repos. » 



196 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR IX, 5-6 

5. Alors le roi Sarhédom ^ détourna son visage de moi, 
parla à Nabousemak a, le bourreau, qui était mon ami, et 
lui dit : V Va tuer Ahikar et porte sa tête à cent coudées de 
son corps. » Alors je tombai la face contre terre, j'ado- 
rai le roi et je dis] : 

6. « Seigneur roi, vis à jamais 1 Tu veux donc me tuer, 
que ta volonté soit faite. Je sais que je n'ai pas péché contre 
toi, mais ordonne, Seigneur roi, qu'on me tue devant la 
porte de ma maison et qu'on donne mon corps pour être 
enterré. » Le roi ordonna qu'il en fut ainsi 2. 



iLe ms. C porte, comme toujours : « Sennachérib. » 
Les phrases entre crochets sont traduites sur C. Elles sont 
remplacées dans B par une sorte de répétition : « Ensuite il lui 
donna à lire la lettre qui avait été écrite (comme) de sa bouche ; 
il lalutet sa sagesse disparut à cause de la stupeur qui l'envahit. » 
Vient ensuite : « Alors le roi ordonna de le tuer dans sa maison, 
et moi, Ahikar, je répondis et je dis au roi. » Le commencement 
de cette dernière phrase semble encore être un titre. 

2 C: « Et le roi dit à Nabousemak, le bourreau, qui était mon 
ami : Va, tue Ahikar à la porte de sa maison et donne son corps 
pour être enterré. » 



a Nabousemak n'est pas nommé ici dans NS. 



5. L'édition de Cambridge et le ms. néo-araméen de M Lidzbars- 
kl portent dans le texte Yabousemak, mais le ms. 5 porte partout 
Nabousemak.. qui est sans doute la bonne leçon, « Nabû appuie. » 
y. supra, p. 11. Ag : Abou Someika ; F: Yapousmak ; A : Abou Samik 
et Ibn Samik 

Mon ami. Nous adoptons la traduction proposée par M. Rendel 
Harris (p. 69, note 1) ; ff fait de ces é|.ithètes une suite du nom 
propre et transcrit : Nabousemak Meskin Kenoth. 



X, 1-2 AI.UKAR ANNONCE SA CONDAMNATION 197 

CHAPITRE Xa 
Ahikar annonce sa condamnation à Esfagni sa femme. 



1. Et moi, A^iikar, j'envoyai dire à ma femme: a Viens au- 
devant de moi et amène avec toi mille jeunes filles * habil- 
lées de fin lin, de pourpre et de safran ^ ^, qui danseront 
au-devant de moi et se lamenteront jusqu'à ma mort. 

2. (f Prépare du pain au bourreau Nabousemak, mon ami, 
et aux Parthes qui l'accompagnent, sors à leur rencontre 



^ C : a. mille et une jeunes filles de ma famille. » 
2 C : (( habillées de deuil. » 



a ix-x. Dans /'', c'est Zéfagnie qui implore inutilement le roi et 
qui demande du moins de ne le faire mourir que chez lui. C'est 
elle qui a fidée de préparer le festin pour les bourreaux et c'est 
encore elle qui a sauvé jadis Yapousmak, lorsque son frère Ser- 
kadoum, père de Sinkarib, voulait le faire mettre à mort ; elle 
obtient donc qu'il mette à mort « un vieil esclave magicien, 
souillé des plus grands crimes, en place de Hicar. » 

b NS : « habillées de soie et de pourpre. » 



X. Voir supra i, p. 9 et comparer : 'Ao-pevàs, do Daniel, i, 3. — 
Ce mot persan signifie « hôte, hôtelier » (Halévy). 

2. Mon ami. Nous adoptons — ici comme plus haut — la conjecture 
de l'édition anglaise (p. 69, note 1). Rapprocher de ce nom propre 
j'/4/iisemaA- de Exode, XXXI, 6 ; XXXV, 34. Le grec porte "EpfAiTCTroi; et cela 
vient peut-être, dit M. Meissner (p. 185), de ce que Nabû = Hermès. 



198 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XI, 1-4 

et fais-les entrer chez moi, afin que moi aussi je puisse 
entrer dans ma maison comme un étranger a. » 



CHAPITRE XI 
De ce que Esfagni, femme d'Ahikar, sortit au devant de lui. 

1. Ma femme, lorsqu'elle reçut les messagers (que je lui 
avais envoyés), fut remplie d'une grande sagesse et accom- 
plit ^ tout ce que je lui avais Aut dire b. 

2. Elle sortit au devant de Nabousemak et des Parthes ^ 
et les fit entrer dans sa maison. 

3. Esfagni apporta du pain à Nabousemak et aux Par- 
thes, elle leur fournit aussi du vin et le leur versa^. Esfagni 
les servit jusqu'à ce que tous fussent ivres et endormis. 

1 C : « comme elle était très sage, elle comprit. » 

2 C : « au-devant d'eux... dans ma maison. » 

* C : « Elle les fit entrer dans ma maison et ils mangèrent du 
pain. » 



a NS : « Et toi, ma femme, retourne à ma maison, et prépare 
ma table avec de la nourriture pour le bourreau et pour les Per- 
ses et les Assyriens qui l'accompagnent. Va donc à mon apparte- 
ment et donne-leur bonne nourriture et agréable boisson, mélan- 
ge du vin et donne-leur à boire. Veille toi-même au service. » — 
Ici et plus hâsA et Ag ne mentionnent pas les Parthes. 

b NS : «. Ma femme Aschfeghni était une femme intelli- 



2. Aux Parthes. Ce mot figure cinq fois dans B, trois fois dans 
C. M. Vetter propose de le remplacer par « Partourié » ou « Pré- 
torié », les prétoriens ou les gardes du corps. Cette correction, qui 
modernise Ahikar, ne semble pas nécessaire. Les Parthes pouvaient 
être connus dès le iv' siècle avant J.-C. 



XI, 4- XII, 2 AHIKAR DEMANDE A n'ÉTRE PAS MIS A MOItT 199 

4. Quand les Parthes se furent enivrés avec le vin, ils 
tombèrent dans un profond sommeil et chacun d'eux s'en- 
dormit à sa place ^. 

5. »Je louai Dieu, maître du ciel et de la terre, de tout 
ce qui avait lieu et je dis : « Dieu, sauveur du monde, 
toi qui sais ce qui a été et ce qui sera, vois-moi d'un œil 
miséricordieux devant Nabousemak. » 



CHAPITRE XII b 
Ahikar demande à Nabousemak de n'être pas mis à mort. 

1. c Alors moi, Ahikar, lorsque je vis cela, je pris la parole 
et je dis à Nabousemak : 

2. « Lève les yeux au ciel, o Nabousemak, et regarde 
Dieu. Souviens-toi du pain et du sel que nous avons mangé 
ensemble et ne médite p;is ma mort. 

^ C : a Elle les servit de sa raain jusqu'au moment où, du 
fait de leur ivresse, ils dormirent à leur place. » La lin de ce 
chapitre manque dans A, C. 



gente et de grand savoir. Elle fit donc tout ce que je lui avais 
commandé, elle leur dressa une table et leur mélangea du vin. » 

a XI, 2-5. NS : « Ils mangèrent et burent, tandis qu'elle les 
servait; ils s'enivrèrent et dormirent à leur place. » 

•> xii-xv. G : « Or Ileruiippos était ami d'Esope et il le fil bien 
voir : il le cacha dans un tombeau à l'insu de tous, et il le nour- 
rit en secret. Ennos, sur l'ordre du roi, s'empara de tous les biens 
d'Esope. » 

c iV.V : « Alors moi, Chickâr, je dis au bourreau dont le nom 
était Nabusmîk. » le ins. porte aussi Yabusmîk, mais M. Lidz- 
barski le corrige en Nabu — Dans /', c'est Zéfagnie qui adresse 
la parole à Nabousemak : « Vous souvenez-vous que quand le 



200 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XII, 3-6 

3. « Souviens-toi que le père de mon seigneur le roi * t'a 
aussi livré à moi pour que je têtue, et je ne t'ai pas tué parce 
que j'ai reconnu que [tu] n'avais pas péché, je t'ai laissé 
la vie jusqu'au jour où le roi t'a demandé et [lorsque je t'ai 
amené devant lui] il m'a donné de nombreux présents, 

4. « Toi donc, sauve-moi mnintenant. De crainte que le 
bruit ne s'en répande et qu'on ne dise : Il n'a pas été mis à 
mort, — voilà que j'ai dans ma prison un homme ^ qui mé- 
rite la mort, prends mes habits, revêts-l'en, puis envoie les 
Parthes pour le tuer, [et moi je ne mourrai pas parce que je 
n'ai pas péché. » 

5. Quand j'eus dit cela, Nabousemak le bourreau, mon 
ami, fut aussi rempli de tristesse à mon sujet, il prit mes 
habits et les fit revêtir à l'esclave qui était en prison, puis il 
réveilla les Parthes, qui se levèrent sous l'influence du vin 
et le tuèrent ; ils éloignèrent sa tête à cent coudées de son 
cadavre et donnèrent son corps pour être enseveli] ^. 

6. Alors le bruit se répandit dans l'Assyrie et à Ninive 
que Ahikar était tué. 



^ A, Ag, C : 1 Souviens-toi que jadis Sarhédora, père de Sen- 
nachérib, » 

2 C : « un serviteur, nommé Manzifar. » — La traduction 
anglaiseporte à tort Marzifan(p.70). Cf. plushaut,p. 13, et 'Acrae- 
vaçâp dans Esdras, iv, 10. 

* Les phrases entre crochets, traduites sur C, sont rem- 
placées dans D par : « ensuite l'homme fut tué. Il excita les 
Parthes contre lui et, à cause de leur ivresse, ils tuèrent cet 
homme. » 



roi Sarkadoum, mon frère, père de Sinkarib, voulut vous faire 
mourir, je trouvai le moyen de vous dérober à sa colère. » 



XIII, i-2 AHIKAR EST CACHÉ 201 

CHAPITRE XIII 
Âhikar le scribe est caché. 



1. Alors Nabousemak, avec ma femme Estagni, lia me 
faire dans la terre une cachette de trois coudées de large 
sur quatre de long et cinq de haut ^ a^ ils me donnèrent du 
pain et de l'eau et allèrent annoncer à mou Seigneur le roi 
que Ahikar avait été mis à mort. 

2. Le roi dit : « Les souffrances d'Ahikar sont retombées 
sur moi ; toi, le scribe et le sage qui défendais la brèche 
de la ville, je t'ai fait périr sur des paroles d'enfant ^ b. » 



^ C : « Ils me firent dans la terre une cachette de trois 
coudées de large et de cinq coudées de haut sous le seuil de ma 
maison. » 

2 C : a Ils allèrent annoncer au i*oi Sennachérib que le scribe 
Ahikar était mort. Lorsque les hommes l'apprirent, ils pleurè- 
rent et les femmes déchirèrent leur visage et dirent : Deuil sur 
toi ! Ahikar, le sage scribe, qui réparais les brèches de notre 
pays ; jamais nous n'en avons eu comme toi !. 5> 



a NS : « 14 coudées de long, 7 de large et 5 de haut, » 
b NS : « Je souffre à cause de toi, scribe habile, qui connais- 
sais les secrets et interprétais les paroles difficiles et obscures. 
Malheur à nous à cause de loi ! où en trouverons-nous un sem- 
blable H toi ? d'où nous viendra un homme intelligent, savant et 
sage comme toi, qui prenne ta place ? » 



2. Cf. Eccle., IX, 15. 



202 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XIV, 1 -XV, 1 



CHAPITRE XIV a 

Que le roi ordonna à Nadan de me faire des funérailles 
et un deuil. 

1. Alors le roi appela Nadan, mon fils, et il lui dit : « Va 
faire des funérailles à ton père *. » 

2. Nadan, mon fils, vint à ma maison, il ne me fit pas de 
funérailles et ne fit pas mémoire de moi, mais il réunit des 
femmes ^ débauchées et il les fit asseoir ^ pour manger et 
boire au milieu des chants et de l'allégresse. 

3. Il tua, dépouilla et frappa mes serviteurs et mes ser- 
vantes ; il ne respecta même pas ma femme qui l'avait éle- 
vé et lui demanda à commettre avec elle l'acte d adultère 
et de fornication. 



CHAPITRE XV 
Prière qu'Âhikar adresse à Dieu. 

1. A l'intérieur de la fosse obscure, j'entendais la voix de 
mes cuisiniers 4^ de mes pâtissiers et aussi de mes boulan- 
gers qui se lamentaient et pleuraient. 



* C ajoute : « et viens près de moi. » 
2 C, NS : « des hommes. » 

^ C ajoute : « à ma table. » 

* C :«Et moi Aliikar, je gisais dans les ténèbres, dans la fosse 
d'en dessous, et j'entendais la voix de mes cuisiniers. » 



■ xiv-xv manquent dans F. 



XV, 2- XVI, 1 LETTRE DE PHARAON 203 

2. J'adressais sans cesse ma prière à Celui qui vit tou- 
jours a. 

3. Après (un certain nombre de) jours, Nabousemak 
vint, m'ouvrit et me donna du pain et de l'eau. Je lui dis ; 
« Fais mémoire de moi devant Dieu ^ et, d'après ce que tu 
vois, dis-lui ; 

4. « O Seigneur Dieu, juste et bon diins le ciel et sur la 
terre, (jusqu'à) maintenant Ahikar était protégé par toi, il 
te sacrifiait des bœufs gras et voilà qu'il gît dans une fos- 
se obscure, où la lumière ne lui arrive pas. Ecoute, Sei- 
gneur, la voix de ton serviteur et prends pitié de lui ^ b. » 



CHAPITRE XVI 

Lettre que Pharaon roi d Egypte envoya à Sarhédom ^ roi 
d'Assur et de Ninive. 

1. Lorsque le roi d'Egypte apprit que moi, Ahikar, j'é- 
tais mort, il fut dans une grande joie et envoya une lettre 
à Sarhédom ^ : 

^ B : n devant le roi. » Ce ms. porte « Dieu » plus loin, aussi 
bien que C. 

* C : (( et dis : Dieu juste et droit, qui répands la grâce sur la 
terre, écoute la voix d'Ahikar ton serviteur et souviens-toi qu'il 
te sacrifiait des bœufs gras comme des jeunes veaux, et mainte- 
nant il gît dans une fosse obscure, où il ne voit pas la lumière. 
Est-ce que tu ne le sauveras pas, lui qui crie vers toi ! Ecoute, 
mon Seigneur, la voix de mon ami. » 

' A, C, F portent « Sennachérib » ici et au v. 2. 



a NS : « Je me tournai de nouveau vers le Seigneur et je 
criai : Seigneur, adoucis ma douleur, — et je pleurais amè- 
rement. » 

b 4 manque dans NS, 



204 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XVI, 2-4 

2. a Le roi d'Egypte à Sarhédom, roi d'Assur et de Ni- 
nive, salut ^. 

3. « Je dois bâtir une forteresse entre le ciel et la terre, 
envoie-moi ^ un homme sage, un architecte, que je charge- 
rai de tout ; je l'interrogerai et il me répondra. 

4. « Si l'homme que tu m'enverras fait tout ce que j'ai 
dit, je lèverai et je t'enverrai par ses mains le tribut de 
trois ans de i'Egypte. Si tu ne m'envoies pas un homme 
qui puisse faire ce que j'ai dit, alors lève et envoie-moi, 
avec le messager que je t'ai adressé, le tribut de trois ans 
d'Assyrie et de Ninive a. « 



^ B porte en plus la phrase suivante qui semble encore être 
un titre : « Lorsque (ou : de ce que) Sarhédom reçut les messa- 
gers de Pharaon avec sa lettre et la lut. « 

2 C : « cherche et envoie. » 



a G : « Au bout de quelque temps, Nectanébo, roi des 
Egyptiens, persuadé qu'Esope était mort, envoya aussitôt une 
lettre à Lycèros lui demandant de lui adresser des architectes 
pour lui bâtir une tour qui ne toucherait ni le ciel ni la terre, 
et quelqu'un pour répondre à tout ce qu'on lui demanderait ; 
s'il le faisait, il percevrait des tributs, sinon il les paierait. » 
— Ag : (( Salut et honneur au roi Senkharib. L'Egypte est 



3. M. Meissner fait remarquer (p. 190-1) que, d'après Tabari et 
Hamze, le roi perse Kai-Kaos se fait bâtir par les démons une ville 
entre le ciel et la terre. Cette histoire a passé dans le Talmud. Cf. 
supra, p. 66. 

4. Cet échange d'énigmes entre rois est une idée biblique. On en 
raconte autant de Salomon et Hiram. Cf. Josèphe, Antiquités juives, 
VIII, 5. La reine de Saba proposait aussi des énigmes à Salomon, 
II Parai., ix, 1. Enfin les Proverbes de Salomon devaient préparer le 
sage à interpréter les énigmes, Prov., i, 6. 



XVII, 1-2 SAnHÉDOM RÉUNIT LES SAGES 205 



CHAPITRE XVII 

Que le roi Sarhédom réunit tous les principaux de son 
royaume et leur fit connaître la lettre de Pharaon. 

1. Quand cette lettre eut été lue devant le roi, il fit réu- 
nir tous les principaux, les sages, les mages et les savants 
de son royaume et il dit : « Lequel d'entre vous ira en 
Egypte et répondra à Pharaon ^ » ? 

2. Les nobles répondirent au roi et lui dirent tous : « Tu 
sais, Seigneur roi, que de ton temps et du temps de ton 



1 C ajoute : « sur tout ce qu'il lui demandera, et lui bâtira le 
château qu'il réclame, et prendrale tribut de trois ans de l'Egypte 
et l'apportera. » 



la mère du monde : tous les peuples nomment ses édifices des 
merveilles ; moi, je veux aller plus loin que les Pharaons, mes 
prédécesseurs, je veux construire un palais entre le ciel et 
la terre. S'il se trouve dans tes états un architecte assez habile 
pour opérer ce prodige, et assez instruit en même temps pour 
résoudre, sans hésiter, les questions les plus épineuses, adresse- 
le moi ; je te promets, en échange, les revenus de l'Egypte 
pendant trois ans ; sinon trois ans des revenus de l'Assyrie me 
seront payés. » La lettre du roi d'Egypte commence dans /"par 
l'apophthegme : « Que l'homme qui n'est point instruit renonce 
à commander. » — F porte : « Je vous ferai payer, pendant 
quatre ans, le dixième des revenus de l'Egypte. » 



1. Convocations analogues dans Daniel, ii, 2 ; iv, 4 ; v, 7. 



206 HISTOIRE BT SAGESSE d'ahIKAU XVIII, 1-2 

père 1, Ahikar le scribe résolvait toutes les questions de ce 
genre, et maintenant Naclan, son fils, qui a appris son mé- 
tier de scribe et qui connaît sa sagesse ira résoudre cette 
affaire a. » 



CHAPITRE XVIII b 
Qu'on appela Nadan devant le roi et il entendit sa voix^. 

1. Alors, lorsque Nadan entendit ces paroles 2, il cria 
fort devant le roi et dit au roi : « Les dieux ne pourraient 
pas faire de telles choses, comment les hommes le pour- 
raient-ils ? » 

2. A ces paroles, le roi fut saisi de tristesse et de peine, 
il quitta son siège, s'assit sur un sac ^ et pleura. 

1 C : « de ton père Sarhédora. » 

2 II n'y a pas de lacune dans le ms B, mais le paginateur a 
passé de 36 à 39. 

^ C : (( sur la terre. » 



a G : « Cette lettre, lue à Lycéros, le jeta dans le décourage- 
ment, car aucun de ses amis ne pouvait comprendre le problème 
concernant la tour. » 

^ xviii-xx. G : « Le roi alla jusqu'à dire qu'il avait perdu la 
colonne de son royaume avec Esope. Hermippos, apprenant la 
tristesse du roi au sujet d'Esope, alla le trouver et lui annonça 
que celui-ci vivait, ajoutant qu'il ne l'avait pas tué parce qu'il 
savait que le roi se repentirait bientôt de la sentence qu'il avait 
portée, » 

c xvin. C'est chez sa tante Zéfagnie — d'après F — que le roi 



1. Cf. Daniel, n, 11. 

2. Cf. Jonas, 111,6 : « Surrexit de solio suo... indutus est sacco et 
sedit in cinere. > 



XVIII, 3-XIX, 1 RETOUR d'ahikar 207 

3. En pleurant, il disait ; « Malheur sur toi, Ahikar le 
scribe, que j'ai fait périr sur les paroles d'un enfant, et il 
ne me reste personne comme toi qui le ressemble. Qui te 
rendra à moi anjourd hiii ? Je lui donnerais ton poids 
d'or * ! » 



CHAPITRE XIX 

Que Nabousemak cherche à faire connaître au roi ce qui 
concerne Ahikar, le scribe. 

1. Alors, lorsque Nabousemak entendit le roi pronon- 
cer de telles paroles, il se prosterna à terre, l'adora et dit : 
« O roi, vis à jamais ! celui qui méprise la parole de son 
maître est digne de mort ; ordonne donc de me crucifier 



1 C : « cent talents d'or et cinquante talents de pourpre. » 



expose ses peines et ses regrets d'avoir fait mourir Hicar. Il 
veut vénérer ses restes, alors Zéfagnie lui apprend qu'il est vi- 
vant. Elle ne parle pas de Yapousmak, de crainte que le roi ne 
lui tienne rancunede sa désobéissance, et Hicar demande à pas- 
ser encore pour mort afin que le roi d'Egypte n'invenle pas de 
nouvelles difficultés. Hicar se préparera et se mettra en route 
sous le nom d'Abicara, astrologue chaldéen, protégé de Zéfagnie, 
Nadan en particulier n'a aucune connaissance de ce qui s'est 
passé. 



3. L'arabe ajoute que le peuple, pour n'avoir pas à payer le tribut 
au roi d'Egypte s'enfuyait en Egypte. Cf. Il Rois, xxv, 26, où l'Egypte 
est déjà le lieu de refuge contre les Chaldéens. 



208 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XIX, 1-3 

sur le bois puisque j'ai désobéi à ta parole, car Aliikar que 
tu m'avais ordonné de tuer est encore vivant a. » 

2. Le roi répondit à Nabousemak : « Parle, Nabouse- 
mak, car tu es un homme bon et juste, incapable de com- 
mettre le mal; s'il en est comme tu le dis et si tu me mon- 
tres Ahikar en vie, je te donnerai de grands présents : dix 
mille talents d'argent et cent habits de pourpre b.» 

3. Quand Nabousemak entendit le roi parler ainsi, il 
commença à dire : « Je prie mon seigneur le roi de me 
dire une seule chose : qu'il oublie ce péché et qu'il n'en 
conserve pas de colère contre moi », — et le roi le lui 
jura avec joie ^ c. 



1 C: «Et Nabousemak lui dit : Jure-moi, mon seigneur 
roi, que si je n'ai pas d'autres péchés devant toi, tu ne m'impu- 
teras pas celui-là. — Et il lui donna la main à ce sujet. » 



a NS : « Lorsque moi, Nabusmîk, le bourreau, j'entendis 
cela et vis la tristesse et les larmes du roi au sujet de Ghi- 
kâr, je m'avançai, je me prosternai devant le roi et je lui 
dis... » 

i> NS : (( Je te donnerai jusqu'à la moitié de mon royaume, 
cent talents d'or et cinquante talents de pourpre avec des habits 
de soie. » 

c Dans NS, Nabusmîk demande encore au roi de jurer seu- 
lement qu'il ne le punira pas de sa désobéissance. 



2. Cf. Daniel, v, 16. 



XX, 1-XXI, 2 RETOUR d'ahikau 209 

CHAPITRE XX 
Que Nabousemak délivra Ahikar le scribe. 

1. Alors Nabousemak^ monta aussitôt sur un char et 
arriva aussi rapide qu'un vent violent ^. 

2. II m'ouvntet je montai ; je ne fus pas confondu parce 
que j'avais espéré en Dieu. 

CHAPITRE XXI 
Que Nabousemak conduisit Ahikar au roi. 

1. Je me prosternai à terre; mes cheveux descendaient 
sur mes épaules, ma barbe arrivait jusqu'à ma poitrine, 
mon corps était souillé de poussière et mes ongles étaient 
aussi longs que ceux de l'aigle. 

2. Quand le roi me vit, il pleura beaucoup et me dit ^ : 
« Ahikar, je n'ai pas péché contre toi, mais c'est ce fils 
que tu as élevé qui a péché contre toi. » 



^ C : « le roi. » 

2 (7 : (( Aussitôt le roi monta sur un char et arriva rapide- 
ment près de moi. Il m'ouvrit, je montai et allai tomber devant 
le roi. » 

3 C : « il pleura et avait honte de me parler. II me dit avec 
grand» compassion. » 



XX. Titre, Déli\'ra, litt. : a ouvrit devant. > 
1. Violent, litt. : « qui souffle. » 

XXI, 1. Cf. Daniel, iv, 30. 



210 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXII, 1-3 

CHAPITRE XXII a 
Ahikar répond au roi. 

1. Alors je répondis et je dis au roi : « Mon seigneur, 
maintenant que j'ai vu ton visage, je n'ai plus de mal. » 

2. Alors le roi répondit et me dit : « Va à ta maison, 
coupe tes cheveux, lave ton corps dans l'eau, recueille-toi 
durant quarante jours, puis tu viendras près de moi b. » 

3. Alors j'allai à ma maison et je fis ce que m'ordonnait 
mon seigneur le roi ; je demeurai vingt jours ^ dans ma 
maison et, lorsque j'eus repris mes forces, je vins devant le 
roi. 



* C : « trente jours. » — NS : « seulement vingt jours. » 
A : « quarante jours. » 



a xxi-xxii. G : « Comme le roi, à cette nouvelle, était trans- 
porté de joie, on lui amena Esope couvert de crasse et de mal- 
propreté. A sa vue, le roi se mit à pleurer et lui commanda d'al- 
ler prendre un bain avec tous les soins nécessaires ; après quoi 
Ésope se disculpa des fautes dont on l'avait accusé. Le roi vou- 
lut faire mourir Ennos, mais Esope implora son indulgence. » 

b Ag : a Ma disgrâce, répondit Heykar, a été l'ouvrage d'un 
perfide et d'un ingrat : voilà ce qu'on doit attendre des enfants 
de l'iniquité. J'ai cultivé un palmier pour servir d'appui à ma 
vieillesse, et ce palmier s'est penché sur moi et m'a renversé; 
mais, puisque le Ciel a conservé une vie qui est dévouée à votre 
service, bannissez désormais toute inquiétude et reposez-vous 
sur moi des soucis de Terapire » (sic A). 



2. Recueille-toi, litt. : « ton esprit entrera en toi. » 

3. Repris mes forces^ litt. : « fortifié mon âme. » 



XXIII-XXIV, 1 AI.IIKAR RÉPOND AU ROI 211 

CHAPITRE XXIII 

Lorsque Ahikar vint près du roi après sa sortie du cachot 

où il avait été enfermé, le roi lui fit connaître la lettre 

envoyée par le roi d'Egypte. 

Alors le roi reprit et me dit : « Vois, Ahikar, les Égyp- 
tiens, comment ils m'ont écrit et quel tribut ils imposent à 
Assur et à Ninive a. » 

CHAPITRE XXIV b 
Ahikar répond au roi. 

1. Alors je lui répondis et dis : « Mon seigneur le roi, 
vis à jamais ! Ne te fais ni soucis ni peine au sujet de cette 



* Ag : « Senkharib raccueillit avec beaucoup de distinc- 
tion, le fit asseoir à ses côtés et lui remit la lettre de Pharaon. Il 
l'avertit en même temps qu'un grand nombre d'Assyriens s'étaient 
enfuis en Egypte, craignant qu'on ne les obligeât à payer leur part 
du tribut exigé par Pharaon si sa demande n'était pas satisfaite. » 
Cf. infray xxvi, 1 ; xxxi, 2, et supra, p. 207, 3 (note), 

^ G : IX. En conséquence, le roi fit lire à Esope la lettre de 
l'Egyptien ; il vit aussitôt la solution du problème, se prit à 
rire et fit répondre qu'après l'hiver on enverrait des gens pour 
bâtir la tour et quelqu'un pour répondre à toutes les ques- 
tions. Le roi renvoya les ambassadeurs Egyptiens, rendit à Esope 
tous les biens qu'il avait possédés et livra Ennos à sa discrétion. 
Ésope, emmenant Ennos, ne lui causa aucun désagrément, mais 
se conduisant à nouveau envers lui comme envers un fils, il lui 
mit encore dans l'esprit ces autres paroles. » — Le grec n'a pas 
donné d'autres maximes ; celles-ci, au nombre de quinze, sont 
donc les seules ! Elles ne sont pas apparentées textuellement 



212 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAH XXIV, 1-XXV, 1 

affaire, j'irai en Egypte et je donnerai réponse, je donne- 
rai à tous tes ennemis l'énigme et la solution '', et je t'ap- 
porterai le tribut de trois ans de l'Egypte. » 

2. A ces paroles, le roi se réjouit beaucoup et fit un jour 
de réjouissance, la douleur quitta son esprit, il sacrifia des 
bœufs et des brebis et me donna de grands présents, 

3. Il mit aussi Nabousemak au-dessus de tous ^ et lui 
donna un rang élevé. 

CHAPITRE XXV * 

Ahikar écrit une lettre à E^fagni sa femme ^. 

1. [J'écrivis ensuite une lettre à Esfagni ma femme] ^ : 



1 C: « j'irai en Egypte, je bâtirai un château au roi et je lui 
répondrai à tout ce qu'il me demandera. » 
^ B : n au-dessus de nous tous. » 
^ Sic C. B omet ces mots. 



avec les maximes des textes orientaux, quelquefois même l'idée 
est opposée. Nous les traduisons plus loin, Appendice I. Après 
ces quinze maximes, le grec porte : « Comme Esope exhortait 
ainsi Ennos, celui-ci eut l'âme percée, comme d'un trait, par ses 
discours et par ses propres réflexions et, peu de jours après, il 
mourut. » Après avoir ainsi terminé l'histoire d'Ennos, le grec 
raconte l'ambassade d' Ahikar en Egypte. 

a xxiii-xxv. Dans F, Ahikar ne vient donc pas à la cour, mais, 
sous le nom d'Abicam, il fait « parcourir les déserts dans les- 
quels les rochs, ces oiseaux monstrueux, ont accoutumé de 
nicher. » 

1' XXV. G: a Ésope ayant convoqué tous les oiseleurs, leur or- 



XXIV. 2. Un jour de réjouissance, litt. : < un grand jour. > 



XXV, 2-3 AHIKAU ÉCRIT UNE LETTRE A ESFAGNI SA FEMME 213 

2. « ma femme, quand cette lettre t'arrivera, ordonne 
aux chasseurs de me prendre deux jeunes aigles, dis à mes 
serviteurs de m'iipporter un fil de lin et de m'en faire deux 
cordes dont l'épaisseur soit d'un doigt et la longueur de 
mille coudées», et commande aux forgerons de me faire 
deux cages ^. 

3. « Remets Nabouhaîl etTebsàlôm b^ mes serviteurs, à 
sept femmes primipares qui les allaitent afin qu'ils gran- 
dissent ; mets près d'eux les jeunes aigles, afin qu'ils gran- 
dissent ensemble ; donne-leur chaque jour deux brebis 
pour nourriture. 

^ C : € des cages pour les jeunes aigles, jj 



donna de captiver quatre jeunes aigles. Quand ils furent pris, il 
les nourrit et, comme on le raconte, il leur apprit (ce que j'ai 
peine à croire) à emporter en l'air des enfants portés dans des 
corbeilles fixées à leur corps et à obéir à ces enfants au point de 
les emporter en l'air ou de les ramener à terre à leur volonté. » 

a XXV, 1-2. Ag: a Retiré chez lui, Heykar lit appeler des chas- 
seurs et leur ordonna de prendre deux aiglons vivants ; on les 
lui apporta. II commanda en même temps qu'on lui préparât 
deux coffres d'un bois fort léger et deux cordons de soie de 
deux mille coudées de longueur. » ^V.S' porte aussi « deux raille 
coudées. » 

*> A et Ag ne donnent pas les noms des enfants. C'est tou- 
jours Ahikar (et non sa femme) qui fait ces préparatifs. .lV.S' écrit: 
« Nebuchal et Tabschalùn, » presque identique à la leçon de B. 

2. « Quatre aigles » dans le giec, uii pour cliaque angle. D a- 
près M. Mcissner, deux paires d'aigles sont peut-être devenues deux 
aigles, p. 182. Mais M. Lidzbarski fait remarquer, Zeitschrift der 
Deutschen morgenlundischen Gesellschaft, 1. xlviii, p. 674, que dans 
le texte syriaque les enfants montent sur les aigles. H suffit donc de 
deux aigles pour deux enfants. 

3. Cr. iN'abouel, infra, xxxii, 10. 

Tabsâloin. Rapprocher ce nom deTabèl, Is., vu. G; Esdr., iv, 7. 



214 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXV,4-XXVI, 1 

4. « Que les enfants apprennent à dire ^ : Apportez de la 
boue et du mortier ; les architectes, hôtes du roi ^, man- 
quent de travail a. » 

5. Ma femme était très habile, elle fit tout ce que je 
lui avais commandé, et je reçus du roi l'ordre d'aller en 
Egypte. 

CHAPITRE XXVI b 

[Départ pour l'Egypte] 

1 . A cette nouvelle, les Assyriens et les Ninivites se réjoui- 
rent grandement et retournèrent chez eux ^. 

1 C: « Et toi, donne-leur Oubâîl et Tebsalom, deux enfants 
qui ne savent pas parler, et ils leur apprendront à dire. » 

2 Ce passage semble fixer le sens du mot ôrhé. Dans le ms. C, 
ce mot est encadré entre « mortier » et « briques ». Les édi- 
teurs l'ont donc traduit par « tuiles ». — Bar Bahloul dit avo!r 
rencontré ce mot dans « des proverbes araméens » et lui donne 
le sens de a château » et « palais ». Payne Smith, Thésaurus sy- 
ri'acws, 1. 1, col. 375. Il est probable que Bar Bahloul vise notre ou- 
vrage et donne le sens de « palais» parce quil s'agit, d'après le 
contexte, de construire un palais. — Le sens « hôtes » est suffi- 
sant, car ce sont les architectes « hôtes du roi d'Egypte » qui 
devront construii'e le palais en l'air. Cf. Journal asiatique ^X.^ sé- 
rient. IX (1907), p. 149. 

^ Cette phrase manque dans C. On doit l'entendre des gens 



a Ag . « Heykar avait ensuite instruit les enfants à crier de 
toutes leurs forces, lorsqu'ils se verraient au milieu des airs : 
Apportez-nous des pierres et du mortier, afin que nous bâtis- 
sions un palais au roi Pharaon. Nous n'attendons plus que les 
matériaux. Ilâtez-vous donc de nous les faire parvenir !... C'est 
une chose inouïe de nous laisser ainsi désœuvrés !... » 

'' XXVI. G : « A la sortie de l'hiver, lorsque le printemps 



XXVI, 2-4 DÉPART POUR l'ÉGYPTB 215 

2. Je répondis au roi : « Mon seigneur le roi, per- 
mets-moi [d'aller en Egypte,» — et quand il m'eut ordonné 
d'y aller] ^ je pris avec moi une nombreuse troupe et je 
partis a. 

3. Quand j'arrivai à la halte du soir, je commençai par 
licencier les troupes, puis je sortis lesjeunes aigles, j'atta- 
chai les cordes à leurs pieds et je fis monter mes enfants 
sur eux, puis je les lâchai et ils montèrent en haut dans 
l'air. 

4. Les enfants criaient comme on le leur avait appris : 
« Apportez des briques, delà boue et du mortier, les hôtes 
et les architectes du roi en ont besoin. » Après cela, je les 
ramenai près de moi. 



qui s'étaient déjà mis en route pour se rendre en Egypte comme 
le porte d'ailleurs NS : « Lorsque les Assyriens et les habitants 
de Ninive qui s'étaient enfuis en Egypte entendirent et virent 
tout ce que j'avais fait et préparé, ils revinrent dans leur pati'ie. » 
* Manque dans B. 



s'épanouit, Ésope, qui avait tout préparé pour le voyage, prit 
avec lui les enfants et les aigles et partit pour l'Egypte. II s'en- 
toura de beaucoup de luxe et de gloire afin de frapper l'esprit 
des indigènes. » 

a Dans A et Ag, Ahikar fait l'essai de son invention devant 
le roi. Par contre 3-4 manquent. — Dans F, les essais ont lieu 
en secret chez Hicar : « Les rochs ne pouvant encore s'élever 
qu'avec peine suivaient partout les enfants, ainsi qu'ils auraient 
suivi leur mère ; les enfants montaient sur le dos des oiseaux, 
qui prenaient plaisir de les porter ; on leur attacha de petites 
selles commodes, sur lesquelles les cavaliers se tenaient avec 
grâce sans courir le risque de tomber, car on les y avait atta- 
chés. » 



216 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXVII, 1-3 



CHAPITRE XXVII 

Entrée d'Ahikar en Egypte avec les messagers de Pharaon, 
roi d'Egypte '>. 

1. Quand j'arrivai en Egypte, les serviteurs du roi le lui 
annoncèrent et le roi ordonna qu'Ahikar vînt près de lui^. 

2. J'entrai près de lui et le saluai, puis il me dit: « Quel 
est ton nom. » — Je répondis: « Abikam, l'une des fourmis 
du roi de Ninive, » 

3. Lorsque Pharaon l'entendit, il fut irrité et dit : « Suis- 
je donc tellement méprisé de ton maître qu'il m'envoie une 
fourmi pour me donner réponse c ! » 



^ xxvii, 1-4. Le grec suppose qu'Ésope se fait immédiatement 
reconnaître : « Nectanébo, apprenant qu'Esope (lui-même) arri- 
vait : Je suis tombé dans un piège, dit-il à ses amis, lorsque j'ai 
entendu dire qu'Esope était mort. » 

^xxvii, 1. F: (( A la huitième heure écoulée depuis la lettre de 
Sinkarib à Pharaon, Hicar, sous le nom d'Abicara, demande à se 
mettre en route... Zéfagnie laccorapagne... quatre éléphants 
composent tout son équipage... et cent eunuques à cheval, armés 
d'un sabre et d'une lance, escortent cette petite troupe... La 
caravane entière arrive à Masser (ou Misr = l'Egypte). » 

"^ Dans F, Abicara répond au roi : « Sire, la mouche à miel, 
placée entre les oiseaux et les insectes, est un des plus petits 
animaux ailés. Voyez (cependant) quel merveilleux ouvrage elle 
compose ! 11 est admis avec distinction sur la table des plus 



2. Abikanij « Mon père s'est relevé », v. supra, p. 12, Ce serait 
une allusion au relèvement de Ahikar après sa chute causée par Na- 
dan. Rapprocher ce nom de Ahiqam, II Rois, xxv, 22 ; Jér., xxxix, 
14 ; XL, 5. 



XXVII, 4-8 ENTiiÉE d'ahikar en Egypte 217 

4. Puis il me dit : « Va, Abikam, à ta demeure ^, puis 
lève-toi le matin et viens près de moi a. » 

5. Le roi ordonna à ses grands de prendre le lendemain 
et de revêtir des habits de couleur rouge, et il revêtit au 
matin des habits de byssus et de pourpre. II s'tissit sur son 
siège, et ses grands siégeaient autour de lui et devant lui. 

6. Et le roi me fit entrer en sa présence, puis il me dit: 
« A qui puis-je ressembler, ô Abikam, et à qui ressem- 
blent mes grandsb?» — Je lui répondis: «Tu ressembles, ô 
mon seigneur le roi, à Bel c, et tes grands à ses prêtres d. » 

7. Il me dit encore : « Va, Ahikam {sic)^, et, au matin, 
reviens. » 

8. <^ Le roi ordonna à ses grands de changer leurs habits 
et de prendre des habits de lin blanc; pour lui, il s'habilla 
de blanc, puis il s'assit sur son trône et ses grands se te- 
naient devant lui et autour de lui. 



^ Ici et plusieurs fois plus bas, C emploie le mot persan És^ 
fezâ. 

2 Lorsque C emploie ce mot, il écrit toujours « Abikam ». 



grands souverains et, devant Sinkarib, les petits comptent comme 
les plus grands : il les juge du faîte des grandeurs oîi les des- 
tins l'ont placé. » 

a Dans F, le roi accorde trois jours à Ahikar. Ag écrit : 
« Abimacam. » 

•* Le grec ne contient que deux comparaisons. La première 
semble représenter l^i à 15, et la seconde 8 à 10. 

c Bel. Dans F : « Bilelsanam. ]» 

^ Au lieu de « à ses prêtres, » iV.S' porte : « à ses serviteurs. » 

c Grec : « Le jour suivant, le roi revêtit une tunique très 
blanche et commanda à ses amis de prendre (des habits) de 
pourpre. A l'entrée d'Esope, il lui posa encore la même question. 
Esope répondit : Je te compare au soleil et ceux qui t'entourent 
à ses rayons. » 



218 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXVII, 9-15 

9. Il me fit entrer devant lui et me dit : « A quoi puis-je 
ressembler, ô Ahik;ir, et à quoi ressemblent mes grands ? » — 
Je lui donnai réponse et lui dis : « Tu ressembles au soleil 
et tes grands à ses rayons a. » 

10. Il me dit encore : « Va, Abikam, et, au matin, reviens 
près de moi. » 

H. Il ordonna à ses grands de revêtir le lendemain des 
habits noirs. Les portes du palais seraient recouvertes 
(d'étoffes) noires et d'écnrlate. Le roi revêtit des habits 
écarlates, puis Pharaon fit entrer Ahikam. 

12. J'entrai et il me dit : « A quoi puis-je ressembler, 
Abikam, et à quoi ressemblent mes grands ?» — Je lui dis : 
« Tu ressembles, ô roi, à la lune, et tes grands aux étoiles. » 

13. Il me dit : « Va, Abikam, et, au matin, viens près de 
moi. » 

14. Pharaon ordonna h ses grands de revêtir le lende- 
main d'autres habits teints en couleurs de tout genre. Les 
portes du temple seraient couvertes (d'étoffes) rouges de 
diverses couleurs. Le roi revêtit des habits tissés de diver- 
ses nuances, puis Pharaon fit entrer Ahikar. 

15. J'entrai et il me dit : « A quoi puis-je ressembler et 
à quoi ressemblent mes grands ? » — Je lui répondis : « Tu 
ressembles à Nisan et tes grands à ses fleurs b. » 



i» F contient une scène de plus : Abicam compare les habits 
blancs aux neiges des montagnes de l'Ethiopie qui arrosent et 
fertilisent l'Egypte. Le lendemain, le roi et ses grands sont 
éblouissants de pierreries et Abicam les compare au soleil et 
aux planètes qui lui empruntent leurs rayons. 

^ 14-15 manquent dans./^. Le grec porte : (( Le jour suivant, le 



11. Du palais, litt. : « du temple. » 

15. Nisariy premier mois de l'année babylonienne, mars-avril. 



XXVII, 16-XXVIII, 1 AHIKAR RÉPOND A PHARAON 219 

16. Lorsque le roi l'entendit, il se réjouit beaucoup et 
fut rempli de joie. Il me dit : « Abikam, tu m'as comparé 
une fois à Bel et mes grands à ses prêtres, une seconde fois ^ 
tu m'as comparé à la lune et mes grands aux étoiles, une 
troisième fois tu m'as comparé à Nisan et mes grands à ses 
fleurs, alors à quoi ressemble Sarhédom ton maître 'î? » 



CHAPITRE XXVIII h 
Ahikar répond à Pharaon. 

1. Je répondis et lui dis : « Dieu me garde, ô roi, de 



^ B, a l'encontre de C, ne rappelle pas ici la comparaison au 
soleil. 



roi ordonna que tous revêtissent des habits blancs, lui-même 
portait du jaune avec un diadème et un turban orné de pierreries. 
Assis sur un trône élevé, il fit entrer Esope et lui demanda dès 
son arrivée : A qui me corapares-tu, Ésope, ainsi que ceux qui 
m'entourent? — Il répondit : Je te compare au soleil de printemps 
(ceci répond un peu à Nisan, ou mois d'avril, des autres versions), 
et je compare ceux qui t'entourent à des épis mûrs (ces épis peu- 
vent correspondre aux fleurs des autres versions). Le roi, plein 
d'admiration, lui fit des présents. » Nous avons déjà dit que 
dans le grec 14 à 15 précède 8 à 10. 

a G : (( Nectanébo (lui dit) : Je pense que Lycéros n'est rien 
en comparaison de ma puissance ? » 

•j XXVIII. G : (( l^^sope souriant, répondit : Ne pense pas si légè- 
rement à son égard, ô roi. Vis-à-vis de ton peuple, ton auguste 
royauté brille comme le soleil, mais si on la mettait en parallèle 
avec Lycéros, il serait facile de montrer que tout son éclat n'est 
que ténèbres. » 

16. R S. rapproche de ces comparaisons la fable 414 d'Esope. 



220 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXVIII, 1 -XXIX, 1 

parler de mon seigneur Sarhédom pendant que tu es assis, 
car mon seigneur le roi Sarhédom ^ ressemble au Dieu du 
ciel 2 et ses grands aux éclairs ; quand il le veut, il durcit 
la rosée et la pluie en grêle, il fait monter des fumées aux 
cieux de sa royauté, il tonne, il rugit et il empêche le so- 
leil de se lever et ses r;iyons de se montrer ; il empêche 
Bel et ses prêtres d'aller et de venir par les places publi- 
ques. 

2. « Il empêche la lune de se lever et les étoiles de bril- 
ler. S'il veut commander au (vent du) nord, le vent fabrique 
la grêle et la pluie, frappe le Nisan et perd ses fleurs. » Le 
roi entendant cela s'irrita a. 

CHAPITRE XXIX b 
Pharaon demande à Âhikar quel est son nom ^. 

1. Pharaon dit : « Par la vie de ton seiijneur Sarhédom * 
quel est ton nom ? » 

^ C : <i Sennachérib. » 

2 Arm : « à Bêlshim. » 

3 B porte ici en plus : o et il lui dit : Tu es Ahikar. » — 
Je lui répondis : Je le suis, mon Seigneur. » Cette phrase fait 
doublet avec la suivante. 

* Comme nous l'avons dit, C porte toujours Sennachérib. 

a XXVIII, 2. D'après F, à la fin de l'entrevue avec Pharaon arrive 
une lettre de Sinkarib qui ne doute pas de la réussite de son 
envoyé et demande au roi d'Egypte neuf cents katars d'or (un 
katar vaut trois cents livres, dit le traducteur), pour achever de 
payer soixante mille chariots ds guerre. Par contre, xxix-xxx, 5 
manquent dans F. Pharaon dit qu'il répondra à Sinkarib lorsque 
Abicara lui aura construit un palais aérien. 

^ xxix, 1-3, manque dans le grec et xxix, 4-xxx, 5 se trouve 
plus bas, après xxx, 21. 



XXIX, 2-XXX 3 AI.IIKAU ÉCIUT A PHARAON 221 

2. Je lui répondis : « Ahikar, le scribe, et l'anneau du 
roi Sarhédom est entre mes mains. » 

3. Pharaon me dit : <r Tu vis donc ?» — et je lui répondis : 
« Je vis et, ô mon seigneur roi, j'ai vu Sarhédom et il a 
allongé ma vie, et Dieu m'a délivré de la mort et de h\ peine 
capitale et de ce que mes mains n'avaient pas fnit. » 

4. Le roi me dit : « Va, scribe, et, au matin, viens près 
de moi et dis-moi une parole que personne n'a entendue 
et qu'aucun de mes grands n'a entendue dans aucune ville 
de l'Egypte. » 

CHAPITRE XXX 
Ahikar écrit la parole que lui demandait Pharaon. 

1. Alors moi, Ahikar, je m'éloignai et j'écrivis une lettre 
qui portait : 

2. « De Pharaon, roi d'Egypte, à Sarhédom, roi d'Assy- 
rie, salut a : 

« Les rois ont besoin des rois et les juges des juges ^, et, 
à cette époque-ci, ils ont besoin de présents, parce qu'ils 
sont diminués ^. L'argent manque à mon trésor, mais fais- 
moi envoyer du tien neuf cents talents d'argent et je te les 
retournerai sous peu. » 

3. Je roulai cette lettre et je la portai devant lui, je lui 
dis : « La parole qui est écrite dans cette lettre n'a été 
entendue ni de toi ni de personne autre b. » 

1 C : « et les frères des frères. » 

2 (7 : « et, à celte époque, les présents ont diminué. » 

a XXX, 2. Dans A et Ag, c'est le roi de Ninive et d'Assyrie qui 
écrit à Pharaon et lui demande six cents talents d'or, 

^x\\, 1-3. G : « Il s'en alla et fit un écrit par lequel Neclanébo 



222 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXX, 4-7 

4. ^ Tous s'écrièrent : « Nous l'avons entendue, il n'y a 
pas de doute. » 

5. b Alors je leur répondis : « Voilà donc que (d'après 
votre témoignage) l'Egypte doit neuf cents talents à As- 
sur ; » — et ils lurent saisis d'étonnement. 

6. c Le roi me dit alors : « Ahikar. » — Je lui répondis : 
« Me voici. » — Et il me dit: « Bàtis-moi un palais entre le 
ciel et la terre, qui soit de près de mille coudées au-dessus 
de la terre. » 

7. '1 Je sortis aussitôt mes jeunes aigles, je leur attachai 



1 B porte simplement : « ils lurent la lettre. » 



reconnaissait devoir mille talents à Lycéros, le matin il alla 
trouver le roi et lui remit l'écrit. 

a G : « Les amis du roi, avant d'ouvrir la lettre, dirent tous : 
Nous avons vu cela et nous l'avons entendu, nous le savons 
même très bien. — Esope (leur dit) : Je vous en sais gré pour 
le paiement « (je vous sais gré de reconnaître votre dette). 

b G : « Mais Nectanébo ayant lu la reconnaissance du prêt 
dit : Vous êtes tous témoins que je ne dois rien à Lycéros ? Et 
tous, changeant d'avis, dirent : Nous ne l'avons pas vu et nous 
ne l'avons pas entendu. — Esope (leur dit) : S'il en est ainsi, 
j'ai répondu à votre question. » 

c XXX, 6. Dans F, le roi d'Egypte fait réunir des matériaux et 
donne les dimensions du palais qu'il veut. — Le grec porte : 
« Nectanébo, frappé de stupeur par la justesse de ses raisonne- 
ments, lui dit : As-tu amené ceux qui doivent bâtir la tour ? — Il 
répondit : Ils sont prêts, si seulement tu veux nous indiquer 
l'emplacement. » 

^ 6-7. Ag, qui est beaucoup plus développé, peut servir de com- 
mentaire au présent passage : « Pharaon s'écria : C'est à toi, 
Heykar, que devraient ressembler tous ceux qui servent les rois I 
Hommage à l'Etre éternel qui t'a prodigué la sagesse et qui a 
orné ton esprit de tant de raison et de tant de savoir ! Mais il te 



XXX 7 AHIKAR ÉCRIT A PHARAON 223 

les fils aux pieds avec (longueur) convenable et je fis mon- 
ter sur eux les enfants qui criaient : « De la boue, du mor- 
tier. Voici arrivés les architectes. Fournissez-leur de quoi 
travailler, car les architectes du roi en ont besoin, et mélan- 
gez des margérê ^, c'est-à-dire du vin, pour les architec- 
tes. » 



1 Ce mot (qui porte ici deux ribouis !) a été décomposé en 
deux dans C et a donné mârâ-âgrâ. La traduction de ce mot par 
<L vin » est sans doute l'œuvre d'un scribe. Il serait préférable 
de lire margenê : préparez des « colonnes » ou des « fouets » 
((jiâpaYva) pour frapper les manœuvres. 



reste encore à remplir une condition difficile : tu as prorais de 
me construire un palais suspendu entre le ciel et la terre. — Je 
m'en souviens, répondit Heykar, et vous me voyez prêt à exécu- 
ter ce que j'ai promis : j'ai amené avec moi les architectes, 
ordonnez seulement qu'on leur prépare les pierres, le mortier 
et la chaux, et que des manœuvres soient là pour leur faire par- 
venir tous les matériaux nécessaires à la bâtisse. 

« Cet ordre fut donné à l'instant, et le lendemain Pharaon et 
toute sa cour se rendirent dans une vaste plaine où s'était déjà 
portée une population immense, curieuse de savoir comment 
Heykar remplirait sa promesse. Celui-ci y parut accompagné de 
deux enfants qu'il avait instruits. Les coffres où il avait enfermé 
les deux aigles étaient portés derrière lui par les gens de sa 
suite. 

« Arrivé à travers la foule au milieu de la lice qui lui avait été 
préparée, Heykar tira les deux aigles de leur i*etraite, fit monter 
chaque enfant dans chaque coffre et les ayant fortement attachés 
aux serres de ces oiseaux, il leur lâcha la corde et, en moins d'un 
clin d'œil, ils s'élevèrent à une hauteur prodigieuse. Placés ainsi 
entre le ciel et la terre, les enfants se mirent à crier de toutes 
leurs forces : Apportez-nous donc des pierres, de la chaux et du 



224 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXX, 8 

8. » Les grands virent, entendirent et furent dans l'admi- 
ration. Alors moi, Ahikar, je pris un bâton et je frappai 



mortier, afin que nous bâtissions le palais du roi Pharaon, Nous 
n'attendons plus que les matériaux ; allons, messieurs les ma- 
nœuvres ! nous voilà depuis une heure les bras croisés ! c'est 
une chose inouïe de nous laisser ainsi dans l'inaclion. » — A pa- 
raphrase un peu moins et se trouve intermédiaire entre B et Ag. 

— ^a beaucoup plus de mise en scène: c'est Zéfagnie, du haut 
d'une tour portée par un éléphant, qui dirige le vol des rochs. 

— NiS : « Aussitôt je pris les deux aigles de (leurs) cages, j'atta- 
chai les deux liens à leurs pieds, je plaçai les enfants sur leur dos 
et les deux aigles s'envolèrent avec les deux enfants sur leur dos 
et montèrent à une hauteur telle que personne ne les voyait plus. 
Alors ils commencèrent à crier et à appeler : Donnez-nous de la 
terre, de la chaux, des briques et des pierres, car les travailleurs 
et les architectes du roi n'ont rien à faire et voudraient bien 
construire un château entre le ciel et la terre pour le roi Pharaon. 
Ils crièrent encore : Serviteurs, mêlez-nous du vin, nous voulons 
boire. » — G: ((Le roi sortant ensuite de la ville vers la campagne 
désigna l'emplacement. Alors Ésope, amenant sur les quatre 
angles de cet emplacement les quatre (petits) aigles avec les 
enfants suspendus dans des sacs, donna à ceux-ci les outils des 
architectes et leur ordonna de monter en l'air. Arrivés à une 
certaine hauteur : Donnez-nous, crièrent-ils, des pierres, don- 
nez de la poussière, donnez des bois et tout ce qui est nécessaire 
pour construire. » 

a A et Ag : (( Tandis que les enfants répétaient ces cris du 
haut des airs, les gens de la suite de Heykar {A porte : Heykar 
et ses serviteurs), aux yeux de la foule ébahie, frappaient les 
ouvriers de Pharaon en leur disant : Faites donc votre métier de 
manœuvres ; portez aux maîtres-maçons les matériaux qui leur 
sont nécessaires ; ne les laissez pas ainsi désœuvrés ! Et ils con- 
tinuaient de les battre, et pendant ce temps Pharaon et ses cour- 
tisans riaient. » 



XXX, 8-13 AHIKAR BÉPOND A PHABAON 225 

les architectes jusqu'à ce qu'ils se fussent enfuis, afin qu'ils 
montassent ce qui était nécessaire pour bâtira. 

9. Alors le roi dit : « Tu es fou, Ahikar ; qui peut leur 
monter ce qu'ils demandent ! » 

10. ^ Je lui dis : « Pourquoi donc avez-vous le nom de 
Sarhédom à la bouche ? S'il était ici et s'il voulait bâtir 
deux palais en un jour, il les bâtirait. » 

H. (Le roi) me dit : « Laisse ce palais et reviens au 
matin près de moi. » 

12. c Dès le matin j'entrai près de lui, il regarda, me vit 
et me dit : « Ahikar, explique-moi ce qui nous arrive : un 
cheval de ton maître hennit en Assur et à Ninive, nos cava- 
les ici l'entendent et avortent. » 

13- •* Alors moi, Ahikar, je sortis de devant le roi, et je 
commandai à mes serviteurs de me prendre un chat, dieu 

a 8-11. G : (( Nectanébo, voyant les enfants emportés en haut 
par les aigles, dit : D'où me viennent ces hommes qui volent ? — 
Et Ésope répondit : Ils appartiennent à Lycéros. Comment 
veux-tu, toi qui es un homme, chercher querelle au roi ? — Et 
Nectanébo dit : Esope, je suis vaincu, mais je veux l'interroger 
et tu me répondras. » 

^ Ag : « Apparemment, répondit Heykar, que mon maître 
Senkarib a des ouvriers plus dociles, car, s'il le voulait, il ferait 
bâtir deux palais en un seul jour. » 

c G : c( Il dit : J'ai ici des cavales qui conçoivent dès qu'elles 
entendent hennir les chevaux de Babylone ; si tu as quelque 
sage (réponse) à ce sujet, manifeste-la. — Et Esope dit : Demain 
je te répondrai, ô roi. » 

«i G : « Arrivé où il demeurait, il ordonna à ses serviteurs 
de prendre un chat et, après Tavoir pris, d'aller le battre en 
public. » 

12. Cette histoire H passé dans le ïalmud. Cf. Meissuer, p. 194- 
195. 

13. Un chat, ou « un furet. » 

15 



226 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAH XXX, 13-17 

des Égyptiens *, et de le frapper jusqu'à ce que les Egyp- 
tiens l'entendissent ^. 

14. a Ils allèrent dire au roi : « Cet Abikam a pris un chat 
(qui est) un dieu et il le frappe ^. » 

15. Le roi l'apprit ainsi et me dit : <( Ahikar, pourquoi 
maltraites-tu nos dieux ? » 

16. Je lui dis : « O roi, vis à jamais I Ce chat m'a causé 
un grand dommage et non un petit, car le roi m'avait 
donné un coq qui avait une très belle voix, et »u moment 
où je voulais aller à la cour, loisque le roi me demandait, 
il chantait à cette heure même et me réveillait de mon 
sommeil *. 

17. « Et voici le dommage que ce chat m'a causé : il a été 
cette nuit à Assur et à Ninive, il a enlevé la tête de ce coq 
et il est revenu ici. » 



1 « Dieu des Égyptiens » manque dans C. 

2 C : « et de le frapper sur les places de la ville. Lorsque les 
Égyptiens le virent. » 

3 C : « Ahikar s'est élevé contre notre peuple et nous tourne 
en dérision ; car il a pris un chat et il le frappe sur les places 
publiques de notre ville. » 

* C : « il avait une très belle voix et, au moment où il chan- 
tait, je comprenais que mon Seigneur me demandait et j'allais à 
la porte de mon Seigneur. » 



• G : (( Les Egyptiens, qui vénèrent cet animal, lorsqu'ils 
virent celui-ci tellement maltraité, accoururent ; ils arrachèrent 
le chat des mains de ceux qui le battaient et annoncèrent aussi- 
tôt cet incident au roi. » 



16 A la cour, litt. : ff à la porte du roi. » 

17. Et voici le dommage que ce chat m'a causé, lilt. : « et jamats 
ne sera bien ce que ce chat a fait ainsi contre moi. » 



XXX, 18-20 AHIKAR RÉPOND A PHARAON 227 

18. =^ Alors le roi me dit : « Maintenant que tu es vieux, 
tu te trompes. Il y a trois cents "^ parasanges entre Assur 
et l'Egypte ; comment aurait-il pu y aller cette nuit, pren- 
dre la tête de ce coq et revenir bp » 

19 c. Je lui dis : « Bien ru'il y ait trois cent trente p;ira- 
sanges entre Assur et F Egypte, n'avons-nous pas appris 
que vos cavales entendent la voix de notre cheval et avor- 
tent? De même pour ce chat. » 

20. A ces mots, le roi confus et étonné me dit : « 
Ahikar, explique-moi ce que je vais te dire: J'ai une grande 
colonne [formée de huit mille sept cent soixante-trois bri- 



'^ C: « Trois cent soixante. » — A : (.<. soixante-huit parasan- 
ges. » — Ag : (( trois cent soixante lieues. » 



a 15-17. G : (( Celui-ci appelant Ésope : Ne sais-tu pas, dit-il, 
Ésope, que le chat est vénéré chez nous comme un dieu ; pour- 
quoi donc as-tu fait cela ? — L'autre répondit : « Ce chat, la 
nuit dernière, a causé du tort au roi Lycéros , car il a tué son 
coq valeureux et brave, qui allait jusqu'à lui annoncer les heures 
de la nuit. » 

I' G : « Et le roi dit : N'as-tu pas honte de mentir ainsi, 
Ésope ? Comment un chat pourrait-il, en une nuit, aller d'f'gypte 
à Babylone ? » 

c (7 : (( Et celui-ci dit en riant : Comment donc, ô roi, les 
cavales d'ici peuvent-elles concevoir lorsque les chevaux de 
Babylone hennissent ? — Le roi, à ces paroles, loua son in- 
telligence. Ensuite (le roi) envoya chercher à Iléiiopolis des 
hommes réputés pour les questions sophistiques, il leur parla 
d'I'.sope et les invita en niônie temps que lui à son festin. Tandis 



12-19. ri. S., p. 83-85, rapproohe ce passage de la fable l'a d'Ésope 
cl met eu relief la couleur locale, toutecgyplienne, du texte d'Ahikar. 
20. Courent, lilt. ; et courent deux. » 



228 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXX, 20-21 

ques] * au-dessus de laquelle sont plantés douze cèdres ; au- 
dessus de chacun des cèdres il y a trente roues et sur 
chaque roue courent ^ un blanc et un noir. » 

21. Je répondis au roi au sujet de ce qu'il me deman- 



1 Manque dans B, mais est présupposé par la suite. 
^ C : a. sur chaque roue deux cordes. » 



qu'ils étaient à table, l'un des habitants d'Héliopolisdit à Ésope : 
J'ai été envoyé par Dieu pour te poser une question et voir si tu 
pourras y répondre. — Ésope lui répondit : Tu mens, car Dieu n'a 
rien à apprendre des hommes ; en disant cela, tu ne parles pas 
seulement contre toi, mais aussi contre Dieu. — L'autre reprit : 11 
y a un grand tempk et dans ce temple une colonne qui a douze 
portes, dont chacune est formée de trente poutres, autour de 
celles-ci tournent deux femmes. » — Le texte grec porte (( douze 
villes )) au lieu de douze portes. Aussi, La Fontaine a traduit : 
(( Il y a un grand temple qui est appuyé sur une colonne entou- 
rée de douze villes, chacune desquelles a trente arcs-boutants et 
autour de ces arcs-boutants se promènent l'une après l'autre, 
deux femmes, l'une blanche, l'autre noire. » — Ag porte : « Que 
dis-tu d'un architecte qui a bâti un palais avec huit mille sept 
cent soixante pierres et y a planté douze arbres, dont chacun a 
trente rameaux portant deux grappes, l'une blanche et l'autre 
noire ?» — Une énigme analogue figure déjà dans l'anthologie 
grecque sous le nom de Cléobuline, fille de Cléobule (580 av. 
J.-G.) : (( 11 y a un père qui a douze enfants, chacun d'eux a 
soixante filles d'aspect très différent, les unes blanches, les 
autres noires. Toutes sont immortelles et meurent. » Anili. srec- 



20-21. D'après M. Meissner, cette éuigme est d'origine grecque, 
p. 182. MM. Windisch et Mark Lidzbarski tiennent qu'elle est d'ori- 
gine sémitique, dans Zeitschrift der Deutschen inorgenlsendischen 
Gesellschaft, t. xlviii, p. 674. 



XXX, 21-22 AHIKAR RÉPOND A PHARAON 229 

dait : « Les intelligences des moutons et des bœufs * con- 
naissent ce que tu me demandes, ô roi. La colonne dont a 
parlé mon seigneur le roi c'est l'année ; cette colonne est 
bâtie de huit mille sept cent soixante-trois pierres, qui sont 
les huit 2 mille sept cent soixante-trois heures ; les douze 
cèdres sont les douze mois de l'année ; les trente roues 
sont les trente jours du mois ; les deux coureurs, l'un noir 
et l'autre blanc, sont la nuit et le jour a. » 

22. Le roi me dit encore : « Cesse. — Maintenant, je te 
demande, ô Ahikar, de me tresser deux longs câbles de 

^ C : « les intelligences des bœufs de nos pays. » 

^ B : fs. sept. » — Les textes arabes et même NS portent 8763, 

Le nombre 8736, dans la traduction de M. Lizbarski, n'est 

qu'une faute d'impression. 



que, XIV, 101, Irad. française, Paris, 1863, t. ii, p. 56 et 
319-320. Par contre, cette énigme ne se trouve pas dans A. 

a G : a Ésope dit : Même les enfants de chez nous sauraient 
résoudre ce problème, car ce temple est le monde, la colonne est 
l'année, les portes (villes ?) sont les mois, les poutres sont leurs 
jours, et les deux femmes qui se succèdent sont le jour et la 
nuit. » 



21. Les intelligences des moutons et des bœufs. D'aprèsM. Vetter, 
p. 367, ce mot a les bœufs » ou « les animaux » pouvait désigner en 
Assyrie les hommes du vulgaire. Il renvoie à Josèphe, Ant.jud. ,XlYf 
X, 7, et auTalmud. Le renvoi à Josèphe (éd. Didot ?) est inexact. 

Huit mille sept cent soixante-trois heures. Année de 365 jours et 
trois heures. Dans l'édition do Cambridge, on trouve 8760 heures 
ou 365 jours. — Celte phrase, depuis « cette colonne », est en rouge 
dans le m.anuscrit B, sans doute pour indiquer qu'elle ne correspond 
à aucnne question du roi. Nous avons rétabli cette question plus 
haut, parce qu'elle existe dans les autres textes et vorsions. 

La nuit et le jour. C'est le véritable ordre cliez les Sémites, car 
pour eux la nuit précède le jour. Cf. Meissner, p. 182. 



230 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahiKAR XXX, 22-28 

sable, qui aient cinquante coudées (de long) et un doigt 
d'épaisseur ^. » 

23. Je lui répondis : « Ordonne, mon seigneur roi, qu'on 
m'apporte un (tel) câble de ton trésor afin que j'en tresse 
un semblable. » 

24. Il me dit : « Tu ne comprends pas ce que j'ai dit ; si 
tu ne me tresses pas le câble dont je viens de te parler, tu 
ne recevras pns le tribut de l'Egypte. » 

25. Alors moi, Ahikar, je quittai le roi et passai celte 
nuit en grande méditation. 

26. Au matin il me vint une idée et je me rendis der- 
rière le palais où habitait le roi ; je creusai un petit trou 
dans la muraille en face du soleil et le soleil traversa la 
muraille du temple. Je creusai un autre trou dans la même 
muraille, puis je pris une poignée de poussière et la mis 
dans les trous, et (les poussières) apparaissaient dans le 
rayon et elles étaient entraînées 2. 

27. Je pris la parole et je dis au roi: « Ordonne, monsei- 
gneur le roi, que l'on tresse en faisceau de proche en pro- 
che ces (dt^ux rayons) et je t'en ferai de semblables autant 
que tu en voudras ^. » 

28. A cette vue, le roi et ses grands furent saisis d'admi- 
ration et de stupeur et ils étaient foi t humiliés a. 

1 C : « cinq câbles du sable du fleuve. » 

2 C : «Je sortis hors du palais {litt. : temple) du roi et je creu- 
sai cinq trous dans le mur oriental du palais. Lorsque le soleil 
pénétra dans les trous, la poussière s'y mit en mouvement et le 
rayon du soleil parut être tressé à l'intérieur des trous. » 

^ C : « Mon Seigneur, fais enlever ceux-là et je vous en tres- 
serai d'autres à leur place. » 

a 22-28. Ce passage figure dans A mais manque dans Ag. 

26. Le palais, litl. : « le temple ; » cf. Daniel, iv, 4 ; vi, 18, et 
I Rois, XXI, 1; II Rois, XX, 18, etc. 



XXX, 29-XXXI, 1 AHiKAn répond a pharaon 231 

29. Alors le roi me fit apporterla pierre supérieure d'une 
meule (|ui était brisée, puis il prit la parole et me dit : 
« Ahikar^ couds-moi cette pierre. » 

30. Et je pris aussitôt un pilon de pierre de cette meu- 
le, je le jetai et je lui dis : « Mon seigneur le roi, je n'ai pas 
avec moi les outils de cordonnier et je ne trouve pas ce 
dont j'ai besoin, commande donc à tes cordonniers de 
tirer un fil de ce pilon, qui est de même nature que la 
meiile^ et aussitôt je la coudrai. » 

31. A ces paroles, le roi rit et me dit : « Allons (su) ! ô 
Ahikar, que le jour où tu es né soit béni devant les dieux '' 
de TEgyple ; parce que je t'ai vu en vie, je ferai de ce jour 
une grande fêle (avec) des festins a. » 



CHAPITRl^XXI 

Ahikar part de l'Egypte et revient prés de Sarhédom, roi de 
Ninive et d'Assur. 

1. b Lorsque le roi Pharaon eut été vaincu en tout, que 
^ C : « le Dieu. » 



a 22-31 manquent dans le grec, qui met ici l'incident delà lettre 
(supra, XXIX, 4 - XXX, 5). 

1» XXXI, 1-2. Après xxix, 4 - xxx, 5, que le grec place ici, 
on trouve : « Et le roi Neclanébo dit ensuite : Bienheureux 



30. Un pilon, lilt. : « un mortier. » 

Un fil : kédra signifie chaudière (x'^Tpa) et, au sens secondaire, 
lorum. 

Cette réponse a passe dans le Talmud ; cf. Meissner, p. 195. 



232 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXXI, 1 - XXXII, 1 

j'eus résisté h ses inventions, que j'eus résolu et rendu vai- 
nes toutes ses machinations et ses énigmes, 

2. il me donna le tribut de l'Egypte de trois ans, je re- 
çus aussi les neuf cents talents qui figuraient dans ma let- 
tre comme s'il les avait empruntés à mon maître et dont 
tous dirent : « Nous (en) avons entendu (parler) a. » 

3. Je fus comblé de présents par le roi et d'honneurs par 
ses grands *l>, etaussitôt le roi Sarhédom^se hâta de venir 
au-devant de moi. 



CHAPITRE XXXII c 

Ahikar revient d'Egypte et va près du roi, qui le reçoit 
avec honneur. 

1. Et le roi commença à me dire de sages paro- 



1 C ne mentionne ici que le tribut de trois ans et ne parle ni 
des neuf cents talents ni des présents. 

2 Les autres rédactions et versions portent « Sennachérib. » 



est Lycéros, qui possède une telle sagesse dans son roy- 
aume. — Il donna donc à Esope les tributs promis et le renvoya 
en paix. » 

^ ^ et Ag ne mentionnent pas les neuf cents talents. Tous 
deux portent, par contre, qu'Ahikar demanda au roi d'Egypte de 
renvoyer en Assyrie les fugitifs qui avaient passé en Egypte. 
L'arabe seul avait mentionné plus liaut (xxiii) ces fugitifs. 

'* G : (( Esope, revenu à Bahylone, raconta à Lycéros tout ce 
qu'il avait fait en Egypte et hii remit les tributs. » 

« XXXI -XXXII. Dans /'", Hicar conserve le nom d'Abicara, c'est 
sous ce nom qu'il annonce son retour. Nadan se demande quel 



XXXII, 1-4 AHIKAR REVIENT d'ÉGYPTE 233 

les : « Demande et requiers tout ce que tu voudras ». » 

2. Et je dis : « O mon seigneur roi, vis à jamais ! » Et 
le roi commença à venir au-devant de moi et se réjouit 
d'une grande joie. 

3. Il m'honora et me fit asseoir h son côté sur son siège 
et sur sa tour et il me dit : «Demande-moi, ô Ahikar, tout 
ce que tu désires. Si tu le demandes, je te donnerai tout 
mon royaume. » 

4. Ahikar lui dit : « O mon seigneur roi, vis à jamais et 
dans toutes les générations ^ ! Tout ce que je demande à ta 
Majesté — si tu es bien disposé en ma faveur — est de 
donner une bonne charge à Nabousemak, spiculator 2^ car 
c'est grâce à lui queje suis encore en vie. Maintenant mon 
espoir en Dieu me soutient; s'il ne m'avait pas aidé, je 
serais mort. » 



* 5 a en plus : « Cependant fais-moi un présent dans ta bonté 
si tu le veux, autant que cela t'est utile. » 
2 Ce mot est transcrit dans le syriaque B. 



est cet inconnu, ce magicien, et songe déjà à le faire périr, de 
crainte qu'il ne le supplante auprès de Sinkarib. Celui-ci va 
trouver Zéfagnie et demande à voir les deux rochs et les enfants, 
mais elle lui dit que Hicar les a rendus à la liberté pour prix de 
leurs services ; elle lui demande aussi de livrer Nadan à Hicar. 
Il n'est toujours pas question de Nabousemak. Nadan est 
enchaîné dans le cachot où Ahikar a dû se cacher. 

' XXXII, 1. G : a Lycéros ordonna d'élever une statue d'or à 
Esope. » — Ici se termine le texte grec parallèle à l'histoire d'A- 
hikar, inséré dans l'histoire d'Esope. 



2. Au-devant de moi, répétition de xxxi, 3. 

4. J ta majesté, litt. : c à l'iionneur de ta gjrandeur. »» 



234 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXXII, 5-10 

5. Alors le roi me montra son afiection par de nombreu- 
ses jjràces et surtout ({xaXiijTa) par des présents et des dons 
que je reçus de lui. 

6. Le roi commença à me combler de nombreux dons et 
à faite de nombreux présents à (Nabousemak). 

7. Le roi se mit à m'interroger ^ sur tout ce qui m'était 
arrivé devant Pharaon et sur les énigmes ; je les lui ra- 
contai du commencement à la fin, chacune en particulier, 
et, en l'entendant, il fut dans l'admiration, 

8. Je sortis alors les biens, l'argent, l'or, les dons et les 
présents; que m'avait donnés le i oi d'Egypte pour les lui ap- 
porter d'Egypte, et il en conçut une joie inimaginable. 

9. Il me dit: « Combien veux-tu que je le donne?» — Je 
lui dis : « Je ne demande rien que de te (voir) heureux et 
tranquille. Que ferais-je de ces richesses et du reste! Cepen- 
dant je demande à ta Béatitude de me donner pouvoir de 
faire tout ce que je voudrai à Nadan pour me venger de lui 

V et de ne pas me réclamer son sang ^. » 

10. Le roi me permit aussitôt de lui faire tout ce que je 



1 5 : (( à me consoler. » 

2 Les versets 1-9 sont beaucoup plus abrégés dans C : « Je 
retournai aussitôt près de mon seigneur, le roi Sennachérib, et 
y arrivai. Il sortit lui-même au-devant de moi, il m'accueillit, fît 
un grand jour (de fête), me fit asseoir au-dessus de ses serviteurs, 
prit la parole et me dit : Demande, Ahikar, tout ce que tu veux. — 
Je me prosternai devant le roi et je lui dis : Mon seigneur le 
roi, tout ce que tu veux me donner, donne-le au bourreau Nabou- 
semak, mon ami, car il m'a donné la vie. Pour moi, mon sei- 
gneur le roi, fais-moi donner mon fds Nadan, afin que je lui 

' enseigne une autre doctrine puisqu'il a oublié la première. » 



10 Sur Nabouel (ms. T), cf. Payne Smith, Thésaurus syriacus^ sous 
ce iiora propre. Le slave porte Négubil et rarménien Béliar. Dans le 
Livre des Jubilés, i, 20; les Testaments des douze patriarches (Ruben, 



XXXII^ 10 AHIKAR REVIENT d'ÉGYPTE 235 

voudrais. Je pris Nadan et allai à ma maison, je l'attachai 
avec des liens et des chaînes de fer, je lui mis des liens de 
fer iiux mains et aux pieds et je mis du fer sur ses épaules, 
puis je commençai à le flageller de vtrges et (à le frapper) 
de coups violents, ^, etje lui rappelai l'enseignement que je 
lui avais donné avec la sagesse, la science et la philoso- 
phie ^. 



1 C : « Le roi me dit : Va, Ahikar, et fais à ton fils Nadan tout 
ce que tu veux. Personne ne sauvera son corps de tes mains. — 
Alors je pris Nadan, mon fils, je le conduisis à ma maison, je le 
liai d'une chaîne de fer du poids de vingt talents que je fixai à 
des anneaux, je lui mis des colliers au cou et je le frappai de 
mille coups sur les épaules et de mille et un sur les reins ; je le 
mis dans le vestibule (eîç tv)v Tipoo-TaSa ), à la porte de mon palais ; 
je lui donnai du pain et de l'eau avec mesure et je le livrai à mon 
serviteur Nabouel pour qu'il le gardât. Je dis à mon serviteur : 
Écris sur une tablette tout ce que je dirai à Nadan, mon fils, à 
mon entrée et à ma sortie ; je pris la parole et je dis à Nadan, 
mon fils. )) 



a NS : « de mille coups entre les épaules, de mille sur le 
dos, de mille sur les pieds et de mille sur le cœur. » NS con- 
tinue comme C, hors le nom de Nabouel qu'il n'a pas. 



2, 4, 6 ; Dan, 5 ; Lévi, 19), V Ascension d'fsaïe i, 8, 9 ; ii, 1 ; m, 11, 
etc., Beliar est un esprit mauvais. Dans les Livres sibyllins, u, 167, 
il est l'antéchrist. L'auteur de la version armcuienue aurait-il vu 
dans Nabouel un démon chargé de tommenter Narlau ? — Je le mis 
dans le vestibule de la porte de mon palais. Ce trait, propre à C> 
est très assyrien. Les rois de Ninive enchaînaient volonliers les 
prisonniers de marque à la porte de la ville. C'est ainsi qu'Assur- 
banipal expose le roi arabe Uaite à la porte de Ninive, Annales, 
col. VIII, lignes 1-14. 



236 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahikar XXXIII, 96-97 

CHAPITRE XXXIII a 
Suite de la sagesse d'Ahikar. 

96 ^. [Mon fils, celui qui n'entend pas avec les oreilles, on 
Je fait entendre par derrière son dos -. 

Nadan, mon fils, prit la parole et me dit : « Pourquoi 
t'irrites-tu contre ton fils ? » 

97. Je lui répondis : Moi, mon fils, je t'ai fait asseoir 



^ Les différences deviennent très nombreuses entre B et C, 
Nous ajoutons entre crochets les passages de C qui manquent 
dans B. Nous continuons la numérotation des sentences parce 
qu'elles forment une espèce de tout dans l'ouvrage ; cf. supra, 
chap. m. 

^ A et NS : « Mon flls, il est dit dans les Proverbes : Celui 
qui n'entend pas avec les oreilles... » — Manque dans SI. — 
Se trouve en arm. comme dans le syriaque, c'est-à-dire sans les 
mots : (( il est dit dans les Proverbes. » 



« xxxiii. F ne contient que trois maximes : « Le tigre souillé 
de meurtre et de carnage passa près d'une fontaine ; il se vit et se 
fit horreur. 

« Le Gange, dans un de ses débordements, déposa ses eaux 
dans un creux entre deux montagnes. Elles se corrompirent, et 
répandirent Tinfection autour d'elles : les habitants des coteaux 
voisins les maudissaient. Comment, disaient-elles, ose-t-on mau- 



96- Par derrière son dos, c'est-à-dire : « en le frappant sur les 

épaules et les reins, » comme il est dit plus haut. 

97. Un trône glorieux, litt. : « sur un siège d'honneur. » 

Ma justice traduit sans doute l'hébreu sedaqah, «justice» ou 

( aumône. » Cf. Tobie, xiv, 10 (grec) et Introd., supra, p. 59. 



XXXIII, 97-98 SUITE DE LA SAGESSE d'ahIKAU 237 

sur un trône glorieux, et toi tu m'as précipité de mon 
trône. Ma justice m'a sauvé a. 

98. Tu as été pour ;noi, mon fils, comme un scorpion qui 
frappe une roche. Celle-ci lui dit : « Tu as frappé sur un 



dire les eaux du fleuve salutaire sans lesquelles l'homme, dessé- 
ché, périrait bientôt ! — Eaux pestilentielles, leur répondit un 
génie, le Gange cesse de reconnaître ses eaux dès qu'il n'en sort 
plus que des exhalaisons mortelles ! 

« Un loup fut pris par des agneaux que gardait un prêtre d'Osi- 
ris : Epargnez-moi, dit-il au gardien du troupeau, voyez ma 
gueule, mes pattes, il est clair que je suis innocent. Le crime est 
dans ton cœur, répond le gardien. Mais quand vous le suppo- 
seriez, reprit le loup, vous êtes voué à un état de paix ; vous ne 
prenez le couteau que pour les sacrifices, et je suis trop vil pour 
vous être offert ; mon sang souillerait votre robe et vos mains. 
— Il n'y a que le sang du juste qui souille, dit le prêtre en lui 
enfonçant le couteau dans la gorge, meurs, malheureux! Jeté 
sacrifie à la tranquillité des troupeaux qui sont sur la terre. » 

^ Le syriaque énumérera encore plus loin (131-133) ce 
qu'Ahikar a fait pour Nadan. — L'arménien réunit tout cela au 
commencement (2 à 5). — Le slave est conforme au syriaque ; il 
omet cependant : « Ma justice m'a sauvé. » — L'arabe développe 
beaucoup cette pensée. Voici Ag : « Mon fils, c'est moi qui ai 
recueilli ton enfance, je t'ai élevé, je t'ai chéri, je t'ai comblé de 
gloire et d'honneur ; je t'ai cédé mon rang et confié mes riches- 
ses ; je t'ai initié de bonne heure à l'étude des sciences, parce 
que je voulais que tu devinsses l'héritier de ma sagesse, comme 
tu devais l'être un jour de ma fortune ; j'ai fait pour toi plus que 
n'aurait fait un père. Gomment as-tu récompensé mes bienfaits ? 
Tu m'as calomnié, tu m'as abreuvé d'outrages, tu as conspiré ma 
mort ! ma perte même était inévitable, si Dieu, qui lit au fond 
des cœurs, qui console les opprimés et humilie les orgueilleux, 

98. Cf. « Le serpent etlaliuie s>, La Foutaiac, 1, V, xvi ; Loqman, 
xxvm; Esope, xlix ; Phèdre, 1. IV, vm. R S. renvoie à Esope, 86- 
146. 



238 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAII XXXIII, 98-99 

cœur insensible. » 11 frnppe une aiguille et elle lui dit : « Tu 
as frappé un aiguillon plus redoutable que le tien ». » 

99. 1^ Tu m'as été comme la chèvre cjui se dressait contre 
le sumac des corroyeurs et le mangeait. Celui-ci lui dit : 
« Pourquoi me manges-tu, puisqu'on travaillera ta peau 
avec ma racine? » — La chèvre lui dit: «Je te mange durant 
ma vie et, à ma mort, on t'arrachera jusqu'à la racine '. » 



^ Cette réponse n'est pas satisfaisante. Le ms. C est sans 
doute corrompu ici. La version arménienne qui, se rapproche le 
plus ici du syriaque, porte : « Si je te mange durant ma vie, 
après ma mort on arrachera ta racine pour préparer ma peau. » 



n'eût reconnu mon innocence et ne m'eût sauvé de tes embû- 
ches. » 

« 98 Manque dans SI, Ag et NS. M. Lidxbarski le traduit 
sur l'édition Salhani et le place après 106. — A porte la mauvaise 
leçon suivante : « Mon fds, tu m'as été comme un scorpion le- 
quel, s'il frappe de l'airain, le perce. » — L'arménien porte : 
« INIon fds, tu m'as été comme un scorpion qui a frappé une ai- 
guille. L'aiguille dit : C'est un aiguillon qui estpire quele tien. — 
De plus, tu as osé frapper la plante du pied d'un chameau et il a 
appuyé lourdement son pied sur le scorpion, il la écrasé et a 
dit : Esclave, ne savais-tu pas que ta vie et ton âme étaient 
sous mes pieds ! » 

b 90 Manque dans NS et Ag. — A Qi H donnent un sens plus 
satisfaisant que le syriaque. A : « Mon fils, tu as été comme la 
gazelle qui mangeait les feuilles de la garance ; celle-ci lui dit : 
Mange-moi aujourd'hui et rassasie-loi, et demain on tannera ta 
peau avec mes racines. » — SI : « Tu m'as été comme la 
chèvre qui mangeait le sumac et celui-ci lui dit : Pourquoi me 



99. Le sumac des corroyeurs, plante utilisée pour tanner les 
peaux, surtout les peaux de chèvre. 

1^. S. voit ici l'original de Esope, 404 ; Babrius, 181; Iguac. diac. 
(éd. C. Fr. Mùller), i, 7. 



XXXIII, 100-102 SUITIi DK LA SAGESSE d'aHIKAR 239 

100. Tu m'as été, mon fils a, comme celui qui jette une 
pierre ^ vers le ciel ; elle n'atteint pas le ciel, et celui qui l'a 
lancée a péché devant Dieu ^ . 

101. ^ Tu m'as été, mon fils, comme celui qui a vu son. 
prochain trembler de froid et qui a pris un vase d'eau et 
l'a j» té sur lui. 

102. c Plût à Dieu, mon fils, qu'après m'avoir misa mort 
tu eusses pu prendre ma place, mais sache cependant, mon 
fils, que si la queue du porc s'allongeait de scjit coudées, il 
ne pourrait pas (cependant) tenir la place du chev;d et si 
son pt'il devenait doux et laineux, jamais il ne servirait de 
vêtement à un homme noble. 



^ Arm : « comme celui qui lance sa flèche. » 
2 Arm : « mais il reçoit la punition de son impiété et la 
flèche retombe sur sa tête. » 



manges-tu, ô chèvre ! avec quoi pourra-t-on tanner ta peau ? — 
Et la chèvre répondit : Je mangerai les feuilles et avec la racine 
on tannera ma peau. » 

a (( Comme celui qui jette une pierre vers le ciel. » A porte 
en plus: «pour lapider son maître avec elle.» — Ag : «Un 
homme voulut un jour lancer une pierre contre le ciel, elle re- 
tomba sur lui et l'écrasa. » 

*> SI, Arm, NiS sont à peu près identiques au syriaque. — 
A paraphrase un peu : « INIon fils, tu m'as été comme un homme 
qui savait que son camarade avait froid par le temps glacé de 
l'hiver, il prit de l'eau froide et il la jeta sur lui. » 

f^ 102-103. .1 : « O mon fils, si tu m'avais honoré et respecté, et 

100. Cf. iM-cli., XXVII, 28, 

102. D'un homme noble, lilt. : «jamais il ne monterait siirle corps 
d'un homme libre. » — Rende! Harris fait remarquer (p. 80) que l'on 
attendraitplutôt : « Jamais un homme libre ne monterait sur son dos, » 
mais l'arménien perle : « Si sa toison devenait comme la pourpre, 
elle ne pourrait être utilisée pour le corps d'un roi, » — et conduit au 
sens que nous avons adopté. 



240 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXXIII, 103-105 

103. Mon fils, j'ai dit que tu prendrais ma place et que 
tu posséderais par héritaj^e ma maison et mes richesses, 
mais cela n"a pas plu à Dieu et il n'a pas entendu ta 
voix ^. ] 

104. Je lui dis : Tu n'as pas écouté mes paroles, tu n'as 
pas reçu mon enseignement, tu n';is ni écouté ni connu 
Dieu, aussi lui-même n'a pas entendu ta voix 2, 

105. Mon fils, réponds-moi ; tu es tombé sur moi comme 
un lion ;ifFanié (qui rencontra) un âne errant le matin ^. Le 



1 Les sentences 96-103 sont tirées de Cet manquent dans B. 

2 Coraet 104. 

3 C : « Tu m'as été, mon fils, comme un lion qui rencontre 
un âne le matin et lui dit : Viens en paix, mar kouris (xûpioç, 
c'est une répétition). — Celui-ci lui répondit: Queîapaix que tu me 
donnes retombe sur celui qui m'a attaché le soir et n'a pas serré 
ma longe pour que je ne te voie pas. » La leçon [mar kouris) ou 



si tu avais écouté mes paroles, tu aurais été mon héritier et tu 
aurais gouverné toutes mes possessions. O mon fils, sais-tu 
que si la queue du chien ou du porc avait dix coudées de long, 
elle n'approcherait pas encore du prix de celle du cheval, quand 
même elle serait comme de la soie ? — O mon fils, je pensais 
que tu serais mon héritier à ma mort, et tu as poussé ton envie 
et ton audace jusqu'à vouloir me tuer. Mais le Seigneur m'a dé- 
livré de tes ruses. )) — Arm : « Mon fils, tu t'es imaginé et tu as 
dit : Je prendrai sa place. Mais si la queue du porc avait près de 
cinq aunes de long, elle ne pourrait pas encore remplacer celle 
du cheval, et même si son poil était comme la pourpre, il ne 
pourrait pas encore être utilisé pour habiller le roi, — Mon fils, 
j'avais pensé que tu habiterais dans ma maison et que tu hérite- 
rais de mes biens. Mais, à cause de ta méchanceté. Dieu ne t'a pas 
fait prospérer. » Cette dernière partie manque dans la plupart 
desmss. arméniens. 



XXXIII, 105-106 SUITE DE LA SAGESSE d'ahIKAK 241 

lion a dit à l'âne : « Viens en paix, ô mon frère et mon 
ami. » L'âne répondit : « Cette paix ressemble à celle que 
(je souhaite à) l'homme qui ne m'a pas attaché le soir et 
qui n'a pas eu l'idée de m'entraver jusqu'à maintenant que 
je te vois. » 

106. Mon {ils, tu m'as été comme un piège caché sous le 
fuaiier. Un passereau vint, le piège le vit et lui dit : « 
mon frère, que fais-lu icib?» — Le passereau répondit : « Je 
te regarde. » — Le piège dit: « Prie Dieu; gloire à lui ^ ! » — 
Le passereau lui dit encore : « Quel est ce bois qui est 
attaché chez toi ? » — Le piège répondit au passereau : «C'est 
mon bâton et mon soutien, je m'appuie sur Iniau momentde 
ma prière. » — Le passere;iu dit : «Qu'est-ce que ce blé qui 
est dans la bouche ?» — Le piège répondit : « C'est de la 
nourriture et du pain qui rend la force à ceux qui ont faim. 
Je l'ai placé dans ma bouche pour qu'il serve de nourri- 
ture aux affamés qui se réfugient près de moi-.» — Le passe- 



« seigneur kouris y> est propre à C et ne se trouve ni dans 
le slave, ni dans larménien, ni dans B. M. Velter recourt au 
Tahnud pour l'expliquer, il est plus probable que c'est un néo- 
logisme emprunté au grec. — Cf. Introd., page 114-115, et l'his- 
toire de « la chèvre qui circule », p. 21, note 1, et p. 169, n. 46. 

^ Cette formule « gloire à lui » s'ajoute toujours chez les 
musulmans après le nom de Dieu, Elle ne se trouve que dans B 
et elle est sans doute une addition. 

2 Cf. le conte du chaperon rouge. 



•' « Un lion. » Le slave et l'arménien portent : « un loup. » 

•» Les autres versions ne contiennent pas la première qucs- 



105. Cf. « L'oit^eau et le chat, » Esope, n. clvii ; Babriiis, n. f;vii. 
R. S. renvoie à Ésope, n. 323, 326, 258, 260. — Cf. « Le chat et les 
souris, » Ésope, n. lxvii ; Phèdre, 1. IV, n ; La Fontaiue, 1. III, xvui. 

IG 



242 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXXIII, 106-108 

reau dit : « Je suis maintenant très affamé, je vais donc le 
manger. » — Le piège lui répondit et dit : « Approche, ô 
mon frère, et ne crains pas.» — Quand le passereau s'ap- 
prêta à le prendre, il le saisit aussitôt par la tête et le pas- 
sereau dit au piège : « Si c'est là ton jeûne et ta prière au 
sujet de ce pain, Dieu ne recevra pas ton jeûne et ta prière 
et ne te donnera aucun bien ^. » 

107. ^ [Mon fils, tu m'as été comme un taureau attaché 
avec un lion ; le lion se tourna vers lui et le mit en piè- 
ces 2.] 

108. ^ Mon fils, tu m'as été comme le charançon qui 

1 (7 : « Mon fils, un piège était tendu sur un fumier ; un pas- 
sereau vint, le vit et lui dit : Que fais-tu ici ? — Le piège lui 
répondit : Je prie Dieu. — Le passereau lui dit : Qu'est-ce qui 
est dans ta bouche ? — Le piège répondit : Le pain des passants. 
— Le passereau s'approcha, il prit le pain, et (Je piège) le 
saisit par le cou. Le passereau dans sa douleur dit ; Si c'est là 
le pain des passants, Dieu que tu pries n'entendra pas ta voix. » 

2 Manque dans B. ; cf. 105. 



tion du piège. L'arabe seul porte la question au sujet du bâton 
et termine par : (( Si c'est là ton pain pour la faim, Dieu n'accep- 
tera pas tes aumônes et tes bonnes actions ; et si ce sont là ton 
jeûne et tes prières. Dieu n'acceptera de toi ni ton jeûne ni tes 
prières et Dieu ne t'accordera aucun bien. » — Le slave et l'ar- 
ménien sont presque identiques à C — L porte « lièvre » au 
lieu de passereau. » 

^ A : (f. Mon fils, tu m'as été comme un lion qui fit amitié 
avec un âne, et Fane put se promener un certain temps en pré- 
sence du lion, mais un jour le lion s'élança et le dévora. » 

^ Arm : « Le ver du pain mange le corps d'un roi, et ce- 



106. R. S,, p. 80 à 82, voit ici l'original de la f;iblc 340 d'Ésope 
et 215 de B;ibrius. 



XXXIII, 108-111 SUITE DE LA SAGESSE d'aHIKAR 243 

se trouve dans le blé. Il ne sert à rien et il perd le blé ^. 

109. ^ [Mon fils, tu m'as été comme un chaudron auquel 
ou a n)is des oreilles d'or sans débarrasser son fond de sa 
noirceur *.] 

110. Mon fils, tu m'as été comme l'homme qui avait semé 
dix mesures de blé dans un champ, puis, au temps de la 
moisson, il le coupa, le nettoya^, et il trouva dix mesures de 
blé. L'homme dit alors au champ : « Pourquoi ne m'as-tu 
rien donné de plus ? Je t'ai labouré, renouvelé, semé lors- 
que tu étais inculte et tu ne m'as rien produit de bon ^. » 

111. Mon fils, tu m'as été comme l'oiseau ^ qui est enfer- 

^ C : « Mon fils, tu m'as été comme le charançon du blé qui 
ravage les greniers des rois et qui est réputé pour rien. » 

* Se trouve plus bas dans B au n, 115. 

* C : « Mon fils, tu m'as été comme le paysan qui sème un 
champ avec vingt mesures de blé ; à la moisson, il lui produisit 
vingt mesures et il lui dit : J'ai recueilli ce que j'avais dépensé ; 
mais honte sur toi qui (auras) le mauvais renom de produire me- 
sure pour mesure, car comment pourrai-je vivre ? » , 

* B porte tabid qui se traduit par « chèvre » ou « gazelle » 
maiscesensne s'accorde pas avec la suite. Le ms. J5portait faè'o; 
on a gratté l'extrémité de l'aïn pour en faire un yod, d'où tabid. 
Le ras. C écrit drd deséfrô, que j\L Rendel Harris n'a pas 
traduit. L'arabe porte « perdrix ». Cf. Eccli.^ xi, 32 : « Comme 
la perdrix est conduite dans une cage. » 



pendant lui-même ne sert à rien et n'est utile à personne, mais il 
est vil. » 

3 Le slave, qui porte seul cette maxime, est identique au 
syriaque. 

b L'arabe ajoute que l'homme a arrose son champ. L'armé- 

110. Cf. Matth., XXV, 24-30. 

111. U. S., p. 79-80, rapproche cette comparaison des fables 
341 et 356 d'Ésope ; cette dernière n'en serait qu'une mauvaise imita- 
tion. 



244 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXXIII, 111-114 

rac dans un piège et ne peut pas échapper au chasseur ; il 
élève cependant sa voix douce et suave et il réunit près de 
lui les oiseaux ou de nombreuses perdrix pour qu'ils se 
fassent prendre. 

112. [Mon fils, tu m'as été comme le bouc qui fait entrer 
ses compagnons dans les boucheries et qui ne se sauve pas 
lui-même i.] 

113.*^ Mon fils, tu m'as été comme un chien saisi par le 
froid qui fut se chaufFer chez des potiers ^ et qui, lorsqu'il 
eut chaud, chercîia à aboyer et à les mordre. lisse mirent 
à le frapper. Il aboya, et eux, craignant d'être mordus, le 
tuèrent. 

114. ^ Mon fils, tu as été comme ce porc qui fut prendre 
un bain avec les grands. Arrivé aux bains il s'y lava ; mais en 
sortant, il vit de la boue et il alla s'y rouler ^. 

1 B omet ; cf. 116. 

2 ^' : « dans le four du potier.» — C : « chez des boulangers. » 
^ C : « Mon fils, tu m'as été comme un porc qui allait aux 

bains ; il vit une fosse boueuse et alla s'y laver, puis il appela 
ses compagnons : Venez, lavons-nous. » 



nien abrège beaucoup : « Mon fils, tu m'as été comme le semeur 
qui sème dix boisseaux, puis il en recueille cinq et le reste est 
perdu. D 

a Ao- : (( Tu t'es conduit à mon égard comme ce chien qui, 
étant entré dans une poterie pour s'y chauffer, se mit ensuite à 
aboyer après les gens de la maison, qui se virent contraints de le 
chasser de peur d'être mordus. » — A?'fn abrège et ne dit pas 
qu'on a chassé le chien. 

*' Arm : <L Mon fils, ils ont conduit le porc au bain, il s'est 



113. Cf. « Le villageois etle serpent, » Ésope, n.cxxx ; La Foutaiue, 
1. VI, XIII ; R. S. renvoie à la fable 173 d'Ésope. 

114. Cf. II Pierre, ii, 22. Une sentence analogue, (les porcs s'enor- 



XXXIII, 115-117 SUITE DE LA SAGESSE d'ahIKAR 245 

115. Mon fils, tu m'as été comme une noire chaudière 
à laquelle on a mis un cercle d'or ^. 

116. Mon fils, tu m'as été comme le bouc des brebis ^qui 
porte et incline la tête devant le boucher et celui-ci ne peut 
lui enlever la vie ^. 

[117. Mon fils, mon doigt est sur la bouche et ton doigt 
est sur mes yeux. Tu t'élèveras contre celui qui t'a élevé, 
parce que tes yeux regardent les pommes "*.] 



^ Se trouve plus haut, cf. n. 109. 

2 Taiso de 'erbê : « le mouton qui fait entrer les brebis à 
l'abattoir. » 

3 Peu compréhensible. Ne se trouve que dans B. C'est sans 
doute une déformation de 129''. Cf. 112. 

^B omet 117. 



plongé dedans, puis il s'est roulé dans une fondrière en disant : 
Vous vous lavez dans ce qui vous est propre, je veux en faire 
autant pour moi. » — Ag seul introduit un âne et fond peut-être 
ensemble 114 et 139 : « On voulut habituer un âne à la propreté 
et lui inspirer des goûts délicats, on l'installa dans un salon ma- 
gnifique, on le plaça sur un riche tapis. Qu'arriva-t-il ? Au pre- 
mier moment de liberté que lui laissa son maître, il descendit 
dans la rue, y trouva de la poussière et s'y vautra. — Laissez-le 
se vautrer, dit alors un passant, car cela est dans sa nalurc et 
vous ne sauriez le changer. » 



gueillissent dans la saleté) est attribuée à Démocrite par Clcraent 
d'Alexandrie et Plutarque. Cf. RendelHarris, p, Lxvr, et R. S., p. 75. 
117- La fin du verset contient peut-être une allusion àla transgression 
d'Adam causée par le fruit de l'arbre de la science du bien et du maL 
L'édition anglaise traduit de manière toute diU'érentc. — R. S. ren- 
voie à Babrius, 175. 



246 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXXIII, 418-123 

118.* Mon fils, si le chien qui tue un gibier n'y fait atten- 
tion, le loup le mange aussitôt ^. 

119. Mon fils, la main qui ne se fatigue pas, ne travaille 
pas et ne peine pas sera coupée à cause de sa paresse *>. 

120. Mon fils, on arrachera 2 l'œil qui ne voit pas la lu- 
mière. 

121. Mon fils, c'est moi qui t'ai montré le visage du roi, 
qui t'ai conduit à de grandes faveurs, qui t'ai instruit et 
élevé et qui t'ai donné tout bien, et toi que m'as-tu rendu 
et rétribué ? 

122. Mon fils, tu m'as été comme un arbre qu'on a or- 
donné de couper. 

123. Ah ! oja ! malheur ! si tu n'avais rien pris ni reçu 
de moi ^, tu n'aurais aucun pouvoir sur moi tout le temps 
de ta vie *. 



^ C : (( Mon fils, le chien qui mange du produit de sa chasse 
deviendra la part (la proie) des loups. » 

2 A, C, Arm : « le corbeau arrachera. » 

^ C : « Quel bien ra'as-tu fait, mon fils, pour que je me 
souvienne de toi et pour que mon âme se complaise en toi ? » La 
fin est rattachée dans B au n. 124. 

* C omet 122 et 123. En réalité 122 et 123 sont équivalents 
à 126. Le texte du ms. B doit donc être corrigé en conséquence. 



apporte : « O mon fils, le chien qui n'est pas nourri par 
son maître devient la proie des mouches. » — Arra est con- 
forme à C. 

^ NS : « Coupe-la du creux de l'aisselle. » 



118. R. S., p. 82-8;'., rapproche celte pensée de la fable 153 de Ba- 
brius. 

120. H. S., p. 105, rapproche 119 et 120 de Job, xxxi, 22, et ProT, 
XXX, 17. 

122. Cf. infra, 126. 



XXXIII, 124-127 SUITE DE LA SAGESSE d'aHIKAII 247 

124. Je me réjouirai et j'exulterai en toi, 6 mon fils, et 
mon âme se reposera lorsque les dieux voleront celui qui 
les implore, lorsque le lion volera pour s'enrichir, lorsqu'un 
homme volera de la terre pour en manger *. 

125. Je t'ai présenté, ô mon fils, au roi et aux grands et 
je l'ai amené à un grand honneur, et toi tu as fait du mal à 
ceux qui agissent bien. Que feras-tu donc à ceux qui agis- 
sent mal 2 ? 

126. ^ [Mon fils, tu m'as été comme un arbre qui dit à ceux 
qui le coupent : Si vous n'aviez pas (une partie) de moi ^ 
dans vos mains, vous ne seriez pas tombés sur moi *•>. ] 

127 [Mon fils, tu m'as été comme les petits de l'hiron- 

^ C : « Mon fils, si les dieux volent, au nom de qui les adju- 
rera-t-on ? Et le lion qui vole de la terre, comment pourra-t-il y 
demeurer et la manger ?» — Le texte de B, qui énumère des 
impossibilités, semble préférable. 

2 C : ((... et toi tu as voulu m'affliger. » 

^ Le manche de la cognée. 

* B omet. Cf. supra, 122, 123. 



a Salhani : « Mon fils, tu te comportes comme l'arbre que 
les gens coupent avec ses rameaux. Alors il leur dit : Si vous 
n'aviez pas en main cela ( les branches = manche de cognée), 
qui vient de moi, vous ne pourriez pas me faire tomber, » 

b 12.5-126. Ag : « Je t'avais élevé à la première dignité de l'em- 
pire et tu ne t'es pas contenté d'être ingrat: tu as voulu em- 
ployer contre ton bienfaiteur la puissance qu'il t'avait donnée I 
Des bûcherons se disposaient à couper un arbre ; l'arbre leur 

124. R. S. renvoie à Ésope, 91 et 70, Babrius, 2. 

126. R. S., p 77-78, lient que cette pensée a inspiré les fables 
122, 123 d'Ésope et 38, 143 de Babrius. 

127. Cf. c [.e chat et lesoiseaux, > Esope, xiv. R. S., p. 88, renvoie 
à Ésope, 16; Babrius, 121. 



248 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXXIII, 127-129 

délie qui tombèrent de leur nid. Un chat» les attrapa et leur 
dit : « Si je n'étais pas là, il vous arriverait un grand mal. » 
— Ils prirent la parole et lui dirent : « C'est pour cela 
que tu nous as mis dans ta gueule "•. »] 

128. Tu m'as été comme un chat auquel on dit : « Cesse 
de voler, puis entre et sors ^ comme tu veux ^. » Le chat 
leur répond : « C'est là mon art, si j'avais des yeux d'ar- 
gent, des mains d'or et des pieds de béryl, je n'abandonne- 
rais pas mes vols. » 

129^. Tu m'as été, ô mon fils, comme un serpent monté 
sur un buisson et qui flottait sur le fleuve. Un loup ^je vit et 

^ B omet. 

2 C ajoute : « chez le roi. » 

^ Sic A, C, Arm, NS. — B porte seul : « un lion. » 



dit : Si je n'avais pas fourni moi-même le manche de votre co- 
gnée, vous ne seriez pas assez forts pour m'abattre. » 
a Au lieu d'un chat, Tarménien porte : « une belette. » 
h (( Puis entre et sors comme tu veux. » IVS : « Et le roi te 
fera faire des rênes d'or et des chaînes d'argent et de perles, et 
il te donnera à manger et à boire jusqu'à ce que tu sois rassasié. » 
— (( C'est là mon art, » etc. NS : « Je n'abandonnerai jamais 
l'art que mon père et ma mère m'ont enseigné. » — Ag porte : 
« Tu m'as prouvé que léducation ne peut rien contre un mau- 
vais naturel. Je t'ai enseigné la vertu et tu as marché dans le 
crime. On disait un jour à un chat : Abstiens-toi de dérober et 
nous te ferons un collier d or, et chaque jour nous te donnerons 
à manger du sucre et des amandes. — Dérober, répondit le chat, 
fut le métier de mon père, comment voulez-vous que j'y re- 
nonce ? )) — SI et Arm ressemblent au syriaque. 



128. R. S. rapproche celle comparaison de la fable 88 d'Ésope 
(et l'«9) ; Babrius, 32 ; Ignat. diac, I, 39. 

129 a. R. S. voit ici l'original d'Ésope, 145, et de Babrius, 173. 



XXXIII, 129-131 SUITE DE LA SAGKSSE d'ahIKAR 249 

dit : « Le mauvais est monté sur le mauvais et un plus 
mauvais qu'eux deux les emporte. » Le serpent répondit a à 
ce loup : « Et toi, est-ce que tu reconduis les chèvres à 
leur maître ^ ? » 

[129. Mon fils, j'ai vu une chèvre qu'on a conduite à 
l'abattoir, et, comme son temps n'était pas arrivé, elle 
retourna chez elle, et elle vit ses petits et les rejetons de 
ses petits.] 

130. Tu m'as été, mon fils, comme les enfants qui tuent 
leur mère ^ b. 

131. Mon fils, je t'ai fait goûter tout ce qui est bon, et toi 
tu ne m'as pas rassasié de pain poussiéreux; je t'ai oint de 
parfums agréables, et toi tu as souillé mon corps de pous- 
sière; je t'ai abreuvé de vin vieux, et toi tu ne m'as 
même pas abreuvé avec de l'eau en suffisance -^c. 



^ C : «... si tu venais ici, tiendrais-tu compte des chèvres et 
de leurs petits ?» — D'après un ms. arabe, le loup répond : 
« Non, » et le serpent lui dit : « Tu es donc plus mauvais que 
nous. » Cf. infra. 

2 C : « Mon lîls, j'ai vu des petits tuer leur mère. » 

^ La fin manque dans C. 



a (kLb serpent répondit,» etc. manque dans Salhani et Arm. — 
J ajoute, d'après un manuscrit deLondres: « Le serpent répondit 
au loup : Les brebis, les chèvres et les moutons que tu as man- 
gés durant toute ta vie, vas-tu les retourner à leurs parents, oui 
ou non ? — Le loup dit : Non. — Le (serpent) lui dit : Je pense 
qu'après moi-même tu es le plus méchant de nous (tous). » 

b Le slave est conforme à C. 

c NS : « Mon fils, je t'ai donné des nourritures coûteuses 
et bonnes, et tu ne m'as pas seulement rassasié avec le pain de la 
faim, mais tu m'as fait mettre sous terre dans une fosse et tu as 
machiné une perfidie pour me perdre, » — J : « MonTds, je t'ai 
nourri avec une bonne nourriture et tu ne m'as même pas nour- 



250 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR XXXIII, 132-134 



132. [Mon fils, j'ai grandi ta stature comme un cèdre ; 
tu m'as plié durant ma vie et tu m'as abreuvé de ta malice. 

433. Mon fils, je t'ai élevé comme une tour et je disais : 
« Si mon ennemi vient contre moi, j'y monterai et j'y de- 
meurerai ; » — et toi, lorsque tu as vu mon ennemi, tu t'es 
incliné devant lui ''a,] 

134^ . Tu m'as été, ô mon fils, comme la taupe qui monte 
à la surface de la terre pour accuser Dieu qui lui a refusé 
la vue, et un aigle vient et l'emporte -b. 

1 B omet 132 et 133. 

^ C : «... pour recevoir le soleil parce qu'elle n'a pas 
d'yeux. » 



ri avec du pain sec. — Mon fils, je t'ai donné à boire de l'eau 
sucrée et du bon sirop et tu ne m'as même pas donné de l'eau de 
source. — Mon fils, je t'ai instruit et je t'ai élevé et tu m'as fait 
creuser une cachette et tu m'as enterré. » 

a 132-133. NS : «Mon fils, je t'ai élevé et j'ai grandi ta stature 
comme (celle d') un cèdre, mais toi, tu m'as enchaîné, tu m'as 
courbé et tu m'as jeté vivant dans un tombeau. Je croyais m'être 
bâii (en toi) un ch'teau solide et élevé qui me protégerait contre 
nos ennemis. » — A renferme aussi ces idées et ajoute à la fin : 
« Et tu es venu près de moi pour m'ensevelir dans les profon- 
deurs de la terre, mais le Seigneur a eu pitié de moi et m'a déli- 
vré de tes ruses. » 

b « Dans Arm la taupe conclut qu'elle mènerait une vie 
paisible, si elle étaitrestée à sa place. — Cette pensée manque 
dans A et NS, qui portent à sa place : (( Mon fils, je t'ai fait tout 

134 ». A la surface, litt. : « sur la bouche. » 

Qui lui a refusé la vue, lilt. : « à cause de ses j/eux. » 

Cf. Ésope, cxix (Les coqs et l'aigle); La Fontaine, I. VII, viii ; 

Babrius, V. — R. S. renvoie à Esope, 409 ; Babrius, 115 : Phèdre, II, 

6 ; Igaat. diac, u, 40. 



XXXIII. 134-135 SUITE DE LA SAGESSE d'ahikar 251 

134 ^. Nadan, mon fils, répondit et me dit : « Loin de toi 
mon seigneur, d'être de ceux qui n'ont pas de miséricorde. 
Agis avec moi selon tes miséricordes. Même si un homme 
pèche contre Dien, il hii remet ses péchés, toi aussi par- 
donne-n<oi maintenant et je soignerai tes bêtes de somme 
ou je paîtrai tes brebis et tes porcs, et on m'appellera un 
homme mauvais et toi un homme bon a. » 

135. Je lui répondis et lui dis : Mon fils, tu m'as été 
comme un palmier qui se trouvait le long du chemin et on 
n'y cueilhiit pas de fruit ^. Son maître vint et voulut l'arra- 
cher ; ce palmier lui dit : « Laisse-moi une année et je te 
donnerni du carthame ^. » — Son maître lui dit : « Malheu- 



^ C : « comme un palmier qui était près du fleuve et jetait 
tout son fruit dans le fleuve. » — : ^ « comme un palmier qui 
ne portait pas de fruit près de l'eau... il lui dit : Mets-moi à une 
autre place et, si je ne porte pas de fruits, coupe-moi. — Son 
maître lui dit : Lorsque tu es près de l'eau, tu ne portes pas de 
fruits, comment en porterais-tu à une autre place?» Ci. supra, 
p. 122. 

2 C : « des caroubes. » 



le bien (possible), et lu t'es acquitté envers moi avec tout le mal 
possible. Aussi je veux t'arracher les yeux, t'amputer la langue 
et te couper la tête avec l'épée, te rendre tout le mal et te payer 
toutes les méchancetés. » 

a IS^''. Ag : (( Pardonnez-moi. disait quelquefois Nadan à son 
oncle, pardonnez-moi, et je vous promets pour l'avenir une con- 
duite irréprochable. Mes torts sont grands, mais rien n'est au- 
dessus de votre générosité ; je suis criminel, mais vous êtes 
magnanime. Si c'est à moi de faillir, c'est à des hommes tels 
que vous qu'il appartient de pardonner. Soyez clément, oubliez 

134''. Cf. Luc, XV, 15, 19. 

135. Cf. IjUC, xin, 6-9, parabole du figuier qui ne portait pas de 
fruits. 



252 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR XXXIII, 137-137 

reux, tu n'as pas réussi (à produire) ton fruit, comment 
réussirais-tu à (en produire) un autre a 1 >, 

136. Mon fils, la vieillesse de l'aigle l'emporte sur la jeu- 
nesse du vautour ^ b. 

137. c Mon fils, s'ils disent au loup : « Éloigne-toi des bre- 
bis ; » — il répond : «La poussière (que soulève le troupeau) 
est très bonne pour mes yeux. » — Ils lui disent: « Ap- 
prends à lire A, B ; » — il répond : « Brebis, chevreau 2. » 



1 C omet. 

2 Ces deux mots commencent par J et G en syriaque. L'au- 
teur n'aura sans doute pas trouvé de mot convenable coramen- 



mon crime, et je consens à rentrer dans votre maison comme 
le dernier de vos esclaves. Ma vie entière sera consacrée à vous 
servir et à réparer mon ingratitude. Confiez-moi les emplois les 
plus vils : je me soumets d'avance à toutes les humiliations. » 

a 135. Arm commence comme C, mais la fin diffère (la fin de 
C est identique à celle de B) : « Mon fils, tu m'as été comme un 
palmier qui awill poussé ses rames sur le bord d'une rivière. 
Lorsque son fruit mûrissait, il tombait dans la rivière. Le maître 
du palmier vint pour l'abattre et le palmier lui dit : Laisse-moi à 
cette place (un ms. porte comme le syriaque : pour une année), 
et l'année prochaine je pourrai produire des fruits. — Le maître du 
palmier dit : Jusqu'à ce jour tu n'as servi à rien, à l'avenir tu ne 
peux pas me donner de profit. » — Le slave ne renferme que la 
première partie jusqu'à : « l'eau emmenait tout son fruit. » — 
Ag est conforme à A^ qui semble avoir conservé la meilleure 
leçon. C contient une mauvaise combinaison du commence- 
ment de A avec la fin de B. 
'>«Du vautour, )) A et Salhani : « du corbeau. » 
<^ NS : « Mon fils, on a conduit le loup à l'école pour l'y 



136- R. S. (p. 74-75) rapproche de cet apliorisme celui de Démo- 
crite : YTipai; )>eôvT(i)v xpetffaov àxuai'wv v£6pà)v. Cf. P. G., t. xci, col. 920. 



XXXIII, 138-139 SUITE DE LA SAGESSE d'ahIKAK 258 

138. [Mon fils, je t'ai appris que Dieu existe, et toi tu t'es 
élevé contre les bons serviteurs et tu les as frappés sans 
faute (de leur part) ; de même que Dieu m'a maintenu en 
vie à cause de ma justice, il te perdra à cause de tes 
œuvres ^.j 

139. a Mon fils, ils placèrent la tête de l'àne sur la table 2- 
elle roula et tomba à terre et ils dirent : « Elle est irritée 
contre elle même, car elle n'a pas accepté l'honneur ^. » 



çant par B. — R. S., p. 104, suppose que le second mot était 
Taraméen bar/16 peu usité en syriaque, et que la version syriaque 
provient donc d'un texte araraéen. 

1 B omet 138. 

2 C : « dans un plat sur la table. » 

^ B ajoute : « mais la colère. » Il faut sans doute entendre : « Us 
ont placé un âne en tête de la table et il s'est roulé à terre dans 
la poussière. Ils ont dit : Il a montré qu'il n'était pas fait pour 
cette place et pour l'honneur, mais pour les coups. » 



instruire. Le maître lui dit alors : Dis A ; alors le loup répondit 
et dit Agneau. Ensuite le maître lui dit : Dis B ; — alors le loup 
dit : Brebis. 11 dit ce qui était dans ses pensées. — Mon fds, on 
disait au loup : Kloigne-toi du voisinage et du chemin des brebis, 
afin que leur poussière ne tombe pas sur toi. Il répondit : Je ne 
m'éloigneraipas, car leur poussière est bonne pour mes yeux. »^ 
A intervertit ces deux parties aussi bien que SI ; ^ et Si 
suivent donc l'ordre de B, C. — Ag et Arm. séparent les deux 
parties par un certain nombre d'autres maximes. — Dans A le 
loup répond : « Mouton et chèvre dans mon ventre. » 

n 139. SI est conforme à C. — ^ porte : «On mit l'âne sur la table, » 



138. LcniotyMs^tce traduit sans doute l'hébreu .^edaqah qui signilie 
aussi aumône. Cf. Tobio, xiv, 10 (grec), et Introd., page 59. 

139. R. S. renvoie à la fable 129 de Babrius (Ésope, 331). Cf. 
Ésope, 338 ; Babrius, 125. 



254 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR XXXIII, 140142 

140. Tu as vérifié le proverbe qui dit : « Celui que tu as 
engendré, appelle-le ton fils, et celui que tu as élevé, appelle- 
le ton esclave». 

141. ^ Mon fils, plus que toute autre parole, tu as vérifié 
celle-ci : « Prends le fils de ta sœur sous ton bras et frappe- 
le sur la pierre. » 

142. ^ Celui qui m'a tenu en vie, mon fils. Dieu qui sait 



ce qui a sans Joute conduit Ag à la version transcrite ci-dessus 
au n. 114. — Salhani porte : « Mon fils, on plaça la tête de l'âne 
sur la table, alors elle tomba sous la table et commença à se l'ou- 
1er sur la terre. Puis on dit : Laisse-la se rouler, car sa nature 
ne changera pas. » 

a SI abrège : ce Mon fils, il a été dit : Celui à qui tu as 
donné naissance, appelle-le tonfils, l'étranger est un esclave. » — A 
et NS sont à peu près conformes au syriaque. — Ag paraphrase : 
« Ne sais-tu pas que l'éducation est un bienfait plus grand que 
la vie ? Les sages ont dit : Donne le nom de fils à l'enfant qui te 
doit le jour ; mais l'enfant que tu as élevé, tu as le droit de l'ap- 
peler ton esclave, parce qu'il te doit plus que l'existence. » 

^ NS : « Mon fils, il n'y a rien de plus beau et de meilleur 
que cette équitable sentence : Prends le fils de ta sœur, tiens-le 
à terre et frappe-le d'une muraille à l'autre. » — Cette pensée 
ne se trouve pas dans les autres versions. A et Salhani la rem- 
placent par : ft Mon fils, celui qui fait le bien reçoit le bien et il 
arrive mal à celui qui fait le mal, car Dieu rend à l'homme selon 
ses œuvres. » 

<^ A et Salhani : « Mon fils, que te dirais-je sinon encore 



141. Ici Démocrite semble d'unaviscoutraire, p. 351-352, n. 184-188 : 
« ... il ne me paraît pas utile d'avoir des enfants... l'éducation dea 
enfants est chose pénible... celui qui a beaucoup d'argent me paraît 
mieux faire en adoptant les fils de ses amis, s Par contre, Ménandre 
dit que les fils des frères ne peuvent pas remplacer les frères. Laxid, 
t. I, p. 159, lig. 29-30. 



XXXIII, 142 SUITE DE LA SAGESSE d'ahIKAR 255 

tout et qui rend h chacun selon ses œuvres, celui-là suit et 
juge entre moi et toi. 

Moi je ne te dis rien ; Dieu te rendra selon tes œuvres *. 



1 Voici la fin dans le ms. C : « Mon fils, ce proverbe que l'on 
répète est véritable : Prends le fils de ta sœur sous ton bras 
et frappe-le sur la pierre ; — mais Dieu qui m'a tenu envie 
jugera entre nous. 

'( Aussitôt Nadan gonfla comme une outre et mourut; et ce ({u'il 
fit bien lui sera rendu en bien, mais ce qu'il fit mal lui sera rendu 
en mal, et celui qui creuse une fosse à son prochain la remplira de 
son corps. Gloire à Dieu et que ses miséricordes soient sur nous. 
Amen ! 

« Fin des paraboles d'Ahikar le sage et le scribe de Sennaché- 
rib, roi d'Assur et de Ninive. » 



ces paroles : Dieu sait ce qui est caché et connaît les secrets 
et les pièges, aussi il jugera entre toi et moi, il te jugera et te 
rendra ce que tu mérites. » — Voici lafin de la version arménienne, 
après l'histoire du palmier (135), elle continue : « (26) Mon fils, Dieu 
m'a sauvé à cause de mon innocence et t'a perdu à cause de ta 
méchanceté (cf. 138). Dieu jugera entre moi et toi (cf. 142), car 
la queue du chien lui donne du pain et sa gueule (lui attire) un 
coup de bâton (un ms. arménien place cette sentence plus haut 
et le syriaque la donne au chap. m, n. 48). — A la même heure, 
Nathan se gonfla et son corps creva et je dis : (27) Mon fils, 
celui qui fait le bien récolte le bien (voir A et Salh sous 141), 
et celui qui a creusé une fosse pour les autres tombe lui-môme 
dans la fosse. Le bien finit en bien et le mal en mal. Ici finit Ahi- 
kar. » — Le slave est encore plus court ; après 140 vient : « (20) 
A la même heure, Anadan mourut. Oui, mes frères, celui qui fait 
bien recevra bien et celui qui creuse une fosse pour un autre y 
tombera lui-même. Ici finit l'histoire d'Akyrios. Gloire à notre 
Dieu pour jamais. Amen. » 



256 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAU XXXIV, 1-2 

CHAPITRE XXXIV 
Mort de Nadan. 

6.* Lorsque le jeune Nadan eut entendu cette parole, son 
corps gonfla aussitôt et devint comme une outre pleine, et 
ses entrailles sortirent de ses lombes. 

2. b Sa préoccupation mauvaise l'enflamma, il brûla, des- 
sécha, s'afl'aibllt, se perdit cl mourut. Sa fin le conduisit à 
la perdition et il tomba dans la géhenne parmi les envieux 
et ies orgueilleux, comme il est dit dans le livre des Pro- 
verbes et (dans celui) des Psaumes du roi David : Le fils 
creusa et pécha et il tomba dans la fosse quil fit, et : Celui 
qui fait le malV entasse pour la perdition, ei : Celui qui tend 
un piège à son frère y tombera. 

^ NS : « Lorsque Nadan entendit ces paroles, il gonfla aus- 
sitôt et devint comme une outre, tous ses membres et ses os 
s'enflèrent, son côté se déchira et creva. Ainsi il finit et mou- 
rut. » 

b ISS : « Alors il arriva ce qui est dit dans le livre des Pro- 
verbes : Le mal atteint celui qui fait le mal ; celui qui creuse une 
fosse à son prochain y tombera lui-même^ et celui qui tend un 
piège à S07I proc/iain s y prend. » 

J : « Sa fin fut la perdition et il alla en enfer. Car celui qui 
creuse une fosse pour son frère y tombe et celui qui tend un 
piège y sera pris. Voilà ce qui est arrivé et ce que nous avons 



1. Ses entrailles sortirent de seslov^hes.C éiAii la peine de la fem- 
me infidèle à son mari. Cf. Nombres, v, 21-22, 27. Il est assez 
naturel que l'auteur l'ait appliquée à Nadan, traître à son bienfaiteur. 
Cf. aussi la mort de Judas, Malth., xxvii, 5 ; Actes, i, 18. 

2. // tcniha dans la fosse. Cf. Ps. vu, 16 ; Prov., xxvi, 27 ; 
Kccle., X, 8. 

Celui qui tend un piège. Cf. Eccli., xxvii, 29. 



XXXV, 1-2 ÉPILOGUE 257 

CHAPITRE XXXV 

( Épilogue ) 

1. Ici se termine l'histoire d'Ahikar, le sîiffc et le remar- 
quable philosophe qui connaissait les secrets et interpré- 
tait les énigmes. 

2. Il était d'abord idolâtre et compagnon des mages, 
mais, à la fin de sa vie, il crut en Dieu et confessa son nom, 
qu'il est le créateur du ciel et de la terre, de la mer et de 
l'aride et de tout ce qui est en eux, et qu'il donne l'intel- 
ligence et la sagesse à ceux qui l'aiment. 



trouvé sur l'histoire de Haikàr ; que Dieu soit loué pour tou- 
jours. Amen et paix ! — L'histoire est terminée avec l'aide de 
Dieu, qu'il soit glorifié ! Amen, Amen, Amen. » 

Voici la fin de F : c( Hicar sortit en plaignant un neveu qu'il 
n'avait pas même l'espoir d'amener au repentir. Il fut le revoir 
quelques jours après, mais il le trouva mort dans sa prison ; 
ainsi cet ingrat délivra la terre de sa fatale existence ; il s'était 
pendu par les cheveux à un clou qui tenait aux murs de son ca- 
chot. Hicar et Zéfagnie se consolèrent. L'attachement de Sinka- 
rib les dédommagea des chagrins que Nadan leur avait donnés. 
Le monarque, instruit par les dangers qu'il avait courus sous un 
ministre dangereux et méchant, s'adonna entièrement aux affai- 
res, se concilia l'amour de ses peuples et l'admiration de ses voi- 
sins, » Sic exit. 



XXXV. Ce cliapiiro est évidemment une addition d'unscribe pro- 
bablement même d'un scrilio chrétien, comme l'indiquent les expres- 
sions « péclié mortel », « royaume du ciel », » fcilicité éternelle ». Il 
ne se trouve que dans B. 

17 



258 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAH XXXV, ^ 

3. Pour vous, chers auditeurs, que le Seigneur garde 
vos âmes, qu'il prenne vos imperfections en pitié, qu'il 
remette vos péchés et qu'il répande ses miséricordes et ses 
bénédictions sur vous et sur vos enfants, qu'il vous arra- 
che à toutes les tentations et à toutes les souffrances ainsi 
qu'à tous les accidents et aux adversités, qu'il remplisse 
vos cœurs de toute sagesse et science, de toute intelligence 
et sagesse spirituelle, afin que vous puissiez conserver vos 
âmes dans la rectitude et vous éloigner de toute haine, en- 
vie et colère ; il vous délivrera de tout péché mortel et, 
à la fin, il vous donnera le royaume du ciel en héritage et 
vous fera jouir de la félicité éternelle. Amen, Amen. 



APPENDICES. I. RÉDACTION GRECQUE 259 



APPENDICES 

Nous ajoutons ici la traduction des maximes qui ne figurent 
pas dans le syriaque et l'arabe et que nous n'avons donc pas 
données, ni dans le texte, ni dans les notes. Nous continuons la 
numérotation, afin que toutes les maximes forment une seule sé- 
rie qui puisse facilement se détacher de l'histoire d'Ahikar, 
Nous donnerons entre parenthèses la numérotation de ces maxi- 
mes dans l'édition de Cambridge. 

I 

Maximes de la rédaction grecque. 

Toutes sont particulières à cette rédaction et ne se re- 
trouvent dans aucune autre, hors 151 (9) et 155 (13) qui se 
retrouvent dans l'arménien 16 et 74 (infra n. 158 et 189) 
et 153 (11) dans le syriaque 48. 

143 (l). ^ Mon fils, avant toutes choses, honore la divi- 
nité et respecte le roi. Mén., 229. 



1 Avant ceci Rynucius donne trois premières sentences : At 
JEsopus illum bénigne tractavit, talibusque monitis studiose coar- 
guit : sic aiens : 

142 * (16). Fili, verbis meis attendito diligenter ; ac illa penitis- 
simo corde teneto, 

142 ^ (17). Foris onines sapimus, aliis consilium damus, nobis 
ipsis consulerc nequimus. Ménandre, Sent, monost., 46. 

142 c (18). Homo cum sis : humanis casibus te siibditum etse 
mémento. Mén., 1, 8, 173 ; W, p. 46, lig. 2-7. 



1. L'édition de Cambridge ne renferme que quinze maximes gr«c- 



260 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR 

144 (2). 1 Rends-toi redoutable à les ennemis pour qu'ils 
ne te méprisent pas (cf. p. 170,49), sois facile et indulgent 
pour tes amis afin qu'ils t'affectionnent de plus en plus. 

145 (3). Souhaite à tes ennemis d'être malades et pau- 
vres, afin qu'ils ne soient pas en état de te molester. Sou- 
haite que tout réussisse à tes amis. Mén., 152, 9. 

146 (4). Agis toujours bien avec ta femme ^, de crainte 
qu'elle ne cherche à faire l'essni d'un autre homme. Car 
les femmes sont naturellement volages et légères, elles 
pensent moins au mal quand on les traite avec égard ^. 

147 (5). Prête une vive attention à ce qu'on dit, mais 
sache rester maître de ta langue *. 

1 Avant cette seconde sentence, Rynucius ajoute : 

143* (19). Cion sis Iiomo humana curato : quoniain Dciis ulcis- 
citur injusios, 1, 14. 

143'' (20). Scelus est ultro inferre molestiam , Mén., 9. 

143*^ (21). Animo generoso indignos ferto successus. Mén., 13 ; 
W., p. 46, 1. 8-11. 

2 Rynucius traduit : Uxori frugalia loquere. 

' Rynucius traduit : Qiiippe femina cum varia super (sic) ac 
mutabilis sit : sibi blanditur : ocius inclinatur ad malum. Cf. 
Eccli., IX, 1. Il ajoute ensuite : 

140*^ (22). Hominem sœvnm vitare mémento (Mén., 131), [sciens 
adversarium illo fortiorem non existere.'\ Les mots entre crochets 
manquent dans Rynucius et sont traduits sur l'édition Wester- 
mann. 

146^ (23). Homo neqiiam, licet ei prospéra succédant : ni/iilo- 
minus miser est. Mén., 19. 

140*^ (24). Aures quam linguam habeto magis acutas. 

* Rynucius porte simplement ici : Linguam compescito. Mén., 
80. Puis il ajoute : 

147^ (25). Pauca loquere inter pocula : ubi non sapiens sed 

nues; les autres (IG à 35), que nous donnons aux variantes, Ggurent 
dans Westcrmann et sont citées en général d'après l'ancienne traduc- 
tion latine de Rynucius (Rinuccio d'Arezzo), cf. supra, p. 104. 



APPENDICES. I. RÉDACTION GHECQUE 261 

148 (6). N'envie pas ceux qui réussissent (Mén., 43), mais 
réjouis-toi avec eux. Car, en les enviant, tu causes surtout 
du tort à toi-même. Cf. p. 162, n. 23. 

149 (7). Prends soin de tes serviti;urs, afin qu'ils ne te 
craignent pas seulement comme un maître, mais (ju'ils te 
respectent comme un bienfaiteur ^. 

150 (8). N'aie point honte d'apprendre toujours de meil- 
leures choses. 

151 (9). Ne confie jamais à ta femme des secrets impor- 
tants (Mén., 355, 301), car toujours elle épie l'occasion de 
te dominer. Cf. p. 267, u. 189 ^. 

152 (10). Amasse chaque jour quelque chose pour le 
lendemain, car il vaut mieux laisser du bien à ses ennemis 
qu'avoir besoin de ses amis durant la vie. Cf. p. 173, 
n. 61 ; p. 184, n. 94. 

153 (11). Reçois honnêtement ceux qui t'abordent, sa- 
chant que c'est la queue du chien qui lui gagne son pain ^. 



ridiculus quis habetur. Westermann porte, à meilleur droit : In 
vino ne vane loquere ut ostendas sapientiam, nam qui loquLtur 
sapientiam in tempore non suo, irridetur. Démocrite, p. 355, 
n. 229 : Le sage ne doit pas parler avec l'ignorant, ni l'homme 
sobre avec les ivrognes. » Cf. p. 159, n. 15. 

* Rynucius ajoute : 

149* (26). Verecundiam serva ne a ratione décidas. W., p. 47, 
lig. 5-6. 

2 Rynucius traduit la lin par : qux ut rumorigcrct : sempcr est 
armata. Cf. Mén., 86, 129, 130; Eccli., xxv, 29-30 ; xxxiii, 20. 

^ Cf. p. 169, n. 46. Rynucius ajoute : 

153^ (27). Turpe niiniuni est miserum irridere. 

153*^ (28). Quce frugi sunt ea discere ne cesses ac sapientix 
intendere. 

15.3*^ (29). Cuin quippiam a quopiani capis : id quanwcius red- 
dere curato : ut facilius rursurn tibi acconimodetur. W., p. 47, 
Hg. 14-17. 



262 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR 

154(12). Ne te repenspas d'être devenu homme de bien ^. 

155 (13). Chasse le médisant de ta maison, car il rendra 
compte aux autres de ce que tu dis et de ce que tu fais ^. 

156 (14). Fais ce qui ne peut pas te causer de chagrin, 
et ne t'attriste pas de ce qui t'arrive ^. 

157 (15). Ne donne jamais de mauvais conseils *, etn'imite 
pas la conduite des méchants. Mén., 336^. 



^ Rynucius traduit : Quibus henefacere cuin potes : haud 19 
pigeât. W. porte : Cum henefacere potes. . . 

2 Rynucius porte seulement : Hominem maledicentem^ loqua- 
cem, susurronemve ab ostio tuo eminus cocrcito.W, est conforme à 
Eberhard. 

^ Rynucius porte : 155* (30). Dicta factaque tua amicis 
tacitis crédita ; ea tamen facias ; quse fecisse postea non te pigeât. 
Adversa cum eveniunt : non molesto scd anima quieto feras. W. est 
conforme à Eberhard. 

* Rynucius seul porte : Imprabis flagitiosisque neutiquam 
consulita. Cf. Mén., 24. 

^ Rynucius ajoute : 

157* (31). Esta hospilalis in liospites peregrinosve : ut, peregre 
proficiscens, qui te recipiant liabeas, Mén., 400. 

157*^ (32). Sermo bonus contra animi vitia medicus est optinius. 

157'^ (33). nie profeclo est beatus qui vero potitur amico. 
Mén., 357 ; Eccli., vi, 14. 

Westermann porte en plus ici : 

157'^ (34). «Bienheureux celui qui peut faire de riches offran- -^ 
des. ') 

157^ (35). Nihil tant absconsum est : quod tempus demum non 
ferat in lucem. W., p. 47, lig. 24-48, lig. 5 ; ivién., 459, 11. 

Après ces sentences vient : 

llis et aliis complurlbus monitts Iinuni Msopus ab se missum 
fecit. At Enus illis monitis coercitus conscientiaque compunctus ; 
quad falso /JJJsopum capitc accusai>erat : abiens ex loca eminentiori 
se prsecipitem dédit : et uti malus maie vitam finiiùt. 



APPENDICES. II. VERSION ARMÉNIENNE 263 

II : 

Maximes de la version arménienne qui ne figurent ni dani 
le syriaque ni dans l'arabe ^. 

158 (16 ; SI, 21). Mon fils, ne reçois pas celui qui vient 
te répéter la parole de ton ennemi, de crainte qu'il n'aille 
(lui) répéter la tienne. Cf. p. 262, n. 155. 

159(24; SI, 33). Mon fils, ne te tiens pas à l'écart le jour 
de ton sacrifice, de crainte que le Seigneur ne prenne pas 
plaisir au sacrifice que tu offres *. 

160 (27). Mon fils, ne mange pas le pain qui ne t'appar- 
tient pas en propre, quand bien même tu serais très affa- 
mé. 

161 (29). Mon fils, étouffe le mal et extirpe-le de ton 
cœur, tu en retireras du bien de Dieu et des hommes et tu 
trouveras du secours par la volonté de Dieu. 

162(30; cf., SI, 38). Mon fils, si même les montants de 
la porte qui conduit au ciel s^élevaient de sept aunes, cour- 
be cependant la tête pour entrer ^. 



1 Le Slave (n. 333) porte : « Mon fils, ne néglige pas d'aller à 
l'église le dimanche. » 

* Slave : (( Mon fils, si ta maison est trop haute, abaisse ses 
murailles et ensuite entre. » 



Appendice II. Un bon nombre des sentences traduites dans cet 
appendice ont leurs parallèles dans ce qui précède. Nous les avons 
traduites parce que M. Vetter les donne comme nouvelles, ce qui si- 
gnifie que leur forme du moins est nouvelle. Cf. supra, p. 95-97. 

158. Cf. supra, 155. 

159. U.S. renvoieà Eccli., xviii, 22, 23. 

160. Cf. p. 162, 23. 



264 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAFI 

163 (31 ; SI, 39) Mon fils, tu ne dois pas accepter avec 
une grande mesure et donner avec uoe petite, puis dire : 
J'ai gagné ! car Dieu ne le permet pas, mais il se fâchera et 
tu périras par la famine *. 

164 (32; SI, 40). Mon fils, tu ne jureras pas à faux pour 
qu'il n'y ait pas de diminution à tes jours (de vie) *. 

165 (33). Mon fils, obéis à la loi de Dieu et ne crains pas 
ensuite le méchant. Car la loi de Dieu est un mur pour les 
hommes. 

166 (34). Mon fils, ne te réjouis pas du nombre de tes 
enfants et ne te trouble pas s'il t'en manque. 

167 (35). Mon fils, les enfants et les richesses sontenvoyés 
par Dieu; celui qui possède une grande maison deviendra 
pauvre, le pauvre deviendra grand, l'humble sera élevé et 
l'altier sera humilié. 

168 (36 ; Ar, 57 ; SI, 41). Mon fils, même si les poutres de 
ta maison étaient élevées, lorsque ton voisin est malade, 
ne dis pas : Que dois-je lui envoyer ? Mais va de tes pieds 
et vois-le de tes yeux, car cela vaut mieux pour toi que mille 
talents d'or et d'argent ^. 

169 (37). Mon fils, ne prends pas d'or et d'argent pour une 
médisance, car c'est une œuvre qui conduit à la mort et 
une chose tout à fait mauvaise. Ne répands pas sans cause 
le sang innocent, de crainte que le tien ne soit répandu en 
place de celui-ci. 



^ Slave : « ... Dieu détruira ta maison. ^) 

2 Slave : « Mon fils, ne jure pas par le nom de Dieu, de 
crainte que le nombre de tes jours ne soit diminué. » 

^ Slave : « Mon fils, va près de l'affligé et réconforte-le avec 
(tes) paroles ; car les paroles valent mieux que for et l'argent. » 



168. Si les poutres de tomaison étaientélevées, c'eat-k-dire <i situ 
€% riche et puissant. » 



APPENDICES. II. VERSION ARMENIENNE 



265 



170 (40). Mon fils, n'épouse pas une veuve, car s'il arrive 
n'importe quoi, elle dira : « Ah ! où est mon premier 
mari, » et il te faudra t'afTliger ^. 

m (46). Mon fils, ne t'appuie pas sur le jour de ta jeu- 
nesse, de crainte que ta jeunesse ne te perde. 

172 (48). Mon fils, ne te mets pas en colère avec ton adver- 
saire devant le juge, afin que tu ne sois pas nommé fou et 
inintelligent; mais, s'il te purlc, réponds avec douceur et tu 
feras retomber son jugement sur sa tête. 

173 (49). Mon fils, si tu demandes du bien à Dieu, com- 
mence par accomplir sa volonté dans le jeûne et la prière, 
après quoi tes prières recevront leur accomplissement en 
bien. 

174 (53 ; Ar, 50 ; cf. n. 68 ^p. 175). Mon fils, il est mieux 
d'amasser dans la pauvreté que de dissiper dans la richesse. 

175 (54; SI, 67?). Mon fils, ne maudis pas ton enfant 
avant d'avoir vu sa fin, et ne le méprise pas avant d'avoir vu 
l'accomplissement, la sortie et l'issue. Cf. n. 44, p. 169 ^. 

176 (55; Ar, 4, 54a; SI, 22, 72). Mon fils, éprouve la 
parole dans ton cœur et ensuite produis-la dehors. Car, situ 
changes la parole, tu es un flatteur ^. 



1 Cette maxime remplace peut-être n. 88, p. 182. 

* Slave : « Mon fils, ne loue pas un homme et n'en blârae pas 
un autre avant d'avoir étudié la cause ; ne porte ton jugement 
qu'après mûre délibération. » 

3 Slave : « (22) Mon fils, si quelqu'un te rencontre et t'abor- 
de, réponds-lui avec réserve ; une parole inconsidérée pronon- 
cée en hâte cause ensuite du regret. (72) Mon fils, si tu veux 
dire quelque chose à quelqu'un, ne parle pas immodérément, 



175. Cf. Eccli., XI, 30 : c Avant (sa) mort, ne loue aucun homme, 
car dans ses fils (Hébreu : dans sa fin) on connaît un homme. > 



266 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAU 



m (58 ; SI, 74). Mon fils, les paroles et les discours men- 
songers sont lourds comme le plomb, mais au bout de 
quelques jours ils surnagent sur l'eau comme l'écorce des 
arbres ^. 

178 (59; SI, 75). Mon fils, confie un petit projet à ton 
ami ; puis, quelques jours après, pique-le et offense-le. Si 
alors il ne révèle pas ton projet, confie-lui aussi ton grand 
projet et conserve-le comme un fidèle ami ^. 

179 (60 ; SI, 77). Mon fils, aide ton prochain devant les 
rois et les juges, car tu l'arraches ainsi à la vengeance du 
lion, et tu en tireras une bonne renommée et de la gloire. 
Cf. n. 78, p. 179. 

180(61 ; cf. n. 206, p. 270). Mon fils, si ton ennemi vient 
à tes pieds, pardonue-lui, souris amicalement en sa pré- 
sence et relève-le avec honneur. Cf. n. 25, p. 163. 

181 (62). Mon fils, si l'on ne t'a pas appelé, ne va à aucu- 
ne réunion 3 et, si l'on ne t'interroge pas, ne donne aucune 
réponse. 

182. Mon fils, ne marche pas sur un fleuve congelé ou 
débordé, de crainte que tu ne meures d'une mort subite. 
Cf. n. 83, p. 181. 

183 (66). Mon fils, éprouve ton enfant par la faim et 
par la soif et, quand il aura grandi, remets tes possessions 
en sa main. Cf. n. 53, p. 171 . 

mais pèse !a parole dans ton cœur, puis dis ce qui est néces- 
saire, car il vaut mieux trébucher du pied que de la langue. » 
Cf. n. 63, 70, 71, p. 173 et 176. 

^ Slave : « Mon fils, une parole mensongère est d'abord 
lourde comme le plomb et ensuite elle flotte sur l'eau. » 

2 Le Slave ajoute à la fin : « mais s'il révèle ton projet, tourne- 
lui le dos. » Cf. p. 160, n. 17. 

3 Cf. p. 280, n. 283. 

178. Cf. n. 17 et 53, p. 160 et 171 ; Eccli., vi, 7, 11. 



APPENDICES. II. VERSION ARMENIENNE 



267 



184 (69 ; Ar, 40; SI, 54). Mon fils, j'ai mangé des herbes 
amères et j'ai bu du fiel, et le fiel n'était pas plus amer que 
la pauvreté ; j'ai élevé en l'air du sel et du plomb, et ce n'était 
pas plus lourd que les péchés, car pourrais-je manger et 
boire que je n'arriverais pas au repos (un manuscrit ajoute : 
jusqu'à ce qu'il ait payé ses péchés) ^. Cf. n. 56, 57, p. 172. 

185 (70). Mon fils, si tu es pauvre, ne le laisse pas paraître 
au milieu de tes compagnons, de crainte que tu ne sois mé- 
prisé d'eux et qu'ils ne prêtent plus attention à tes paroles. 
Cf. n. 61, p. 173. 

186 (71 ; SI, 56). Mon fils, aime ta chair et ta femme, car 
elle t'appartient, elle est la compagne de ta vie et elle 
nourrit ton fils avec grandes privations -. 

187 (72). Mon fils, si ton maître te fait dire : « Apporte 
une colombe cachée dans une mantille, » — ne la lui porte 
pas, car il mange la colombe et il ne manque pas de te pu- 
nir pour la mantille (souillée). 

188 (73 ; SI, 58, 61). Mon fils, la parole d'un sage dite dans 
l'ivresse vaut mieux que la parole d'un fou dite sans avoir bu. 
Un esclave honorable vaut mieux qu'un homme libre men- 
teur. Mieux vaut un ami proche qu'un frère éloigné. Cf. n. 
68, 69, p. 173-175. 

189 (74; cf. G, 9; SI, 68). Mon fils, ne révèle pas ton 
secret à une femme, car elle est faible et d'esprit étroit, 
elle révélera ce que tu lui as confié et tu seras méprisé ^. 

1 Slave : « Mon fils, j'ai goûté la noix de galle et l'amertume, 
et ce n'était pas plus amer que la pauvreté ; le sel et le plomb 
semblent être plus légers. » 

" Slave : « Mon fils, aime ta femme de tout ton cœur, car elle 
est la mère de tes enfants. » 

3 Cf. n. 151, p. 2G1. — Slave : « Mon fds, mieux vaut être 

186. Cf. Genèse, n, 24 ; Matth., xix, 5 ; Eph., v, 28-31. 



268 



HISTOIRE ET SAGESSE D AÇIKAR 



190 (75; SI, 69). Mon fils, si tu bois du vin, gnrde ta 
lano-iie du bavardage; il t'en arrivera du bien et tu seras 
appelé sage ^, 

191 (76). Mon fils, ne donne pas tes biens sans écrit et 
sans témoin. Autrement on reniera cette dette et tu te dé- 
soleras. 

192 (77 ; Ar, 56 ; SI, 123). Mou fils, ne t'éloigne pas de 
ton ami, de crainte de ne pas en trouver un autre, car on 
n'aura plus de confiance ni d'amitié envers toi. Cf. n. 76, 
p. 179. 

193 (78 ; cf. n. 18). Mon fils, aime ton père qui t'a engen- 
dré et ne t'attire pas la malédiction de ton père et de ta 
mère, afin que tu puisses jouir de la prospérité de tes 
enfants. Cf. n. 37, p. 167. 

194 (79; SI, 76). Mon fils, il vaut mieux qu'on te vole 
tes biens que de trouver chez toi du bien volé. 

195» (80^). Mon fils, honore l'honinn; dont Dieu fait pros- 
pérer 1. s affaires. Cf. n. 82, p. 181 ; Ar, 20 ; Si, 84 ». 

195b (80*^). Et si tu vois un vieillard, lève-toi devant lui 
et niontte-lui ton respect 3 (SI, 80). 

196 (86). Mon fils, de bonnes actions et une victime sans 
tache plaisent à Dieu. Crains en face du déshonneur comme 
devant Dieu. 

197(87). Mon fils, admettre une mauvaise pensée dans son 
cœur, c'est donner occasion à une lutte intérieure (cf. n.72). 



couché avec une fièvre ardente que vivre avec une femme per- 
verse. Ne tiens pas conseil dans ta maison (c'est-à-dire : en 
présence de la femme perverse) et ne lui donne aucune part aux 
affaires de ton cœur. » Le Slave se rapproche plutôt des n. 7, 8, 
p. 15U-157, et 251, p. 275. 

^ Slave : « Mon fils, si tu bois du vin, parle peu. » 
2 Slave : « Mon fils, si Dieu a enrichi un homme, ne l'envie 
pas, mais respecte-le. » 
' Identique à 79^ , p. 180. 



APPENDICES. II. VERSION ARMENIENNE 



269 



La patience est le fondement des actes et l'affermissement 
de la foi. 

198 (88). Mon fils, ce qui te paraît mauvais, tu ne dois pas 
le faire à ton prochain . Ce qui n'est pas tien, tu ne dois 
pas le donner aux autres. 

199 (89). Mon fils, aime la vérité et haisl'indiscipline etie 
mensonge. Prête l'oreille aux ordres de Dieu et n'aie aucu- 
ne crainte du mal, car le commandement de Dieu est un 
mur pour l'homme. 

200 (90) . Mon fils, fuis devant un homme mauvais et devant 
un menteur. L'avarice est d'ailleurs la mère de tous les 
maux et toutes les calamités naissent de l'effronterie. 

201 (92). Mon fils, celui qui a l'esprit miséricordieux est un 
brillant soleil ; celui qui tend des embûches a le cœur (rem- 
pli) d'épaisses ténèbres ; celui qui a le cœur magnanime 
est plein de miséricorde ; celui qui est avare, même s'il 
possède quelque chose, a l'esprit obtus. 

202 (93)1. Mon fils, n'entre pas dans la demeure d'un 
ivrogne et, si tu y es entré, n'y reste pas, sinon tu perdras 
ton caractère. 

203 (94). Mon fils, ne méprise pas ton prochain ni de loin 
ni de près, car de mauvaises paroles trouveront vite le che- 
min vers leur maître et il s'ensuivra des luttes "'. 

204 (95). Mon fils, Dieu a commandé le vin pour causer 
la joie. Mais, dans la demeure de l'impureté et dans toute 
demeure mauvaise et mal tenue, il vaut mieux boire du 
limon que du vin. 

1 Nous avons déjà dit que les maximes 202-209 (93-100) ne se 
trouvent que dans un manuscrit moderne. 

2 Cf. p. 273, n. 238. 

198. Cf. Tobie, iv, 16 ; Mattli., vu, 12 ; Luc, vi, 31. Dans les Apo- 
phtegmes : Dicchat quidam Patrum ; quidqiiid haies odio, alii ne 
facias. P. L., t. lxxiii, col. 10.39. Inira, p. 280, n. 284. 



270 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR 

205 (96). Mon fils, un homme ivre pense clans son cœur : 
Je suis sage et fort et, tout ce que je dis, je le dis avec sages- 
se. Il ne sait pas que s'il vient à rencontrer un homme cou- 
rageux, celui-cin'aura qu'à le toucher pour le jeter à terre. 

206 (97 ; cf. p. 266, n. 180). Mon fils, si tu vois tomber 
ton ennemi, aie compassion de lui, car tu lui feras plaisir. 
Si au contraire tu t'en moques, dès qu'il se sera relevé, 
il te le fera expier. Cf. n. 79, p. 180. 

207 (98). Mon fils, un ivrogne croit que la terre oscille ; 
il ne remarque pas en marchant que sa tête est brouillée. 
Comme latene est la mère de tous les fruits, ainsi le vin 
est la source de tous les maux ; il occasionne des maladies 
qui épuisent de toute manière ainsi que l'homicide impi- 
toyable ; il rend l'homme insensé et lui fait changer sa ma- 
nière d'être contre celle des animaux privés de raison. 

208 (99). Mon fils, évite de te porter caution ; car, si tu 
le fais, l'autre croira que tu dois payer de ta bourse — et 
pas seulement de ta bourse, car il t'arrachera jusqu'à la 
barbe. 

209 (100). Mon fils, ne dis pas de mensonge, car, si l'on 
te surprend une fois à mentir, on te prendra encore pour un 
menteur et on ne te croira pas lorsque tu diras la vérité. 

III 

Maximes de la version slave qui ne figurent ni dans 
le syriaque ni dans l'arabe ni dans l'arménien. 

210 (5). Mon fils, ne sois pas dur comme les os de 
l'homme, ni mou comme une éponge. 

211 (16). Mon fils, même si ton ami t'enviait ou te blâ- 
mait, accueille-le avec le pain et le vin. 

208. Cf. Prov,, VI, 1-3. 



APPENDICES. m. VERSION SLAVE 271 

212 (20). Mon fils, ne reçois pas dans ta maison un escla- 
ve loquace et voleur, pour qu'il ne dissipe pas ton bien *. 

213 (26). Mon fils, si tu es saisi d'une violente colère, ne 
prononce aucune parole, de crainle que tu ne sois nommé 
insensé. 

214 (28). Mon fils, celui qui a une humble origine est 
méprisé de tous ^. 

215 (36). Mon fils, si ton corps n'a pas faim, ne mange pas 
de pain, pour que tu ne paraisses pas gourmand. 

216 (44). Mon fils, si tu écoutes un homme sage, c'est 
comme si tu te rafraîchissais avec de l'eau fraîche lorsque 
tu as soif par un jour (de chaleui") ^. 

217 (48). Mon fils, ne souhaite pas fouler ton voisin aux 
pieds pour qu'il ne te rende pas la pareille. 

218 (53). Mon fils, n'accepte aucune récompense pour 
aller en témoignage, car la récompense aveugle les juges. 

219 (57). Mon fils, s'il n'y a pas de motif pour cela dans 
ta maison, ne fais pas de scandale pour ne pas t'afl^îcher aux 
yeux du voisin. 

220 (60). Mon fils, il est meilleur pour une femme de 
perdre son fils par la mort que de nourrir un étranger ; car 
le bien qu'elle lui fait, il le lui rend en mal. 

221 i^Q)- Mon fils, si tu invites un ami à un repas, va au- 
devant de lui avec une figure joyeuse pour qu'il entre lui 
aussi avec bonne disposition. Si tu donnes un dîner, ne va 
pas au-devant de ton ami avec un visage sombre, pour que 
ton repas ne te cause pas de tort en te faisant connaître 
comme un homme mauvais ^. 

222 (70). Mon fils, ne te moque pas d'un homme inintelli- 
gentni d'un homme sourd, car ce sont des créatures de Dieu. 

1 Cf. p. 16G, n. 35. 
a Cf. infra, n. 250. 
3 Cf. p. 179, n. 282. Cf. p. 170, n. 50 
i Cf. infra, n. 225, 226. 



272 HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR 

223(71). Mon fils, ne cherche pas à diminuer une parole 
importante de ton maître ni à augmenter une parole de 
peu d'importance. Cf. n. 72, p. 177. 

224 (78). Mon fils, si tu pars en voyage, ne compte pas 
sur le pain étranger, mais prends ton propre pain avec toi ; 
si tu n'en as pas et que tu te mettes cependant en chemin, 
tu encourras des reproches ^. 

225 (81). INIon fils, si tu as invité quelqu'un à une fête, ne 
l'ennuie pas pour autre chose afin de ne pas passer pour 
un trompeur. 

226(83). Mon fils, si tu es invité chez * ton voisin, ne vi- 
site pas sa chambre jusque dans les coins, car ce n'est pas 
bien. 

227 (85). Mon fils, si tu entres dans une maison en deuil, 
ne parle pas de mets et de boisson ; mais si tu vas dans 
une maison joyeuse, n'y porte pas la tristesse ^. 

228(87). Mon fils, si tu te revêtsd'unnouveljiabit, conduis- 
toi décemment et n'envie pas un autre homme qui a aussi 
quelque chose. Celui qui a un brillant habit doit avoir une 
parole digne de respect *. 

229 (88). Mon fils, si tu possèdes quelque chose ou rien 
ne t'en fais pas souci; quel avantage t'apporterait le souci? 

230 (89). Mon fils, si tu possèdes quelque chose, ne te 
laisse pas tourmenter par la faim ou la soif. Si tu meurs, 
un autre prendra de l'agrément avec ton bien et tu te seras 
privé en vain. 



^Infra, p. 279, n. 281. 

2 Cf. supra, n. 221. 

3 Cf. p. 279, n. 279. 
* Cf. p. 182, n. 89. 



229. Cf. Eccle., iv, 6. 

230. Cf. Eccle., iv, 7-8 ; vi, 1-4. 



APPENDICES. III. VERSION SLAVE 273 

231 (90). Mon fils, si un pauvre vole quelque chose, 
prends-le en pitié. 

232 (93). Mon fils, si ton voisin se montre hostile à ton 
égard, ne cesse pas d'allerà sa rencontre avec bienveillance *, 
afin qu'il ne fasse pas de projet contre toi sans que tu le 
saches. 

233 (94). Mon fils, si un homme qui t'est hostile veut te 
faire du bien, n'aie pas confiance trop vite de crainte qu'il 
ne te trompe et n'assouvisse sa haine contre toi. 

234(95). Mon fils, si quelqu'un est puni pour une faute, ne 
dis pas qu'il a été puni sans motif, afin que tu ne tombes 
pas sous la même punition. 

235 2(97). Que la crainte de Dieu te soit le premier axio- 
me. Ensuite sois prompt à écouter et circonspect pour répon- 
dre ^. Sois patient dans la colère. 

236 (98). Mon fils Anadan, si ton maître te dit ; «Viens, » 
ne t'en réjouis pas, et s'il te dit : « Eloigne-toi de moi, » 
ne t'en fais pas souci. 

237(99). Mon fils Anadan, ne sois pas ivrogne, mieux vaut 
un lunatique qu'un homme adonné à la boisson; car le luna- 
tique n'entre en fureur qu'à la nouvelle lune, tandis que 
l'autre ne cesse pas '^. 

238 (100). Mon fils Anadan, situ esassis près de quelqu'un 
à un repas, ne pense pas de mal de ton ami pour que le pain 
ne devienne pas amer dans ta bouche ^. 

239 (101). Mon fils Anadan, lorsqu'on se met h table, ne te 

iGf. p. 278, n. 271. 

2 Nous rappelons que les sentences suivantes (97-123) ne se 
trouvaient que dans deux manuscrits duxv*= siècle, d'origine sud- 
slave. Elles figurent donc entre crochets dans la traduction de 
M. Jagic et dans celle de l'édition de Cambridge (p. 9). 

8 Cf. p. 158, n. 10. 

* Cf. p. 270, n. 207. 

6 Cf. p. 200, n. 203. 

18 



274 



HISTOIRE ET SAGESSE D ÂHIKAR 



presse pas en avant de crainte d'être repoussé ^ et ne reste 
pas en arrière pour ne pas être oublié. 

240 (102). Mon fils Aoadan, s'ilt'arriveun chagrin, appelle 
un homme sage pour te consoler, car un esprit troublé ne 
peut donner aucune parole claire. 

241 (103). Mon fils, il est plus facile de fournir une lon- 
gue course sur un cheval sans selle que d'obtenir grâce 
d'un chef inintelligent ^. 

242 (104) Mon fils, si tu prends soin du corps mortel et 
que tu négliges l'âme, tu ressembles à l'homme qui né- 
glige une noble femme et qui prend soin d'une servante. 

243(105). Mon fils Anadan, si tu recherches le temporel et 
négliges le céleste, tu ressembles à l'homme qui a peint le 
laboureur sur la muraille, au lieu de l'avoir pour lui labou- 
rer la campagne et lui apporter des fruits. 

244 (106). Mon fils Anadan, si nous vivions cent ans et 
encore plus, ce serait cependant comme un jour. 

245 (107). Mon fils Anadan, autant il est douloureux de 
voir un brave homme tomber mort de son cheval, autant 
il est pénible de voir un méchant esprit dans un bon corps. 

246 (107). Mon fils Anadan, un juste juge peut être com- 
paré à un bon crible : de même qu'un bon crible sépare les 
paillettes des grains, ainsi le juste juge sépare le bon droit 
de linjustice. 

247 (109). Mon fils Anadan, veux-tu avoir une nombreuse 
suite près de toi, aie une langue douce et des mains libé- 
rales. Cf. n.48, p. 169. 

248 (110). Mon fils Anadan, il vaut mieux vivre dans une 
hutte en homme juste que dans un palais en criminel. 

249 (111). Mon fils Anadan, que ton esprit ne cesse pas 
d'avoir recours auxlivres, car ondit : « Commeun échalier ne 



1 Cf. p. 279, n. 276. 
« Cf. p. 180, n. 80. 



APPENDICES. Iir. VERSION SLAVE 275 

peut pas résister au vent sans appui, ainsi l'homme ne 
peut pas sans livres conserver la sagesse jusqu'à la vieil- 
lesse. » 

250 (112). Mon fils Anadan, voici ce qui se passe dans le 
monde : un homme pauvre prononce de sages paroles, 
personne ne l'écoute, mais on dit : C'est un sot et il dit des 
sottises. Si c'est un homme riche on l'écoute, même s'il 
dit des extravagances, on dit : Ecoutez, c'est un prince (un 
boyard)qui parle; — on le tient pour sage à cause de ses 
richesses^. 

251 (113). Mon fils Anadan, ne te fie pas à une mauvaise 
femme, du miel sort de sa bouche, mais c'est ensuite du 
fiel amer et vénéneux ^. Songe, mon fils, à la femme de 
Samson qui a enlevé à son mari les cheveux et les yeux et 
qui l'a vendu à ses ennemis; dans sa douleur, il fit tomber 
la maison sur lui-même et fit périr amis et ennemis. 

252 (114), Mon fils Anadan, la prévoyance vaut mieux que 
l'imprévoyance (?). 

253 (115). Mon fils Anadan, si un cadavre gît le long du che- 
min sans être habillé, ne l'habille pas, et, s'il est habillé, 
ne le dépouille pas. Cf. n. 4, p. 156. 

254(116). Mon fils Anadan, mon àme s'accommode de tout, 
il n'y a que trois choses qu'elle ne peut supporter : 1" Un 
traître ; celui qui est traître l'est envers Dieu, ses parents, 
son maître, son ami et sa femme ; 2° Un homme pauvre 
qui est arrogant. Pourquoi est-il orgueilleux ? Sur quoi 
compte-t-il ? 3*^ Un homme qui ne témoigne aucun respect 
à son maître. Ton maître serait-il un chat que tu devrais 



1 Cf. n. 22, p. 161, et supra, n. 214, 

2 Cf. n. 7, 8, p. 156-157 et n. 189, p. 267. 



249. Cf. EccH., xxn, 18. 
251. Juges, XVI. 



276 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR 

lui peigner la barbe, car celui qui tient la tête par en haut 
peut la tourner comme il veut. 

255 (117). Mon fils Anadan, ce qui est amassé injustement 
se perd vite. 

256 ( 1 18) . Mon fils Anadan , de même que la terre abandonne 
bientôt l'eau (se dessèche vite) , ainsi ne garde pas près de 
toi un calomniateur. 

257 (119). Mon fils Anadan, éloigne tes mains du vol, ta 
bouche du mensonge ^ et ton corps de l'impureté ; par-des- 
sus tout, garde-toi d'une femme mariée ^. 

258(120). Mon fils Anadan, situ pries Dieu pour quelque 
chose, n'oublie pas de consoler les affligés, de revêtir les 
déguenillés, de nourrir les affamés, de rafraîchir ceux qui 
ont soif, de réconforter les malheureux avec de bonnes et 
douces paroles. Une bonne parole a plus de prix que l'ar- 
gent et que l'or précieux^. 

259 (121). Mon fils Anadan, ne cours pas après le bien 
étranger, dans peu de jours tes propres richesses passe- 
ront à d'autres mains. Cf. n, 23, p. 162. 

260 (122). Mon fils Anadan, il est meilleur pour l'homme 
de se rassasier en paix d'herbes fades mangées avec plaisir et 
joie, dans la gaîté et les rires, que de toutes les sucreries 
avec mécontentement, querelles, tristesse et soucis. 

261 (124). Mon fils, ceque jet'aienseigné, reçois-le de tout 
cœur et rends-moi du tien et du mien avec surcroît. 

1 Cf. n. 87, p. 182. 

2 Cf. n. 88, p. 182 el n. 170, p. 265. 

5 C'est une paraphrase de Slave 41 ou Arménien 36 (cf. supra, 
p. 264, n. 168). 

260. Cf. Eccle. , iv, 6. 



APPENDICES. IV. VEflSIOM liOLMAlNE 277 

IV 

Maximes de la version roumaine auxquelles M. Gaster n a 
pas trouvé de parallèles dans la version slave. 

262 (1). Mon fils, n'entre pas en affaire avec le puissant, 
n'acquiers rien de lui ; n'acquiers pas des biens volés, 
parce que tes propres biens périraient avec ceux-ci. 

263 (3). Mon fils Anadan, si tu sers un mauvais maître, 
ne va pas lui dire qu'il est mauvais et (croire) qu'il t'en saura 
gré, mais fais ce qu'il t'ordonne ^. 

264 (4). Mon fils, ne parle pas en présence de ton maître, 
car tu te tromperas et il te haïra ^. 

265 (7). jNIon fils, si tu as atteint une haute position, incline- 
toi devant chacun, afin qu'avec ta sagesse tu puisses avoir 
une plus haute place encore •^. 

266 (9). Mon fils Anadan, quoi que tu veuilles obtenir de 
Dieu, prie continuellement, alin que Dieu te l'accorde en son 
temps ^. 

267 (12). Mon fils, écoute l'homme sage, quand même 
il serait pauvre, parce que telle est la voie de Dieu : un 
jour il donne à l'un et l'autre jour à un autre. 

268 (13). Aussi longtemps que tu vivras, garde-toi de 



1 Cf. n. 4i, 42, 43, p. 168. 

2 Analogue au n. il. 

3 Cf. n. 48, p. 169. 

* Analogue au n. 173, p. 2G5. 



App. IV. The journal ofthe royal ^st«/ic50ci(?<j, 1900, p. 301-319 ; 
cf. supra, p. 107. 

262. Sur le respect du puissant, cf, n. 52, 74, 77, 83, p. 171, 178, 
179, 181. 

267. Cl. Eccle., IX, 13-16 ; iv, 13. 



278 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



creuser une fosse pour un autre, parce que tu serais sûr d'y 
tomber. Cf. p. 256, 

269(18). Mon fils Anadan, si tu parles à ton maître, quêta 
bouche soit fermée avec trois serrures — l'une sur ton 
cœur, l'autre sur ton esprit et la troisième sur ta bouche 
— parce que, dès que tu as parlé, la parole ne peut plus 
être rattrapée ni à cheval ni avec des chiens ni avec un 
faucon. 

270 (19). De nouveau^, mon fils Anadan, honore et sup- 
porte le bon et le sage, quand même il ne serait que sage 
dans sa route et pas riche. 

271 (20). Mon fils Anadan, situ as un méchant voisin, ne 
le néglige pas, parce que Dieu t'en saura gré et (le méchant) 
ne pourra pas te causfr de préjudice ^. 

272 (22). Mon fils, il vaut mieux porter des pierres avec 
le sage que banqueter avec un insensé ^. 

273 (23).Monfils, honore tes frères ettesamis *, de crointe 
qu'ils ne parlent avec déférence en ta présence, mais que 
derrière ton dos ils ne te fassent tort et ne te frappent. 

274(24). Mon fils, si quelqu'un te jette des pierres, jette-lui 
du pain, parce que le pain te reviendra et les pierres retour- 
neront à celui qui les a lancées ^. 

275 (25). Mon fils, il vaut mieux être battu par le sage 
qu'honoré par l'insensé ^. 



^ C'est une répétition du n. 267 (12). 

2 Analogue au n. 28, p. 164. Cf. n. 232, p. 273. 

3 C'est le n. l^p. 159, textuel. 

* Cf. p. 260, n.'l44 (lin) et 145 (un); p. 179, n. 78. 

5 Cf. p. 165, n. 31, et p. 239, n. 100 ; p. 270, n, 211. 

6 C'est le n. 93, p. 184. 



269. Sur le silence, cf. n. 2, 3, 41, p. 154-155, 168. 
275. Cf. Eccle., VII, 6. 



APPENDICES. IV. VERSION ROUMAINE 279 

276 (26). Mon fils, si tu t'assieds à la table d'autres gens, 
ne t'assieds pas h une haute(plaee), car il viendrad'autres per- 
sonnes et des gens de plus haut rang et on te mettra à une 
place inférieure ^; mais situ t'assieds à une place inférieure 
et que l'on t'ait appelé en haut, alors on ne te remettra 
plus en bas. 

277 (27). Tu n'inviteras jamais personne à la table d'un 
étranoer. 

278 (28). Ne reste pas assis trop longtemps 2, mieux vaut 
n'être assis qu'un peu et qu'on regrette que tu ne sois pas 
resté plus longtemps. 

279 (29). Si tu es invité, vas-y proprement habillé, sinon 
il vaut mieux que tu restes à ta maison et qu'on regrette 
ton absence, plutôt que d'y aller sans être paré, car on 
voulait t'honorer et toi tu te couvres de confusion '. 

280 (30). Mon fils, ne sors pas sans armes durant la nuit, 
parce que tu ne sais pas ce que tu dois rencontrer *. 

281(32). Mon fils, ne t'en va pas seul en voyage, et durant 
le chemin ne mange pas toutes tes provisions en comptant 
sur ton compagnon, car, lorsque tu auras épuisé tes provi- 
sions, il ne t'en donnera pas ^. 

282 (33). Mon fils, si quelqu'un te donne de bons avis, 
écoute-le, car il te sera très utile ; il sera comme l'eau fraî- 
che d'une pure fontaine pour l'homme altéré ^. 



iCf. n. 239, p. 273. 
a Cf. n. 54, p. 171. 
3 Cf. n. 227, p. 272. 

* Analogue au n. 38, p. 167, surtout à la rédaction C. La ma- 
xime roumaine suivante peut n'être qu'une transformation de la 
présente. Le Slave porte (27) : « Mon fils, ne sors pas durant la 
nuit sans armes, car tu ne sais pas qui tu dois rencontrer. » 

" Analogue au n. 224, p. 272. 

• Analogue au n. 216, p. 271. 



280 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



283 (34). Mon fils, ne va pas à une table étrangère sans 
être invité ^. 

284 (35), Ce que tu ne trouves pas bon pour toi, ne le fais 
pas aux autres ^. 

285 (36). Mon fils Anadan, prends garde à la gueule du 
sac et non au fond, parce que le fond est aussi la fin (ne se 
présente qu'en dernier lieu). 



1 Analogue au n. 181, p. 266. Cf. n. 277. 
» Gomme le n. 198, p. 269. 



ADDITIONS 

Depuis que le présent ouvrage est à l'impression (février 
1908) nous avons pu consulter de nouveaux manuscrits sy- 
riaques et arabes de VHistoire d'Ahikar et surtout les papy- 
rus araméens du v" siècle avant notre ère conservés à Ber- 
lin. Nous nous proposons de les faire connaître dans les 
notes suivantes : 

I 
Nouveaux manuscrits syriaques. 

1** Au retour du congrès des orientalistes de Copenha- 
gue, nous avons transcrit à Berlin le manuscrit Sachau 162 
du XV® siècle signalé plus haut, p. 81, iv. Il appartient à 
la famille 6*, L, car il emploie souvent les mêmes mots. 

Il n'est donc pas traduit de l'arabe. Il tst remarquable 
dès lors qu'il écrit partout Hikar au lieu d'Ahikar. Cette 
forme Hikar, qui se trouve dans tous les manuscrits arabes 
et arméniens provient donc peut-être d'un manuscrit sy- 
riaque défectueux. En voici le commencement : « Avec 
l'aide de Dieu, nous écrivons l'histoire de Hikar, le scribe, 
et ses belles sentences ^. 

« Durant les années de Sennachérib, roi d'Assur et de 
Ninive, j'étais, moi Hikar, scribe du roi. Il me fut dit en 
songe que je n'aurais pas de fils, mais que j'acquerrais de 
grandes richesses. Je pris soixante femmes, et à l'âge de 
soixante ans, je n'avais de fils d'aucune d'elles. Alors, je 
me construisis un grand autel... » 

1. Il faut noter que le même mot matlê désigne en syriaque les 
sentences d'Al>ikar et les fables d'Ésope. 



282 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



Ce manuscrit, comme C, L, omet le recours aux idoles 
et renferme les maximes : 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 
17, 15, 16, 19, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 32, 33, 34, 35, 
37, 38, 39, 40, 41, 43, 44, 48, 49, 51, 53, 54, 55, 56, 57, 
59, 62, 64, m, 67, 68, 69, 70, 71, 73, 74, 75, 79 t, 87, 88, 
89, 45, 93, 78, 84. Puis le scribe s'est arrêté au folio 92 
et a transcrit un autre sujet au folio 92 ^ . 

2° Mgr Scher, archevêque chaldéen de Séert, a bien vou- 
lu nous procurer une copie d'un manuscrit du Turkestan, 
Nous désignerons cette copie, qui appartient maintenant à 
Mgr Graffin,par les lettres Gr. Elle se rattache aussi au 
groupe C, L, mais offre la particularité intéressante de por- 
ter au commencement comme Z?, le recours aux idoles 
(I, 3) avant le recours au vrai Dieu (I, 4). Déplus — mieux 
encore que le ms, B — elle porte Sarhédom dans tous les 
endroits où les scribes ont introduit h tort le nom de Sen- 
nachérib. Il est donc certain maintenant que l'anachro- 
nisme du ms. 6'(Sennachéribpour Sarhédom) n'existait pas 
dans la rédaction originale. Le discours indirect est aussi 
mélangé parfois au discours direct. Voici le commence- 
ment qui diffère assez des autres manuscrits: 

Gr : « Histoire d'Ahikar le sage, qui servit Sennachérib 
et Sarhédom, rois assyriens. 

Chapitre premier de l'histoire d'Ahikar. 

« 1. Il y avait donc — dans les jours de Sennachérib et 
de Sarhédom, rois d'Assur et de Ninive — un homme, nom- 
mé Ahikar, juif, sage, écrivain, scribe et mobed^ de rois 
célèbres, au service desquels il se dévouait constamment. 
Lorsque Sennachérib, roi d'Assur, mourut 2, alors moi, 



1, Mot persan; désigue souvent les prêtres. 

2. Le manuscrit porte ici « l'an 679 avant le Messie, » et le trans- 



ADDITIONS 



283 



Ahikar, j'étais encore très jeune. Je servis aussi Sarhédoni, 
fils du roi Sennachérib. Alors, les devins et tous les astro- 
nomes me dirent : «Tu auras un fils, qui héritera de tous tes 
« biens. » 

«2. Quand ils m'eurent dit cela, j'épousai soixante 
femmes, je leur achetai soixante palais, vastes et très 
beaux et, lorsque j'arrivai h l'âge de soixante ans, je n'avais 
pas d'enfants. 

a 3. Alors moi, Ahikar, j'allai offrir des sacrifices aux 
dieux, je leur brûlai des aromates et des parfums et je leur 
dis : dieux ! donnez-moi un fils qui vous serve, afin que 
je me réjouisse en lui et qu'il hérite de moi à ma mort — 
car nombreux étaient les biens que j'avais acquis. — Les 
idoles ne me répondirent absolument en rien et (Ahikar) 
retourna du temple des idoles à sa maison plein de confu- 
sion et de douleur. 

« 4. Il commença à invoquer et à prier le Seigneur d'un 
cœur contrit et à dire : O Dieu du ciel et de la terre, ô Créa- 
teur des créatures, vois mes larmes et accueille ma prière, 
donne-moi un fils...» 

L'histoire est complète et l'on trouve aux chapitres ni et 
xxxiii les maximes et les comparaisons suivantes : 1, 2, 3, 
4, 8, 10, 11, 16, 13, 26, 28, 29, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 
39a, 50, 51, 53, 54, 55, 56, 57, 59, 62, 64, 65, 66, 67, 68, 
69, 70, 71, 72, 73, 79, 87, 88, 89, 90, 91, 45, 93, 15, 19, 
22, 23,24, 25, 76, 77,78, 79, 80, 81,61, 39i>, 40, 41, 43, 
44, 45, 47, 48, 49, 82, 83, 84, 85,86, 96, 97, 98, 100, 99, 
101, 102, 103, 104, 105, 106, 108, 113, 114, 118, 120, 
128, 131, 132, 133, 134 b, 136, 137, 140, 141, 142. 

Comme nous l'avons déjà dit, c'est la rédaction C, L 
(et non la rédaction H) qui se retrouve dans ce manus- 
crit. Il y a de nombreuses interversions, une maxime nou- 

cripleur a mis ces mois entre crochets et a ajouté en marge : « Dans 
un manuscrit ce n'est pas ainsi. » C'est en effet une addition. 



284 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



velle (entre 4 et 8) : « Mon fils, les paroles qui ne sont pas 
tiennes, que tes lèvres ne les laissent pas échapper; » et une 
comparaison nouvelle (entre 137 et 140) : « Mon fils, tout 
le temps que je t'ai instruit, je t'ai dit que Dieu est un prin- 
ce juste et un juge intègre : à ceux qui font le bien, il rend 
le bien ; à ceux qui font le mal, il rend le mal et il impose 
des tourments dans la géhenne ; comme il n'y a pas d'au- 
tre prince que Dieu entre moi et toi, il te rendra ce que tu 
mérites. » On ne reconnaît o-uère ici la comparaison 138. 

Les Parlhes ne figurent nulle part dans ce manuscrit. 
On lit seulement qu'Ahikar recommanda à sa femme « de 
préparer de la nourriture sur des tables (patou/'é) de tout 
genre et de donner du vin bon et vieux à tous les servi- 
teurs du roi et aux spicula tores. » Est-ce le mot « tables » 
[patouré) qui est devenu « Parthes » {partouié) ou vice ver- 
sa ? 

La montagne de Sis est appelée ici « de Sohou ; » le roi 
de Perse et d'Elam est « Akis bar Semahlitn ; » le servi- 
teur que l'on met à mort se nomme Médiafar, et Esfagni, en 
deux endroits, est appelée Esfegâ. 

La comparaison 135 (palmier qui ne porte pas de fruits) 
manque ; par contre, la réponse du loup auquel l'on veut 
faire dire A, B, G^, contient bien trois mots commençant 
par ces trois lettres à savoir Amra ou Gedaia Becarsi, 
« Agneau et Chevreau dans mon ventre 2. » 

3o M. E. W. Brooks nous a adressé la collation du 
fragment contenu dans le manuscrit Or. 2313 (cf. supra, 
page 81, v). C'est en somme le texte 6", les variantes mon- 



1. Ce sont les trois premières lettres des alphabets sémitiques 
(Alef, Bêt, Gimel). 

2. On trouve la même idée dans l'arabe {supra, p. 252-253, fin de 
la note c), mais les mots « mouton » et « chèvre » commencent en 
arabe par hé et djim. Cette traduction n'a pas conservé le parallélisme 
des lettres. 



ADDITIONS 285 

trent seulement qu'un manuscrit n'a pas été copié sur l'au- 
tre. 

En résumé, le ms. B reste isolé ; les fragments Sachau 
162 et Or. 2313 ajoutent fort peu aux manuscrits C, L, ; le 
manuscrit Gr par contre, bien que de la famille C, L, est 
le plus important, car il est seul de cette famille à avoir 
conservé certains traits de l'original (recours aux idoles, 
mention de Sarhédom) que l'on trouve aussi dans B. 

4" M. Rendel Harris a bien voulu nous apprendre direc- 
tement, et aussi par l'intermédiaire de M™" D. Gibson, 
que les copies des manuscrits d'Ourmiah (cf. supra, p. 81, 
vn-ix) ne sont plus en sa possession et se trouvent très pro- 
bablement à Harward University, aux Etats-Unis^ avec ses 
autres manuscrits syriaques, mais ces copies, nous a-t-il 
écrit, n'ont pas d'importance pour la critique du texte sy- 
riacjue. Cela signifie peut-être qu'elles ne sont pas de la 
famille du manuscrit C. 



286 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR 

II 

Les manuscrits arabes de Paris. 

Ces denx manuscrits (n. 3^57 et 3656, cf. supra, p. 88, 
5" et 12°) renferment en somme, avec diverses omissions, 
le texte édité par M*"® Smith Lewis et désigné plus haut 
par la lettre A. Pour que leur contenu ne prête plus à 
aucune amljiguïté, nous avons demandé à M. l'abbé Leroy, 
professeur aux Facultés catholiques d'Angers, d'en pré- 
parer une édition pour la Reflue de r Orient chrétien 
(1908, n. 4, et 1909) et nous empruntons à son manuscrit 
les matériaux de la présente note : 

Voici le commencement : 

« Au nom du Dieu clément, miséricordieux, vivant, éter- 
nel, sans fin, à qui nous recourons — nous commençons, 
par la grâce du Dieu Très Haut, par sa faveur excellente 
et sous sa direction, à écrire l'histoire d'Ahikar le sage, le 
philosophe, vizir du roi Sennachérib, et de Nadan son ne- 
veu. 

(( On rapporte qu'il y avait au temps de Sennachérib, 
roi d'Assur et de Ninive, un homme sage nommé Haïkar. 
Il était vizir du roi Sennachérib et son secrétaire. C'était 
un homme opulent, qui possédait de grandes richesses. Il 
étaitsagace, sage, philosophe, plein de science et d'habileté. 
Il avait épousé soixante femmes, pour chacune desquelles 
il avait construit un palais, et cependant il n'avait pas d'en- 
fant qu'il pût élever. Cela l'affligeait beaucoup, et un cer- 
tain jour il rassembla les astrologues, les devins et les 
sorciers. 11 leur fit part de sa situation et se plaignit de 
sa stérilité. Ils lui répondirent : Va, offre des sacrifices aux 
dieux... » 

Le récit continue à la troisième personne et se termine 



ADDITIONS 287 

par : «C'est là ce que nous avons trouvé au sujet de l'histoire 
d'Haïkar le sage. Gloire à Dieu pour toujours. Amen. » 

Nous avons donc bien là une adaptation arabe d'un récit 
sans doute syriaque, et il ne peut être question de fiâre 
dériver de ce texte arabe aucune de nos rédactions syria- 
ques. 

Les manuscrits arabes de Paris renferment les maximes 
et allégories que nous avons désignées par les numéros 2, 
3, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 19, 20, 22, 23, 
24, 25, 82, 29, 30, 31, 32, 33, 72, 73, 74, 79, 80, 87, 
93, 83, 88, 91, 96, 97, 98, 111, 113, 114, 110, 118, 
119, 122, 123, 128, 129, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 
137, 139, 140, 142. 

Les omissions sont donc nombreuses et, h côté de bon- 
nes leçons, on en trouve de franchement mauvaises, par 
exemple : « Mon fils, tu es comme le chien qui, ayant froid, 
entra dans le poulailler pour se réchauffer. Quand il eut 
chaud, il se mit à aboyer contre les poules, mais elles le 
frappèrent et le chassèrent de peur d'être mordues par 
lui. )) Cf. supra, p. 244, n. 113. 

<( Mon fils, on disait au loup : Eloigne-toi des brebis, de 
peur que leur fumier ne t'incommode. Il répondit : Le 
reste de leur lait est salutaire pour mes yeux. » Cf. supra, 
p. 252, n. 137 1. 

1. Ajoutons ici que M. E. Nestlé a consigné dans ses Sepiuaginta 
Stuclien, t. m, p. 22-27, et t. iv, p. 9-10, Stuttgart, 1899 et 1903, de 
nombreuses notes sur le livre de Tobie ; il regrette que la collection 
de Kautzsch n'étudie pas les relations qui existent entre ïobie et 
Ahikar (p. 22) ; il note (p. 10) que l'article de Margarete Plath, cf. 
supra, p. 20, note 2 (il écrit Magareth), est d'une « weibliche Feder. > 



288 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



III 



Les papyrus araméens d'Ahikar du V^ siècle 
avant notre ère. 

Ces papyrus ont été découverts par la mission allemande 
à Eléphantine, en même temps que la requête des prêtres 
juifs à Bagohi, gouverneur de Judée, dittée de l'jin 14 de 
Darius II (408-407 avant notre ère) et déjà éditée par M, Sa- 
chau ^. Nous avons pu les voir exposés à Berlin, au nou- 
veau Musée, sous les numéros 63 et 64 ^. Ce sont des frag- 
ments d'un rouleau littéraire, de 32 à 33 centimètres 
de haut; l'écriture, presque identique à celle de la requête 
des prêtres juifs, est perpendiculaire aux fibres du papyrus. 

Le numéro 63 contient les restes de trois colonnes que 
nous numéroterons 1,2, 3, de droite à gauche ; la colonne 
1 compte dix-sept lignes, les colonnes 2 et 3 en comptent 
quinze. Ces deux dernières colonnes se suivent sans inter- 
ruption. 

Le numéro 64 contient les restes d'une colonne de quinze 
lignes. Il a été reconstitué à l'aide de vingt à vingt-cinq 
morceaux ^. 

1. Cf. Drei aramaïsche Papyrusurkundem ans Eléphantine, von- 
E. Sachau, Berlin, 1908 (Extrait des comptes-rendus de 1907 de 
l'Académie des sciences de Berlin). 

2. Nous les avons déjà fait connaître dans la Revue du Clergé fran- 
çais, 1er nov. 1908, p. 306-307. 

3. Voici la description manuscrite qui figure dans la salle d'expo- 
«ition : 

c Ans dem Achihar Roman, n. 63 enthâll dir, Erzàhlung von den 
Schicksalen des Achikar untcr den Kônigen Sanherib und Asarhad- 
don. — In n. 6i folgen seine Weisheitsspriiche Z. T. im Gewande 
der Tierfabel. Litterarische Papyrusrolle des 5 lahrh, v. Chr. » 

Déjà M. E. Sachau avait bien voulu nous écrire, à la date du 



ADDITIONS 289 

Il reste donc quatre colonnes de quinze (ou dix-sept) 
lignes plus ou moins mutilées ; d'ailleurs chaque ligne pou- 
vait compter de cinquante-cinq à cinquante-huit lettres 
(on le voit sur la colonne 2). Ces papyrus correspondent 
donc h moins du sixième de la version syriaque. 

Ahikar est mentionné au moins six fois (col. 1, lignes 14 
et 15; col. 2, lignes 7 et 14 ; col. 3, lignes 6 et 13). Ce 
nom est écrit exactement comme en syriaque, Ahikar parle 
aussi à la première personne : « Moi, je suis Ahikor, celui 
qui... » col. 1; « le roi Sennachérib m'a aimé... » col. 2, 
etc. ; il est appelé « père d'Assur », col. 2 (cL s^npra^ 
p. 195, n. 2). 

Enfin, on trouve bien Sennachérib ^ d'abord et Asarhad- 
don (Sarhédom) pins loin '-. Les papyrus ne portent donc 
pas le grossier anachronisme qui dépare tous les manus- 
crits de toutes les versions, hors les manuscrits syriaques 
B et Gj^ : ils placent Sarhédom après Sennachérib et non 
avant. 

Les mots « Nabousemak Meskin Kenothi » dont // fait 
un seul nom propre ^ [supra, p, 196, note) et que nous 



2 juin 1908, que ces papyrus remontaient, à son avis, au vc siècle 
avant notre ère et concernaient aussi bien la sagesse que l'histoire 
d'Ahikar : « Die Ahikar-Papyri sind nicht dath-t, stammen aber 
nacli meiner Ansicht aus derselben Zeit wie die iïbrigen Papyri, d. i. 
aus dem 5 lalirhunderl v'or Clir. geb. 

« Soweit ich bis j'etzt seke, beziehen sich vier Papyri auf den 
crzâlileiiden, fiinf auf den didaktischen Theil. lin Einzelnen ist nnck 
i'ieles unsicher. » 

1. Appelé « roi d'Assur », flgure col. 2, lignes 2, 3, 7; après ck 
ce nom porte ici un alef qui répond à la semi-voyelle i, au début 
de irba : Sin-ahi-irba. 

2. Mentionné col. 3, lignes 1, 2, 12, 15, sous la forme Asarl.iadon 
avec un alef en tête et un autre après le l.i, celui-ci répondant à la 
voyelle i, de iddin : Asur-ah-iddin. 

3. Il en est de même du manuscrit syriaque Gr. 

19 



290 HISTOIRE ET SAGESSE d'aHIKAR 

avons traduits, avec M. Rendel Harris, par a Nabousemak, 
le bourreau, mon ami, » semblent remplacés par i;3DDD1!23 
seul. Si notre lecture est bonne, ce mot serait la trans- 
cription araméenne exacte du nom très babylonien Na- 
bû-snm-iskun, « Nabû a établi un nom )) ou « un fils », 

Ahikar lui demande aussi : « Comme j'ai fait avec toi, 
fais aussi avec moi, ne me tue pas. » Cf. supra, p. 200, 
3-4. 

Le numéro 64 contient des sentences et des allégories 
( ou fables d'animaux) , par exemple : « J'ai levé du sable 
et j'ai porté du sel et cela ne m'a pas été plus lourd 
que ...» cf. p. 172, n. 57-58 ; puis : «J'ai levé de la paille et 
j'ai pris le joug (?) et cela ne m'a pas été léger... » « La pan- 
thère rencontra la chèvre ^ ... la panthère prit la parole 
et dit à la chèvre ... la chèvre dit à la panthère ... tu ne 
prendras pas ma peau, car ... » 

Au point de vue paléographique : les mots sont séparés 
par des espaces blancs, comme cela a lieu dans la requête 
des prêtres juifs d'Eléphantine ; de plus, à la fin des ma- 
ximes, le scribe passe à la ligne ou met parfois un signe 
en forme d'étoile. 

Ces papyrus viennent corroborer la plupart de nos 
assertions : 1^ Aucune des versions, aucun des manuscrits 
n'a conservé fidèlement la légende d'Ahikar, à plus forte 
raison aucun d'eux ne peut-il être considéré comme le re- 
présentant autorisé de son histoire. Il faut donc distinguer 
soigneusement la tradition légendaire de l'histoire primi- 
tive qui lui a donné naissance. Cf. supra, p. 116-119. Nous 
croyons que les papyrus conservés ne mentionnent pas le 



1. ' Enzâ. Ce mot porte ici, comme en assyrien enzu, un noun 
après l'aïn. On trouve aussi plus loin fobiû (cf. supra, p. 243, note 4), 
qui signifie en araméen « gazelle » ; on trouve ensuite « le cerf x, 
'ail. Ct. DalmaD, Aramàisch-neuhebidisches Wôrterbuch, Francfort, 
1901, p. 156. 



ADDITIONS 291 

voyage en Egypte ; cependant il n'est pas impossible qu'ils 
renferment déjà certains traits légendaires, caries diverses 
rédactions nous montrent que les scribes ont modifié libre- 
ment leur modèle : c'est à peine si dans les papyrus on 
trouve quelques noms, quelques mots, quelques maximes 
de nos versions modernes. La tradition a coulé dans le 
moule de l'histoire primitive des matériaux de moindre 
valeur, comme une source pétrifiante remplit de carbonate 
de chaux toutes les cellules vivantes et parfumées d'une 
rose, et les critiques qui voudraient mesurer la personna- 
lité d'Ahikar d'après sa seule manifestation légendaire, res- 
sembleraient aux chimistes qui voudraient tirer l'essence 
de rose de la seule distillation des roses changées en pierre 
par la séculaire action des eaux carbonatées. 

2" Nous tenons donc toujours qu'au vu* siècle avant 
notre ère vivait un homme puissant et sage, tour à tour 
favori du roi et proscrit, auteur de maximes morales et 
d'allégories ou paraboles. Au v* siècle avant notre ère, 
son histoire et ses maximes étaient répandues dans tout le 
monde juif, puisque les papyrus araméens trouvés au sud 
de l'Egypte, à Éléphantine,sontde cette époque. Démocrite, 
dans son voyage à Babylone, y trouvait les maximes et les 
traduisait à l'usage des Grecs. Les allégories servaient de 
modèle aux fables mises sous le nom d'Esope. Depuis lors, 
la tradition a coulé dans le moule primitif toute sorte 
d'éléments que nous avons réunis dans le présent ouvrage, 
en les faisant précéder de l'exposé des travaux et des 
recherches auxquels ils ont déjà prêté. 

F. Nau. 
Paris, 12 novembre 1908. 



TABLE ALPHABÉTIQUE 



DES MATIÈRES ET DES NOMS PROPRES (i) 



abeille, 216. 

Abestan, 10. 

Abikam, 12, 207, 212, 216-219, 232, 

Abraham, 128, 130, 

absinthe, 172 (56). 

Abul-Wafa ibn Fatik, 90, 91, 92. 

Acenchérés, 36. 

Achior, 7, 49. 

Acoris, 36. 

Adam, 245. 

agneaux, 237, 253, 284. 

Agoub (J.), 16, 17, 18, 74, 76, 88, 120 
134. 

Agur, 14. 

Ahihoud, 8. 

Ahikam, 12, 216, 217. 

Aliikar;analyse du livre, 1-2: nom pro- 
pre, passim; ses diverses formes, 
7-8. 

Al.iià, 13, 188. 

Al.iisemak, 11, 197. 

aigles, 124, 209, 213, 215, 222-225, 
250,252(136). 

aiguille, 123, 238. 

Aki, 13, iS8, 189. 

Akis, 284. 

Alexandre le Grand, 66, 90, 182-184. 

Aman, 52. 

amandier, 158 (10). 

âme, 274 (242). 

amis, 160 (17), 173 (61), 173 (64), 179 
(76), 184 (94), 260 (2), 261 (10), 
262 (30, 33), 266 (178), 268 (192), 
270 (211), 271 (221), 278 (273). 



Ammihoud, 8. 

Anaël, frère de Tobie, 8, 11, 24, 50. ' 

âne, 165, 166 (34), 240 (105), 242, 

245, 253, 254. 
Angers, 286. 

Anne (épouse de Tobie), 11, 56. 
anneau d'or, 164 (25), 184 (95), 243, 

(109), 245 (115). 
année, 227-229. 
Aphtonius, 103. 
Apophthegmes des Pères, 67, 163, 

184, 269. 
Arabes, 119, 130, 131. 
Aram, 148. 
arbres, 121, 167(39), 246(122), 247 

(126). 
Arestûlâ, 90. 
Aristote, 90, 91. 
Arphestan, 10. 
Asaph, 126, 127, 132, 133. 
Asarhaddon, 4, 5, 11, 50, 287, 289. 
Asnafar, 13. 
Asphenez, 10. 
Assémani, 16. 
Assur, 5, 145, 146, 147, 190, 195, 211, 

222, 225-227, 231, 255, 285, 289. 
Assurbanipal, 13, 38. 
Assyrie, 17, 190, 195, 204, 205, 221, 

229, 232, 
astrologues, 285. 
aumône, 59,165 (31), 253, 264(168), 

274 (247), 276 (258). 
avarice, 269 (200-201). 
aveugle, 173 (62). 



1. Les chiffres en italiques indiquent des pages où l'on trouve 
plus qu'une simple mention du nom propre correspondant. 



294 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



Babrius, 30, 31, 111, 115, 120, 121, 
124, 125, 238, 241, 242, 245-248, 
250, 253. 

Babylone, 225, 227, 232, 291. 

Bachet de Méziriac, 127, 128. 

Bagohi, 288. 

Bahira, 69. 

bain, 244 (114). 

Balaam, 128, 129. 

Baliayn, 14. 

Bâour, 128. 

Bar Bahloul, 72, 214,. 

Barsov (E. V.), 17, 

Basile (Saint), 90. 

Basset (René), 128. 

bavardage, 268 (190). 

beauté, 156 (6), 174 (65), 183_(92). 

Bedjan (P)., 78, 79. 

Beit 'Edri, 81. 

Bel, 217, 219. 

belette, 248. 

Bêliar, 13, 234-235. 

Belsim, 14, 22, 149, 220. 

Berlin, 79, 81, 133, 281, 288. 

Bianchini, 50. 

Bickell (G.), 17. 

Bidpai, 130. 

Bilelsanam, 14, 148, 149, 217. 

blé, 243 (108 110). 

Bochard, 36. 

bœuf, 166 (34), 175 (68). 

bonté, 169 (48). 

Borsippéniens, 47-48. 

Bosporéniens, 47, 48. 

Bostra, 47. 

bouc, 244 (112), 245(116). 

boucher, 245 (116). 

boucherie, 244 (112). 

boulangers, 244. 

brebis, 176, 249, 251(134), 252 (137), 
253, 286. 

Brink (V. ten)., 36. 

Brooks (E. W.), 81, 284. 

bûcherons, 247. 

Budge (W.), 78, 79. 

Burton, 15. 



Buzurgimihr, 90. 

câbles de sable, 229-230. 

cadavre, 275 (253). 

caroubes, 251. 

carthame, 122, 251 (135). 

Cassel (P.), 73. 

Caton, 103. 

Gaussin de Perceval, 10, 15, 88. 

cèdre, 250 (132). 

cerf, 289. 

charançon, 242 (108), 243. 

Charlemagne, 28, 32. 

chat, 121, 225-227, 248 (127). 

château en l'air, 204, 222-225. 

chaudron, 243 (109), 245 (115). 

Chauvin (Victor), 15, 73, 120. 

Chavis et Cazotte, 9, 15, 88. 

chêne, 151. 

Cherbonneau, 125. 

chevaux, 225-227, 239, 240. 

chèvre, 169(46), 174(68), 238 (99), 

239, 249 (129-130), 253, 289. 
chevreau, 252 (137), 284. 
chien, 124, 170 (48), 175, 240, 244 

(113), 246 (118), 255, 261 (11), 

278(269), 286. 
Cicéron, 90. 
ciel, 263 (162). 
Clément d'Alexandrie, 2, 19, 31, 32, 

35, 36, 39, 41, 110, 111, 115, 118, 

245. 
Cléobule, 228. 
Cléobuline, 228. 
colombe, 267 (187). 
Conybeare (F. C), 19, 77, 92, 93. 
Copenhague, 281. 
coq, 226-227. 
Coran, 68-70, 128-133. 
corbeau, 124, 180 (80), 246, 252. 
CorniU (C. H.), 87, 89-92, 176. 
Cosquin (E.). 20, 21, 22, 
coups, 165 (32-33), 170 (50), 179 

(54), 286 (96). 
Crésus, 126. 
Croiset (M.), 30, 126. 



TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 



295 



Cyrus, 120. 

Dabshalim, 12. 

Dalman, 289. 

Dan, 56. 

Daniel, 63-64, 135. 

Darius, 287. 

Daschian (J.), 25, 67, 93. 

Daudet (A.), 21. 

David, 90, 129, 130, 132, 256. 

Debbora, 56. 

Démocrite, 3, 4, 23, 28, 32, 33, 35, 36, 
38, 39-41, 46, 90, 110, 111, 115, 
118, 127, 135, 156, 160, 165, 169, 
170, 173, 174, 180, 245, 252, 254, 
291. 
dette (créance), 172, 268 (191), 270 
(208). 

Dieu, son rôle dans Ahikar, 5-6, 155, 
162, 163, 167 (38), 180 (81), 181 
(82), 203, 220, 228, 239 (100),' 240 
(103,104), 241,242(106), 250-251 
(134), 253 (138), 254-255, 257, 259 
(1), 260 (19), 263 (159, 161), 264 
(163, 165, 167), 265 (173), 268 
(195, 196), 269 (199, 204), 271 
(222), 273 (235), 275 (254), 276 
(258), 277(266, 267), 283. 

Dillon (E. J.), 19, 21, 109. 

dimanche, 263. 

Dinarzade, 10. 

Diogène, 90-91. 

Diogène Laerce, 46, 176. 

discorde, 177. 

discrétion, 154 (2), 155 (3), 158 (11), 
168 (40-41), 176 (70), 177 (72). 

disputes, 44, 178. 

Doualkifil, 131. 

Duval (R.), 73, 90. 

Eberhard (A.), 73, 103, 105. 
Ecclésiastique, 60-63, 115, 135. 
Edrês, 131. 
Egypte, 5, 10, 117 190,192, 203-205, 

211, 212, 214-232, 234, 289, 291. 
Élam, 5, 13,98, 188, 190. 



Éléphantine, 287, 289, 291. 

Élie, 131, 

Éliézer le Grand, 67. 

enfants, 125, 161 (19), 165 (32-33), 
167 (37, 39), 171 (53), 172 (59), 
249 (130), 254 (140-141), 264 
(166, 167), 265 (175), 266 (183), 
268 (193). 

ennemis, 163 (25), 164 (28), 180 
(79), 260 (2-3), 261 (10), 263 (158), 
266 (179), 270 (206), 273 (233). 

Ennos, 8, 30, 149,^91, 210-212, 262. 

Éphrem (Mar), 145. 

épines, 161. 

éponge, 270 (210). 

Esfagni, 9-11, 13, 80, 117, 197, 198, 
201,212,284. 

Esfegâ, 284. 

Esmoun, 14. 

Ésope, 3, 16, 29, 30, 31, 33, 103, 104, 
105, 106, 111, 115, 120, 122, 124, 
125, 126, 127, 128, 130, 131, 132, 
133, 135, 146, 149, 191, 193, 199 
204, 210- 212, 217, 219, 222, 224 
225, 227-229, 237, 238, 241, 242, 
244, 247, 248, 250, 253, 262, 281, 
291. 

Esther, 19. 

États-Unis, 285. 

Ethiopie, 218. 

Etienne de Byzance, 47. 

Eudoxe, 35. 

Eusèbe, 2, 36, 132. 

Eustathius, 128. 

Ézéchias, 110. 

Ézéchiel, 131. 

Eznik, 67. 

Fabricius, 36, 106, 110, 126, 127. 

faucon, 278 (269). 

femme querelleuse, 156 (7), 159 
(14), 163 (26), — parée et parfu- 
mée, 157 (8), 163 (26), — du pro- 
chain, 157 (9), — bavarde, 164 
(27), 167 (39), — fiançailles, 182 
(88), 183 (92), 260 (4), 261 



296 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAU 



(9), 267 (186, 189), 271 (220), 

275 (251),":276 (257). 
fer, 172 (57). 
fiel, 267 (184). 
figuier, 158 (10). 
fleuve, 181 (83), 251, 266 (182). 
fontaine, 181 (84). 
fou, 163. 

Frankenberg, 42. 
Fridmann_(M.), 109. 

Gad,'132. 

Galien,'90,';91. 

Gange, 236. 

garance, 238. 

Gaster, 28, 49,';67,'^99,'106-J<?5, 112, 

135. 
Gaultier (E.),''15-16. 
gazelle, 238, 243, 290. 
géhenne, 256. 
Gibson (D.), 285. 
Gildemeister, 91. 
Goldberg (B.), 132. 
Gottheil (R.), 69. 
gourmandise, 271'(215). 
Graffin (Mgr), 282. 
Grecs, 119, 130, 133,'291. 
Grégoire (Saint), 90. 

Habicht, 15. 

Hagen, 21. 

Halévy (J.), 9,^13,^23, 24, 47, 159, 

188, 197. 
Hamsélim, 13, 188. 
Hanley, 15. 
Harles, 127. 
Harper, 8, 12. 
Harward University, 285. 
Hasbadana, 10. 
Héber, 129. 
Héliopolis, 227, 228. 
Henning, 15. 
Hénoch, 131. 
Héraclius, 90. 

Herbelot (d'), 128, 130,^131. 
Hermès, 90, 91, 197. 



Hermippos, 12, 193, 197, 199, 206. 
Hérode, 114, 
Hérodote, 126. 
Heumann, 126, 127. 
Hippocrate, 90-91. 
Hiram, 204. 

hirondelle, 121, 247, 248 (127). 
Hochfeld (S.), 132. 
Hoffmann (G.), 16, 17, 78. 
Hoffmann (S. F. G.), 106. 
Honein ibn Isl.iaq, 70, 90, 91, 92. 
hospitalité, 262 (31). 

Houd, 129. 

Houday, 14. 

lagic (V.), 17, 20, 98, 99, 106, 109. 

idoles (dieux), 147, 148, 149, 183, 206 
247 (124), 281, 282, 283. 

Ignace le diacre, 238, 248, 250. 

impies, 159 (15), 164 (29). 

insensés (hommes), 159 (12), 162 
(24), 164(30), 166 (36),170 (50- 
51), 172 (60), 180 (80), 184 (93, 
95), 267 (188), 274 (241), 278 
(272, 275). 

Isaïe, 131. 

Ithiel, 14. 

ivrogne, 269 (202), 270 (205,207), 
273 (237). 

Jacques"d'Édesse, 145. 

James, 64, 65. 

Jean bar Aphthonia, 80. 

Jéroboam, 56. 

Jérôme (Saint), 7, 14, 49. 

Jérusalem, 129. 

Jésus, fils de Sirach, 1, 111. 

jeûne, 265 (173). 

jeunes gens, 160 (16, 18), 265 (171). 

Job, 128. 

Johns,l8, 9, 11, 12, 13, 14. 

Jonas, 57. 

Josèphe (Flavius), 48, 204, 229. 

Josippos, 132. 

Josua ben Chanania, 66. 

Josué, 131. 



TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 



297 



Judas, 256. 
Judée, 288. 
juges, 179 (77-78), 265 (172), 266 

(179), 271 (218), 274 (246). 
justes (hommes), 159 (13), 164 (29), 

274 (248)). 
justice, 169(47), 177(73), 178 (74), 

179 (77-78), 236 (97), 264 (164). 

Kai-Kaos, 204. 
Kasri, 90. 
Kautzsch, 287. 
Kersis, 90. 
Khoud, 131. 
Knunst, 91. 
Koch, 25. 

Krumbacher, (K.), 103. 
Kuhn (E.), 17. 
Kurdistan, 282. 

La Fontaine, 19, 75-76, 120, 123, 124, 

125, 130, 228, 237, 241, 244, 250. 
Land (J. P. N.), 42-45, 175, 254. 
Landsberger, 132. 
langue, 173 (63), 176 (71), 260 (5), 

274 (247). 
Lazare de Pharbe, 68. 
Lefebvre (Gustave), 42. 
Leroy (L.) 286. 
Lévi (Israël), 183. 
Lévy (J.), 113,114,161. 
Lewis (A. S.), 19, 77, 286. 
Libowitz (N. S), 109. 
Lidzbarski (M.), 18, 79, 82, 86, 87, 88, 

188, 196, 199, 213, 228. 
lion, 123, 175 (68), 179 (78), 240 

(105), 242, 247 (124), 248. 
livres, 275 (249). 
Loqman, 3, 68-72, 91, 92,120,121, 

122, 123, 124, 125, 126,127,128, 

129, 130, 131, 132, 133, 135, 237. 
loup, 123, 169 (46), 237, 241, 246 

(118), 248-249 (129), 252 (137), 

253, 284, 287. 
Lyceros, 127, 146, 191, 204, 206, 219, 

222, 225, 227, 232, 233. 



Macchabées, 114. 

Macmillan, 38. 

Mahomet, 69, 129, 130, 132. 

Mai", 50. 

maison, 263, 264 (168). 

maître, 277 (263, 264), 278 (269). 

Manassé, 53. 

Manéthon, 36. 

Manzifar, 13, 200. 

Marc (P.), 24. 

Marcel (J.-J.), 130: 

Mardochée, 52. 

Margoliouth, (G.), 81, 88. 

Marie de France, 74. 

Martin (abbé François), 7, 37. 

Massel (J.), 19, 109, 112, 113. 

Mediafar, 284. 

médisants, 262 (13), 263 (158), 264 

(169), 276 (256). 
Meissner (B.), 7, 17, 18, 19, 49, 79, 

145, 169, 173, 188, 197, 204, 213, 

225, 228, 229, 231. 
Ménage, 36. 
Ménandre, 3, 4, 35, 41-46, 110, 115, 

135, 175, 180, 181, 254. 
mensonge, 182 (87), 266 (177), 269 

(199, 200), 270 (209), 276 (257). 
mer, 161. 
meule, 231. 
Michaud, 131. 
Millot (Pierre), 127. 
Moïse, 46, 47. 
mort ; s'en souvenir: 161 (21), 174 

(66), 177 (73), 182 (86). 
Mossoul, 81. 
mouches, 216, 246. 
moutons, 249, 253. 
MûUer (Fr.), 238. 
Millier (J.), 29. 
mûrier, 158 (10). 

Muss-Arnolt, 12. j 

myrrhe, 172 (56). 

Nabouel, 13, 213, 234. 
Naboul.iaîl, 12, 213. 



298 



HISTOIRE ET SAGESSE d'ahIKAR 



Nabousemak, 11, 34, 80, 196-201 
203, 207-209, 212, 233, 234, 289. 

Nabouzardan, 9, 11, 187. 

Nabuchodonosor, 63, 64. 

Nachor, 128. 

Nadan, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8-9, 10, 11, 26, 
27, 30, 49, 52, 55, 57, 58, 64, 65, 81, 
118, 145, 149, 150, 151, 152, 153, 
154, 185-195, 202, 206, 232-237, 
251, 255-257, 286. 

Nalon, 13, 98. 

Nathan, 132. 

navire, 161. 

Nectanébo, 105, 127, 204, 216, 219, 
221, 222, 225, 232. 

Négubil, 234. 

Nephtali, 24, 56. 

Nesrin (plaine de) ou des aigles, 5, 98, 
190, 192, 194. 

Nestlé (E.), 286. 

Ninive, 5, 145, 146, 147, 190, 191, 
195, 204, 211, 215, 216, 221, 225, 
226, 231, 255. 

Nisan, 218, 219, 220. 

noix de Galle, 267. 

obéissance, 154 (1). 
œil, 181 (84), 246 (120). 
onagre, 164 (27). 
Origène, 48. 
Osiris, 237. 
Oubâîl, 12, 214. 
Ourmiah, 81, 285. 

paille, 289. 

palmier, 122, 210, 251 (135), 252, 

284. 
panthère, 290. 
papyrus d'Ahikar, 288-291. 
paresse, 246 (119-120). 
Parthes, 11, 119, 197, 198, 200, 284. 
passereau, 124, 125, 166 (36), 175 

(68), 176, 241, 242. 
patience, 269 (197). 
Pauly et Wissowa, 48. 
pauvre, 162 (22), 172 (55-56), 173 



(61), 174 (68), 265 (174), 267 

(185), 271 (214), 273 (231), 275 

(250). 
pauvreté, 267. 
Payne Smith, 150, 214, 234. 
péchés, 257-258, 267 (184). 
perdrix, 243, 244 (111). 
Pei-se, 5, 117, 119, 188, 190, 198. 
Petrus Alfonsus, 129. 
Pharaon, 1, 3, 5, 190, 192, 195, 203, 

205, 211, 214, 216, 220, 221-224, 

231, 234. 
Phèdre, 237, 241, 250. 
Philémon, 45-46 

piège, 124, 241-242, 244 (111), 256. 
Planude (Maxime), 8, 103-105, 127, 

134. 
Plath, (M.), 20, 286. 
Platon, 90, 91, 126. 
pleurs, 174 (67). 
plomb, 172 (57), 266 (177), 267 

(184). 
Plutarque, 126, 245. 
pondération, 156 (5), 158 (10), 178 

(75). 
Pongerville (de), 16. 
porc, 239 (102), 240, 244 (114), 251 

(134). 
Poseidonios, 30. 
potiers, 244 (113). 
poulailler, 287. 
poules, 286. 
Pourrai, 15. 
prévoyance, 160 (17), 161 (19-21), 

167 (38). 
prière, 265 (173), 276 (258). 
prochain, 126, 162 (23), 170(49), 176 

(70), 239 (101), 266 (179), 269 

(198, 203), 271 (217), 273 (232), 

278 (268, 271, 274), 280 (284). 
Procida (Jean), 91. 
Ptolémée, 90, 91. 
puissant, 168 (40-43), 171 (52), 

177 (72-73), 180 (79), 181 (83), 

268 (195), 272 (223), 277 (262). 
Pythagore, 35, 90, 91. 



TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 



299 



Qennesré, 80. 
Qennesrin, 192. 

querelles, 156 (7), 159 (14), 163 (26), 
177 (73), 182 (85-86). 

Ramlah, 129. 

Ranke, 8. 

Régnier (Henri), 20. 

Reinach (Th.), 22, 23, 47, 52. 

Renan (E.), 52,110. 

Renard, 175 (68). 

Rendel Harris (J.), 12, 14, 19, 20, 34, 

54, 55, 65, 68, 96, 80, 81, 111, 113, 

128, 129, 132, 133, 134, 196, 239, 

243, 245, 285, 289. 
repas, 171 (54), 174 (67), 260 (25), 

271 (221), 272 (225, 226, 227), 

273 (238, 239), 279 (276, 277, 278, 

279), 280 (283). 
retenue, 156 (4), 158 (10), 162 (23), 

168 (40-41, 43), 177 (72), 178 

(74), 260 (5), 265 (176). 
riche, 161 (22), 172 (55), 173 (64), 

174 (68), 265 (174), 275 (250). 
roi, 259 (1), 266 (179). 
Roquefort (B. de), 74. 
Roth (K. L.), 129, 132. 
Rynucius, 104, 106, 134, 259. 

Saba (reine de), 3, 204. 

Sabatier (P.), 50. 

sable, 289. 

sac, 280 (285). 

Sachau, 18, 33, 79. 81, 82, 133, 288. 

sacrifices, 263 (159). 

sages (hommes), 159 (12, 1.5), 160 
(16, 18), 164 (30), 168 (40), 170 
(50-51), 172 (55), 180 (80), 184 
(93), 267 (188), 271 (216), 274 
(240), 277 (267), 278 (270, 272, 
275), 279 (282). 

!^ah le sage, 13, 188. 

Salekh, 131. 

Salhani, 17, 82, 86, 88. 

Salmanazar IV, 11. 



Salomon, 1, 2, 3, 90, 111, 126, 127, 
129, 204. 

Samin, 14, 22, 149. 

Samson, 275J251). 

Sargon, 11. 

Sarl.iédom, 1, 3, 4, 5, 8, 9, 34, 38, 50- 
51, 63, 67, 117, 118, 146, 147, 150, 
152, 189, 190, 192, 196, 197, 200, 

203, 204-206, 219, 220, 221, 225, 
232, 282, 289. 

Satans, 6, 167 (38), 170 (49). 

Schahrastani, 32, 170, 176. 

Schariar, 10. 

Schéhérazade, 10. 

Scher, (Mgr), 282. 

Schrader, 13. 

Schiirer (E.), 24, 26, 52. 

Schwab (Moyse), 66, 67. 

scorpion, 123, 237, 238. 

Sechnuphis, 35. 

Séert, 282. 

sel, 172 (58), 267 (184), 290. 

semeur, 243. 

Senifar, 13. 

Sennachérib, 1, 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 
34, 50, 67, 81, 110, 118, 145, 146, 
147, 148, 150, 152, 186, 188, 189, 
190, 194, 196, 197, 200, 201, 203, 

204, 211, 216, 217, 220, 232, 233, 
234, 255, 257, 281, 282, 285, 289. 

serpents, 123, 161 (22), 248-249 (129). 
serviteurs, 166 (35), 169 (44-45), 

171 (53), 261 (7), 271 (212). 
Sextus, 90. 
Sibylle (la), 26. 
Siéger (J.), 20. 
silence, 45. 
Simil, 14, 22, 149. 
Simonide, 90. 
Sindbad, 120. 
Singer (I.), 56. 

Si^ (montagne de), 5, 192, 284. 
Smend (Rudolf), 29-34, 120, 121, 150, 

152, 162, 167, 169, 170, 176, 184, 

227, 238, 242, 244, 245-248, 252, 

253, 263. 



300 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



Sôaip, 131. 

Socrate, 90, 91, 111, 126, 173, 176. 

Sol.iou, 284. 

Soles, 90. 

Solon, 173, 176. 

spiculator, 233, 284. : 

Steinschneider (M.), 90, 91, 92. 

Stobée, 32, 39, 41. 

Strabon, 19, 30, 32, 46-48, 110, 115, 

118, 119. 
Studemund, 48. 
Suchomlinov, 99. 
sumac des corroyeurs, 238 (99). 
Syntipas, 73, 99, 119, 120, 132. 

Tabari, 204. 

Tabêl, 213. 

Tallquist, 9, 10, 18. 

Talmud, 66, 67, 109, 161, 172, 184, 
225, 229, 231, 241. 

Targum, 112, 115. 

taupe, 124, 250 (134). 

taureau, 125, 242. 

Tebsâloum, 12, 213, 214. 

Thareh, 128. 

Thémistius, 90. 

Théophraste, 23, 46. 

Tignonville (Guillaume de), 70, 91. 

tigre, 237. 

Tobie, 3, 4, 5, 9, 11, 16, 17, 19, 20, 21, 
22, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 
34, 48, 49-59, 118, 135, 287. 

Tobiel, 11. 

Torrès (J. F.), 106. 

tour, 250 (133). 



Trêves, 48. 
Tzalet, 131. 

Ucal, 14. 

vautour, 252 (136). 

vérité, 269 (199). 

vêtement, 182 (89). 

Vetter (P.), 8, 25, 26 31, 66, 68, 82, 

89, 93, 94, 109, 111, 112-115, 161, 

181, 198, 229, 241, 263. 
veuve, 265 (170). 
vieillard, 180 (79), 268 (195). 
Vigoureux (F.), 27, 49, 50. 
vin, 159 (12-14), 268 (190), 269 

(204), 270 (207). 
vipère, 161. 

vol, 182 (87), 268 (194), 276 (257). 
voyage, 161 (21), 167 (38), 272 

(224), 279 (280, 281). 

Walton, 51. 

Westermann (A.), 104, 105, 134, 259. 

Windisch, 228. 

Xerxès, 13, 188. 

Zacharie, 131. 

Zéfagnie,v. Esfagni, 148, 187, 189, 

i 197, 199, 206, 207, 216, 224, 233, 

257. 
Zenon, 176. 
Zimmern, 14. 
Zotenberg, 91. 



TABLE DES PASSAGES DE LA BIBLE 



I. ANCIEN TESTAMENT 



Ahikar 

Genèse, ii, 24 267 

Exode, XXI, 17 167 

XXXI, 6 11, 197 

XXXV, 34 11, 197 

Nombres, v, 21, 22, 27 256 

XXII, 5 128 

XXIV, 3 128 

Deutér., vi, 16 167 

Juges, IX, 8-15 2 

XIV, 12-14 3 

XVI 275 

I Samuel, ii, 35 152 

VIII, 11 152 

XXI, 11 13, 188 

XXVII, 2 13, 188 

II Samuel, xn, 1-4 2 

XV, 1 152 

I Rois, I, 5 152 

I, 31 151 

VIII, 41-43 23 

X, 1 3 

II Rois, XXV, 8 9, 187 

XXV, 22 12, 216 

XXV, 26 207 

II Paralipomènes, ix, 1 3, 204 

Esdras, iv, 7 213 

IV, 8-9 150 

IV, 10 13, 200 

IV, 17 150 

IV, 23 150 

Néhémie, ii, 3 151 ' 



Al.uka 
Tobie, t, 1 56, 57 

I. 4 22, 56 

I. 8 56 

I. 11 22, 59 

I, 20 56, 59 

ï. 21-22 50, 55 

i, 22 4, 22 

I, 24 .'..5 

II, 10 52, 55 

H, 11 5 

", 14 59 

I", 1 56, 57 

m, 2-6 58 

III, 7 56 

IV, 2 58, 154 

IV, 3 57 

IV, 4-19 55, 57 

IV, 13 58 

IV, 14 58 

IV, 16 58, 269 

IV, 18-19 58 

VI, 6 29 

X, 10 22 

XI, 17-18 52, 55 

XI, 18 22 

XI, 20 5, 49 

XII, 7 177 

XII, 9 58 

XII, 11 177 

XIII 58 

XIV, 3 5, 57 



302 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



Al.likar 

Tobie, XIV, 4 54 

XIV, 6 59 

XIV, 8 57 

XIV, 10 22, 53 

55, 59, 236, 253. 

XIV, 10-11 23 

XIV, 11 57, 59 

XIV, 14 59 

XIV, 15 54 

Job, XXXI, 9-11 157 

XXXI, 22 246 

Psaumes, vu, 16 256 

cxxvii, 3-5 167 

cxxviii, 3-4 167 

CXLI, 5 184 

Proverbes, i, 6 204 

v, 3-5 157 

VI, 1-3 270 

VI, 3 179 

VII, 25-26 157 

VII, 25-29 183 

X, 2 59 

XI, 4 59 

XI, 13 176 

XIII, 20 160 

XXII, 1 174 

XXIII, 12 165 

XXIII, 14 165 

XXIV, 17 163 

XXV, 9-10 154 

XXV, 17 184 

XXV, 22 154 

XXVI, 4 160 

XXVI, 17 182 

XXVI, 27 256 

XXVII, 3 172 

XXVII, 10 174 

XXVII, 14 179 

XXVII, 20 181, 184 

XXVII, 22 180 

XXX, 15 14 

XXX, 17 246 

XXX, 24 14 

Ecclésiaste, i, 8 181 

IV, 2 174 



Al.likar 

Ecclésiaste, iv, 6-8 272, 276 

IV, 13 175, 277 

IV, 27 163 

VI, 1-4 272 

VI, 9 175 

VII, 2 173,174 

VII, 2-4 171 

VII, 6 158, 184, 278 

IX, 4 175 

IX, 13-16 277 

IX, 15-16 161, 207 

X, 8 25G 

Cantique, m, 7 21 

VI, 7 23, 147 

Ecclésiastique, m, 6 167 

III, 9 167 

IV, 7 60, 180 

IV, 32 60, 181 

IV, 33 60 

IV, 34 156 

V, 17 60 

VI, 5 163 

VI, 7 60, 160 

VI, 7, 11 266 

VI, 14 60,262 

VI, 24 60, 154 

VII, 2 159 

VII, 25 61, 165 

VIII, 1 61, 171, 177 

VIII, 2 178 

VIII, 7 180 

VIII, 8 61 

VIII, 15 162 

VIII, 17 178 

IX, 8 157 

IX, 8-9 61, 164, 183 

IX, 11 164 

IX, 14 61, 179 

IX, 16 172 

IX, 18 179 

XI, 30 265 

XII, 2 165 

XIII, 21-23 172 

XIII, 32 182 

XIV, 9 181, 184 



TABLE DES PASSAGES DS LA BIBLE 



303 



Al.iikar 

Ecclésiastique, xyi, 24-25 154 

xvni, 22, 24 263 

XIX, 8-10 176 

XIX, 26-27 61, 182 

XX, 18 176 

xxii, 7 180 

XXII, 14-16 170 

XXII, 17-18 172 

xxii, 26-27 62, 176 

XXIII, 5 157 

XXV, 29-30 261 

XXV, 23 159 

XXVI, 12 157 

XXVII, 17 62, 176 

XXVII, 24 176 

XXVII, 28 62 

XXVII, 29 256 

XXVIII, 30 173 

XXX, 11-12 165, 171 

XXX, 13 165 

XXX, 17 62, 174 

XXXII, 9-12 156 

XXXIII, 20 261 

XXXIV, 16 162 

XL, 21 169 

XL, 32 243 

XLi, 3-4 174 

XLi, 15-16 156, 173, 174 



Al.iikar 

Ecclésiastique xli, 16 62 

XLi, 27 62, 157 

xlii, 1 63 

Isaïe, VII, G 213 

XXVII, 4 161 

Lvi, 6-7 23 

Jérémie, i, 11-12 158 

XXXIX, 9 9, 187 

XXXIX, 14 12, 216 

XL, 5 12, 216 

LU, 12 9, 187 

Daniel, ii, 1 80 

II, 2 63, 205 

II, 3 80 

II, 4 63, 151 

11,11 63, 208 

m, 63, 151 

III, 10 80 

IV, 4 63, 80, 205 

ivi30 64, 209 

V, 7 63, 205 

v' 10 63, 151 

V, 16 63, 208 

VI, 6 63, 151 

VI, 18 80 

VI, 21 63, 151 

XI, 45 80, 147 

Jonas, m, 6 206 



II. NOUVEAU TESTAMENT 



Al.iikar 

Matthieu, v, 38-48 164 

VII, 12 269 

XIX, 5 267 

XXIV, 48-51 64-65 

XXV, 21-23 168 

XXV, 24, 30 243 

XXVII, 5 256 

Luc, VI, 31 269 

XII, 45-46 64-65 



Al.iikar 

Luc, XIII, 6-9 66, 251 

XV, 15, 19 251 

XXI, 2-4 174 

Actes, 1,18 256 

Romains, xii, 21 178 

I Corinthiens, v, 11 159, 162 

Ephésiens, v, 28-31 267 

II Timothée, iv, 17 181 

Il Pierre, ii, 22 66, 244 



TABLE DES PASSAGES DES APOCRYPHES 



Al.nkar 

Didachè, m, 3 157 

Jubilés, I, 20 234 

Testaments des douze patriarches, 
234,235 



Al.iikar 

Ascension d'Isaïe,i, 8, 9 235 

11,1 235 

III, 11 235 

Livres sibyllins, 235 



TABLE ANALYTIQUE 



INTRODUCTION 



Chapitre I. Analyse du livre 1 

Chapitre II. Enseignements et doctrines de l'Histoire d'Ahikar 3 

§ 1. Histoire et géographie 4 

§ 2. Dieu 5 

§ 3. Eschatologie 6 

§ 4. Préceptes moraux 6 

§ 5. Noms propres 7 

Chapitre III. Le problème littéraire 15 

§ 1. Al.iikar dans la littérature moderne 15 

§ 2. Al.iikar dans Démocrite, Ménandre et l'ancienne littéra- 
ture grecque 35 

§ 3. Al.iikar et l'Ancien Testament 49 

a) Livre de Tobie 49 

b) Ecclésiastique 60 

c) Al.iikar et Daniel 63 

§ 4. Ai.iikar et le Nouveau Testament 64 

§ 5. Al.iikar et le Talmud 66 

§ 6. Ahikar dans les littératures orientales 67 

Chapitre IV. Les versions de l'Histoire d'Ahikar 74 

§ 1. Traducteurs et copistes 74 

§ 2. La version syriaque 78 

§ 3. La version néo-syriaque 86 

§ 4, Les versions arabes 87 

§ 5. La version éthiopienne 89 

§ 6. La version arménienne 92 

§ 7. La version slave 98 

§ 8. La version grecque 102 

§ 9. La version roumaine 106 

§ 10. La version hébraïque de Joseph Massel 109 

20 



306 



HISTOIRE ET SAGESSE D AHIKAR 



Chapitre V. Le texte original de l'Histoire d'Aiùkar 110 

§ 1. Langue du premier écrit 110 

§ 2. Contenu du premier écrit 111 

§ 3. Les prétendus néo-hébraïsmes de la version syriaque. . . . 112 

§ 4. Transmission du texte original 116 

1° Historicité des versions conservées 116 

2° Historicité de l'écrit araméen original 118 

Chapitre VL Aliikar et les fabulistes 119 

Chapitre VIL But du présent travail 133 

Bibliographie 137 



HISTOIRE ET SAGESSE D'AHIKAR 



Introduction 145 

Chapitre I. Al.ukar demande un fils 146 

Chapitre IL Al.iikar adopte Nadan et le choisit pour son successeur. . . . 150 

Chapitre III. Sagesse, doctrine et proverbes qu'AMkar enseigna à Na- 
dan, fils de sa sœur 154 

Chapitre IV. Ahikar arrêta ici les sages paroles qu'il adressait à Nadan; 
ensuite Ahikar montra au roi tout ce qu'avait fait Nadan contre ses 

possessions et ses biens 185 

Chapitre V. De ce qu'Al.iikar prit le frère de Nadan pour l'élever 187 

Chapitre VI. De ce que Nadan écrivit à son père Ahikar au nom du roi. 191 

Chapitre VIL De ce'que Nadan donna au roi une lettre qu'il écrivit au 

nom d'Al.iikar 193 

Chapitre VIII. Réponse de Nadan au roi au sujet d'AMkar 193 

Chapitre IX. De ce que Nadan alla en ambassade près d'AMkar son 

père 193 

Chapitre X. Ahikar annonce sa condamnation à Esfagni sa femme. . 197 

Chapitre XL De ce que Esfagni, femme d'Ahikar, sortit au-devant de 

lui 198 

Chapitre XII. De ce que Ahikar demanda à Nabousemak de ne pas 

être mis à mort 199 

Chapitre XIIL Ahikar le scribe fut caché 201 



TABLE ANALYTIQUE 307 

Chapitre XIV. Que le roi ordonna à Nadan de me faire des funérailles et 

un deuil 202 

Chapitre XV. Prière qu'AMkar adressa à Dieu 202 

Chapitre XVI. Lettre que Pharaon, roi d'Egypte, envoya à Sarhédom, 

roi d'Assur et de Ninive 203 

Chapitre XVII. Que le roi Sarhédom réunit tous les principaux de son 

royaume et leur fit connaître le lettre de Pharaon 205 

Chapitre XVIII. Qu'on appela Nadan devant le roi et il entendit sa 

voix 206 

Chapitre XIX. Que Nabousemak cherche à faire connaître au roi ce qui 

concerne Aliikar, le scribe 207 

Chapitre XX. Que Nabousemak délivra Ahikar, le scribe 209 

Chapitre XXI. Que Nabousemak conduisit Ahikar au roi 209 

Chapitre XXII. Ai.ukar répond au roi 210 

Chapitre XXIII. Lorsque AMkar vint près du roi après sa sortie du 
cachot où il avait été enfermé, le roi lui fit connaître la lettre envoyée 

parle roi d'Egypte 211 

Chapitre XXIV. Ahikar répond au roi 211 

Chapitre XXV. Ahikar écrit une lettre à Esfagni, sa femme 212 

Chapitre XXVI. Départ pour l'Egypte 214 

Chapitre XXVII. Entrée d'Ahikar en Egypte avec les messagers de Pha- 
raon, roi d'Egypte 216 

Chapitre XXVIII. Ahikar répond à Pharaon 219 

Chapitre XXIX. Pharaon demande à Ahikar quel est son nom 220 

Chapitre XXX. Ahikar écrit la parole que lui demandait Pharaon. . . . 221 

Chapitre XXXI. Ahikar quitte l'Egypte et revient près de Sarhédom, 

roi de Ninive et d'Assur 231 

Chapitre XXXII. Ahikar revient d'Egypte et va près du roi qui le reçoit 

avec honneur 232 

Chapitre XXXIII. Suite de la sagesse d'Ahikar X236 

Chapitre XXXIV. Mort de Nadan 256 

Chapitre XXXV. Épilogue 257 

APPENDICE 

I. Maximes de la rédaction grecque 259 

II. Maximes de la version arménienne qui ne figurent ni dans le syriaque 

ni dans l'arabe 263 



308 HISTOIHE ET SAGESSE d'aHIKAR 

III. Maximes de la version slave qui ne figurent ni dans le syriaque ni 
dans l'arabe ni dans l'arménien 270 

IV. Maximes de la version roumaine auxquelles M. Gaster n'a pas trouvé 

de parallèles dans la version slave 277 

ADDITIONS 

I. Nouveaux manuscrits syriaques 281 

II. Les manuscrits arabes de Paris 286 

III. IjCs papyrus araméens du v« siècle avant notre ère 288 

Table alphabétique des matières 293 

Table des passages de la Bible 301 

Table analytique 305 




Imp. M.-R. Leroy, 185 rue de Vanves. Paris. 



308 



Hi: 



III. Maximes de la ver 
dans l'arabe ni d£ 

IV. Maximes de la vers 

de parallèles dans 



I. Nouveaux manuscri 

II. Les manuscrits ara 

III. Les papyrus aram 



Table alphabétique de; 
Table des passages de '. 
Table analytique 




Imp. 



LETOUZEY ET ANÉ, Éditeurs 

76 BIS, RUE DES SAINTS-PÈRES, PARIS 

LE LIVRE D'HÉNOGH 

TRADUIT SUR LE TEXTE ÉTHIOPIEN 

AVEC INTRODUCTION ET NOTES 

Par François MARTIN 

Professeur de langues sémitiques à l'Institut catholique de Paris. 

Beau vol. in-8 de clii-320 pag. — Prix : 7 fr. 50 



L'introduction.,, est très développée... Les nombreux problèmes que 
soulèvent sa composition primitive et sa teneur actuelle sont examinés et 
discutés avec un soin minutieux. La traduction mérite les mêmes éloges 
que l'introduction. Les nombreuses notes fournissent surtout les explica- 
tions nécessaires à l'intelligence du texte traduit. M. Martin a utilisé et 
discuté les recherches de ses devanciers ; il y a joint ses observations per- 
sonnelles. Assyriologue distingué, il a relevé maints passages dans les- 
quels se trahit l'influence de la littérature assyrio-babylonienne .. Pré- 
.'icnté dans un ensemible aussi parfait, le Livre d'Hénoch forme une publi- 
. cation commode et utile pour les théologiens. Il mérite de servir de modèle 
pour les autres Apocryphes de la collection. 

RuBENS DuvAL {Journal asiatique). 

V II serait difficile d'imaginer une édition plus soignée et plus complète 
d'un ancien document. Du commencement à la fin, les méthodes les meil- 
leures et les plus récentes de critique littéraire et historique sont appliquées 
aux sujets les plus variés. Aucun témoignage n'a été ignoré par le savant 
éditeur. Désormais^ sans être peut-être définitive, l'édition du Livre d'Hé- 
nock de Fr. Marlin est décidément la meilleure publiée jusqu'à présent, 

Francis Gigot {The New York Reuiew). 

Tout est traité avec soin, érudition, esprit critique... l'éditeur nous a déjà 
dit expressément qu'il n'a pas prétendu épuiser le sujet. Nous n'avons pas à 
le juger sur ce qu'il aurait pu faire ... Ce qu'il a fait est très bien fait. .. Sa 
publication est un grand service rendu, et un véritable titre d'honneur 
pour l'Institut catholique de Paris. 

R. P. LA.GRANGE [Rei'ue biblique). 

Nous applaudissons de tout cœur à l'initiative de l'éditeur et de l'auteur 
et nous conseillons la lecture du volume à tous ceux qui aiment à connaître 
sur le vif les caractères des espérances messianiques au temps de Jésus- 
Christ et désirent se faire une idée des diverses influences doctrinales 
où s'est mûrie la première pensée chrétienne. 

Rii>ista storico-critica délie scienza theologiche (Rome). 

Letravail de Fr. Martin est, malgré le contenu si ^arié de la compilation 
(de Uénoch), aussi approfondi que compréhensif. C'est un témoignage 
éclatant de l'état de la science critique catholique en France. 

Tkeologische Revue. 

n'ouvrage en question de l'érudit catholique François Martin est un 
commencement bien léussi, conforme aux méthodes et aux besoins du 
temps.. . 

VoLZ {Theolog. Jahrosbrichi). 



Imp. Leroy, 183, rue de Vanves. 



APR 2 6 1983 



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