INTRODUCTION À HÉBREUX

11/06/2022 00:10

JOUR 223 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT

HÉBREUX

 
INTRODUCTION À HÉBREUX
 

L’épître aux Hébreux

Titre

Lorsque les livres du N.T. ont été rassemblés pour former un seul corpus, peu après le Ier siècle de notre ère, des titres ont été ajoutés pour des raisons de commodité. Le titre de cette épître vient de l’intitulé grec traditionnel (« aux Hébreux ») attesté au moins au IIe siècle apr. J.-C. Toutefois, l’épître elle-même ne précise pas quels sont ses destinataires, s’ils sont hébreux (juifs) ou païens. Si son titre traditionnel a pu être maintenu, c’est en raison de ses nombreuses allusions à l’histoire et à la religion hébraïques, mais aussi de son absence totale d’intérêt pour les pratiques et conceptions païennes.

Auteur et date

L’auteur de l’épître aux Hébreux est inconnu. Différents spécialistes ont proposé Paul, Barnabas, Silas, Apollos, Luc, Philippe, Priscille, Aquilas ou encore Clément de Rome. Mais le style, le vocabulaire et les diverses caractéristiques littéraires de l’épître ne permettent pas de trancher. Il est significatif que l’auteur se range lui-même parmi ceux qui ont reçu une confirmation du message de Christ par le biais de tiers (#Hé 2:3). Cela semble exclure un homme comme Paul, qui affirmait avoir reçu une telle confirmation directement de Dieu et non des hommes (#Ga 1:12). En outre, l’auteur préfère citer l’A.T. à partir de la version grecque (LXX), plutôt qu’à partir du texte hébreu. Même l’Eglise ancienne ne se montrait pas unanime sur son identité, et les commentateurs modernes admettent que l’énigme n’a toujours pas de solution. Il paraît préférable d’accepter l’anonymat de cette épître. En dernier ressort, bien entendu, c’est au Saint-Esprit que nous devons le contenu de ce livre (#2P 1:21).

L’utilisation du présent en #Hé 5:1-4 ; #Hé 7:21, #Hé 7:23, #Hé 7:27-28 ; #Hé 8:3-5, #Hé 8:13 ; #Hé 9:6-9, #Hé 9:13, #Hé 9:25 ; #Hé 10:1, #Hé 10:3-4, #Hé 10:8, #Hé 10:11 et #Hé 13:10-11 suggère que le sacerdoce lévitique et les sacrifices étaient toujours en fonction lorsque l’épître a été rédigée. Puisque le temple a été détruit par le général (et futur empereur) romain Titus en l’an 70, elle a dû être écrite avant cette date. Il faut aussi noter que Timothée venait d’être relâché de prison (#Hé 13:23) et que la persécution s’était renforcée (#Hé 10:32-39 ; #Hé 12:4 ; #Hé 13:3). Ces détails permettent de supposer que l’épître date de 67 à 69 apr. J.-C.

Contexte et arrière-plan

L’accent évident mis sur le sacerdoce lévitique et sur les sacrifices ainsi que l’absence totale d’allusion au milieu païen fournissent un solide appui à la thèse qui veut que cette épître s’adressait à une communauté juive. Beaucoup de ses destinataires s’étaient convertis à Christ, mais plusieurs autres n’avaient pas encore fait ce pas, attirés par le message du salut mais pas encore pleinement engagés dans la foi en Christ (voir les questions d’interprétation). Une chose est claire: la communauté hébraïque était confrontée à la menace grandissante de la persécution (#Hé 10:32-39 ; #Hé 12:4). Face à un tel danger, certains étaient tentés de cacher leur appartenance à Christ. Ils réfléchissaient peut-être à rétrograder Christ du rang de Fils de Dieu à celui d’un ange. La communauté de Qumrân, près de la mer Morte, était déjà allée dans une direction similaire: ces Juifs qui vivaient dans l’attente messianique s’étaient retirés de la société et avaient établi une communauté religieuse qui intégrait l’adoration des anges à un judaïsme non orthodoxe. Ils affirmaient même que l’archange Michel avait un statut supérieur à celui du Messie à venir. L’existence de telles aberrations doctrinales pourrait expliquer l’insistance du chapitre 1 sur la supériorité de Christ par rapport aux anges.

Les destinataires de cette épître peuvent s’être trouvés dans la région d’Israël, en Egypte, en Italie, en Asie Mineure ou en Grèce. La communauté à laquelle s’adressait premièrement cette lettre a pu ensuite la faire circuler auprès des croyants d’origine juive des Eglises et des régions voisines. Ces chrétiens n’avaient probablement pas vu Christ personnellement. Apparemment ils avaient été évangélisés par ceux qui l’avaient « entendu » et dont le ministère avait été authentifié « par des signes, des prodiges, et divers miracles » (#Hé 2:3-4). C’est ainsi que les destinataires de l’épître pouvaient être membres d’une Eglise située à l’extérieur de la Judée et de la Galilée aussi bien que dans ces régions; toutefois, ils faisaient partie de la génération postérieure à celle des témoins oculaires de Christ. Cette assemblée n’était ni nouvelle ni dépourvue d’enseignement (« vous …  qui depuis longtemps devriez être des maîtres »), pourtant certains avaient toujours besoin « de lait et non d’une nourriture solide » (#Hé 5:12).

La mention de « ceux d’Italie » (#Hé 13:24) est ambiguë, puisqu’elle peut désigner tout autant les natifs d’Italie vivant dans leur région que ceux qui s’étaient expatriés dans d’autres territoires. La Grèce et l’Asie Mineure sont aussi des lieux potentiels d’établissement de cette communauté, car elles accueillirent très tôt des Eglises, et les Juifs de ces contrées employaient volontiers la LXX.

La génération d’Hébreux au bénéfice de cette lettre avait pratiqué les sacrifices lévitiques au temple de Jérusalem. Les Juifs exilés disposaient de synagogues, mais tous étaient fortement attachés au culte du temple. Certains se rendaient régulièrement en pèlerinage à Jérusalem. L’auteur de cette épître souligne la supériorité du christianisme sur le judaïsme, et la supériorité du sacrifice accompli par Christ une fois pour toutes sur les sacrifices répétés et imparfaits du système lévitique pratiqués dans le temple.

Thèmes historiques et théologiques

Puisque l’épître aux Hébreux se fonde sur le ministère des sacrificateurs lévitiques, une compréhension du livre du Lévitique est essentielle pour son interprétation. Le péché rompait constamment la communion entre Dieu et le peuple qu’il avait choisi, le peuple de l’alliance, Israël. Dans sa souveraineté et sa grâce, il avait donc établi un système sacrificiel qui représentait symboliquement la repentance intérieure des pécheurs et le pardon divin. Cependant, le besoin de sacrifices ne cessait jamais, parce que le peuple et les sacrificateurs ne cessaient pas de pécher. Le monde entier avait besoin d’un sacrificateur et d’un sacrifice parfaits qui ôteraient le péché une fois pour toutes. Dieu a pourvu à ce besoin en envoyant le Christ, à la fois sacrificateur et sacrifice. C’est le message central de cette lettre.

L’épître aux Hébreux met les stipulations imparfaites et incomplètes de l’ancienne alliance, données sous Moïse, en contraste avec celles infiniment supérieures de la nouvelle alliance, offertes par un souverain sacrificateur parfait, le Fils unique de Dieu, le Messie, Jésus-Christ. La supériorité de la nouvelle alliance tient notamment à ce qu’elle offre un meilleur sacrifice, une meilleure espérance, une meilleure alliance, une meilleure promesse, une meilleure substance, une meilleure destination et une meilleure résurrection. Ses bénéficiaires habitent de façon permanente dans une atmosphère entièrement nouvelle et céleste, adorent un Sauveur céleste, possèdent une vocation céleste, reçoivent un don céleste, sont citoyens du ciel, attendent une Jérusalem céleste et ont leur nom inscrit dans le ciel.

L’un des thèmes théologiques clés réside dans le fait que, sous la nouvelle alliance, tous les croyants ont un accès direct à Dieu et peuvent ainsi s’approcher de son trône avec assurance (#Hé 4:16 ; #Hé 10:22). L’espérance de l’individu est dans la présence même de Dieu, à laquelle il accède à la suite du Sauveur (#Hé 6:19-20 ; #Hé 10:19-20). Le message essentiel que véhiculait le culte du tabernacle, c’était l’impossibilité, pour les croyants placés sous l’alliance de la loi, d’avoir un accès direct à la présence de Dieu (#Hé 9:8) et d’entrer dans le lieu très saint. Le message de l’épître aux Hébreux peut être résumé ainsi: ceux qui croient en Jésus-Christ, sacrifice parfait de Dieu pour le péché, ont le souverain sacrificateur parfait, dont le ministère ouvre une ère où tout est nouveau et meilleur que sous l’alliance de la loi.

Cette épître est cependant plus qu’un simple traité doctrinal. Elle est extrêmement pratique dans les applications à la vie quotidienne qu’elle contient (voir le chapitre 13). L’auteur lui-même décrit son courrier comme des « paroles d’exhortation » (#Hé 13:22 ; cf. #Ac 13:15) destinées à mettre les lecteurs en action. Ces exhortations sont données sous la forme de 6 mises en garde:

ne pas nous éloigner des « choses que nous avons entendues » (#Hé 2:1-4)

ne pas refuser d’écouter la « voix » de Dieu (#Hé 3:7-14)

ne pas déchoir des « éléments de la parole de Christ » (#Hé 5:11-6:20)

ne pas mépriser « la connaissance de la vérité » (#Hé 10:26-39)

ne pas dévaluer « la grâce de Dieu » (#Hé 12:15-17)

ne pas nous éloigner de Celui « qui parle » (#Hé 12:25-29)

Un autre aspect significatif de cette épître est l’exposition claire de certains passages de l’A.T. L’auteur était manifestement un enseignant compétent de la Parole de Dieu. Son exemple est instructif pour tout prédicateur et enseignant:

1:1-2:4 enseignement sur des versets des Psaumes; #2S 7 ; #De 32

2:5-18 enseignement sur #Ps 8:5-7

3:1-4:13 enseignement sur #Ps 95:7-11

4:14-7:28 enseignement sur #Ps 110:4

8:1-10:18 enseignement sur #Jér 31:31-34

10:32-12:3 enseignement sur #Ha 2:3-4

12:4-13 enseignement sur #Pr 3:11-12

12:18-29 enseignement sur #Ex 19:1-20:2

Questions d’interprétation

Une interprétation correcte de cette épître exige que l’on discerne trois catégories parmi ses destinataires juifs:

1° les croyants,

2° les non-croyants qui étaient intellectuellement convaincus de la valeur de l’Evangile,

3° les non-croyants qui étaient attirés par l’Evangile et par la personne de Christ, mais qui n’avaient pas de conviction définitive à son sujet. Ne pas distinguer ces groupes conduirait à des interprétations contraires au reste de l’Ecriture.

Le groupe principal visé par cette épître était celui des chrétiens d’origine juive qui subissaient le rejet et la persécution de la part de leurs contemporains (#Hé 10:32-34), bien qu’il n’y ait pas encore eu de martyr parmi eux (#Hé 12:4). La lettre a été écrite pour les encourager à se confier en Christ, leur Messie et leur souverain sacrificateur. Ils étaient immatures et tentés de maintenir les rituels et traditions symboliques, sans force d’un point de vue spirituel, du judaïsme.

Le groupe principal visé par cette épître était celui des chrétiens d’origine juive qui subissaient le rejet et la persécution de la part de leurs contemporains (#Hé 10:32-34), bien qu’il n’y ait pas encore eu de martyr parmi eux (#Hé 12:4). La lettre a été écrite pour les encourager à se confier en Christ, leur Messie et leur souverain sacrificateur. Ils étaient immatures et tentés de maintenir les rituels et traditions symboliques, sans force d’un point de vue spirituel, du judaïsme.

Le second groupe était constitué de Juifs non croyants qui étaient convaincus des vérités fondamentales de l’Evangile mais n’avaient pas placé leur confiance en Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur. Ils étaient persuadés d’un point de vue intellectuel, mais non engagés spirituellement. Les passages suivants s’adressent à eux: 2:1-3; 6:4-6; 10:26-29; 12:15-17.

Le troisième groupe était celui des Juifs non croyants qui n’étaient pas convaincus de la vérité de l’Evangile mais en avaient entendu parler. Le chapitre 9 leur est très largement consacré (voir particulièrement les versets 11, 14-15, 27-28).

La question d’interprétation la plus épineuse est posée par 6:4-6. L’expression « une fois éclairés » est souvent comprise comme désignant des chrétiens. Il y aurait alors là un avertissement contre le risque de perdre le salut. Mais l’auteur ne dit pas que ces hommes sont sauvés, et ils ne sont pas décrits en des termes habituels pour les croyants (comme saints, nés de nouveau, justes). Le problème provient d’une identification erronée de la condition spirituelle des personnes visées par ces propos. Il s’agit en fait de non-croyants qui avaient été exposés à la vérité rédemptrice de Dieu et avaient peut-être fait profession de foi, mais qui n’avaient pas fait preuve de la foi authentique qui sauve. En #Hé 10:26 aussi, allusion est faite à des apostats, et non à des croyants authentiques qui perdraient leur salut à cause de leurs péchés.

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I. La supériorité du statut de Jésus-Christ (1:1-4:13)

A. Un nom supérieur (1:1-3)

B. Supérieur aux anges (1:4-2:18)

1. Un plus grand messager (1:4-14)

2. Un plus grand message (2:1-18)

a. Un plus grand salut (2:1-4)

b. Un plus grand sauveur (2:5-18)

C. Supérieur à Moïse (3:1-19)

D. Un repos supérieur (4:1-13)

II. La supériorité du sacerdoce de Jésus-Christ (4:14-7:28)

A. Christ en tant que souverain sacrificateur (4:14-5:10)

B. Exhortation à un engagement sans réserve envers Christ (5:11-6:20)

C. Un sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek (7:1-28)

III. La supériorité du ministère de Jésus-Christ (8:1-10:18)

A. Une alliance supérieure (8:1-13)

B. Un sanctuaire supérieur (9:1-12)

C. Un sacrifice supérieur (9:13-10:18)

IV. La supériorité des privilèges du croyant (10:19-12:29)

A. La foi qui sauve (10:19-25)

B. La pseudo-foi (10:26-39)

C. La foi authentique (11:1-3)

D. Les héros de la foi (11:4-40)

E. La foi qui persévère (12:1-29)

V. La supériorité du comportement chrétien (13:1-21)

A. Les relations avec les autres (13:1-3)

B. Le rapport à soi (13:4-9)

C. La relation avec Dieu (13:10-21)

Conclusion (13:22-25)

 

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