INTRODUCTION À PHILIPPIENS
04/05/2022 00:40JOUR 185 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
PHILIPPIENS
L’épître de Paul aux Philippiens
Titre
L’épître tire son nom de la ville où se trouvaient ses destinataires. Philippes fut la première ville de Macédoine dans laquelle l’apôtre Paul fonda une Eglise.
Auteur et date
D’après le témoignage unanime de l’Eglise ancienne, c’est bien Paul qui a écrit l’épître aux Philippiens. Du reste, rien dans la lettre n’aurait pu motiver une contrefaçon.
La date de rédaction ne peut être séparée de la question du lieu d’origine du courrier. La tradition veut que Philippiens, tout comme les autres épîtres de la captivité (Ephésiens, Colossiens, Philémon), ait été écrite durant le premier emprisonnement de Paul à Rome (environ 60-62 apr. J.-C.). Cela correspond à la compréhension la plus naturelle des allusions au « prétoire » (#Ph 1:13) et aux « saints … de la maison de César » (#Ph 4:22): Paul écrivait de Rome, où habitait l’empereur. En outre, les détails mentionnés dans les Actes quant à cette détention collent bien à ceux livrés par les épîtres de la captivité (p. ex. Paul était gardé par des soldats, #Ac 28:16 ; cf. #Ph 1:13-14 ; il avait la permission de recevoir des visiteurs, #Ac 28:30 ; cf. #Ph 4:18 ; il avait la liberté de prêcher l’Evangile, #Ac 28:31 ; cf. #Ph 1:12-14 ; #Ep 6:18-20 ; #Col 4:2-4).
Certains commentateurs ont émis l’hypothèse que Paul avait écrit ces lettres pendant sa détention de deux ans à Césarée (#Ac 24:27). Mais la liberté d’action de l’apôtre (pour recevoir des visiteurs et pour proclamer l’Evangile) y était très restreinte (cf. #Ac 23:35). Par ailleurs, les épîtres de la captivité révèlent qu’il avait l’espoir d’un verdict favorable (#Ph 1:25 ; #Ph 2:24 ; cf. #Phm 22), alors qu’à Césarée il ne pouvait attendre une libération qu’en soudoyant Félix (#Ac 24:26) ou, du temps de Festus, en acceptant un procès à Jérusalem (#Ac 25:9). D’après les épîtres de la captivité, Paul s’attendait à ce que le verdict soit définitif (#Ph 1:20-23 ; #Ph 2:17, #Ph 2:23); ce ne pouvait être le cas à Césarée, puisqu’il pouvait faire appel à l’empereur, ce qu’il fit d’ailleurs.
D’autres ont suggéré que Paul avait écrit ces lettres depuis Ephèse. Mais à Ephèse, comme à Césarée, on ne pouvait statuer de façon définitive sur son cas, toujours en raison de son droit de recours auprès de l’empereur. De plus, Luc était avec Paul lorsqu’il écrivit Colossiens (#Col 4:14), alors qu’apparemment il ne se trouvait pas avec l’apôtre à Ephèse. #Ac 19, qui décrit le séjour de Paul à Ephèse, ne fait pas partie des sections où le « nous » est utilisé en Actes. L’argument le plus probant contre la candidature d’Ephèse comme lieu de rédaction des épîtres de la captivité, c’est qu’il n’y a aucune preuve que Paul ait un jour été emprisonné dans cette ville.
Face aux sérieuses difficultés que soulèvent les thèses de Césarée et d’Ephèse, il n’y a aucune raison de rejeter la position traditionnelle qui veut que Paul ait rédigé à Rome les épîtres de la captivité, y compris Philippiens.
Puisque l’apôtre pensait être rapidement fixé sur son sort (#Ph 2:23-24), la lettre aux Philippiens a dû être écrite vers la fin de ses deux années d’emprisonnement à Rome (environ 61 apr. J.-C.).
Contexte et arrière-plan
Connue au départ sous le nom de Krénidès (« les petites fontaines ») à cause de ses sources nombreuses, Philippes (« ville de Philippe ») reçut son nom de Philippe II de Macédoine (le père d’Alexandre le Grand). Attiré par les mines d’or avoisinantes, il conquit la région au IVe siècle av. J.-C. Au IIe siècle av. J.-C., la ville fut intégrée à la province romaine de Macédoine.
Philippes resta dans l’ombre au cours des deux siècles suivants, jusqu’à ce que des événements célèbres de l’histoire romaine lui apportent reconnaissance et croissance. En 42 av. J.-C., les forces d’Antoine et d’Octave l’emportèrent sur les troupes de Cassius et de Brutus lors de la bataille de Philippes, mettant ainsi fin à la République et hâtant l’avènement de l’Empire. Après cette bataille, la ville devint une colonie romaine (cf. #Ac 16:12), et de nombreux vétérans de l’armée romaine s’y installèrent. Grâce à ce statut, elle jouissait d’une autonomie relative par rapport au gouvernement de la province et des droits accordés aux villes d’Italie. Ceux-ci incluaient notamment le recours à la loi romaine, l’exemption de certaines taxes et la citoyenneté romaine pour les résidents (#Ac 16:21). Les Philippiens tiraient un grand orgueil de leur statut de colonie; le latin était devenu langue officielle, et leurs coutumes et gouvernement civil s’inspiraient du modèle des villes italiennes. Le récit des Actes et l’épître aux Philippiens reflètent le statut particulier de colonie romaine accordé à la ville.
Que Paul décrive les chrétiens comme des citoyens des cieux (#Ph 3:20) se justifie pleinement, puisque les Philippiens s’enorgueillissaient d’être des citoyens romains (cf. #Ac 16:21). Ils connaissaient peut-être des dignitaires du prétoire (#Ph 1:13) et de la maison de l’empereur (#Ph 4:22).
L’Eglise de Philippes, la première implantée par Paul en Europe, prit racine pendant le deuxième voyage missionnaire de l’apôtre (#Ac 16:12-40). La ville comptait manifestement une petite population juive. Parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’hommes pour former une synagogue (il en fallait dix qui soient chefs de famille), plusieurs femmes pieuses se réunissaient à l’extérieur de la ville dans un lieu de prière, le long de la rivière Gangès (ou Angista). Paul leur prêcha l’Evangile, et Lydie, une riche commerçante de pourpre (#Ac 16:14), devint croyante (#Ac 16:14-15). Il est vraisemblable que l’Eglise de Philippes commença à se réunir dans sa spacieuse maison.
L’opposition satanique à cette nouvelle Eglise se manifesta sans attendre en la personne d’une esclave démoniaque qui prédisait l’avenir (#Ac 16:16-17). Refusant le témoignage, pourtant favorable, d’une source aussi mauvaise, Paul chassa le démon (#Ac 16:18), ce qui souleva la colère des maîtres de l’esclave, car ils ne pouvaient plus vendre ses services en tant que diseuse de bonne aventure (#Ac 16:19). Ils firent violence à Paul et Silas, les conduisant devant les magistrats (#Ac 16:20) et enflammant la fierté civique des Philippiens en proclamant que ces deux prédicateurs représentaient une menace contre les coutumes romaines (#Ac 16:20-21). C’est ainsi que Paul et Silas furent frappés et emprisonnés (#Ac 16:22-24).
Suite à un tremblement de terre, les deux prédicateurs furent miraculeusement relâchés de prison la nuit même. Cela suscita une grande crainte chez le geôlier, qui ouvrit son cœur et son foyer à l’Evangile (#Ac 16:25-34). Le jour suivant, paniqués à l’idée d’avoir frappé et emprisonné illégalement deux citoyens romains, les magistrats supplièrent Paul et Silas de quitter Philippes.
Paul a dû visiter deux fois Philippes au cours de son troisième voyage missionnaire: une fois au début (cf. #2Co 8:1-5), puis de nouveau vers la fin (#Ac 20:6). Environ quatre ou cinq ans après sa dernière visite là-bas, alors qu’il était prisonnier à Rome, il reçut une délégation de cette Eglise. Les Philippiens avaient généreusement soutenu Paul par le passé (#Ph 4:15-16) et avaient largement subvenu aux besoins des pauvres de Jérusalem (#2Co 8:1-4). Maintenant que l’apôtre était en prison, ils lui envoyaient un don (#Ph 4:10), déléguant à Epaphrodite la tâche de l’aider. Malheureusement, Epaphrodite tomba gravement malade, au point de frôler la mort (#Ph 2:26-27), soit durant son trajet vers Rome, soit à son arrivée. Paul décida alors de le renvoyer à Philippes (#Ph 2:25-26), et il écrivit la lettre aux Philippiens qui devait l’accompagner.
Paul avait plusieurs objectifs en rédigeant cette épître. Tout d’abord, il voulait exprimer par écrit sa reconnaissance pour le don des Philippiens (#Ph 4:10-18). Deuxièmement, il voulait que les Philippiens sachent pourquoi il avait décidé de leur renvoyer Epaphrodite, afin qu’ils n’imaginent pas que son aide n’avait pas été appréciée (#Ph 2:25-26). Troisièmement, il voulait les informer de sa situation à Rome (#Ph 1:12-26). Quatrièmement, il les exhortait à l’unité (#Ph 2:1-2 ; #Ph 4:2). Enfin, il écrivit pour les mettre en garde contre les faux docteurs (#Ph 3:1-4:1).
Thèmes historiques et théologiques
Etant essentiellement pratique, l’épître aux Philippiens contient peu de matière historique (il n’y a aucune citation de l’A.T.), mis à part quelques renseignements liés à la biographie spirituelle de Paul (#Ph 3:4-7). Il y a peu d’instructions théologiques directes, à une exception près: le magnifique passage qui décrit l’humiliation et l’exaltation de Christ (#Ph 2:5-11). Il contient quelques-uns des enseignements les plus profonds et les plus fondamentaux de toute la Bible sur le Seigneur Jésus-Christ. Le thème majeur la poursuite de la ressemblance à Christ, facteur déterminant de la croissance spirituelle et objet de la passion de Paul pour sa vie - apparaît en #Ph 3:12-14. Malgré un contexte de détention, cette lettre est tissée de joie (#Ph 1:4, #Ph 1:18, #Ph 1:25-26 ; #Ph 2:2, #Ph 2:16-18, #Ph 2:28 ; #Ph 3:1, #Ph 3:3 ; #Ph 4:1, #Ph 4:4, #Ph 4:10).
Questions d’interprétation
La principale difficulté qui touche l’épître aux Philippiens, c’est celle du lieu de sa rédaction. Le texte lui-même ne présente qu’une seule question d’interprétation majeure: l’identité des « ennemis de la croix ».
Plan
I. Salutations de Paul (1:1-11)
II. Situation de Paul (1:12-26)
III. Exhortations de Paul (1:27-2:18)
A. Appel à tenir ferme dans la persécution (1:27-30)
B. Appel à rester unis dans l’humilité (2:1-4)
C. Appel à se souvenir de l’exemple de Christ (2:5-11)
D. Appel à être des lumières dans un monde obscur (2:12-18)
IV. Les compagnons de Paul (2:19-30)
A. Timothée (2:19-24)
B. Epaphrodite (2:25-30)
V. Avertissements de Paul (3:1-4:1)
A. Mise en garde contre le légalisme (3:1-16)
B. Mise en garde contre l’anarchie (3:17-4:1)
VI. Recommandations de Paul (4:2-9)
VII. Reconnaissance de Paul (4:10-20)
VIII. Salutations finales de Paul (4:21-23)
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