Jacques est un prédicateur qui parle comme un prophète

30/04/2014 08:19
INTRODUCTION 
 
« Jacques est un prédicateur qui parle comme un prophète [ … ] dans un langage d’une vigueur inégalée dans la littérature chrétienne primitive, hormis dans les discours de Jésus. » 
 
— Théodore Zahn 
 
I. PLACE UNIQUE DANS LE CANON 
 
La maigre considération qu’avait Martin Luther pour l’épître de Jacques, qualifiée d’« épître de paille », était dénuée de tout fondement ! Dans l’âpre bataille qui opposait les Réformateurs à ceux qui prêchaient le salut par la foi et les œuvres, Luther a mal interprété l’enseignement de Jacques à propos des œuvres bonnes. Il n’est pas le seul à s’être fourvoyé au sujet de cette épître, la plus ancienne des lettres chrétiennes. Certains l’ont appelée « collier de perles », suggérant par là qu’il n’existe aucune cohésion dans cette lettre, mais seulement plusieurs paragraphes bien développés reliés les uns aux autres ! 
 
En réalité, ce petit livre est un chef-d’œuvre de l’écriture didactique. Il trahit une forte influence juive, nommant même l’Assemblée chrétienne (2.2, gr.) « synagogue » — mot grec désignant simplement une congrégation-,terme qui sera rapidement utilisé exclusivement pour les assemblées juives, comme actuellement. 
 
Pour illustrer les vérités spirituelles, Jacques s’appuie 30 fois sur la nature dans ces cinq courts chapitres, ce qui n’est pas sans rappeler l’enseignement du Seigneur. 
 
Il s’agit d’une épître très pratique. Elle traite de certains sujets impopulaires, tels que la modération dans l’usage de la parole, le danger de ramper devant les riches et le besoin de montrer la réalité de la foi par le témoignage de nos vies. 
II. AUTEUR {1} 
 
Bien des noms bibliques ont été changés en passant successivement de l’hébreu au grec, au latin, au français et à l’anglais. Aucun d’entre eux n’est plus différent de sa source que « Jacques », qui traduit le grec Iakôbos, issu de l’hébreu Yaakov (« Jacob »). Le nom Jacob (« Jacques ») était très répandu parmi les Juifs et quatre personnes du N.T. le portent. On a suggéré que chacun d’entre eux aurait pu être l’auteur de cette épître, mais avec des degrés variables de vraisemblance et de preuves scientifiques. 
 
1. Jacques, l’apôtre, fils de Zébédée et frère de Jean (#Mt 4.21). Si l’apôtre Jacques avait été l’auteur de l’épître, elle aurait été acceptée plus rapidement. De plus, Jacques est mort en martyr en 44 apr. J.-C, probablement avant la rédaction de ce livre. 
 
2. Jacques, fils d’Alphée (#Mt 10.3). Hormis sa présence sur la liste des apôtres, il est pratiquement inconnu. Le fait que l’auteur puisse se désigner sous le nom de « Jacques » sans y associer de titres distinctifs indique qu’il était très connu à cette époque-là. 
 
3. Jacques, père de Judas (pas Iscariot, #Lu 6.16). Cet homme est encore moins connu. On peut l’écarter sans risque. 
 
4. Jacques, demi-frère de notre Seigneur (#Mt 13.55; Ga 1.19). C’est très probablement lui l’auteur de l’épître. Il est connu, bien que discret, puisqu’il ne fait pas mention de son lien de parenté avec Jésus (cf. également introd. de Jude). C’est l’homme qui a présidé le Concile de Jérusalem et qui est resté dans cette ville jusqu’à sa mort. Il passait pour un Juif chrétien, très strict dans son mode de vie. Bref, aussi bien l’histoire (Josèphe) que la tradition ecclésiastique voient en lui un chrétien capable d’avoir écrit une telle épître. 
 
Preuves externes 
 
Jacques ne bénéficie que de preuves externes très faibles : les premiers Pères de l’Eglise ont seulement fait allusion à lui mais ne l’ont pas cité. Il ne figure pas non plus dans le canon de Muratori. C’est probablement dû au fait qu’il était de Jérusalem, qu’il s’adressait aux Juifs orientaux et qu’il semblait, aux yeux de beaucoup, contredire l’enseignement de Paul sur la justification par la foi. 
III. DATE 
 
Josèphe situe la mort de Jacques en l’an 62, ce qui suppose évidemment que la lettre lui est antérieure. Comme l’épître ne mentionne pas les décisions relatives à la loi prises au Concile de Jérusalem (en l’an 48 ou 49 de notre ère) sous la présidence de Jacques, on peut raisonnablement penser que l’épître a été écrite entre 45 et 48 apr. J.-C. 
 
IV. ARRIÈRE-PLAN ET THÈMES {2} 
 
Bien que cette épître soit peut-être le premier livre du N.T. à avoir été écrit et qu’elle reflète par conséquent une forte influence juive, ses enseignements ne doivent pas être relégués à un autre âge. Ils s’appliquent tout autant à nous, à notre époque et sont bien nécessaires. 
 
Pour atteindre son objectif, Jacques s’inspire fortement des enseignements du Seigneur Jésus dans le Sermon sur la montagne, ce que démontrent les parallèles suivants : 
 
Thème L’adversité Jacques (1.2, 12 ; 5.10)  Parallèle dans Matthieu 5.10-12 
 
Thème La prière Jacques 1.5 ; 4.3 ; 5.13-18 Parallèle dans Matthieu 6.5-13 ; 7.7-11 
 
Thème L’œil Jacques 1.8 ; 4.8 {3} Parallèle dans Matthieu 6.22, 23 
 
Thème La richesse Jacques 1.10, 11 ; 2.6, 7 Parallèle dans Matthieu 6.19-21, 24-34 
 
Thème La colère Jacques 1.19, 20 ; 4.1 Parallèle dans Matthieu 5.22 
 
Thème La loi Jacques 1.25 ; 2.1, 12, 13 Parallèle dans Matthieu 5.17-44 
Thème La vraie religion Jacques 1.26, 27 Parallèle dans Matthieu 6.1-18 
 
Thème La loi royale Jacques 2.8 Parallèle dans Matthieu 7.12 
 
Thème La miséricorde Jacques 2.13 Parallèle dans Matthieu 5.7 
 
Thème La foi et les œuvres Jacques 2.14-26  Parallèle dans Matthieu 7.15-27 
 
Thème L’arbre et ses fruits Jacques 3.11, 12 Parallèle dans Matthieu 7.16-20 
 
Thème La véritable sagesse Jacques 3.13 Parallèle dans Matthieu 7.24 
 
Thème L’artisan de paix Jacques 3.17, 18 Parallèle dans Matthieu 5.9 
 
Thème Juger les autres Jacques 4.11, 12 Parallèle dans Matthieu 7.1-5 
 
Thème Les trésors détruits par la rouille Jacques 5.2 Parallèle dans Matthieu 6.19 
 
Thème Les serments Jacques 5.12 Parallèle dans Matthieu 5.33-37 
 
Cette lettre fait souvent référence à la loi, qui est appelée « la loi parfaite » (1.25), « la loi royale » (2.8), « la loi de liberté » (2.12). Jacques n’enseigne pas que ses lecteurs dépendent de la loi pour le salut et ne l’impose pas comme une règle de vie. Il cite plutôt des extraits de la loi comme directives de justice pour ceux qui sont sous la grâce. 
Dans Jacques, il existe de nombreuses ressemblances avec le livre des Proverbes. Tout comme dans ce livre, le style est abrupt, énergique, vivant et difficile à cerner. Le mot « sagesse » revient fréquemment. 
 
Un autre mot-clé dans Jacques est « frères ». On le retrouve 15 fois et il nous rappelle que Jacques écrit à des croyants, même si parfois il semble s’adresser également à des incroyants. 
 
Par certains côtés, cette épître est la plus autoritaire du N.T. : Jacques donne beaucoup plus d’instructions que tout autre auteur. En l’espace de 108 versets, il y a 54 commandements (formes impératives). 
 
COMMENTAIRE 
 
I. SALUTATION (1.1) 
 
L’auteur se présente comme Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Si, comme nous le pensons, l’auteur était le demi-frère du Seigneur, un merveilleux changement se serait produit dans sa vie. A une certaine époque, il ne croyait pas au Seigneur Jésus (#Jn 7.5). Peut-être faisait-il partie de ceux qui pensaient que Jésus était hors de sens (#Mr 3.21). Cependant, le Seigneur sema la Parole avec patience. Bien qu’Il ne fût pas apprécié, Il enseigna les grands principes du Royaume de Dieu. Puis la semence prit racine dans la vie de Jacques. Une profonde transformation en résulta. Le sceptique devint serviteur et il n’eut pas honte de le dire ! 
 
En se considérant comme serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, Jacques met Dieu et le Seigneur Jésus sur le même plan. Il honore le Fils tout comme il honore le Père (#Jn 5.23). Jacques savait que « nul ne peut servir deux maîtres » (#Mt 6.24). Pourtant, il se désigne lui-même comme le serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a ici aucune contradiction car Dieu le Père et Dieu le Fils sont égaux. 
Cette épître s’adresse aux 12 tribus qui sont dans la dispersion (gr. : diaspora). Ses destinataires étaient Juifs de naissance, appartenant aux 12 tribus d’Israël. A cause du péché d’Israël, le peuple élu fut contraint de quitter sa terre natale et fut disséminé dans les pays entourant la mer Méditerranée. La première dispersion eut lieu lorsque les 10 tribus furent emmenées en captivité par les Assyriens en l’an 721 av. J.-C. Seuls quelques rescapés retournèrent au pays du temps d’Esdras et de Néhémie. Le jour de la Pentecôte, se trouvaient en visite à Jérusalem des Juifs pieux, venus de toutes les nations du monde connu d’alors (#Ac 2.5). On pouvait, à juste titre, les appeler Juifs de la Dispersion. Mais par la suite, une autre dispersion de Juifs chrétiens eut lieu. Actes 8.1 déclare que les premiers chrétiens (principalement d’origine juive) se réfugièrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie à cause des persécutions déclenchées par Saul. Cette dispersion est de nouveau évoquée plus loin lorsque les croyants allèrent en Phénicie, à Chypre et à Antioche. Par conséquent, les personnes auxquelles s’adressait Jacques pouvaient être des Juifs qui avaient été dispersés au cours de l’une ou l’autre de ces périodes de crise. 
 
Puisque tous les vrais croyants sont des étrangers et des voyageurs sur la terre (#Ph 3.20; 1P 2.11), cette épître s’adresse aussi à nous, bien qu’elle n’ait pas été écrite directement à notre intention. 
 
Une question bien plus difficile se pose : Jacques s’adresse-t-il aux Juifs non chrétiens, aux Juifs convertis à Christ ou à la fois aux Juifs convertis et inconvertis ? Au début, l’auteur semble écrire aux vrais croyants nés de nouveau (1.18). Ailleurs, il semble parfois s’adresser aux chrétiens de nom, voire même aux inconvertis. Il s’agit de l’une des preuves que cette épître a été écrite très tôt : le fossé entre les chrétiens d’origine juive et les Juifs inconvertis ne s’était pas encore creusé. 
 
{1} ==> "Ap 22.21" @@ "ANNEXE I" {2} ==> "Ap 22.21" @@ "ANNEXE II" {3} N.D.E. : Voir traduction NIV 

 

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