JEAN 07 : 1 à 53
18/01/2022 00:04JOUR 79 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
JEAN 7
1 ¶ Après cela, Jésus parcourait la Galilée, car il ne voulait pas séjourner en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.
Après cela. Il existe un écart de six mois entre les ch. #Jn 6 et 7. Alors que le ch. #Jn 6 se déroule autour de la Pâque (#Jn 6:4, avril), le ch. #Jn 7 tourne autour de la fête des tabernacles (octobre). Jean n’écrivit rien sur ces mois puisque son but n’était pas de présenter une chronologie exhaustive de la vie de Christ, mais de le décrire comme le Messie, le Fils de Dieu, et de montrer la réaction des hommes à son égard.
parcourait la Galilée. Le ch. #Jn 6 indique que Jésus passa deux jours avec la foule des 20 000 (#Jn 6:22), mais sept mois à enseigner ses douze disciples, qui croyaient en lui. Cette phrase souligne subtilement la grande importance de la formation, car Jésus consacra une grande partie de son temps à former ses futurs chefs spirituels.
7:1-13
Cette section comporte deux parties:
1° le souci de Jésus de respecter l’horaire prévu par Dieu (vv. #Jn 7:1-9);
2° l’obéissance parfaite de Jésus à la volonté souveraine de Dieu, au temps opportun (vv. #Jn 7:10-13).
7:1-8:59
Le point central de cette partie peut se résumer par « la haute intensité de la haine » puisque la haine qui couvait aux ch. #Jn 5:1-6:2 se déchaîne comme un brasier infernal. Cette haine culminera en #Jn 11:45-47, où le complot des autorités juives pour tuer le Fils de Dieu aboutit à sa crucifixion. Ces deux ch. parlent de Jésus lors de la fête des tabernacles à Jérusalem. Il est particulièrement intéressant de voir que les deux thèmes majeurs associés aux tabernacles, c’est-à-dire l’eau et la lumière, prédominent dans ces deux ch. (vv. #Jn 7:37 ; #Jn 8:12). Le jour de la Pâque qui suivit la célébration des tabernacles, Jésus fut crucifié. La vérité centrale qui domine tout ce passage, c’est que Jésus se conformait à un programme divin. Sa vie ne se déroulait pas au hasard, mais il la conduisait dans le but de suivre les directives et l’agenda, souverains et parfaits, de Dieu.
2 Or, la fête des Juifs, la fête des Tabernacles, était proche.
fête des tabernacles. La fête des tabernacles était associée, dans l’A.T., à la rentrée des vendanges et des récoltes d’olives (#Ex 23: 16 ; #Lé 23:33-36, #Lé 23:39-43 ; #De 16:13-15), tandis que les récoltes de céréales avaient lieu entre avril et juin. La fête se déroulait pendant sept jours entre le 15 et le 21 du mois de Tisri (de septembre à octobre) selon Flavius Josèphe, cette fête était la plus populaire des trois principales fêtes juives (la Pâque, la Pentecôte et les tabernacles). Les habitants des zones rurales construisaient, avec des branches légères, des structures de fortune qui leur permettaient de passer la semaine (d’où les mots « abris » ou « tabernacles »; cf. #Lé 23: 42), alors que les citadins érigeaient des abris similaires sur le toit plat ou dans la cour des maisons. La fête était connue pour les rites consistant à puiser l’eau et à allumer des lampes. Jésus y fait ici allusion (« si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive » vv. 37-38 et « je suis la lumière du monde » 8:12).
3 Et ses frères lui dirent: Pars d’ici, et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais.
ses Frères. #Mt 13: 55 fait la liste des frères de Jésus: « Jacques, Joseph, Simon et Jude ». Jacques est l’auteur de l’épître du N.T. qui porte son nom. Du fait de la naissance virginale de Jésus, ils ne pouvaient être que des demi-frères, puisque leur père, Joseph, n’était pas celui de Jésus (cf. #Mt 1:16, #Mt 1:18, #Mt 1:23 ; #Lu 1:35).
4 Personne n’agit en secret, lorsqu’il désire paraître : si tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde.
désire paraître … montre-toi toi-même au monde. Les frères de Jésus voulaient l’amener à faire encore d’autres miracles. Le texte ne définit pas leurs motivations, mais on peut supposer que leur requête avait une double intention:
1° ils voulaient voir de leurs yeux Jésus faire des miracles de façon à pouvoir se prononcer sur leur authenticité, et
2° pour les mêmes motivations que le reste du peuple, ils voulaient peut-être faire de lui leur Messie social et politique.
Si Jérusalem acceptait Christ, ce serait le test déterminant à leurs yeux pour décider, eux, les membres de sa famille, de le reconnaître comme Messie.
5 Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui.
A l’instar des foules de Jérusalem et de Galilée, ses frères eux-mêmes ne croyaient pas en lui tout d’abord. Ils ne devinrent ses disciples qu’à la suite de sa résurrection (#Ac 1:14 ; #1Co 15: 7).
6 Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt.
Mon temps n’est pas encore venu. Cette réponse rappelle celle qu’il fit à sa mère lors des noces de Cana (voir #Jn 2:4) et révèle la première raison pour laquelle il ne voulait pas participer à cette fête: cela n’entrait pas dans la programmation parfaite de Dieu. Une telle attitude prouve la dépendance et l’engagement de Jésus envers le programme souverain de son Père concernant sa propre vie (cf. #Jn 8:20 ; #Ac 1:7 ; #Ac 17: 26). De plus, il ne laissa jamais ses actes être motivés par l’incrédulité, serait-ce celle de ses demi-frères.
votre temps est toujours prêt. Du fait que les demi-frères de Jésus ne croyaient pas en lui, ils appartenaient au monde et ne connaissaient donc rien de Dieu ni de ses plans. A cause de cette incrédulité, ils refusaient d’écouter sa parole, ne se conformaient pas au plan divin et ne pouvaient reconnaître la Parole incarnée qu’ils avaient sous les yeux. Par conséquent, n’importe quel temps leur convenait, et de préférence tout de suite.
7 Le monde ne peut vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises.
Le monde ne peut vous haïr. Le monde ne pouvait haïr les demi-frères de Jésus pour la bonne raison qu’eux-mêmes étaient du monde et que le monde aime les siens (cf. #Jn 15:18-19). Le système du monde mauvais et tous ceux qui rejettent la Parole et le Fils de Dieu sont placés sous le contrôle du diable en personne (#1Jn 5:19).
je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. Un croyant vraiment né de nouveau, qui vit sa vie pour la plus grande gloire de Dieu, fait normalement l’expérience de la haine et de l’antagonisme du monde envers lui (cf. #Jn 15:18-25 ; #Jn 16:1-3 ; #2Ti 3:12).
8 Montez, vous, à cette fête ; pour moi, je n’y monte point, parce que mon temps n’est pas encore accompli.
mon temps n’est pas encore accompli. Cela révèle la seconde raison pour laquelle Jésus ne voulait pas aller à cette fête, à Jérusalem: les Juifs ne pouvaient le tuer avant le moment fixé par le plan divin (cf. #Ga 4:4). Les engagements de Jésus envers le programme divin ne toléraient aucune variation par rapport à ce que Dieu avait décrété.
9 Après leur avoir dit cela, il resta en Galilée.
10 Lorsque ses frères furent montés à la fête, il y monta aussi lui-même, non publiquement, mais comme en secret.
en secret. On présume ici que c’est sous l’injonction du Père que Jésus se rendit à Jérusalem. Le caractère secret de ce voyage indique sa discrétion extrême, diamétralement opposée aux desiderata de ses frères (cf. v. #Jn 7:4).
11 Les Juifs le cherchaient pendant la fête, et disaient : Où est-il ?
Les Juifs le cherchaient. Le contraste entre l’expression « les Juifs » dans ce v. et « la foule » au v. 12 indique qu’elle désigne les autorités juives hostiles de la Judée, établies à Jérusalem. Cette quête de Jésus ne pouvait qu’être motivée par des intentions hostiles.
12 Il y avait dans la foule grande rumeur à son sujet. Les uns disaient : C’est un homme de bien. D’autres disaient : Non, il égare la multitude.
Il y avait dans la foule une grande rumeur. Les foules, constituées de Judéens, de Galiléens et de Juifs de la Diaspora (dispersés dans d’autres pays), exprimaient des opinions mélangées au sujet de Jésus. Cet éventail d’opinions allait de l’acceptation superficielle au rejet le plus cynique. La lecture du Talmud permet de constater que c’est cette dernière opinion (Christ aurait été un charlatan) qui prévalut pour la majorité des Juifs (Talmud babylonien, Sanhédrin 43a).
13 Personne, toutefois, ne parlait librement de lui, par crainte des Juifs.
14 ¶ Vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple. Et il enseignait.
le milieu de la fête. Jésus avait sans doute attendu jusqu’au milieu de la fête, pour empêcher qu’on lui fasse faire une « entrée triomphale » prématurée. Certains n’auraient pas hésité à essayer de la lui imposer pour satisfaire leurs propres ambitions politiques.
monta au temple. Et il enseignait. Jésus enseignait à la manière des enseignants ou des rabbins de son temps: les plus en vue circulaient en divers endroits du temple où ils faisaient des exposés à propos de l’A.T. devant les personnes rassemblées autour d’eux.
7:14-24
L’hostilité croissante envers Jésus ne l’empêchait pas de continuer son ministère. Au contraire, il proclamait de plus belle son identité et sa mission. En pleine fête des tabernacles, où des Juifs de tout Israël avaient migré vers Jérusalem, il recommença à enseigner. Dans cette partie, il justifie son ministère en enseignant avec l’autorité du Fils de Dieu. Cinq raisons sont avancées pour confirmer la véracité de ses prétentions:
1° il tenait sa connaissance surnaturelle de Dieu son Père lui-même (vv. #Jn 7:15-16);
2° on pouvait confirmer ses enseignements et sa connaissance en les mettant à l’épreuve (v. #Jn 7:17);
3° par ses actes, il donnait la preuve de son désintéressement (v. #Jn 7:18);
4° son impact sur le monde était étonnant (vv. #Jn 7:19-20);
5° ses actes démontraient son identité de Fils de Dieu (vv. #Jn 7:21-24).
15 Les Juifs s’étonnaient, disant: Comment connaît-il les Écritures, lui qui n’a point étudié ?
s’étonnaient. La connaissance que Jésus démontrait des Écritures était surnaturelle. Tous s’étonnaient de ce qu’un jeune homme qui n’avait jamais étudié dans un centre rabbinique connu ni sous la férule d’un grand rabbin puisse faire preuve d’une si profonde maîtrise des Écritures. Les enseignements de Jésus tranchaient avec ceux de tout autre enseignant, autant par leur qualité que par leur pédagogie.
16 Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé.
celui qui m’a envoyé. La différence qualitative des enseignements de Jésus trouve son explication dans leur source: le Père les lui inspirait (#Jn 8:26, #Jn 8:40, #Jn 8:46-47 ; #Jn 12:49-50). Il les tenait de Dieu le Père lui-même, par opposition aux autres enseignants qui les recevaient de l’homme (#Ga 1:12). Alors que les rabbins ne comptaient que sur l’autorité d’autres hommes (une longue chaîne de tradition humaine), l’autorité de Jésus découlait de lui-même (cf. #Mt 7:28-29 ; #Ac 4:13).
17 Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef.
Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra. Ceux qui sont totalement consacrés pour exécuter la volonté de Dieu seront guidés par lui lorsqu’ils affirmeront ses vérités. Grâce au ministère d’enseignement exercé par le Saint-Esprit, la vérité divine s’authentifiait d’elle-même (cf. #Jn 16: 13 ; #1Jn 2:20, #1Jn 2:27).
18 Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui.
celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé. Alors que d’autres sauveurs et messies agissaient pour défendre leurs propres intérêts égoïstes, révélant de ce fait leur fausseté, Jésus-Christ, en tant que Fils de Dieu, venait seulement pour glorifier son Père et accomplir sa volonté (#2Co 2:17 ; #Ph 2:5-11 ; #Hé 10:7).
19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Et nul de vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ?
faire mourir. Si Jésus n’avait été qu’un imposteur religieux, le monde n’aurait pas réagi avec une si violente haine contre lui. Puisque le système du monde mauvais aime les siens, sa haine contre Jésus démontre bien qu’il venait de Dieu (#Jn 15:18-19).
20 La foule répondit : Tu as un démon. Qui est-ce qui cherche à te faire mourir ?
21 Jésus leur répondit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés.
une œuvre. Le contexte indique clairement (vv. #Jn 7:22-23) que Jésus faisait allusion à la guérison du paralytique; elle marqua le début des persécutions menées contre lui par les autorités juives, parce que cette guérison avait eu lieu le jour du sabbat (voir #Jn 5:1-6).
22 Moïse vous a donné la circoncision, — non qu’elle vienne de Moïse, car elle vient des patriarches, — et vous circoncisez un homme le jour du sabbat.
des patriarches. Il s’agit de la période d’Abraham, où Dieu institua le signe de la circoncision (#Ge 17:10-12) qui fit plus tard partie intégrante de l’alliance mosaïque au Sinaï (#Ex 4:26 ; #Ex 12:44-48). Cette observation dépréciait non seulement l’estime des Juifs pour Moïse mais, bien plus important, elle montrait que ce rite était plus ancien que la loi mosaïque et plus important qu’elle (#Ga 3:17). En outre, la circoncision fut instaurée avant l’institution du sabbat.
23 Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?
le jour du sabbat. D’après la loi, la circoncision devait se pratiquer le 8e jour (#Lé 12:1-3). Si un enfant était né le jour du sabbat, le 8e jour tombait sur le sabbat suivant, et les Juifs pratiquaient la circoncision. L’argument de Jésus, c’est que les Juifs enfreignaient ainsi leur propre règle du sabbat avec la circoncision de l’enfant ce jour-là. Leur hypocrisie était évidente.
j’ai guéri un homme tout entier. Jésus utilisa un argument a fortiori: puisqu’il était permis de purifier rituellement une partie du corps le jour du sabbat en pratiquant la circoncision, à combien plus forte raison la guérison du corps tout entier d’un malade devait-elle être autorisée ce même jour.
24 Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice.
jugez selon la justice. Alors que Jésus interdisait les jugements pleins de dureté et de censure que le légalisme des propres justes promouvait (#Mt 7:1), il attendait de chacun qu’il exerce son discernement moral et théologique.
25
Quelques habitants de Jérusalem disaient : N'est-ce pas là celui qu'ils cherchent à faire mourir ?
7:25-36
Dans cette section, Jean renouvelle les affirmations de Jésus concernant son identité de Messie et de Fils de Dieu. Il insiste sur son origine et sa citoyenneté divines. Alors que certains crurent en lui dès ce moment-là (v. #Jn 7:31), les chefs religieux furent de plus en plus remontés contre lui et décidèrent de mettre à exécution leurs sombres projets de meurtre (v. #Jn 7:32). Jésus confrontait les gens à trois problèmes rapportés dans ces vv.:
1° une confusion totale (vv. #Jn 7:25-29);
2° des convictions diverses (vv. #Jn 7:30-32);
3° une conversion remise à plus tard (vv. #Jn 7:33-36).
Ces trois problèmes plongeaient Jérusalem dans un état de désespoir absolu.
26 Et voici, il parle librement, et ils ne lui disent rien ! Est-ce
que vraiment les chefs auraient reconnu qu'il est le Christ ?
il parle librement. Ce qui surprenait les masses, c'était qu'en dépit des menaces que les autorités religieuses faisaient peser
sur lui (vv. #Jn 7:20, #Jn 7:32), Jésus persistait à proclamer son identité.
les chefs auraient reconnu. La question indique que les foules
et les chefs se trouvaient dans la plus grande confusion et la plus grande incertitude quant à l'identité de Christ, puisqu'elle révèle leurs doutes et leur incrédulité. Le fait que les autorités n'arrêtaient pas Jésus pour le réduire au silence les laissait également perplexes, car cela les amenait à douter qu'il soit réellement un imposteur. Une telle confusion faisait penser au peuple que les autorités religieuses étaient convaincues, en leur for intérieur, que Jésus était effectivement le Christ. Une confusion profonde régnait parmi toutes les parties en présence au sujet de Jésus.
Christ. Ce terme est l'équivalent grec de l'hébreux qui signifie « Messie ». Ce terme, de Messie, est la transcription approximative d'un mot hébreu ou araméen qui signifie « oint ». Il dérive d'un verbe signifiant « oindre » quelqu'un pour le consacrer à une fonction particulière. D'abord appliqué au roi d'Israël (« l'oint de l'Éternel », #1S 16:6), au souverain sacrificateur (« sacrificateur ayant reçu l'onction », #Lé 4:3) et, dans un passage, aux patriarches (« mes oints », #Ps 105:15), le terme finit par désigner, avant tout, celui qui avait été annoncé comme étant « celui qui vient » ou le « Messie », dans son rôle de prophète, de sacrificateur et de roi. Le terme « Christ », mot grec (adjectif verbal) qui vient du verbe signifiant « oindre », est utilisé pour traduire le terme hébreu, si bien que les termes « Messie » et « Christ » sont des titres, et non des noms personnels de Jésus.
27 Cependant celui-ci, nous savons d'où il est ; mais le Christ, quand il viendra, personne ne saura d'où il est.
personne ne saura d'où il est. Seule l'information concernant le
lieu de naissance du Messie était révélée dans les Écritures (#Mi 5:1 ; #Mt 2:5-6). Par ailleurs, une tradition s'était développée dans les cercles juifs, selon laquelle le Messie apparaîtrait tout d'un coup. Cette interprétation provenait d'une erreur d'interprétation d'#Esa 53:8 et #Mal 3:1. Ainsi, cette phrase signifie vraisemblablement que l'identité du Messie devait rester complètement secrète jusqu'à ce qu'il apparaisse soudain en Israël pour accomplir la rédemption du peuple. Il était notoire, au contraire, que Jésus avait vécu à Nazareth, et beaucoup le connaissaient, même superficiellement (v. #Jn 7:28).
28 Et Jésus, enseignant dans le temple, s'écria : Vous me connaissez, et vous savez d'où je suis ! Je ne suis pas venu de moi-même : mais celui qui m'a envoyé est vrai, et vous ne le connaissez pas.
s'écria. Jésus conféra une grande publicité à cet enseignement important en parlant d'une voix plus forte (cf. v. #Jn 7:37 ; #Jn 1:15 ; #Jn 12:44).
Vous me connaissez, et vous savez d'où je suis! Ces mots sont l'antithèse de 8:19 où Jésus dit à ses ennemis qu'ils ne le connaissent pas plus lui que son Père. C'est l'indice qu'il fait preuve ici d'une ironie mordante. Ce que Jésus voulait dire, c'est que, contrairement à ce qu'ils pensaient, ils n'avaient aucune compréhension véritable de son identité. Ils ne le connaissaient que sur le plan terrestre, mais pas spirituellement, car ils ne connaissaient pas Dieu non plus.
vous ne le connaissez pas. Ils se croyaient capables d'un
grand discernement spirituel, mais leur rejet de Jésus prouvait leur faillite dans ce domaine (#Ro 2:17-19).
29 Moi, je le connais ; car je viens de lui, et c'est lui qui m'a
envoyé.
30 Ils cherchaient donc à se saisir de lui, et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
son heure n'était pas encore venue. Indique la raison pour laquelle ils ne pouvaient l'arrêter: ce n'était pas encore le moment prévu dans le plan et l'horaire de Dieu.
31 Plusieurs parmi la foule crurent en lui, et ils disaient : Le
Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n'en a fait celui-ci ?
Plusieurs ... crurent. Le peuple avait des opinions diverses et contraires au sujet de Jésus. Certains désiraient son arrestation,
mais il existait un petit reste de croyants sincères. La question posée dans ce v. implique une réponse négative: le Messie ne pourrait jamais faire de miracles plus grands que ceux de Jésus.
32 Les pharisiens entendirent la foule murmurant de lui ces choses. Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens envoyèrent des huissiers pour le saisir.
les principaux sacrificateurs et les pharisiens. Ces deux groupes n'avaient jamais eu de bonnes relations. La plupart des principaux sacrificateurs étaient des sadducéens, qui étaient les adversaires politiques et religieux des pharisiens. Dans son Évangile, Jean cite souvent ces deux groupes ensemble (voir aussi v. 45; 11:47, 57; 18:3) pour souligner que leur coopération n'était motivée que par leur haine commune de Jésus. Ils furent
inquiets de la foi des personnes mentionnées au v. 31 et, pour éviter toute vénération de Jésus comme Messie, ils essayèrent sans succès de l'arrêter (v. #Jn 7:30).
huissiers. Les gardes du temple servaient de force de police officieuse, composée de Lévites chargés de maintenir l'ordre
aux alentours du temple. Le sanhédrin faisait aussi appel à ses services au-delà de l'enceinte du temple, pour régler les querelles religieuses qui n'affectaient pas la politique romaine.
33 Jésus dit : Je suis encore avec vous pour un peu de temps, puis je m'en vais vers celui qui m'a envoyé.
34 Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez venir où je serai.
vous ne pouvez venir où je serai. Jésus évoque ici son retour, après sa crucifixion, vers le ciel d'où il était parti et vers son Père (voir #Jn 17: 15).
35 Sur quoi les Juifs dirent entre eux : Où ira-t-il, que nous ne le trouvions pas ? Ira-t-il parmi ceux qui sont dispersés chez les Grecs, et enseignera-t-il les Grecs ?
enseignera-t-il les Grecs? Probable allusion aux prosélytes,
des païens convertis au judaïsme. Quand Jean rapporta cette expression, il y mit sans doute beaucoup d'ironie, car l'Évangile fut effectivement prêché plus tard aux païens, en raison du rejet manifesté par les Juifs envers le Messie qui leur était destiné.
7:35-36 Jean
souligne de nouveau que les Juifs ne comprenaient pas les paroles de Jésus. Ils les citaient avec l'intention de se moquer de lui.
36 Que signifie cette parole qu'il a dite : Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez venir où je serai ?
37 ¶ Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s'écria : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive.
Le dernier jour. Suggère que cet incident se déroula un autre jour que la controverse des vv. 11-36.
Si quelqu'un a soif. Au cours des derniers siècles avant la venue de Jésus, une tradition s'était développée qui voulait que, pendant
les sept jours de la fête des tabernacles, un récipient en or rempli d'une eau prise au réservoir de Siloé soit porté en procession vers le temple par le souverain sacrificateur. Quand la procession atteignait la porte de l'Eau, sur le côté sud de l'enceinte intérieure du temple, trois coups de trompette résonnaient pour marquer la joie que ressentait le peuple qui, à cette occasion, récitait #Esa 12:3: « Vous puiserez de l'eau avec joie aux sources du salut. » Arrivés au temple, les sacrificateurs défilaient autour de l'autel sous les regards du peuple, en portant le récipient d'eau, au son du Hallel chanté par le chœur du temple (#Ps 113:1-118:2). L'eau était offerte à Dieu avec le sacrifice du matin. L'utilisation de l'eau symbolisait la bénédiction que représentaient des chutes de pluie suffisantes pour assurer de bonnes récoltes. Jésus utilisa cet événement pour en faire une leçon de choses et une occasion de lancer, le dernier jour du festin, une invitation publique à son peuple de l'accepter lui-même comme l'eau vive. Ses paroles
rappellent #Esa 55:1.
soif ... vienne ... boive. Ces trois mots résument l'invitation de l'Évangile. Reconnaître que l'on a un besoin conduit à s'approcher de la source de ces bénédictions et à recevoir ce qui est nécessaire. Ceux qui ont soif, les âmes dans le besoin, ressentent le désir ardent de venir au Sauveur et de boire, c'est-à-dire de recevoir le salut offert à tous.
7:37-52
Cette section énumère les réactions variées des gens qui entendaient ce que Jésus proclamait à son propre sujet. Elles correspondent aux réactions classiques des hommes de tous les temps vis-à-vis de Jésus. Cette section peut être divisée entre les affirmations de Christ à son propre sujet (vv. #Jn 7:37-39) et les réactions qu'elles déclenchent (vv. #Jn 7:40-52). La deuxième
partie peut elle-même être divisée en cinq:
1° la réaction de ceux qui se laissent convaincre (vv. #Jn 7:40-41a);
2° la réaction des opposants (vv. #Jn 7:41b-42);
3° la réaction de ceux qui sont hostiles (vv. #Jn 7:43-44);
4° la réaction de ceux qui sont dans la confusion (vv. #Jn 7:45-46);
5° la réaction des autorités religieuses (vv. #Jn 7:47-52).
38 Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Écriture.
fleuves d'eau vive. Le rite consistant à répandre l'eau était aussi associé, dans la tradition juive, à une préfiguration des fleuves eschatologiques d'eau vive d'#Ez 47:1-9 et #Za 13: 1. L'invitation de Jésus tourne autour du fait qu'il accomplissait tout ce que la fête des tabernacles préfigurait: c'était lui qui fournissait l'eau vive donnant la vie éternelle aux hommes (cf. #Jn 4:10-11).
39 Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
Il dit cela de l'Esprit. La réception du Saint-Esprit est la
source de la vie spirituelle et éternelle.
40 Des gens de la foule, ayant entendu ces paroles, disaient :
Celui-ci est vraiment le prophète.
41 D'autres disaient : C'est le Christ. Et d'autres disaient :
Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Christ ?
de la Galilée. Cela trahit la profonde ignorance du peuple, puisque Jésus était né à Bethléhem en Judée, et non en Galilée (#Mi 5:1, cf. #Mt 2:6 ; #Lu 2:4). Les gens n'avaient même pas pris la peine de se renseigner sur le lieu exact de sa naissance, démontrant ainsi leur total désintérêt pour les preuves de la messianité de Jésus.
42 L'Écriture ne dit-elle pas que c'est de la postérité de David, et du village de Bethléhem, où était David, que le Christ doit venir ?
43 Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule.
division. Voir #Mt 10:34-36 ; #Lu 12:51-53.
44 Quelques-uns d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne mit la main sur lui.
45 ¶ Ainsi les huissiers retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens. Et ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ?
les huissiers. Les huissiers n'avaient pas réussi à arrêter Jésus quand ils s'étaient trouvés en face de lui et avaient entendu ses puissants enseignements. Comme ils étaient instruits en matière de religion, les paroles de Jésus leur allaient droit au cœur.
46 Les huissiers répondirent : Jamais homme n'a parlé comme cet homme.
47 Les pharisiens leur répliquèrent : Est-ce que vous aussi, vous avez été séduits ?
7:47-48
Les pharisiens se moquèrent des huissiers pour des raisons non pas professionnelles (en tant que fonctionnaires de police) mais religieuses (en tant que Lévites). Ils leur reprochaient surtout de s'être laissé abuser par un imposteur (c'est-à-dire Jésus) au contraire d'eux-mêmes; ils avaient assez d'arrogance pour se croire assez justes, sages et érudits pour ne jamais se laisser abuser par qui que ce soit.
48 Y a-t-il quelqu'un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui ?
49 Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits !
foule. Les pharisiens parlaient avec mépris du peuple en employant le mot « foule » à son sujet. Les rabbins considéraient les membres du peuple (ou gens des campagnes) comme ignorants et impies, au contraire d'eux-mêmes. Cette ignorance consistait moins dans leur ignorance des Écritures que dans leur manque de zèle vis-à-vis des traditions orales des pharisiens.
maudits. Ils considéraient que le peuple était sous la malédiction, puisqu'il n'appartenait pas à leur élite religieuse et n'avait que faire de suivre leurs convictions au sujet de la loi.
50 Nicodème, qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l'un d'entre eux, leur dit:
7:50-52
Nicodème (voir #Jn 3:10) avait gardé l'esprit ouvert devant ce que Jésus disait de lui-même, si bien que, sans oser le défendre ouvertement, il souleva néanmoins un point de procédure en sa faveur.
51 Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait ?
Notre loi condamne-t-elle. Aucun texte de l'A.T. ne peut être
cité pour appuyer l'argument de Nicodème. Il faisait donc très probablement allusion aux traditions rabbiniques contenues dans leurs lois orales.
52 Ils lui répondirent : Es-tu aussi Galiléen ? Examine, et tu
verras que de la Galilée il ne sort point de prophète.
53 Et chacun s'en retourna dans sa maison.
7:53-8:11 Ce récit, centré sur la femme adultère, ne faisait vraisemblablement pas partie du contenu original de Jn. Il fut introduit dans divers manuscrits à différents endroits de l'Évangile (p. ex. après les vv. 36, 44, 52, ou encore après #Jn 21: 25), alors qu'un autre manuscrit le place à la suite de #Lu 21: 38. Des indices externes, représentant une grande variété de traditions textuelles, militent clairement contre l'inclusion de ce récit: les manuscrits les plus anciens et jugés les plus fiables l'excluent. De nombreux manuscrits contiennent des marques pour indiquer leurs doutes quant à ce passage. De nombreuses versions anciennes et importantes l'excluent. Aucun Père de l'Église grecque ne commente ce passage avant le XIIe siècle. Le vocabulaire et le style de cette partie tranchent avec le reste de l'Évangile, et elle semble s'immiscer de façon inopportune entre le v. 52 et 8:12ss. Toutefois, beaucoup pensent au contraire que cette histoire comporte tous les indices de la vérité historique et qu'il s'agissait peut-être d'une tradition orale qui circulait dans les Eglises d'Occident, si bien qu'il est légitime d'en faire quelques commentaires.
Malgré toutes les considérations qui font douter de la fiabilité de cette section, nous pouvons nous tromper dans nos conclusions; le mieux consiste donc à s'intéresser au sens de ce passage et à le laisser figurer dans le texte, à l'instar de #Mr 16:9-20.
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