JOUR 10 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

22/08/2018 00:54

JOUR 10 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

 

MATTHIEU 19 ET 20

 

MATTHIEU 19

1 ¶  Lorsque Jésus eut achevé ces discours, il quitta la Galilée, et alla dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain.

 

la Judée, au-delà du Jourdain. La région située à l’est du Jourdain s’appelait la Pérée. A proprement parler, elle ne faisait pas partie de la Judée. Cependant, comme les deux régions étaient gouvernées par Hérode le Grand, on donnait couramment le nom de Judée à l’ensemble de ces deux territoires. Le ministère de Christ en Pérée ne dura que quelques mois. C’était là qu’allait débuter son dernier voyage vers Jérusalem, juste avant la Passion (#Mt 20:17-19).

 

2  Une grande foule le suivit, et là il guérit les malades.

3 ¶  Les pharisiens l’abordèrent, et dirent, pour l’éprouver : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque ?

 

Est-il permis. Une divergence vivement débattue existait entre les rabbins Shammaï et Hillel, qui étaient tous deux quasiment contemporains de Christ. Les Shammaïtes prônaient une interprétation rigide de la loi et autorisaient un homme à divorcer de sa femme uniquement lorsqu’elle s’était rendue coupable d’adultère.

 

pour un motif quelconque. Les Hillelites adoptaient une approche purement pragmatique et permettaient à un homme de renvoyer sa femme sans raison fondée.

 

4  Il répondit : N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme {*}

 

Jésus cite #Ge 1:27 ; #Ge 5:2. Le défi qu’il lance aux pharisiens fait écho au passage de #Mal 2:14-16.

 

5  et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ?{*}

 

Citation de #Ge 2:24

quittera …  s’attachera à. La relation conjugale est la première institution humaine établie par Dieu. La responsabilité d’honorer nos parents (#Ex 20:12) ne prend pas fin lorsque nous les quittons pour nous marier (#Mt 19:5 ; #Mr 10:7-8 ; #1Co 6:16 ; #Ep 5:31), mais il y a inauguration d’une responsabilité fondamentale nouvelle. Le verbe « s’attacher » implique une union permanente et indissoluble, sans que le divorce soit envisagé (cf. v. #Ge 2:23). L’expression « une seule chair » décrit une unité complète de parties qui forment un tout, à l’exemple d’une grappe de raisin composée de plusieurs grains (#No 13:23) ou d’un seul Dieu en trois personnes (#De 6:4); ainsi, cette union conjugale est complète et entière avec deux personnes. Cela implique aussi leur complémentarité sexuelle: un homme et une femme constituent le couple reproducteur. L’aspect « une seule chair » est plus particulièrement visible dans l’enfant qui naît d’eux, fruit parfait de l’union de deux personnes. Voir #Mt 19:5-6 ; #Mr 10:8 ; #1Co 6:16 ; #Ep 5:31. La monogamie permanente était et continue d’être le dessein et la loi de Dieu pour le mariage.

 

6  Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.{*}

7  Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ?

 

Pourquoi …  Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce. Les pharisiens faisaient une interprétation erronée de #De 24:1-4. Ce passage n’est en aucun cas une « prescription » qui recommanderait le divorce, mais une limitation concernant le remariage. Tout en reconnaissant la légitimité du divorce lorsqu’un homme a constaté chez sa femme « quelque chose de honteux » (#De 24:1)  c’est-à-dire un péché sexuel, selon l’interprétation de Jésus au v. 9 - Moïse ne l’avait pas « prescrit ».

24:1-4 Ce passage n’ordonne pas, ne recommande pas, ne justifie pas et ne suggère même pas le divorce. Il reconnaît que le divorce peut arriver et l’autorise uniquement dans certaines circonstances. Le cas présenté sert à montrer que le divorce est source de souillure:

1° si un homme découvre une impureté (ou quelque chose de honteux, cf. #De 23:14) en son épouse, autre que l’adultère punissable de mort (cf. #De 22:22),

2° s’il divorce légalement (bien que Dieu haïsse le divorce, comme le dit #Mal 2:16 ; il a défini le mariage pour la vie, comme le déclare #Ge 2:24, et il a autorisé le divorce à cause de la dureté des cœurs, comme le révèle #Mt 19:8),

3° si la femme épouse alors un autre homme,

4° si son nouveau mari meurt ou la répudie, alors cette femme ne peut plus retourner chez son premier mari (v. #De 24:4).

 

Il en est ainsi parce qu’elle s’est « souillée » d’une souillure qui est en abomination devant l’Eternel et qui a contaminé le pays promis. En quoi consiste cette souillure ? Une seule chose est possible : elle s’est souillée en se remariant parce qu’il n’y avait aucune base pour le divorce. Ainsi, en se remariant, elle a commis un adultère (#Mt 5:31-32) et son premier mari ne peut par conséquent plus la reprendre. Les divorces illégitimes engendrent l’adultère.

 

8  Il leur répondit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi.{*}

 

à cause de la dureté de votre cœur. Cette expression souligne le fait que le divorce n’est qu’un pis-aller, une solution de dernier recours pour des cœurs endurcis dans l’immoralité sexuelle (v. #Mt 19:9).

 

Moïse vous a permis de répudier vos femmes. L’accent porte sans aucun doute sur le mot « permis ». Jésus se range ainsi clairement du côté de l’école d’interprétation de Shammaï mort en 30 ap. J.-C..

 

9  Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère.{*}

 

infidélité. Cette expression recouvrait toutes sortes de péchés sexuels. Dans ce passage comme en #Mt 5:32, Jésus inclut cette « clause d’exception » qui autorise explicitement le conjoint innocent à se remarier sans risquer d’être stigmatisé pour avoir commis un adultère.

 

10  Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier.

 

il n’est pas avantageux de se marier. Les disciples comprirent bien que le mariage revêtait un caractère indissoluble et que les conjoints devaient satisfaire à une norme morale très élevée, puisque le divorce n’était autorisé que dans les circonstances les plus extrêmes.

 

11  Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.{*}

12  Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.{*}

 

comprenne. Christ ne recommande pas le célibat ici, puisque seules certaines personnes ont la capacité de vivre dans cette condition (v. #Mt 19:11). Il en fait au contraire une question de choix personnel, excepté pour ceux qui sont physiquement dans l’impossibilité de se marier, soit pour des raisons naturelles, soit à cause de la violence d’autres hommes. D’autres peuvent invoquer des raisons pratiques pour s’abstenir de se marier dans l’intérêt du royaume. En aucun cas, cependant, Christ ne suggère que le célibat serait supérieur au mariage (cf. #Ge 2:18 ; #1Ti 4:3).

 

13 ¶  Alors on lui amena des petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains et priât pour eux. Mais les disciples les repoussèrent.

14  Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.{*}

 

pour ceux qui leur ressemblent. Ces enfants étaient trop jeunes pour exercer une foi personnelle (en #Lu 18:15 ils sont appelés « petits enfants »). Le fait que Christ les a présentés comme l’exemple de ceux qui composent « le royaume des cieux » (cf. #Mt 18:1-4) est d’autant plus significatif. #Mr 10:16 ajoute que Jésus « les bénit ». Dieu manifeste souvent une compassion particulière à ceux qui, en raison de leur âge ou de déficiences mentales, ne sont pas en mesure d’avoir la foi, pas plus que de faire preuve d’une rébellion volontaire (cf. #Jon 4:11). Il parle de sang innocent en #Jér 19:4. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient libérés de la culpabilité et de la corruption morale dont nous avons tous hérité suite au péché d’Adam, mais plutôt qu’ils ne sont pas coupables de la même manière que ceux qui pèchent délibérément en préméditant leurs actions. Les paroles de Jésus dans ce passage suggèrent que Dieu, dans sa grâce, étend sa compassion à de petits enfants, afin que ceux d’entre eux qui meurent bénéficient souverainement d’une régénération qui leur octroie l’entrée dans le royaume. Dieu leur donne le ciel non parce qu’ils le méritent, mais parce qu’il choisit de les sauver, par sa grâce.

 

15  Il leur imposa les mains, et il partit de là.

16 ¶  Et voici, un homme s’approcha, et dit à Jésus : Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?

 

Maître. L’emploi de ce terme n’équivaut pas forcément à la reconnaissance de la divinité de Christ. Le jeune homme voulait simplement dire que Christ était juste et qu’il était un enseignant venant de Dieu, qui possédait apparemment la vie éternelle et savait lui montrer comment l’obtenir.

 

17  Il lui répondit : Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est le bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.{*}

 

Pourquoi …  bon. Certains manuscrits portent « pourquoi m’appelles-tu bon? ». Jésus n’est pas en train de nier sa divinité, mais d’enseigner que tous sont pécheurs, mis à part Dieu. Le défaut spirituel le plus grave de ce jeune homme était son refus de confesser sa propre corruption spirituelle;  cf. #Lu 18:11.

 

Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Evidemment, cette recommandation correspond au régime de la loi, et non à l’Evangile. Avant de lui indiquer le chemin de la vie, Jésus voulait faire comprendre au jeune homme combien les exigences de Dieu étaient élevées et combien il était vain de chercher à mériter le salut. Le jeune homme aurait dû reconnaître qu’il était impossible de respecter parfaitement la loi (ainsi que le constatent les disciples au v. 25). Au lieu d’avouer son incapacité de gagner le royaume des cieux, il prétendit remplir les conditions pour y entrer de plein droit.

 

18  Lesquels ? lui dit-il. Et Jésus répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; {*}

19  (19-18) honore ton père et ta mère ; (19-19) et : tu aimeras ton prochain comme toi-même.{*}

 

19:18-19

Jésus rappelle cinq commandements d’un ensemble de six qui composent la seconde table du décalogue et qui ont tous trait aux relations entre les hommes (cf. #Ex 20:12-16 ; #De 5:16-20). Christ omet le dixième commandement, qui concerne la convoitise, et ajoute #Lé 19:18, le résumé des six autres. Cf. #Ro 13:1-10.

 

20  Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses ; que me manque-t-il encore ?

 

J’ai observé. Le jeune homme convaincu de sa propre justice ne voulait pas admettre son péché.

 

21  Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.{*}

 

va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres. Une fois de plus, Jésus n’était pas en train de définir les termes du salut, mais il exposait plutôt la condition du cœur du jeune homme. En refusant d’obéir, il révélait deux vérités:

1° il n’était pas sans reproches à l’égard de la loi, puisqu’il était coupable d’aimer sa propre personne et ses biens plus que son prochain (cf. v. #Mt 19:19);

2° il ne possédait pas la foi authentique qui inclut la volonté de s’abandonner totalement aux ordres de Christ (#Mt 16:24).

 

Jésus n’enseignait pas le salut par la philanthropie, mais il exigeait la première place. Le jeune homme échoua dans cette épreuve cruciale (v. #Mt 19:22).

 

viens, et suis-moi. Voici la réponse à la question du jeune homme au v. 16. C’était un appel à la foi. Il est fort probable que cet homme n’eut plus jamais l’occasion d’entendre cet appel ou d’y réfléchir, puisque son amour de soi et de ses biens était une telle pierre d’achoppement qu’il avait déjà refusé de reconnaître Jésus en tant que Seigneur de sa vie. Il partit donc sans croire.

 

22  Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste ; car il avait de grands biens.

23 ¶  Jésus dit à ses disciples : Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.{*}

24  Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.{*}

 

chameau …  trou d’une aiguille. Autrement dit, cela est impossible. Jésus souligne ici qu’il est impossible pour qui que ce soit d’être sauvé par le mérite de ses œuvres. Les contemporains de Jésus raisonnaient ainsi : la richesse est à la fois la preuve tangible de l’approbation divine et un moyen de plaire davantage à Dieu grâce aux nombreuses aumônes ; les personnes fortunées étaient donc des candidates toutes désignées pour le ciel. Jésus démolit complètement cette conception et fit s’écrouler avec elle l’idée que quelqu’un pouvait mériter la faveur divine au point de gagner l’entrée au ciel.

 

25  Les disciples, ayant entendu cela, furent très étonnés, et dirent : Qui peut donc être sauvé ?{*}

 

Qui peut donc être sauvé? Voilà la bonne question à poser. Elle prouve que le message de Jésus avait bien été compris. Le salut est possible uniquement par la grâce divine (v. #Mt 19:26).

 

26  Jésus les regarda, et leur dit : Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.{*}

27  Pierre, prenant alors la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi ; qu’en sera-t-il pour nous ?

 

nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi. Pierre rappelle qu’ils avaient déjà fait ce que Christ exigeait du jeune homme riche (v. #Mt 19:21), ils s’étaient embarqués dans une vie de foi avec Christ. Il est à noter que Jésus ne reprocha pas à Pierre de s’attendre à une récompense (cf. #Ap 22:12).

 

28  Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël.{*}

 

renouvellement. Dans ce passage, le terme n’est pas employé dans son sens théologique habituel de régénération personnelle (cf. #Tit 3:5). Jésus évoquait en réalité les « temps de rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes » (#Ac 3:21). Il s’agit là d’une allusion au royaume terrestre décrit en #Ap 20:1-15, lors duquel les croyants siégeront avec Christ (#Ap 3:21).

 

jugerez. C’est-à-dire gouvernerez. Cf. #1Co 6:2-3.

 

29  Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.{*}

30  Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.{*}

 

Ce v. signifie que le même traitement est réservé à tous, une vérité qui est développée et expliquée dans la parabole qui suit dans le prochain chapitre.

 

 

MATTHIEU 20

1 ¶  Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne.{*}

 

louer des ouvriers. Il s’agissait d’une pratique habituelle durant l’époque de la moisson. Les ouvriers journaliers se tenaient sur la place publique depuis l’aube en espérant être employés pour la journée. La journée de travail allait de six heures du matin jusqu’à six heures du soir.

 

2  Il convint avec eux d’un denier par jour, et il les envoya à sa vigne.{*}

 

un denier par jour. Un salaire équitable pour une journée de travail. Le denier est une pièce d’argent, de la valeur d’un jour de salaire pour un soldat romain. Les pièces étaient fabriquées sous l’autorité de l’empereur, car lui seul pouvait autoriser l’émission de pièces d’or ou d’argent. Le denier du temps de Jésus était frappé par Tibère. L’une des faces portait son effigie, tandis que l’autre le représentait assis sur son trône, vêtu d’une tenue de sacrificateur. Les Juifs considéraient de telles images comme de l’idolâtrie, interdite par le deuxième commandement (#Ex 20:4); le tribut payé avec cette pièce était ainsi une double insulte.

 

3  Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d’autres qui étaient sur la place sans rien faire.{*}

 

la troisième heure. Neuf heures du matin. Ils attendaient sans rien faire parce que personne ne les avait employés (v. #Mt 20:7).

 

4  Il leur dit : Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. (20-5) Et ils y allèrent.{*}

 

ce qui sera raisonnable. Ces hommes étaient tellement désireux de travailler qu’ils ne cherchèrent même pas à négocier le montant de leur salaire.

 

5  Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même.{*}

6  Etant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui étaient sur la place, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire ?{*}

 

la onzième heure. Cinq heures de l’après-midi. Ils avaient désespérément attendu « toute la journée » pour trouver du travail. Ils étaient prêts à accepter n’importe quelle rémunération.

 

7  Ils lui répondirent : C’est que personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il.{*}

8  Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers.{*}

 

des derniers aux premiers. Clé qui révèle le sens de la parabole

 

9  Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier.{*}

10  Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.{*}

11  En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison,{*}

12  et dirent : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur.{*}

13  Il répondit à l’un d’eux: Mon ami, je ne te fais pas tort ; n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ?{*}

 

je ne te fais pas tort. A leur surprise, tous les ouvriers reçurent le salaire d’une journée entière de travail (vv. #Mt 20:9-11). L’homme agissait généreusement envers ceux qu’il avait surpayés. Ceux qui avaient effectivement accompli une journée complète de travail ne furent pas lésés pour autant, car le salaire reçu correspondait au contrat initial. Cependant, le maître exerçait son privilège de faire bénéficier chacun de sa générosité (v. #Mt 20:15 ; cf. #Ro 9:15).

 

14  Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.{*}

15  Ne m’est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux ? Ou vois-tu de mauvais œil que je sois bon ? — {*}

16  Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.{*}

 

les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. En d’autres termes, tous arrivent ex æquo. Les ouvriers reçurent tous le plein salaire, indépendamment de la durée de leur travail. De même, le brigand sur la croix allait bénéficier de la pleine bénédiction du ciel, au même titre que ceux qui auraient œuvré leur vie entière pour Christ. C’est ainsi qu’agit la grâce de Dieu

 

17 ¶  Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit à part les douze disciples, et il leur dit en chemin:

 

montait à Jérusalem. Ici commença son ultime voyage qui devait se terminer à la croix.

 

18  Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort,{*}

19  et ils le livreront aux païens, pour qu’ils se moquent de lui, le battent de verges, et le crucifient ; et le troisième jour il ressuscitera.{*}

 

crucifient. C’était la troisième fois que Jésus parlait de sa mort à ses disciples (cf. #Mt 17:22-23); de plus, trois d’entre eux l’avaient entendu s’entretenir à ce sujet avec Moïse et Elie lors de la transfiguration (#Lu 9:31). Cependant, cette fois-ci il ajouta quelques détails.

 

20 ¶  Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande.

 

mère des fils de Zébédée. #Mr 10:35 affirme que Jacques et Jean posèrent eux-mêmes la question du v. 21. Il n’y a aucune contradiction entre ces deux versions. Il est possible qu’ils se soient adressés à Jésus tous ensemble ; plus probablement, ils en avaient discuté entre eux au préalable et chacun interrogea ensuite Jésus à part.

 

21  Il lui dit : Que veux-tu ? Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.{*}

 

Ordonne …  mes deux fils. Il s’agit certainement d’une reprise des paroles de Jésus en #Mt 19:28. Jacques et Jean avaient poussé leur mère à faire part de leur demande orgueilleuse et égoïste à Jésus. Cette tendance individualiste réapparaissait souvent chez les disciples (cf. #Mt 18:1, #Mt 18:4 ; #Mt 23:11 ; #Mr 9:34 ; #Lu 9:46 ; #Lu 22:24, #Lu 22:26), jusque durant le dernier repas avec Jésus dans la chambre haute.

 

22  Jésus répondit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? Nous le pouvons, dirent-ils.{*}

 

Vous ne savez ce que vous demandez. La plus grande des gloires est offerte à ceux qui souffrent le plus pour Christ.

 

la coupe que je dois boire. La coupe de la colère de Dieu. Certains manuscrits ajoutent, ici et au v. 23: « ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé », renvoyant à l’immersion du Seigneur dans la souffrance (cf. #Lu 12:50). Mais les manuscrits les plus anciens ne portent pas cette leçon.

 

23  Et il leur répondit : Il est vrai que vous boirez ma coupe ; mais pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a réservé.{*}

 

Il est vrai. Jacques fut décapité (#Ac 12:2), Jean torturé et exilé à Patmos (#Ap 1:9) pour Christ.

 

à qui mon Père l’a réservé. Dieu décide souverainement qui il choisit.

 

24  Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux frères.

 

furent indignés. Par jalousie, sans doute. Ils auraient tous souhaité obtenir de Jésus des positions de faveur et de gloire s’ils avaient eu l’occasion d’en faire la demande.

 

25  Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent.{*}

26  Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ;{*}

27  et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave.{*}

28  C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.{*}

 

20:25-28

Dans ce passage très riche, le Seigneur enseigna aux disciples que la grandeur et l’autorité parmi les croyants se mesuraient différemment que dans le monde. Les dirigeants païens gouvernent d’une façon dictatoriale, ils exercent leur autorité par le moyen d’une puissance charnelle. Les croyants sont appelés à agir différemment : ils dirigent véritablement lorsqu’ils se mettent au service des autres et qu’ils se sacrifient pour eux, à l’exemple de Christ.

donner sa vie comme la rançon de beaucoup. On pourrait traduire littéralement : « à la place de beaucoup ». Cette expression met en valeur le fait que Christ s’est sacrifié à la place du croyant. Une « rançon » était le prix payé pour racheter un esclave ou un prisonnier. La rédemption n’est pas un prix payé à Satan. La rançon est offerte à Dieu dans le but de satisfaire sa justice et d’apaiser sa colère contre le péché. Le prix payé fut la vie même de Christ, un sacrifice d’expiation par le sang (cf. #Lé 17:11 ; #Hé 9:22). Telle est la signification de la croix : Christ a pris notre place et s’est soumis lui-même au châtiment divin contre le péché (cf. #Esa 53:4-5 ). La souffrance endurée à la place des pécheurs, sous le poids de toute la colère de Dieu, est cette « coupe » qu’il devait boire (v. #Mt 20:22).

 

29 ¶  Lorsqu’ils sortirent de Jéricho, une grande foule suivit Jésus.

 

sortirent de Jéricho. Il est aussi avéré qu’il y eut deux endroits appelés Jéricho : l’un était le tertre qui subsistait de l’ancienne ville (dont les ruines sont toujours visibles aujourd’hui), l’autre étant la ville toute proche et habitée de Jéricho. Jésus sortait peut-être de l’ancienne Jéricho et se dirigeait vers la nouvelle ville. Il est aussi possible que des événements qui se déroulèrent à des moments différents soient présentés comme s’ils avaient été simultanés. Dans ce cas, Christ aurait rencontré les aveugles une première fois avant d’entrer dans la ville, mais il les aurait guéris seulement au moment où il la quittait.

 

30  Et voici, deux aveugles, assis au bord du chemin, entendirent que Jésus passait, et crièrent : Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David !

 

deux aveugles. #Mr 10:46 et #Lu 18:35 ne mentionnent qu’un seul homme aveugle, et Luc affirme que cette rencontre eut lieu alors que Christ approchait de Jéricho (v. #Mt 20:29). Cependant, les difficultés ne sont pas aussi insurmontables qu’il y paraît : il y eut deux hommes aveugles, mais Bartimée (#Mr 10:46) fut le porte-parole des deux, c’est pourquoi Marc et Luc portent leur attention sur lui dans leurs récits. Il est aussi avéré qu’il y eut deux endroits appelés Jéricho : l’un était le tertre qui subsistait de l’ancienne ville (dont les ruines sont toujours visibles aujourd’hui), l’autre étant la ville toute proche et habitée de Jéricho. Jésus sortait peut-être de l’ancienne Jéricho et se dirigeait vers la nouvelle ville. Il est aussi possible que des événements qui se déroulèrent à des moments différents soient présentés comme s’ils avaient été simultanés. Dans ce cas, Christ aurait rencontré les aveugles une première fois avant d’entrer dans la ville, mais il les aurait guéris seulement au moment où il la quittait.

 

31  La foule les reprenait, pour les faire taire ; mais ils crièrent plus fort : Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David !

32  Jésus s’arrêta, les appela, et dit : Que voulez-vous que je vous fasse ? {*}

33  Ils lui dirent : Seigneur, que nos yeux s’ouvrent.

34  Emu de compassion, Jésus toucha leurs yeux ; et aussitôt ils recouvrèrent la vue, et le suivirent.

 

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