JOUR 105 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

25/11/2018 00:25

JOUR 105 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

 

HÉBREUX 5 ET 6

 

HÉBREUX 5 * 1 à 14

 

1 ¶  En effet, tout souverain sacrificateur pris du milieu des hommes est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifices pour les péchés.

des offrandes et des sacrifices. Le premier terme renvoie peut-être à l’offrande végétale qui, sous l’ancienne alliance, servait à exprimer la reconnaissance ou la consécration. Le second terme désigne alors des sacrifices sanglants pour l’expiation des péchés (voir #Lé 1:1-5:2). Cependant, « offrandes » est utilisé en #Hé 8:4 pour désigner les divers types de sacrifices (cf. #Hé 8:3). Les trois occurrences de l’expression « offrandes (ou dons) et sacrifices » dans le N.T. (cf. #Hé 8:3 ; #Hé 9:9) emploient une construction grecque qui peut exprimer une relation plus proche entre les deux termes que celle normalement indiquée par notre « et ». Il ne faudrait alors établir aucune distinction entre les deux termes, et « pour les péchés » se rattacherait aux deux.

 

5:1-4 Aucun ange, avec ses pouvoirs surnaturels, ne pouvait prétendre à la fonction de souverain sacrificateur. Seuls des hommes, marqués par la faiblesse de l’humanité, pouvaient exercer ce ministère (verset #Hé 5:2 ; #Hé 7:28). Dans le système lévitique, la position de souverain sacrificateur ne pouvait s’acquérir que par désignation. Personne ne pouvait légitimement s’autoproclamer souverain sacrificateur. Le présent employé dans ces versets  semble indiquer que le système lévitique était encore en vigueur à l’époque de la rédaction de l’épître.

 

2  Il peut être indulgent pour les ignorants et les égarés, puisque la faiblesse est aussi son partage.

avoir de la compréhension. C’est la seule occurrence de ce verbe dans le N.T. Il signifie que l’on conserve une attitude douce et pleine de maîtrise vis-à-vis de ceux qui sont spirituellement ignorants et rebelles. L’impatience, la haine et l’indignation n’ont rien à faire dans le ministère du sacrificateur. Tant de modération et de douceur chez le sacrificateur ne pouvait provenir que d’une prise de conscience de sa propre fragilité humaine. Lorsqu’il offrait des sacrifices pour ses proches péchés, il prenait conscience de sa propre nature pécheresse (verset #Hé 5:3).

 

3  Et c’est à cause de cette faiblesse qu’il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés, comme pour ceux du peuple.

4  Nul ne s’attribue cette dignité, s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron.

appelé de Dieu. C’est par Dieu que le souverain sacrificateur était choisi et appelé pour le service (cf. #Ex 28 ; #No 16:1-40 ; #1S 16:1-3).

 

5  Et Christ ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain sacrificateur, mais il la tient de celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui !

5:5-6 Avec ces citations des #Ps 2:7 et #Ps 110:4, l’auteur démontre que la filiation de Christ et son sacerdoce étaient voulus par Dieu (cf. #Jn 8:54). Cela signifie que ces deux titres indiquent sa subordination, une subordination due non pas à son essence ou à sa nature (cf. #Jn 10:30 ; #Jn 14: 9, #Jn 14: 11), mais à l’accomplissement du programme de rédemption. Aucune de ces fonctions n’amoindrit en quoi que ce soit la divinité éternelle de Christ ni l’égalité dont il jouit avec les autres personnes de la Trinité. Elles ont toutes deux eu un commencement. Il vaut la peine de relever que le #Ps 2 présente le Fils aussi bien comme roi que comme Messie. Christ est le roi sacrificateur.

 

6  Comme il dit encore ailleurs: Tu es sacrificateur pour toujours, Selon l’ordre de Melchisédek.

Citation tirée de #Ps 110:4, qui est la base sur laquelle repose cette section tout entière.

 

Melchisédek. Étant roi de Salem et sacrificateur du Dieu Très-Haut à l’époque d’Abraham, il était lui aussi un roi sacrificateur (#Ge 14:18-20). Pour plus de détails sur le sacerdoce de Melchisédek, voir le ch. #Hé 7.

 

7  C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété,

lui qui. La suite établit clairement qu’il s’agit de Christ, le sujet principal du verset 5. À Gethsémané, Jésus a agonisé et pleuré, mais il s’est engagé à faire la volonté du Père en acceptant la coupe de souffrance synonyme de mort (#Mt 26:38-46 ; #Lu 22:44-45). Sachant qu’il allait porter le fardeau du jugement contre le péché, il a éprouvé tout ce que cela impliquait de peine et de douleur (cf. #Esa 52:14 ; #Esa 53:3-5, #Esa 53:10). Même s’il a supporté cette épreuve et n’a pas cherché à l’éviter (#Esa 53:7), la douleur lui a arraché des cris, tandis que se déversait sur sa personne parfaitement sainte et obéissante toute la fureur de la colère divine (#Mt 27:46 ; cf. #2Co 5:21). Ce que Jésus a demandé, c’est de ne pas rester dans la mort, c’est-à-dire de ressusciter (cf. #Ps 16:9-10).

 

5:7-8 Ayant établi la première condition requise pour être souverain sacrificateur-être nommé à ce poste (versets #Hé 5:1, #Hé 5:4-6) - l’auteur se concentre sur une autre condition: il faut avoir de la compassion pour les autres hommes (versets #Hé 5:2-3).

 

8  a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes,

l’obéissance. Christ n’avait pas besoin de souffrir pour vaincre ou corriger la moindre désobéissance. Dans sa divinité (en tant que Fils de Dieu), il était parfaitement au fait de ce que signifiait l’obéissance. En tant que Seigneur incarné, il s’est humilié pour apprendre (cf. #Lu 2:52). Il a appris l’obéissance pour la même raison qu’il a été soumis à la tentation: pour confirmer sa pleine humanité et connaître les souffrances des hommes dans leur intégralité;  cf. #Lu 2:52 ; #Ph 2:8). En outre, l’obéissance de Christ était nécessaire pour lui permettre d’accomplir toute justice (#Mt 3:15) et prouver ainsi qu’il représentait le sacrifice parfait, qu’il pouvait en toute légitimité se substituer aux pécheurs (#1Pi 3:18). Comme il était parfaitement juste, sa justice pouvait être imputée aux pécheurs (cf. #Ro 3:24-26).

 

9  et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel,

élevé à la perfection …  l’auteur d’un salut éternel. Du fait de sa parfaite justice et de son parfait sacrifice pour les péchés, c’est Jésus-Christ qui a rendu le salut possible.

 

lui obéissent. La réalité du salut se prouve par l’obéissance à Christ, une obéissance qui va du respect du premier commandement de l’Évangile se repentir et croire (cf. #Ac 5:32 ; #Ro 1:5 ; #2Th 1:8 ; #1Pi 1:2, #1Pi 1:22 ; #1Pi 4:17) - à un style de vie caractérisé par la soumission à la Parole (cf. #Ro 6:16).

 

10 ¶  Dieu l’ayant déclaré souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek.

En citant à nouveau le #Ps 110:4 (cf. verset #Hé 5:6), l’auteur mentionne une nouvelle fois que c’est Dieu qui appelle au sacerdoce (verset #Hé 5:4).

 

11  Nous avons beaucoup à dire là-dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre.

là-dessus. C’est-à-dire sur la relation entre le sacerdoce de Christ et celui de Melchisédek. On peut aussi traduire « sur lui ». D’un point de vue logique et stylistique, le verset 11 semble servir d’introduction à toute la section qui va de 5:11 à 6:12. En grec, le verbe « devenir » encadre toute la section (« devenus lents », verset 11; « vous relâchiez », verset 12).

 

lents. La léthargie spirituelle des Hébreux et leur réticence à répondre aux enseignements de l’Évangile empêchaient tout nouvel enseignement à ce moment-là. L’auteur rappelle ainsi que, si l’on ne s’approprie pas la vérité de l’Évangile, il en résulte une stagnation spirituelle et une incapacité de comprendre ou d’assimiler tout enseignement supplémentaire (cf. #Jn 16: 12). Une telle situation se trouve aussi parmi les païens qui ont eu connaissance de la vérité par l’intermédiaire de la révélation (dite naturelle ou générale) de Dieu dans la création (#Ro 1:18-20). Le rejet de cette révélation entraîne un processus d’endurcissement (#Ro 1:21-32). Les Hébreux avaient non seulement reçu la révélation générale, mais ils disposaient en outre de la révélation spéciale, avec l’A.T. (#Ro 9:4), le Messie lui-même (#Ro 9:5) et l’enseignement des apôtres (#Hé 2:3-4). Tant qu’ils n’obéissaient pas à la révélation déjà reçue  qui leur permettait d’obtenir le salut éternel (verset #Hé 5:8) - tout enseignement supplémentaire au sujet du sacerdoce « selon l’ordre de Melchisédek » du Messie leur était inutile.

 

12  Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide.

des maîtres. Tout croyant est appelé à être un enseignant (#Col 3:16 ; #1Pi 3:15 ; cf. #De 6:7 ; #2Ti 3:15). Si ces Hébreux avaient réellement obéi à l’Évangile de Christ, ils auraient transmis le message à d’autres. Les Juifs étaient généralement versés dans la loi et pouvaient s’enorgueillir de l’enseigner, mais ils n’avaient pas vraiment compris ses vérités et ne se les étaient pas appliquées.

 

oracles. C’est-à-dire l’A.T., qui était le fondement de l’Évangile et avait été confié aux Juifs (#Ro 3:1-2). Les aspects les plus fondamentaux de la loi auraient dû guider les Hébreux vers la foi au Messie (#Ga 3:23-24). Ils avaient en outre entendu la prédication de l’Évangile (#Hé 2:2-4 ; #1Pi 4:11).

5:12-13

lait. La connaissance, si elle n’est pas accompagnée d’obéissance, ne sert à rien. En fait, par leur rejet de la foi qui sauve, les Hébreux régressaient dans leur compréhension du Messie. Ils avaient été suffisamment exposés à l’Évangile pour être en mesure de le prêcher à leur tour, mais ils étaient restés des bébés, immatures et donc incapables de comprendre la vérité divine, sans parler de l’enseigner.

 

13  Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice ; car il est un enfant.

la parole de justice. C’est le message de la justice de Christ que nous recevons par la foi (#Ro 3:21-22 ; #1Co 1:30 ; #2Co 5:21 ; #Ph 3:9 ; #Tit 3:5). Cette expression équivaut à la bonne nouvelle du salut par la foi, et non par les œuvres.

 

14  Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal.

les hommes faits. La même racine grecque est rendue ailleurs par la notion de perfection (#Hé 6:1 ; #Hé 7:11, #Hé 7:19, #Hé 7:28 ; #Hé 9:9 ; #Hé 10:1, #Hé 10:14 ; #Hé 11:40 ; #Hé 12:23). Dans toute l’épître, y compris ici, elle est synonyme de salut. En ce sens, elle évoque le parachèvement qui intervient lorsqu’une personne croit en Christ plutôt que la maturité chrétienne (comme c’est le cas chez Paul, cf. #Col 4:12). Jésus invitait les Juifs non croyants à le suivre avec foi pour arriver à la perfection du salut (#Mt 19: 21). Paul écrivait que ceux qui sont venus à Christ par la foi sont, de ce fait, mûrs et capables de recevoir la sagesse de Dieu (#1Co 2:6). Il décrivait les croyants comme « des hommes faits » en parlant de ceux qui étaient justes en Christ (#Ph 3:2-20), par opposition avec ceux qui mettaient leur confiance dans la chair. Il déclara aussi que les apôtres avertissaient et enseignaient tout homme afin de le « présenter à Dieu, devenu parfait en Christ » (#Col 1:28).

 

exercé. Les vérités plus profondes, plus « solides », relatives au sacerdoce du Seigneur Jésus ne pouvaient être reçues que par ceux qui le connaissaient en tant que Sauveur. C’est la métaphore de l’entraînement et de la compétition sportive qui se trouve derrière ce mot (cf. #1Ti 4:7-8). Celui qui vient à Christ pour recevoir le parachèvement spirituel est ensuite entraîné par la Parole à discerner la vérité de l’erreur, une conduite sainte de celle qui ne l’est pas (cf. #2Ti 3:16-17).



HÉBREUX 6 * 1 à 20

 

1 ¶  C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, (6-2) de la foi en Dieu,

laissant. Il ne s’agit pas d’abandonner ou de mépriser les doctrines de base. C’est par elles qu’il faut commencer, mais il ne faut pas s’arrêter à elles. Elles sont la porte d’entrée donnant sur le chemin qui mène au salut en Christ.

 

les éléments de la parole de Christ. Tout comme pour l’expression « oracles de Dieu » en #Hé 5:12, c’est l’A.T. qui est ainsi désigné. L’auteur a en vue l’enseignement de base de l’A.T. qui préparait la voie au Messie; c’étaient les premiers enseignements relatifs à Christ. Ces « éléments » comportent les six points mentionnés aux versets  #Hé 6:1-2.

 

tendons à ce qui est parfait. Ce qui est « parfait », c’est le salut par la foi en Jésus, le Messie. Le verbe « tendons » est au passif, comme pour dire « laissons-nous porter vers le salut ». Cela ne signifie pas que le disciple doive se laisser porter par l’enseignant, mais que tous deux se laissent pousser en avant par Dieu. L’auteur avertit ses lecteurs juifs qu’il n’y a aucune vertu à s’arrêter aux principes élémentaires de l’A.T. et à répéter (« poser de nouveau le fondement ») ce qui n’avait été conçu que pour servir de fondations.

 

renoncement aux œuvres mortes. Dans l’A.T., se repentir signifiait se détourner des œuvres mauvaises porteuses de mort (cf. #Ez 18: 4 ; #Ro 6:23) et se tourner vers Dieu. Trop souvent les Juifs se tournaient vers Dieu d’une façon superficielle, en se contentant d’obéir à la lettre de la loi pour faire montre de leur repentance. L’homme intérieur restait mort (#Mt 23:25-28 ; #Ro 2:28-29). Cette sorte de repentance ne pouvait amener au salut (verset #Hé 6:6 ; #Hé 12:17 ; cf. #Ac 11:18 ; #2Co 7:10). Sous la nouvelle alliance, la repentance envers Dieu doit se doubler de la foi en notre Seigneur Jésus-Christ (#Ac 20: 21). C’est sa mort expiatoire qui nous sauve de nos « œuvres mortes » (#Hé 9:14 ; cf. #Jn 14: 6).

 

2  de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel.

foi en Dieu. La foi dans le Père seul ne suffit pas, elle doit s’accompagner de la foi en son Fils, Jésus-Christ (#Ac 4:12 ; cf. #Ja 2:14-20).

 

baptêmes. Une meilleure traduction serait « ablutions », comme dans 9:10. Le terme grec n’est jamais utilisé à propos du baptême chrétien. Le pluriel est inconciliable avec le concept du baptême chrétien, qui est unique. Dans le système lévitique de l’A.T., on se livrait à des ablutions cérémonielles qui étaient le signe extérieur de la purification du cœur (cf. #Ex 30:18-21 ; #Lé 16: 4, #Lé 16: 24, #Lé 16: 26, #Lé 16: 28 ; #Mr 7:4, #Mr 7:8). La nouvelle alliance appelle les croyants à une purification intérieure (#Tit 3:5) qui régénère l’âme.

 

l’imposition des mains. Selon les règles de l’A.T., la personne qui apportait une victime pour un sacrifice plaçait ses mains dessus pour symboliser son identification avec elle, comme sacrifice substitutif pour son péché (#Lé 1:4 ; #Lé 3:8, #Lé 3:13 ; #Lé 16: 21). Il pourrait aussi y avoir ici une allusion à la bénédiction solennelle du sacrificateur (cf. #Mt 19: 13).

 

résurrection …  jugement éternel. Les pharisiens croyaient en la résurrection des morts (#Ac 23: 8), mais ils restaient spirituellement morts (#Mt 23: 27). Ils croyaient aussi au jugement de Dieu, et c’était effectivement le sort qui leur était réservé. Il est significatif que toutes les doctrines des versets 1-2 puissent être associées aux pharisiens, qui étaient attirés vers Jésus et parfois associés à lui (#Lu 7:36-50 ; #Lu 13: 31 ; #Lu 14: 1 ; #Jn 3:1). Paul était l’un d’eux avant sa conversion (#Ph 3:5). Ils étaient le produit de la poursuite de la justice par les œuvres de la loi plutôt que par la foi (#Ro 9:30-32 ; #Ro 10:1-3). Une partie des Hébreux auxquels cette épître était destinée étaient sans doute des pharisiens.

 

3  C’est ce que nous ferons, si Dieu le permet.

C’est ce que nous ferons. Il est probable que l’auteur donne ici son propre témoignage et s’identifie en même temps aux lecteurs: comme il le leur recommandait, lui-même était passé des enseignements de l’A.T. à la nouvelle alliance. Le salut nécessite toujours une intervention de Dieu (cf. #Jn 6:44).

 

4  Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit,

ont été …  éclairés. Les Hébreux avaient été instruits dans la vérité biblique et en avaient une compréhension intellectuelle. Comprendre l’Évangile ne revient pas à être régénéré (cf. #Hé 10:26, #Hé 10:32). En #Jn 1:9, il apparaît clairement que l’illumination n’est pas synonyme de salut. Cf. #Hé 10:29.

 

ont goûté le don céleste. Dans le N.T., au sens figuré, « goûter » signifie faire l’expérience de quelque chose de façon parfaitement consciente (cf. #Hé 2:9). C’est une expérience qui peut être vécue à un moment précis ou d’une façon continue. Lorsque Christ a « goûté » la mort, ce n’était évidemment que momentanément, pas d’une façon continue, ni permanente. Tous les hommes bénéficient de la bonté de Dieu, mais cela ne signifie pas que tous soient sauvés (cf. #Mt 5:45 ; #Ac 17: 25). De nombreux Juifs, du temps du ministère terrestre de Christ, goûtèrent aux bénédictions du ciel qu’il leur apporta: guérison, délivrance des démons, consommation de la nourriture qu’il avait miraculeusement créée (#Jn 6). Que le « don » renvoie à Christ (cf. #Jn 6:51 ; #2Co 9:15) ou au Saint-Esprit (cf. #Ac 2:38 ; #1Pi 1:12), faire l’expérience de l’un ou de l’autre n’équivaut pas au salut (cf. #Jn 16: 8 ; #Ac 7:51).

 

ont eu part au Saint-Esprit. Même si le concept de participation est utilisé en #Hé 3:1, #Hé 3:14 ; #Hé 12:8 pour parler d’une relation dont jouissent les croyants, le contexte doit rester le facteur déterminant pour l’interprétation. Or, celui des versets 4-6 semble exclure toute allusion à d’authentiques croyants. Il pourrait donc s’agir ici de la participation, déjà mentionnée plus haut, au ministère miraculeux de Jésus, qui était animé par l’Esprit;  cf. #Lu 4:14, #Lu 4:18), ou au ministère de conviction du Saint-Esprit (#Jn 16: 8), auquel on peut évidemment résister sans faire l’expérience du salut (cf. #Ac 7:51).

 

5  qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir,

goûté. Cela correspond de façon surprenante à ce qui est décrit en #Hé 2:1-4. Comme Simon le magicien (#Ac 8:9-24), ces Hébreux n’avaient pas été régénérés, malgré ce qu’ils avaient entendu ou vu (cf. #Mt 13:3-9 ; #Jn 6:60-66). Ils répétaient les péchés de ceux qui étaient morts dans le désert après avoir vu les miracles opérés par Moïse et Aaron et entendu la voix de Dieu au Sinaï.

 

6  et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie.

sont tombés. Mot grec qui n’apparaît qu’ici dans le N.T. Dans la LXX, il servait à décrire une infidélité grave ou l’apostasie (cf. #Ez 14: 13 ; #Ez 18: 24 ; #Ez 20: 27). Il équivaut à l’apostasie de 3:12. La gravité de cette infidélité se voit à la terrible description du rejet qui figure dans ce verset: ces hommes crucifient une nouvelle fois Christ et le traitent avec mépris (voir aussi les descriptions frappantes de 10:29). L’« impossible » du verset 4 porte sur « soient encore renouvelés et amenés à la repentance ». Ceux qui péchaient de cette façon contre Christ ne pouvaient espérer ni restauration ni pardon (cf. #Hé 2:2-3 ; #Hé 10:26-27 ; #Hé 12:25), car ils l’avaient rejeté en pleine connaissance de cause et consciemment (comme le précisent les caractéristiques des versets  5-6). Ayant reçu une pleine révélation, ils avaient rejeté la vérité et tiré à propos de Christ des conclusions diamétralement opposées à la vérité; ils ne pouvaient donc pas espérer être sauvés. Selon eux, Jésus devait être crucifié, et ils se plaçaient du côté de ses ennemis. Ces versets n’enseignent pas que l’on pourrait perdre le salut. De nombreux passages de la Bible affirment en effet clairement qu’il est éternel (cf. #Jn 10:27-29 ; #Ro 8:35, #Ro 8:38-39 ; #Ph 1:6 ; #1Pi 1:4-5). Ceux qui veulent faire dire à ce verset que les croyants peuvent perdre leur salut devront admettre qu’il affirme alors l’impossibilité de le recouvrer.

 

7  Lorsqu’une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu’elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu ;

6:7-8 Ces illustrations montrent que ceux qui écoutent le message de l’Évangile et y répondent par la foi sont bénis; ceux qui l’entendent et le rejettent sont maudits (cf. #Mt 13:18-23).

 

8  mais, si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d’être maudite, et on finit par y mettre le feu.

réprouvée. Voir l’utilisation de ce terme en #Ro 1:28 (« réprouvé »); #2Co 13: 5 (« désapprouvés »); #2Ti 3:8 (« réprouvés).

 

9 ¶  Quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous attendons, pour ce qui vous concerne, des choses meilleures et favorables au salut.

Quoique nous parlions ainsi. Dans les versets précédents, il avait été indispensable de parler du jugement, mais l’auteur assure qu’en ce qui concerne les « bien-aimés », ceux qui sont déjà croyants, ils peuvent avoir pleinement confiance en leur salut.

 

bien-aimés. Ce terme montre que l’on vient de changer de destinataire et que l’on passe d’un message d’avertissement à un message d’encouragement. Le fait qu’il est désormais question des croyants est encore démontré par la confiance que des « choses meilleures » peuvent être attendues à leur propos (par comparaison avec les avertissements des versets précédents). Les choses « favorables au salut », ce sont leurs œuvres, car elles attestent de la réalité de leur salut (verset #Hé 6:10 ; cf. #Ep 2:10 ; #Ja 2:18, #Ja 2:26). Cette déclaration même implique que les éléments décrits en #Hé 5:11-6:5 n’ont rien à voir avec le salut mais caractérisent l’incrédulité et l’apostasie.

 

10  Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier votre travail et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant rendu et rendant encore des services aux saints.

votre travail et l’amour que vous avez montré. Voir #1Th 1:3-4.

 

pour son nom. Tout au long de cette épître, le « nom » renvoie, comme en hébreu, à l’autorité, à la personnalité et aux attributs du Fils de Dieu (#Hé 1:4) ou de Dieu le Père (#Hé 2:12 ; #Hé 13: 15 ; cf. #Jn 14: 13).

 

saints. Tous les chrétiens véritables sont « saints » (cf. #Hé 13: 24 ; #Ac 9:13 ; #Ro 1:7 ).

 

11  Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance,

vous. L’auteur parle de nouveau des incroyants, mais il semble intentionnellement distinguer ce groupe particulier des apostats des versets  4-6, qui courent le danger d’une perdition irrémédiable.

 

zèle. Terme qui peut traduire l’impatience ou la hâte. C’est une supplique adressée aux Juifs non croyants de venir à Christ sans tarder. Si ces Hébreux non engagés suivaient l’exemple de la foi active des saints (versets  #Hé 6:9-10, #Hé 6:12), ils obtiendraient le salut qui donne « jusqu’à la fin une pleine espérance » (cf. #Hé 10:22 ; #Col 2:2). Il ne faut pas remettre à plus tard la question du salut.

 

12  en sorte que vous ne vous relâchiez point, et que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses.

ne vous relâchiez point. Voir la note sur 5:11 {==> "Hé 5:11"},  où le même mot grec est traduit par « lents ».

 

imitiez. Concept répété en #Hé 13: 7 et qui est inhérent aux nombreux exemples de foi donnés au ch. #Hé 11.

 

héritent des promesses. L’héritage et les promesses du salut constituent un des thèmes de cette épître (cf. versets  #Hé 6:13, #Hé 6:15, #Hé 6:17 ; #Hé 1:14 ; #Hé 4:1, #Hé 4:3 ; #Hé 9:15 ; #Hé 10:36 ; #Hé 11:7-9, #Hé 11:11, #Hé 11:13, #Hé 11:17, #Hé 11:33, #Hé 11:39).

 

13  Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même,

Abraham. Pour encourager les Hébreux à s’appuyer sur leur foi plutôt que de s’accrocher au système lévitique, l’auteur cite l’exemple d’Abraham, grand modèle de foi à imiter (verset #Hé 6:12).

 

jura par lui-même. Comme cela est rapporté en #Ge 22:15-19, Dieu promit unilatéralement d’accomplir les termes de l’alliance conclue avec Abraham.

6:13-20 Les Hébreux croyants enduraient persécutions et souffrances, et il leur fallait beaucoup de patience et de persévérance. Cette foi persévérante leur permettrait d’hériter des promesses de Dieu, même si, pendant ce temps d’épreuve, elles leur semblaient éloignées. Ils devaient en toutes circonstances garder à l’esprit que Dieu est fidèle (cf. verset #Hé 6:10) et qu’en lui leur espérance était bien gardée (cf. versets  #Hé 6:11).

 

14  (6-13) et dit : (6-14) Certainement je te bénirai et je multiplierai ta postérité.

Citation de #Ge 22: 17 qui résume l’essence de la promesse de Dieu. Son accomplissement était garanti du seul fait qu’il l’avait prononcée. Il est significatif que cette citation de Genèse se situe dans le contexte du sacrifice d’Isaac, car son fils représentait pour Abraham l’accomplissement immédiat de la promesse de Dieu. L’accomplissement ultime de cette promesse aurait lieu au travers de la descendance d’Isaac.

 

15  Et c’est ainsi qu’Abraham, ayant persévéré, obtint l’effet de la promesse.

ayant persévéré. Abraham est un exemple de la persévérance décrite au verset 12. Avec la naissance d’Isaac, il eut droit à un début de réalisation des promesses, mais il mourut avant d’avoir vu leur accomplissement total (#Hé 11:13).

 

16  Or les hommes jurent par celui qui est plus grand qu’eux, et le serment est une garantie qui met fin à tous leurs différends.

6:16-18 La Parole de Dieu n’a pas besoin d’être confirmée par quelqu’un d’autre. On peut compter sur elle car Dieu lui-même est fidèle. Les hommes confirment les promesses qu’ils font en jurant par quelqu’un de plus grand qu’eux (notamment par Dieu). Puisque personne n’est supérieur à lui, Dieu ne peut jurer que par lui-même. Ce faisant, il consent à s’abaisser au niveau des hommes (verset #Hé 6:17), qui désirent une telle confirmation car leurs propres promesses sont peu fiables.

 

17  C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immutabilité de sa résolution, intervint par un serment,

18  afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée.

deux choses immuables. C’est-à-dire la promesse et le serment de Dieu. Le grec pour « immuables » était utilisé dans le contexte d’un testament: il ne peut être modifié par personne, si ce n’est par l’auteur lui-même.

 

refuge. Dans la LXX, le terme grec est employé au sujet des villes désignées par Dieu pour servir de refuge à ceux qui avaient tué quelqu’un accidentellement et avaient besoin de se protéger d’une vengeance éventuelle (#No 35:9-34 ; #De 19:1-13 ; #Jos 20:1-9 ; cf. #Ac 14:5-6).

 

l’espérance. L’espérance est l’un des thèmes favoris de l’épître. Elle découle aussi de l’étude de l’A.T. (#Ro 15: 4). L’espérance de l’accomplissement des promesses de Dieu sert « d’ancre de l’âme » (verset #Hé 6:19) et permet au croyant de rester confiant pendant les temps de bouleversements et de peine.

 

19  Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide ; elle pénètre au-delà du voile,

6:19-20 Notre espérance est incarnée par Christ lui-même, qui est entré pour nous dans la présence de Dieu, dans le lieu très saint céleste. Ce raisonnement sert à l’auteur de transition pour retourner au sujet qu’il avait laissé en #Hé 5:10: le sacerdoce de Melchisédek.

 

20  là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek.

 

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