JOUR 22 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

03/09/2018 00:41

JOUR 22 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

 

MARC 15 ET 16

 

MARC 15

1 ¶  Dès le matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil avec les anciens et les scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir lié Jésus, ils l’emmenèrent, et le livrèrent à Pilate.

 

Dès le matin. A l’aube, probablement entre 5 et 6 heures du matin. Ayant décrété illégalement la culpabilité de Jésus pendant la nuit (#Mr 14:53-65 ; #Jn 18:13-24), le sanhédrin se réunit formellement peu après l’aube pour prononcer sa sentence.

 

tinrent conseil. Réunion décrite en #Lu 22:66-71. Il ne s’agissait que de réitérer les charges qui avaient été retenues un peu plus tôt contre Jésus et de prononcer le verdict de culpabilité.

 

Pilate. Procurateur (gouverneur) romain de la Judée de 26 à 36 apr. J.-C. Sa résidence officielle était à Césarée, mais il se trouvait à Jérusalem pour la Pâque.

 

2  Pilate l’interrogea : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.

 

Pilate l’interrogea. Jean rapporte (#Jn 18:30-31) que les chefs juifs exigeaient de Pilate qu’il donne simplement son accord à la condamnation à mort qu’ils avaient déjà prononcée contre Jésus (#Mr 14:64). Pilate ayant refusé, ils présentèrent alors leurs fausses accusations contre Jésus (#Lu 23:2). Après les avoir entendues, Pilate l’interrogea.

 

Es-tu le roi des Juifs? C’est la seule accusation que Pilate prit au sérieux : si Jésus prétendait être roi, il se rendait coupable de rébellion contre Rome. La question de Pilate révèle qu’il avait déjà été mis au courant de ce chef d’accusation (#Lu 23:2).

 

Tu le dis. En formulant ainsi sa réponse, Jésus impliquait qu’il était effectivement le roi légitime d’Israël, mais que l’interprétation que faisait Pilate de sa déclaration n’était pas la sienne (cf. #Jn 18:34-37).

 

3  Les principaux sacrificateurs portaient contre lui plusieurs accusations.

 

plusieurs accusations. Cf. #Lu 23:2, #Lu 23:5.

 

4  Pilate l’interrogea de nouveau : Ne réponds-tu rien ? Vois de combien de choses ils t’accusent.

 

Ne réponds-tu rien? Pilate s’étonnait du silence de Jésus, car il s’attendait à ce que, comme tout prisonnier accusé, il se défende avec véhémence des accusations portées contre lui. Jésus resta silencieux, probablement afin d’accomplir la prophétie (#Esa 42:1-2 ; #Esa 53:7) ou parce que Pilate avait déjà déclaré qu’il était innocent (#Lu 23:4 ; #Jn 18:38), ou pour les deux raisons à la fois.

 

5  Et Jésus ne fit plus aucune réponse, ce qui étonna Pilate.

6  A chaque fête, il relâchait un prisonnier, celui que demandait la foule.

 

A chaque fête. A chaque Pâque.

 

relâchait. L’imparfait indique que c’était une habitude. Des sources profanes anciennes indiquent que les gouverneurs romains octroyaient à l’occasion une amnistie à la demande de leurs administrés. Présumant que le peuple demanderait la libération de son roi (qu’il avait reconnu comme tel au début de la semaine, 11:1-10), Pilate pensait sans doute que cette coutume annuelle était le seul moyen de sortir de son dilemme à propos de Jésus.

 

7  Il y avait en prison un nommé Barabbas avec ses complices, pour un meurtre qu’ils avaient commis dans une sédition.

 

Barabbas. Voleur (#Jn 18:40) et meurtrier (#Lu 23:18-19), il était d’une certaine façon impliqué dans une insurrection contre Rome. On ne sait pas si c’était par conviction politique ou par intérêt financier. Il est impossible de savoir de quelle insurrection il s’agit, mais de telles révoltes étaient courantes au temps de Jésus et annonçaient la révolte générale de 66-70 apr. J.-C.

 

8  La foule, étant montée, se mit à demander ce qu’il avait coutume de leur accorder.

9  Pilate leur répondit: Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?

10  Car il savait que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré.

 

par envie. Pilate se rendait compte que les autorités juives ne lui avaient pas livré Jésus par loyauté envers Rome. Il avait percé à jour leur tromperie et comprenait leur vrai motif sous-jacent : leur jalousie de la popularité de Jésus auprès du peuple.

 

11  Mais les chefs des sacrificateurs excitèrent la foule, afin que Pilate leur relâchât plutôt Barabbas.

12  Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?

13  Ils crièrent de nouveau : Crucifie-le !

14  Pilate leur dit : Quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le !

15 ¶  Pilate, voulant satisfaire la foule, leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.

 

battre de verges. Avec un fouet (connu sous le nom de flagellum) fait d’un manche en bois auquel étaient attachées des lanières de cuir munies de morceaux de métal à leur extrémité. Etre battu de verges avec un flagellum était une épreuve redoutable, car la chair était arrachée jusqu’à l’os, provoquant un abondant saignement. Souvent les prisonniers en mouraient.

 

crucifié. La crucifixion était la méthode romaine la plus répandue pour exécuter les esclaves et les étrangers. L’auteur latin Cicéron la décrivit comme « le châtiment le plus cruel et le plus odieux qui soit ».

 

16  Les soldats conduisirent Jésus dans l’intérieur de la cour, c’est-à-dire, dans le prétoire, et ils assemblèrent toute la cohorte.

 

prétoire. La résidence officielle du gouverneur à Jérusalem, probablement située dans le complexe de la forteresse Antonia.

 

toute la cohorte. Une cohorte romaine forte de 600 hommes avait ses quartiers à Jérusalem. Tous les soldats qui n’étaient pas en service à ce moment-là furent rassemblés pour se moquer de Jésus.

 

17  Ils le revêtirent de pourpre, et posèrent sur sa tête une couronne d’épines, qu’ils avaient tressée.

 

le revêtirent de pourpre …  une couronne d’épines. Le « pourpre » était la couleur portée traditionnellement par les rois; la « couronne d’épines » parodiait la couronne des rois. Les soldats, par méchanceté, avaient décidé de se livrer à une contrefaçon de couronnement, avec Jésus dans le rôle de roi des Juifs.

 

18  Puis ils se mirent à le saluer: Salut, roi des Juifs !

 

Salut, roi des Juifs! Cette salutation était une caricature de celle adressée à l’empereur.

 

19  Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, fléchissant les genoux, ils se prosternaient devant lui.

 

un roseau. Parodie de sceptre royal.

 

20  Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.

21  Ils forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus ;

 

On contraignait les condamnés à porter la lourde poutre de leur croix jusqu’au lieu de leur exécution. Epuisé par une nuit sans sommeil et grièvement blessé et affaibli par les verges, Jésus fut incapable de continuer. Les gardes romains enrôlèrent Simon de force, le choisissant apparemment au hasard pour porter la poutre jusqu’au bout. Originaire de la ville africaine de Cyrène, Simon se dirigeait vers Jérusalem. Marc l’identifie comme le « père d’Alexandre et de Rufus » (cf. #Ro 16:13), indice de la relation qu’il entretenait lui-même avec l’Eglise de Rome.

 

22 ¶  et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne.

 

Golgotha …  lieu du crâne. « Golgotha » est un mot araméen signifiant « crâne », que Marc traduisit pour ses lecteurs. Bien que le site exact soit inconnu, on considère que deux localisations sont possibles à Jérusalem :

1° Au nord, le calvaire de Gordon (ainsi nommé d’après celui qui le découvrit de nos jours);

2° le site traditionnel à l’ouest de l’église du Saint-Sépulcre, d’après une tradition remontant au IVe siècle.

 

23  Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas.

 

vin mêlé de myrrhe. Pour adoucir temporairement la douleur, les Romains toléraient que ce breuvage soit administré aux hommes condamnés à la crucifixion, moins par compassion que dans le but de les empêcher de se débattre pendant qu’on les clouait à la croix.

 

24  Ils le crucifièrent, et se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir ce que chacun aurait.

 

crucifièrent. Aucun des récits évangéliques ne donne de description détaillée de la façon dont se déroulaient les crucifixions.

 

partagèrent ses vêtements. C’était l’accomplissement de #Ps 22:19. Il était de coutume que les bourreaux se répartissent les vêtements du condamné entre eux.

 

25  C’était la troisième heure, quand ils le crucifièrent.

 

troisième heure. Selon cette manière juive de compter, la crucifixion eut lieu à 9 heures du matin. Jean note qu’il était environ la sixième heure lorsque Pilate condamna Jésus à être crucifié (#Jn 19:14). Comme Jean utilise apparemment la méthode romaine de compter les heures (en partant de minuit), la 6e heure de Jean devait correspondre à 6 heures du matin.

 

26  L’inscription indiquant le sujet de sa condamnation portait ces mots : Le roi des Juifs.

 

inscription indiquant le sujet de sa condamnation. Le crime pour lequel un condamné était exécuté était inscrit sur une planche de bois fixée à la croix au-dessus de sa tête. Dans le cas de Jésus, c’était une inscription rédigée en latin, hébreu et grec (#Jn 19:20).

 

Le roi des Juifs. Comme Pilate avait plusieurs fois répété que Jésus était innocent de tout crime (#Lu 23:4, #Lu 23:14-15, #Lu 23:22), il avait ordonné de graver cette inscription. Son intention n’étant sans doute ni de se moquer de Jésus ni de l’honorer, on peut penser qu’il choisit ce motif en guise d’affront aux autorités juives à qui il en voulait de lui avoir causé tant d’embarras. Les chefs juifs, outragés, vinrent exiger que l’inscription soit modifiée, mais il furent fermement éconduits par Pilate. En comparant les 4 Evangiles, on peut restituer l’inscription complète : Celui-ci est Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.

 

27  Ils crucifièrent avec lui deux brigands, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.

 

deux brigands. Probablement impliqués avec Barabbas dans l’insurrection, puisque, en droit romain, le vol n’était pas un crime passible de la peine capitale.

 

28  Ainsi fut accompli ce que dit l’Ecriture : Il a été mis au nombre des malfaiteurs.

 

En plaçant la croix de Jésus entre celle de deux brigands (v. #Mr 15:27), Pilate avait peut-être l’intention d’insulter un peu plus les Juifs, puisqu’il insinuait ainsi que leur roi ne valait pas mieux qu’un criminel sans envergure. Toutefois, pour Dieu, c’était une nouvelle façon d’accomplir une prophétie (cf. #Esa 53:12).

 

29  Les passants l’injuriaient, et secouaient la tête, en disant : Hé ! toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours,

 

secouaient la tête. Geste de mépris et de dérision (cf. #2R 19:21 ; #Ps 22:8 ; #Ps 44:15 ; #Ps 109:25 ; #Jér 18:16 ; #La 2:15).

 

toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours. Les gens répétaient ainsi la fausse accusation proférée pendant le procès devant Caïphe (#Mr 14:58). Cette accusation résultait d’une mauvaise interprétation des paroles de Jésus rapportées en #Jn 2:19-21.

 

30  sauve-toi toi-même, en descendant de la croix !

31  Les principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux, et disaient : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même !

32  Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! Ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient aussi.

 

descende maintenant de la croix. Une dernière sollicitation de la part des autorités juives incrédules pour que Jésus fasse un miracle (cf. #Mr 8:11). Leur affirmation qu’ils croiraient s’ils voyaient un tel miracle n’était pas sincère puisque, devant le miracle encore plus convaincant de la résurrection de Christ, ils s’enferrèrent dans leur incrédulité.

 

Ceux qui étaient crucifiés avec lui. Les deux brigands se joignirent à ceux qui se moquaient de Jésus, mais l’un d’eux se repentit ensuite (#Lu 23:40-43).

 

33 ¶  La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.

 

la sixième heure. Correspond à midi, selon l’heure juive, milieu de la période de 6 heures que dura le supplice de Jésus à la croix.

 

ténèbres. Signe de jugement divin (cf. #Esa 5:30 ; #Esa 13:10-11 ; #Joe 2:1-2 ; #Am 5:20 ; #Sop 1:14-15 ; #Mt 8:12 ; #Mt 22:13 ; #Mt 25:30). L’étendue géographique de cette obscurité n’est pas connue, mais d’après les écrits des Pères de l’Eglise elle déborda le territoire d’Israël.

 

neuvième heure. C’est-à-dire à 3 heures de l’après-midi.

 

34  Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eloï, Eloï, lama sabachthani ? ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

Eloï …  sabachthani ? Paroles du #Ps 22:2 en araméen Matthieu mentionne aussi ce cri, mais en hébreu (#Mt 27:46).

 

pourquoi m’as-tu abandonné? Jésus éprouva très douloureusement cet abandon du Père, dû au fait que la colère de Dieu était en train de se déverser sur lui, le substitut des pécheurs

 

35  Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : Voici, il appelle Elie.

 

Elie. Moquerie supplémentaire qui signifiait : « Que son précurseur vienne sauver ce soi-disant Messie »

 

36  Et l’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l’ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire, en disant : Laissez, voyons si Elie viendra le descendre.

 

vinaigre. Vin bon marché que consommaient soldats et ouvriers. C’était peut-être un geste de pitié, ou alors un acte purement dicté par la volonté de prolonger ses souffrances.

 

un roseau. Une branche d’hysope (#Jn 19:29).

 

37  Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira.

 

ayant poussé un grand cri. Vu les intenses souffrances qu’il venait d’endurer, ce cri démontre qu’il gardait une force incroyable. Cela révèle que sa vie ne s’était pas affaiblie petit à petit, mais qu’il la rendit par un acte volontaire (#Jn 10:17-18). Au sujet du contenu de ce cri de Jésus, voir #Lu 23:46.

 

38  Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.

 

Le voile du temple se déchira en deux. L’énorme rideau qui séparait le lieu très saint du reste du sanctuaire (#Ex 26:31-33 ; #Ex 40:20-21 ; #Lé 16:2 ; #Hé 9:3). Son déchirement signalait que l’accès à la présence de Dieu était ouvert à tous par la mort de son Fils.

 

39  Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit : Assurément, cet homme était Fils de Dieu.

 

Le centenier. L’officier romain chargé de la crucifixion. Les centeniers représentaient l’épine dorsale de l’armée romaine et commandaient 100 soldats.

 

voyant qu’il avait expiré de la sorte. Ce centenier avait assisté à la mort de bien des condamnés à la crucifixion, mais aucune ne ressemblait à celle de Jésus. On n’avait encore jamais vu un crucifié faire preuve d’autant de force que celle dont Jésus fit preuve, en lançant un cri (v. #Mr 15:37) si puissant au moment de rendre l’esprit. Ce cri s’ajouta au tremblement de terre qui coïncida avec la mort de Christ (#Mt 27:51), ce qui donna au centenier la conviction d’affirmer: « Assurément, cet homme était Fils de Dieu ». D’après la tradition chrétienne, ce centenier se serait converti.

 

40  Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et Salomé,

 

Certaines de ces femmes se trouvaient précédemment au pied de la croix (#Jn 19:25-27). A cet instant, incapables de supporter de si près le spectacle de la souffrance de Jésus, elles « regardaient de loin ». Leur fidélité remplie de compassion contrastait avec l’attitude des disciples qui, Jean excepté, avait disparu dans la nature.

 

Marie de Magdala. Elle était originaire du village de Magdala, sur la rive ouest de la mer de Galilée, d’où son nom. Luc rapporte que Jésus avait chassé d’elle sept démons (#Lu 8:2). Elle est d’habitude citée la première dans la liste des femmes qui suivaient Jésus, ce qui suggère qu’elle était peut-être leur chef.

 

Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses. On la distingue de ses homonymes grâce au nom de ses fils. « Jacques le mineur » (appelé aussi « Jacques, fils d’Alphée » en #Mt 10:3) faisait partie des douze.

 

Salomé. Femme de Zébédée (#Mt 27:56) et mère de Jacques et Jean.

 

41  qui le suivaient et le servaient lorsqu’il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem.

 

plusieurs autres. Elles accompagnaient Jésus depuis le temps de son ministère en Galilée, le suivaient dans ses voyages et veillaient à ses besoins ainsi qu’à ceux de ses disciples (cf. #Lu 8:2-3).

 

42 ¶  Le soir étant venu, comme c’était la préparation, c’est-à-dire, la veille du sabbat, — 

 

préparation. Vendredi, la veille du sabbat (samedi).

 

43  arriva Joseph d’Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus.

 

Joseph d’Arimathée. « Arimathée », connue dans l’A.T. sous le nom de Rama, ou Ramathaïm-Tsophim (lieu de naissance de Samuel, #1S 1:1, #1S 1:19 ; #1S 2:11), se trouvait à environ 25 km au nord-ouest de Jérusalem. Joseph était un membre éminent du « conseil » (ou sanhédrin), qui s’était opposé à la condamnation de Jésus (#Lu 23:51).

 

osa se rendre. Pilate ne devait pas voir d’un très bon œil un membre du sanhédrin, après que ce conseil l’avait forcé à faire crucifier un innocent. En outre, la prise de position publique de Joseph en faveur de Jésus allait faire enrager les autres membres du sanhédrin.

 

pour demander le corps de Jésus. D’après la loi romaine, les condamnés à mort perdaient leur droit à une sépulture, mais leur corps était rendu aux familles qui en faisaient la demande. La mère de Jésus était trop épuisée psychologiquement pour s’en charger. On n’a aucune preuve, par ailleurs, de la présence de ses frères et sœurs à Jérusalem, et ses amis les plus proches, les disciples, avaient fui (sauf Jean, chargé de prendre soin de Marie ; #Jn 19:26-27). En l’absence des proches de Jésus, c’est Joseph qui eut le courage de demander à Pilate le corps du supplicié.

 

44  Pilate s’étonna qu’il fût mort si tôt ; fit venir le centenier et lui demanda s’il était mort depuis longtemps.

 

Pilate s’étonna. Les crucifiés mettaient d’habitude plusieurs jours avant de mourir, d’où la surprise de Pilate de voir que Jésus était mort en six heures seulement. Avant d’accéder à la requête de Joseph, Pilate prit soin de vérifier auprès du « centenier » chargé de la crucifixion l’authenticité de la mort de Jésus.

 

45  S’en étant assuré par le centenier, il donna le corps à Joseph.

 

il donna le corps à Joseph. Ayant reçu confirmation du centenier que Jésus était bien mort, Pilate accorda son corps à Joseph. De ce fait, les Romains déclaraient Jésus officiellement décédé.

 

46  Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l’enveloppa du linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula une pierre à l’entrée du sépulcre.

 

l’enveloppa du linceul. Les Juifs n’embaumaient pas les morts mais les enveloppaient dans des bandelettes parfumées. Nicodème, autre membre en vue du sanhédrin (cf. #Jn 7:50), prêta assistance à Joseph pour s’occuper du corps (#Jn 19:39-40). Ces hommes, qui avaient tenu secret leur soutien à Jésus, le rendirent public en se portant volontaires pour le mettre au tombeau, alors que les disciples, qui avaient ouvertement suivi Jésus, se cachaient désormais (#Jn 20:19).

 

sépulcre taillé dans le roc. Ce « sépulcre » se trouvait près de Golgotha (#Jn 19:42). Matthieu ajoute que c’était celui que Joseph avait acheté pour lui-même (#Mt 27:60), et Luc aussi bien que Jean précisent que personne encore n’avait occupé ce tombeau (#Lu 23:53 ; #Jn 19:41).

 

47  Marie de Magdala, et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.

 

MARC 16

1 ¶  Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d’aller embaumer Jésus.

 

le sabbat fut passé. Le sabbat se terminait officiellement au crépuscule du samedi, après quoi les femmes furent autorisées à acheter les aromates.

 

Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé. Luc mentionne que Jeanne et d’autres femmes s’y trouvaient aussi (#Lu 24:10 ; cf. #Mr 15:41).

 

aromates. Les femmes se procurèrent d’autres aromates, en plus de ceux qui avaient déjà été préparés (cf. #Lu 23:56 ; #Jn 19:39-40).

 

embaumer. Littéralement « oindre, frotter ». Au contraire des Egyptiens, les Juifs n’embaumaient pas leurs morts. L’onction avec les aromates était une démonstration d’amour et visait à combattre la puanteur de la chair en décomposition. Ces femmes vinrent oindre le corps de Jésus le troisième jour après sa mise au tombeau. Cela prouve qu’elles non plus ne croyaient pas qu’il allait ressusciter (cf. #Mr 8:31 ; #Mr 9:31 ; #Mr 10:34).

 

2  Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever.

 

comme le soleil venait de se Lever. #Jn 20:1 précise que Marie de Magdala se rendit au tombeau alors qu’il faisait encore nuit. Il se peut qu’elle ait précédé les autres femmes ou que tout leur groupe soit parti ensemble à la nuit et soit arrivé devant le tombeau après le lever du soleil.

 

3  Elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre loin de l’entrée du sépulcre ?

 

Qui nous roulera la pierre. Marc est le seul à rapporter cette discussion des femmes sur le chemin du tombeau. Elles venaient de se rendre compte qu’elles n’étaient pas accompagnées d’un homme apte à déplacer la pierre (v. #Mr 16:4) qui obturait l’entrée du sépulcre. Comme leur dernière visite au tombeau remontait au vendredi soir, elles ignoraient qu’il avait été scellé et qu’une garde avait été postée devant, puisque ces dispositions avaient été prises le samedi (#Mt 27:62-66).

 

4  Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.

 

la pierre …  avait été roulée. Ce n’était pas destiné à permettre à Jésus de sortir, mais aux témoins d’entrer. Le tremblement de terre qui se produisit lorsque les anges roulèrent la pierre (#Mt 28:2) avait sans doute été circonscrit à la zone autour du tombeau, car les femmes ne l’avaient apparemment pas senti.

 

5  Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d’une robe blanche, et elles furent épouvantées.

 

dans le sépulcre. Dans une sorte de vestibule extérieur, séparé de la chambre mortuaire par un petit couloir.

 

jeune homme …  vêtu d’une robe blanche. L’ange, après avoir roulé la pierre, était entré dans la chambre mortuaire (#Mt 28:2). Luc rapporte qu’il y avait deux anges dans le tombeau ; Matthieu et Marc ne s’intéressent qu’à celui qui parla.

6  Il leur dit : Ne vous épouvantez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis.

 

Jésus de Nazareth, qui a été crucifié. Mieux rendu par « le Nazaréen ». Le récit inspiré ne laisse planer aucun doute quant à l’identité de celui qui avait occupé le tombeau. L’idée selon laquelle les femmes se seraient trompées de tombeau est tout simplement ridicule.

 

il est ressuscité. La résurrection de Christ est l’une des vérités centrales de la foi chrétienne (#1Co 15:4) et constitue la seule explication plausible au fait que le tombeau était vide. Même les chefs juifs ne contestèrent jamais qu’il était vide, mais ils s’empressèrent de concocter une théorie selon laquelle les disciples auraient volé le corps de Jésus (#Mt 28:11-15). L’idée même que de craintifs disciples (#Jn 20:19), pleins de doute (vv. #Mr 16:11, #Mr 16:13 ; #Lu 24:10-11), aient pu, on ne sait comment, se rendre maîtres du détachement de gardes romains pour voler le corps est absurde. Qu’ils l’aient fait pendant le sommeil des gardes confine aussi à l’absurdité. Comment auraient-ils pu déplacer la lourde pierre de l’entrée du tombeau sans réveiller au moins l’un des soldats ? Et, en tout état de cause, comment les gardes auraient-ils pu témoigner de ce qui s’était passé s’ils avaient été endormis ? Bien d’autres théories ont été échafaudées faussement au cours des siècles pour trouver une explication banale au tombeau vide, mais toutes ont fait la preuve de leur inanité.

 

7  Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.

 

et à Pierre. La présence de Pierre n’est pas signalée ici pour le mettre en avant, comme chef des disciples, mais pour assurer au lecteur que, malgré son triple reniement de Christ, il en faisait toujours partie.

 

il vous précède en Galilée …  comme il vous l’a dit. Le manque de foi des disciples explique leur lenteur à réagir à ces paroles; ils ne se mirent en route pour la Galilée (#Mt 28:7, #Mt 28:16) qu’après que Jésus leur fut apparu plusieurs fois à Jérusalem (cf. #Lu 24:13-32 ; #Jn 20:19-31).

 

8  Elles sortirent du sépulcre et s’enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.

 

effroi. Elles étaient totalement bouleversées par l’apparition de l’ange et par le mystère ahurissant de la résurrection.

 

9 ¶  Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d’abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons.

 

16:9-20

Des indices externes donnent de sérieuses raisons de penser que ces vv. ne faisaient pas partie, à l’origine, de l’Evangile de Marc. S’ils figurent dans la majorité des manuscrits grecs, on ne les retrouve pas dans les textes les plus anciens, souvent jugés les plus fiables. Une fin plus courte existait aussi mais elle n’est pas incluse ici dans le texte. Par ailleurs, si certains incluent ce passage, ils précisent qu’il ne se trouvait pas dans des manuscrits grecs plus anciens, tandis que d’autres manuscrits portent des marques faites par les scribes pour indiquer que l’authenticité de ce passage était douteuse. Les Pères de l’Eglise du IVe siècle Eusèbe et Jérôme firent remarquer que les vv. #Mr 16:9-20 ne figuraient pas dans la plupart des manuscrits grecs à leur disposition. Les indices internes plaident, eux aussi, lourdement contre une paternité de Marc. La transition entre les vv. 8 et 9 est maladroite et brusque. La particule grecque placée en tête du v. 9 implique une continuité avec ce qui précède. Or, ce qui suit n’a rien à voir avec l’histoire des femmes dont il est question au v. 8 mais décrit l’apparition de Christ à Marie de Magdala (cf. #Jn 20:11-18). On s’attend à ce qu’un nom masculin serve d’antécédent au participe masculin du v. 9, et cependant les femmes sont le sujet du v. 8. Alors qu’elle a déjà été mentionnée 3 fois (v. #Mr 16:1 ; #Mr 15:40, #Mr 15:47), Marie de Magdala est présentée au v. 9 comme si elle apparaissait pour la première fois. De plus, si Marc est effectivement l’auteur du v. 9, il est bien étrange qu’il ait attendu jusque-là pour indiquer que Jésus avait chassé sept démons de cette femme. L’ange a mentionné que Jésus apparaîtrait à ses disciples en Galilée, et cependant toutes les apparitions qui figurent dans les vv. #Mr 16:9-20 surviennent dans la région de Jérusalem. Enfin, la présence dans ces vv. de nombreux mots grecs qu’on ne retrouve nulle part ailleurs chez Marc plaide contre l’idée que Marc les ait rédigés. Les vv. #Mr 16:9-20 représentent une tentative précoce (ils étaient connus des Pères du IIe siècle, Irénée, Tatien et peut-être même Justin Martyr) de compléter l’Evangile de Marc. Ils reprennent certes des vérités énoncées dans d’autres parties des Ecritures, mais il convient de toujours les examiner à la lumière du texte entier et de se garder de formuler une doctrine qui se fonderait sur ces seuls vv. Puisque, malgré toutes les considérations qui plaident contre l’authenticité de ce passage, cette question n’est toujours pas tranchée, le mieux est de prendre en compte son sens et de le laisser figurer dans le texte, comme on le fait de #Jn 7:53-8:11.

 

le matin du premier jour de la semaine. C’est-à-dire aux premières heures du dimanche matin.

 

10  Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s’affligeaient et pleuraient.

11  Quand ils entendirent qu’il vivait, et qu’elle l’avait vu, ils ne le crurent point.

12  Après cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.

 

16:12-13

Incident relaté en #Lu 24:13-32.

 

13  Ils revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

14 ¶  Enfin, il apparut aux onze, pendant qu’ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

 

aux onze. Les douze, moins Judas qui s’était suicidé (#Mt 27:3-10).

 

leur incrédulité et la dureté de leur cœur. En ce sens qu’ils n’avaient pas cru les témoins de la résurrection (vv. #Mr 16:12-13 ; cf. #Lu 24:10-11).

15  Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.

 

16:15-16

Ressemble au récit de Matthieu du « grand ordre missionnaire », avec en plus le contraste entre ceux qui ont été baptisés (les croyants) et ceux qui refusent de croire et sont donc condamnés. Même si le v. 16 fait authentiquement partie de l’Evangile de Marc, il ne prétend pas que le baptême suffirait au salut. En effet, les perdus sont condamnés à cause de leur incrédulité, et non parce qu’ils n’ont pas été baptisés

 

16  Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.

17  Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ;

 

16:17-18

Ces signes avaient été promis à la communauté apostolique (#Mt 10:1 ; #2Co 12:12), non à tous les croyants de tous les âges (cf. #1Co 12:29-30). Tous (à l’exception de l’absorption de breuvages mortels) ont été vécus par l’un ou l’autre membre de l’Eglise apostolique et consignés dans les Ecritures (p. ex. #Ac 28:5), mais pas ensuite (cf. v. #Mr 16:20).

 

18  ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.

19 ¶  Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.

 

à la droite de Dieu. Place d’honneur occupée par Jésus après son ascension

 

20  Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient.

 

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