JOUR 30 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT
11/09/2018 00:26JOUR 30 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT
LUC 15 ET 16
LUC 15 * 1 à 32
1 ¶ Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre.
les publicains et les gens de mauvaise vie. Malgré la sévérité du message de Christ (#Lu 14:25-35), les personnes rejetées par la société étaient attirées à lui, tandis que les chefs religieux s’endurcissaient de plus en plus dans leur détermination à le tuer. Cf. #1Co 1:26-29.
2 Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.
murmuraient. Littéralement « murmuraient fortement », et ce parmi la foule. Leur attitude donna à Jésus l’occasion de prononcer trois paraboles qui illustrent la joie de Dieu devant la repentance des pécheurs.
Cet homme accueille des gens de mauvaise vie. Cette phrase fournit la clé de la trilogie de paraboles qui suivent : Christ n’avait pas honte d’être appelé « un ami des publicains et des gens de mauvaise vie » (#Lu 7:34).
3 Mais il leur dit cette parabole:
4 Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
à la recherche de celle qui est perdue. Les deux premières paraboles présentent le Seigneur comme celui qui prend l’initiative de rechercher les pécheurs. Les rabbins enseignaient que Dieu recevrait ceux des pécheurs qui demanderaient son pardon avec suffisamment d’ardeur, mais ici c’est Dieu lui-même qui cherche à sauver le pécheur. Au Moyen-Orient, le berger était responsable de toutes les brebis devant son maître ; il devait veiller à ce qu’aucune ne se perde ou ne soit tuée ou blessée (cf. #Mt 18:11-14).
5 Lorsqu’il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules,
il la met avec joie sur ses épaules. C’est l’image du berger aimant. Cf. #Jn 10:11 ; #Ps 23:1. La joie de retrouver ce qui était perdu constitue l’élément principal des trois paraboles (vv. #Lu 15:7, #Lu 15:10, #Lu 15:32).
6 et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue.
7 De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.
joie dans le ciel. Allusion à la joie de Dieu lui-même. Sur la terre, les murmures des pharisiens étaient de mise (v. #Lu 15:2), mais Dieu et les anges étaient dans une grande joie (v. #Lu 15:10).
n’ont pas besoin de repentance. Allusion à ceux qui se considèrent comme justes (cf. #Lu 5:32 ; #Lu 16:15 ; #Lu 18:9).
8 Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
drachmes. La drachme était une pièce de monnaie grecque équivalant à peu près au denier romain.
allume une lampe. La maison typique composée d’une seule pièce ne possédait pas de fenêtre.
balaie la maison. Désigne une recherche minutieuse.
9 Lorsqu’elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit: Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue.
10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
11 ¶ Il dit encore : Un homme avait deux fils.
15:11-12
La parabole du fils prodigue est la plus familière et la plus aimée de toutes celles prononcées par Christ. Elle fait partie des paraboles les plus longues et les plus détaillées, et contient plus d’une leçon, ce qui est exceptionnel. Le fils prodigue est l’exemple même d’une repentance sincère. Le frère aîné représente la méchanceté des pharisiens : leur propre justice, leurs préjugés et leur indifférence à l’égard des pécheurs repentants. Le père représente Dieu, qui est prompt à pardonner et qui attend avec impatience le retour du pécheur. Toutefois, comme dans les autres paraboles de ce chapitre, le thème principal est bien la joie de Dieu et les réjouissances qui remplissent le ciel lorsqu’un pécheur se repent.
12 Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Une demande choquante, qui signifie implicitement qu’il souhaite la mort de son père : le fils n’avait droit à aucun héritage tant que son père était en vie. Le père accède cependant à cette requête et lui donne sa part, qui correspond au tiers de la propriété. (Le frère aîné héritait d’une double part à cause du droit d’aînesse, #De 21:17.) Cette scène symbolise tous les pécheurs (liés à Dieu le Père en tant que ses créatures) qui perdent les privilèges dont ils pourraient jouir, lorsqu’ils refusent toute relation avec Dieu et choisissent à la place une vie de péché consacrée à leur propre plaisir.
13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
ayant tout ramassé. Le fils prodigue prend apparemment tout ce qui lui revient en liquide et part, abandonnant son père pour foncer tête baissée vers une vie de péché.
en vivant dans la débauche. Non content de tout gaspiller, le fils vit dans une immoralité pleine de dévergondage (v. #Lu 15:30). Il s’agit d’une vie dissolue au plus haut point.
14 Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux.
garder les pourceaux. C’était la pire des dégradations imaginables pour les auditeurs juifs de Jésus, les porcs étant considérés comme les plus détestables parmi les animaux impurs.
16 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
Il aurait bien voulu se rassasier des carouges. Il s’agit des gousses de caroubier, utilisées comme fourrage pour les animaux, mais indigestes pour les hommes. La seule raison pour laquelle il ne mange pas la nourriture des porcs, c’est qu’il n’en a pas la possibilité.
personne ne lui en donnait. Il ne peut même pas survivre en mendiant. Sa situation est catastrophique. Elle symbolise la condition du pécheur éloigné de Dieu, désespéré et incapable de s’en sortir par lui-même.
17 Etant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Etant rentré en lui-même. C’est-à-dire revenant à son bon sens. Lorsqu’il se retrouve dépourvu de tout et affamé, à cause de sa vie de péché, il est capable de plus de lucidité. Dans sa nouvelle condition, il est prêt à recevoir le salut.
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi,
je lui dirai. Il réfléchit longuement à ce qu’il dira et mesure le prix de sa repentance (v. #Lu 15:19).
j’ai péché contre le ciel. Le « ciel » est un euphémisme pour désigner Dieu. Le fils prend conscience de la futilité de sa situation et comprend en même temps la gravité de ses transgressions contre son père.
19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.
20 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.
son père le vit. De toute évidence, le père espérait revoir son fils et attendait son retour.
il courut. L’empressement et la joie du père au retour de son fils ne trompent pas: ils sont l’expression de cet attribut merveilleux de Dieu qui le distingue de tous les faux dieux inventés par les hommes et les démons. Il ne manifeste aucune indifférence ni hostilité, mais, Sauveur par nature, il désire que les pécheurs se repentent, et il se réjouit lorsqu’ils reviennent à lui. De #Ge 3:8 à #Ap 22:17, de la chute à la consommation de toutes choses, Dieu n’arrête pas de chercher à sauver les pécheurs et se réjouit chaque fois que l’un d’entre eux se repent et se convertit.
21 Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Le fils ne peut terminer les paroles de repentance qu’il a préparées, car son père l’interrompt pour lui accorder son pardon. Cette scène représente l’empressement de Dieu à pardonner le pécheur.
22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
le père dit. Sans une seule parole de reproche concernant le passé, le père déverse son amour sur son fils et exprime sa joie d’avoir retrouvé ce qui était perdu. Chacun des cadeaux du père reflète une facette particulière de son amour et témoigne de la totale acceptation dont il fait preuve vis-à-vis de son fils.
robe. Réservée à l’invité d’honneur.
anneau. Un symbole d’autorité.
souliers. Généralement, les esclaves n’en portaient pas ; ils représentent donc le rétablissement complet dans le statut de fils.
23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ;
le veau gras. Réservé uniquement aux occasions spéciales telles qu’un sacrifice ou la célébration d’une fête solennelle. Toutes ces marques de faveur (vv. #Lu 15:22-23) symbolisent la générosité des bénédictions du salut (cf. #Ep 1:3 ; #Ep 2:4-7).
24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
25 Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses.
le fils aîné. Il symbolise le pharisien ou le religieux hypocrite qui se tient près de la demeure du Père (le temple) mais qui n’a aucun sens de son péché, n’éprouve pas d’amour sincère pour le Père (autrement il partagerait sa joie) et ne s’intéresse nullement aux pécheurs repentants.
26 Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était.
27 Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras.
28 Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer.
Il se mit en colère. Une attitude à mettre en parallèle avec les murmures des scribes et des pharisiens (v. #Lu 15:2).
29 Mais il répondit à son père: Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis.
sans avoir jamais transgressé tes ordres. Cela est peu probable, étant donné le mépris dont ce garçon fait preuve envers son père en refusant de prendre part à sa grande joie. Cette affirmation en dit long sur le problème fondamental de tous les hypocrites religieux : ils ne reconnaîtront pas leur péché et ne s’en repentiront pas. Le commentaire du fils aîné reflète le même état d’esprit que les paroles des pharisiens en #Lu 18:11.
jamais tu ne m’as donné un chevreau. Il semble que, durant toutes ces années de service consacrées au père, le fils a eu des motifs par trop intéressés, avec comme moteur la pensée d’obtenir quelque chose pour lui-même. Le sentiment de propre justice de ce fils est certes plus acceptable, d’un point de vue social, que la débauche de son jeune frère, mais il est tout aussi déshonorant pour le père et nécessite la repentance.
30 Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras !
ton fils. Littéralement « ce fils de toi », expression chargée d’un profond mépris (cf. « ce publicain » en #Lu 18:11). Le fils aîné est incapable de dire « mon frère ».
31 Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ;
tout ce que j’ai est à toi. L’héritage ayant déjà été distribué (v. #Lu 15:12), tout ce que le père possède est littéralement à la disposition du fils aîné. Pourtant, celui-ci regarde d’un mauvais œil même l’amour que le père manifeste au fils prodigue. Les scribes et les pharisiens avaient un accès aisé à toutes les richesses de la vérité de Dieu. Ils passaient leur vie entière avec l’Ecriture et dans des cultes publics, mais en réalité ils n’avaient jamais joui des trésors dont bénéficie un homme qui se repent.
32 mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.
il fallait bien s’égayer. Cette phrase résume les trois paraboles.
LUC 16 * 1 à 31
1 ¶ Jésus dit aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe, qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens.
un économe. C’est-à-dire un serviteur jugé fidèle, souvent né dans la propriété, chargé de la gestion et de la répartition des biens de la maison. Il distribuait la nourriture à tous les autres serviteurs et gérait ainsi les ressources de son maître pour le bien-être des autres. Il agissait en tant qu’agent de son maître et était investi de l’autorité qui lui permettait de négocier des affaires au nom de celui-ci.
dissipant ses biens. La prodigalité est le point commun entre cette parabole et la précédente. Tout comme le fils cadet de la parabole précédente, cet économe est coupable de dilapider les ressources qui lui ont été confiées. Cependant, à la différence du fils prodigue, il a suffisamment de bon sens pour s’assurer que ses dépenses inconsidérées ne le laisseront pas, finalement, sans amis ni sans aucune possibilité de secours.
2 Il l’appela, et lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration, car tu ne pourras plus administrer mes biens.
tu ne pourras plus administrer mes biens. En annonçant son intention de renvoyer l’homme, le propriétaire manque de sagesse, ce qui lui coûte encore davantage. De toute évidence, il pense que l’homme est coupable d’incompétence, et non de fraude. Cela explique son attitude au v. 8.
3 L’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens ? Travailler à la terre ? je ne le puis. Mendier ? j’en ai honte.
Travailler à la terre ? je ne le puis. L’homme ne se considère pas apte au travail physique.
4 Je sais ce que je ferai, pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi.
ce que je ferai. Il prévoit habilement d’offrir une large remise aux débiteurs de son maître, lesquels ne seront que trop contents de l’accepter.
me reçoivent dans leurs maisons. Ceux qui ont profité de l’allègement de leur dette seront dès lors ses obligés et devront l’inviter chez eux lorsqu’il sera renvoyé de chez son maître.
5 Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?
6 Cent mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante.
vite. C’est une transaction secrète, menée à l’insu du maître. L’emprunteur est coupable de complicité délibérée avec l’homme et son attitude frauduleuse.
7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Cent mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, et écris quatre-vingts.
8 Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.
Le maître loua l’économe infidèle. Tombé sur un plus malin que lui, il approuve la ruse de cet homme. Son admiration pour le génie criminel du mauvais économe montre qu’il est, lui aussi, un homme méchant. Un cœur pécheur admire naturellement l’habileté du méchant (#Ps 49:19). Il est à remarquer que tous les personnages de cette parabole sont méchants, peu scrupuleux et corrompus.
plus avisés. La plupart des non-croyants montrent plus de perspicacité dans les affaires du monde que certains croyants (les « enfants de lumière », cf. #Jn 12:36 ; #Ep 5:18) n’en manifestent dans les choses de Dieu.
9 Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer.
les richesses injustes. C’est-à-dire l’argent. L’économe infidèle a employé l’argent de son maître pour s’acheter l’affection d’amis de ce monde ; les croyants doivent utiliser l’argent de leur Maître de manière à ce qu’il leur rapporte des amis pour l’éternité. Dans ce but, ils l’investiront dans l’Evangile du royaume qui conduit les pécheurs au salut ; ainsi, lorsqu’ils entreront au ciel (« les tabernacles éternels »), ces pécheurs seront là pour les accueillir. Christ ne recommande pas la malhonnêteté de cet homme, puisqu’il le qualifie à juste titre d’ « infidèle » (v. #Lu 16:8). Cependant, ce personnage lui permet d’illustrer une vérité : même les fils de ce monde les plus méchants savent prendre leurs précautions pour se protéger du mal à venir. Les croyants devraient se montrer d’autant plus prévoyants qu’ils sont animés par des considérations éternelles, et non simplement terrestres. Cf. #Lu 12:33 ; #Mt 6:19-21.
10 Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes.
Celui qui est fidèle. Probablement un proverbe courant. Cf. #Lu 19:17 ; #Mt 25:21.
11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ?
les véritables. L’emploi fidèle des richesses terrestres est régulièrement mis en relation avec l’accumulation de trésors dans le ciel (cf. #Lu 12:33 ; #Lu 18:22 ; #Mt 6:19-21).
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
ce qui est à autrui. C’est-à-dire à Dieu ; le passage traite de la gestion de l’argent que Dieu confie aux croyants pour qu’ils l’emploient, mais dont il est, lui, le propriétaire.
13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. De nombreux pharisiens enseignaient qu’une dévotion envers l’argent (« Mammon ») et le culte rendu à Dieu étaient compatibles (v. #Lu 16:14). Cette idée allait de pair avec la conviction populaire qui voulait que les richesses terrestres soient des manifestations de la bénédiction divine. Les hommes riches étaient ainsi considérés comme les favoris de Dieu. Sans condamner la richesse en tant que telle, Christ critique sévèrement l’amour de l’argent et la dévotion à Mammon.
14 Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui.
15 Jésus leur dit : Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu.
vous cherchez à paraître justes. Les pharisiens croyaient que leur propre bonté suffisait à les justifier (cf. #Ro 10:3). Une telle attitude est l’exemple type de la propre justice. Cependant, comme Jésus le suggère, leur justice était loin d’être parfaite : en réalité, elle n’était qu’un vernis extérieur. Elle suffisait probablement pour les justifier aux yeux des hommes, mais pas devant Dieu, qui connaissait leur cœur. Jésus a régulièrement dénoncé le travers consistant à rechercher l’approbation des hommes (cf. #Mt 6:2, #Mt 6:5, #Mt 6:16 ; #Mt 23:28).
16 La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean ; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer.
jusqu’à Jean. Le ministère de Jean-Baptiste marqua un tournant décisif dans l’histoire de la rédemption. Auparavant, les grandes vérités concernant Christ et son royaume étaient voilées dans les types et les ombres de la loi et présentes sous la forme de promesses dans les écrits des prophètes (cf. #1Pi 1:10-12). Contrairement à ces derniers, Jean-Baptiste introduisit le roi lui-même. Les pharisiens, qui se considéraient comme des experts de la loi et des prophètes, passèrent à côté de la signification profonde de Celui-là même dont parlaient toute la loi et les prophètes.
chacun use de violence pour y entrer. Cf. #Jér 29:13. Alors que les pharisiens étaient occupés à s’opposer à Christ, les pécheurs entraient dans son royaume en grand nombre. La « violence » renvoie probablement au zèle des pécheurs, qui cherchaient de tout leur cœur à entrer dans le royaume.
17 Il est plus facile que le ciel et la terre passent, qu’il ne l’est qu’un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber.
qu’un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber. Jésus ajoute cette parole à l’attention de toute personne susceptible de penser que les affirmations du v. 16 annulent la loi et les prophètes. Les grands principes moraux de la loi, les vérités éternelles contenues dans ses types et symboles, ainsi que les promesses dont parlent les prophètes demeurent tous en vigueur et ne sont en rien abrogés par le message du royaume.
18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et quiconque épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère.
commet un adultère. Dans le cas où le divorce n’a pas de motif légitime. Luc donne un récit abrégé de l’enseignement de Jésus à ce sujet, en mettant l’accent uniquement sur le thème principal de son message. Le récit plus complet fourni par Matthieu indique clairement que le divorce était autorisé par le Seigneur en cas d’adultère. Cet enseignement s’opposait à la doctrine des rabbins, qui permettaient aux hommes de divorcer de leur épouse pour presque n’importe quelle raison (#Mt 19:3).
19 ¶ Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie.
20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères,
Lazare. De toute évidence, il n’est pas question ici du Lazare de #Jn 11 (qui mourut plus tard). Ce mendiant est le seul personnage des paraboles de Jésus à recevoir un nom. Cette particularité a fait dire à certains commentateurs qu’il ne s’agit pas d’un récit fictif, mais d’un incident authentique. Quoi qu’il en soit, Christ l’emploie de façon identique à toutes ses paraboles, c’est-à-dire dans le but d’enseigner une leçon, et dans ce cas à l’attention des pharisiens.
21 et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères.
La mention de miettes, d’ulcères et de chiens contribuait à rendre le pauvre odieux aux yeux des pharisiens ; ils ne tarderaient pas à y voir des preuves de la défaveur divine. A leurs yeux, une telle personne était non seulement impure, mais manifestement rejetée de Dieu.
22 Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli.
le sein d’Abraham. La même expression (qui n’apparaît que dans ce passage de l’Ecriture) est employée dans le Talmud comme symbole du ciel. Elle signifie que Lazare a reçu une place d’honneur, aux côtés d’Abraham, au banquet céleste.
23 Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
Dans le séjour des morts. L’idée selon laquelle un homme riche pourrait être exclu du ciel était scandaleuse pour les pharisiens. La pensée qu’un mendiant, qui devait se contenter de miettes, pouvait s’asseoir à une place d’honneur aux côtés d’Abraham leur était particulièrement désagréable. Dans la LXX, le terme « séjour des morts » (grec hades) est employé pour traduire le mot hébreu scheol, qui désignait le royaume des morts de façon générale, sans nécessairement faire la distinction entre les âmes justes et les injustes. Cependant, dans l’usage établi par le N.T., « le séjour des morts » désigne toujours la demeure des méchants avant le jugement dans l’étang de feu. L’image employée par Jésus reprend l’idée rabbinique selon laquelle le séjour des morts se composait de deux parties séparées par un gouffre infranchissable, l’une contenant les âmes des justes et l’autre celles des injustes. Cependant, contrairement à l’idée émise par certains, il n’y a aucune raison de supposer que le « sein d’Abraham » fasse allusion à une prison temporaire pour les âmes des saints de l’A.T., qui seraient parvenus au ciel seulement lors du rachat de leurs péchés par Jésus. L’Ecriture enseigne invariablement que les esprits des morts justes se rendent immédiatement dans la présence de Dieu (cf. #Lu 23:43 ; #2Co 5:8 ; #Ph 1:23). La présence de Moïse et d’Elie sur le mont de la transfiguration (#Lu 9:30) dément l’idée selon laquelle ils auraient été confinés dans une partie du séjour des morts jusqu’à ce que Christ ait accompli son œuvre.
24 Il s’écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme.
je souffre cruellement. Christ dépeint le séjour des morts comme un lieu où les tourments indescriptibles de l’étang de feu ont déjà commencé. Il en mentionne les supplices : le feu qui ne s’éteint pas, une conscience accusatrice nourrie par le souvenir d’occasions perdues (v. #Lu 16:25) et une séparation irréversible d’avec Dieu et d’avec tout ce qui est bon (v. #Lu 16:26).
25 Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres.
26 D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.
27 Le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ;
envoyer Lazare dans la maison de mon père. L’homme riche conserve une attitude condescendante envers Lazare même en enfer, demandant sans cesse à Abraham de l’« envoyer » à son service (cf. v. #Lu 16:24). Les flammes de l’enfer ne rachètent pas le péché et ne purifient pas les pécheurs endurcis de leur corruption (cf. #Ap 22:11).
28 (16-27) car j’ai cinq frères. (16-28) C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments.
29 Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.
Ils ont Moïse et les prophètes. C’est-à-dire les écrits inspirés de l’A.T.
30 Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront.
31 Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait.
ils ne se laisseront pas persuader. Ce passage affirme avec force la pleine suffisance de l’Ecriture pour vaincre l’incrédulité. L’Evangile lui-même est la puissance de Dieu pour le salut (#Ro 1:16). Etant donné que l’incrédulité est avant tout un problème d’ordre moral plutôt qu’intellectuel, aucune preuve ne peut la transformer en foi. En revanche, la Parole révélée de Dieu possède en elle-même le pouvoir d’opérer cette transformation (cf. #Jn 6:63 ; #Hé 4:12 ; #Ja 1:18 ; #1Pi 1:23).
—————