JOUR 39 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

20/09/2018 00:51

JOUR 39 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

 

JEAN 9 ET 10

 

JEAN 9 * 1 à 41


1 ¶  Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance.

9:1-13 Jésus fit un miracle en recréant les yeux d’un homme qui était aveugle de naissance (v. #Jn 9:1). Cette guérison présente quatre caractéristiques:

1° le problème qui précipita la guérison (v. #Jn 9:1);

2° le but pour lequel cet homme était né aveugle (vv. #Jn 9:2-5);

3° la puissance qui le guérit (vv. #Jn 9:6-7);

4° la perplexité des témoins de cette guérison (vv. #Jn 9:8-13).

 

2  Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?

qui a péché. Le péché peut effectivement être à l’origine de la souffrance, comme l’indiquent les Écritures (voir #Jn 5:14 ; #No 12 ; #1Co 11:30 ; #Ja 5:15), mais ce n’est pas le cas le plus fréquent (voir Job; #2Co 12:7 ; #Ga 4:13). Les disciples, comme tous les Juifs de l’époque, présumaient que le péché était la cause de la plupart des souffrances. En l’occurrence, cependant, Jésus affirme clairement que le péché n’avait rien à voir (voir le v. 3).

 

3  Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

Jésus ne nie pas la relation générale de cause à effet entre le péché et la souffrance, mais réfute l’idée que les péchés commis personnellement soient ici responsables. La souveraineté et les objectifs divins jouent un grand rôle dans ces affaires, comme #Job 1:1-2:2 l’indique clairement.

 

4  Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler.

tandis qu’il est jour. C’est-à-dire tant qu’il serait sur terre avec ses disciples. Cette expression ne signifie pas que Jésus cesserait d’être la lumière du monde après son ascension. Toutefois, sa lumière brilla de son plus fort éclat lors de son séjour sur terre parmi les hommes, alors qu’il accomplissait les œuvres de son Père (cf. #Jn 8:12).

 

la nuit vient. Dieu est lumière. La lumière et les ténèbres sont des symboles courants dans l’Écriture. Du point de vue des concepts, la « lumière » correspond à la vérité biblique, alors que les « ténèbres » représentent l’erreur et le mensonge (cf. #Ps 119:105 ; #Pr 6:23 ; #Jn 1:4 ; #Jn 8:12). Moralement parlant, la « lumière » se rapporte à ce qui est saint ou pur, tandis que les « ténèbres » désignent le péché ou les mauvaises actions (cf. #Ro 13:11-14 ; #1Th 5:4-7).

 Les hérétiques prétendaient avoir été vraiment éclairés et marcher dans la véritable lumière. Jean niait que cela soit le cas, parce qu’ils refusaient de reconnaître leur propre péché: sur cette vérité élémentaire, ils n’avaient pas été éclairés!

point en lui de ténèbres. Jean affirme avec autorité que Dieu est parfait à tout point de vue et que rien, dans sa personne, ne porte atteinte à sa vérité ni à sa sainteté (cf. #Ja 1:17).

L’obscurité renvoie tout particulièrement au moment où Jésus fut enlevé à ses disciples pour être crucifié (v. #Jn 9:5).

 

5  Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

je suis la lumière du monde. C’est la deuxième fois que Jésus déclare: « Je suis » (voir #Jn 6:35). Jean a déjà utilisé, à son sujet, la métaphore de la « lumière » (#Jn 1:4). La métaphore de Jésus est enracinée dans l’A.T. (#Ex 13:21-22 ; #Ex 14:19-25 ; #Ps 27:1 ; #Ps 119:105 ; #Pr 6:23 ; #Ez 1:4, #Ez 1:13, #Ez 1:26-28 ; #Ha 3:3-4). Cette déclaration souligne le rôle de Jésus en tant que Messie et Fils de Dieu (#Ps 27:1 ; #Mal 4:2). L’A.T. présentait l’ère messianique à venir comme un temps où le Seigneur serait une lumière pour son peuple (#Esa 60:19-22 ; cf. #Ap 21:23-24) et pour toute la terre (#Esa 42:6 ; #Esa 49:6). #Za 14:5b-8 met l’accent sur Dieu en tant que lumière du monde, celui qui donne de l’eau vive à son peuple. A propos de Jésus comme « lumière »,cf. #Jn 1:5, #Jn 1:9 ; #Jn 3:19 ; #Jn 12:35, #Jn 12:46. Jésus n’était pas seulement la lumière spirituelle du monde: il était aussi en mesure de procurer à l’aveugle les moyens de recevoir la lumière du monde physique.

 

6  Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle,

fit de la boue avec sa salive. Comme il le fit le jour où il fabriqua un être humain à partir de boue (#Ge 2:7), il est possible que Jésus ait utilisé de la terre pour façonner une paire d’yeux à l’aveugle-né.

 

7  et lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé, nom qui signifie envoyé. Il y alla, se lava, et s’en retourna voyant clair.

lave-toi au réservoir de Siloé. Le nom « Siloé » signifie « envoyé » en hébreu Le réservoir de Siloé se trouvait au sud-est de la cité de David originelle. Sa source passait par un canal (le tunnel d’Ézéchias) et venait de la vallée du Cédron. Il peut être identifié à l’étang inférieur ou ancien étang mentionné en #Esa 22: 9, #Esa 22: 11. L’eau qui servait aux rites des ablutions à la fête des tabernacles était tirée de ce réservoir.

 

8 ¶  Ses voisins et ceux qui auparavant l’avaient connu comme un mendiant disaient : N’est-ce pas là celui qui se tenait assis et qui mendiait ?

9:8-9 Dans l’Antiquité, des difformités physiques aussi graves que la cécité congénitale condamnaient l’aveugle à n’avoir que la mendicité comme moyen de subsistance (voir #Ac 3:1-7). Le changement observé dans la personne guérie entraîna plus d’un à douter qu’il s’agisse de l’aveugle de naissance.

 

9  Les uns disaient : C’est lui. D’autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait: C’est moi.

10  Ils lui dirent donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?

11  Il répondit : L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, a oint mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et j’ai recouvré la vue.

12  Ils lui dirent : Où est cet homme ? Il répondit : Je ne sais.

13 ¶  Ils menèrent vers les pharisiens celui qui avait été aveugle.

Ils. C’est-à-dire « ses voisins et ceux qui auparavant l’avaient connu comme un mendiant » (v. #Jn 9:8).

vers les pharisiens. Les gens amenèrent l’aveugle guéri aux pharisiens parce que Jésus avait accompli ce miracle le jour du sabbat (v. #Jn 9:14). Ils savaient que les pharisiens ne supportaient pas ceux qui ne respectaient pas ce jour (cf. #Jn 5:1-15). Le peuple cherchait aussi à avoir des conseils de la part des chefs religieux et de la synagogue locale.

9:13-34 Cette section de l’histoire de la guérison de l’aveugle-né met en lumière quelques-unes des caractéristiques de l’incrédulité volontaire:

1° elle pousse à adopter des normes qui sont fausses;

2° elle pousse à vouloir toujours plus de preuves, sans en avoir jamais assez;

3° elle pousse à orienter les recherches dans des directions subjectives, correspondant aux désirs de l’incrédule;

4° elle rend aveugle aux preuves factuelles;

5° elle incite à l’égocentrisme.

Jean a relaté ce dialogue entre l’aveugle guéri et les pharisiens pour deux raisons:

1° il montre que l’incrédulité des pharisiens était volontaire et obstinée;

2° il confirme le fossé qui se creusait entre les tenants de la synagogue et les nouveaux disciples de Jésus.

L’aveugle-né fut la première personne à être chassée de la synagogue pour avoir choisi de suivre Christ (voir #Jn 16:1-3).

 

14  Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux.

15  De nouveau, les pharisiens aussi lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il a appliqué de la boue sur mes yeux, je me suis lavé, et je vois.

16  Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent : Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n’observe pas le sabbat. D’autres dirent : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? (9-17) Et il y eut division parmi eux.

ne vient pas de Dieu. Leur raisonnement était sans doute le suivant: puisque Jésus n’avait pas respecté leur interprétation du sabbat, il ne pouvait donc pas être le prophète promis par Dieu (#De 13:1-5 ; #De 18: 15).

 

17  Ils dirent encore à l’aveugle : Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Il répondit: C’est un prophète.

division. Les divisions avaient commencé au sein du peuple, qui ne savait que penser de Jésus (#Jn 7:40-43); désormais, c’était au tour des autorités de se diviser à son sujet.

C’est un prophète. Alors que l’aveugle voyait parfaitement que Jésus était plus qu’un simple homme, les pharisiens  doués de la vue - s’étaient endurcis au point qu’ils étaient devenus aveugles à cette vérité spirituelle (voir le v. 39). La cécité, dans la Bible, est synonyme d’obscurité spirituelle, c’est-à-dire de l’incapacité de discerner Dieu ou ses vérités (#2Co 4:3-6 ; #Col 1:12-14).

 

18  Les Juifs ne crurent point qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir ses parents.

fait venir ses parents. Les voisins étaient susceptibles de se tromper sur l’identité de l’aveugle, mais ses propres parents ne pourraient le prendre pour quelqu’un d’autre. Les autorités considéraient comme sans valeur le témoignage de l’homme qui avait été guéri.

 

19  Et ils les interrogèrent, disant: Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20  Ses parents répondirent : Nous savons que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle ;

21  mais comment il voit maintenant, ou qui lui a ouvert les yeux, c’est ce que nous ne savons. Interrogez-le lui-même, il a de l’âge, il parlera de ce qui le concerne.

22  Ses parents dirent cela parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs étaient déjà convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue.

23  C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même.

24  Les pharisiens appelèrent une seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Donne gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur.

Donne gloire à Dieu. Les autorités voulaient que l’homme admette que Jésus était un pécheur parce qu’il avait violé leurs traditions et menacé leur influence (cf. #Jos 7:19).

nous savons que cet homme est un pécheur. Parmi les autorités, l’opinion unanime était que Jésus était un pécheur (cf. #Jn 8:46). Du fait de cette opinion a priori, ils refusaient d’accepter le moindre témoignage attestant d’un véritable miracle de sa part.

 

25  Il répondit : S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois.

26  Ils lui dirent : Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ?

27  Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté ; pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Voulez-vous aussi devenir ses disciples ?

Pour souligner avec force leur hypocrisie, l’aveugle guéri fait preuve d’une mordante ironie en leur demandant s’ils l’interrogent parce qu’ils envisagent de devenir les disciples de Jésus.

 

28  Ils l’injurièrent et dirent : C’est toi qui es son disciple ; nous, nous sommes disciples de Moïse.

son disciple …  disciples de Moïse. Dès lors, l’entrevue dégénère en un bruyant échange d’insultes. L’astuce de l’aveugle guéri a mis en lumière le préjugé de ses interlocuteurs. Aux yeux des autorités, l’opposition entre Jésus et Moïse était irréconciliable. Si l’ancien aveugle défendait Jésus, ce ne pouvait être que parce qu’il avait été son disciple avant sa guérison.

 

29  Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est.

30  Cet homme leur répondit: Il est étonnant que vous ne sachiez d’où il est ; et cependant il m’a ouvert les yeux.

L’aveugle guéri fit preuve de plus de discernement spirituel et de bon sens que l’ensemble des personnages importants qui les jugeaient, Jésus et lui. Sa logique était si pénétrante qu’elle dévoila leur obstination à l’incrédulité. Plein de bon sens, il pensait qu’un miracle aussi remarquable ne pouvait qu’indiquer la nature divine de Jésus. Les Juifs étaient en effet persuadés que Dieu exauçait celui qui s’adressait à lui en fonction de sa justice (voir #Job 27:9 ; #Job 35:13 ; #Ps 66:18 ; #Ps 109:7 ; #Pr 15: 29 ; #Esa 1:15 ; cf. #Jn 14:13-14 ; #Jn 16:23-27 ; #1Jn 3:21-22). Ce miracle était si extraordinaire qu’on ne pouvait que conclure à la divinité de Jésus.

 

31  Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce.

32  Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né.

33  Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.

34  Ils lui répondirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le chassèrent.

et tu nous enseignes! Les pharisiens étaient très remontés contre lui, et leur colère les empêchait de constater combien cet homme inculte venait de faire preuve de discernement. Leur réponse prouve en outre qu’ils ne connaissaient pas l’A.T. aussi bien qu’ils le prétendaient, car il annonçait que l’ère messianique aurait pour signe la restauration de la vue des aveugles (#Esa 29:18 ; #Esa 35:5 ; #Esa 42:7 ; cf. #Mt 11:4-5 ; #Lu 4:18-19).

 

35 ¶  Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé ; et, l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ?

Crois-tu. Jésus invitait cet homme à mettre sa confiance en lui comme celui qui révélait Dieu à l’homme. Il accordait beaucoup d’importance à la reconnaissance publique de ce qu’il était et à la confession de foi en lui (#Mt 10:32 ; #Lu 12:8).

Fils de Dieu. « Fils de l’Homme », selon les plus anciens manuscrits (cf. #Jn 1:51 ; #Jn 3:13-14 ; #Jn 5:27 ; #Jn 6:27, #Jn 6:53, #Jn 6:62 ; #Jn 8:28).

9:35-41 Tandis que les vv. #Jn 9:1-34 traitent d’une restauration physique, les vv. #Jn 9:35-41 s’attachent à décrire la lumière spirituelle que Jésus apporta à l’aveugle.

 

36  Il répondit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

Seigneur. L’homme n’avait pas forcément compris que Jésus était Dieu; le terme grec pouvait simplement signifier « Monsieur ». Voir aussi le v. 38. Comme l’aveugle n’avait jamais vu Jésus (v. #Jn 9:7) et ne l’avait pas rencontré depuis qu’il était allé se laver au réservoir, il ne reconnut pas tout de suite celui qui l’avait guéri.

 

37  Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c’est lui.

38  Et il dit : Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui.

39 ¶  Puis Jésus dit : Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

pour un jugement. Cela ne signifie pas que le but de sa venue soit de condamner, car il est venu pour sauver (#Jn 12:47 ; #Lu 19: 10); néanmoins, si certains seulement sont sauvés, cela entraîne logiquement que d’autres ne le seront pas. La dernière partie de ce v. est une citation d’#Esa 6:10 ; #Esa 42:19 (cf. #Mr 4:12).

ceux qui ne voient point. Ceux qui sont conscients d’être dans les ténèbres spirituelles.

ceux qui voient. Désigne, de façon ironique, ceux qui se croient dans la lumière mais, en fait, ne le sont pas (cf. #Mr 2:17 ; #Lu 5:31).

 

40  Quelques pharisiens qui étaient avec lui, ayant entendu ces paroles, lui dirent : Nous aussi, sommes-nous aveugles ?

sommes-nous aveugles? Apparemment, Jésus avait rencontré cet homme dans un lieu public, de sorte que les pharisiens puissent être présents et entendre sa déclaration.

 

41  Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C’est pour cela que votre péché subsiste.

votre péché subsiste. Jésus faisait surtout allusion au péché de l’incrédulité et du rejet de son statut de Messie et Fils de Dieu. S’ils prenaient conscience de leur état de perdition et d’aveuglement, et qu’ils se mettent à crier à lui pour recevoir la lumière spirituelle, ils ne seraient alors plus coupables de ce péché d’incrédulité au sujet de Christ. Or, ils se satisfaisaient de leurs ténèbres qu’ils croyaient fort éclairées et, dans leur obstination à rejeter le Christ, restaient dans leur péché.


 


JEAN 10 * 1 à 42

1 ¶  En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand.

bergerie. Jésus parle aux vv. #Jn 10:1-30 en utilisant une longue métaphore basée sur l’élevage du mouton, tel qu’il se pratiquait au Ier siècle. Les brebis étaient gardées dans un enclos, où elles entraient et d’où elles sortaient. Le berger engageait un « portier » (v. #Jn 10:3), ou « mercenaire » (v. #Jn 10:12), comme adjoint chargé de surveiller la porte. Le berger entrait par la porte. Celui qui venait pour tuer ou voler les brebis ne passait pas par la porte, mais préférait un autre accès. Les enseignements de Jésus étaient ici fondés sur #Ez 34: Dieu y critiquait les faux bergers d’Israël (c’est-à-dire les chefs religieux de la nation) parce qu’ils ne s’occupaient pas assez soigneusement du troupeau d’Israël (c’est-à-dire la nation). Les Évangiles eux-mêmes utilisent souvent l’image des bergers et des brebis (voir #Mt 9:36 ; #Mr 6:34 ; #Mr 14: 27 ; #Lu 15:1-7).

10:1-39 Le discours de Jésus sur lui-même comme « bon berger » découle directement du ch. #Jn 9, puisqu’il s’adresse aux mêmes personnes. Le problème du ch. #Jn 9, c’était que les Israélites étaient conduits par de faux bergers qui les écartaient de la vraie connaissance et les éloignaient du royaume messianique (#Jn 9:39-41). Au ch. #Jn 10, Jésus déclare qu’il est roi, au contraire des faux bergers d’Israël qui s’étaient auto déclarés justes (#Ps 23: 1 ; #Esa 40:11 ; #Jér 3:15 ; cf. #Esa 56:9-12 ; #Jér 23:1-4 ; #Jér 25:32-38 ; #Ez 34:1-31 ; #Za 11:16).

 

2  Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.

3  Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors.

Le portier. C’était un adjoint du berger, engagé par lui, et qui reconnaissait le vrai berger comme tel, lui ouvrait la porte et l’aidait à prendre soin du troupeau, tout spécialement pour le garder pendant la nuit.

les brebis entendent sa voix. Les bergers du Proche-Orient se tiennent à divers endroits à l’extérieur de l’enclos, faisant entendre leur voix, que les brebis sont capables de reconnaître, ce qui a pour effet de les faire se rassembler autour d’eux.

il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent. Ce berger va même plus loin, car il connaît chacune de ses brebis par son nom. Jésus veut dire qu’il vient vers le troupeau d’Israël et qu’il appelle ses brebis à le suivre dans son propre troupeau messianique. Le présupposé, c’est que ce troupeau est déjà en quelque sorte le sien, avant même qu’il appelle chacun de ses membres par son nom (voir vv. 25-27; 6:37, 39, 44, 64-65; 17: 6, 9, 24; 18: 9).

 

4  Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.

10:4-5 Contrairement aux bergers occidentaux qui font avancer leurs troupeaux en les pressant par les côtés ou par derrière et en s’aidant de chiens, les bergers du Proche-Orient les conduisent en se mettant à leur tête et en les encourageant à les suivre. Voilà donc une merveilleuse allégorie de la relation maître-disciple. La direction spirituelle, dans le N.T., se fait toujours par l’exemple: c’est un appel à imiter la conduite des dirigeants (cf. #1Ti 4:12 ; #1Pi 5:1-3).

 

5  Elles ne suivront point un étranger ; mais elles fuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.

6  Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait.

parabole. La meilleure traduction serait « illustration » ou « figure de style »; l’intention de l’orateur est de faire passer un message énigmatique, peu clair à première vue. Il en va de même en #Jn 16: 25, #Jn 16: 29, mais jamais dans les synoptiques. Une fois son illustration posée (vv. #Jn 10:1-5), Jésus se met à en tirer d’importantes vérités spirituelles.

 

7  Jésus leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.

10:7-10 Je suis la porte. C’est ici la 3e fois sur sept que Jésus se présente avec le « je suis » (voir #Jn 6:35 ; #Jn 8:12). Il change légèrement ici le sens de la métaphore. Alors qu’aux vv. #Jn 10:1-5 il se dépeignait comme le berger, il devient ici la porte. Alors qu’aux vv. #Jn 10:1-5, le berger conduisait les brebis hors de l’enclos, il devient ici l’entrée de l’enclos (v. #Jn 10:9) qui leur garantit de trouver le bon pâturage. Ce passage trouve son écho dans les paroles de Jésus en #Jn 14: 6 par lesquelles il se définit comme le seul chemin vers le Père: il représente le seul moyen d’approcher le Père et de participer au salut promis. Comme certains bergers au Proche-Orient avaient l’habitude de se coucher pour la nuit en travers de la porte afin que les brebis ne puissent pas s’échapper, Jésus se dépeint ici comme la porte elle-même.

 

8  Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés.

9  Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages.

10:9-10 Ces deux vv. insistent à la façon de proverbes sur le fait que la foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu est le seul moyen d’être « sauvé » du péché et de l’enfer et de recevoir la vie éternelle. Jésus-Christ est la seule vraie source de connaissance de Dieu et la seule base de la sécurité spirituelle.

 

10  Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance.

11  Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis.

donne sa vie pour ses brebis. Allusion à la mort substitutive de Jésus pour les pécheurs sur la croix. #Jn 10:15 ; #Jn 6:51 ; #Jn 11:50-51 ; #Jn 17: 19 ; #Jn 18: 14.

10:11-18 Jésus choisit une autre expression tirée des vv. 1-5: il est le « bon berger » par opposition aux chefs corrompus d’Israël (#Jn 9:40-41). C’est ici le 4e des sept « je suis » de Jésus (voir vv. #Jn 10:7,9 ; #Jn 6:35 ; #Jn 8:12). Le terme « bon » a le sens de « noble » et établit un contraste entre les mercenaires, qui n’ont que leur propre intérêt égoïste à l’esprit, et lui.

 

12  Mais le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse.

voit venir le loup …  prend la fuite. Le mercenaire représente les chefs religieux: ils accomplissaient fidèlement leur devoir quand tout allait bien, mais ne se risquaient pas à faire preuve de dévouement sacrificiel en temps de danger. Par contraste, Jésus a accepté de donner sa vie pour son troupeau (voir #Jn 15: 13).

 

13  Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis.

14  (10-13) Je suis le bon berger. (10-14) Je connais mes brebis, et elles me connaissent,

15  comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

16  J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.

ne sont pas de cette bergerie. Allusion aux païens qui répondraient à sa voix et deviendraient membres de l’Église (cf. #Ro 1:16). La mort de Jésus n’intervint pas seulement en faveur des Juifs, mais aussi des non-Juifs, et il les rassemblerait en un seul corps, l’Église ; cf. #Ep 2:11-22).

 

17  Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre.

10:17-18

la reprendre. Jésus répéta cette expression deux fois dans ces deux vv., indiquant que sa mort en sacrifice n’était pas la fin. Il y eut ensuite sa résurrection, qui servit à démontrer qu’il était le Messie et qu’il était Dieu (#Ro 1:4). Sa mort et sa résurrection furent suivies de sa glorification finale (#Jn 12: 23 ; #Jn 17: 5) et de l’effusion du Saint-Esprit (#Jn 7:37-39 ; cf. #Ac 2:16-39).

 

18  Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père.

19 ¶  Il y eut de nouveau, à cause de ces paroles, division parmi les Juifs.

10:19-21 Les Juifs ont de nouveau des réactions mitigées à l’égard des paroles de Jésus (voir #Jn 7:12-13). Alors que certains l’accusent d’être possédé du démon (voir #Jn 7:20 ; #Jn 8:48 ; cf. #Mt 12:22-32), d’autres concluent que ses œuvres et ses paroles sont une démonstration de l’approbation divine.

 

20  Plusieurs d’entre eux disaient: Il a un démon, il est fou ; pourquoi l’écoutez-vous ?

21  D’autres disaient : Ce ne sont pas les paroles d’un démoniaque ; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?

22 ¶  On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. C’était l’hiver.

fête de la Dédicace. Célébration juive de la victoire d’Israël sur le chef syrien Antiochus Épiphane, persécuteur d’Israël. Vers 170 av. J.-C., il conquit Jérusalem et profana le temple en y installant un autel païen pour supplanter celui du vrai Dieu. Sous la direction d’un vieux sacrificateur appelé Mattathias (de la famille des Asmonéens), les Juifs engagèrent une guérilla (connue sous le nom de révolte des Maccabées, 166-142 av. J.-C.) contre la Syrie et réussirent à libérer le temple et le pays de la présence syrienne, jusqu’en 63 apr. J.-C., année de la prise de contrôle de la région par Rome sous la conduite de Pompée. Ce fut en 164 av. J.-C., le 25 du mois de Kisleu (approximativement en décembre) que les Juifs libérèrent le temple et le consacrèrent de nouveau à Dieu. On appelle également cette célébration fête des lumières, car les familles juives allument des bougies pour commémorer cette victoire.

C’était l’hiver. Jean indique ici que la rigueur du climat amena Jésus à se déplacer en longeant le côté est du temple, dans la partie abritée du portique de Salomon. Cet endroit devint, après la résurrection, le lieu de rencontre traditionnel des chrétiens, où ils avaient l’habitude de proclamer l’Évangile (voir #Ac 3:11 ; #Ac 5:12).

 

23  Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon.

24  Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous franchement.

dis-le-nous franchement. Vu le contexte des vv. 31-39, les Juifs ne cherchaient pas seulement clarté et compréhension à propos de la nature de Jésus, mais voulaient surtout qu’il déclare publiquement qu’il était le Messie pour saisir ce prétexte et l’attaquer.

 

25  Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi.

26  Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.

10:26-27 Ceci indique clairement que Dieu a choisi ses brebis et que ce sont ceux qui croient et le suivent;  cf. #Jn 6:37-40, #Jn 6:44, #Jn 6:65).

 

27  Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent.

28  Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main.

10:28-29 La sécurité des brebis de Jésus repose sur lui, car il est le bon berger, qui a le pouvoir de les garder en sécurité. Ni les voleurs, ni les cambrioleurs (vv. #Jn 10:1, #Jn 10:8), ni le loup (v. #Jn 10:12) ne peuvent leur faire de mal. Le v. 29 indique clairement que le Père se porte garant de la sécurité des brebis, car personne ne saurait les ravir de sa main: il garde le contrôle souverain de toutes choses (#Col 3:3). Aucun passage, dans l’A.T. et dans le N.T., n’atteste plus fortement la sécurité éternelle absolue de chaque chrétien.

 

29  Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père.

30  Moi et le Père nous sommes un.

Moi et le Père nous sommes un. Le Père et le Fils se sont engagés à préserver et à protéger les brebis de Jésus d’une façon parfaite. La phrase, en soulignant que les deux personnes de la Trinité ont un but et une action communs en faveur de la sécurité du troupeau, présuppose leur unité de nature et d’essence (voir #Jn 5:17-23 ; #Jn 17: 22).

 

31  Alors les Juifs prirent de nouveau des pierres pour le lapider.

Pour la troisième fois, Jean fait état de la tentative des Juifs de lapider Jésus (voir #Jn 5:18 ; #Jn 8:59). L’affirmation par Jésus (v. #Jn 10:30) de son unité avec le Père correspondait à une proclamation de sa divinité et amena les Juifs à désirer sa mort (v. #Jn 10:33). Même si l’A.T. permettait la lapidation, dans certaines circonstances bien précises (p. ex. #Lé 24: 16), les Romains se réservaient le droit d’infliger la peine de mort (#Jn 18: 31). Cependant, certains « électrons libres » parmi les Juifs tentèrent de le lyncher au lieu d’organiser un procès en bonne et due forme (voir #Ac 7:54-60).

 

32  Jésus leur dit : Je vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez-vous ?

33  Les Juifs lui répondirent : Ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu.

tu te fais Dieu. Dans l’esprit de ces Juifs, il ne faisait aucun doute que Jésus prétendait être Dieu (cf. #Jn 5:18).

 

34  Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?

10:34-36 Citation tirée du #Ps 82:6, où Dieu appelle « dieux » des juges iniques et profère contre eux des paroles de malédiction. Par cet argument, Jésus prouve qu’on peut tout à fait employer le terme pour désigner d’autres dieux que Dieu lui-même. Son raisonnement est le suivant: si Dieu peut désigner d’autres personnes comme des « dieux » ou des « fils du Très-Haut », pourquoi les Juifs trouvent-ils à redire à sa déclaration: « Je suis le Fils de Dieu » (v. #Jn 10:36)?

 

35  Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie,

l’Écriture ne peut être anéantie. Affirmation de l’inerrance et de l’autorité absolues de la Bible.

36  celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu.

37  Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas.

38  Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père.

croyez à ces œuvres. Jésus ne s’attendait pas à ce qu’on croie en lui sur la base de ses seules assertions. Puisqu’il faisait les mêmes choses que son Père, ses ennemis devaient prendre cela en compte au moment de le juger. Il sous-entend cependant ici qu’ils sont si ignorants des choses de Dieu qu’ils ne savent même pas reconnaître ses œuvres ni celui qu’il leur a envoyé (voir aussi 14:10-11).

 

39 ¶  Là-dessus, ils cherchèrent encore à le saisir, mais il s’échappa de leurs mains.

40  Jésus s’en alla de nouveau au-delà du Jourdain, dans le lieu où Jean avait d’abord baptisé. Et il y demeura.

Jésus s’en alla …  au-delà du Jourdain. Du fait de l’hostilité croissante (voir v. 39), Jésus passa de la Judée aux zones plus reculées au-delà du Jourdain.

où Jean avait d’abord baptisé. Cf. #Mt 3:1-6 ; #Mr 1:2-6 ; #Lu 3:3-6. Sans doute une allusion à la Pérée ou à la Batanée, régions placées sous la juridiction du tétrarque Philippe à l’est et au nord-est de la mer de Galilée. Déclaration pleine d’ironie, car l’endroit où Jean commença son ministère fut le dernier où séjourna Jésus avant de partir pour Jérusalem et d’y être crucifié. Les gens se souvenaient du témoignage rendu par Jean à Christ et affirmèrent enfin leur foi en lui (vv. #Jn 10:41-42).

 

41  Beaucoup de gens vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais tout ce que Jean a dit de cet homme était vrai.

42  Et, dans ce lieu-là, plusieurs crurent en lui.

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