JOUR 82 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT
02/11/2018 00:36JOUR 82 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT
GALATES 1 ET 2
GALATES 1 * 1 à 24
1 ¶ Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père, qui l’a ressuscité des morts,
apôtre. Désignait généralement une personne qui avait reçu une mission. Les apôtres de Jésus Christ les douze et Paul - étaient ses ambassadeurs ou messagers spéciaux. Choisis et formés par Christ, ils devaient poser les fondements de l’Eglise primitive et devenir les canaux de la révélation de Dieu afin de la compléter ; cf. #Ac 1:2 ; #Ac 2:42 ; #Ep 2:20).
ni par un homme, mais par Jésus-Christ. Pour défendre la légitimité de son apostolat contre les attaques des faux docteurs, Paul met en avant le fait que c’était Christ en personne qui l’avait désigné, avant même qu’il ne rencontre les autres apôtres (cf. vv. #Ga 1:17-18 ; #Ac 9:3-9).
ressuscité des morts. Paul insiste sur ce point important pour démontrer que c’était le Christ ressuscité et glorifié qui l’avait choisi, de sorte qu’il était qualifié pour être témoin de sa résurrection (#Ac 1:22).
2 et tous les frères qui sont avec moi, aux Eglises de la Galatie:
Eglises de la Galatie. Eglises que Paul fonda à Antioche de Pisidie, Icone, Lystre et Derbe au cours de son premier voyage missionnaire (#Ac 13:14-14:23
3 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ,
1:3-5
La préoccupation profonde de Paul devant le constat que les Eglises s’écartaient de l’Evangile transparaît clairement dans ses salutations: sa courtoisie habituelle et l’éloge généralement adressé à ses destinataires en sont absents; elles restent brèves et impersonnelles.
Que la grâce et la paix vous soient données. Même par ses salutations, typiques de leur auteur, Paul s’attaquait au système judaïsant légaliste. Si le salut s’obtient par les œuvres, comme ils le prétendaient, ce ne peut être par « grâce ». Une telle conception ne peut procurer la « paix », car personne ne peut être certain d’avoir fait assez de bonnes œuvres pour être sûr de son éternité.
4 qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père,
pour nos péchés. Personne ne peut, par les efforts humains ou par une volonté de respecter la loi (#Ro 3:20), échapper au péché; il doit donc être pardonné, et c’est ce que Christ a accompli à travers sa mort expiatoire sur la croix (#Ga 3:13 ).
présent siècle mauvais. Le mot grec traduit par « siècle » ne renvoie pas à une période particulière de l’histoire mais à un ordre ou à un système, en particulier au système du monde, dont le prince est Satan
la volonté de notre Dieu. Le sacrifice de Christ faisait partie de la volonté de Dieu pour le salut; il avait été conçu par lui et a été accompli pour sa gloire. Cf. #Mt 26:42 ; #Jn 6:38-40 ; #Ac 2:22-23 ; #Ro 8:3, #Ro 8:31-32 ; #Ep 1:7, #Ep 1:11 ; #Hé 10:4-10.
5 à qui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen !
6 ¶ Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre Evangile.
vous détourniez. Une meilleure traduction serait « désertiez ». Ce terme grec était utilisé dans le cadre de la désertion d’un soldat, acte qui le rendait passible de mort. La forme du verbe grec indique que les croyants galates se détournaient volontairement de la grâce pour s’attacher au légalisme enseigné par les faux docteurs.
promptement. L’adverbe grec peut signifier « facilement » ou « rapidement ». Les deux significations étaient sans aucun doute pertinentes pour décrire le bon accueil des Galates aux doctrines hérétiques des faux docteurs.
vous a appelés. On pourrait traduire « vous a appelés une fois pour toutes » (cf. #2Th 2:13-14 ; #2Ti 1:8-9 ; #1Pi 1:15); l’expression renvoie à l’appel efficace au salut.
la grâce de Christ. L’acte de miséricorde divine, gratuit et souverain pour accorder le salut par la mort et la résurrection de Christ, sans que ni les œuvres ni les mérites n’influencent cette décision.
un autre évangile. Cf. #2Co 11:4. Allusion à la perversion judaïsante du vrai Evangile: les judaïsants considéraient le respect des exigences, cérémonies et normes de l’ancienne alliance comme nécessaire au salut et l’ajoutaient au sacrifice de Christ.
7 Non pas qu’il y ait un autre Evangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Evangile de Christ.
troublent. On pourrait également traduire ce mot grec par « dérangent ». Le verbe signifie « secouer dans tous les sens » ou « remuer ». Ici, il évoque la profonde perturbation qui affectait les croyants galates.
altérer. C’est-à-dire changer quelque chose pour en faire son contraire. En ajoutant la loi à l’Evangile de Christ, les faux docteurs détruisaient en réalité le message de grâce de Dieu. D’un message annonçant l’octroi de faveurs imméritées aux pécheurs, ils faisaient un message prônant une faveur gagnée et méritée par des œuvres.
l’Evangile de Christ. La bonne nouvelle du salut obtenu par la seule grâce, au moyen de la foi seule en Christ seul.
8 Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème !
1:8-9
A travers l’histoire, Dieu a consacré certains objets, individus et groupes de personnes à la destruction (#Jos 6:17-18 ; #Jos 7:1, #Jos 7:25-26). Le N.T. offre beaucoup d’exemples d’un groupe marqué du même sceau d’infamie: les faux docteurs (#Mt 24:24 ; #Jn 8:44. #1Ti 1:20 ; #Tit 1:16). Les judaïsants sont signalés ici comme en faisant partie.
si nous-mêmes, si un ange du ciel. Paul parle ici de façon purement hypothétique, en prenant les exemples les plus improbables de faux docteurs: lui-même ou les saints anges. Les Galates ne devaient accueillir aucun messager, même s’il avait les meilleures références, si sa doctrine au sujet du salut différait un tant soit peu de la vérité divine révélée au travers de Christ et des apôtres.
anathème. Traduction du mot grec anathêma, qui désigne la condamnation de quelqu’un à la destruction, à l’éternité en enfer (cf. #Ro 9:3 ; #1Co 12:3 ; #1Co 16:22).
9 Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème !
Nous l’avons dit précédemment. Evoque ce que Paul avait enseigné au cours d’une visite précédente à ces Eglises, non un commentaire antérieur dans la même épître.
quelqu’un. Paul passe du cas hypothétique du v. 8 (l’apôtre ou les saints anges qui prêcheraient un faux évangile) à la situation réelle à laquelle les Galates étaient confrontés. La prédication d’un faux évangile était précisément ce dont les judaïsants se rendaient coupables, et ils étaient donc voués à la destruction à cause de leur hérésie: elle les condamnait.
10 ¶ Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ.
1:10-12
Du fait que les faux docteurs cherchaient à dénigrer les références de Paul, il se consacre à défendre son apostolat en expliquant de nouveau (cf. v. #Ga 1:1) qu’il a été désigné par Dieu et non par des hommes.
plaisais encore aux hommes. Telle était la motivation de Paul au temps où il persécutait les chrétiens au nom de ses coreligionnaires juifs.
serviteur de Christ. Paul s’était volontairement fait l’esclave de Christ, ce qui lui attira bien des ennuis de la part d’autrui (#Ga 6:17). Un tel sacrifice personnel constitue l’exact opposé de l’objectif de plaire aux êtres humains (#Ga 6:12).
11 Je vous déclare, frères, que l’Evangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme ;
a été annoncé par moi. Verbe au sens très fort en grec, généralement employé pour introduire une déclaration importante, sur laquelle on veut appuyer (#1Co 12:3 ; #2Co 8:1).
l’Evangile … n’est pas de l’homme. L’Evangile que prêchait Paul n’était pas d’origine humaine car, autrement, sa doctrine aurait ressemblé aux autres religions humaines, imprégnées de bonnes œuvres et de propre justice, inspirées par l’orgueil de l’homme et la tromperie de Satan (#Ro 1:16).
12 car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ.
ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme. Au contraire des judaïsants, qui recevaient leurs instructions religieuses de la tradition rabbinique. La plupart des Juifs n’étudiaient pas les Ecritures elles-mêmes, mais préféraient se fier à l’autorité et à la direction d’interprétations humaines. Nombre de leurs traditions n’étaient pas enseignées dans l’Ecriture et même la contredisaient (#Mr 7:13).
par une révélation. Renvoie au dévoilement de quelque chose qui était caché, en l’occurrence Jésus-Christ. Paul avait certes entendu parler de Christ, mais il l’avait ensuite rencontré personnellement sur le chemin de Damas et avait reçu de lui la vérité de l’Evangile (#Ac 9:1-16).
13 Vous avez su, en effet, quelle était autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais à outrance et ravageais l’Eglise de Dieu,
1:13-2:21
Paul présente un bref historique des événements importants de sa vie pour défendre encore son apostolat et prouver l’authenticité de l’Evangile de la grâce qu’il proclame.
le judaïsme. Le système religieux juif de la justice par les œuvres, basé non pas sur l’A.T. seulement, mais aussi sur les interprétations et traditions rabbiniques. Paul expliquera qu’une compréhension correcte de l’A.T. ne peut mener qu’à Christ et à l’Evangile de la grâce par le moyen de la foi (#Ga 3:6-29).
persécutais. Le temps du verbe grec exprime les efforts persistants et continuels qu’il déployait pour faire du mal aux chrétiens, avec l’objectif de les éliminer entièrement.
14 et comment j’étais plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant animé d’un zèle excessif pour les traditions de mes pères.
plus avancé. Le grec pour « être avancé » signifie « se frayer un chemin » comme avec un coupe-coupe au travers de la jungle. Paul s’était frayé un chemin dans le judaïsme (cf. #Ph 3:5-6), et comme il considérait que les chrétiens constituaient une entrave à son avancement, il avait essayé de se débarrasser d’eux.
zèle excessif. Paul en avait donné la preuve par ses aptitudes à traquer et persécuter les chrétiens (#Ac 8:1-3 ; #Ac 26:11).
les traditions de mes pères. L’enseignement oral autour de l’A.T. connu sous le nom de « halakah ». Cette collection d’interprétations de la loi finit par acquérir la même autorité, et même une autorité plus grande, que la loi (torah) elle-même. Ses règles étaient si désespérément complexes et contraignantes que même les meilleurs rabbins ne pouvaient en acquérir la maîtrise, ni dans le domaine de l’interprétation ni dans celui du comportement.
15 Mais, lorsqu’il plut à celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce,
mis à part dès le sein de ma mère. Il s’agit ici de la mise à part de Paul pour Dieu et pour son service depuis sa naissance. L’expression renvoie à l’élection de Paul indépendamment de ses efforts et mérites personnels (cf. #Esa 49:1 ; #Jér 1:5 ; #Lu 1:13-17 ; #Ro 9:10-23).
m’a appelé par sa grâce. Evoque l’efficacité de l’appel de Dieu. Sur le chemin de Damas, Dieu, qui avait par avance choisi Paul, l’amena effectivement au salut.
16 de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang,
révéler en moi son Fils. Christ avait non seulement été révélé à Paul sur le chemin de Damas, mais aussi en lui, lorsque Dieu lui avait donné la vie, la lumière et la foi pour croire en lui.
l’annonce parmi les païens. C’était la vocation spécifique de Paul de proclamer l’Evangile aux non-Juifs; cf. #Ro 1:13-16 ; #Ro 11:13 ; #Ro 15:18).
ne consultai ni la chair ni le sang. Paul n’avait pas cherché auprès d’Ananias ou des chrétiens de Damas des éclaircissements ou des compléments à la révélation reçue de Christ (#Ac 9:19-20).
17 et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie. Puis je revins encore à Damas.
Jérusalem … Arabie … Damas. Plutôt que de se rendre immédiatement à Jérusalem pour y recevoir instruction de la part des apôtres, Paul alla en Arabie nabatéenne, désert sauvage à l’est de Damas, qui s’étendait jusqu’à la péninsule du Sinaï. Après ce temps de préparation au ministère par le Seigneur, il revint servir dans la région de Damas.
18 Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai quinze jours chez lui.
Trois ans. Temps approximatif entre la conversion de Paul et son premier voyage à Jérusalem. Au cours de ces trois années, il se rendit à Damas puis résida en Arabie, conformément aux instructions du Seigneur. Il est question de cette visite à Jérusalem en #Ac 9:26-30.
montai à Jérusalem. Du fait de l’altitude de Jérusalem, on parle toujours, en Israël, d’y monter.
Céphas. Il s’agit de Pierre, l’apôtre qui était un intime du Seigneur et le porte-parole le plus important des premières années de l’Eglise de Jérusalem (#Ac 16:12).
19 Mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur.
Jacques, le frère du Seigneur. Cf. #Ga 2:9, #Ga 2:12
20 Dans ce que je vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens point.
Le caractère direct de cette déclaration montre que les légalistes juifs accusaient Paul de mentir volontairement ou par ignorance.
21 J’allai ensuite dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie.
Syrie et Cilicie. cf. #Ac 9:30. C’était le cadre géographique de sa ville natale, Tarse. Il y prêcha pendant plusieurs années. Quand les responsables de l’Eglise de Jérusalem entendirent parler d’un réveil dans cette région, ils y envoyèrent Barnabas (voir #Ac 11:20-26). Paul y demeura comme pasteur de l’Eglise d’Antioche. C’est de là qu’il s’embarqua, avec Barnabas, pour un premier voyage missionnaire (#Ac 13:1-3), avant de retourner à Antioche d’où ils furent envoyés au concile de Jérusalem (#Ac 14:26-15:4).
22 Or, j’étais inconnu de visage aux Eglises de Judée qui sont en Christ ;
23 seulement, elles avaient entendu dire : Celui qui autrefois nous persécutait annonce maintenant la foi qu’il s’efforçait alors de détruire.
Au cours des quatorze années qui précédèrent le concile de Jérusalem, Paul n’était venu que deux fois à Jérusalem (#Ac 9:26-30 ; #Ac 11:30). Les chrétiens de cette ville le connaissaient donc surtout de réputation.
24 Et elles glorifiaient Dieu à mon sujet.
elles glorifiaient Dieu à mon sujet. Preuve que l’Evangile enseigné par Paul était le même que celui enseigné par les autres apôtres aux croyants de Judée.
GALATES 2 * 1 à 21
1 ¶ Quatorze ans après, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabas, ayant aussi pris Tite avec moi ;
2:1-10
Par cette accumulation de détails sur son voyage le plus important à Jérusalem après sa conversion, Paul présente des preuves convaincantes que le message qu’il proclame est identique à celui des douze autres apôtres.
Quatorze ans … de nouveau à Jérusalem. Il s’agit de la période située entre le moment de sa première visite à Jérusalem (#Ga 1:18) et celle que Paul évoque ici, probablement à l’occasion du concile de Jérusalem (#Ac 15:1-22), convoqué pour trancher la question du salut pour les non-Juifs. D’un point de vue linguistique, « de nouveau » ne signifie pas nécessairement « lors de la visite suivante »; il peut aussi signifier « une fois de plus », indépendamment du nombre de visites survenues entre-temps. De fait, Paul s’était effectivement rendu à Jérusalem pendant ces quatorze années, pour apporter des secours à l’Eglise de cette ville frappée par une famine (#Ac 11:27-30 ; #Ac 12:24-25). Cela n’a cependant aucun rapport avec cette visite-ci, puisqu’il n’y fut nullement question de son autorité apostolique.
Barnabas. C’était son premier allié, qui le soutint devant les apôtres de Jérusalem (#Ac 9:27) et l’accompagna dans son premier voyage missionnaire (#Ac 13:2-3).
Tite. Enfant spirituel de Paul et son compagnon d’œuvre (#Tit 1:4-5). Païen non circoncis, il était une preuve vivante de l’efficacité du ministère de Paul.
2 et ce fut d’après une révélation que j’y montai. Je leur exposai l’Evangile que je prêche parmi les païens, je l’exposai en particulier à ceux qui sont les plus considérés, afin de ne pas courir ou avoir couru en vain.
révélation. Cette révélation de Dieu correspondait à la voix du Saint-Esprit. Paul fait allusion au caractère de mission divine de cette visite afin de réfuter l’idée qu’auraient pu suggérer les judaïsants - qu’il aurait été envoyé à Jérusalem pour que les apôtres corrigent sa doctrine.
ceux qui sont les plus considérés. Les trois principaux dirigeants de l’Eglise de Jérusalem: Pierre, Jacques (le frère du Seigneur, 1:19) et Jean (cf. v. #Ga 2:9). Expression courante pour désigner les autorités, qui impliquait une position honorifique. Paul fit deux fois référence à eux de façon similaire (vv. #Ga 2:6, #Ga 2:9). Il perce ici un certain sarcasme à l’encontre des judaïsants, eux qui prétendaient que leur doctrine bénéficiait de l’approbation apostolique, au contraire de celle de Paul. Ils avaient probablement pris l’habitude d’exalter ces trois apôtres au détriment de Paul.
ne pas courir … en vain. Paul espérait que les chefs de Jérusalem soutiendraient son ministère auprès des non-Juifs et maintiendraient leur opposition au légalisme. Il ne tenait pas à ce que tous ses efforts soient réduits à néant du fait de conflits avec les autres apôtres.
3 Mais Tite, qui était avec moi, et qui était Grec, ne fut pas même contraint de se faire circoncire.
contraint de se faire circoncire. Le rite mosaïque de la circoncision était au cœur du système judaïsant des œuvres. Ses adeptes enseignaient que la circoncision était nécessaire au salut (#Ac 15:1, #Ac 15:5, #Ac 15:24), ce que contestaient Paul et les autres apôtres. Ce point fut tranché au concile de Jérusalem (#Ac 15:1-22). ; cf. #1Co 7:19. Tite était un vrai croyant, et par conséquent la preuve vivante que la circoncision et le respect des règles mosaïques n’étaient pas des conditions ni des éléments nécessaires au salut. Le refus des apôtres d’exiger de Tite qu’il se fasse circoncire prouvait que l’Eglise s’inscrivait en faux par rapport aux doctrines judaïsantes (cf. Timothée, #Ac 16:1-3).
4 Et cela, à cause des faux frères qui s’étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir.
des faux frères. Les judaïsants, qui se targuaient de représenter les vrais chrétiens. En fait, leur doctrine s’opposait à la fois au judaïsme, puisqu’ils se réclamaient de Christ, et au christianisme, puisqu’ils faisaient de la circoncision et du respect de la loi mosaïque des exigences incontournables pour le salut.
épier. Le grec évoque l’attitude d’espions ou de traîtres qui s’introduisent subrepticement dans le camp ennemi. Les judaïsants jouaient le rôle d’agents secrets de Satan, envoyés au milieu de l’Eglise pour saboter le vrai Evangile.
liberté. La loi n’est pas un moyen d’obtenir le salut pour les chrétiens; ils ne sont pas obligés de vivre selon ses règles cérémonielles externes et ne sont plus sous la malédiction s’ils y désobéissent, car Christ a porté lui-même cette malédiction au bénéfice des croyants (#Ga 3:13). Cette liberté n’est toutefois pas synonyme de licence, d’autorisation de commettre le péché (#Ga 5:13 ; #Ro 6:18 ; #1Pi 2:16).
asservir. Evoque l’esclavage absolu à un système insupportable, puisque basé sur une justice qu’il faudrait obtenir au moyen d’œuvres personnelles.
5 Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l’Evangile fût maintenue parmi vous.
Nous ne leur cédâmes pas. Paul et Tite (v. #Ga 2:3) ne bougèrent pas de leur position doctrinale: le salut par la grâce seule, au moyen de la foi seule.
vérité de l’Evangile. Le véritable Evangile, par opposition au faux évangile (#Ga 1:6-8) propagé par les judaïsants.
6 Ceux qui sont les plus considérés-quels qu’ils aient été jadis, cela ne m’importe pas : Dieu ne fait point acception de personnes, — ceux qui sont les plus considérés ne m’imposèrent rien.
Ceux qui sont les plus considérés. Autre allusion à Pierre, Jacques et Jean.
favoritisme. Les privilèges uniques dont jouissaient les douze ne leur conféraient pas, pour autant, plus de légitimité ou d’autorité qu’à Paul: Christ les avait tous envoyés en mission (#Ro 2:11). Paul ne se considéra jamais comme inférieur aux autres apôtres (voir #2Co 12:11-12).
7 Au contraire, voyant que l’Evangile m’avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, —
Les judaïsants accusaient Paul de prêcher un évangile déviant, mais les apôtres confirmèrent qu’il proclamait le vrai. C’était le même Evangile que celui prêché par Pierre, mais destiné à un autre public.
pour les incirconcis. C’est-à-dire à destination des incirconcis. Paul prêchait en priorité l’Evangile aux non-Juifs (mais aussi aux Juifs dans des régions à majorité païenne, car il commençait toujours par se rendre à la synagogue; #Ac 13:5).
Pierre pour les circoncis. Le ministère de Pierre s’adressait en priorité aux Juifs.
8 car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait de moi l’apôtre des païens, —
celui qui a fait de Pierre … a aussi fait de moi. Le Saint-Esprit ne défend qu’un seul Evangile. Il avait conféré sa puissance, destinée à leur permettre d’effectuer leur ministère, autant à Pierre qu’à Paul.
9 et ayant reconnu la grâce qui m’avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d’association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis.
Jacques, Céphas et Jean. Ce Jacques était le demi-frère de Jésus (#Ga 1:19); il était devenu l’un des chefs éminents de l’Eglise à Jérusalem. Céphas (Pierre) et Jean (le frère de Jacques, l’apôtre dont le martyre est évoqué en #Ac 12:2), comptaient parmi les intimes de Jésus et étaient devenus les principaux responsables de l’Eglise de Jérusalem (voir #Ac 2:1-12:2).
colonnes. Met l’accent sur le rôle de Jacques, Pierre et Jean dans l’établissement et l’affermissement de l’Eglise.
la grâce qui m’avait été accordée. C’était la seule conclusion que pouvaient tirer ces responsables: la grâce de Dieu était ce qui donnait tant de puissance à Paul pour prêcher l’Evangile et pour contribuer à l’avancement de l’Eglise.
la main d’association. Au Proche-Orient, ce geste constituait un vœu solennel d’amitié et la marque d’un partenariat. Il signifiait que les apôtres reconnaissaient Paul comme prédicateur du véritable Evangile et comme un partenaire dans le ministère.
nous allions, nous vers les païens. Confirmation supplémentaire de l’appel divin de Paul au ministère, et pierre dans le jardin des judaïsants, puisque les apôtres l’avaient encouragé à persévérer dans son ministère si fructueux auprès des païens.
10 Ils nous recommandèrent seulement de nous souvenir des pauvres, ce que j’ai bien eu soin de faire.
nous souvenir des pauvres. Rappel pratique en direction de Paul et du nombre croissant de chrétiens d’origine païenne. Le nombre de chrétiens à Jérusalem connut une forte croissance dès le début (cf. #Ac 2:41-45 ; #Ac 6:1). En outre, nombre de ceux qui étaient venus pour la Pentecôte (#Ac 2:1-5) y étaient restés et n’étaient pas rentrés chez eux. Les croyants partageaient certes, au début, toutes leurs ressources (#Ac 2:45 ; #Ac 4:32-37), mais beaucoup d’entre eux étaient désargentés. Pendant des années, l’Eglise de Jérusalem éprouva donc des difficultés financières.
11 ¶ Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible.
2:11-13
Bref récit des jours les plus sombres de l’histoire de l’Evangile. Pierre s’était écarté des croyants d’origine païenne pour rester avec les judaïsants, alors qu’ils soutenaient des positions dont il connaissait le caractère erroné. Il avait ainsi donné l’impression d’accréditer leur doctrine et de rendre caduc l’enseignement de Paul, en particulier la doctrine du salut par la grâce seule au moyen de la foi seule.
Antioche. Cadre de la première Eglise d’origine païenne.
était répréhensible. Mieux traduit par « se trouvait condamné ». Pierre était coupable de péché parce qu’il s’alignait sur des hommes qu’il savait dans l’erreur et parce qu’il semait le trouble parmi les frères d’origine païenne.
12 En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens ; et, quand elles furent venues, il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis.
quelques personnes de l’entourage de Jacques. Pierre connaissait la décision du concile de Jérusalem (#Ac 15:7-29) et séjournait depuis quelque temps déjà à Antioche avec des non-Juifs. Quand les judaïsants arrivèrent, ils mentirent en se prétendant envoyés par Jacques et soutenus par les apôtres. Pierre n’observait plus les rituels mosaïques (#Ac 10:9-22), et Jacques ne s’était tenu parfois qu’à certains d’entre eux (#Ac 21:18-26).
se tint à l’écart. Terme grec désignant une retraite stratégique, dans le contexte militaire. La forme du verbe peut signifier que Pierre battit en retraite de manière progressive et insidieuse. Manger avec les judaïsants, tout en déclinant les invitations des non-Juifs alors qu’il les avait acceptées auparavant, revenait à apporter son soutien aux restrictions alimentaires qu’il savait pourtant abolies par Dieu (#Ac 10:15). Il portait de ce fait un coup sérieux à l’Evangile de la grâce.
par crainte des circoncis. C’était la véritable raison de l’attitude de Pierre: il craignait de perdre sa popularité auprès de ceux qui, dans l’Eglise, avaient des positions légalistes, judaïsantes, bien qu’il s’agisse de propres justes hypocrites qui défendaient une doctrine hérétique.
13 Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie.
les autres Juifs. Les croyants d’origine juive d’Antioche.
hypocrisie. Mot grec qui renvoyait au domaine du théâtre: l’acteur portait un masque représentant une humeur ou un personnage. Dans le domaine spirituel, il évoque celui qui cache sa véritable personnalité en prétendant être ce qu’il n’est pas (#Mt 6:1-6). Ces hommes étaient engagés envers l’Evangile de la grâce, mais faisaient semblant d’accepter le légalisme juif.
14 Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile, je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser ?
ne marchaient pas droit. En s’écartant des chrétiens d’origine païenne, Pierre et les autres croyants d’origine juive ne suivaient pas le chemin tracé par la Parole de Dieu.
vis à la manière des païens. Avant son retrait progressif, Pierre pratiquait la communion fraternelle et les agapes avec les non-Juifs, incarnant de ce fait l’idéal chrétien d’amour et de liberté dans les relations entre Juifs et païens.
forces-tu les païens à judaïser. En judaïsant lui-même, il laissait entendre que la façon de penser des judaïsants était juste.
15 Nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d’entre les païens.
2:15-16
Les reproches que Paul adressa à Pierre constituent l’un des manifestes les plus frappants, dans le N.T., de la nécessité absolue et non négociable - de la doctrine de la justification par la grâce et par le moyen de la foi. La repentance dont Pierre fit apparemment preuve atteste de l’autorité apostolique de Paul et de sa propre soumission à la vérité (cf. #2P 3:15-16).
pécheurs d’entre les païens. Expression employée au sens juridique: les non-Juifs étaient des pécheurs par nature, puisqu’ils ne possédaient pas de loi écrite divinement révélée pour les guider vers le salut ou leur montrer comment vivre dans la justice.
16 Néanmoins, sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi.
par les œuvres … par la foi. Dans ce v., Paul répète trois fois que le salut n’est possible que par la foi en Christ et non par la loi. La première fois, le sens est général: « un homme n’est pas justifié »; la deuxième fois, le sens devient personnel: « nous serons justifiés »; et la troisième, universel: « personne ne sera justifié ».
justifié. Ce mot grec fondamentalement lié au domaine juridique évoque l’acte d’un juge qui déclare l’accusé non coupable, et par conséquent innocent aux yeux de la loi. A travers l’Ecriture, il renvoie au décret de Dieu qui déclare un pécheur non coupable, entièrement juste devant lui, parce qu’il lui impute la justice de Christ tout en imputant le péché de l’homme et son châtiment au Sauveur sans péché
œuvres de la loi. Le respect de la loi est un moyen de salut totalement inacceptable, puisque la racine du péché se trouve dans le cœur déchu de l’homme, non dans ses actions. La loi servait de miroir pour révéler le péché, et non de remède à celui-ci.
17 Mais, tandis que nous cherchons à être justifiés par Christ, si nous étions aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, Christ serait-il un ministre du péché ? Loin de là !
nous-mêmes trouvés pécheurs. Si la doctrine des judaïsants était correcte, alors Paul, Pierre, Barnabas et les autres croyants d’origine juive étaient retombés dans la catégorie des pécheurs: ils avaient partagé un repas et joui de la communion fraternelle avec des non-Juifs qui, à en croire les judaïsants, étaient impurs.
ministre du péché. Si les judaïsants avaient raison, alors Jésus avait tort et avait incité ses auditeurs à pécher, puisqu’il avait affirmé que la nourriture ne pouvait être source de souillure (#Mr 7:19 ; cf. #Ac 10:13-15). Il avait aussi déclaré que tous ceux qui lui appartenaient étaient un avec lui et par conséquent entre eux (#Jn 17:21-23). Par sa logique imparable, Paul condamne Pierre qui, par sa manière d’agir, a laissé penser que Christ aurait menti. Une telle pensée était totalement irrecevable, ce qui entraîne Paul à utiliser la négation grecque la plus catégorique (« loin de là »; cf. #Ga 3:21 ; #Ro 6:1-2 ; #Ro 7:13).
18 Car, si je rebâtis les choses que j’ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur,
les choses que j’ai détruites. Le faux système du salut par le légalisme, balayé par la prédication du salut par la grâce seule, au moyen de la foi seule.
19 car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu.
je suis mort à la loi. Quand une personne est reconnue coupable d’un crime capital et exécutée, la loi ne peut plus avoir prise sur elle. Il en va de même pour le chrétien qui est mort en Christ (qui a pleinement payé le châtiment de ses péchés) et ressuscité à une vie nouvelle en lui: la justice a été satisfaite, et il est pour toujours libre de tout châtiment.
20 J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.
J’ai été crucifié avec Christ. Quand une personne s’en remet à Christ pour bénéficier du salut, elle participe spirituellement avec le Seigneur à sa crucifixion et à sa victoire sur le péché et la mort.
ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. Le vieux « moi » du croyant est mort, ayant été crucifié avec Christ (#Ro 6:3, #Ro 6:5). Le nouvel être du croyant a le privilège d’avoir Christ qui vit en lui et lui communique sa puissance.
s’est livré lui-même pour moi. C’est la manifestation de l’amour de Christ pour le croyant au travers de sa mort en sacrifice sur la croix (#Jn 10:17-18 ; #Ro 5:6-8 ; #Ep 5:25-30).
21 Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain.
Pour Paul, en prenant position en faveur des judaïsants et par conséquent contre Christ, Pierre niait la nécessité de la grâce de Dieu et déclarait par conséquent inutile la mort de Christ.
Christ est donc mort en vain. Une meilleure traduction serait « Christ est donc mort inutilement ». Ceux qui tiennent à pouvoir gagner leur salut par eux-mêmes sapent les fondements du christianisme et rendent caduque la mort de Christ.
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