L`ÉPÎTRE DE PAUL AUX ÉPHÉSIENS
60-62 après Jésus-Christ
L’épître de Paul aux
Ephésiens
Titre
L’épître aux Ephésiens est adressée à l’Eglise de la ville d’Ephèse, capitale de la province romaine d’Asie (Asie Mineure, Turquie actuelle). Parce que le nom d’Ephèse n’est pas mentionné dans les manuscrits les plus anciens, plusieurs commentateurs ont pensé qu’il s’agissait d’une lettre circulaire, destinée à être lue dans les diverses Eglises d’Asie Mineure, qui a simplement été envoyée aux Ephésiens en premier.
Auteur et date
Rien ne permet de mettre en doute l’origine paulinienne de cette lettre. L’apôtre est clairement mentionné comme étant son auteur dès les salutations introductives (#Ep 1:1 ; #Ep 3:1). La rédaction date des années 60 à 62 apr. J.-C. et a eu pour cadre une prison romaine (#Ac 28:16-31), d’où l’appellation d’« épître de la captivité » (comme les épîtres aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon). Elle a peut-être été composée en même temps que la lettre aux Colossiens et envoyée avec elle (tout comme celle à Philémon) par l’intermédiaire de Tychique (#Ep 6:21-22 ; #Col 4:7-8). Voir l’introduction à Philippiens, auteur et date, pour une discussion sur la ville d’où Paul a écrit.
Contexte et arrière-plan
Ce furent probablement Priscille et Aquilas qui annoncèrent en premier l’Evangile aux Ephésiens (voir #Ac 18:26). Paul avait laissé ce couple exceptionnellement doué à Ephèse lors de son deuxième voyage missionnaire (#Ac 18:18-19). Située à l’embouchure de la rivière appelée Caystre, sur la rive est de la mer Egée, la ville d’Ephèse était surtout connue pour son temple magnifique dédié à Artémis (ou Diane), l’une des sept merveilles du monde antique. C’était un centre important, tant du point de vue politique qu’éducatif et commercial, comparable à la ville d’Alexandrie en Egypte ou encore à Antioche de Pisidie, en Asie Mineure du sud.
C’est au cours de son troisième voyage missionnaire que Paul affermit cette jeune Eglise fondée par Priscille et Aquilas (#Ac 19), assurant un travail pastoral durant trois ans. Après son départ, Timothée dirigea cette assemblée pour une période d’environ un an et demi, principalement pour contrer la fausse doctrine enseignée par quelques hommes influents (comme Hyménée et Alexandre), qui étaient probablement des anciens de cette assemblée (#1Ti 1:3, #1Ti 1:20). A cause de ces hommes, l’Eglise d’Ephèse était perturbée par des « fables et généalogies sans fin » (#1Ti 1:4) ainsi que par des idées ascétiques non bibliques, telles que l’interdiction du mariage ou l’abstention de certains aliments (1 Ti 4:3). Ces faux docteurs ne comprenaient pas l’Ecriture correctement et propageaient avec impiété et arrogance leurs fausses interprétations (1 Ti 1:7). Celles-ci engendraient dans l’Eglise « des discussions » stériles pour « l’œuvre de Dieu dans la foi » (#1Ti 1:4). Environ trente ans plus tard, Christ inspira à l’apôtre Jean une lettre pour cette Eglise, afin de prévenir les croyants qu’ils avaient perdu leur premier amour pour lui (#Ap 2:1-7).
Thèmes historiques et théologiques
Les trois premiers chapitres sont théologiques et mettent l’accent sur la doctrine du N.T., alors que les trois derniers sont de nature pratique et traitent du comportement chrétien. Cette lettre constitue surtout un encouragement et une exhortation, et elle vise à rappeler aux croyants les bénédictions extraordinaires qui se trouvent en Jésus-Christ, afin de susciter non seulement la reconnaissance, mais aussi une manière de vivre correspondante. Malgré ces grandes bénédictions dont jouit le chrétien en Jésus-Christ, et en partie même à cause d’elles, Satan le poussera à rechercher la satisfaction personnelle et une certaine complaisance. C’est pour cette raison que Paul conclut en rappelant aux croyants qu’ils reçoivent de la Parole de Dieu et de l’Esprit saint une armure spirituelle complète et entièrement suffisante (#Ep 6:10-17), et qu’il les invite à faire preuve de vigilance en persévérant dans la prière (#Ep 6:18).
La lettre a pour thème clé le mystère (c’est-à-dire dire une vérité précédemment inconnue mais maintenant révélée) de l’Eglise, à savoir « que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Evangile » (#Ep 3:6), une vérité complètement voilée pour les saints de l’A.T. (cf. #Ep 3:5, #Ep 3:9). Tous ceux qui croient en Jésus-Christ, le Messie, sont égaux devant le Seigneur: ils sont enfants et citoyens de son royaume éternel, une vérité merveilleuse dont ne bénéficient que les croyants de l’ère présente. Paul décrit aussi en termes de mystère le statut d’épouse de Christ de l’Eglise (#Ep 5:32 ; cf. #Ap 21:9).
Une vérité majeure est soulignée: l’Eglise est aujourd’hui le corps terrestre de Christ, une entité spirituelle distincte, non révélée auparavant. Cette métaphore dépeint l’Eglise non comme une organisation mais comme un organisme vivant, composé de parties interdépendantes et mutuellement liées. Christ est la tête de ce corps, et le Saint-Esprit en est en quelque sorte la vie même. Le corps fonctionne grâce à la fidélité de ses membres qui mettent à profit leurs dons spirituels variés, souverainement et individuellement accordés par le Saint-Esprit à chaque croyant.
Parmi les autres thèmes majeurs figurent les richesses et la plénitude de la bénédiction accordée aux croyants. Paul parle de « la richesse de sa grâce » (#Ep 1:7), des « richesses incompréhensibles de Christ » (#Ep 3:8), et de « la richesse de sa gloire » (#Ep 3:16). Il exhorte les croyants à « être remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (#Ep 3:19), à parvenir « à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (#Ep 4:13), et à « être remplis de l’Esprit » (#Ep 5:18). Leurs richesses en Christ découlent de sa grâce (#Ep 1:2, #Ep 1:6-7 ; #Ep 2:7), sa paix (#Ep 1:2), sa volonté (#Ep 1:5), son dessein (#Ep 1:9), sa gloire (#Ep 1:12, #Ep 1:14), son appel et son héritage (#Ep 1:18), sa puissance et sa force (#Ep 1:19 ; #Ep 6:10), son amour (#Ep 2:4), sa création (#Ep 2:10), son Saint-Esprit (#Ep 3:16), son offrande et son sacrifice (#Ep 5:2) ainsi que son armure (#Ep 6:11, #Ep 6:13). Le mot « richesses » est utilisé 5 fois dans cette lettre; « grâce », 12 fois; « gloire », 8 fois; « plénitude » ou « rempli », 6 fois; et l’expression clé « en Christ » (ou « en lui »), une douzaine de fois.
Questions d’interprétation
La théologie générale de l’épître aux Ephésiens est directe, sans ambiguïté, et ne présente pas d’idées ou d’interprétations dont le sens serait sérieusement contesté. Il y a, cependant, des textes qui requièrent une attention plus particulière pour être correctement interprétés.
1° Le don mentionné en #Ep 2:8 est-il le salut ou la foi?
2° De quel baptême est-il question en #Ep 4:5?
3° Quelle est la relation entre 4:8 et le #Ps 68:19?
Plan
I. Salutations (1:1-2)
II. Le projet de Dieu pour l’Eglise (1:3-3:13)
A. La prédestination en Christ (1:3-6)
B. La rédemption en Christ (1:7-10)
C. Un héritage en Christ (1:11-14)
D. Des ressources en Christ (1:15-23)
E. La nouvelle vie en Christ (2:1-10)
F. L’unité en Christ (2:11-3:13)
III. Les richesses de Dieu pour l’Eglise (3:14-21)
IV. Le plan de Dieu pour une vie de fidélité dans l’Eglise (4:1-6)
V. L’édification de l’Eglise par le Fils de Dieu (4:7-16)
VI. Les principes de Dieu pour les membres de l’Eglise (4:17-32)
VII. Les principes divins de fidélité dans l’Eglise (5:1-21)
A. Marcher dans l’amour (5:1-7)
B. Vivre dans la lumière (5:8-14)
C. Marcher avec sagesse et modération (5:15-18a)
D. Etre remplis de l’Esprit de Dieu (5:18b-21)
VIII. Les principes divins d’autorité et de soumission dans l’Eglise (5:22-6:9)
A. Maris et femmes (5:22-33)
B. Parents et enfants (6:1-4)
C. Employeurs et employés (6:5-9)
IX. Les ressources de Dieu pour le combat spirituel (6:10-17)
A. Le combat du croyant (6:10-13)
B. L’armure du croyant (6:14-17)
X. L’appel de Dieu à la prière dans l’Eglise (6:18-20)
XI. Bénédiction (6:21-24)