L’Imitation de Jésus-Christ Livre troisième-De la vie intérieure 6. De l’épreuve du véritable amour

18/06/2018 11:59

L’Imitation de Jésus-Christ

 

   Livre troisième-De la vie intérieure

 

   6. De l’épreuve du véritable amour

 

Jésus-Christ : Mon fils, votre amour n’est encore ni assez fort ni assez éclairé. Le fidèle : Pourquoi, Seigneur ? Jésus-Christ : Parce qu’à la moindre contrariété, vous laissez là l’œuvre commencée, et que vous recherchez trop avidement les consolations. Celui qui aime fortement demeure ferme dans la tentation, et ne cède point aux suggestions artificieuses de l’ennemi. Dans le mauvais comme dans le bon succès, son cœur est également à moi. Celui dont l’amour est éclairé considère moins le don de celui qui aime que l’amour de celui qui donne. L’affection le touche plus que le bienfait et il préfère son bien-aimé à tout ce qu’il reçoit de lui. Celui qui m’aime d’un amour généreux ne se repose pas dans mes dons, mais en moi par-dessus tous mes dons. Ne croyez pas tout perdu cependant s’il vous arrive de sentir pour moi ou pour mes saints moins d’amour que vous ne voudriez. Cet amour tendre et doux que vous éprouvez quelquefois est l’effet de la présence de la grâce et une sorte d’avant-goût de la patrie céleste ; il n’y faut pas chercher trop d’appui parce qu’il passe comme il est venu. Mais combattre les mouvements déréglés de l’âme et mépriser les sollicitations du démon, c’est un grand sujet de mérite et la marque d’une solide vertu. Ne vous troublez donc point des fantômes, quels qu’ils soient, qui obsèdent votre imagination. Conservez une résolution ferme et une intention droite devant Dieu. Ce n’est point une illusion si quelquefois vous êtes soudain ravi en extase et qu’aussitôt vous retombiez dans les pensées misérables qui occupent d’ordinaire votre cœur. Car vous souffrez alors plus que vous n’agissez ; et tant qu’elles vous déplaisent et que vous y résistez, c’est un mérite et non pas une chute. Sachez que l’antique ennemi s’efforce d’étouffer vos bons désirs et de vous éloigner de tout pieux exercice, du culte des saints, de la méditation de mes douleurs et de ma mort, du souvenir si utile de vos péchés, de l’attention de veiller sur votre cœur, et du ferme propos d’avancer dans la vertu. Il vous suggère mille pensées mauvaises pour vous causer du trouble et de l’ennui, pour vous détourner de la prière et des lectures saintes. Une humble confession lui déplaît et, s’il pouvait, il vous éloignerait tout à fait de la communion. Ne le craignez point et n’ayez de lui aucune appréhension, quoiqu’il vous tende souvent des pièges pour vous surprendre. Rejetez sur lui seul les pensées criminelles et honteuses qu’il vous inspire. Dites-lui : Va, esprit immonde ; rougis, malheureux ; il faut que tu sois étrangement pervers pour me tenir un pareil langage. Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n’auras jamais en moi aucune part ; mais Jésus sera près de moi comme un guerrier formidable, et tu demeureras confondu. J’aime mieux mourir et souffrir tous les tourments, que de consentir à ce que tu me proposes. Tais-toi donc, ne me parle plus ; je ne t’écouterai pas davantage, quoi que tu fasses pour m’inquiéter. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que craindrais-je ? Quand une armée se rangerait en bataille contre moi, mon cœur ne craindrait pas. Le Seigneur est mon aide et mon Rédempteur. Combattez comme un généreux soldat, et si quelquefois vous succombez par fragilité, reprenez un courage plus grand dans l’espérance d’être soutenu par une grâce plus forte ; et gardez-vous surtout de la vaine complaisance et de l’orgueil. C’est ainsi que plusieurs s’égarent et tombent dans un aveuglement presque incurable. Que la chute de ces superbes qui présumaient follement d’eux-mêmes vous soit une leçon continuelle de vigilance et d’humilité.

 

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