Le Nouveau Testament 2

29/12/2013 19:43

Le Nouveau Testament

Matthieu

INTRODUCTION

SON IMPORTANCE

   L’évangile selon Matthieu a probablement davantage influencé la pensée chrétienne qu’aucun autre. Pendant longtemps, il passa pour le plus ancien, et sa position en tête du canon contribua à affermir son prestige. Dès le IIe siècle, ce fut l’évangile le plus cité, et celui qui occupa dans la liturgie la place la plus importante. Sa structure systématique et le regroupement des enseignements du Christ ont été universellement appréciés des chrétiens. La primauté accordée depuis près d’un siècle à l’évangile de Marc a eu pour conséquence de minimiser l’importance de Matthieu aux yeux des théologiens, mais il serait très souhaitable que la contribution spécifique de celui-ci soit à nouveau pleinement reconnue.

LES SOURCES

   La question du rapport entre les évangiles synoptiques est abordée dans l’Article Général « Les quatre aspects de l’Évangile » (page 67). Nous partons ici du point de vue que Marc est la source principale de Matthieu qui en donne, pour ainsi dire, une version révisée. Matthieu omet en tout cinquante-cinq versets de Marc, mais il condense souvent les récits de son prédécesseur. Les variantes trahissent généralement le souci d’une narration plus fluide, d’un style et d’un vocabulaire plus soignés ; leur but est d’éviter les malentendus que pourraient susciter certaines expressions tranchantes de Marc.

  Outre la matière empruntée au second évangile, on trouve chez Matthieu un nombre considérable de passages identiques à ceux de l’évangile selon Luc. Admettons que ces textes proviennent d’une source commune, appelée Q par les spécialistes modernes. La nature et le contenu exacts de ce document échappent encore à l’investigation. Il semble que Matthieu, dans son désir de grouper les enseignements du Christ, ait pris plus de liberté avec l’ordre chronologique de cette source-là, consistant surtout en paroles, qu’avec le texte de Marc, avant tout narratif.

   Outre les passages provenant des deux sources majeures (500 versets de Marc et 250 de Q), il reste quelque 300 versets particuliers à Matthieu, qui sont désignés par la lettre M. Ce sont eux qui, dans une large mesure, donnent au livre son caractère distinctif. Il se peut qu’ils proviennent d’une tradition orale recueillie par l’auteur. Les « Citations de textes clés » (voir page 850), tirées de l’Ancien Testament, sont peut-être dérivées d’une source indépendante, mais notre documentation à ce sujet est insuffisante pour postuler l’existence d’un « livre de témoignage ».

STRUCTURE ET CONTENU

   L’auteur a manifestement ordonné sa matière avec un soin considérable, et pourtant les spécialistes ne s’accordent pas sur la nature exacte de son plan. Il est évident qu’il y a cinq discours : #Mt 5:1-7:27, le Sermon sur la Montagne ; #Mt 10:1-42, la Mission des Douze ; #Mt 13:1-52, les Paraboles du Royaume ; #Mt 18:1-35, les rapports personnels dans le Royaume ; #Mt 24:1-25:46, le Retour du Christ. L’auteur remarque qu’après chacun de ces sermons, Jésus passe immédiatement à l’action. Certains ont cru voir une analogie entre les passages narratifs et didactiques d’une part et le kerygme et la didache de l’Église primitive d’autre part.

   Quant à l’enseignement sa classification thématique ne fait aucun doute. Le premier discours est avant tout éthique, le second missionnaire, le troisième kérygmatique (proclamation du message), le quatrième ecclésial, le cinquième eschatologique. Le chapitre 23 (dénonciation des chefs religieux) se rattache probablement aux chapitres 24 et 25.

  De nombreuses suggestions ont été émises concernant le plan d’ensemble de l’évangile, mais la plus intéressante est celle de J. C. Fenton (Saint Matthew, 1963). Il voit sa structure comme un parallélisme inversé. Il dégage certaines ressemblances quant à la longueur et au sujet, entre le premier discours (chapitres 5-7) et le dernier (chapitres 23-25) ; de même, entre le second (chapitre 10) et le quatrième (chapitre 18). Le troisième entretien (les paraboles du royaume) formerait le pivot. Quant aux passages narratifs, il ne semble pas qu’il y ait de similitudes spéciales entre le troisième groupe de récits (chapitres 11,12) et le quatrième (chapitres 14-17), ou entre le second (chapitres 8,9) et le cinquième (chapitres 19-22). Mais il y a des analogies manifestes entre le début et la fin de l’évangile. Il n’est pas sûr que Matthieu ait voulu établir un rapport entre le baptême (chapitre 3) et la mort du Christ (chapitre 27) (pourtant, cf. #Mr 10:38 s. ; #Lu 12:50). En revanche, il est frappant de constater que la naissance du Sauveur est suivie de la première citation de l’Ancien Testament. « Dieu avec nous » (#Mt 1:23), et que sa résurrection d’entre les morts prépare la promesse finale : « Je suis avec vous tous les jours » (#Mt 28:20). Nous partirons du point de vue que l’évangéliste suivait un plan de ce genre, et que son désir de présentation systématique est attesté par l’arrangement d’un bon nombre de thèmes secondaires.

CARACTÉRISTIQUES

   En quoi Matthieu se distingue-t-il des autres Synoptiques ? Des différences apparaissent dans le style et le message théologique. Le soin noté plus haut dans l’arrangement et la composition donnent à son ouvrage une allure beaucoup plus méthodique qu’à celui de Marc. Par ailleurs, il a tendance à condenser les récits, en y apportant quelques retouches, afin d’améliorer le style grec ou d’éviter les malentendus. Notons également l’expression juive « Royaume des Cieux » qui évite par respect le nom de Jahvé ; quant aux autres évangiles, ils parlent du « Royaume de Dieu ».

 Mais ce sont les préoccupations théologiques de Matthieu qui présentent le plus d’intérêt. Ce qui frappe d’abord, c’est l’attention qu’il porte à l’accomplissement de l’Ancien Testament. Il emploie couramment la formule : « Alors s’accomplit ce qui avait été déclaré par… », etc. (cf. #Mt 1:22 s. ; #Mt 2:15,17 s. ; 23 ; #Mt 4:14-16; 8:17; 12:17-21; 13:35; 21:4 s. ; #Mt 27:9 s.). Une étude soigneuse du contexte révèle que ces rapprochements sont beaucoup moins arbitraires qu’on ne le dit souvent (voir R. H. Gundry : The Use of the Old Testament in St Matthew’s Gospel, 1967). Cela signifie l’accomplissement (et non l’abrogation) de la loi par Jésus-Christ (5.17-20) et la nouvelle éthique qui en découle dépasse l’interprétation que l’on donnait de l’Ancien Testament (#Mt 5:21-24,27-30,33-37). Jésus est présenté clairement comme le Messie, Fils de David (ce titre est répété huit fois). Son autorité royale est affirmée au moment de sa passion (#Mt 26:53) et plus encore à sa résurrection (#Mt 28:18). Cependant, l’auteur montre simultanément que Jésus est le Serviteur de l’Éternel, qui a pris sur lui nos infirmités (#Mt 8:17) et su traiter les hommes avec douceur (#Mt 12:17-21).

   Le rôle d’Israël dans le plan de Dieu revêt forcément une importance toute spéciale pour celui qui étudie le rapport entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. La généalogie du Christ est retracée jusqu’à Abraham (#Mt 1:1\ s.). Matthieu seul rapporte que le Christ « n’est envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (#Mt 15:24) et qu’il en va de même pour les Douze (#Mt 10:5 s.). Mais c’est au peuple de Dieu, et en particulier à ses chefs religieux, qu’est réservée la condamnation la plus sévère pour leur incompréhension du sens véritable de la loi, leur hostilité et leur rejet des prophètes et du Messie lui-même (#Mt 23:1-39). Les meurtriers périront et leur ville sera brûlée (#Mt 22:7). Le Serviteur de l’Éternel annoncera la justice aux nations et celles-ci espéreront en son nom (#Mt 12:17-21\). L’ultime commandement du Christ mentionné dans l’évangile est d’aller faire de toutes les nations des disciples (#Mt 28:19 s.). L’ancienne race élue a perdu son héritage qui est transféré au nouveau peuple de Dieu (#Mt 21:43). C’est pourquoi Matthieu accorde beaucoup d’importance à l’Église. Le mot ekklesia n’apparaît que dans cet évangile ; l’auteur est manifestement préoccupé par les questions d’autorité et d’ordre dans la communauté chrétienne (#Mt 16:17-19; 18:15-18). Cet évangile donne également une large place à l’élément miraculeux. La découverte du statère dans la bouche du poisson n’est rapportée que par Matthieu (#Mt 17:24-27). Mais cet aspect ressort plus particulièrement dans les deux derniers chapitres qui rapportent la résurrection des saints (#Mt 27:51-53) et l’intervention de l’ange au tombeau (#Mt 28:2-4). Enfin, le premier évangile parle souvent de la parousie (l’avènement de Jésus-Christ). Cette expression ne se rencontre que chez Matthieu (#Mt 24:3,27,37,39), et celui-ci insère à plusieurs reprises des paroles apocalyptiques dans la trame de Marc (#Mt 24:30 s., par exemple). Un certain nombre de paraboles particulières à Matthieu abordent ce thème. Cet évangile contient autant d’enseignement que les autres sur la phase actuelle du Royaume en rapport avec la personne du Christ, mais l’accent est mis sur son accomplissement futur.

DATE ET LIEU D’ORIGINE

 La première citation de Matthieu clairement reconnaissable se trouve dans les écrits d’Ignace (environ 115 après Jésus-Christ), et l’on estime généralement qu’elle a été rédigée quelques années auparavant. La position adoptée quant au rapport entre le premier et le second évangile détermine dans une large mesure la date la plus ancienne attribuée à Matthieu. Selon l’hypothèse la plus vraisemblable, Matthieu, sous sa forme actuelle, s’appuie sur l’évangile de Marc qui, lui-même, a été publié après la mort de Pierre (environ 65 après Jésus-Christ) ; dans ce cas, l’évangile de Matthieu doit être postérieur à cet événement.

   Un second facteur dont il faut tenir compte est le rapport entre l’évangile et la chute de Jérusalem (70 après Jésus-Christ). On a affirmé que le texte devait être antérieur à cette date, car il aurait été bien étrange de passer sous silence la destruction du Temple, si elle avait eu lieu, alors qu’elle devait clairement marquer la fin de l’Ancienne Alliance. Mais Matthieu ne devait pas chercher à souligner ce fait, encore moins que l’auteur de l’épître aux Hébreux. D’autre part, la majorité des théologiens pensent que les allusions indirectes à la catastrophe exigent une date postérieure. Une telle discussion perd son intérêt, si l’on prétend au départ que le Christ était incapable de faire une telle prophétie. (Reconnaissons cependant que l’allusion à l’incendie de la ville [#Mt 22:7] pourrait être une « note explicative » ajoutée plus tard à la parabole.)

   On estime généralement que certaines parties de l’enseignement de Matthieu cadrent avec la fin du premier siècle : développement présumé de la constitution de l’Église (#Mt 16:19; 18:17 s.), persécutions (#Mt 10:22; 24:9 s.), insistance sur la certitude de la parousie après une période d’attente (#Mt 24:37-51; 25:1-12), « ambiance théologique » reflétant une période tardive. Quelques auteurs prétendent que les allusions à « leurs synagogues » (#Mt 4:23; 9:35; 10:17; 12:9; 13:54) impliquent une date postérieure à l’exclusion des chrétiens des communautés juives (environ en 85). Mais ceci ne peut être prouvé. Toute tentative de fixer la date précise des évangiles reste aléatoire, à moins que leur apparition ne puisse être rattachée à un fait historique connu. Il est donc plus sage de situer la rédaction de Matthieu entre 65 et 110 après Jésus-Christ. Son caractère juif et les nombreux points communs avec les Manuscrits de la mer Morte semblent même indiquer la première moitié de cette période.

     Le lieu d’origine de l’évangile reste également incertain. Son ambiance juive et le manque d’explications des coutumes hébraïques (voir #Mt 15:2 ; 23,27) laisse supposer qu’il provient d’un centre où cette religion était solidement implantée. La langue officielle devait pourtant y être le grec, car l’évangile tel que nous le possédons n’est manifestement pas une traduction de l’araméen et ne comprend pas, comme Marc, certains mots dans cette langue. La plupart des savants estiment donc que Matthieu n’a pas écrit pour une communauté en Palestine ; quelques-uns suggèrent qu’il aurait pu le faire en Phénicie, mais la majorité pense plutôt à la Syrie, à Antioche probablement. Il semble qu’il y avait là des chrétiens hellénistes, la plupart d’origine juive. C’était un carrefour où se rencontraient Juifs et chrétiens issus du Judaïsme et du paganisme. C’était également un centre de la mission parmi les Gentils. La place accordée à Pierre et l’usage qu’en fait Ignace étayent ce point de vue. Une telle hypothèse est probablement la meilleure, mais elle n’implique pas que toute la documentation ait été entièrement rassemblée à Antioche. Sa source véritable était encore la Galilée et Jérusalem.

L’AUTEUR

   La tradition unanime de l’Église primitive voulait que l’apôtre Matthieu ait écrit ce document en hébreu ou (araméen), avant les autres évangélistes. Cette affirmation est actuellement très contestée. L’objection principale réside dans le fait qu’un des Douze, témoin oculaire des événements, se soit servi si abondamment de l’évangile de Marc, dont l’auteur n’était pas un apôtre. Cela peut paraître en effet invraisemblable ; cependant, si le second évangile contient la tradition de Pierre, celle-ci a pu être considérée comme normative, même par les autres apôtres. Matthieu se serait alors inspiré de la version de son prédécesseur, en y ajoutant quelques détails tirés de sa propre expérience. On a prétendu, d’autre part, que certains miracles, racontés spécialement par Matthieu, ainsi que divers développements eschatologiques ne pouvaient provenir d’un apôtre. Ce problème est réel ; cependant, il demeure que Marc peut être considéré comme la norme, tandis que les autres évangiles fournissent un tableau plus complet des actes et des paroles de Jésus.

      Nous avons de Papias une déduction extrêmement significative à ce sujet : « Matthieu composa les Logia en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il put. » Ceci impliquerait une rédaction originale en araméen, possibilité généralement rejetée à cause de la mise à contribution de Marc, et de l’usage de la version des Septante. Ceux qui acceptent la déclaration de Papias sont obligés de postuler que l’évangile, sous sa forme actuelle, résulterait d’un remaniement total du prototype araméen, complété par de multiples références à l’évangile de Marc, ce qui semble hautement improbable. On pense donc que Papias s’est trompé au sujet de la langue, mais qu’il dit vrai en ce qui concerne l’auteur ; il se pourrait aussi qu’il fasse allusion à un autre texte. Dans ce cas, que sont les Logia ? Deux théories ont été avancées. Premièrement, il s’agirait peut-être d’un recueil de témoignages ou de « passages-clés » tirés de l’Ancien Testament ; mais rien ne prouve qu’une telle collection ait jamais été publiée. Deuxièmement, on suppose que Papias se réfère à une anthologie des paroles de Jésus, qu’il serait tentant d’identifier au document Q. Mais nous ne savons si cette source était orale ou écrite, et, dans le second cas, si elle comprenait un ou deux volumes. Pourtant, le terme de « Logia » peut signifier plus qu’un recueil de paroles ; d’autres auteurs, et Papias lui-même, l’utilisent ailleurs pour désigner « l’Évangile ».

   Un lien indéniable existe, semble-t-il, entre l’apôtre Matthieu et le livre qui porte son nom. Ce rapport n’est pas dérivé du texte, mais du titre, sans doute ajouté au début du IIe siècle selon la croyance très répandue qu’il en était l’auteur. L’apôtre ne jouait pas un rôle assez important pour qu’un évangile lui soit attribué sans que sa paternité soit reconnue. Le fait qu’il soit nommé « Matthieu », et non « Lévi », lors de sa vocation, ne suffit pas à étayer ce point de vue (#Mt 9:9 ; #Mr 2:14). Nous ne pouvons dire avec exactitude en quoi consiste la relation entre le livre et l’apôtre ; mais si celui-ci n’est pas l’auteur lui-même, il était probablement le chef de la communauté dont ce texte est issu (peut-être était-ce une sorte d’école catéchétique) ou du moins a-t-il joué un rôle important dans le rassemblement et la transmission d’une grande partie des renseignements utilisés. La structure systématique du texte a longtemps été considérée comme la marque d’un fonctionnaire préposé aux impôts. Quoi qu’il en soit l’auteur pense peut-être à sa propre profession, lorsqu’il rapporte ces paroles de Jésus : « Tout scribe instruit du royaume des cieux en tant que disciple est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (#Mt 13:52).

LE BUT

  L’objectif général de tout évangile est très bien résumé par Jean (#Jn 20:31). Il est de présenter une sélection des actes et des paroles du Christ, afin d’amener le lecteur à la foi et à la vie en lui. Les éléments essentiels de l’évangile sont résumés dans la prédication apostolique (kerygme) qui va « depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous » (#Ac 1:22). Nous découvrirons l’intention particulière de Matthieu en examinant à nouveau les caractéristiques de son évangile.

   L’ambiance judaïque du livre et son insistance sur l’accomplissement de l’Ancien Testament permettent de croire qu’il devait servir d’apologie auprès des Juifs incrédules. Six des « prophéties accomplies » ont trait soit à la naissance et l’enfance du Christ, soit à sa mort. Ces deux événements étaient en effet, des obstacles à la foi pour la plupart des Israélites : à cause des rumeurs répandues sur une naissance illégitime de Jésus, et à cause du scandale d’un Messie crucifié. La réalité de la résurrection est également affirmée avec force, pour réfuter les tentatives de la part des Juifs d’en nier le caractère surnaturel (#Mt 27:62-66; 28:11-15). Pourtant, ce livre semble moins destiné aux gens du dehors qu’aux chrétiens eux-mêmes : il doit leur permettre d’approfondir leur compréhension du fait christologique, et d’employer ensuite cette documentation pour défendre leur foi.

   L’évangile de Matthieu a toujours été celui qui se prêtait le mieux à l’enseignement, à cause de son exposé systématique. Qu’il soit ou non le produit d’une « école » de type rabbinique (voir K. Stendahl : The School of St. Matthew, 1954), il présente quelques-unes des caractéristiques d’un « manuel de discipline » destiné à une église locale, avec son insistance sur les problèmes de morale et de discipline. Il a également occupé dans la liturgie une position privilégiée par rapport aux autres évangiles, mais cela ne signifie pas qu’il soit le produit de l’adoration communautaire. (Cf. G. D. Kilpatrick : The Origins of the Gospel according to St. Matthew, 1946).

   Nous pouvons donc dire en conclusion que le livre a probablement été composé à proximité de la Palestine, vers la fin du Ier siècle. L’auteur était un judéo-chrétien qui écrivait pour des compatriotes croyants en contact étroit avec une population israélite incrédule. Son but était de les instruire soigneusement sur la manière dont le Christ avait accompli les prophéties de l’Ancien Testament, puis posé les fondements de l’Église chrétienne succédant à la race élue de l’Ancienne Alliance. Ce nouveau peuple régénéré regroupe sur une base spirituelle des représentants de toutes les nations. Un tel enseignement devait permettre aux chrétiens de réfuter les attaques des Juifs non croyants et de leur présenter Jésus, leur véritable roi.

SOMMAIRE

   1.1-2.23 Naissance et enfance du Christ

   1.1-17 Généalogie de Jésus

   1.18-25 Naissance de Jésus

   2.1-12 Visite des Mages

   2.13-23 Fuite en Égypte et retour en Palestine

   3.1-4.25 Baptême et tentation du Christ

   3.1-12 Ministère de Jean

   3.13-17 Baptême de Jésus

   4.1-11 Tentation de Jésus

   4.12-25 Début du ministère de Jésus

   5.1-7.29 Sermon sur la Montagne

   5.1-16 Caractéristiques du vrai disciple

   5.17-48 L’ancienne et la nouvelle loi

   6.1-18 Les pratiques religieuses

 6.19-34 Les vrais trésors

   7.1-12 Le respect de Dieu et du prochain

   7.13-29 Les exigences du royaume

   8.1-9.34 Les œuvres du Christ

   8.1-17 Quelques guérisons

   8.18-27 L’épreuve de la foi

   8.28-9.8 Nouvelles guérisons

   9.9-17 Vocation de Matthieu-Question sur le jeûne

   9.18-34 Encore d’autres guérisons

   9.35-10.42 La mission des Douze

   9.35-10.4 Compassion de Jésus et vocation des disciples

   10.5-42 Instructions en vue du ministère

   11.1-12.50 Les exigences du Christ

   11.1-19 Jésus et Jean

 11.20-30 L’Évangile offert et refusé

   12.1-14 Controverse à propos du sabbat

   12.15-37 Guérisons et controverses nouvelles

   12.38-50 Appel à la décision

   13.1-52 Les paraboles du royaume

   13.53-17.27 Le Christ rejeté

   13.53-14.12 Jésus est méprisé et Jean-Baptiste exécuté

   14.13-36 Première multiplication des pains-La tempête apaisée

   15.1-20 La tradition des anciens

   15.21-39 Autres guérisons ; seconde multiplication des pains

   16.1-12 Pharisiens et Sadducéens

   16.13-28 La confession de Pierre ; comment suivre le Messie

   17.1-27 La transfiguration et ses conséquences

   18.1-35 La vie dans la communauté messianique

19.1-22.46 Le Christ fait route vers Jérusalem et lui adresse son appel

   19.1-15 Le mariage-Les petits enfants

   19.16-20.16 La richesse et les récompenses

   20.17-34 Les souffrances et l’amour du Messie

   21.1-17 Entrée triomphale à Jérusalem et purification du Temple

   21.18-22.14 Jugement prononcé sur les autorités et la nation juives

   22.15-46 Controverse avec les Pharisiens et les Sadducéens

   23.1-25.46 Avertissements et prophéties

   23.1-39 Malheur aux scribes et aux Pharisiens

   24.1-42 Chute de Jérusalem et avènement du Fils de l’homme

   24.43-25.46 Cinq paraboles sur le jugement

   26.1-27.66 Passion et mort du Christ

   26.1-16 Le parfum répandu-La trahison de Judas

   26.17-29 Institution de la Cène

  26.30-56 Gethsémané

   26.57-75 Jésus devant Caïphe

   27.1-31 Mort de Judas-Jésus devant Pilate

   27.32-56 La crucifixion

   27.57-66 La mise au tombeau-La garde du sépulcre

   28.1-20 La Résurrection du Christ

   28.1-10 La résurrection

   28.11-15 Les Juifs corrompent la garde

   28.16-20 La mission universelle

COMMENTAIRE

1.1-2.23 NAISSANCE ET ENFANCE DU CHRIST

   L’événement essentiel qui marque le début des évangiles ainsi que du kerygme est le baptême de Jean. Matthieu, comme Luc, consacre deux chapitres préliminaires à l’identité du Christ et à l’accomplissement des prophéties, jusque dans les circonstances de sa naissance et de son enfance. La matière est ici entièrement propre à Matthieu, qui semble donner le point de vue de Joseph, alors que Luc présente celui de Marie.

1.1-17 Généalogie de Jésus

   L’arrangement systématique de la généalogie n’est pas sans importance, car il montre d’emblée comment Matthieu aborde les faits qu’il raconte.

   1,2 Généalogie signifie littéralement « livre de la genèse ». Il ne s’agit probablement pas d’imiter de façon générale le premier livre de l’Ancien Testament, mais d’un rappel du « livre des générations » (ou « de la postérité de », #Ge 5:1). Jésus est le nom sous lequel le Seigneur fut habituellement connu pendant son ministère terrestre. Sa signification est donnée au verset 21. Le Christ (littéralement « l’Oint ») était le titre du roi messianique promis. David, le plus grand des rois d’Israël, avait reçu la promesse de l’alliance selon laquelle son fils devait s’asseoir sur son trône (#2S 7:12-16 ; #Ps 89:30,37; 132:11,12). Ces textes furent bientôt interprétés dans un sens messianique. Jésus est également appelé Fils de David en #Mt 9:27; 12:23; 15:22; 20:30 s. ; #Mt 21:9,15; 22:42,45. Cela montre l’importance accordée à la royauté du Christ dans cet évangile. Abraham était l’ancêtre des Juifs. En faisant alliance avec lui, Dieu s’était engagé à bénir sa postérité (#Ge 12:1-3; 17:1-8). Cette promesse aussi a été pleinement accomplie en Jésus-Christ. La généalogie de Luc remonte à Adam (#Lu 3:38), selon le point de vue universaliste de l’auteur. Matthieu commence à Abraham, montrant ainsi qu’il s’intéresse avant tout à l’œuvre de Dieu au moyen du peuple élu.

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