Les mages et le texte évangélique
23/12/2016 09:31Les mages et le texte évangélique
L'Évangile selon Matthieu (2,1-12) est le seul à rapporter la venue des mages guidés par l'étoile:
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(1) Jésus naquit à Bethléem, en Judée, pendant que Hérode était roi. Voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem. (2) Ils demandèrent: « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile apparaître à l'Est, et nous sommes venus lui rendre hommage. » [...] (7) Alors Hérode appela en secret les mages. Il leur fit préciser quand l'étoile était apparue. (8) Il les envoya vers Bethléem en leur disant: « Allez, cherchez bien l'enfant; quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille moi aussi lui rendre hommage. » (9) Après avoir r eçu ces instructions du roi, ils se mirent en route. Voici que l'étoile qu'ils avaient aperçue à l'Est allait devant eux. Mais elle s'arêta au-dessus de l'endroit où se trouvait l'enfant. (10) Ils furent remplis d'une grande joie quand ils virent l'étoile. (11) Ils entrèrent dans la maison et ils virent l'enfant avec sa mère, Marie. Ils se prosternèrent pour lui rendre hommage. Ils ouvrirent leurs coffrets et présentèrent à l'enfant les cadeaux: de l'or, de l'encens et de la myrrhe. (12) Puis, dans un rêve, Dieu avertit les mages de ne pas retourner chez Hérode. Ils prirent alors une autre route pour rentrer dans leur pays.
N'avez-vous pas remarqué quelque chose? D'abord, dans l'évangile, on n'indique pas leur nombre. À cause des trois présents mentionnés, on a déduit qu'ils étaient trois. Mais cette conclusion ne s'impose pas. Ensuite, l'évangile ne dit pas qu'ils étaient rois. Il semble que, dans notre tradition populaire, nous nous soyons inspirés de textes de l'Ancien Testament (« les rois... enverront des présents », Ps 72,10; voir aussi Is 60,2). En fait, le mot « mages », tel que rapporté dans l'évangile, pointe davantage vers des astrologues ou des prêtres de cultes anciens (perses ou mèdes).
L'origine des mages
Le texte évangélique ne donne qu'une indication vague de l'origine des mages. Elle parle « d'Orient », ce qui indique l'Est par rapport à la Terre Sainte. Ce pourrait être la Babylonie, la Perse, la Syrie ou autre. En fait, l'indication n'est pas plus précise et laisse place à plusieurs possibilités. Les dons offerts nous orientent vers l'Arabie et/ou la Syrie, sans exclure d'autres possibilités. De toute évidence, l'évangéliste Matthieu ne s'intéresse pas directement aux mages, mais plutôt aux signes dont ils sont porteurs dans le récit. Les détails quant à leur nombre, à leur origine et à leur nom seront comblés plus tard par la tradition populaire.
La tradition populaire
Notre imaginaire est beaucoup imprégné d'écrits tardifs. Ce n'est qu'au VIe siècle qu'un écrit araméen leur donne un nom (et fixe leur nombre à trois) : Melkon (ou Melchior), Balthasar et Gaspard. Dans l'Église latine, ce n'est qu'au Moyen-Âge (IXe siècle) qu'il en sera question.
Notons finalement que la tradition des crèches de Noël remonte à François d'Assise, au jour de Noël 1223. Depuis ce temps, s'est répandue la coutume de reproduire, souvent avec les talents artistiques locaux, la scène de la visite de mages. Peu d'entre elles ont d'abord un souci « historique », c'est-à-dire voulant reproduire avec exactitude la scène d'origine.
En fait, la tendance est davantage suscité par le désir d'indiquer que le Christ nous atteint jusqu'à chez-nous, si bien que les Inuits réaliseront une crèche qui situe la scène dans l'Arctique, les Africains en Afrique, etc. Pour ceux qui sont de culture occidentale, la plupart de leurs crèches sont inspirées des grandes œuvres d'art du Moyen-Âge, de la Renaissance ou autres. On ne peut donc pas se fier à leur représentation pour savoir ce qui a pu se passer après la naissance de Jésus.
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