L’Imitation de Jésus-Christ Avis utiles pour entrer dans la vie intérieur 20. De l’amour de la solitude et du silence

22/06/2015 09:19
L’Imitation de Jésus-Christ 
 
   Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure 
 
   20. De l’amour de la solitude et du silence 
 
Cherchez un temps propre à vous occuper de vous-même et pensez souvent aux bienfaits de Dieu. Laissez là ce qui ne sert qu’à nourrir la curiosité. Lisez plutôt ce qui touche le cœur que ce qui amuse l’esprit. Retranchez les discours superflus, les courses inutiles ; fermez l’oreille aux vains bruits du monde, et vous trouverez assez de loisir pour les saintes méditations. Les plus grands saints évitaient autant qu’il leur était possible le commerce des hommes et préféraient vivre en secret avec Dieu. Un ancien a dit : Toutes les fois que j’ai été dans la compagnie des hommes, j’en suis revenu moins homme que je n’étais. C’est ce que nous éprouvons souvent lorsque nous nous livrons à de longs entretiens. Il est plus aisé de se taire que de ne point excéder dans ses paroles. Il est plus aisé de se tenir chez soi que de se garder de soi-même suffisamment au-dehors. Celui donc qui aspire à la vie intérieure et spirituelle doit de retirer de la foule avec Jésus. Nul ne se montre sans péril s’il n’aime à demeurer caché. Nul ne parle avec mesure s’il ne se tait volontiers. Nul n’est en sûreté dans les premières places s’il n’aime les dernières. Nul ne commande sans danger s’il n’a pas appris à bien obéir. Nul ne se réjouit avec sécurité s’il ne possède en lui-même le témoignage d’une bonne conscience. Cependant la confiance des saints a toujours été pleine de la crainte de Dieu : quel que fût l’éclat de leurs vertus, quelque abondantes que fussent leurs grâces, ils n’en étaient ni moins humbles ni moins vigilants. L’assurance des méchants naît, au contraire, de l’orgueil et de la présomption, et finit par l’aveuglement. Ne vous promettez point de sûreté en cette vie, quoique vous paraissiez être un saint religieux ou un pieux solitaire. Souvent les meilleurs dans l’estime des hommes ont couru les plus grands dangers à cause de leur trop de confiance. Il est donc utile à plusieurs de n’être pas entièrement délivré des tentations et de souffrir des attaques fréquentes, de peur que, tranquilles sur eux-mêmes, ils ne s’élèvent avec orgueil ou qu’ils ne se livrent trop aux consolations du dehors. Oh ! si l’on ne recherchait jamais les joies qui passent, si jamais l’on ne s’occupait du monde, qu’on posséderait une conscience pure ! Oh ! qui retrancherait toute sollicitude vaine, ne pensant qu’au salut et à Dieu, et plaçant en lui toute son espérance, de quelle paix et de quel repos il jouirait ! Nul n’est digne des consolations célestes s’il ne s’est exercé longtemps dans la sainte componction. Si vous désirez la vraie componction du cœur, entrez dans votre cellule et bannissez-en le bruit du monde ; selon qu’il est écrit : Même sur votre couche, que votre cœur soit plein de componction. Vous trouverez dans votre cellule ce que souvent vous perdrez au-dehors. La cellule qu’on quitte peu devient douce ; fréquemment délaissée, elle engendre l’ennui. Si dès le premier moment où vous sortez du siècle, vous êtes fidèle à la garder, elle vous deviendra comme une amie chère et sera votre consolation la plus douce. Dans le silence et le repos, l’âme pieuse fait de grands progrès et pénètre ce qu’il y a de caché dans l’Écriture. Là elle trouve la source des larmes dont elle se lave et se purifie toutes les nuits, et elle s’unit d’autant plus familièrement à son Créateur qu’elle vit plus éloignée du tumulte du monde. Celui donc qui se sépare de ses connaissances et de ses amis, Dieu s’approchera de lui avec les saints anges. Il vaut mieux être caché et prendre soin de son âme, que de faire des miracles et de s’oublier soi-même Il est louable dans un religieux de sortir rarement et de n’aimer ni à voir les hommes ni à être vu d’eux. Pourquoi voulez-vous voir ce qui ne vous est point permis d’avoir ? Le monde passe, et sa concupiscence. Les désirs des sens entraînent çà et là ; mais l’heure passée, que rapportez-vous, qu’une conscience pesante et un cœur dissipé ? Parce qu’on est sorti dans la joie, souvent on revient dans la tristesse ; et la veille joyeuse du soir attriste le matin. Ainsi toute joie des sens s’insinue avec douceur ; mais à la fin elle blesse et tue. Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? Voilà le ciel, la terre, les éléments ; or c’est d’eux que tout est fait. Où que vous alliez, que verrez-vous qui soit stable sous le soleil ? Vous croyez peut-être vous rassasier ; mais vous n’y parviendrez jamais. Quand vous verriez toutes les choses à la fois, que serait-ce qu’une vision vaine ? Levez les yeux en haut vers Dieu et priez pour vos péchés et vos négligences. Laissez aux hommes vains les choses vaines ; pour vous, ne vous occupez que de ce que Dieu vous commande. Fermez sur vous votre porte et appelez à vous Jésus, votre bien-aimé. Demeurez avec lui dans votre cellule : car vous ne trouverez nulle part autant de paix. Si vous n’étiez pas sorti et que vous n’eussiez pas entendu quelque bruit du monde, vous seriez demeuré dans cette douce paix : mais parce que vous aimez à entendre des choses nouvelles, il vous faut supporter ensuite le trouble du cœur. 
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