MATTHIEU 22 : 1 à 46
23/11/2021 00:01JOUR 23 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
MATTHIEU 22
1 ¶ Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en paraboles, et il dit:
2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils.{*}
semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Jésus raconta une parabole similaire, quoique différente, en #Lu 14:16-23. Ici, il s’agit du festin des noces du propre fils du roi; ainsi, les invités qui se montrent indifférents (v. #Mt 22:5) ou qui rejettent l’invitation (v. #Mt 22:6) manquent d’égards pour la personne même du roi. De plus, en maltraitant et tuant ses messagers, ils commettent un affront impensable à sa bonté.
3 Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir.{*}
4 Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux conviés: Voici, j’ai préparé mon festin ; mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.{*}
Il envoya encore d’autres serviteurs. Ce passage illustre la patience et la longanimité de Dieu à l’égard de ceux qui le méprisent délibérément. Il ne cesse d’offrir son invitation, même après que sa bonté a été ignorée ou repoussée.
5 Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic ;{*}
6 et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.{*}
7 Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville.{*}
Le roi fut irrité. Sa patience venue finalement à bout, il les jugea.
brûla leur ville. Ce jugement anticipe la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C. Même le temple monumental édifié en gros blocs de pierre fut alors détruit par le feu et réduit en poussière.
8 Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes ; mais les conviés n’en étaient pas dignes.{*}
9 Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.{*}
appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. C’est l’offre gratuite de l’Evangile, qui s’étend à tous les hommes sans distinction (cf. #Ap 22:17).
10 Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives.{*}
11 Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces.{*}
un habit de noces. Puisque tous sans exception ont été invités au banquet, cet homme ne doit pas être considéré comme un simple trouble-fête. En réalité, tous les invités ayant été rassemblés à la hâte sur « les chemins », aucun d’entre eux ne pouvait se présenter en habits décents. Cela signifie que les vêtements sont fournis par le roi lui-même. Ainsi, le fait que cet homme ne s’est pas vêtu correctement dénote son rejet volontaire de l’offre généreuse du roi. Il insulte le roi plus gravement encore que ceux qui ont tout simplement refusé de venir, parce qu’il ose commettre cet affront en sa présence. L’ensemble de cette image peut représenter l’attitude de gens qui s’identifient de manière extérieure au royaume, professent être chrétiens et appartiennent à l’Eglise au sens visible du terme, mais qui rejettent cependant l’habit de justice offert par Christ (cf. #Esa 61:10) et cherchent à établir leur justice par eux-mêmes (cf. #Ro 10:3 ; #Ph 3:8-9). Honteux d’admettre leur propre pauvreté spirituelle, ils refusent un habit meilleur que le Roi leur offre généreusement. Ils se rendent ainsi coupables d’un péché abominable contre sa bonté.
12 Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée.{*}
Cet homme eut la bouche fermée. Il n’a aucune excuse.
13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.{*}
les ténèbres du dehors. Ce terme s’applique certainement à l’obscurité extrême, celle qui est la plus éloignée de la lumière.
des pleurs et des grincements de dents. Cette expression décrit la souffrance inconsolable et le tourment sans repos. Jésus l’employa couramment pour parler de l’enfer (cf. #Mt 13:42, #Mt 13:50 ; #Mt 24:51).
14 Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.{*}
il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. L’appel dont il est question ici est parfois qualifié d’appel « général » ou « externe ». Il correspond à une sommation à la repentance et à la foi, qui est inhérente au message de l’Evangile. Il s’étend à tous ceux qui entendent l’Evangile. « Beaucoup » l’entendent, mais « peu » y répondent (voir la comparaison entre peu et beaucoup en #Mt 7:13-14). Ceux qui répondent à l’appel constituent les « élus », ceux qui sont choisis. Dans les écrits pauliniens, le mot « appel » se réfère habituellement à l’appel irrésistible de Dieu, adressé aux seuls élus (#Ro 8:30); il est connu sous le nom d’appel « efficace » (ou « interne »). Jésus le mentionne en #Jn 6:44, où il dit que Dieu attire les élus à lui d’une manière surnaturelle. Dans ce v., il est question d’un appel général qui s’adresse à « quiconque » entend l’Evangile (cf. #Ap 22:17). Le texte fait part de l’équilibre entre la responsabilité humaine et la souveraineté divine : les « appelés » qui rejettent l’invitation le font de leur propre chef, de sorte que leur exclusion du royaume est parfaitement juste. Les « élus » ont part au royaume uniquement parce que Dieu leur fait la grâce de les choisir et de les attirer à lui.
15 ¶ Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles.
16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes.
les hérodiens. Un parti constitué de Juifs qui soutenaient la dynastie hérodienne, elle-même soutenue par les Romains. Les hérodiens ne formaient pas un parti religieux comme les pharisiens, mais bel et bien un parti politique, dominé probablement par les sadducéens (y compris les chefs du temple). A l’opposé, les pharisiens haïssaient l’occupation romaine et rejetaient l’influence des hérodiens. Le fait que les deux groupes allaient conspirer ensemble pour prendre Jésus au piège révèle à quel point ils se sentaient menacés. Hérode lui-même voulait la mort de Jésus (#Lu 13:31); les pharisiens, de leur côté, étaient déjà en train de comploter pour le tuer (#Jn 11:53). Ils unirent leurs efforts afin d’atteindre leur but commun.
17 Dis-nous donc ce qu’il t’en semble : est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?
est-il permis, ou non, de payer le tribut à César? Il est ici question d’une des multiples charges imposées par Rome, une taxe levée par individu, qui s’élevait à un denier par an. Le peuple avait en horreur tous les impôts parce qu’ils servaient à financer l’armée de l’occupant, mais celui qu’il exécrait le plus était le tribut, à cause de sa valeur symbolique. Il suggérait implicitement que Rome possédait le peuple lui-même, alors que celui-ci se déclarait la propriété de Dieu, en tant qu’individu et en tant que nation. Une question sur cet impôt en particulier révèle dès lors toute sa signification. Si Jésus leur répondait par la négative, les hérodiens l’accuseraient de trahison contre Rome. S’il répondait par l’affirmative, ce seraient les pharisiens qui l’accuseraient de déloyauté à l’égard de la nation juive, et il perdrait le soutien des masses.
18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit : Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ?{*}
18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit : Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ?{*}
19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. {*}
denier. Une pièce d’argent, de la valeur d’un jour de salaire pour un soldat romain. Les pièces étaient fabriquées sous l’autorité de l’empereur, car lui seul pouvait autoriser l’émission de pièces d’or ou d’argent. Le denier du temps de Jésus était frappé par Tibère. L’une des faces portait son effigie, tandis que l’autre le représentait assis sur son trône, vêtu d’une tenue de sacrificateur. Les Juifs considéraient de telles images comme de l’idolâtrie, interdite par le deuxième commandement (#Ex 20:4); le tribut payé avec cette pièce était ainsi une double insulte.
20 Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ?{*}
21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.{*}
à César … à Dieu. L’image de l’empereur était gravée sur la pièce; l’image de Dieu est gravée dans la personne (#Ge 1:26-27). Le chrétien doit « rendre » obéissance à César dans les limites de son règne (#Ro 13:1-7 ; #1Pi 2:13-17), mais « ce qui est à Dieu » n’appartient pas à César et doit être rendu à Dieu seul. Christ reconnaissait à l’empereur le droit de prélever des impôts, et il invitait ses disciples à les payer. Cependant, il ne suggérait pas quoi qu’en disent certains - que cet homme détenait l’autorité unique ou suprême en matière sociale ou politique. En fin de compte, tout appartient à Dieu (#Ro 11:36 ; #2Co 5:18 ; #Ap 4:11), y compris le domaine sur lequel César ou tout autre dirigeant terrestre exerce son autorité.
22 Etonnés de ce qu’ils entendaient, ils le quittèrent, et s’en allèrent.
23 ¶ Le même jour, les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette question:
point de résurrection. Les sadducéens étaient connus pour leur rejet du surnaturel. Ils ne croyaient pas à la résurrection des morts (#Mt 22:23) ni à l’existence des anges (#Ac 23:8). Contrairement aux pharisiens, ils ne faisaient aucun cas de la tradition humaine et dédaignaient le légalisme. Dans toute l’Ecriture, ils reconnaissaient l’autorité du seul Pentateuque. Ils étaient pour la plupart de riches membres de l’aristocratie au sein de la tribu des sacrificateurs ; au temps du roi Hérode, leur secte dirigeait le temple, malgré leur nombre plus restreint que celui des pharisiens. Les deux groupes avaient peu de choses en commun. Les sadducéens étaient des rationalistes libéraux, les pharisiens, des inconditionnels de la loi et des rituels ; les uns étaient des opportunistes politiques enclins au compromis, les autres, des séparatistes. Ils s’unirent pourtant dans leur opposition à Christ (#Mt 22:15-16, #Mt 22:23, #Mt 22:34-35), et Jean les traita publiquement de vipères.
24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à son frère.
son frère épousera sa veuve. C’est une allusion à la loi du lévirat, énoncée en #De 25:5-10. Cette disposition visait à assurer la continuation de la lignée familiale et le soutien des veuves.
25 Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, et mourut ; et, comme il n’avait pas d’enfants, il laissa sa femme à son frère.
26 Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu’au septième.
27 Après eux tous, la femme mourut aussi.
28 A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? Car tous l’ont eue.
29 Jésus leur répondit : Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu.{*}
30 Car, à la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.{*}
comme les anges de Dieu dans le ciel. Comme les sadducéens ne croyaient pas aux anges, ces paroles mettaient en lumière encore une de leurs fausses croyances. Les anges sont des créatures qui ne peuvent mourir, qui ne se reproduisent pas et qui n’ont donc aucun besoin de se marier. « A la résurrection », les croyants seront dotés d’une nature similaire.
31 Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit:{*}
32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants.{*}
pas le Dieu des morts. L’argument de Jésus (tiré du Pentateuque, car les sadducéens ne reconnaissaient que l’autorité de Moïse, se basait sur le présent emphatique de « Je suis » d’#Ex 3:6. Cet argument subtile mais efficace fit définitivement taire les sadducéens (v. #Mt 22:34).
33 La foule, qui écoutait, fut frappée de l’enseignement de Jésus.
34 ¶ Les pharisiens, ayant appris qu’il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent,
35 et l’un d’eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l’éprouver:
docteur de la loi. Un scribe spécialisé dans l’interprétation de la loi.
36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?
37 Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.{*}
cœur … âme … Pensée. #Mr 12:30 ajoute « force ». Il s’agit ici d’une citation de #De 6:5, qui fait partie du shema (« écoute », en hébreu, #De 6:4) et qui dit « cœur … âme … force ». Certains manuscrits de la LXX ajoutent « pensée ». L’emploi des divers termes n’a pas pour but de délimiter des facultés humaines spécifiques mais de souligner que l’amour tel qu’il est requis englobe tout.
38 C’est le premier et le plus grand commandement.{*}
39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.{*}
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Citation de #Lé 19:18. Contrairement à certaines interprétations actuelles, ce passage n’invite nullement à un amour de soi-même. Il véhicule la même idée, formulée en des termes différents, que la règle. Il incite les croyants à mesurer leur amour pour les autres à l’aune de ce qu’ils souhaitent pour eux-mêmes.
40 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.{*}
toute la loi et les prophètes. C’est-à-dire l’A.T. dans son ensemble. Jésus résume le devoir moral de l’homme en deux catégories : l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain. Ces deux catégories distinguent les quatre premiers commandements du décalogue des six autres.
41 ¶ Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les interrogea,
42 en disant : Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David. {*}
Que pensez-vous. Une expression souvent employée par Christ pour introduire une question destinée à mettre son interlocuteur à l’épreuve (v. #Mt 22:17 ; #Mt 17:25 ; #Mt 18:12 ; #Mt 21:28 ; #Mt 26:65). Les pharisiens, les hérodiens, les sadducéens et les scribes venaient tous de l’éprouver. Il avait aussi un test pour eux.
De David. Fils de David » était le titre messianique le plus en usage à l’époque de Jésus. Leur réponse reflète leur conviction que le Messie ne serait qu’un homme. Jésus profita de leur réponse pour affirmer une fois de plus sa divinité.
43 Et Jésus leur dit : Comment donc David, animé par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur, lorsqu’il dit:{*}
animé par l’Esprit. Littéralement « dans l’Esprit », c’est-à-dire sous l’inspiration du Saint-Esprit (cf. #Mr 12:36).
44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ?{*}
Citation de #Ps 110:1.
45 Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ?{*}
David l’appelle Seigneur. David n’aurait jamais appelé « Seigneur » un homme ordinaire. Jésus n’était pas en train de débattre pour déterminer s’il était approprié de qualifier le Messie de « fils de David ». Après tout, ce titre est fondé sur la révélation relative au Messie qu’apporte l’A.T. (#Esa 11:1 ; #Jér 23:5), et il est employé avec une signification messianique en #Mt 1:1. Cependant, Jésus mit l’accent sur le fait que le titre « fils de David » n’avait pas pour prétention de résumer toute la vérité sur le Messie, qui est aussi « Fils de Dieu » (#Lu 22:70). On ne pouvait se tromper sur la portée de ses paroles : Jésus déclarait clairement sa divinité.
46 Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n’osa plus lui proposer des questions.
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