MATTHIEU 5 : 1 à 48

06/11/2021 00:01

JOUR 6 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT

MATTHIEU 5

MATTHIEU 5 : 1 à 48 +
ÉTUDES EXPLICATIVES SUR LES VERSETS

1 ¶  Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.

 

5:1-7:29

Le sermon sur la montagne introduit une série de cinq discours importants rapportés dans Matthieu. C’est un développement magistral sur le thème de la loi et un assaut résolu contre le légalisme pharisaïque, avec, en conclusion, un appel à la foi authentique et au salut (#Mt 7:13-29). Christ y exposa le vrai sens de la loi, en montrant que l’homme, par sa propre force, ne pouvait satisfaire à toutes ses exigences (cf. #Mt 5:48). Il donna à la loi la fonction qui lui convient dans ses rapports au salut : elle en empêche l’accès par le biais d’un mérite humain, de sorte que les pécheurs ne peuvent compter que sur la grâce divine pour être sauvés (cf. #Ro 3:19-20 ; #Ga 3:23-24). Il pénétra toute la profondeur de la loi : il démontra qu’elle exigeait bien plus qu’un accomplissement strictement littéral des commandements (#Mt 5:28, #Mt 5:39, #Mt 5:44) et établit une norme plus élevée, à laquelle les étudiants de l’Ecriture les plus sérieux n’avaient jusque-là pas songé (#Mt 5:20).  

 

fut assis. C’était la position coutumière des rabbins lorsqu’ils enseignaient (cf. #Mt 13:1-2 ; #Mt 26:55 ; #Mr 4:1 ; #Mr 9:35 ; #Lu 5:3 ; #Jn 6:3 ; #Jn 8:2).

 

2  Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :

3 ¶  Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !

 

Heureux. Ce mot signifie littéralement « bienheureux ». Ici, il décrit bien plus qu’une émotion passagère et superficielle. Jésus parle du bien-être que Dieu accorde aux seuls fidèles. Les béatitudes offrent la démonstration du fait que la voie de la bénédiction céleste est en opposition à celle que le monde prend dans sa poursuite du bonheur. Le monde considère que le bonheur peut être atteint par les richesses, l’amusement, l’abondance, les loisirs et les choses semblables. Mais la vérité est tout autre. Dans les béatitudes, Jésus décrit le caractère réel de la vraie foi.

 

pauvres en esprit. La caractéristique évoquée ici est le contraire de l’autosuffisance. Il s’agit d’une humilité profonde qui conduit à reconnaître la ruine spirituelle de l’individu en dehors de Dieu. Jésus parle de ceux qui possèdent une conscience aiguë de leur propre ruine et de leur état de désespoir et de perdition en dehors de la grâce divine (cf. #Mt 9:12 ; #Lu 18:13).

 

le royaume des cieux est à eux. Il est à remarquer que la vérité du salut par grâce est clairement sous-entendue dans ce premier v. du sermon sur la montagne. Jésus disait en substance que le royaume est un don offert gratuitement à ceux qui ont conscience de leur propre pauvreté d’esprit.

 

4  Heureux les affligés, car ils seront consolés !

 

affligés. Il s’agit de l’affliction ressentie à cause du péché, la tristesse divine qui a pour fruit la repentance, laquelle conduit au salut sans aucun regret (#2Co 7:10). La « consolation » est apportée par le pardon et le salut (cf. #Esa 40:1-2).

 

5  Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre !

 

humbles. La douceur est à l’opposé d’un comportement incontrôlé. Elle n’est nullement une faiblesse, mais une marque de maîtrise de soi communiquée par l’Esprit (cf. #Ga 5:22). Le #Ps 37:11 affirme que « les misérables possèdent le pays ».

 

6  Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !

 

ceux qui ont faim et soif de la justice. Cette attitude est le contraire de la propre justice des pharisiens. Elle caractérise ceux qui cherchent la justice de Dieu au lieu de tenter d’établir leur propre justice (#Ro 10:3 ; #Ph 3:9). Ce qu’ils cherchent remplira leur cœur, car cela satisfera leur faim et leur soif d’une relation juste avec Dieu.

 

7  Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !

 

ils obtiendront miséricorde. L’inverse est vrai aussi. (Cf. #Ja 2:13 car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement.)

 

8  Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

 

ils verront Dieu. Non seulement par la perception de la foi, mais dans la gloire du ciel. Cf. #Hé 12:14 ; #Ap 22:3-4.

 

9  Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !

 

ceux qui procurent la paix. …Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

10  Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !

 

persécutés. Cf. #Ja 5:10-11 ; #1Pi 4:12-14. Il n’y pas lieu de rechercher la persécution en tant que telle. Cependant, lorsqu’un chrétien est victime de mensonges proférés à son encontre à cause de Christ (#Mt 5:11), une telle persécution contient en elle la bénédiction de Dieu.

 

11  Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.

12  Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

13 ¶  Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.

 

si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Le sel permet de renforcer le goût et de conserver. C’est assurément ce dernier emploi que Jésus met en valeur ici. Le sel pur ne peut perdre sa saveur ou son efficacité, mais celui que l’on rencontre aux alentours de la mer Morte contient du gypse et d’autres minéraux, de sorte qu’il peut devenir fade ou inefficace en tant qu’agent conservateur. De tels sels minéraux ne pouvaient guère servir qu’à préserver les chemins de la végétation.

 

14  Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;

15  et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

16  Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.

 

Que votre lumière luise. Une vie sainte offre un témoignage convaincant de la puissance salvatrice de Dieu, et cela lui rend gloire. Cf. #1Pi 2:12.

 

17 ¶  Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.

 

Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Ne pensons pas que l’enseignement de Jésus dans les vv. suivants avait pour but d’altérer, d’abroger ou de remplacer le contenu moral de la loi de l’A.T. Il ne promulguait en aucun cas une nouvelle loi, pas plus qu’il ne modifiait l’ancienne, mais il expliquait plutôt la signification réelle du contenu moral de la loi de Moïse et du reste de l’A.T. L’expression « la loi et les prophètes » englobe l’ensemble des Ecritures de l’A.T., et non leurs interprétations rabbiniques.

 

accomplir. Il est ici question d’accomplissement semblable à celui d’une prophétie. Christ soulignait qu’il était l’accomplissement de la loi dans tous ses détails. Il accomplit la loi morale en la gardant parfaitement. Il accomplit la loi cérémonielle en étant lui-même l’incarnation de tout ce que préfiguraient les types et les symboles de la loi. Il accomplit aussi la loi judiciaire en personnifiant la justice parfaite de Dieu (cf. #Mt 12:18, #Mt 12:20).

 

18  Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé.

 

tant que le ciel et la terre ne passeront point …  jusqu’à ce que tout soit arrivé. Par ces paroles, Christ soulignait l’inspiration et le caractère durable de l’autorité de l’Ecriture dans son ensemble. Il affirmait en particulier qu’elle était infaillible et que l’A.T. détenait l’autorité absolue en tant que Parole de Dieu, jusque dans le moindre trait de lettre. Ici encore, on peut conclure que le N.T. n’a pas vocation de remplacer ou abroger l’A.T., mais qu’il doit être considéré plutôt comme son accomplissement et son explication. Ainsi, toutes les exigences cérémonielles de la loi mosaïque furent accomplies en Christ et ne doivent plus être observées par les chrétiens (#Col 2:16-17). Cependant, pas un trait de lettre n’en est supprimé pour autant ; les vérités sous-jacentes de ces paroles de l’Ecriture demeurent. Mieux : les mystères auxquels elles renvoient sont maintenant révélés à la lumière de l’Evangile. C’est ce que Jésus entend par le fait qu’elles ne sont pas supprimées de la loi.

 

un seul iota ou un seul trait de lettre. Le premier terme désigne la plus petite lettre de l’alphabet hébreu, le yod, qui n’est qu’un trait de plume similaire à un accent ou une apostrophe. Le deuxième représente un minuscule ajout sur une lettre, semblable à un empattement dans certaines polices de la typographie moderne.

 

19  Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.

 

sera appelé le plus petit …  sera appelé grand. Désobéir ou enseigner à désobéir à une seule partie de la Parole de Dieu a pour conséquence que vous êtes appelé le plus petit dans le royaume des cieux. La possibilité de définir le rang qu’occupe l’un ou l’autre dans le royaume représente la prérogative de Dieu (cf. #Mt 20:23), et Jésus déclare qu’il tiendra en moindre estime ceux qui tiennent sa Parole en moindre estime. Aucune impunité n’est possible pour les croyants qui désobéissent à la loi de Dieu, la discréditent ou amoindrissent sa valeur. Il est clair toutefois que Jésus ne fait pas allusion à la perte du salut, car bien que de telles personnes soient considérées comme les plus petites, elles sont néanmoins dans le royaume. La contrepartie positive est que celui qui préserve ou enseigne la Parole de Dieu est appelé grand dans le royaume des cieux. De nouveau, Jésus mentionne les deux aspects : enseigner et faire. Les citoyens du royaume sont appelés à respecter chaque élément de la loi de Dieu dans leur vie aussi bien que dans leur enseignement.

 

20  Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

 

si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens. D’un côté, Jésus appelait ses disciples à une sainteté plus profonde et plus radicale que celle des pharisiens. Le pharisaïsme avait tendance à adoucir les exigences de la loi en focalisant l’attention uniquement sur ses aspects extérieurs. Dans les vv. qui suivent, Jésus révèle la signification morale profonde de la loi. Il affirme que la justice exigée par la loi implique une conformité intérieure à l’esprit de la loi plutôt qu’une simple obéissance extérieure et superficielle à la lettre.

 

vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. D’un autre côté, il établit immédiatement une barrière infranchissable sur la voie du salut par les œuvres. L’Ecriture enseigne à de nombreuses reprises que les pécheurs ne sont pas en mesure d’accomplir une justice parfaite (p. ex. #Esa 64:5). C’est pourquoi la seule justice par laquelle ils puissent être justifiés est la justice parfaite de Dieu qui est imputée à ceux qui croient (#Ge 15:6 ; #Ro 4:5).

 

21 ¶  Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera est passible de jugement.

22  Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne.

 

5:21-22

 

Vous avez entendu …  Mais moi, je vous dis. Voir les vv. 27, 31, 33, 38, 43. Citation tirée d’#Ex 20:13 ; #De 5:17. Jésus n’altérait en rien les termes de la loi dans aucun de ces passages. Au contraire, il corrigeait ce qu’ils avaient « entendu », c’est-à-dire l’interprétation rabbinique de la loi.

 

Raca! Littéralement « tête creuse ». Jésus suggéra ici que l’abus verbal a pour source les mêmes motifs coupables (la colère et la haine) que ceux qui conduisent au meurtre. La loi réprime en réalité l’attitude de cœur, de sorte qu’une insulte grossière est chargée de culpabilité morale au même titre qu’un acte de meurtre.

 

géhenne. Une allusion à la vallée de Hinnom, au sud-ouest de Jérusalem. Durant leur règne, Achaz et Manassé permirent que des sacrifices humains y soient offerts (#2Ch 28:3 ; #2Ch 33:6), d’où le nom de « vallée du carnage » (#Jér 19:6). A l’époque de Jésus, ce n’était plus qu’un dépôt d’ordures où des feux brûlaient continuellement. Un tel endroit fournissait une bonne image du feu éternel.

 

 

23  Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,

24  laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande.

25  Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que tu ne sois mis en prison.

 

Accorde-toi promptement. Jésus appelle à rechercher la réconciliation avec empressement, ferveur et rapidité, même au prix d’un sacrifice de soi. Il est préférable de supporter un tort que de permettre qu’une dispute entre frères soit une cause de déshonneur pour Christ (#1Co 6:7).

 

adversaire. Il s’agit ici d’un adversaire dans une cour de justice.

 

prison. Une prison pour dettes, où la personne pouvait travailler pour payer la somme manquante.

 

26  Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé le dernier quadrant.

27 ¶  Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère.

 

Citation d’#Ex 20:14 ; #De 5:18.

 

28  Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur.

29  Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.

 

arrache-le et jette-le loin de toi. Jésus ne demandait pas ici une automutilation (car cela ne guérirait pas la personne de sa convoitise, qui vient en réalité du cœur). Il employa cette image forte pour souligner la gravité du péché de convoitise et des désirs coupables. Il serait ainsi « avantageux » (v. #Mt 5:30) de perdre un membre plutôt que de devoir supporter les conséquences éternelles du péché. Le péché nécessite un traitement radical à cause de ses conséquences mortelles.

 

30  Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne.

31  Il a été dit : Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce.

 

Il a été dit. Les rabbins avaient pris des libertés avec l’enseignement de l’Ecriture. Pour eux, le rôle de #De 24:1-4 était simplement de faciliter la partie administrative en cas de divorce. Ils avaient donc conclu, à tort, que les hommes pouvaient divorcer de leur épouse si quelque chose leur déplaisait, pour autant qu’ils fournissent une « lettre de divorce ». Cependant, Moïse avait offert cette possibilité afin de protéger la femme divorcée, et non pour justifier ou légaliser le divorce sous n’importe quel prétexte.

 

32  Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère.

 

sauf pour cause d’infidélité. Le divorce était permis en cas d’adultère. #Lu 16:18 doit être compris à la lumière de ce verset.

 

l’expose à devenir adultère. Ce passage présuppose que les personnes divorcées se seront remariées. Si le divorce n’était pas prononcé pour immoralité sexuelle, le remariage serait considéré comme un adultère, puisque Dieu ne reconnaît pas le divorce.

 

33 ¶  Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment.

 

Tu ne te parjureras point. Cet enseignement est basé sur #Lé 19:12 ; #No 30:3 ; #De 23:21, #De 23:23.

 

34  Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ;

 

ne jurer aucunement. Cf. #Ja 5:12. Ce passage ne doit pas être considéré comme la condamnation universelle de prononcer un serment, quelles que soient les circonstances. Dieu lui-même confirma une promesse par un serment (#Hé 6:13-18 ; cf. #Ac 2:30). Christ répondit à une adjuration (#Mt 26:63-64). La loi prescrivait aussi, dans certaines circonstances, de faire jurer un accusé par un serment ou de respecter un vœu (p. ex. #No 5:19, #No 5:21 ; #No 30:3-4). Ce que Christ interdit ici, c’est l’emploi désinvolte, profane ou inconsidéré de serments dans le langage de tous les jours. Dans son contexte culturel, de tels serments furent souvent employés pour tromper le prochain. Dans le but de faire croire à la personne abusée qu’ils lui disaient la vérité, les Juifs juraient par « le ciel », « la terre », « Jérusalem », ou même leur propre « tête » (vv. #Mt 5:34-36), mais non par Dieu, pensant ainsi éviter le jugement divin pour leur mensonge. Cependant, tout ce par quoi ils juraient faisait partie de la création de Dieu, de sorte qu’il était lui-même interpellé et témoin d’un acte condamnable, tout comme si le serment avait été fait en son nom. Jésus suggérait que toutes nos paroles devaient être prononcées comme sous le serment de la vérité (v. #Mt 5:37).

 

35  ni par la terre, parce que c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi.

36  Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.

37  Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin.

38 ¶  Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent.

 

œil pour œil. La loi avait établi ce principe dans le but de limiter la sanction à ce qui était juste (#Ex 21:24 ; #Lé 24:20 ; #De 19:21). Son propos était d’assurer que le châtiment pour des affaires civiles soit proportionnel au crime. Il n’eut jamais pour fonction de sanctionner des actes de vengeance personnelle. Une fois de plus, Jésus n’altérait en rien le vrai sens de la loi. Il ne faisait qu’expliquer et affirmer son sens véritable.

 

39  Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.

 

ne pas résister au méchant. Comme le v. 38, ce passage ne concerne que les cas de justice personnelle, et non les affaires criminelles ou les actes d’agression militaire. Jésus appliqua ce principe de non-revanche aux affronts contre la dignité (v. #Mt 5:39), aux procès ayant pour but de recouvrer des biens personnels (v. #Mt 5:40), à l’infraction à la liberté personnelle (v. #Mt 5:41) et aux violations des droits de propriété (v. #Mt 5:42). Il appelait à un abandon total de tout droit personnel.

 

40  Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

41  Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui.

 

te force. Ce mot renvoie à une force de coercition. Un exemple de ce type se trouve en #Mt 27:32, lorsque les soldats romains « forcèrent » Simon de Cyrène à porter la croix de Jésus.

 

42  Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.

43 ¶  Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.

 

Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. La première partie de ce commandement se trouve dans la loi de Moïse (#Lé 19:18). La seconde prend sa source dans l’explication et la mise en pratique de ce précepte par les scribes et les pharisiens. Jésus l’applique d’une manière totalement opposée à leurs enseignements et le dote d’une exigence morale bien plus élevée : il faut aimer son prochain, serait-il un ennemi (v. #Mt 5:44). Ici non plus, il n’est nullement question d’innovation, puisque l’A.T. enseignait déjà que le peuple de Dieu devait faire du bien à ses ennemis (#Pr 25:21).

 

44  Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,

45  afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

 

5:44-45

 

Aimez vos ennemis …  afin que vous soyez fils de votre Père. Cela signifie clairement que l’amour de Dieu s’étend même à ses ennemis. Cet amour universel est manifeste dans les bénédictions que Dieu accorde à tous sans distinction. Les théologiens appellent cela « la grâce commune ». Distincte de l’amour éternel de Dieu pour les élus (#Jér 31:3), elle n’en est pas moins l’expression d’une bienveillance sincère (cf. #Ps 145:9).

 

46  Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains n’agissent-ils pas de même ?

 

Les publicains. C’étaient des Israélites qui collaboraient avec les Romains dans le but de taxer d’autres Juifs et de s’enrichir personnellement. Leur nom devint un symbole des gens de la pire espèce. Cf. #Mt 9:10-11 ; #Mt 11:19 ; #Mt 18:17 ; #Mt 21:31 ; #Mr 2:14-16 ; #Lu 5:30 ; #Lu 7:25, #Lu 7:29, #Lu 7:34 ; #Lu 18:11-13. Matthieu avait été l’un d’eux

 

47  Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’agissent-ils pas de même ?

48  Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

 

Soyez donc parfaits. Cette phrase résume les demandes de la loi (#Ja 2:10). Christ établit une norme inaccessible. Bien qu’elle soit impossible à atteindre, Dieu ne peut la rabaisser sans compromettre sa perfection. Celui qui est parfait ne pouvait pas établir des principes de justice imparfaits. La merveilleuse vérité de l’Evangile, c’est que nous pouvons nous attribuer la justice parfaite accomplie par Christ à notre place

 

 

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