
Nombres (Livre des)
14/01/2020 12:34Nombres (Livre des).
Repris de la Septante (à cause des deux recensements du peuple la 2e et la 40e année). Le titre hébreu reproduisant les premiers mots : dans le désert, en caractérise mieux le contenu.
Auteur.
(Voir Pentateuque). Moïse écrivit sur l’ordre de l’Éternel (#No 33:2). Les listes détaillées des recensements, les précisions concernant le désert n’ont pu être rédigées que par un contemporain (sauf quelques petites additions ultérieures comme #No 12:3).
Date.
Le livre couvre l’histoire du peuple de la 2e à la 40e année après l’Exode, soit 38 ans et 10 mois. Moïse l’a peut-être rédigé vers la fin de sa vie en se basant sur des documents relevés au fur et à mesure (recensement par exemple). Il est fait mention de personnages et de noms oubliés plus tard, d’un fragment de chant sans doute très primitif (#No 21:17-18), de lois cadrant entièrement avec une situation qui se modifia après Moïse. Le texte contient de fréquentes allusions à l’Égypte et à ses avantages récemment perdus par le peuple ; il ne dissimule pas la difficulté de trouver les matériaux pour le tabernacle et explique bien la nécessité des 2 recensements avant et après les 40 ans dans le désert ; tous ces faits indiquent que le livre remonte effectivement à l’époque dont il parle (cf. Manley, Nouveau Manuel de la Bible, page 152).
Lieu.
Du Sinaï aux steppes de Moab, 45 fois revient le mot désert — sous lequel il ne faut pas s’imaginer une étendue de sable : c’était un paysage très tourmenté, émaillé d’oasis où la végétation était autrefois plus abondante qu’aujourd’hui (#Ex 2:15-16 montre qu’il y avait suffisamment de pâturages et d’eau pour élever de grands troupeaux).
L’itinéraire du peuple est difficile à jalonner : plus de la moitié des noms de lieux n’ont pu être identifiés. Une grande partie des événements rapportés se passe autour de Qadéch-Barnéa, une oasis sur le chemin de la Terre Promise (#No 16:13).
Contenu.
Le livre fait suite à l’Exode et montre comment Dieu conduit son peuple, un peuple récalcitrant et contestataire. Dieu demande que l’on témoigne du respect aux conducteurs qu’il a institués (#No 12:15), mais il exige aussi d’eux une fidélité et une obéissance sans faille (#No 20:8,11).
Malgré les nombreuses révoltes du peuple, Dieu n’a jamais rompu son alliance avec lui. Il lui fait sentir sa colère (#No 14) mais ne le laisse pas tomber.
On a vu un problème dans le nombre des Israélites de plus de 20 ans qui sortirent d’Égypte : 603 350 (#No 1:46 ; #Ex 12:37-38), correspondant à une population totale d’environ 2 millions. Comment une telle foule pouvait-elle vivre « dans le désert »? Nous ne devons pas nous représenter par cette expression une étendue de sable sans limite. La presqu’île du Sinaï contient aujourd’hui encore des oasis et des rivières. Nous savons d’ailleurs par la géologie et l’histoire qu’elle était autrefois pourvue d’une végétation plus abondante (cf. les découvertes récentes au Sahara). L’ordre indiqué pour le campement (#No 2) n’empêchait pas le peuple de se disperser en groupes plus ou moins importants à la recherche de pâturages. Voir Désert (Traversée du). Les chiffres indiqués de 22 000 pour les Lévites (#No 3:39), et de 22 273 pour les premiers-nés (#No 3:43), semblent faibles ; pour les expliquer, on a émis diverses hypothèses. Par exemple le professeur Flinders Petrie suggère que le mot mille, ou millier (en hébreu Eleph) peut être pris dans le sens de « familles » ou « groupes » (cf. #Jos 22:14 ; #Jug 6:15 ; #Mi 5:1) ; mais cette supposition soulève de nouvelles difficultés. D’autres se sont demandé s’il n’y avait pas là une erreur de copiste. Quoi qu’il en soit, ces chiffres n’ont pas été inventés, et il est possible que certains éléments du problème nous échappent. Il n’en reste pas moins que dans toute cette histoire l’élément surnaturel joue un rôle déterminant. Quelle que soit l’interprétation des détails, le miracle de la subsistance du peuple au désert n’en demeure pas moins, et nous n’avons pas de peine à en admettre la possibilité (#De 8:2-5) voir Chiffre ; Nombre.
But.
En écrivant ce 4e livre, Moïse avait sans doute plus spécialement en vue la jeune génération qui allait entrer en Canaan pour l’avertir de ne pas imiter ses aînés dans leur incrédulité et pour la préparer spirituellement à entrer avec foi et courage dans le Pays promis. Il relève, d’une part, les exigences et la sainteté de Dieu : on ne badine pas avec ses ordonnances (#No 16) et ses directives (#No 22:1-24:@). D’autre part, il veut les encourager par la vision d’un Dieu miséricordieux et fidèle qui poursuit, malgré tous les obstacles, la réalisation de son dessein bienveillant, un Dieu qui pardonne, console, restaure et veut bénir son peuple (thème des 7 prophéties de Balaam). Les épreuves — qui ne seront pas non plus épargnées à la nouvelle génération — sont le moyen d’éduquer la foi et la persévérance.
Ce livre est souvent cité dans le Nouveau Testament : le serpent d’airain était une préfiguration de Christ en croix (#No 21:9 ; #Jn 3:14), le rocher frappé, c’était encore lui (#1Co 10:4), la manne représentait le Pain de vie (#Jn 6:32), Balaam a vu l’astre issu de Jacob (#No 24:17), mais sa duplicité et sa fin tragique, comme la rébellion de Qoré, restent un avertissement solennel pour les chrétiens (#Jude 1:11 ; #2P 2:15-16 ; #Ap 2:14). Comme Dieu a guidé à travers le désert son peuple sorti d’Égypte, il veut aussi diriger le chrétien sorti du monde dans sa marche vers la Patrie céleste à travers un pays où il est pèlerin et étranger (#1P 2:11 ; #Hé 11:8-16; 12:1).
Message spirituel. Soulignons-en encore 2 éléments essentiels :
a) Les Nombres sont par excellence le livre des murmures.
1. Le peuple se révolte et pleure pour avoir de la viande à manger (#No 11)
2. Marie parle contre Moïse, et est punie (#No 12).3. Tout le peuple se soulève en entendant le rapport des espions (#No 13; 14).
4. La révolte de Qoré se dresse contre Aaron et son sacerdoce (#No 16; 17).5. Les murmures reprennent à Mériba, et Moïse est gagné par la colère (#No 20)6. Le peuple s’impatiente contre Dieu, qui envoie les serpents brûlants (#No 21)7. Idolâtrie et débauche dans les plaines de Moab (#No 25) Que la patience de Dieu apparaît grande en face du caractère du peuple aussi rebelle et désagréable (tout à fait semblable au nôtre) !
b) Types et prophéties concernant Jésus-Christ. Paul, faisant allusion à plusieurs événements de l’Exode et des Nombres, dit que ces choses sont arrivées pour nous servir d’exemples, et il voit dans le rocher frappé un type même de Christ (#1Co 10:1-12 ; cf. #1Co 10:4). Nous trouvons en effet ici :
1. La nuée (#No 9:15-23), image de Celui qui nous guide par sa présence et par son Esprit (#Jn 10:4; 16:13).
2. La manne, figure du vrai Pain de vie (#No 11:4-9 ; #Jn 6:31 et suivants).
3. Moïse qui sauve le peuple par son intercession, type de notre véritable Médiateur (#No 14:13-19 ; #Hé 3:1-6).
4. La verge d’Aaron qui fleurit, symbole de la résurrection du Christ qui prouve sa divinité et sa messianité (#No 17:1-7 ; #Ro 1:4).
5. La vache rousse servant à faire l’eau de purification, image du sacrifice expiatoire qui ôte tous nos péchés (#No 19:1-10 ; #Hé 9:13-14).
6. Le serpent d’airain, que Jésus lui-même prend comme type de sa croix (#No 21:4-9 ; #Jn 3:14-16).
7. L’astre et le souverain qui surgiront d’Israël, selon la prophétie de Balaam (#No 24:17-19 ; #Ge 49:10 ; #Esa 9:5).
8. La ville de refuge, où le meurtrier involontaire est en sécurité, comme nous-mêmes trouvons « notre seul refuge » dans le salut offert par Christ, notre souverain sacrificateur (#No 35:9-28 ; #Hé 6:18).
Plan.
1. Au Sinaï : préparation de l’ancienne génération : 1.1-10.10
-organisation d’Israël : 1.1-4.49
-sanctification d’Israël : 5.1-10.10
2. Du Sinaï au Jourdain : échec de l’ancienne génération : 10.11-25.18
-du Sinaï à Qadéch : 10.11-14.45
-dans le désert : 15.1-19.22
-en route pour les plaines de Moab : 20.1-25.18
3. À Chittim : préparation de la nouvelle génération : 26-36
-Réorganisation : 26-27
-Réglementation : vœux et offrandes : 28-30
-Conquête et division d’Israël : 31-36
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