Ordination

12/08/2019 13:07

Ordination. Cérémonie par laquelle une personne est consacrée à un office dans l’Église. Dans un sens élargi : tout ce qui se rapporte à la désignation de ceux qui se vouent à un ministère dans l’Église.

      Dans l’Ancien Testament, les prêtres, les Lévites, les prophètes et les rois étaient solennellement introduits dans leurs fonctions. La cérémonie de consécration des prêtres est décrite dans #Ex 29:1-34 (cf. #Ex 40:12-15), celle des Lévites dans #No 8:6-15. Élie devait oindre Élisée pour être prophète à sa place (#1R 19:16). Il lui a jeté son manteau sur les épaules (#1R 19:19). Les rois étaient oints ; #2R 11:9-12 nous donne la description la plus complète d’une onction royale.

      Dans le Nouveau Testament, l’appel et l’envoi des Douze par Jésus ne fut accompagné d’aucune cérémonie spéciale. Dans #Mr 3:14 (« il en établit douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons »), le verbe établit (poieô) signifie simplement : « il fit ». Celui de #Jn 15:16 (« Je vous ai établis » : histhêmi, qui se retrouve dans #1Ti 2:7 et #Tit 1:5 [kathisthêmi]) a le sens de placer, mettre en place. Il n’est nulle part question, dans ce contexte, d’une imposition des mains, mais juste avant son ascension, Jésus « leva les mains et les bénit » (#Lu 24:50 cf. #Jn 20:22).

      Dans l’Église primitive, le choix de Matthias (#Ac 1:26) semble s’être passé d’une manière aussi peu cérémonielle. Dans l’institution des « sept », assimilés généralement aux diacres, #Ac 6:1-6 nous décrit en détail les étapes :

1. Les responsables de l’Église émettent la proposition de choisir des frères pour servir aux tables. Ils ont ressenti le besoin, ils fixent les conditions à remplir par les candidats, les modalités du choix et le mode d’investiture. L’initiative émane donc normalement des responsables de l’Église.

2. C’est l’Église qui choisit les hommes qui répondent aux conditions fixées par les apôtres. Ce choix se fait par une élection (eklegomai : sélectionner une personne ou une chose parmi un certain nombre).

3. L’Église présente les élus aux apôtres qui leur imposent les mains. Les apôtres ont sans doute repris ce mode d’institution du judaïsme puisque, d’après la Michna (Sanh., IV, 4), les membres du Sanhédrin étaient admis de cette manière. Par ce geste, ils reconnaissaient le choix de l’Église et invoquaient la bénédiction du Seigneur sur eux (cf. #Ac 8:17; 9:17; 13:3; 19:6 ; #1Ti 4:14; 5:22 ; #2Ti 1:6). Nous retrouvons ce geste lors de l’envoi de Barnabas et de Saul en mission (#Ac 13:3). Paul rappelle à Timothée la cérémonie où l’assemblée des anciens lui a imposé les mains (#1Ti 4:14) et lui demande de n’imposer à personne les mains avec précipitation afin de ne pas se rendre solidaire des péchés d’autrui (#1Ti 5:22). L’imposition des mains est, en effet, un geste qui exprime l’identification et la solidarité avec celui-ou avec l’animal (#Lé 16:21)  —  à qui on impose les mains. Paul lui-même a imposé les mains à Timothée (#2Ti 1:6). Qu’est-ce que cette institution ajoute au choix de l’Église ? Elle publie et officialise ce choix et donne à l’ancien l’assurance intérieure pour exercer son ministère. « Être reconnu par l’Église peut rassurer le serviteur dans les heures où il est tenté de douter que ce soit le Seigneur qui lui a donné ce charisme ou conféré cette mission. Il peut alors se dire que ce n’est pas lui seul, mais l’Église avec lui qui a reconnu cette vocation du Seigneur. Car c’est l’Église qui, en dernier ressort, confère l’ordination » (E. Schweizer). Cette institution n’est jamais à proprement parler une délégation de pouvoir, mais la reconnaissance officielle d’un acte souverain du Seigneur de l’Église. C’est pourquoi l’ancien ne tient pas son autorité des membres de l’Église qui l’ont « élu » mais du Seigneur qui l’a appelé. En cela réside la différence fondamentale avec tout système démocratique.

      Dans #Ac 14:23, le mot cheirotoneô a été parfois traduit par : « ils instituèrent des anciens » et l’on a vu dans cette mention une allusion à une cérémonie d’ordination. Mais ce terme « n’a absolument rien à voir avec l’imposition des mains. C’est le terme technique pour élire, désigner à une fonction » (E. Brunner), « voter ou élire à main levée, comme cela se faisait régulièrement dans l’assemblée athénienne » (J. I. Packer) (voir A. Kuen, Ministères dans l’Église, pages 121-122).

 

Copyright Editions Emmaüs

 

https://cms.dieu-avant-tout-com.webnode.fr/

—————

Précédent