Pasteur ; Paître.

11/12/2018 11:11

Pasteur ; Paître. (Hébreu ro’eh ; grec poimên ; verbe : poimainô). Le mot français pasteur est une francisation du latin pastor, traduit ordinairement par berger. Pasteur est, selon le dictionnaire le terme poétique pour berger et le terme spécifique désignant « un ministre de la religion protestante » ou encore Jésus-Christ « le Bon Pasteur ».

      Dans les anciennes versions de l’Ancien Testament, le mot ro’eh était généralement traduit par berger sauf dans #Jér 2:1-23:@ où la Bible de Genève (suivie par les autres Bibles françaises et, à travers la « Authorized Version », par les Bibles anglaises) l’a traduit par pasteur (#Jér 2:8; 3:15; 10:21; 12:10; 17:16; 22:22; 23:1-24). Nos Bibles ont également utilisé ce terme dans des passages où le sens figuré prédominait (#Ez 34:2,5,8,12,23; 37:24 ; #Mi 5:4 ; #Na 3:18 ; #Za 10:3; 11:8,15,17; 13:7). Le Nouveau Testament qui utilise le mot poimên dans son sens propre (#Mt 25:32 ; #Lu 2:8) ou dans le sens figuré (#Mt 26:31 ; #Mr 14:27 ; #Jn 10:2,11,12,14,16), le traduit toujours par pasteur dans les épîtres (#Ep 4:11 ; #Hé 13:20 ; #1P 2:25; 5:4). De même, le verbe paître est employé indifféremment au sens propre (#Ge 30:36; 36:24 ; #Ex 3:1 ; #Esa 5:17 ; #Mt 8:33 ; #1Co 9:7) et au sens figuré (#2S 5:2; 7:7 ; #Ps 78:71 ; #Esa 40:11; 49:9 ; #Jér 3:15; 23:4 ; #Ez 34:2 ; #Mt 2:6 ; #Ap 2:27; 7:17; 12:5).

      Dans une civilisation où le pâturage constituait l’une des principales occupations et sources de richesse du peuple, il était normal que la réalité quotidienne suggère une image du monde politique (#No 27:17 ; #1R 22:17 ; #Esa 13:14; 44:28 ; #Jér 3:15; 10:21; 12:10; 50:6) et spirituel (#Ps 23:1; 28:9; 80:2 ; #Esa 40:11 ; #Jér 23:4; 31:10 ; #Mi 7:14 ; #Za 11:9; 13:7 ; #Mt 2:6 ; #Jn 10:2,11-12,16; 21:15-17). David, qui avait derrière lui une longue expérience de berger, a fait dans le #Ps 23 le parallèle entre ce qu’il faisait pour ses brebis et ce que Dieu faisait pour lui : abreuver, restaurer, guider, protéger, faire reposer, accompagner. Les prophètes, surtout Jérémie et Ézéchiel ont développé l’image (voir #Jér 23 ; #Ez 34 ; cf. #Esa 11:1-9 ; #Za 6:12-13).

      Le Nouveau Testament la reprendra : Jésus se l’est appliquée (#Jn 10) les apôtres l’ont présenté comme le « Souverain Berger » (#1P 5:4), « le grand Pasteur des brebis » (#Hé 13:20), « le Pasteur de vos âmes » (#1P 2:25). Le seul texte dans lequel le mot pasteur s’applique à un berger humain dans le Nouveau Testament est #Ep 4:11, où il apparaît dans une liste de 4 ou 5 dons accordés à l’Église : « il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ». À remarquer que, contrairement aux autres listes de dons (#Ro 12 ; #1Co 12), les dons sont ici des hommes accordés à l’Église « pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère », c’est-à-dire des formateurs chargés de mettre les membres de l’Église en état d’accomplir les services correspondants à leurs dons. Certains ont vu dans les trois premiers dons des ministères supralocaux, les deux derniers seuls concerneraient l’Église locale. D’autres pensent que chaque Église devrait normalement avoir en son sein des prophètes (prédicateurs inspirés de la Parole, voir ce mot), des évangélistes, préoccupés des moyens d’atteindre les non-croyants, et même un ou plusieurs « apôtres » dans le sens large du mot (voir Apôtre) de missionnaire, fondateur de nouvelles Églises. Puisque les deux derniers mots pasteurs et docteurs sont introduits par le même article, beaucoup d’exégètes pensent qu’il s’agit des mêmes hommes accomplissant les deux fonctions : un pasteur devrait aussi être enseignant et vice-versa.

      Le Nouveau Testament utilise pour les responsables des Églises différents termes plus ou moins équivalents : conducteurs ou guides (#Ac 15:22 ; #Hé 13:7,17,24) évêques (#Ph 1:1 ; #1Ti 3:1 ; #Tit 1:7) pasteurs (#Ep 4:11) anciens (#Ac 11:30; 14:23 ; #1Ti 4:14; 5:17 voir ces différent mots). L’équivalence de ces termes se dégage de la comparaison de #Ac 20:17; 28 ; #Tit 1:5,7. Dans #1P 5:1, Pierre n’utilise pas le nom pasteur mais demande aux anciens de paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde. Si l’on veut établir une différent entre ces mots, on peut dire que le mot ancien, utilisé surtout dans le contexte judéo-chrétien (alors que épiscopos [= évêque] l’est dans les milieux pagano-chrétiens), se rapporte à la condition (aîné dans l’âge et la maturité spirituelle), conducteur et pasteur à la fonction. On pourrait concevoir que dans un collège d’anciens, l’un d’eux soit plutôt doué et spécialisé pour la prédication (prophète), un autre pour l’évangélisation (évangéliste), un autre pour l’enseignement (docteur) et le même ou un autre pour la relation d’aide et le soin des brebis du troupeau (pasteur). Le pasteur serait donc l’un des anciens. Pour que l’enseignant puisse se vouer entièrement à sa tâche, l’apôtre Paul demande que les membres de l’Église le soutiennent financièrement (#1Co 9:14 ; #Ga 6:6 ; #1Ti 5:17-18), ce qui peut justifier un ministère à plein temps.

      Les fonctions détaillées du pasteur se dégagent de l’image du berger : ils doivent :

1. marcher devant le troupeau comme les bergers en Orient (#Jn 10:3-4), c’est-à-dire être des modèles pour les chrétiens (#1P 5:3 ; cf. #1Ti 4:12) et les diriger dans la bonne voie (#1Ti 5:17).

2. Paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde (#Jn 21:15-17 ; #Ac 20:28 ; #1P 5:2), c’est-à-dire les nourrir spirituellement par la prédication d’édification et l’enseignement (#1Ti 5:17).

3. Veiller sur les brebis, les protéger comme le Bon Berger le fait (#Jn 10:12-13), contre les loups ravisseurs (#Ac 20:27-29), les avertir (#Ac 20:31 ; #1Co 4:14 ; #1Th 5:12,14) et, au besoin, exercer la discipline (#2Ti 4:2 ; #Tit 3:10). Les conducteurs veillent sur chacun des membres de l’Église en sachant qu’ils auront à rendre compte de leur office au Souverain Pasteur (#Hé 13:17).

4. Soigner les brebis, en particulier les plus faibles (#Ac 20:35 ; cf. #Ez 34:3-6,8), ce qui implique les connaître (cf. #Jn 10:14), exhorter, consoler chacun d’eux en les conjurant de marcher d’une manière digne de Dieu (#1Th 2:12) ; en un mot « prendre soin de l’Église de Dieu » (#1Ti 3:5). La distinction entre le pasteur et les anciens de l’Église est une innovation datant de la Réforme. Elle est remise en question dans beaucoup d’Églises actuelles.

 

 

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