Paul (4 de 6)

06/11/2018 07:59

Paul (4).

11. Paul à Jérusalem ; arrestation ; emprisonnement à Césarée. La prédiction d’Agabus ne tarda pas à s’accomplir. Les frères de Jérusalem firent bon accueil à Paul et à ses collaborateurs qui, le lendemain de leur arrivée, se rendirent chez Jacques, le frère du Seigneur ; ils y rencontrèrent tous les anciens de l’Église. Ceux-ci glorifièrent Dieu, qui s’était servi du ministère de Paul, mais rappelèrent à l’apôtre que de nombreux chrétiens judaïsants avaient ouï dire qu’il n’observait pas la Loi mosaïque. Les anciens lui proposèrent de donner dans le Temple la preuve spectaculaire de sa fidélité aux coutumes juives, en se chargeant d’accomplir les prescriptions et de payer les frais qu’impliquait, pour 4 naziréens, la libération de leur vœu. Paul y consentit, pour ne pas offusquer inutilement les Juifs. Il s’agissait probablement d’une ordonnance analogue à celle qu’il avait observée à Corinthe, de son plein gré (#Ac 18:18). Paul enseignait qu’aucun converti de la gentilité ne devait se conformer aux ordonnances mosaïques et qu’aucun chrétien d’origine juive n’était obligé de suivre ces coutumes traditionnelles. Il déclarait cependant ne pas condamner les Juifs qui voulaient demeurer fidèles à la Loi mosaïque, et se réservait, quant à lui, la liberté d’observer ces pratiques ou d’y renoncer, selon les circonstances. En acquiesçant à la requête des anciens, Paul n’était pas inconséquent. Mais l’expédient ne réussit pas. Des Juifs d’Asie, voyant Paul dans le Temple, l’accusèrent faussement d’y avoir introduit des païens, et soulevèrent la foule, en proclamant que le pharisien transfuge avait enseigné aux Juifs de la Dispersion à mépriser le Temple et à violer la Loi (#Ac 21:27-29). Paul eût probablement été tué, si le commandant de la garnison romaine, le tribun Claude Lysias, n’était intervenu rapidement avec ses soldats. L’apôtre, lié de 2 chaînes, allait être introduit dans la forteresse Antonia. Il demanda au tribun la permission de s’adresser à la foule. Surpris de constater que Paul parlait grec et n’était pas un Égyptien insurgé, mais un Juif de Tarse (#Ac 21:39), le tribun permit à Paul de parler au peuple ; l’apôtre fit son discours en araméen (#Ac 22:2), rappelant sa jeunesse, racontant sa conversion et sa vocation. La foule qui l’écoutait cria : « À mort ! » dès qu’il eût mentionné les païens. Lysias le fit alors entrer dans l’Antonia pour le soumettre à la question. Apprenant par le centurion qu’il s’agissait d’un citoyen romain (#Ac 22:25), le tribun cessa de le faire fustiger et ordonna aux principaux sacrificateurs de convoquer le Sanhédrin pour faire comparaître le prisonnier le jour suivant.

      Paul ne pouvait s’attendre à aucun jugement équitable de la part du tribunal suprême des Juifs. Si le Sanhédrin condamnait le prisonnier, Lysias devait le lui abandonner. L’apôtre eut l’habileté de diviser ses ennemis, afin de défendre sa vie. Il rappela sa qualité de pharisien, disant qu’au fond il était mis en jugement à cause de sa doctrine de la résurrection. La haine réciproque des pharisiens et des sadducéens étant encore plus profonde que celle qu’ils vouaient à Paul, ils formèrent immédiatement 2 camps. Craignant que le prisonnier ne perdît la vie au milieu des 2 factions déchaînées, le tribun commanda aux soldats de reconduire Paul à l’Antonia (#Ac 23:1-10).

      Le Seigneur apparut à Paul la nuit suivante et lui dit : « Prends courage ! car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome » (#Ac 23:11). Cela devait s’accomplir de façon fort inattendue. Une quarantaine de Juifs firent des démarches pour que Paul comparût de nouveau devant le Sanhédrin. Ils s’engagèrent à le tuer, mais un neveu de Paul en informa son oncle et le tribun (#Ac 23:12-22). Lysias envoya alors Paul sous forte escorte à Césarée, résidence de Félix, le procurateur, à qui le tribun adressa une lettre. Apprenant que l’accusé était un Juif de Cilicie, le gouverneur ne voulut pas l’interroger avant l’arrivée des accusateurs, et le fit garder dans le prétoire, lequel avait été autrefois le palais d’Hérode. Quand les représentants du Sanhédrin se présentèrent à Félix, ils accusèrent Paul de sédition, de profanation du Temple, et se plaignirent de ce que Lysias leur eût enlevé leur prisonnier (#Ac 24:1-9). Paul réfuta ces accusations (#Ac 24:10-21). Connaissant la nouvelle doctrine, cause du litige, et comprenant que l’accusé était innocent, Félix ajourna la cause, sous prétexte d’obtenir de Lysias des informations supplémentaires. Paul demeurait prisonnier, mais pouvait recevoir les visites de ses amis. Le procurateur et Drusille, sa femme juive, furent impressionnés par ce que Paul disait de la foi en Christ (#Ac 24:24). Ces paroles solennelles paraissent avoir fait trembler Félix, qui promit de le rappeler. Le gouverneur espérait que Paul achèterait sa liberté (#Ac 24:25,26), ce que l’apôtre ne voulut pas faire. Quand Porcius Festus succéda à Félix, il y avait 2 ans que Paul était en prison (#Ac 24:27).

   Les Juifs espéraient que le nouveau procurateur accéderait à leur désir, mais il refusa de faire monter Paul à Jérusalem, et exigea que ses accusateurs descendissent à Césarée (#Ac 25:1-6). Paul comparut de nouveau devant eux, et proclama son innocence (#Ac 25:7,8). Désireux de plaire aux Juifs, Festus proposa à Paul de le juger à Jérusalem. Prévoyant que les Juifs profiteraient de cette nouvelle comparution pour le tuer, l’apôtre, se fondant sur son droit de citoyen romain, en appela à César (#Ac 25:9-11). Le procurateur, ainsi dessaisi de la cause, devait envoyer le prisonnier à Rome. Sur ces entrefaites, Agrippa II, arrière-petit-fils d’Hérode le Grand, arriva à Césarée, avec Bérénice, sa sœur, sans doute pour féliciter Festus d’avoir été nommé gouverneur. Peu versé dans les controverses des Juifs et tenu d’envoyer à l’empereur un état détaillé de la cause, Festus en parla à Agrippa, qui voulut entendre Paul. Le lendemain, le procurateur fit comparaître l’apôtre devant le roi. La connaissance qu’avait Agrippa des choses juives devait aider Festus à rédiger le rapport à l’empereur (#Ac 25:13-27). Le tact, l’éloquence, le courage caractérisent la défense de Paul devant Agrippa. Racontant sa vie, le prisonnier montre qu’il a cherché à obéir au Dieu d’Israël, et que son apostolat chrétien accomplit les prophéties antiques (#Ac 26:1-23). Quand Festus, interrompant Paul, lui dit qu’il déraisonne, l’apôtre interpelle Agrippa. Le roi se cantonne dans son attitude d’observateur de ce qu’il estime être un nouveau fanatisme, et répond avec dédain : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! » (#Ac 26:28). Mais il déclare que Paul est innocent et pouvait être libéré, s’il n’en eût appelé à César (#Ac 26:31,32).

12. Voyage à Rome. En automne de la même année (probablement 59), le prisonnier fut envoyé à Rome, voir Chronologie à la fin de cet article. On confia Paul et quelques autres captifs à un nommé Julius, centurion de la cohorte Augusta. Luc et Aristarque, Thessalonicien (#Ac 27:1,2) accompagnaient l’apôtre. La narration de Luc est fort précise (cf. James Smith : The Voyage and Shipwreck of St Paul). Le centurion traita l’apôtre avec humanité. Le groupe s’embarqua à Césarée sur un navire d’Adramytte, qui devait côtoyer l’Asie Mineure. Ils abordèrent à Sidon, puis atteignirent Myra, en Lycie. Dans ce port, le centurion fit monter les passagers sur un vaisseau marchand d’Alexandrie, en partance pour l’Italie. Le vent étant défavorable, le navire dut longer la côte au nord-ouest, jusqu’à la hauteur de Cnide, sur la côte de Carie. Ensuite, virant au sud, il doubla à grand-peine le promontoire de Salmone à l’extrémité orientale de la Crète, et gagna Beaux-Ports sur la côte méridionale de l’île (#Ac 27:3-8). Le Jeûne, appelé aussi jour des expiations, c’est-à-dire le 10 du mois de Tisri (vers la fin de septembre) étant passé (#Ac 27:9), il devenait dangereux de naviguer et le temps était menaçant. Paul conseilla de rester à Beaux-Ports, mais le centenier écouta le capitaine et le propriétaire du bateau, plutôt que le prisonnier. Ils désiraient hiverner à Phénix, port mieux situé, plus à l’ouest, sur la côte crétoise (#Ac 27:9-12). Quand le navire eut quitté Beaux-Ports, un vent furieux s’abattit sur lui du nord-est, et le lança au sud de la petite île de Clauda, appelée maintenant Gozzo. L’équipage avait allégé le navire, que la tempête entraîna durant 2 semaines vers l’ouest L’apôtre demeura calme et releva le courage de l’équipage et des passagers : un ange de Dieu lui était apparu et lui avait assuré que tous seraient saufs (#Ac 27:13-26). La 14e nuit, la sonde révéla la proximité d’une terre ; les matelots jetèrent 4 ancres, et attendirent le jour. À l’aube, ils aperçurent une baie et une plage. Ayant coupé les câbles des ancres, ils mirent au vent la voile d’artimon et s’efforcèrent d’atteindre le rivage (#Ac 27:27-40), mais la proue s’étant enfoncée dans le sable, la poupe se brisa sous l’assaut des vagues. Equipage et passagers se jetèrent à la mer ; tous furent sauvés. La prédiction de Paul s’était accomplie (#Ac 27:41-44). Luc raconte magistralement cet épisode dramatique. Le courage de Paul, sa foi, l’ascendant qu’exerce son calme, tout cela montre ce que devrait être le chrétien au milieu du danger.

      Les naufragés se trouvaient sur l’île de Malte, à 93 km au sud de la Sicile. Les insulaires témoignèrent de la bonté aux malheureux voyageurs, et rendirent de grands honneurs à Paul, car il guérit de nombreux Maltais (#Ac 28:1-10). Trois mois plus tard, le centenier fit monter soldats et prisonniers sur un navire d’Alexandrie. Ce vaisseau, qui avait hiverné à Malte, gagna Syracuse, Reggio, et finalement Pouzzoles, port de l’Italie méridionale (tout près de Naples). Paul eut la permission de passer 7 jours dans la communauté chrétienne de Pouzzoles (#Ac 28:11-14). Ayant appris l’arrivée de l’apôtre, les chrétiens de Rome envoyèrent des frères à sa rencontre. Paul les trouva au Forum d’Appius et aux Trois-Tavernes, localités situées respectivement à 69 et à 53 km de Rome (#Ac 28:15). Le centurion remit les prisonniers au préfet de la garde prétorienne (selon une adjonction de plusieurs manuscrits ; cf. DARBY), lequel en 61 après Jésus-Christ était le célèbre Burrus. Mommsen et Ramsay estiment cependant que les prisonniers ont été livrés au chef d’un autre corps dont faisait partie Julius, le centurion, et qui était chargé de surveiller les transports de céréales et d’exercer une certaine surveillance policière. En réalité, nous ne savons pas exactement à qui Paul fut confié ; mais il est certain qu’il avait le bras droit enchaîné au bras gauche d’un soldat (#Ac 28:16 ; #Ph 1:7,13) et qu’on l’autorisa à louer un logement. Les recours à César entraînaient de longs procès. Après 2 ans, Paul attendait encore la décision du tribunal (#Ac 28:30) (voir l’article suivant pour la suite).

Pierre retrouvée dans un théâtre antique de Corinthe. Elle mentionne Éraste, qui est peut-être le trésorier de la ville adressant ses salutations aux chrétiens de Rome dans l’épître de Paul aux Romains (#Ro 16:23). 

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