Paul (6 de 6).

06/11/2018 07:57

Paul (6 de 6).

15. Personnalité, œuvre et théologie de Paul. Les Actes et les épîtres de Paul révèlent son caractère et l’immense valeur de son œuvre. Il est difficile de dépeindre cette nature si diverse, dont la conversion ne fit qu’accroître l’ardeur religieuse. Saisissant d’emblée et totalement la vérité, il en tire les conséquences logiques. Son cœur est saisi aussi bien que son intelligence et la ferveur de ses sentiments égale la vigueur de son raisonnement. Il conçoit à la fois l’aspect pratique et théorique de la vérité, expose les doctrines en dialecticien consommé, tandis qu’il introduit le christianisme dans la vie journalière avec une sage habileté. Cet homme sensible, ardent, qui connaît parfois l’extase, ne cesse d’approfondir toujours plus son enseignement. Capable d’atteindre les plus hauts sommets de la pensée religieuse, il est cependant homme d’action. Soumise entièrement au contrôle de l’Esprit de Dieu, cette nature intellectuelle et spirituelle, riche, ardente et pure, destinait Paul à l’apostolat.

      Par l’action et par le verbe, il s’efforça de rendre intelligible au monde païen l’Évangile de Christ. Le livre des Actes nous révèle la méthode de Paul. Il reçut la mission de faire du christianisme la religion universelle, dégagée des rites juifs et accessible à tous les hommes. Paul ne fut pas le seul à viser ce but, mais il contribua plus que tout autre missionnaire à donner le christianisme au monde. Il se tenait dans la dépendance de Christ, dont il fut le principal ouvrier. En outre, les épîtres de Paul contiennent l’interprétation inspirée qu’il a donnée de la doctrine et de la morale du Christ. Paul est le plus grand des théologiens. Sa théologie découle de sa conversion, par laquelle il comprit soudain l’inanité des propres efforts, pour l’obtention du salut ; la dépendance du pécheur relativement à la souveraine grâce de Dieu ; la perfection de l’œuvre rédemptrice que Jésus, le Fils de Dieu, a accomplie par sa mort et sa résurrection. Par conséquent, on ne peut être sauvé que par la foi, en s’unissant à Christ. Le salut consiste à être justifié par Dieu, qui dispense cette grâce à cause de l’obéissance de Christ. Le pécheur ainsi justifié, uni au Seigneur, participe à toutes les bénédictions spirituelles et temporelles, célestes et terrestres, que Christ lui a acquises. Partant de ce fondement de la foi, Paul, inspiré par l’Esprit, expose tout ce qui concerne l’œuvre et la personne de Christ. La question du salut est traitée de façon complète dans les épîtres aux Galates et aux Romains. Les épîtres de la captivité exaltent le Christ glorifié et magnifient le dessein éternel de la grâce de Dieu envers son Église. Outre ces thèmes essentiels, les épîtres envisagent presque tous les aspects de la foi et des devoirs du chrétien. La théologie de Paul a essentiellement pour objet la grâce, thème inépuisable dont l’apôtre a sondé les profondeurs. Il a révélé au monde païen le Messie annoncé par les prophètes d’Israël. Dieu a suscité Paul pour qu’il présente à l’humanité la personne et l’œuvre de son Sauveur. Parmi les apôtres, il fut incontestablement le meilleur théologien et le plus ardent missionnaire. Vouloir se passer de l’interprétation que Dieu nous donne par Paul de l’enseignement et de l’œuvre de Jésus-Christ, c’est s’exposer à ne pas comprendre ce qu’est le christianisme.

16. Chronologie. Quoique nous connaissions dans l’ensemble le déroulement de la vie de Paul, nous ne pouvons pas toujours dater ses actes et ses écrits avec une précision absolue. Deux dates des Actes fournissent des points de repère : l’Ascension du Christ, en 30 après Jésus-Christ (certains exégètes optent pour 29) et la mort d’Hérode Agrippa (#Ac 12:23), que l’on situe unanimement en 44. Mais ces 2 dates ne suffisent pas pour préciser toute la chronologie qui nous occupe. On a cru pouvoir le faire en se basant avant tout sur la date à laquelle Festus devint procurateur de Judée. Il est plausible que ce fut en 60 après Jésus-Christ Josèphe situe sous le règne de Néron (commencé en 54 après Jésus-Christ) presque tous les événements en rapport avec la carrière de Félix comme procurateur ; de son côté, Paul dit dans #Ac 24:10 que Félix gouverne la nation juive « depuis plusieurs années ». Il n’est guère possible par conséquent de placer la comparution de Paul devant Félix antérieurement à 57. L’apôtre ayant été détenu 2 ans à Césarée, l’accession de Festus au pouvoir se placerait en 59, et non plus tard, car Albinus lui succéda en 62 et les événements se rapportant à Festus couvrirent plus d’un an. Si Festus devint procurateur en 59, c’est en automne de cette même année que Paul fut envoyé en Italie. L’apôtre serait donc arrivé à Rome au printemps 60, puisqu’il hiverna dans l’île de Malte. La fin du livre des Actes et la libération de la première captivité romaine se situeraient alors en l’année 62 (#Ac 28:30).

  Les partisans de cette chronologie datent rétrospectivement les événements du début de la carrière de l’apôtre à partir de l’an 59 (accession de Festus). L’arrestation de Paul eut lieu en 57 (#Ac 24:27), à la fin de son 3e voyage. On a alors rétrospectivement : hiver à Corinthe, avant l’arrestation (#Ac 20:3) ; automne précédent en Macédoine (#Ac 20:1,2) ; auparavant, 3 ans à Éphèse (#Ac 20:31), où il s’était rendu d’Antioche après avoir parcouru rapidement la Galatie et la Phrygie (#Ac 18:23). Le 3e voyage missionnaire aurait donc duré 4 ans. Si Paul a été à Jérusalem au printemps 57, son 3e voyage remonte au printemps 53. Il n’y eut qu’un bref intervalle entre le 3e et le 2e voyage lequel dura au moins 2 1/2 ans, car l’apôtre passa 18 mois à Corinthe (#Ac 18:11), et l’itinéraire précédent dura sans doute un an (#Ac 15:36-17:34). Puisque l’inscription découverte à Delphes en 1905 permet de fixer la date du proconsulat de Gallion entre mai 51 et mai 52, la comparution de Paul devant ce magistrat se placerait au début de 52. Si le 2e voyage se termina en automne 52, il commença donc au printemps 50, quelques jours (#Ac 15:36) après la conférence de Jérusalem, événement très important, qui se situerait en l’an 49. Le premier voyage missionnaire ne peut alors se placer approximativement qu’entre 44, année de la mort d’Hérode Agrippa (#Ac 12), et 49, date de la conférence (#Ac 15) ; il eut probablement lieu entre 46 et 48, mais nous ne connaissons pas sa durée exacte.

      Pour situer la date de la conversion de l’apôtre, il faut comparer les données ci-dessus à ce que dit Paul aux Galates (#Ga 2:1) : « Quatorze ans plus tard, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabas. » Il fait sans doute allusion à la conférence de Jérusalem, en 49. À partir de quand faut-il compter ces 14 ans ? D’après certains commentateurs, dès sa conversion (#Ga 1:15,16), qui remonterait à 35 ou 36, selon que l’on inclut ou non la première des 14 années. Mais Paul mentionne (#Ga 1:18) qu’il monta à Jérusalem pour la première fois ultérieurement à sa conversion, 3 ans après. Il paraît plus logique de dater les 14 ans de #Ga 2:1 à partir de la fin de ces 3 ans, auquel cas la conversion se placerait en 32 ou 34, selon que l’on inclut ou non la première année (les Hébreux calculaient généralement en incluant l’année, ou le jour du point de départ et d’arrivée du calcul : cf. les trois jours passés par Christ dans le tombeau). Conclusion : on pourrait placer la conversion en 34 ; la visite subséquente à Jérusalem (#Ga 1:18), à l’an 36 ; les 14 années en question (#Ga 2:1), s’achèveraient en 49. Toutes ces dates peuvent être discutées. Certains exégètes, déclarant que Festus devint procurateur de Judée en 55, reculent toutes ces dates de 5 ans. Ceux qui placent la mort de Paul durant la première année de la persécution de Néron font état de l’année 64. Toutefois les dates auxquelles nous nous sommes arrêtés sont de beaucoup les plus plausibles. Elles permettent d’établir le tableau suivant :

-Mort, résurrection et ascension de Christ : 30

-Conversion de Paul : 34 (?)

-Première visite subséquente à Jérusalem (#Ga 1:18) : 36

-Paul à Tarse : 37-43

-Remise à l’Église de Jérusalem des fonds donnés par les chrétiens d’Antioche (#Ac 11:30) : 44

-Premier voyage missionnaire : 46-48

-Conférence de Jérusalem : 49

-Deuxième voyage missionnaire : 50-52

-1 et 2 Thessaloniciens : 51

-Troisième voyage missionnaire : 53-57

-Épître aux Galates : 54

-1 Corinthiens : 55, 56

-2 Corinthiens : 56

-Épître aux Romains : 56, 57

-Arrestation : 57

-Emprisonnement à Césarée : 57-59

-Festus devient procurateur de Judée : 59

-Paul arrive à Rome : 60

-Épîtres aux Colossiens, à Philémon, aux Éphésiens : 60 ou 61

-Épître aux Philippiens : 61 ou 62

-Libération de la première captivité romaine : 62

-1 Timothée : 63 ou 64

-Épître à Tite : 64 ou 65

-Épître aux Hébreux (en admettant que Paul en soit l’auteur) : 65 ou 66

-2 Timothée : 66

-Mort de Paul : 66

 

 

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