
Peines éternelles ; Châtiment éternel ; Tourments éternels
10/10/2018 16:31Peines éternelles ; Châtiment éternel (SEGOND, SYNODALE) ; Tourments éternels (DARBY). Ces expressions désignent le sort réservé aux impénitents dans l’autre monde (#Mt 25:46). Un mot d’usage plus courant est enfer (du latin « inférieur ») ; ce terme n’est pas dans la Bible, bien qu’il soit manifestement inspiré d’#Ep 4:9 (Christ est descendu dans les régions inférieures de la terre, c’est-à-dire dans le séjour des morts). Aujourd’hui, nous employons le mot enfer en rapport avec l’éternité malheureuse.
1. Quels termes bibliques dépeignent le châtiment éternel ? Bornons-nous à en citer quelques-uns (sur 28 au moins) : l’opprobre, la honte éternelle (#Da 12:2) ; le feu de la géhenne (#Mt 18:9) ; le feu qui ne s’éteint point (#Mr 9:43) ; la fournaise ardente (#Mt 13:41-42) ; le lieu des pleurs et des grincements de dents (#Mt 22:13) ; les ténèbres du dehors (#Mt 8:12) ; la peine d’un feu éternel (#Jude 1:7) ; l’étang ardent de feu et de soufre (#Ap 20:15), etc. De toutes ces expressions, il ressort que l’enfer est une terrible réalité. Certes, des images sont employées : feu, ténèbres, ver, pleurs, grincements de dents, etc. L’Écriture parle un langage humain pour nous donner une idée de l’autre monde ; mais sa description est totalement différente des grotesques représentations du Moyen Âge. L’idée qui domine dans tous ces textes est que l’enfer consiste en la séparation d’avec Dieu : « Ils auront pour châtiment une ruine éternelle loin de la face du Seigneur » (#2Th 1:9).
Qu’est-ce que la géhenne ? Ce mot est la transcription de l’hébreu ge-hinnom, Vallée de Hinnom, lieu maudit où certains Israélites et leurs rois infidèles avaient brûlé leurs fils et leurs filles en l’honneur de Molok (#2R 23:10). Il paraît qu’à l’époque du Christ on y consumait les ordures de Jérusalem. Jésus emploie ce mot de géhenne pour parler du feu de l’enfer, comme l’Écriture utilise dans le même sens les termes de fournaise, de ténèbres, de soufre.
2. La souffrance de l’enfer. Les textes bibliques insistent beaucoup sur la honte, le tourment, les pleurs, les grincements de dents, la tribulation, l’angoisse, la peine que subissent les réprouvés (#Da 12:2 ; #Lu 16:23-24 ; #Mt 13:42 ; #Ro 2:8-9 ; #Jude 1:7). Et l’apôtre Jean ajoute : « La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit … Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles » (#Ap 14:10-11; 20:10). Comment imaginer une telle souffrance, et surtout la concilier avec la conception d’un Dieu d’amour ? Notons que la perdition sera causée précisément par le rejet de l’amour de Dieu ; d’autre part le Seigneur n’aura rien à faire pour tourmenter ceux qui ne veulent pas du salut, si ce n’est de les éloigner de lui (#Mt 25:41). N’a-t-il pas dit un jour aux Israélites qui, par incrédulité avaient refusé d’entrer dans la Terre Promise : « Vous saurez ce que c’est que d’être privé de ma présence » (#No 14:34) ?
3. Le châtiment sera proportionné à la responsabilité de chacun. Dieu n’est pas injuste, et chacun des impénitents sera jugé exactement selon ses œuvres (#Ap 20:12-13 ; #Ec 11:9; 12:14 ; #Mt 12:36 ; #Ro 2:16 ; #Jude 1:14-15). La responsabilité des coupables sera évaluée selon les lumières reçues, et ceux qui ont péché sans la Loi, périront sans la Loi (#Ro 2:12). Les villes réfractaires à l’enseignement du Christ seront jugées plus sévèrement que Sodome et Gomorrhe (#Mt 10:14-15; 11:20-24). Les uns seront battus de peu de coups, d’autres de plus de coups (#Lu 12:47-48) ; de même que dans le ciel, il y aura des récompenses proportionnées à l’œuvre de chacun (#1Co 3:8).
4. La durée de l’enfer. La Bible assigne au châtiment des impies une durée éternelle. Le même mot est employé en hébreu et en grec pour désigner la vie éternelle et le tourment éternel (#Da 12:2 ; #Mt 25:46). Il est question du feu qui ne s’éteint point, du ver qui ne meurt point (#Mt 3:12 ; #Mr 9:48). Voir encore ailleurs l’usage du mot éternel, en grec aiônios (#Mr 3:29 ; #2Th 1:9 ; #Hé 6:2). Ce mot revient 71 fois dans le Nouveau Testament ; certains ont pensé qu’il signifie seulement : « de longue durée, en rapport avec le siècle (aiôn) à venir ». Or, 64 fois éternel s’applique aux glorieuses réalités sans fin de l’autre monde : Dieu, l’Esprit, l’Évangile, le salut, la rédemption, l’héritage, la gloire, le royaume, la vie éternelle, etc. 7 fois le même mot est appliqué à la perdition ; ne doit-il pas signifie là aussi une réalité sans fin ? Nous avons vu que l’Apocalypse parle du tourment qui se prolonge « aux siècles des siècles » (#Ap 14:11; 19:3; 20:10). Or, dans le même livre, cette expression qualifie 10 fois la durée de l’existence de Dieu, sa gloire, son règne, et le règne des élus dans le ciel (#Ap 1:6,18; 11:15; 22:5, etc.). Devant de telles déclarations, nous demeurons profondément troublés. Cependant nous ne pouvons douter de la sagesse, de l’amour et de la justice de Dieu. Un jour, en sa présence nous comprendrons : « Car le jugement sera conforme à la justice, et tous ceux dont le cœur est droit l’approuveront » (#Ps 94:15).
5. Les impénitents ne seront-ils pas anéantis dans l’autre monde ? Il ne le paraît pas, puisque leur tourment n’a pas de fin. Pourtant les partisans du « conditionnalisme » disent que « Dieu seul possède l’immortalité » (#1Ti 6:16) ; il ne la donne aux hommes qu’à la condition qu’ils croient, faute de quoi ils cesseront d’exister. Il est vrai que le Seigneur seul peut dire « Je suis la vie », et que « le connaître, c’est la vie éternelle » (#Jn 14:6; 17:3) ; cette vie véritable n’est communiquée qu’au croyant (#Jn 3:36 ; #1Jn 5:12). Mais la Bible enseigne que la mort spirituelle, loin d’être la non-existence, est la séparation d’avec Dieu, et la privation du seul vrai bonheur. Adam et Ève sont chassés d’Éden le jour de leur chute, selon #Ge 3:23 ; le fils prodigue était « mort », loin de son Père (#Lu 15:24 ; cf. #1Ti 5:6) ; les Éphésiens l’étaient aussi par leurs fautes et leurs péchés (#Ep 2:1,5). Quant à la seconde mort qui suit le jugement dernier (#Ap 20:14), elle n’est pas l’anéantissement, mais l’étang de feu, lieu de tourment éternel (#Ap 20:10; 21:8; 14:10-11). Voir Mort, Immortalité.
6. Toutes les créatures ne seront-elles pas sauvées un jour ? Les universalistes insistent sur le mot tous des textes suivants : « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ … afin que Dieu soit tout en tous » (#1Co 15:22,28 ; #Ph 2:10-11 ; #Ro 11:32 ; #Col 1:20). Le triomphe de Christ ne serait pas complet, disent-ils, si une seule créature échappait à son amour ; un jour, tous les pécheurs, et même le diable seront sauvés, après avoir été purifiés par le feu de l’enfer (Stroter). Les textes bibliques parlent tout autrement. Paul dit : « Tous revivront en Christ … ceux qui appartiennent à Christ lors de son avènement » (#1Co 15:23). Christ est déjà en tous (#Col 3:11), mais cela signifie évidemment « en tous les croyants ». Tout genou fléchira un jour devant le Seigneur, c’est-à-dire que tous, même ses ennemis, lui seront soumis. D’ailleurs, si les souffrances d’un feu purificateur sauvaient les âmes qui ont repoussé l’Évangile ici-bas, leur rédemption ne s’opérerait plus par le seul sang de Christ.
7. Que faut-il penser du purgatoire ? Tout simplement qu’il n’existe pas. Tous les passages clairs sur l’au-delà ne présentent que 2 solutions, le ciel et l’enfer : le chemin large de la perdition, et la porte étroite de la vie (#Mt 7:13-14) ; l’ivraie jetée dans la fournaise, le blé mis dans le grenier céleste (#Mt 13:41-43,49-50) ; les vierges folles sont dehors, les vierges sages dedans (#Mt 25:10-11) ; le serviteur infidèle dans les ténèbres, le serviteur fidèle dans la joie de son maître (#Mt 25:21,30) ; les maudits au feu, au châtiment éternel, les bénis à la vie éternelle (#Mt 25:33-46) ; le mauvais riche dans les tourments sans pouvoir être secouru, et Lazare dans le sein d’Abraham (#Lu 16:22-23) ; la résurrection pour le jugement, la honte éternelle, l’autre pour la vie éternelle (#Da 12:2 ; #Jn 5:29) ; les impies sont jetés dans l’étang de feu et de soufre, les élus entrent dans la Jérusalem céleste (#Ap 21:1-4,8). Christ est mort en disant : « Tout est accompli ! » (#Jn 19:30). L’homme est justifié « gratuitement par sa grâce … par la foi, sans les œuvres » (#Ro 3:23,28). Ce ne sont donc pas les souffrances d’un « purgatoire » qui expient le péché aboli par la croix (#Hé 9:26; 10:10,17-18) et dont le sang de Christ seul nous purifie entièrement (#1Jn 1:7,9).
8. Comment échapper à l’enfer ? Si le châtiment de l’autre monde est ainsi effroyable, éternel, unique, notre principale préoccupation devrait être de l’éviter à tout prix. C’est aussi le désir de Dieu à notre égard, et la condition qu’il pose pour cela est des plus simples. Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point (#Jn 3:16). Celui qui écoute sa parole et croit … a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (#Jn 5:24). « Que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement » (#Ap 22:17). En somme, vont en enfer ceux qui veulent, et vont au ciel ceux qui veulent. Un jour, Christ a pleuré sur Jérusalem en disant : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants … mais vous ne l’avez pas voulu ! » (#Mt 23:37). Puisse-t-il ne jamais nous faire un tel reproche (pour une discussion plus détaillée, cf. R. Pache. L’Au-Delà, pages 205-253).
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