
Pierre
16/03/2018 10:12Pierre, latin, Petrus, du grec, petros : roc. kepha’ signifie rocher en araméen ; forme grecque Petros (#Jn 1:42 ; #1Co 1:12; 3:22; 9:5; 15:5 ; #Ga 1:18; 2:9,11,14). Christ surnomma Simon (ou plutôt Syméon), Céphas (#Ac 15:14 ; #2P 1:1), lorsqu’il le rencontra pour la première fois (#Jn 1:42). Le père de Simon s’appelait Jean (#Jn 1:42; 21:15,16,17) ou Jonas (#Mt 16:17), dérivé probablement de Jean. André, Simon et Jonas, leur père étaient associés à Zébédée et à ses fils, également pêcheurs de profession, sur le lac de Génésareth (#Mt 4:18 ; #Mr 1:16 ; #Lu 5:3 et suivants). Simon Pierre, originaire de Bethsaïda (#Jn 1:44), habita ensuite à Capernaüm avec sa famille (#Mt 8:14 ; #Lu 4:38).
Pierre, probablement disciple de Jean-Baptiste, fut présenté à Jésus par André, frère de Pierre (#Jn 1:41,42). André était l’un des 2 disciples de Jean-Baptiste, auxquels celui-ci avait révélé que Jésus (qui venait de remporter la victoire sur la tentation au désert), était le Messie (#Jn 1:35-41). Jésus discerna immédiatement la nature de Simon et changea son nom en celui de Céphas (Rocher) (#Jn 1:42). Pierre, comme les premiers disciples, reçut du Maître 3 appels : à devenir son disciple (#Jn 1:40 ; cf. #Jn 2:2) ; à l’accompagner constamment (#Mt 4:19 ; #Mr 1:17 ; #Lu 5:10) ; à être l’un des apôtres (#Mt 10:2 ; #Mr 3:14,16 ; #Lu 6:13,14). Il eut, dès le début, un rôle de premier plan parmi les disciples, à cause de sa ferveur, de son courage, de son énergie. Pierre est toujours en tête des listes (#Mt 10:2 ; #Mr 3:16 ; #Lu 6:14 ; #Ac 1:13). Trois des disciples de Jésus étaient ses amis intimes : Pierre est nommé le premier (#Mt 17:1 ; #Mr 5:37; 9:2; 13:3; 14:33 ; #Lu 8:51; 9:28). Il est le porte-parole des apôtres ; le 1er qui confesse que Jésus est le Christ de Dieu (#Mt 16:16 ; #Mr 8:29), mais aussi celui qui tente instamment de détourner son Maître du chemin de la souffrance (#Mt 16:22 ; #Mr 8:33).
La vie de Pierre présente 3 étapes :
1. D’abord la période de formation, qu’exposent les évangiles. Ces années de contact avec le Maître lui apprirent à connaître Christ et à se connaître lui-même. Le triple reniement de l’apôtre présomptueux mit fin à cette période (#Mt 26:69 et suivants ; #Mr 14:66 et suivants ; #Lu 22:54 et suivants ; #Jn 18:15 et suivants). Lorsque Jésus apparut à ses disciples, au bord du lac de Tibériade, il mit Pierre à l’épreuve en lui posant 3 questions, puis le rétablit dans l’apostolat (#Jn 21:15 et suivants).
2. Le début des Actes nous renseigne sur la 2e période, durant laquelle Pierre entraîne l’Église, avec audace et fermeté. Il engage les frères à remplacer Judas par un disciple qui avait connu le Seigneur (#Ac 1:15-26). Lors de l’effusion du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, Pierre explique le sens de ce miracle aux foules juives réunies à Jérusalem (#Ac 2:14 et suivants). Il est le principal instrument de la guérison de l’impotent et s’adresse ensuite au Sanhédrin (#Ac 3:4,12; 4:8). L’apôtre admoneste Ananias et Saphira (#Ac 5:3,8). Le grand discours qu’il prononce le jour de la Pentecôte ouvre aux Juifs la porte du salut (#Ac 2:10,38). Pierre l’ouvre aussi aux païens, lorsqu’il s’adresse à Corneille et à sa maisonnée (#Ac 10), faisant ainsi usage des clés dont Christ lui avait parlé (#Mt 16:19).
3. La 3e période est remplie par le travail humble et persévérant que révèlent les 2 épîtres de Pierre. Quand il a jeté les fondements de l’Église, il quitte le premier plan et travaille dans l’ombre à l’expansion de l’Évangile. Dès lors, il disparaît de l’histoire et Jacques dirige l’Église de Jérusalem (#Ac 12:17; 15:13; 21:18 ; #Ga 2:9,12). Paul s’adresse aux gentils (#Ga 2:7). Pierre, apôtre des circoncis (#Ga 2:8), annoncera l’Évangile aux Juifs de la Dispersion ; il abandonne sans regrets Jérusalem à Jacques, et le monde gréco-romain à Paul. La dernière mention de lui dans les Actes (#Ac 15) nous le montre à la conférence de Jérusalem, défendant le droit des gentils à l’admission dans l’Église et à la liberté évangélique, opinion qui prévalut. Pierre est mentionné dans #Ga 2:11, à propos de l’incident d’Antioche ; il passa peut-être à Corinthe (#1Co 1:12), et sur les rives de l’Euphrate, ou à Babylone (#1P 5:13). Accompagné de son épouse, il poursuivit sans doute ses voyages missionnaires (#1Co 9:5). Enfin, il glorifia Dieu par le martyre (cf. #Jn 21:19). Cet apôtre ne nous est connu que par ces renseignements et par les 2 épîtres où transparaissent son humilité et son tact. Pierre fait valoir l’autorité des écrits de Paul et de Jude, et exhorte ses lecteurs à demeurer fermes dans la foi que partagent leurs frères. Vu à travers les évangiles, les Actes et les épîtres, le caractère de Pierre ne se dément jamais : cet homme d’action a les défauts de ses qualités (#Mt 16:22; 26:69-75 ; #Ga 2:11), qui sont grandes. L’enthousiasme formait la base de son caractère. Transformé par l’Esprit de Christ, Pierre se signala par son amour pour son Maître, par sa charité, et par sa claire perception des vérités spirituelles. La vie d’un tel disciple est pleine d’instructions. Ses écrits sondent les profondeurs de l’expérience chrétienne et atteignent les sommets de l’espérance.
L’histoire n’ajoute guère à ce que nous savons de Pierre par le Nouveau Testament. Nous avons de bonnes raisons d’admettre la tradition rapportant que Pierre subit la crucifixion à l’époque où Paul eut la tête tranchée, vers 68. Jésus avait prédit le martyre de Pierre (#Jn 21:19). Il n’est pas impossible qu’il ait été supplicié à Rome. Sa vie a suscité très tôt de nombreuses légendes. Des écrits apocryphes fort anciens, dûs aux Ébionites (adeptes d’une secte hérétique qui dura du Ier au VIIe siècle) répandirent la légende que Pierre aurait été évêque de Rome pendant 25 ans. L’examen attentif des sources de cette tradition et de son contenu ne permet pas de la mettre sur le plan de l’histoire. En ce qui concerne le rôle attribué à Pierre par certains, voici les précisions que donne encore le Nouveau Testament :
1. L’interprétation de la parole : « Tu es Pierre… » (#Mt 16:18) est fournie par l’apôtre lui-même. Il n’y a qu’une pierre fondamentale : le Christ. Les croyants sont des « pierres vivantes » qui viennent s’ajouter à ce seul fondement et Pierre, premier confesseur du nom de Jésus (#Mt 16:15-16), a été la première de ces pierres individuelles (#1P 2:4-6). L’apôtre développe la même pensée dans #Ac 4:11-12. Paul confirme cet enseignement : Christ est la pierre angulaire du temple spirituel du Seigneur ; les apôtres (au plur.) et les prophètes en sont le fondement, sur lequel les croyants sont édifiés (#Ep 2:20-22).
2. Pierre a joué un rôle historique en ouvrant la porte de l’Évangile aux Juifs le jour de la Pentecôte et aux païens chez Corneille (#Ac 2:10; 14:27). Cependant, le pouvoir de lier et de délier a été donné non seulement à lui, mais aux autres croyants (#Mt 16:19; 18:15-18 ; #Jn 20:23). Dès lors, les chrétiens proclament en tous lieux le pardon des péchés que Dieu accorde en Jésus-Christ (#Ac 10:43; 8:22 ; #Ro 10:9-13) ; ils font fonction d’ambassadeurs pour Christ (#2Co 5:18-20), apportant la vie, mais aussi la mort (#2Co 2:15-16), car qui les rejette, rejette le Seigneur lui-même (#Lu 10:16).
3. Pierre n’est pas devenu chef de l’Église, le « vicaire » de Jésus-Christ. S’il joue un rôle de premier plan au début des Actes, il s’efface par la suite. À la conférence de Jérusalem, il donne son avis, mais Jacques intervient de façon décisive ; la résolution finale est prise au nom des apôtres, des anciens et des frères, inspirés par l’Esprit (#Ac 15:7,13,22,28). Dans le récit de Luc, Paul occupe dès lors la première place et Pierre est simplement l’une des 3 « colonnes de l’Église » mentionnées dans #Ga 2:9 (Pierre étant même cité après Jacques). Il est clair que pour le Nouveau Testament Christ seul est le chef de l’Église (#Ep 1:22 ; #Col 1:18), et qu’il ne s’est nullement dessaisi de son sacerdoce intransmissible (#Hé 7:24).
4. Pierre d’autre part n’a pas été « 25 ans évêque à Rome », donc il n’a pas pu être le 1er pape. Sa mort ayant eu lieu en 68 environ, il aurait dû se trouver à Rome dès 43, ce qui est une impossibilité selon le Nouveau Testament. Paul écrivant aux Romains vers 56-57, fait saluer 30 personnes de leur communauté, parmi lesquelles Pierre ne figure pas (#Ro 16) il est plutôt question de Prisca et d’Aquilas et de « l’Église qui est dans leur maison » (#Ro 16:5). Paul n’aurait jamais écrit comme il le fait (#Ro 15:20-24) à une Église fondée par Pierre. Lorsque Paul arrive à Rome en 60 et y passe 2 ans, il trouve que les Juifs ne savent rien de précis sur l’Évangile, et de nouveau Pierre n’est nullement mentionné (#Ac 28:15,22). Son nom ne figure pas davantage dans les épîtres de la captivité, pas même dans la 2e à Timothée, écrite peu avant sa mort vers 68 (cf. #2Ti 4:16, qui serait impensable de Pierre !).
5. Pierre enfin, avec toutes ses qualités et ses expériences, n’est pas infaillible. À Antioche, Paul lui résiste en face, « parce qu’il était répréhensible » ; Paul parle même à propos de crainte des hommes, de dissimulation, d’hypocrisie, et d’une marche qui n’était pas droite (#Ga 2:11-14). Il n’en reste pas moins que Pierre est une des plus grandes figures, non seulement du Nouveau Testament mais de toute la Bible. Puissions-nous imiter son exemple de foi, de zèle, de progrès et d’humilité (#1P 5:1) !
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