Pilate

26/02/2018 11:02

Pilate. Son nom entier était Ponce Pilate (#Mt 27:2). Ponce, en latin Pontius, indiquait son rapport, par descendance ou adoption, avec la gens des Pontii. Pilate peut dériver de Pilatus, armé du pilum, ou javelot ; ou bien venir de Pileatus portant le pileus, bonnet de feutre, emblème de liberté, réservé à l’esclave affranchi. 5e procurateur de Judée, en comptant depuis la destitution d’Archélaüs par Auguste, en 6 après Jésus-Christ ; voir Gouverneur. Grâce à l’influence de Séjan, il fut nommé procurateur de Judée par Tibère, vers 26 après Jésus-Christ, pour succéder à Valérius Gratus. Il arriva en Judée l’année de sa nomination. Sa femme (#Mt 27:19) l’accompagnait. Pendant longtemps, la loi romaine n’autorisa pas un gouverneur à emmener sa femme dans une province non pacifiée, mais Auguste le permit (Tacite, Annales 3.33). Contrairement à la politique des procurateurs précédents, Pilate envoya à Jérusalem un détachement militaire avec ses enseignes. Il lui ordonna d’entrer de nuit dans la ville, avec les enseignes munies d’aigles d’argent et de petites représentations de l’empereur, pour braver les Juifs. Bon nombre d’entre eux se rendirent à Césarée, résidence du procurateur, pour exiger l’enlèvement des enseignes. Pilate essaya de les intimider ; voyant qu’ils étaient prêts à se faire massacrer, le procurateur acquiesça à leur requête (Antiquités 18.3.1 ; Guerre juive 2.9.2 et 3). Plus tard, il prit dans le trésor du Temple l’argent sacré (qorbân), et l’employa à la construction d’un aqueduc pour amener à Jérusalem l’eau des régions montagneuses du sud de la capitale. L’usage séculier de l’argent consacré à Dieu provoqua un soulèvement. Quand le procurateur vint à Jérusalem, les Juifs assiégèrent son tribunal. Pilate, instruit à l’avance de la rébellion, mêla à la foule des soldats déguisés, dissimulant des gourdins, voire des poignards. Quand l’agitation fut au paroxysme, Pilate donna le signal qu’attendaient les soldats. De nombreux Juifs périrent assassinés ou piétinés par la foule qui s’enfuyait. Il n’y eut pas, semble-t-il, de nouvelle sédition. Pilate acheva la construction de l’aqueduc, mais se rendit odieux aux Juifs (Antiquités 18.3.2 ; Guerre juive 2.9.4). Quand il séjournait à Jérusalem, le procurateur habitait le palais d’Hérode. Il y fit suspendre des boucliers d’or, couverts d’inscriptions idolâtres adressées à Tibère, mais sans le portrait de l’empereur. Le peuple supplia en vain Pilate de les enlever. Les notables de Jérusalem envoyèrent alors une pétition à Tibère, qui ordonna au procurateur de ramener les boucliers à Césarée (Philon, Légat. ad Gaïum, 38). Une lettre d’Agrippa I, que cite Philon, représente Pilate comme un homme de caractère inflexible, aussi impitoyable qu’obstiné. Agrippa craint que les Juifs n’accusent Pilate auprès de l’empereur de corruption, de violences, d’outrages au peuple, de cruauté, de continuelles exécutions sans jugement préalable, d’atrocités inutiles. Pilate était procurateur lorsque Jean-Baptiste et Jésus commencèrent leur ministère (#Lu 3:1). Les procurateurs de Judée montaient d’habitude à Jérusalem à l’occasion des grandes fêtes qui rassemblaient des multitudes de Juifs. Ce fut probablement durant l’une de ces solennités que Pilate versa le sang des Galiléens, dans le parvis du Temple où ils offraient des sacrifices (#Lu 13:1,2). Les Galiléens, gens remuants, étaient enclins à s’agiter pendant les fêtes (Antiquités 17.10, 2 et 9). Ceux que Pilate exécuta avaient sans doute essayé de se soulever. Ce jugement sommaire de ses sujets offusqua probablement Hérode Antipas ; mais, quelle que fût la cause du différend entre lui et Pilate, la rancune d’Hérode s’apaisa quand le procurateur reconnut la juridiction du tétrarque quant aux questions galiléennes (#Lu 23:6-12), ce qui arriva le jour de l’exécution de Jésus.

 

      La carrière de Pilate et la façon dont il traita Jésus révèlent son caractère : mondain, disposé à juger selon la justice, à condition de n’en subir aucun préjudice personnel. Prêt à commettre un crime rémunérateur, il ne s’inquiétait pas de son devoir, mais de ses intérêts. Ayant proclamé par 3 fois l’innocence de Jésus, et sachant qu’il devait le libérer, il ne le fit point, pour ne pas se rendre plus impopulaire auprès des Juifs. Il ordonna la flagellation de celui qu’il ne trouvait nullement coupable. Le procurateur laissa ensuite les soldats romains, qu’un seul mot de lui eût arrêtés, torturer de nouveau le prisonnier. Cédant enfin aux objurgations des Juifs, Pilate acquiesça à leur demande de crucifixion (#Mt 27 ; #Lu 23).

 

      La carrière de Pilate fut brusquement interrompue. Un imposteur samaritain incita ses compatriotes à le suivre sur le mont Garizim, pour y rechercher des vases d’or cachés par Moïse, et provenant du tabernacle. Bien entendu, Moïse n’avait jamais été sur le Garizim, puisqu’il ne put franchir le Jourdain. Les Samaritains, dupés, se rassemblèrent dans un village au pied de la montagne, prêts à l’escalader. Comme les malheureux étaient armés, Pilate plaça des cavaliers et des fantassins sur tous les chemins menant au Garizim. Ils attaquèrent ces chercheurs de trésors, en tuèrent beaucoup, en emmenèrent d’autres prisonniers, puis les exécutèrent. Les Samaritains dénoncèrent la cruauté de Pilate au légat de Syrie, Vitellius, dont le procurateur de Judée dépendait. Le légat nomma un nouveau procurateur et commanda à Pilate de se rendre à Rome pour se justifier devant l’empereur. Tibère mourut le 16 mars de l’an 37, avant l’arrivée de Pilate (Antiquités 18.4.1 et 2). La tradition rapporte que Pilate fut banni dans les Gaules, à Vienne sur le Rhône, et qu’il se suicida.

 

      De nombreux Actes de Pilate (Acta Pilati) existent, mais ils sont apocryphes.

 

      Note archéologique. En 1961, alors que des archéologues italiens fouillaient à Césarée, une inscription de première importance a été découverte. Elle confirme de nouveau l’historicité des évangiles. Le dessin donne une idée de l’inscription. Le nom de Ponce Pilate, en latin, y est clairement marqué en rapport avec un TIBERIEUM (temple pour Tibère, l’empereur romain). Peut-être cette pierre commémorait-elle la dédicace du Tiberium par Ponce Pilate ? (#Lu 3:1). Voir Césarée pour l’inscription archéologique de Pilate.

 

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