Poésie

26/01/2018 13:46

Poésie. La poésie, l’une des formes les plus anciennes de la littérature, accompagnait souvent la danse, qu’elle rythmait (#Ex 15:20,21). Un peuple jeune exprime ses émotions au moyen d’images frappantes, que sa vive imagination emprunte à la nature. La poésie des anciens Hébreux présente ces caractéristiques. Les paroles de Sara au sujet de son fils nouveau-né ont une forme poétique (#Ge 21:6,7). Jacob, avant de mourir, rassemble ses 12 fils et prononce sur chacun d’eux une bénédiction à la fois prophétique et poétique (#Ge 49:1). Pénétré de reconnaissance envers l’Éternel, qui a précipité dans la mer l’armée du Pharaon, et comprenant que les Cananéens seront frappés de terreur, Moïse dit ses sentiments et ceux des Israélites en un cantique simple et admirable (#Ex 15:1-19) auquel Miryam ajoute le sien (#Ex 15:20,21).

      La poésie hébraïque ancienne ne repose pas sur la rime. On a retrouvé des poèmes présentant certaines césures, mais exceptionnellement. L’assonance, l’allitération, la rime, pourtant si fréquentes dans la poésie orientale, se rencontrent rarement chez les Hébreux. Ils n’utilisent pas non plus une succession régulière de syllabes accentuées et faibles, ou de pieds. Mais un fort sentiment rythmique fait qu’inconsciemment les poètes produisent des vers contenant le même nombre de mots, ou tout au moins d’accents toniques. Le vers et le sens se terminent ensemble, sauf dans des cas exceptionnels (par exemple au #Ps 92, le verset 15 enjambe sur le verset 16). Le caractère essentiel de la poésie hébraïque est le parallélisme, c’est-à-dire que le 2e vers est en quelque sorte l’écho du 1er. Cette particularité a l’avantage immense de subsister à travers les traductions, ce qui n’est pas le cas de la rime. Robert Lowth attira le premier l’attention sur cette particularité en 1753 et fit remarquer 3 sortes de parallélisme : le synonymique, le synthétique, l’antithétique. Il y en a encore d’autres variétés :

1. Parallélisme synonymique : la pensée du 1er vers se répète en d’autres mots dans le 2e vers (#Ge 4:23) :

Ada et Tsilla, écoutez ma voix !

Femmes de Lémek, écoutez ma parole !

La stance :

j’ai tué un homme pour ma blessure

et un jeune homme pour ma meurtrissure,

      offre le même parallélisme synonymique. Lémek n’a pas commis 2 meurtres, mais un seul. La connaissance de ce parallélisme synonyme permet de saisir certains passages ambigus, par exemple #Ps 22:21 :

Délivre mon âme de l’épée,

Mon unique de la patte du chien (DARBY).

      L’unique, c’est l’âme du psalmiste, sa vie. COLOMBE, SEGOND et SYNODALE disent en effet : vie.

2. Parallélisme par gradation ascendante : la 2e ligne émet une idée nouvelle, plus ou moins étroitement apparentée à la première (#Job 3:17) :

Là ne s’agitent plus les méchants,

Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force.

3. Parallélisme synthétique : la première partie sert de base à l’idée qu’introduit la 2e ; #Ps 25:12 :

Quel est l’homme qui craint l’Éternel ?

l’Éternel lui montre la voie qu’il doit choisir.

 

      #Pr 26:4 :

Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie,

De peur que tu ne lui ressembles toi-même.

 

      #Ps 24:9 :

Portes, élevez vos linteaux ;

Élevez-les, portes éternelles !

Que le roi de gloire fasse son entrée !

4. Parallélisme emphatique : les mots caractéristiques sont répétés, pour compléter la pensée (#Ps 29:5) :

La voix de l’Éternel brise les cèdres ;

L’Éternel brise les cèdres du Liban.

 

      #Ps 121:3,4 :

Il ne permettra point que ton pied chancelle ;

Celui qui te garde ne sommeillera point.

Voici, il ne sommeille ni ne dort

Celui qui garde Israël.

5. Parallélisme antithétique : la 2e pensée fait ressortir la 1re, par antithèse ; #Pr 10:1 :

Un fils sage fait la joie de son père ;

Mais un fils insensé le chagrin de sa mère.

 

      #Mt 8:20 :

Les renards ont des tanières,

Et les oiseaux du ciel ont des nids ;

Mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.

6. Parallélisme comparatif : une similitude, empruntée à un domaine familier, éclaire la pensée (#Ps 42:2) :

Comme une biche soupire après des courants d’eau,

Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu !

      Le parallélisme se sert en général de distiques (2 vers donnant ensemble un sens complet), mais parfois aussi de tristiques (voir les exemples ci-dessus). Un parallélisme étendu à des strophes de 4 ou 5 vers se rencontre aussi (#Ps 1:3; 27:4,9; 37:7,14,20,25,28,34,40). La strophe n’est pas un élément essentiel de la poésie hébraïque, on la trouve cependant dans les #Ps 42; 43, qui ne formaient primitivement qu’un seul poème, divisé en 3 parties égales par un refrain. Le #Ps 46 se compose de 3 groupes de 3 vers chacun ; une pause (Sélah) suit chaque groupe, et chacun des 2 derniers se termine par un refrain. Il y a aussi des psaumes alphabétiques où chaque vers commence, en hébreu, par une lettre de l’alphabet, dont le psalmiste observe l’ordre plus ou moins strictement (#Ps 25; 34; 37). Les 22 lettres successives de l’alphabet hébreu se retrouvent dans les 22 strophes du #Ps 119 ; chaque strophe a 8 vers, et chacun d’eux commence par la lettre attribuée à la strophe. Le livre des Lamentations de Jérémie est composé de façon analogue. Voir Lamentations.

      L’art poétique est d’ordinaire épique, dramatique, lyrique, ou didactique, mais la Bible n’a ni épopée ni drame en version. Le livre de Job est pourtant semi-dramatique : l’action n’existe que dans le prologue et dans l’épilogue. Le reste du poème est composé des discours alternés de Job et de ses amis. Voir aussi Cantique des cantiques. La plupart des poèmes bibliques sont lyriques. Après l’exode, le lyrisme figure à chaque période de l’histoire littéraire d’Israël. Des odes triomphales célébrèrent la délivrance opérée par l’Éternel : cantique de Moïse, à propos du passage de la mer Rouge ; chant de Débora ; psaumes du pénitent implorant miséricorde, ou exprimant la joie du pardon (#Ps 32; 51) ; cris de détresse, affirmation sereine de la foi, actions de grâces pour le secours obtenu (#Ps 38; 3; 23 ; #Ha 3 ; #1S 2:1-10 ; #Esa 38:10-20 ; #Lu 1:46-55) ; psaumes annonçant la venue du Rédempteur et de son Royaume (#Ps 2; 45; 72), élégies telles que celle de David sur Saül et Jonathan (#2S 1:17-27) ; des enfants de Qorah sur Juda (#Ps 44) ; lamentations (#Ps 60; 74). 

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