
Poussière.
30/10/2017 16:24Poussière.
(Hébreu ’aphar ; ‘abhaq ; daqaq, broyer, réduire en poussière ; etc. ; grec koniortos ; chous ; choïkos). Dans un pays où il ne pleut pas pendant plusieurs mois, le sol se réduit rapidement en poussière. Soulevée par le vent, elle alimente des tornades dévastatrices. Il n’est donc pas étonnant que la poussière soit symbole du jugement (#Ge 3:14,19 ; #Esa 5:24; 17:13). Lorsque, dans #De 28:24, l’Éternel menace d’envoyer dans le pays promis « de la poussière et de la poudre », la poussière représente le châtiment de Dieu sur son peuple, car elle symbolise la sécheresse. En Judée, le vent qui vient du désert transporte du sable et de la poussière, provoquant l’évaporation et le dessèchement de la végétation. Les auteurs bibliques utilisent souvent le mot poussière au sens figuré. Par son abondance, la poussière évoque la multitude (#Ge 13:16; 28:14 ; #No 23:10 ; #2R 13:7 ; #2Ch 1:9 ; #Job 27:16 ; #Ps 78:27). S’asseoir, se rouler dans la poussière ou se jeter de la poussière sur la tête ou en l’air symbolisent le deuil ou le chagrin ; lécher, manger la poussière : l’humiliation (#Jos 7:6 ; #Né 9:1 ; #Job 2:12; 16:15; 42:6 ; #Ps 72:9; 102:10 ; #Esa 2:10; 47:1; 49:23 ; #La 2:10; 3:29 ; #Ez 27:30 ; #Mi 7:17 ; #Am 2:7 ; #Ap 18:19) (voir Cendre).
L’emploi le plus significatif du mot poussière se trouve dans #Ge 2:7 où il est dit que Dieu forma l’homme de la poussière du sol. Ce verset reflète l’image que les Hébreux ont de l’être humain : il est un être créé et participant de tout le reste de la création (cf. #Job 4:19). Le fait qu’il ne soit que poussière exprime aussi sa faiblesse (#Ps 103:14 ; cf. #Ge 18:27 ; etc.) et son caractère mortel (#Ge 3:19 ; cf. #Job 34:15 ; #Ps 104:29 ; #Ec 3:20; 12:7 ; etc.). Ainsi le mot poussière s’applique aussi à la mort : se coucher, descendre dans la poussière (#Job 7:21 ; #Ps 22:30) ; rentrer, retourner à la poussière (#Job 34:15 ; #Ps 90:3; 104:29 ; #Ec 3:20; 12:9) ; réduire à la poussière (#Ps 22:16) ; dormir dans la poussière (#Da 12:2). Retirer ou élever de la poussière c’est faire cesser l’humiliation (#1S 2:8 ; #1R 16:2 ; #Ps 113:7), secouer sa poussière c’est se lever pour un avenir meilleur (#Esa 52:2).
Dans le Nouveau Testament, le mot poussière apparaît 5 fois, principalement dans l’expression secouer la poussière de ses pieds (#Mt 10:14 ; #Mr 6:11 ; #Lu 9:5; 10:11 ; #Ac 13:51). En quittant un territoire païen, les pharisiens avaient l’habitude de secouer la poussière de leurs pieds, montrant par là qu’ils considéraient la terre comme une souillure (voir Pied). Jeter de la poussière en l’air signifiait exécrer quelqu’un. Lorsque David fuit Jérusalem, Chimeï, pour exprimer sa haine, le maudit, jeta des pierres contre lui et fit voler la poussière en l’air (#2S 16:13). À Jérusalem, la foule en colère contre Paul, jetait ses vêtements et lançait de la poussière en l’air (#Ac 22:23).
En général, le mot poussière souligne la fragilité de l’homme, son caractère passager. L’idée de péché ne lui est pas associée dans le Nouveau Testament. L’association apparaît dans les écrits de Qumrân (cf. 1 QH 15.21) et de Philon où l’opposition entre l’homme terrestre et l’homme céleste dénote l’influence platonicienne. Philon interprétait le récit de #Ge 1:26 comme rapportant la création de l’homme idéal, celui de #Ge 2:7 comme celui de la création de l’homme matériel. Le passage de #1Co 15:47-49 qui utilise une terminologie semblable ne se meut nullement dans les catégories philoniennes : pour Paul, l’homme céleste est le Christ ressuscité, l’homme terrestre (« de poussière ») est le descendant d’Adam partageant sa nature mortelle. À la résurrection générale, tous les croyants revêtiront l’homme céleste (#1Co 15:49-54).
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